La prophétie du roi déchu: L'enfant sombre

Chapitre 5 : Une retrouvaille innatendue

7744 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/09/2024 07:06

Chapitre 5:  Une retrouvaille inattendue





Finalement, au bout de deux semaines et demie, ils arrivèrent enfin dans un paysage fait de collines rocailleuses, de falaises et de savanes. Il y avait peu d'arbres et quand il y en avait ils étaient de petites tailles. Mais le nombre d'arbuste et de buissons était effarant. Cette endroit était le lieux de prédilection pour l'espèce de Jaron. Il n'y avait pas de grands arbres qui leur obstruaient la voie ou les gênaient dans ses mouvements. Et les proies étaient aussi de taille à leur appétit. Des Camousen * broutaient l'herbe sèche et les regardaient fixement de leurs petits yeux de la taille d'un oeuf de caille avant de s'échapper en galopant maladroitement. 


Il y avait également une immense diversité de la faune et de la flore qui les entouraient. Les lapins et les lièvres étaient omniprésent et de nombreux oiseaux étaient perchés en haut des reliefs. Le soleil dorée regardait le spectacle, l'air satisfait, et pour l'apprécier encore plus, il participa également au spectacle et rayonnait de tout son être. Les blessures de Warddan étaient pour la plupart cicatrisés, mais les plus profondes étaient encore douloureuses. Mais il arrivait quand même à marcher, même si il était encore lent et maladroit dans sa marche. Il lui arrivait de temps à autre de penser à son père. Comment il s'en sortait ? Est-ce qu'il était toujours vivant ? Allaient ils se revoir un jour ? Est-ce que lui aussi avait rencontré des chamans ? Tant de questions sans réponses. Il ne voulait surtout pas les ralentir en demandant à Jaron de bien vouloir le laisser regarder dans son oeil. Une fois qu'ils seront à l'abri il pourrait se permettre ce genre de fantaisie, mais pour l'heure il était important d'arriver en lieux sûr. Et l'état de Jaron s'était empiré, certaines blessures s'étaient infectées malgré les soins de Mélane. Même si il ne voulait pas l'avouer, il devait avoir une patte cassée. Une chute de plusieurs mètres n'épargne personne, pas même un loup qui avait volé sur plusieurs kilomètres. Ils prirent une pause en buvant le courant d'un ruisseau. Ils étaient tous les trois alignés, assoiffés du voyage, et sentirent soulagés, presque euphoriques. Le canin plongeait sa grande langue dans le source avant de la ramener à sa grande gueule; Mélane elle prit un maximum du précieux liquide dans la paume de la main avant de l'ingurgiter. Quand à l'elfe, il immergea entièrement la tête dans le courant frais. Après avoir souffert de la chaleur des grandes plaines, la fraîcheur de l'eau lui manquait tant. Quelle soulagement, il bénie intérieurement plusieurs fois le ruisseau. Après qu'une heure se soit écoulé, ils repartirent à travers les collines et les grands espaces. Mais la présence qu'avait ressenti Warddan les suivait encore, toujours invisible, caché dans l'ombre. 


Cela faisait un moment qu'Il suivait son Maître, caché dans son ombre, se faisant le plus discret possible. Il pensait que par le manque de pratique de la force mystique, son Prince serait incapable de le repérer. Mais Il aurait dû s'y attendre, parce que c'était un de Ses descendant. Tandis qu'Il le protégeait d'une aile qui repoussait les menaces, son Maître avait perçu quelque chose. Le Maître n'était pas certains de ce qui se passait, ni de ce que c'était, mais il avait perçu quelque chose. Son noble Serviteur devait se montrer plus discret, il ne devait pas intervenir dans la Prophétie. Dans aucune ligne d'aucun livre son nom était recensé, alors Il ne devait pas faire parti de Son histoire. Sa mission était de le protéger sans que son Maître ne le voie, sinon il serait en danger. Parce que l'Autre saurait tout si jamais Il venait à se faire capturer. Cette Lumière déchue allait tout gâcher si il intervenait. Et c'était leur dernière espoir, alors fallait que tout soit fait dans les règles, comme dans la Prophétie.

C'était au Maître d'accomplir la Prophétie, pas l'Autre. L'autre échouerait encore, et il ne supporterait pas qu'une autre Lumière intervienne, mais l'Autre est borné, il échouerait encore et empêchera le Maître d'accomplir sa mission. C'était pour cela qu'Il était là, le Serviteur dévoué du maître. Pour le protéger des menaces, et de l'Autre. En le protégeant de ses ailes noires invisibles, Il était sûre qu'il accomplirait sa mission. Mais pour être plus efficace, Il avait besoin de pratiquer de nouveau la force mystique. Il avait passé trop de temps sans s'exercer. Est-ce qu'il sera capable de se battre pour protéger son Maître ? Il connaissait la réponse, et Il n'en était pas satisfait. Il les suivait encore, à travers les rocailles tranchantes et les vallées profondes. Ils marchaient lentement mais sûrement, et tant qu'Il était là, ils n'auraient rien à craindre. Une lune rouge régnait maintenant dans le ciel, et elle était bientôt à son zénith. Vite, Il devait repartir, sinon son Maître serait en danger, et Il échouerait. Il s'assura que tout allait bien avant de partir.


Alors que la lune était au plus haut point dans le ciel, Warddan et ses compagnons entendirent des cris lointains, atroces, et douloureux, comme si quelqu'un était mutilé sur la roue. La présence ressenti jusqu'ici avait disparu, laissant place à un chant de banshee à glacer le sang. Quel animal pouvait faire des cris aussi cauchemardesque ? Il n'avait jamais entendu un hurlement pareil, aussi ignoble et torturé. Il savait que ce n'était pas une proie agonisante, mais quelque chose qui rôdait aux alentours. 

_Nous y sommes presque, fit Jaron. Bientôt nous serons en sécurité.

Le mot sécurité était relatif à l'état actuel. Ils étaient dehors, sous le regard attentifs des prédateurs qui s'impatientaient de trouver une viande fraîche. Surtout sous le regard de cette chose qui refuse d'être identifiée. Et ces horribles pleurs lointains ne le rassurait pas, au milieux de la nuit obscure. 

_Je ne comprend pas. Murmura Mélane à l'oreille du loup. Nous sommes normalement en territoire Lune D'argent. Il ne devrait pas y avoir ces cris. Je ne connais aucune créature qui se plaint de cette façon. 

_Ne t'en fais pas Mélane, répondit Jaron. Il doit y avoir une explication. 

_Je n'aime pas ça !

Elle s'éloigna de quelques pas en brandissant la lance. L'aura qui les enveloppait était parti, et Warddan savait maintenant que ce n'était pas la chaman qui en était l'origine. A présent, les sanglots et les plaintes se turent, pour mieux faire résonner des hurlements de rages et de colère, et un bruit sourd et sec résonnait dans la vallée. Nul ne savait ce qui se passait, hormis l'origine de la cacophonie. Mais le groupe ne voulait pas savoir ce qui se passait. Les trois compagnons voulait juste fuir et arriver à la tanière des Lunes D'argents. Des scarabées de l'aube dormaient sur les rochers, attendant le matin pour grousi-grousiller. Mais leur sommeil était troublé, ils sentaient que quelque chose n'allait pas dans leur environnement. Alors qu'ils escarpaient encore quelques rocs aiguisés, les cris cessaient petit à petit pour redevenir plainte et sanglot. Un scarabée semblait regarder l'elfe noir et lui dire tu ne peux pas le faire taire s'il te plaît ?, puis se recroquevilla. C'était la première fois qu'il voyait un insecte aussi expressif. Malgré cette vision amusante, il avait toujours des sueurs froides et un air glacé qui lui traversait les vertèbres. 

Quand ils arrivèrent au sommet de la colline, une mesas imposante se présenta devant eux, et grâce à des yeux adaptés à l'obscurité, Warddan pouvait y discerner une activité. Désormais, ils n'étaient plus seuls. 

_Voilà la Tanière, fit Jaron. Le territoire de Rassoun !

Le nom de Rassoun éveilla quelque chose en l'elfe noir, comme si il avait déjà entendu. Puis il se souvint de son rêve, où il était encerclé par des loups qui chantaient "Rassoun, Rassoun, alra rem !". Mais qui était Rassoun ? Un magicien ? Une chaman très puissante ? Un esprit supérieur qui avait un pouvoir direct sur ces loups ? Après tout, il saurait tout dans un moment, il n'avait pas besoin de dépenser bêtement son énergie en question inutile. Il avait déjà assez de mal à éviter les pierres et à les grimper. Il se remémora les cours de chaman que lui faisait son père. Al voulait dire la blessure et Ra est un terme désignant la négation. Alors Alra  est la négation de la blessure, donc la guérison. Et si il suivait la logique de la phrase, dont Rassoun est le groupe nominal, alors on obtenait Rassoun guéris. Et Rem veut dire lui, ou le. Alors il avait pour traduction Rassoun guéris le ! Les loups de son rêves implorait Rassoun de le guérir ! Il venait de comprendre que ces créatures avaient des intentions pacifistes et lui venaient en aide. C'était le dernier des scénario qu'il imaginait. Il n'y avait plus que cinq kilomètres entre eux et la Tanière. Avant d'y arriver, ils entendirent une dernière fois les échos des pleurs et des sanglots lointain se changer en rugissements enragés, puis le bruit sourd reprit de plus belle. Ils n'avaient plus à s'inquiéter tout de fois, ils étaient bientôt arrivés et ils percevaient déjà le mouvement de la colline se rapprochait d'eux. Le son du galop faisait trembler le sol comme si un tremblement de terre se réveillait. 

_Les voilà ! Fit une voix féminine au loin. Ils sont là !

_Vites ! Répondit une autre femme, dont le ton était plus grave et enroué. Emmenons les vite à l’intérieure. 

Les trois compères furent encerclé en quelques instants par un groupe de loups tonitruants et de chamans. D'abord ils affichaient un grand sourire en voyant Jaron et sa compagne, mais dès qu'ils apercevaient l'elfe noir les femmes brandirent leurs armes pendant que les féroces canins dévoilaient un attirail de dents aiguisées, impatientes de se planter dans la chaire. 

_Un démon ! Fit un grand loup noir, à qui l’on avait été sectionné un croc. 

_Tuons-le ! Ordonna une jeune chaman. 

_Eloignes toi Jaron ! Cria une vieille femme. 

Warddan avait raison sur son sentiment, pour lui la sécurité était relative. 

_Arrêtez ! Ordonna Mélane en brandissant les bras. Entara* !

_Ksanë* ! Hurla le loup noir. 

_Ra ! Kalëna gasta *! Répondit Mélane.

_Tu es devenue folle ! Fit une chaman. Il va tous nous tuer ! Tu sais de quoi sont capables ces monstres ! 

_Kalënarai hosle!  Sen kalënara bastrade ! Sen Kalëna sorra dya Algatarm ! *

_Sorra dya Algatarm ?! Fit une chaman. 

Les femmes se regardaient, perplexes, et les loups firent de même. Des questions en chamanique se murmuraient d'oreilles en oreilles, les regards affolés. Puis au bout d'une minute, l'un des loups s'avança et la chaman qui le chevauché demanda à Warddan:

_Es-tu réellement le fils d'Algatarm ? Es-tu son enfant ?

Ces chamans connaissaient également son père adoptif, c'était plus que probable qu'elles savaient qu'il était réellement son " fils ". A moins qu'il ne leur ait jamais raconté cette histoire...

_Oui, je suis Warddan, fils de Raon. 

Une des femmes ausculta du regard l'épée qu'il portait dans son dos. 

_Je reconnais ce travail, il est bien son fils. Il est le seul forgeron qui puisse faire du si bon travail. Je me demande quelle technique il a utilisé, surtout pour cette lame  qui se prolonge le long du manche. Et ces runes sont de l'ancien étalen. Il est l'une des rares personnes à les connaître. Et ce métal, il l‘avait découvert dans les bois avec nous. Ils est le seul de ce pays à savoir forger ce métal ! Et cette armure, on y reconnaît sa signature. La même que pour son père sauf que celle-ci est plus sombre. Il a fait du très bon travail.

L'elfe n'avait jamais trop fait attention, mais son plastron, ses épaulières, ces gants, et ces bottes en acier portaient effectivement une marque que son père mettait sur chaque instrument qu'il forgeait.

La meute se lança un regard gêné, et Warddan pouvait sentir leur malaise. 

_Nous sommes désolés, fit une jeune femme. Venez, nous allons vous abriter, le démon y compris !

Le démon y compris était habitué à ce que les gens le considère ainsi, mais cela ne l’empêcha pas de lâcher un raclement de gorge, la colère s’efforçant de sortir de sa bouche. Même si il était ce qu’il était, il songeait qu’il méritait qu’on le traite mieux que ça ! Il s’efforça de ne pas dégainer sa lame en se souvenant de sa promesse: prouver au monde qu’il n’était pas le monstre sanguinaire qu’ils croyaient tous. Même si il fut tenté pendant un bref instant de ne pas la tenir, il ravala sa rage et suivi le groupe de loups. Le noir au croc brisé murmura à Jaron:

_Kalënas hosleta nuira tuslada !

Les paroles ne semblaient pas vraiment plaire à Jaron, puis l’autre s’éloigna, allant en tête de marche. L’elfe noir se rapprocha du loup gris et lui demanda:

_Qu’est ce qu’il vient de dire ? Je ne crois pas avoir bien compris.

_Il a dit que j’était encore plus fou que ce qu’il s’imaginait. Mais ne t’en fait pas, il n’est pas très aimable. Il est toujours comme ça.

Il n’est pas mauvais, c’est juste que...

Sur ce il s’arrêta, jugeant peut être qu’il ne valait mieux pas continuer. Quand ils arrivèrent enfin aux tanières, une trentaine de femme avec leurs trente compagnons canins les accueillirent. Ils serraient Mélane et Jaron dans leurs bras, juste avant de s’éloigner du passage du jeune homme. Des larmes de joie, les regards devenaient d’acier et brûlant. Mélane leur expliquait tant bien que mal qu’il était inoffensif, qu’il ne ferait pas de mal à une mouche.


Mais sur le dernier point, elle avait tord, il avait déjà du sang sur les mains et des morts sur la conscience. Maudite Algazalm ! Une lame réclamant son dût avait dévoré les entrailles des hommes, une épée énorme qui aimait le goût du sang et de la chaire.


Les femmes qui l’entourait était de tailles, d’âges et de corpulences variées. Il y avait de très jeunes femmes, comme il y en avait des beaucoup plus âgées. Il y en avait de très mince, d’autre plus robuste. Certaine avait une peau ferme, d’autre parcheminée. Mais elles avaient toutes un point commun, elle ne portaient pas beaucoup de vêtements et elles étaient toutes tatouées. Mais chacune d’entre-elles avaient des tatouages différents. Une portait un aigle au-dessus de sa poitrine, une ancienne chaman avait des serpents de couleurs diverses sur son corps, quand à une des plus jeune avait des flammes sur ses joues et ses hanches, ainsi qu’un oiseau rouge dans son dos. Et parmi les loups, Warddan discerna celui de tout à l’heure, et maintenant il pouvait se concentrer sur les détails de celui-ci plutôt que de fixer les canines. Il était couvert de cicatrice, dont une d’entre-elle traversait sa gueule là où le croc était coupé. Une de ses oreille était trouée et à moitié déchiquetée. Mais surtout, il avait un regard antipathique, ses pupilles noirs l’absorbaient dans un torrent de colère et de douleur. Même dans les contes qui font peur aux enfant il n’y avait pas de prédateur aussi sinistre. Il se pencha vers l’oreille de Jaron et lui demanda:

_Qui est ce ? Pourquoi il n’a pas de chaman ?

Le grand loup gris le fixa et lui répondit:

_Mon frère, Granland. Il a eu une histoire assez longue à raconter.

Granland, c’était ainsi qu’il se nommait. Un nom peu commode qui lui allait parfaitement. Un nom sombre et sinistre comme son propriétaire. 

Les gens commençaient à se murmurer à l’oreille des drôles de choses par rapport à leur « rescapé ». Est-ce qu’il est dangereux ? Pourquoi Mélane l’avait ramené ici ? Est-ce que ces cheveux blancs étaient ceux d’un spectre ? Alors que le murmure devenait un brouhaha, une voix calme et posée, apparemment masculine, jouant sur l’air musicale de l’accent fit:

_Ne vous inquiétez pas, ne vous montrez point aussi agressives envers notre « invité » ! Il ne mord pas, montrez vous plus courtoises quand même. Je ne vous pas éduqué ainsi à ce que je sache. 

Les regards se retournèrent sur une silhouette qui était assise au fond, avec à ses côtés un loup noir d’une taille encore plus imposante que ses congénères. Mais surtout, l’animal avait une cicatrice qui commençait du crâne pour finir au bout de son museau, passant par un oeil blanc percé. Et le petit homme leva sa tête vers le loup et lui demanda: 

_Est-ce que c’est le garçon de ta vision, Rassoun ?

Une voix de femme très âgée et expérimentée sortait de la gueule béante du loup, lui répondant:

_Oui, c’est bien lui. Il a l’air d’aller mieux depuis notre dernière rencontre. Mais je remarque tout de fois certaines blessures profondes qui se révoltes encore à l’idée de se refermer. Viens avec nous, Warddan.


Ainsi c’était une louve, cette fameuse Rassoun. La louve de son rêve lorsque Jaron l’avait endormi avec son haleine. Et cette homme, il n’était pas ordinaire lui aussi. Il était vraiment très étrange, l’elfe n’en avait jamais vue des comme lui. Sa peau était noir, elle aussi. Mais pas du même noir nuit profonde comme lui, mais elle se rapprocher plus d’une couleur brune foncée. Comme si sa peau était de terre et d’argile. Sur son corps, il y avait tatoué des hommes blancs, brandissant tous des lances. Son visage était fripé par le temps, comme parcheminé, envahi par une barbe blanche frisée et bouclée, tel un mouton. Son sourire était charmant, malgré les dents gâteuses et les absentes, et les restantes n’était pas si jolie que ça. Mais ce n’était pas le sourire physique qui rendait cette homme si sympathique, mais il rayonnait de chaleur humaine, de générosité et de gentillesse. Quand à ses yeux, ils étaient profonds et sombres, à percer l’âme et ses secrets, car rien ne leurs échappaient. Même si il était replié sur lui même, Warddan constata qu’il avait des membres chétifs et qu’il n’était pas bien gros. Mais d’une énergie et d’une agilité déconcertante de sa part, l’homme se leva. Il écarta les bras avant de faire une étreinte à l’elfe.

_Soit le bienvenue parmi nous, Warddan. Viens, nous avons quelqu’un qui voudrait te voir.

Son accent qui roulait sur le R de Warddan donnait Warrrddan. C’était une voix reposante et chantante.

Mais qui était-ce cette personne qui voulait le voir ? Est-ce un autre chaman qui aurait eu des visions sur lui ? Un individu qui avait appris son existence à travers Raon ? Ou bien quelque chose d’autre ? Alors que ces pensées traversait l’esprit de l’elfe noir, la voix lointaine qui hurlait encore se tût enfin dans la nuit profonde.

Mélane s’approcha de l’homme noir et lui demanda:

_Qu’est ce que c’est que cette chose ? Nous ne l’avons jamais entendu par ici !

_Je ne sais point ma pauvre chaman. Il était venu ici il y a quelques temps, hurlant et pleurant à la lune, avant de repartir. Un être qui aurait sûrement besoin d’être soulagé.

Ils pénétrèrent dans une tanière plus grande que les autre, où un lit de paille et de fourrure était installé prêt d’un feu. Un grand homme y était couché, marmonnant des paroles incompréhensibles. Recroquevillé dos à l’elfe, celui-ci ne le reconnu pas sur le coup. Mais après quelques instants d’hébétements, il s’écria:

_Père !

C’était bien Raon qui était allongé, qui sur le son de la voix de l’elfe se retourna:

_Warddan !

A son grand effroi, l’adolescent découvrit sur le corps martyrisé de son père d’horrible blessure, et un moignon recouvert d’un bandeau remplaçait un de ses bras, tandis qu’une de ses jambe avait également disparue. Il l’avait toujours vu grand et puissant, invincible, et aucune force de ce monde semblait l’impressionner. Mais maintenant, il semblait faible et fragile, sensible au moindre vent. Qu’est ce qui était arrivé à son père ? Qu’était-t-il arrivé à Algatarm ? Ces horribles balafres qui enlaidissaient son visage, ces marques violettes sur sa peau, ces bosses qui le déformaient...

Warddan sentait au fond de lui qui les avait abandonné, même si il savait que ce n’était pas de sa faute. Sa tête le déclarait innocent, le cœur lui donnait sa sentence. Il avait la nausée en imaginant les souffrances qu’avait enduré Raon. Une énorme boule s’était formé dans sa gorge, lui coupant le souffle. Les yeux en larmes du forgeron le perçaient, remplis d’une flamme d’amour, qui essayait de le réconfortait. L’elfe noir s’assit aux côté de l’homme, essayant de formuler des mots pour exprimer sa joie, mais la douleur reprit le dessus et il fonda en larme dans les bras de son père. Ce fut une discussion silencieuse, où l’un essuyait les perles brillantes des joues de l’autre. Une chaleur longtemps oubliée envahie le cœur du jeune elfe, la chaleur paternelle. Ils se serrèrent de toutes leurs forces, de tout l’amour qu’éprouvait l’un et l’autre. La peau noire se frotter ardemment contre la peau blanche, et la peau blanche de même. La tendresse et la tristesse se mêlaient dans cette mêlée entre père et fils. Larmes de joie et larmes de peine étaient réunis. Ils se retrouvaient enfin !


Après une longue étreinte silencieuse, l’homme barbue déglutit avant d’ouvrir sa bouche en balbutiant:

_Tu m’as tant manqué ! J’avais crus que je te reverrais jamais ! Je pensais que tu étais mort !

Ces mots résonnèrent dans l’esprit de Warddan. Il aurait voulut s’exprimer mais sa langue était sèche et la gorge bouchée.

_Lorsque nous nous sommes enfuis, nous avions vite remarqué que tu nous avais pas suivi. Alors nous sommes revenus en arrière pour voir où tu étais passé. Puis nous t’avions vus au centre du village, capturé par les Croisés de l’Ordre. Nous avions compris ce qu’ils allaient te faire, c’est alors...

Raon s’arrêta, comme si il avait vu quelque chose de terrible, que nul ne peut raconter. L’elfe noir insista du regard pour qu’il continue son récit, alors il se saisit de toute ses réserves restantes et continua:

_ Ta mère a décidé de mourir pour toi !

Les ses iris rouges se rétractèrent, son regard se glaça, son coeur s’était presque arrêté. La sueur de la terreur le saisit et un sang de glace coula dans ses veines. Elle avait décidé de mourir pour lui, elle s’était sacrifiée pour le sauver. Pourquoi ? Il n’était pas son enfant à proprement parler, il était d’une autre espèce complètement différente. Il ne méritait pas que des gens meurent pour lui, même ses congénères. La barbe de son père remua de nouveau, et les paroles suivantes furent:

_Elle est parti dans la forge, s’était recouverte de charbon et recouvrit ses cheveux de farines. Quand ils l’ont rattrapé...

L’elfe noire de ses souvenirs lui réapparut, l’elfe de cette nuit. Ce n’était pas une créature des ténèbres mais sa mère ! La plaie qui s’était ouverte dans son âme devint une fausse. C’était l’explication du vide qui régnait dans l’oeil de Jaron lorsqu’il l’invoquait. Elle ne faisait plus partie de ce monde.


Un mélange de tristesse et de haine le hantait. Malheureux de la disparition d’Hélène et furieux envers ces maudits hommes. Pendant un bref instant, il senti une soif de sang grandir en lui, le besoin de tuer pour se soulager. Une envie de voir l’Etale brûler avec tous ses habitants, de voir tous ses soldats mourir éventrés devant leurs enfants. Il venait de perdre de ce qu’il y avait de plus précieux au monde. Il était maintenant un monstre sans racine, dépourvue de sens à son existence, avec juste un besoin de voir la chaire des humains se détacher et le sang couler dans les fleuves. Il hurlait dans les entrailles de son âme et brûlait de colère. Il rêvait que sa lame géante dansait au milieu des croisés et décapitait toute résistance, une Algazalm si tranchante que les os partaient en éclats. Il sentait le sang de ses ancêtres bouillonner en lui, réclamant la violence et la vengeance. Puis une étincelle traversa son esprit. Il se transformait en démon qu’il avait refusé d’être, il devait restait l’enfant sombre que ses parents avaient toujours aimé. Il était tentant de retomber dans cette vague de rage, mais sa mère avait accepté de se faire juger plus tôt aux cieux pour lui. Elle ne méritait pas qu’il devienne un monstre sanguinaire alors qu’elle venait de se sacrifier. Mais il était si dure pour lui d’accepter ce sacrifice sans son consentement. Et il savait parfaitement qu’il aurait refusé si ils lui avaient demandé. Son regard se posa de nouveau sur le visage cabossé de son père, et dans ses yeux il se vu en larme. Pourquoi est-ce que ses parents devaient payer le prix pour lui ? A cause de l’amour qu’ils lui portaient ? Maudit soit le dieu qui les a maudit. Pourquoi est-ce qu’il était une créature de l’ombre ? Pourquoi ceux qu’ils aimaient souffraient à cause de lui ? Il savait que pour se sentir libre il devrait transpercer le cœur du divin et engendrer des marres de sangs pour venger les siens. Mais il refusait son destin intérieurement, il devait prendre sa vie en mains et pour décevoir les dieux qui le regardaient, il s’était juré de ne jamais devenir le diable dont ils avaient besoin pour vivre. 

La main du forgeron se glissa sous son cou et elle ressorti de sa chemise deux médaillons, c’était leur alliances. 

_Porte ceci pour nous Warddan ! Nous serrons toujours avec toi ! Jure moi que tu deviendra le chevalier dont tu avait toujours rêvé ! Soit l’épée qui défendra les faibles et le bouclier qui sauvera les innocents ! Ton destin est de devenir un Warda ! Un guerrier ténébreux au service de la liberté et de la paix. Soit la légende que les troubadours chanteront plus tard ! Alors, nous te verrons et serrons fier de toi, mon fils ! Et surtout n’oublie jamais, cette lame dans ton dos versera encore du sang, elle te paraîtra souvent démoniaque. Mais ce n’est pas une arme assoiffée de sang, c'est une épée pour fendre les épées. 

Il lui tendit les médaillons et les pressa dans sa main. Ensuite il lui ordonna de les attacher à l’anneau qui se trouvait à l’extrémité du manche de son épée. Est-ce qu’il avait tout prévue depuis le début, ou est-ce que c’était une idée qui lui était venu sur le coup. Nul ne le sait, mais ce qui était sûr, c’était que dorénavant cette lame porterait l’âme de Raon et Hélène pour toujours. Le regard du vieux forgeron était remplie de tendresse et de douleur, avant de petit à petit à sombrer dans un oublie, qui sera un oublie absolue et éternelle. Avant de passer entre les griffe de la mort glaciale, il murmura:

_Je t’aime, mon Warddan...


Ce fut la fin de l’enfance tendre et douce de cette homme, Warddan mourut pour laisser place au Warda. Le guerrier venu des profondeurs de l’Ombre pour éventrer les ténèbres qui englobent ce monde. Il avait conscience qu’une transformation venait de se produire en lui, il n’était plus question de la grosse Monique, ou de son ancienne maison, ou de quoi que ce soit sur son passé. La seule chose qui survivrait au travers des âges étaient les médaillons et l’âme de ses parents adoptifs. Et cette lame, cette armure et ce regard était inspiré de la puissance de Raon, tandis que son intelligence et son courage était l’héritage de sa mère. Il était prêt à affronter le monde extérieur, cette planète réclamant sa mort. Fini du jeune et stupide Warddan, il était temps qu’il laisse place à un guerrier intrépide qui ne craindra plus ses choix. Dorénavant, son nom, celui qu’il portera jusqu’à la fin de ses jours sera Warda, le guerrier noir. 


Même si sa métamorphose semblait rapide et précoce, il sentait qu’il n’était plus la même personne, qu’il avait changé définitivement. Fini les remords ! Fini les questions stupides dont il connaissait la réponse ! Fini les hésitations sur le sens de sa vie ! Il savait maintenant pourquoi est-ce que lui vivait alors que ses êtres les plus chères avaient rejoins l’au-delà. C’était leur choix, et il était de son devoir de le respecter. Ils voulaient le voir heureux et fier de lui, alors il se fit la promesse de ne jamais mourir. Pas tant qu’il n’aura pas trouvé son havre de paix et vécu heureux ! C’était sa sentence en tant que meurtrier né, vivre. Il vivra encore et encore. Sa décision était prise et elle ne changera plus jamais. Même si le sang des hommes devait être versé, même si cela signifie se battre et faucher des âmes, même si il devait affronter des légions entières, il vivra et survivra. 


Il leva ses yeux du corps de son père, plus déterminé que jamais. Il le promis, il vivra.


Il senti un changement radical dans son Maître, une transformation subite dû à un traumatisme qui l’avait rendu plus fort. Il sentait un esprit et fragile auparavant chez lui, mais c’était comme si il était devenu quelqu’un d’autre en espace d’un instant. Son pouvoir sensible et fragile devint subitement plus stable et plus sûr de lui. Qu’est ce qui était arrivé à son Maître ? Son avis changea sur son compte, il était peut être très jeune, mais il allait vite grimper les étapes, sa force volerait d’étage en étage, sa maîtrise sera certainement rapide. Rien ne l’empêchera d’accomplir la Prophétie, Il en était sûr. Là où l’Autre avait échoué, lui il réussirait. La prophétie était donc juste, bientôt Ils seront tous libre ! Ce mélange de colère et d’amour envers son passé conférait à son Maître une détermination incroyable, comme il n’avait senti qu’une seul fois dans sa vie. Il ne savait pas pourquoi son Maître était si déterminé, mais peu importe, du moment qu’il devenait plus fort. Et cette détermination sera le but de sa vie, Il se demandait presque si son Maître avait encore besoin de lui. Cette épée géante qui résonnait au nom d’Algazalm dans l’esprit de son Maître était bien plus qu’une lame ordinaire, Il sentait. Elle aussi dégageait une énergie démesurée qui n’appartienne qu’à certaines armes. Si Il ne voulait pas être un fardeau, Il avait intérêt à se remettre à l’exercice. Pendant trop longtemps Il avait pleuré son échec. Il aurait dû savoir que c’était inutile et qu’Il retrouverait son Maître tôt ou tard. Il était devenu faible à cause de sa bêtise, Il se jura d’y remédier et d’être le Serviteur du Maître, d’être son fidèle allié caché dans l’ombre. Il veillera jours et nuits sur lui, ne prenant aucun repos, sur son tendre et cher Maître. 


Quand Warda ressorti de l’antre de Rassoun, les chamans comprirent ce qui venait de se passer. Lui aussi avait rejoint les cieux, lui, Raon le joyeux, Raon le grand, Raon le jeune aventurier qui les avait rencontré. Il était maintenant avec Naös et Hélène, ainsi que ses nombreux ancêtres. Elles voyaient la peine et la tristesse sur le visage de l’elfe, mais aussi son assurance soudaine. Elles étaient habitués à ce que ce genre d’expérience rendent les gens fragiles, ou malheureux jusqu’à la fin de leur jours, mais ce jeune homme avait dépassé ce stade et il en était plus fort. L’elfe se rapprocha de l’homme noir et le remercia. Celui-ci lui renvoya par une pression amical de la main. 

_Ton père était un homme comme il devrait y en avoir d’avantage. Tu devrais être fier de lui.

_Est-ce que je pourrais vous poser une question ?

L’elfe semblait un peu trop sûr de lui pour ce qu’il vient de vivre, mais l’homme noir accepta tout de fois d’acquiescer. 

_Quelle est votre nom ?

_Carnassus, le dernier homme de mon espèce. 

Un homme en voie d’extinction, cela expliquait pourquoi il n’en n’avait jamais rencontré, c’était parce que Carnassus était le dernier représentant de sa race. L’elfe noir lui demanda si il ne pouvait pas aller à un endroit moins fréquenté. Carnassus accepta et l’emmena dans une autre galerie, en compagnie de Rassoun. La grotte était assez profonde et différentes peintures rupestres était dessinées sur les parois. La plupart d’entre-elles représentaient des loups et des femmes. Une chaman apporta du gibier qu’elle mit sur le feu avant de repartir. 

_Tu veux savoir ce qui est arrivé à ton père, n’est-ce pas ?

Il n’avait pas besoin de répondre, du moins oralement. Carnassus avait compris.

_Bien, alors par où je pourrais bien commencer ? 

L’homme noir prit un calumet aux nombreuses gravures. Il prit une pincée d’herbe sèche et la bourra dans la pipe. A l’aide d’une branche, il se procura une flammèche dans le brasier puis alluma l’herbe pilée, avant de respirer la fumée à l’odeur fleurie.

_De la Nimari. Cette plante a des vertus médicinales, entre outre faire récupérer la mémoire. Et j’avoue que ce n’est pas mauvais à fumer.

La grande louve s’assit derrière le vieil homme, les braises reflétaient leur éclats ardents dans son immenses oeil jaune. L’homme noir huma deux ou trois bouffée de fumée puis commença le récit.

_ Nous l'avons retrouvé en bordure de la grande savane. Son corps était meurtri et criblé de flèches. Il avait dû se faire rattraper par ceux que vous appelez Croisés. Il a réussi à fuir en se jetant dans une rivière, mais il se brisa les os dans la chute. Sandra et Serenbron le récupérèrent, et l'amenèrent ici. Rassoun et moi l'avions éloigné de la mort, et pendant son sommeil agité il parlait de toi. Il avait la force de survivre en pensant à toi, il voulait te revoir une dernière fois. Maintenant que c'est chose faite, il a put partir enfin en paix.

Warda était d’accord avec lui, son père pouvait enfin partir en paix. Il lui manquait déjà tant, mais que pouvait t-il y faire. Nul ne revient du royaume des déchus, pas même son père. Ce monde semblait avoir un peu perdu de son éclat sans Raon. Maintenant, c’était à lui de combler ce vide à présent, en rayonnant dans ces vastes ombres. Il devait devenir une lumière à son tour. 

_Merci Carnassus. Merci Rassoun. 

Ces mots semblaient pénétrer dans l’âme de ses interlocuteurs, réconfortants et chaleureux. Il n’avait rien d’autre à dire, c’était les mots justes et ceux qui devaient être utilisés. Il n’avait pas besoin de citer un discours ou de longues paroles vaines. C’était bref mais efficace. L’homme noir arracha un cuissot au rôti et le donna à l’elfe noir. Il était délicieux et musclé, la chaire était un peu ferme mais elle ne faisait qu’intensifier le goût. Ensuite il se servi son morceau puis confia le reste à sa compagne canine. Celui-ci ne fit qu’un bref passage entre ses mâchoires avant de disparaître. 

_Avant de mourir, Raon m’a chargé d’une mission, commença Carnassus. Il voulait que je veille sur toi et que je t’enseigne l’art du combat. J’ai connu la Guerre des Flammes, je t’enseignerai toutes les techniques et les compétences que je connais. 

Un élément perturbait l’elfe noir:

_Vous dites avoir connu la Guerre des Flammes ? Comment cela peut t-il être possible, cela s’est déroulé il y a...

_A peu près dix milles ans. Je sais.

Il venait de comprendre que l’homme avec qui il parlait était vieux de plus de dix milles ans, il n’arrivait pas à concevoir qu’un homme qui a connu la naissance et l’effondrement de plusieurs civilisations puisse être debout face à lui. Quel était son secret ? Est ce que c’était une blague de mauvais goût ? Qu’est ce que c’était ? 

_Je sais que c’est difficile pour un jeune elfe pour toi, mais j’ai effectivement plus d’une dizaine de millier d’années d’expérience derrière moi. Et dit toi que ça peut t’arriver aussi, un jour qu’un jeune crétin soit impressionné par tes hivers passés. J’ai vu ce paysage changer à maintes reprises, là où nous sommes il y avait un lac avant. 

Warda le regardait perplexe, étonné par la dernière information qui avait quelques peu de mal à passer. L’homme noir le regarda et éclata de rire.

_Je vois que ça fait toujours le même effet le coup du lac ! Quand il y avait le lac, je racontais à mes disciples qu’une forêt qui partait d’un horizon à l’autre. 

Il enfonçait toujours d’un clou au fur à mesure qu’il parlait. Il était question de lac juste auparavant, et avant le lac il y avait une forêt. L’expression de son visage amusa le couple chamanique. D’où il sortait cette homme ? Si il devait vivre avec lui, il devait en savoir un maximum sur lui.

_Arrête de torturer ce pauvre enfant, fit la louve. Raconte lui notre rencontre plutôt.

Le vieil homme posa sa viande et recommença à fumer son étrange herbe. Puis quand il fini de humer son encens, il se mit à parler.

_Avant, il y avait que des hommes noirs,  et nous étions de petites tribus qui vaquaient à de petites préoccupations. Mais un jour, une tribu d’homme blanc venu du nord nous avaient demandé de venir avec eux, pour que nos peuples deviennent forts. Puis la Guerre des Flammes arriva, et profitant de notre force numérique, ils nous demandèrent de les joindre avec nos armes. Mais pendant la guerre, je perdis mes enfants et le reste de ma famille fut emporté par un torrent de flamme. Et lors d’une attaque sur leurs nids, nous étions pris de toutes parts et mes compagnons furent réduis à l’état de cendre incandescente. J’étais à moitié mort quand Rassoun m’apparut. Elle m’avait recueilli dans sa tanière et me protégea. Alors que j’avais perdu toute confiance au genre humain, elle me prouva qu’il y avait encore du bon en ce monde. Sa générosité et sa gentillesse était largement supérieur à n’importe quel humain que je connaissais. Même si à l’époque elle ne savait pas parler, elle avait réussi à conquérir mon cœur. Les blancs me jugèrent comme déserteur et pour me châtier ils voulurent tuer Rassoun. C’est alors que nous nous sommes unis pour l’éternité. J’avais usé d’une ancienne magie de mon clan pour fabriquer un totem, dans lequel nous avions tout deux invoqué un vœux. Nous nous sommes liés de cette façon, par l’immortalité, parce que notre totem sera l’objet qui éloignera la mort de notre amour tant qu’il existera. Nous nous sommes souhaités mutuellement la vie éternelle. Vois tu cette blessure entre travers du museau de ma bien aimée ? Elle a été faite par une épée qui lui avait traversé de par et d’autre de la tête. Si elle est encore ici, c’est grâce à notre totem.

Warda regarda attentivement la plaie qui traversait l’oeil de la louve. Il savait que c’était une blessure très grave, mais il ignorait que c’était une lame qui lui avait fendu la tête. C’était une autre marque de la folie des hommes. Le vieillard reprit en montrant sa peau:

_Ces tatouages sont aussi un héritage de mes anciennes tribus. Ces hommes peints en blanc sur moi sont des représentations de mes compagnons d’armes lors de la Guerre des Flammes. Je peux invoquer chacun d’eux si je veux, un guerrier pour chaque tatouage.

Le nombre de dessins sur la peau de cet homme était phénoménal, il pouvait peut être invoquer une armée d’une centaine d’hommes.

Sous le regard stupéfait de l’elfe, Carnassus en profita pour en rajouter une couche.

_Quand à Rassoun, elle a des pouvoirs extrêmement puissants et diverses. Certains d’entre eux me sont encore à ce jour inconnue. Tous les loups que tu vois ici sont les descendant de la progéniture qu’elle avait eu avant de me rencontrer. Elle est la Mère Louve.  C’est elle la matriarche !

L’elfe fixa la grande louve, impressionné par son rang et le respect de la part des autres loups. Une chaman revint pour débarrasser les os qui encombraient le passage dans la grotte et desservi le squelette du gibier. 


Après quelques discussions au sujet du père adoptif de Warda, celui-ci décida de se coucher avec Jaron et Mélane. Le lendemain, quand l’aube se leva, tous les chamans de la tribu étaient réunis, Carnassus était orné de sa coiffe cérémonial, un oiseau noir perché sur des os d’aigles. 

Un petit autel en bois fut fabriqué en la mémoire du forgeron, et l’incantation du Grand Voyage commença. Le corps du défunt fut porté par un cortège de plumes colorés et de crâne de petits animaux. Tout le monde était silencieux, tout comme la tombe. Les femmes déposèrent Raon dans une fosse creusée devant l’autel puis refermèrent la main de la terre sur l’enveloppe charnel du mort. Carnassus prit un bâton ornée de plumes noirs et d’un crâne de corbeau, puis se mit à chanter une prière ancienne, afin de lui offrir la liberté. Puis, il prit une graine qu’il planta à l’emplacement de la tombe. 

_Que cette jeune pousse devienne un arbre qui chantera son histoire en murmurant au vent, et que la personne qui l’entendra n’oublie jamais cette histoire, car c’était l’histoire d’un homme bon. 

Warda venait de passer à un nouveau chapitre en regardant les funérailles de son père. À présent, il était temps de commencer sa nouvelle vie.


Carrousen: Créature herbivore qui vie dans les régions du sud de l’Etale. Elle est de grande taille et une masse osseuse protège sa tête et son cou, mais ses yeux trop petits ne lui confèrent pas une très bonne vision. 

Kalëna gasta: il est inoffensif

Ksanë: bouge

Kalënarai hosle!  Sen kalënara bastrade ! Sen kalëna sorra dya Algatarm ! : Je ne suis pas folle ! Il n’est pas dangereux ! C’est le fils d’Algatarm !

Entarra: le verbe arrêter.



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