World Wars Two : Écho du Destin.
Chapitre 4 : La Mutinerie.
11 mai 1940. Village en ruines. Quelque part dans les Ardennes.
Le crépuscule tombe lentement sur les ruines du village, les ombres s’allongeant au fur et à mesure que le soleil disparaît à l’horizon. Alexandre et Hans, à bout de forces, ont trouvé refuge dans ce qui reste d’une maison abandonnée.
Les murs fissurés offrent une maigre protection contre le vent glacial qui commence à se lever. Les deux hommes sont assis près de ce qui reste d’une cheminée, l’odeur de cendres froides emplissant l’air. Un silence pesant les enveloppe, seulement brisé par les bruits lointains de la guerre qui continue de faire rage quelque part au-delà des collines.
Alexandre, qui scrute les environs avec prudence, se tourne vers Hans, assis en face de lui, appuyé contre un mur. Le tankiste allemand semble épuisé, son visage pâle et marqué par la douleur. Pourtant, une lueur de détermination brille dans ses yeux.
Alexandre Chauss : Hans… tu m’as parlé de cette mutinerie. Comment cela a-t-il commencé ?
Hans ne répond pas immédiatement. Il ferme les yeux, cherchant dans sa mémoire, se demandant par où commencer à raconter cette histoire complexe et douloureuse. Après un moment, il soupire et commence à parler, sa voix basse et chargée de fatigue.
Hans Meier : « Réfléchit » C’était censé être une mission simple. Nous devions traverser les Ardennes, contourner les positions françaises, et frapper rapidement avant qu’ils ne puissent réagir. Tout était parfaitement planifié… du moins, c’est ce que nous pensions.
Flash Back. 11 mai 1940. Quelques heures avant. À bord d’un char Panzer IV. Quelque part dans les Ardennes.
Hans Meier, assis dans la tourelle de son char, scrute la forêt dense à travers ses jumelles Zeiss. Les arbres semblent se refermer sur eux, comme une mer verte menaçante. Les moteurs grondent tandis que le convoi de chars avance lentement sur un chemin étroit. Hans est tendu, son esprit calculant chaque risque, chaque possible embuscade. La stratégie allemande repose sur la surprise et la rapidité, mais ces bois épais pourraient devenir un piège mortel.
Hans Meier : « Parlant dans son micro, d’une voix ferme. » Avancez prudemment. Maintenez la formation.
Les réponses des membres de son équipage se succèdent dans son casque, brèves et efficaces. Hans connaît bien ces hommes. Ils ont traversé des batailles ensemble, ils ont vu la mort de près.
Mais aujourd’hui, quelque chose semble différent. L’atmosphère dans le char est lourde, tendue, comme si un nuage sombre planait au-dessus d’eux. Hans le ressent, même s’il ne parvient pas encore à en identifier la cause.
Le char continue d’avancer, ses chenilles broyant le sol mou. À l’intérieur, l’air est saturé de l’odeur de l’huile, du métal chauffé, et de la sueur des hommes.
Hans jette un coup d’œil à ses subordonnés : Karl, le conducteur, un jeune homme autrefois plein d’enthousiasme mais désormais marqué par la fatigue ; Fritz, le tireur, un vétéran aux nerfs d’acier, mais dont le regard semble plus vide chaque jour ; et Ludwig, le chargeur, silencieux et nerveux, une main tremblante sur le projectile qu’il doit insérer dans le canon.
Karl : Kommandant… avez-vous entendu les rumeurs ? « Dit-il, d’un ton hésitant. »
Hans se fige. Il n’aime pas l’idée que ses hommes se laissent distraire par des rumeurs, surtout en pleine mission.
Hans Meier : Quelles rumeurs, Karl ? « Répondit froidement. »
Karl : « Hésite, regardant furtivement Fritz et Ludwig avant de parler. » Das sind die Franzosen (Que les Français) … qu’ils sont mieux préparés que prévu. Que la résistance sera… plus féroce. Certains disent que nous marchons droit dans un piège.
L’Oberleutnant serre les dents. Les rumeurs et la peur se propagent comme un virus parmi les troupes, sapant le moral. Mais il sait aussi que la peur des hommes est réelle, qu’elle peut les faire douter de chaque ordre, de chaque mouvement. Il ne peut pas se permettre cela.
Hans Meier : « S’exprime d’un ton sec, coupant court à la conversation. » Nous suivons les ordres du Oberkommando (Haut Commandement). Notre mission est cruciale. La victoire dépend de notre avance rapide. N’oubliez jamais cela.
Karl se tait, mais l’anxiété reste palpable. Hans sent que quelque chose est en train de se fissurer au sein de son équipage. Le silence se fait, oppressant, tandis qu’ils continuent leur progression.
Quelques heures plus tard, alors que la nuit commence à tomber, l’équipage reçoit un ordre inattendu. Ils doivent s’arrêter, attendre des renforts. Le convoi est à découvert, vulnérable. L’attente s’étire, et avec elle, la tension monte. Dans l’obscurité croissante, Hans entend des murmures à l’arrière du char. Il retire son casque et descend dans la coque pour confronter ses hommes.
Hans Meier : Que se passe-t-il ici ? « Cria le chef de char. »
Les trois hommes se figent. Fritz prend la parole, sa voix basse et chargée de gravité.
Fritz : « Hésitant, mais décidé. » Ko…Kommandant, nous ne pouvons pas continuer. Cette mission… c’est de la folie. Nous allons droit à la mort, et pour quoi ? Pour une guerre qui ne semble jamais finir ?
Meier sent une colère froide monter en lui. Comment osent-ils remettre en question leurs ordres ?
Hans Meier : Sheisse ! Fritz, tu es un soldat ! Nous avons un devoir, et ce devoir est de suivre les ordres et de mener cette mission à bien. Qu’est-ce qui te prend ?
Ludwig : Ce qui nous prend, c’est que nous sommes fatigués, chef. Fatigués de risquer nos vies sans fin. Nous ne voyons plus le sens de tout ça. « S’exprime le soldat la peur au ventre, avec une voix tremblante, soutenant Fritz. »
Karl : Et si c’est vraiment un piège ? On ne veut pas mourir ici, dans ces bois. On veut rentrer chez nous, retrouver nos familles. « Joignant ses compagnons, d’un ton désespéré. »
Hans se trouve à un carrefour qu’il n’avait jamais envisagé. Ses hommes, ses camarades, ceux avec qui il a combattu si longtemps, remettent en question sa direction. C’est plus qu’une simple rébellion, c’est un déchirement profond dans leur loyauté.
Hans Meier : « D’une voix glaciale, serrant les poings. » Verdammt ! (Bon sang !) Ce que vous proposez, c’est de déserter. C’est une trahison, et vous savez ce que cela signifie.
Fritz, qui jusque-là avait montré une loyauté inébranlable, relève la tête, ses yeux remplis d’une détermination nouvelle, mais teintée de désespoir.
Fritz : Non, Kommandant. Ce n’est pas de la trahison. C’est de la survie. Vous pouvez continuer, si vous le voulez, mais nous, on ne vous suivra plus. Pas cette fois.
Le chef tankiste comprend alors que la situation est irréversible. Il est seul. Ses hommes, ceux en qui il avait toute confiance, ont fait leur choix. Leurs regards sont résolus, leurs armes en main, non pour combattre l’ennemi, mais pour signifier qu’ils ne suivront plus ses ordres.
Il sait que tout mot de plus serait inutile. L’amertume l’envahit alors qu’il se retourne pour quitter la coque. En montant dans la tourelle, il ne ressent plus la même solidarité qui avait toujours soudé son équipage. Ils ne sont plus une équipe, mais des hommes brisés par la guerre, divisés par la peur et le désespoir.
La nuit est tombée quand les premiers bruits de combat atteignent leurs oreilles. Les tirs de mortiers se rapprochent, le grondement des explosions secoue le sol. Le convoi est pris en embuscade, exactement ce que ses hommes redoutaient.
Hans veut organiser une riposte, mais il n’a plus personne pour l’écouter. Le chaos règne. Des chars commencent à reculer, d’autres sont immobilisés par les tirs ennemis. Hans, lui, reste figé dans la tourelle, impuissant, tandis que ses hommes se dispersent, certains tentant de fuir, d’autres se terrant dans la forêt.
La bataille est perdue avant même d’avoir commencé. Hans se retrouve seul, au milieu des ruines de ce qui devait être une avancée décisive. Son char est touché, immobilisé par un tir précis qui fait exploser les chenilles. En descendant pour échapper à l’incendie, il est blessé par un éclat d’obus. Titubant, il trouve refuge à quelques mètres de son Panzer en feu, observant avec horreur le spectacle de sa défaite personnelle.
Fin du Flash Back. Retour au village en ruines.
Hans finit son récit, sa voix s’éteignant dans un souffle rauque. Le silence retombe dans la petite maison en ruines, seulement troublé par le crépitement lointain de tirs sporadiques et le hurlement du vent qui s’infiltre à travers les murs fissurés.
Le jeune sergent Français reste immobile, absorbant le poids des paroles de l’Allemand, les implications de cette mutinerie résonnant en lui.
Il voit maintenant cet homme non plus seulement comme un ennemi, mais comme un être humain brisé, un commandant abandonné par ses hommes, écrasé par la réalité de cette guerre absurde. Alexandre prend une profonde inspiration, essayant de trouver les mots justes.
Alexandre Chauss : Hans… ce que tu as vécu… personne ne devrait avoir à faire face à cela. Mais tu es encore là. Tu as survécu.
Hans hoche la tête, mais son regard reste perdu dans le vide, comme s’il revivait encore ces moments de trahison et de désespoir. Les lignes de son visage sont marquées par une profonde fatigue, non seulement physique, mais surtout mentale.
Hans Meier : « Sort et allume une cigarette avec difficulté. » Survécu, oui. « Relâche de la fumée. » Mais à quel prix ? Mes hommes… je les connaissais depuis des années. Nous avions traversé tant de batailles ensemble. Et pourtant, ils ont choisi de me trahir, de trahir notre cause. Quand cela s’est-il effondré ? Quand ai-je perdu leur confiance ?
Alexandre réfléchit un instant avant de répondre. Il comprend le dilemme de Hans, cette fracture qui s’est creusée entre un chef et ses hommes, rongée par la peur et la fatigue.
Alexandre Chauss : La guerre… elle brise les gens. Elle te prend ce que tu as de plus cher, elle te pousse à faire des choses que tu n’aurais jamais imaginées. Tes hommes, ils étaient épuisés, désespérés. Peut-être qu’ils n’ont pas vu d’autre issue.
Hans serre les poings, une colère impuissante brillant dans ses yeux.
Hans Meier : Ils auraient dû me parler… Nous aurions pu trouver une solution, ensemble ! Mais ils ont choisi de tout abandonner, de nous condamner tous.
Alexandre Chauss : Peut-être qu’ils avaient déjà l’impression d’être condamnés. Parfois, quand la peur prend le dessus, elle te fait croire que tout est perdu, que rien ne peut être sauvé. Mais toi, Hans, tu es resté. Malgré tout. C’est une force en soi.
Hans tourne la tête pour regarder Alexandre. Il voit en cet ennemi français quelque chose qu’il n’a pas trouvé parmi ses propres hommes : la compréhension, l’empathie.
Hans Meier : « Soupir lourd. » Et toi, Alexandre ? Comment fais-tu pour continuer à croire, à avancer, malgré tout ce que tu as vu ?
Alexandre reste silencieux un moment, ses pensées le ramenant à ses propres expériences, aux visages de ses camarades tombés, à la peur et au doute qui l’ont souvent assailli.
Alexandre Chauss : « Pensif. » Je ne sais pas vraiment. Peut-être parce que je me raccroche à ce qui reste, à l’espoir qu’il y a encore quelque chose pour lequel se battre. Quelque chose qui vaut la peine d’être sauvé. Même si c’est juste la vie d’un ami, ou l’espoir d’un avenir meilleur.
Hans Meier : Un ami… Oui, peut-être que c’est ce qui nous reste. Se battre pour ceux que nous avons, pour ceux qui comptent. Peut-être est-ce cela qui donne un sens à tout ça.
Un silence lourd s’installe entre eux, non plus de méfiance, mais de réflexion partagée. Ils sont deux hommes de camps opposés, mais réunis par les mêmes doutes, les mêmes souffrances, les mêmes questions sur le sens de tout ce qu’ils ont vécu.
Alexandre Chauss : Nous ne pouvons pas rester ici éternellement. Les combats vont finir par atteindre ce village, et si nous sommes pris, ce sera la fin. Je dois trouver un avant poste afin de contacter l’état-major.
Hans Meier : « Jette sa cigarette. » Ton état-major ? De notre venu ? Désolé de te dire cela… mais c’est trop tard. La BlitzKrieg (Guerre Éclair.) avance très rapidement. Tu n’arriveras pas à temps..
Alexandre Chauss : « Serre ses poings. » Que je n'arrive pas à temps… je dois essayé… il… il le faut… tu as devant toi le seul survivant de mon convoi…
Hans observe les yeux du soldat français en fasse de lui la détermination et l’envie de faire son devoir en tant que soldat qui lui redonne de la motivation, une détermination retrouvée.
Hans Meier : Also(Donc)… Nous devons quitter cet endroit avant que le jour ne se lève. Il faut trouver un moyen de passer à travers les lignes, de rejoindre un endroit plus sûr.
Alexandre Chauss : Oui, mais il faudra être prudent. Même si nous réussissons à nous déplacer, chaque patrouille, chaque éclaireur ennemi pourrait nous repérer.
Hans tente de se redresser, mais la douleur de sa blessure le fait grimacer. Alexandre se précipite pour l’aider, l’aidant à se lever.
Alexandre Chauss : Tu es encore faible. Tu ne pourras pas marcher longtemps dans cet état. Tu es sur de me prêter main forte ?
L’Oberleutnant se force à sourire, une expression qui cache mal la douleur.
Hans Meier : J’ai survécu à une mutinerie, Alexandre. Je survivrai à une marche dans les bois.
Ils échangent un regard, un mélange de respect et de solidarité inattendue. Deux soldats, désormais alliés dans leur lutte pour la survie. Alexandre aide Hans à ajuster son blouson, serrant la ceinture pour mieux soutenir sa blessure. Puis, ils se préparent à quitter la maison en ruines.
Hans Meier : Alexandre… merci. Merci de ne pas m’avoir abandonné, même après tout ce que j’ai raconté.
Alexandre Chauss : Nous sommes dans cette galère ensemble, Hans. Et tant que je serai en vie, je te protégerai comme un frère d’armes.
Les deux hommes se regardent une dernière fois, scellant leur promesse silencieuse, avant de sortir prudemment de leur abri temporaire. Ils avancent lentement, soutenant Hans dans ses pas chancelants, mais déterminés à ne pas se laisser abattre par les obstacles qui les attendent.
Leur marche à travers la nuit est ponctuée de bruits inquiétants, mais aucun des deux n’est prêt à abandonner.
Fin du Chapitre 4. La Mutinerie.