The Life Eaters

Chapitre 7 : Les Êtres d'Un Autre Monde

9730 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a environ 2 ans

CHAPITRE VII


[ Les Êtres d'Un Autre Monde]


J'étais un peu inquiet de ma situation à cet instant là. J'avais fait confiance à Rhys et j'étais montée dans sa voiture. Je m'étais attachée immédiatement et il avait démarré, roulant très prudemment selon ma demande. Je n'arrêtai pas de lui jeter des coups d'oeil sur le côté, espérant une quelconque phrase de sa part mais il se contentait de conduire.

- Je peux... Non rien, dis-je alors avant de m'arrêter.

- Si tu as soif, j'ai de l'eau fraîche dans la boîte gant, m'avoua Rhys. C'est une bouteille fermée.

Je le regardai étonnée de ce propos. Franchement, si il devait me faire du mal, il n'avait pas besoin de bouteilles d'eau empoissonnées, il devait sans doute pouvoir me briser la nuque d'un simple mouvement. Désireuse de montrer que je n'avais pas peur, je la pris et je bus.

- Je voulais savoir si je pouvais mettre un peu de musique, avouai-je alors.

- Vas-y, dit-il simplement en continuant de conduire.

J'appuyai sur l'écran et je me mis à naviguer entre les playlists. Je fus assez surprise de voir des morceaux comme River, You, Wonder Woman, ABCDEFU, Sleeping with friends. Pas franchement le genre de playlist d'un garçon.

- Tu aimes Miley Cyrus et Gayle? demandai-je surprise.

- C'est la playlist d'Alvina, précisa Rhys. C'est une grande fan de Miley depuis toujours.

- Je suppose qu'elle doit adorer Flowers? demandai-je avec un sourire en évoquant le meilleur revenge song de tous les temps.

- Du matin au soir, marmonna Rhys visiblement traumatisé.

- Et toi? C'est quoi ton délire musical? demandai-je méfiante.

- J'aime beaucoup Ed Sheeran et Lewis Capaldi, précisa Rhys.

- Pas mal, avouai-je alors en balançant River de Miley Cyrus. Tu m'emmènes où exactement ?

- Sur la plage où Maman nous a trouvé, précisa Rhys.

- Jaymes est...

- Humaine, précisa Rhys. Totalement.

- D'accord... Elle sait? demandai-je encore.

- Je suis déjà en train de subir un interrogatoire ? me questionna Rhys.

- Pardon, dis-je gênée et buvant à nouveau.

Cela me faisait bizarre, c'était la première fois de ma vie que je me trouvais dans la voiture d'un garçon seule avec lui. Étonnement, cela n'avait rien de romantique du tout, j'étais plutôt angoissée même. Je n'arrêtai pas de tirer sur ma ceinture de sécurité en inspirant profondément pour me calmer. J'étais très mal à l'aise, mais le pire, ce n'était pas uniquement à cause de son éventuelle dangerosité mais je savais que c'était tout simplement parce que c'était Rhys. J'étais complètement folle d'être sous son charme. Pourquoi j'étais aussi stupide ? Tout simplement parce qu'il était le premier garçon avec qui je pouvais parler de ce que j'aimais et surtout parce qu'il avait des yeux absolument sublimes. Pourtant je me demandais bien comment il allait.

- Rhys... En me sauvant, tu as été gravement blessé ? demandai-je alors.

- Non je vais bien... Juste dû subir les foudres d'Alvina, précisa Rhys avec un sourire en quoi.

- Parce que tu as utilisé tes capacités ? demandai-je alors.

- Quand nous sommes rentrés, elle a commencé à sortir toutes les valises, me précisa Rhys.

- Je suis désolée..., dis-je gênée. À cause de moi tu...

- Je n'allais pas te laisser te faire écraser, ne t'excuse pas, dit-il doucement.

- Mais pourquoi tu l'as fait si ça mettait vos vies en danger? demandai-je ensuite.

- Mon corps a bougé tout seul quand j'ai vu que c'était toi, précisa Rhys. C'était comme si... Je devais le faire.

Je tournai brusquement ma tête vers lui, étonnée. Il m'avait sauvée sans réfléchir un seul instant aux conséquences. Cela voulait dire que... Non une fille comme moi ne devait pas lui plaire, du moins je le pensais. J'avais commencé à comprendre que nous nous approchions de la plage quand enfin Rhys commença à se chercher une place de parking.

- On va devoir marcher sur le sable, fit alors Rhys.

- Ho d'accord, dis-je en commençant à enlever mes baskets puis mes chaussettes.

Je réalisai en enlevant la deuxième que cela faisait un peu rendez-vous sur les bords. J'étais gênée et je me dis bêtement que je n'allais pas être très intéressante. Une fois garé, il ouvrit la portière et commença à enlever ses chaussures. Une fois prêt, il me regarda.

- Tu peux toujours reculer Fern, dit-il doucement. Je te demanderai juste de ne jamais parler de ce que tu sais. On peut disparaître sans problème, cette éventualité existe depuis toujours. Maman te conseillera une consœur avant...

- Rhys... Je veux savoir, dis-je alors avant d'ouvrir la portière. Je ne reculerai pas.

Je le vis sourire en coin et mon dieu ce que c'était craquant ce sourire. Je devais être folle de penser ça à ce moment là. Cet instant devrait être plus lourd en intensité, je ne devrais pas être sur mon petit nuage.

- Viens, dit-il en avançant vers la plage.

Je lui suivis prestement, sans aucune hésitation, passant ainsi à côté de tous ces gens qui ignoraient que le monde cachait un tel être. En plus, les gens nous regardaient et j'entendis même une maman dire à son mari que nous étions mignons. J'étais littéralement aux anges, comme Bookie quand il faisait ses expériences bizarres.

- Les gens se font toujours des idées, dis-je alors pour rompre le silence.

- Les rumeurs, toujours les rumeurs, avoua Rhys.

- Oui évidemment, dis-je bêtement convaincue que il ne voyait rien de plus en moi que la personne qui mettait en danger son secret.

- C'est là-bas, fit-il en montrant des récifs.

Je le regardai stupéfaite et je continuai de suivre en silence pendant qu'il me menait dans une sorte de calanque remplie de récifs. J'avais quelques difficultés à le suivre.

- Rhys, va doucement s'il-te-plaît..., marmonnai-je alors.

- Tu veux de l'aide ? demanda-t-il en se retournant et me tendant la main.

- J'ai parfois l'impression de donner l'image d'une fille sans équilibre, dis-je consternée.

- Désolé, je ne voulais pas te manquer de respect, m'avoua Rhys en baissant la main.

- Oui ben je veux quand même de l'aide, grommelai-je.

- C'est quoi la bonne chose à faire alors ? demanda Rhys en me tendant de nouveau la main.

- Ne pas le faire remarquer, dis-je en la prenant.

Il me regarda et sourit simplement pendant qu'il m'aidait à avancer. Il fallait éviter bien sûr de me faire mal aux pieds sur ces rochers. Je me demandais cependant où il me menait. Passant près de lui, et toujours guidée par lui, je réalisai qu'il fixait le côté droit de ma tête. Je me tournai vers lui et le fixai.

- Quoi? dis-je méfiance.

- J'aime bien le côté asymétrique de tes cheveux, c'est tout, avoua Rhys gêné.

- Ha... Euh, merci, dis-je alors.

J'étais complètement intimidée à cet instant là et sans doute devais-je rougir comme jamais. Il m'avait complimentée mais cela ne semblait pas forcément être autre chose qu'un simple compliment. Nous avançâmes encore, sur des roches plus aisément utilisables, et je réalisai que je ne l'avais plus lâché. D'ailleurs, lui non plus ne me lâchait pas mais je me demandais si je devais quand même le faire. En même temps, le faire après autant de temps, cela ferait suspect. Autant me laisser guider de cette manière.

- On va devoir se tortiller un peu mais tu ne devrais pas avoir de difficulté à entrer, me dit-il avant d'entrer dans une crevasse après m'avoir lâchée.

Était-ce un compliment sur mon corps ou un simple façon d'évoquer la réalité ? Qu'importe, je dus le suivre. Après avoir passé cette faille, je m'étais retrouvée dans une toute petite grotte, avec de l'eau au fond et un plafond assez bas mais qui permettait quand même à Rhys de se tenir debout.

- Qu'est-ce qu'on est venus faire ici? demandai-je alors en imaginant le pire.

En effet, qui pourrait retrouver un corps dans cet endroit ? Personne, il ne resterait sans doute qu'un squelette avant que quelqu'un ne me découvre là. Je mourrais sans laisser de traces car personne ne savait où j'étais. Je vis alors Rhys m'inviter à m'asseoir par terre. Je le fis en le fixant avec méfiance, avant qu'il ne fasse de même.

- Rhys? appelai-je doucement.

- Notre premier souvenir... Il est ici, m'avoua Rhys.

- Tu veux dire avec ta sœur ? demandai-je. Enfin si vous êtes frères et sœurs...

- Nous l'ignorons réellement mais nous nous sommes toujours considérés comme tels, précisa Rhys. On ne souvient de rien d'autre que de nous, sortants de là, fit-il en montrant l'étendu d'eau.

- Vous aviez deux ans d'après ta mère, précisai-je.

- Oui, physiquement en tout cas, précisa Rhys. Nous... Nous ne savons pas réellement ce que nous sommes et encore moins d'où nous venons. Nous nous sommes simplement réveillés en sortant de l'eau.

- Vous n'aviez rien pour savoir ? insistai-je.

- Rien, nous étions juste nus, précisa Rhys. Nous sommes restés des heures durant ici... Pensant que quelqu'un allait peut-être venir. Et puis Alvie a décidé de sortie.

- C'est elle qui domine dans votre gémellité hein? demandai-je amusée.

- Ça se voit tant que ça ? demanda-t-il en riant.

- Honnêtement... Oui.

- Bon, dit-il définitivement vaincu. Nous sommes donc sortis et nous sommes arrivés sur la plage. Les gens se sont agités évidemment et ils ont appelé la police. Je me rappelle que nous comprenions ce que les gens disaient mais nous étions incapables de parler nous-mêmes. Nous avons été emmenés dans un commissariat et nous avons attendu.

- Et ils ont appelé Jaymes, dis-je en comprenant que c'était la suite de l'histoire.

- Oui, concéda Rhys. Nous ne voulions pas être touché par les gens, leur répondre, leur sourire... On voulait juste rester tous les deux.

- Jaymes n'a pas du avoir beaucoup de facilités à rompre glace, dis-je avec lucidité.

- Et bien détrompe toi, fit alors Rhys me surprenant. Dès que Jaymes s'est penchée sur nous, Alvina lui a souri.

- Hein? m'étonnai-je soudainement.

- Et moi, je me suis laissé toucher par elle, avoua Rhys. Elle a pu ainsi nous couvrir pour la première fois.

- Mais... Comment ça se fait ? demandai-je alors.

J'étais complètement effarée. Ils ne faisaient pourtant confiance à personne jusqu'à l'arrivée de Jaymes. Il m'avait certifié qu'elle était humaine et donc ce n'était pas une chose comme lui. Alors pourquoi ? Sa gêne fut soudainement palpable.

- On l'a compris plus tard mais... Nos yeux sont différents, avoua Rhys.

- Comment ça ? Ils sont beaux mais... Enfin, c'est un beau bleu quoi...

- Nous voyons si les gens sont purs... Bons si tu préfères, et on sait si on peut leur faire confiance, m'expliqua Rhys.

- Donc vous avez vu que Jaymes pourrait vous protéger..., dis-je avant d'être saisie d'un stress grimpant en flèche. Tu as vu quoi avec moi?

- La même chose, dit-il en me souriant. Étonnement, Alvina n'a rien vu mais moi oui... Peut-être car nos regards se sont croisés le jour de la rentrée mais c'était différent des autres élèves du lycée.

- Ha..., dis-je en souriant bêtement. D'accord... Merci...

- De? s'étonna Rhys.

- De dire que je suis quelqu'un de bien, expliquai-je alors.

- Ho, c'est comme ça, pour nous je veux dire, précisa Rhys.

J'étais touchée d'avoir l'air digne de confiance avec sa petite capacité étrange. Mais cela devait donc être extrêmement compliqué à gérer quand on pouvait le comprendre. Au moins étais-je quelqu'un de bien.

- Vas-y continue, je vais arrêter de t'interrompre, lui signifiai-je alors.

- Ce n'est rien, me rassura Rhys. Comme nous avions eu immédiatement confiance en elle, il fut décidé de nous confier à Maman, au moins le temps que nos parents se manifestent. Elle nous a donc ramené chez elle malgré la situation, elle n'avait absolument rien pour gérer deux petits bambins. Et puis il y a eu le repas...

Je le regardai attentivement et je le vis sourire en y repensant. Je me demandais déjà quelle anecdote amusante pouvait donner ce repas et je ne fus pas déçue.

- Elle avait décidé de faire simple, des pâtes au jambon avec de la sauce tomate..., précisa Rhys. Je pense que les premiers signes de notre différence sont apparus. Alvina et moi étions totalement incapables de comprendre ce que nous devions faire avec cette nourriture, tellement qu'au début nous avions joué avec...

- Cela a dû être très propre, dis-je en pensant aux bêtises à table de Jason.

- Effectivement, nous en mettions partout... Elle a dû penser que nos parents n'étaient clairement pas passé à ce genre de nourriture et elle a commencé à essayer de nous faire manger. Je crois que nous étions totalement perdus et manger devait nous être étranger tant nous étions réfractaires. Maman a passé près de deux heures à nous faire manger mais dès l'instant où nous avions réellement goûté et bien... Nous en redemandions.

- Vous en redemandiez? repétai-je bêtement.

- Oui, Maman dirait que nous étions des gouffres, c'était comme si notre appareil digestif se mettait en marche pour la première fois, ce qui devait être le cas, du moins je le pense aujourd'hui. Nous mangions énormément et très salement... Ça s'est arrangé depuis.

- J'ai un petit frère, j'imagine à quoi cela devait ressembler, précisai-je alors.

- Les petits humains aussi? Bon ben c'est déjà ça, fit-il en haussant les épaules.

J'avais tiqué sur l'appellation des "petits humains", cela marquait en effet sa différence avec moi. Je m'en rendis réellement compte grâce à ce propos.

- Je suppose qu'elle a dû vouloir vous laver aussi? demandai-je alors avec lucidité.

- Oui, et c'est là qu'elle eut confirmation que nous étions différents, précisa Rhys. Déjà, quand elle nous a posé devant la baignoire, nous ne savions pas ce que c'était. Mais quand elle a commencé à faire couler l'eau, nous avons arboré de grands sourires. L'eau est notre milieu naturel, cela ne fait aucun doute. Cela a commencé quand elle nous a mis dedans, nous avions instinctivement essayé de nous mettre sous l'eau et quand nous y arrivions, elle avait peur.

- Peur que vous ne vous vous noyiez je suppose ? demandai-je.

- Oui mais c'était inutile et elle l'a compris, dit-il ensuite.

- Hein? m'étonnai-je.

- Alors que Maman essayait d'attraper un jouet pour que nous nous tenions sagement hors de l'eau, Alvie a plongé la tête dessous, précisa Rhys. Maman s'est retournée parce que j'applaudissais. Elle était en panique.

- Tu m'étonnes ! m'exclamai-je.

- Sauf qu'elle allait plonger droit sur Alvie pour la sortir quand elle a réalisé une chose. Dès qu'elle l'a saisie, Alvie a rigolé.

- Euh... Sous l'eau ? m'étonnai-je.

- Oui, et Maman n'osait plus bouger parce qu'Alvina allait parfaitement bien, dit Rhys calmement.

- Non... Vous...

- Oui, nous respirons totalement sous l'eau, me fit Rhys.

Ce n'était pas surprenant que leur mère se soit mise à paniquer. Même si elle n'avait pas eu d'enfants avant eux, il était invraisemblable qu'ils respirent sous l'eau. Moi-même je me serais sans doute mise à hurler de peur dans la même situation.

- Alors... Elle vous a laissé jouer sous l'eau? demandai-je intriguée.

- Oui... Un peu... Visiblement elle nous voyait heureux et ne savait pas quoi faire... Au bout d'un moment, elle nous a sorti la tête de l'eau quand même... Elle nous regardait en souriant..., dit alors Rhys visiblement ému d'y repenser. Et là... Nous...

- Vous lui avez fait quelque chose ? demandai-je inquiète.

- Non... Nous avons changé d'apparence, me fit alors Rhys.

Je le regardai attentivement, méfiante et inquiète. De quoi il pouvait bien parler en réalité ? Je l'ignorais mais il me fixait.

- Je vais te montrer, fit-il en se levant.

Et là, comme si c'était tout à fait normal, Rhys commença à déboutonner sa chemise. Je déglutis bêtement en le voyant faire, me laissant ainsi revoir ce que j'avais eu l'occasion d'admirer sur la plage après le cours de Jason. Rhys me regarda doucement et se mit à reculer.

- N'aie pas peur, fit simplement Rhys.

Mais de quoi devais-je avoir peur? Je ne le savais pas mais je n'allais pas tarder à comprendre. En effet, quelques instants plus tard, sa peau sembla changer. En voyant cela, je m'étais immédiatement relevée sous la stupeur. Sa peau prenait la même teinte que le corail qu'il avait absorbé, avec de bien plus nombreuses nuances d'orange. Mais surtout, j'avais l'impression qu'elle devenait également identique du point de vue de la matière. Tout son corps sembla se couvrir de ce corail, son torse, ses bras, son visage... Même ses cheveux semblaient se transformer en cette matière. La seule chose qui ne changeait pas, c'était le bleu saphir de ses magnifiques yeux.

- Voilà à quoi Alvina et moi ressemblons... Nous avons mis beaucoup de temps à comprendre que nous ne devions pas le montrer, dit-il alors.

- Rhys... Tu es...

- Oui? demanda-t-il interpellé.

- Tu es magnifique..., dis-je alors. Enfin, cette couleur est magnifique... C'est du corail ?

- Oui, nous pensons être une sorte d'agglomération pensante de corail, précisa Rhys.

- Je peux toucher ? demandai-je sans franchement réfléchir.

Rhys me regarda étonné et hocha positivement la tête. Je m'approchai immédiatement, avant qu'il ne change d'avis, et je levai la main doucement. Je m'humectai également les lèvres, honteuse de mon audace, et doucement je laissai mes doigts s'approcher de son torse. Je l'ai alors d'abord effleuré, à peine du bout des doigts. Puis, je l'avais fixé attentivement et j'ai recommencé, plus sûre de moi. Mes doigts et ma paume entrèrent alors en contact avec cette étrange peau, solide visiblement mais également chaude.

- Tu sens le contact ? demandai-je.

- Oui, toujours, me répondit Rhys.

- D'accord... Tu ressens ton environnement comme ça ?

En demandant cela, ma main continuait de toucher doucement chaque parcelle de corail. J'avais honte de le toucher d'une manière aussi sensuelle mais je ne pouvais m'en empêcher, il était si incroyablement beau...

- À peine..., fit-il bizarrement.

Je relevai les yeux vers les siens et j'aurais pu jurer qu'ils semblaient encore plus intenses. Je ne savais plus où me mettre et encore moins quand je me rendis compte que sa peau redevenait normale. En réalité, ce fut surtout quand je réalisai que je sentais son cœur palpiter sous sa poitrine.

- Pardon, dis-je gênée en reculant. Tu ne peux pas garder cela longtemps ? demandai-je histoire qu'il ne se vexe pas.

- Si, très longtemps, on pense indéfiniment en réalité, avoua Rhys. Mais c'est dangereux...

- Comment cela? demandai-je méfiante.

- Sous cette forme, nous avons tendance à vouloir assimiler... des protéines..., murmura Rhys.

- Des protéines humaines n'est-ce-pas ? demandai-je en comprenant enfin pourquoi.

- Oui... J'ai blessé gravement Maman quand j'étais petit, son bras semblait brûlé au troisième degré et décharné... C'était comme si..., fit-il en colère.

- Rhys... C'était sans doute un accident...

- Peut-être mais nous sommes des monstres... Nous sommes dangereux, les gens ne doivent pas s'approcher de nous, précisa Rhys en reculant.

- Rhys..., dis-je en approchant.

- Reste loin Fern... Prendre cette apparence réveille ce besoin... S'il-te-plaît..., me conseilla Rhys.

- C'est pour ça que vous ne parlez à personne ? Éviter de blesser quelqu'un ? demandai-je choquée.

- Nous pourrions tuer quelqu'un... Enfant j'ai failli faire perdre l'usage de son bras à Maman, avec un corps d'adolescent... Je pourrais aisément tuer..., me fit Rhys.

- Mais... Tu m'as protégée pourtant... Tu n'aurais pas dû alors, dis-je consternée.

- Je ne voulais pas te voir blessée ok? déclara brusquement Rhys. Je... Je ne sais pas pourquoi... T'es différente.

- Différente ? demandai-je bêtement.

- Je ne sais pas pourquoi mais c'est comme ça... Mais ça complique également le contrôle... C'est comme la colère, ça complique notre forme...

- Mais si c'est si dangereux... Pourquoi tu passes ton temps sur la plage ? Tu risques pas de blesser quelqu'un ?

- L'eau m'apaise... Alvina et moi... C'est dans l'eau que nous nous sentons le mieux..., précisa Rhys.

- D'accord... Et... Euh...

- Tu as une question ? demanda Rhys surpris.

- Pourquoi vous vous en prenez aux sous-marins avec ta sœur ? Ce serait pas contre productif ? demandai-je alors.

- Le problème... C'est que nous n'y sommes pour rien...

Je regardai alors Rhys, qui venait de m'annoncer sans grands détours d'ailleurs la présence d'autres êtres comme lui, non seulement avec appréhension mais également un certain stress. Naturellement, il était logique, pour peu que l'on y réfléchisse, que Rhys et Alvina n'étaient sans doute pas les seuls êtres comme eux, déjà ils devaient sans doute avoir des parents. Mais surtout, cela signifiait que d'autres êtres comme eux étaient dangereux.

- Rhys... Tu veux dire que..., hésitai-je alors.

- Bien sûr, avec Alvie on a toujours su que nous ne pouvions pas être les seuls mais... On n'a jamais réellement voulu savoir, précisa Rhys.

- Ha bon? m'étonnai-je quand même.

- Oui, affirma une nouvelle fois Rhys avant de se retourner vers l'eau. À une époque j'avais voulu essayer de plonger par là, mais Alvie a tout fait pour m'empêcher. J'avais des questions dans la tête, pour savoir d'où nous venions, pourquoi nous avions été abandonnés mais surtout, simplement savoir ce que nous étions.

- Tu sais pourquoi elle refusait ? demandai-je quand même.

- Maman, répondit simplement Rhys. Pour Alvie, comme pour moi d'ailleurs je te le précise, nous n'avons qu'une mère : Jaymes. Pour Alvie, vouloir des réponses même si c'était normal, c'était cracher sur les sacrifices de Maman pour nous élever, réfuter son acceptation de notre nature, toutes les choses qu'elle avait faites pour nous offrir une vie normale.

- Elle prend cela comme un trahison envers votre mère, compris je aisément.

- Oui... Mais maintenant, que c'est de plus en plus courants ces histoires de sous-marins...

- Vous êtes au courant ? demandai-je quand même en réalisant. Je croyais que c'était secret.

- Il y a des rumeurs Fern et... On est allés vérifier avec Alvie, me signifia Rhys. On a vu les marques et on a compris... Nous ne sommes pas les seuls.

- J'avais cru comprendre, Bookie Barnes a Hector depuis longtemps, précisai-je alors.

- Hector? s'étonna Rhys.

- Oui, un bout de corail récupéré sur un bateau dont la famille de touristes avait perdu le contrôle, précisai-je alors. Mais cela signifie que d'autres sont gentils alors...

- C'était Alvie, précisa Rhys.

- Quoi? m'étonnai-je.

- Elle avait sympathisé avec la petite fille de cette famille, ce qui est assez rare pour être noté d'ailleurs, précisa Rhys avec un sourire. Maman était contente qu'elle soit capable de se faire des amis mais elle a réagit quand ils ont perdu le contrôle... Mais quand on a réalisé que nous étions si fort physiquement, elle n'a plus quitté la chambre des vacances... Elle avait peur de blesser son amie...

- C'est triste..., dis-je penaude en le pensant sincèrement.

- Depuis, nous avons décidé que seule Maman devrait être au courant..., m'avoua Rhys.

Je le regardai doucement, tristement même, car à cause de moi, il avait enfreint cette promesse. Et leur secret était en danger par dessus le marché.

- Rhys, je te remercie de m'avoir sauvée mais rassure toi, je ne dévoilerai jamais vo...

- Espèce de sale traitre! cria une voix provenant de l'entrée de la grotte.

Je me retournai brusquement pour découvrir la sœur jumelle de Rhys, Alvina, emplie d'une rage et d'une colère que l'on pourrait qualifier de dantesque. Elle avait carrément une veine qui palpitait de rage sur le front. Elle nous regardait avec une telle colère que j'étais extrêmement heureuse d'apprendre qu'ils n'avaient pas de rayons lasers dans les yeux, je ne pourrais clairement pas raconter cette histoire dans le cas contraire.

- Tu m'avais juré que nous n'en parlerions à personne ! s'énerva Alvina. Et là Monsieur fait ça dans mon dos.

- Alvina je...

- Toi ta gueule! m'ordonna Alvina me poussant à obéir. Et toi... Tu l'as dit à Maman mais pas à moi...

- Alvie...

Visiblement Rhys avait peur de sa sœur et quand elle fondit sur lui, le bousculant sans hésitation.

- Ferme la putain!!! Tu m'as trahie!!! On s'était juré que c'était toi, moi et Maman!!! Et là tu le révèles à cette fille!

- Alvina, l'appelai-je. Il m'a juste sauvée... J'ai découvert...

- Je t'ai dit de fermer ta gueule toi!!! ordonna encore Alvina. Et je peux savoir ce que tu fous à moitié à poil?

- Je lui ai montré à quoi nous ressemblions..., s'excusa presque Rhys visiblement effrayé.

- Quoi???? Mais t'es malade!!!! Mais qu'est-ce qu'il te prend putain? s'énerva encore Alvina.

- Elle a compris et...

- Bordel, Rhys... C'est pas parce que t'as complètement vrillé sur cette fille dès que tu l'as vue que tu dois lui révéler un secret gardé depuis quatorze ans bordel!!!!! cria Alvina.

J'avais immédiatement écarquillé les yeux en entendant les premiers mots de cette phrase d'Alvina. Je regardai alors Rhys avec veau de stupeur et j'eus un petit sourire idiot. Lui, il me regardait complètement gêné et perturbé. Peut-être comptait il en fait me le dire et qu'il cherchait sans doute le bon moment. Ce fut bizarre mais j'en étais absolument heureuse. Je plaisais à un garçon, pour peur qu'on puisse le ranger dans cette catégorie. Alvina se calma alors en se rendant compte que son jumeau se décomposait littéralement. Elle se tourna alors brusquement vers moi et je baissai la tête gênée. Pourtant, j'aurais clairement pu faire une petite danse de la joie mais cela aurait été bien malvenu de ma part.

- Ho..., réalisa Alvina. Je... Je...

Elle venait de se rendre compte de ce qu'elle avait fait et sans doute s'en voulait-elle. Elle regarda fixement son frère et elle dut faire une grimace.

- Je croyais que t'avais commencé par ça au moins..., marmonna Alvina. Désolée... Mais ça change rien!

Elle était rapidement redevenue elle-même, s'énervant de nouveau. Rhys saisit les mains de sa sœur.

- Comment t'as su? demanda-t-il.

- Maman a une tête de coupable, avoua Alvina. Visiblement t'as demandé des conseils...

- Je savais pas comment...

- Je m'en fous!!! J'ai pas confiance en elle! dit alors Alvina.

- Hey! m'offusquai-je alors immédiatement sans doute à cause du ras-le-bol.

- Ho ça va hein! T'es comme les autres, grogna Alvina. Dès que tu l'as vu fallait essuyer ta bave!

J'allais lui dire ma façon de penser sans hésitation. Alors oui, son frère était clairement à mon gout mais je ne bavais pas. Et à l'inverse des autres filles du lycée, j'étais aussi très intéressée par sa personnalité et ses goûts. On avait pû discuter aisément. Au moment où j'allais ouvrir la bouche, Rhys parla.

- Alvie ça suffit maintenant, fit-il d'une voix dure et extrêmement sérieuse. Excuse toi immédiatement.

- Et de quoi? dit-elle vexée.

- Elle aime discuter aussi... Elle est intelligente, dit-il en me faisant plaisir.

- Ho mais quel boulet celui là ! s'énerva Alvina. Et je suppose qu'elle n'a pas profité de ta tenue pour mater ou toucher, prends moi pour un jambon!

- Pas le moins du monde, précisa Rhys en mentant. Elle a quand même regardé quand j'ai changé ma peau mais franchement c'est normal non?

Je souris de cette phrase, Rhys avait menti pour moi et je lui en étais reconnaissante.

- Alvina... Je ne vais pas crier ça sur tous les toits, dis-je honnêtement. Votre secret est bien gardé.

- Mais bien sûr, dit-elle en minaudant avec mesquinerie. Il faut rentrer, on se casse d'Hawaï.

Je la regardai choquée, prête à lui dire que cela ne servait à rien quand une sonnerie de téléphone retentit. Under Pressure de Freddy Mercury et David Bowie résonna alors dans la petite grotte jusqu'au moment où Rhys sortit son téléphone.

- Maman? s'étonna Rhys. Euh oui... Je le sais... Oui Alvina est là...

Il se mit à murmurer doucement et je saisis tout mon courage, j'en avais bien besoin, pour m'approcher d'Alvina. Ses yeux aussi magnifiques que ceux de son frère jumeau le fixaient méchamment.

- Alvina... Je ne suis pas une menace, je t'assure.

- Ton père est au NCIS, il enquête sur les sous-marins, grogna sèchement Alvina.

- Je ne lui dirai rien, assurai-je encore.

- Tu crois qu'on va rester sagement pour vérifier peut-être ? demanda-t-elle froidement.

- Non... Je comprends, marmonnai-je en baissant la tête.

- Seule Maman devait rester au courant bon sang... Je vais lui faire une tête au carré, aussi souvent qu'il pourra régénérer ce crétin..., marmonna Alvina de plus belle.

- Dis...

- Quoi encore? demanda-t-elle avec colère en tournant sa tête vers moi.

- Non rien...

- On a les mêmes capacités, précisa Alvina.

- J'avais compris... Mais ce que tu as dit sur Rhys...

- J'ai dit quoi? demanda-t-elle perdue.

- Vis à vis de moi..., insistai-je un peu.

- Rhaaaa... Un tsunami s'il-vous-plaît... Qu'on finisse noyé..., marmonna Alvina.

Je la regardai plutôt déçue de sa réaction mais je devais avoir l'air d'une idiote. Je grimaçai un peu mais je voulais rompre la glace avec elle, au moins un peu.

- Techniquement, d'après ce que m'a dit Rhys, vous respirez sous l'eau, je serai la seule à me noyer, précisai-je.

- C'était l'idée, m'avoua sèchement Alvina.

Je la regardai alors totalement choquée du propos. Elle préfèrerait me voir morte, c'était clair et honnête. Elle soupira soudainement en me regardant.

- Excuse moi, c'était limite, dit-elle. Surtout avec ton passé.

- Comment tu sais pour mon passé ? demandai-je surprise.

- L'espèce de bellâtre au téléphone est intarissable quand il commence à parler de toi..., marmonna Alvina.

- Ha bon? demandai-je toute contente.

- Tu peux arrêter de sourire bêtement ? Merci, marmonna Alvina.

- Désolée... C'est la première fois qu'un garçon...

Alvina tourna la tête vers moi et soupira de lassitude. La situation devenait extrêmement lourde et je la vis se masser la tempe.

- Mes condoléances pour ta mère, me fit alors Alvina. Je n'ai jamais perdu personne mais si il arrivait quoique ce soit à Maman je serai totalement inconsolable... En colère contre tout le monde...

- Et je ferai tout pour que ça n'arrive pas, je protégerai votre secret en toute circonstance, assurai-je.

- Ouais parce que le gouvernement américain ne se serait sans doute pas contre l'idée de nous disséquer, marmonna Alvina. Dès qu'on a grandi, je disais à Maman qu'il fallait s'éloigner des bases militaires.

Elle se tourna vers moi et je l'observai attentivement. Elle me fixait littéralement avec intensité, comme si elle voulait lire en moi. J'avais rapidement compris ce qu'elle essayait de faire.

- Tu ne vois pas que tu peux te fier à moi n'est-ce pas? demandai-je directement et sans détour.

- Non... C'est la première fois, dit-elle doucement.

- La première fois que quoi?

- Que moi et Rhys ne voyons pas la même chose, dit-elle alors avec honnêteté.

- À tes yeux... Je suis une menace? demandai-je au cas où.

- Neutre, c'est peut-être que lui voit autre chose, dit-elle doucement.

- Tu parles d'un coup de foudre? demandai-je encore.

- Moi j'y crois, lui je ne sais pas, me dit-elle avec franchise.

- Ha d'accord..., dis-je en essayant de me retenir de sourire.

- Et toi? Il te plaît ? demanda-t-elle.

- Hein? dis-je surprise.

- Tu comptes me faire répéter ma question ? demanda sèchement Alvina.

- Oui, il est gentil, cultivé et il aime les films d'auteur comme moi, dis-je honnêtement. Et il est... Beau, finis-je par ajouter honteuse. Je...

- Ouais c'est bon on a compris, marmonna Alvina.

Elle tourna la tête sur le côté et je fis de même, réalisant avec effroi que Rhys s'était approché. Il m'avait entendue? En tout cas je me le demandais.

- Maman demande qu'on amène Fern à la maison, assura Rhys en me regardant.

- Sûrement pas, c'est chez nous, on est en sécurité là bas, s'énerva encore Alvina.

- Elle connaît la maison Alvie..., rappela doucement Rhys.

- Ha ouais... C'est vrai, réalisa Alvina. J'en ai marre... Remets ta chemise Romeo et on se magne! dit-elle ensuite en avançant vers la sortie.

Je regardai Rhys avec énormément de gêne, à cause de tout ce merdier que je venais de créer. Je le regardai fixement pendant qu'il se rhabillait et je ne pouvais clairement pas m'empêcher de me demander comment il comptait me dire que je lui plaisais... Alvina avait gâché un moment qui aurait pû être très romantique en réalité... C'était franchement dommage. J'attendis un peu et j'avançai vers la sortie, remontant le chemin avec gêne et honte. Encore une fois, il dû m'aider un petit peu à progresser mais j'avais fait suffisamment attention à l'aller pour me souvenir des endroits plus compliqués. Quand nous arrivâmes tout trois sur la plage, je me figeai bêtement.

- Ça va Fern? demanda doucement Rhys pendant que sa sœur se retournait en soupirant.

- Qu'est-ce que t'as encore? demanda-t-elle consternée.

- Je... Je viens de réaliser que chaque personne sur cette plage pourrait...

- Ne te pose pas cette question, fit doucement Rhys. Sinon tu vas te stresser pour rien.

- On est là pour se la poser à ta place, du moins pour quelques jours encore, avoua Alvina avant d'avancer.

Elle était clairement décidée à faire ses valises et à disparaitre de l'île. J'espérais que ce ne serait pas le cas en fait, pas maintenant que je savais que je plaisais à Rhys. Nous arrivâmes bien vite à la voiture et sans même se soucier de moi, Alvina s'installa sur la place du mort. Je me dirigeai donc sans protester vers les sièges arrières. Alors que je m'installai, Alvina me tendit mes baskets.

- Merci, dis-je poliment.

- Ça me gênait pour mettre mes pieds, avoua Alvina.

Je la regardai alors avec surprise et j'avais également repéré Rhys. Il regardait sa sœur comme si il avait envie de lui dire de cesser ses mesquineries. Je m'en voulais d'être la source de leur dispute, ils me semblaient si fusionnels à la base.

- Alvie...

- Quoi? Tu me vas me dire quoi? Fais un effort? demanda sèchement Alvina. T'es sûre de craquer sur un crétin pareil?

- Euh... Bah... Euh... Je...

- Mouais..., marmonna Alvina. Bon tu roules?

Je ne pus penser que quelques mots après cette phrase : quel caractère de merde. Naturellement, il fallut prendre la route mais ce ne fut pas trop long. Heureusement d'ailleurs, cela m'empêchait d'avoir à faire la conversation. Une fois arrivés, nous descendîmes de la voiture et je pris rapidement le chemin de la porte d'entrée.

- Fern, tu peux passer par le logement, m'assura Rhys.

- On rentre par l'arrière, affirma Alvina sans attendre personne.

J'avais dû avoir l'air idiote, je n'étais pas une patiente à cet instant là mais bien une invitée. Je suivis rapidement Rhys pour passer dans l'allée sur le côté de la maison. Au bout de cette allée, un joli petit jardin avec une balançoire qui devait encore servir vu qu'elle était en très bon état. Je souris en la regardant, découvrant un peu leur univers. Je tournai la tête quand je sentis le regard de Rhys sur moi. Il ne me jugeait pas, pas le moins du monde, il souriait simplement. Leur vie avait donc été absolument normale. Je le rejoignis alors sans hésitation et je montai les marches vers la maison. La porte était déjà ouverte et j'entendis des cris me provenant depuis l'intérieur.

- Alvie!!! Ça suffit ! s'énerva clairement Jaymes. Assis!

- Rhys, dis-je au concerné. Je ne veux pas être une source de problèmes... Je devrais partir plutôt...

- Fern... Rentre, il n'y aura pas de problème. Elle se calmera, je la connais depuis suffisamment longtemps pour t'assurer qu'un orage ne dure jamais plus de quelques heures, me rassura alors Rhys.

- Si tu le dis..., marmonnai-je en montant.

Rhys m'invita à entrer et je débarquai alors dans un salon plutôt extrêmement bien rangé, arborant d'immenses bibliothèques plutôt chargées, y ajouter un ou deux livres de plus pourraient les faire exploser ; mais il y avait également une immense collection de DVD en tout genres, principalement de films d'auteurs. Cela me faisait quelque chose d'assez étrange de découvrir l'univers personnel de ma psychothérapeute, c'était un contre emploi entre sa fonction et sa vie privée. Je regardai également les murs et j'eus ainsi tout le loisirs de découvrir deux enfants qui grandissaient de photos en photos. Toutes ces photos étaient magnifiques, les enfants étaient plus souriants de captures du passé en captures du passé. Jaymes et ses enfants étaient heureux... Naturellement je voyais bien que les photos concernant les anniversaires des jumeaux ne comportaient aucun autre enfant à part eux. Ils étaient heureux mais clairement seuls. Peut-être s'en contentaient ils? Et à cause de moi, tout cela avait été mis en péril.

- Dans la cuisine, appela doucement Jaymes.

Je me retournai vers Rhys qui me regarda et me sourit, pour me rassurer encore.

- Viens, dit-il tout bas.

Je le suivis mais je ne passai pas pour autant le pas de la porte. Je restai à l'entrée, surtout parce que la mine effrayante d'Alvina ne m'invitait guère à m'approcher un peu plus. Cela aurait pû être dangereux surtout que dans cette cuisine, magnifique soit dit en passant surtout avec toutes ces décorations lui donnant un air de diner des fifties; il y avait des couteaux. Jaymes était en train de servir des jus de fruits sur la table.

- Tu préfères un café ? me demanda immédiatement Jaymes.

- Un jus de fruits me convient, dis-je gênée.

- Entre et assieds-toi, fit Jaymes. On ne mord pas.

- Oui... Je sais, dis-je en regardant vers Alvina qui me fixait.

- On ne dévisage pas les gens, fit Jaymes en tapant doucement sur la tête de sa fille. T'as plus cinq ans.

- Ouais ouais..., grommela Alvina en réponse.

Je vis Rhys aller s'installer et je ne trouvai alors rien de mieux que de triturer mes doigts avec nervosité. Je grimaçai même avant de me diriger vers une chaise.

- Tu n'es pas trop sous le choc? demanda Jaymes en prenant également un siège.

- Si... Énormément, avouai-je.

Je repérai facilement les regards entre Rhys et Alvina et je me sentis de trop. Étrangement, Jaymes dut aisément s'en rendre compte également et elle me fixa.

- Tu te rends compte que ce que tu viens d'apprendre ne doit absolument pas s'ébruiter? me demanda Jaymes.

- On s'en fout, on s'en va d'Hawaï, répondit Alvina à ma place.

- Alvie... S'il-te-plaît, marmonna Jaymes.

- Quoi? Elle sera incapable de se taire! rétorqua l'adolescente si différente de moi.

- Bien sûr que si, j'essaye de te le faire comprendre mais..., marmonnai-je en retour.

Jaymes regarda alors vers son fils et inspira profondément. Visiblement elle l'avait interrogé du regard sur la révélation et il ne devait guère être très encourageant. Elle me regarda doucement.

- Je peux comprendre que tu ne partages pas les sentiments de Rhys mais cela n'empêche pas que ce secret doit absolument le rester, m'avoua Jaymes en me choquant un peu. Si quelqu'un apprend leurs... Leurs excentricités, surtout ton père qui est au NCIS, ils n'auront plus jamais une vie normale. Et je crains même énormément pour leur intégrité physique.

- Je ne dirai absolument rien... Mais... Euh..., hésitai-je alors.

- Putain j'en ai marre, grommela Alvina en se levant.

- Alvina! Assise! Ne m'oblige pas à me répéter..., s'énerva Jaymes. Que voulais-tu me dire?

- Je n'ai pas eu réellement le temps de le dire, murmura presque Rhys. Alvina s'en est chargée.

Jaymes nous regarda tous les trois avec stupeur et se tourna vers sa fille avec sévérité.

- Je ne pouvais pas deviner que cet idiot n'avait pas commencé par ça..., se justifia Alvina.

- Je vous jure..., grommela Jaymes.

- Et euh..., hésitai-je. Je...

- Achevez moi, grogna Alvina sous un regard mauvais de sa mère. Crache le morceau...

- Moi aussi j'aime bien Rhys... Enfin... Je..., dis-je en le regardant et le voyant rougir un peu. Tu me plais quoi...

- C'est vrai? demanda Rhys pendant que sa sœur mimait un vomissement assez mesquin.

C'était assez simple, nous n'étions pas à l'aise pour ce genre de choses. Moi, car je ne m'étais jamais souciée de rencontrer un garçon et lui, car il devait mettre beaucoup de distance avec les autres personnes.

- Bonne nouvelle ! fit joyeusement Jaymes. C'est mignon...

Sa fille lui jeta un regard consterné et sa mère sourit simplement. Elle tourna la tête vers moi et je me sentis me décomposer.

- Il faut lui dire Rhys, précisa sa mère.

- T'es sûre ? demanda-t-il gêné.

- Me dire quoi? demandai-je en panique. T'es pas fait comme un garçon normal?

Jaymes se tourna vers moi étonnée et je réalisai que mon propos avait une certaine double lecture. Je fus immédiatement gênée.

- Je parlais de... De vous savez quoi, me justifiai-je du mieux que je pus. Je voulais dire... Enfin je sais même pas comment m'expliquer.

- Et bien ça va être long... Aïe ! s'exclama Alvina sans doute percutée par un coup de pied de son frère.

- Rhys..., marmonna Jaymes. Pas de ça ici... Je vais être très très franche avec toi, me dit-elle alors.

- Allez-y, dis-je alors.

- Tu as dû aisément te rendre compte qu'il n'est pas forcément à l'aise et je vais te dire pourquoi, précisa Jaymes.

- Je pense qu'il n'a jamais eu de copine, avouai-je bêtement.

- Oui..., fit Jaymes avec un petit sourire. Mais ce n'était pas ça... Mes enfants ont parfois, généralement sous une grande émotion ou un stress supérieur à la normale, une tendance à perdre le contrôle de leurs capacités.

- Ils peuvent prendre leurs apparences bizarres par accident ? demandai-je alors.

- Non mais autre chose se manifeste...

- Ho, dis-je en réalisant. C'est l'absorption de protéines humaines ?

- Oui... Cela pourrait être très dangereux, avoua Jaymes. Quand cela arrive... Tu pourrais être blessée... Gravement.

- Maman..., marmonna Alvina désolée.

- Je te l'ai dit, je ne t'en veux pas, avoua Jaymes. Il est arrivé par le passé qu'ils perdent le contrôle... Et... Cela peut déraper.

Je vis alors Jaymes se lever devant moi et lentement lever son t-shirt. Je découvris alors son ventre et j'écarquillai les yeux. La peau de son ventre semblait identique à celle qu'arborerait une victime d'un incendie dont les blessures auraient cicatrisé. Cela semblait avoir été douloureux. Je regardai Jaymes avec effroi.

- La dernière crise de panique d'Alvina, expliqua Jaymes. Elle s'est aggrippée à moi et j'ai sentis ma peau se couvrir de cloques, comme si elle... Comme si elle s'apprêtait à déchirer ma peau.

- Je...

- J'avais très peur, précisa Alvina. C'était la première fois que...

Je regardai immédiatement Alvina et je compris le sujet d'une angoisse chez une fille. Moi-même j'avais eu très peur la première fois.

- C'était ma faute, je n'avais pas réalisé qu'ils étaient capables d'imiter un humain à la perfection, jusque dans ce détail là, avoua Jaymes. Je ne pensais pas que je devais en parler mais j'aurais dû. Et en fait, cela est simplement arrivé.

- Je comprends... J'avais encore Maman et pourtant j'avais très peur, dis-je alors à Alvina pour qu'elle ne se sente pas seule.

- C'était la première fois que je perdais du sang, au sens propre du terme, avoua alors Alvina.

- Ha... Vous ne saignez pas du tout? demandai-je inquiète.

- En général non, avoua Rhys. Mais nous pouvons laisser notre sang sous l'apparence de celui des humains.

C'était tout de même bien pratique comme capacité. En cas de besoin, ils pouvaient clairement avoir l'air humain, c'était parfait pour eux. Mais en réalisant cela, je me rappelai immédiatement le Diamond Head et je regardai donc Rhys avec étonnement.

- Mais... Sur le volcan...

- J'ai comme qui dirait oublié, avoua Rhys gêné.

- On se demande bien pourquoi, grogna Alvina.

Et le pourquoi, cela devait tout simplement être moi. Je me sentis immédiatement rougir et je regardai vers Jaymes. C'était pire encore, elle souriait également de la situation. Je devais reprendre le contrôle de la conversation le plus vite possible.

- Mais vous avez justifié cela comment? demandai-je immédiatement à ma psychothérapeute. Je veux dire aux urgences...

- Je n'y suis pas allée en fait, fit-elle pour me répondre tout en serrant la main de sa fille.

- Vous avez évité les urgences ? dis-je choquée. Mais cela aurait pû s'infecter...

- Ce jour là, nous avons découvert une autre de leurs capacités, m'avoua Jaymes en regardant sa fille.

- Attendez... Vous pouvez soigner les gens? demandai-je choquée.

- Ça y est, elle nous prend pour une trousse de secours, grogna encore et encore Alvina.

- Cela doit être lié aux capacités protéiformes du corail et son adaptabilité, précisa Rhys. Le fait que celui qui nous constitue soit capable d'imiter le corps humain doit le permettre. À l'époque Alvina l'a fait instinctivement car elle s'en voulait d'avoir blessé Maman.

- Ma fille a immédiatement prit son apparence brillante et a posé ses mains sur moi, précisa Jaymes. Le corail s'est répandu sur mon ventre avant de prendre une apparence de chair.

- Ouais mais ça fait moche Maman..., marmonna Alvina visiblement encore gênée de ce qu'elle avait fait.

- Depuis, ils ont compris comment faire et c'est beaucoup plus réussi, avoua Jaymes en riant.

- Ha bon? m'étonnai-je en regardant les bras de Jaymes pour chercher une preuve.

- Oui, il s'avère que je n'étais pas la personne la plus indiquée à l'origine pour être Maman, dit alors Jaymes en souriant.

- On n'aurait jamais pu trouver une meilleure maman, assura immédiatement Alvina.

- Surtout capable de nous supporter, enchérit Rhys.

Je les regardai alors en souriant de leur empressement à la rassurer. Ils avaient de la chance d'avoir encore une maman, la mienne me manqua tellement à cet instant.

- Écoute les ces deux là, tout ça pour conserver leurs forfaits illimités, fit Jaymes en riant.

- Mais non! fit alors Alvina.

- Plus sérieusement, fit Jaymes en reprenant d'ailleurs son sérieux. Je dois t'avouer que je n'avais aucune notion de cuisine, j'étais enfant unique en plus... Je me suis bien améliorée même si la première année fut extrêmement sportive... Par contre je reste une catastrophe ambulante en cuisine. Je me coupe dès que je me mets à éplucher les carottes... Mais grâce à ces deux là, j'ai la peau d'une jeune femme de vingt ans.

- Ça doit être pratique, dis-je en souriant.

- Oui, et heureusement, Alvina s'est mise à la cuisine, fit Jaymes. Grâce à ça on survit à nos repas.

- Tu cuisines? demandai-je alors.

- Ça te surprend? demanda sèchement Alvina.

- Non... C'est quoi ta spécialité ? demandai-je en essayant de briser la glace.

- Hmmm... Mes algues rôties avec un ceviche de planctons et une sauce de mousse marine, me fit alors Alvina.

J'écarquillai les yeux de stupeur... C'était franchement tout sauf appétissant. Leur alimentation n'était en fait pas normale... Cela expliquait donc qu'ils se fassent des sandwiches pour le lycée. Soudain, Jaymes éclata de rire.

- Alvie... C'était méchant, lui fit sa mère.

- C'était une blague ? demandai-je quand même vachement soulagée.

- Bah oui... Je prépare des pâtes maisons, avec plein de sauces différentes, dit-elle plus honnêtement.

- Cool, dis-je avant de fixer Rhys avec sérieux. J'espère que tu fais quelque chose au moins ?

- Et ben, on sait déjà qui portera la culotte ! fit Alvina mesquinement avant de subir un regard mauvais.

- Je m'occupe de la viande et des grillades, assura Rhys.

- Et ils en ingurgitent des kilos de viandes, assura Jaymes. Je pense qu'ils compensent leur besoin de protéines.

- Ho c'est sympa ça... Moi je dois cuisiner si je ne veux pas mourir de faim, dis-je en riant. On pourrait cuisiner ensemble ? demandai-je alors à Alvina.

- C'est pas parce que mon frère a cramé un fusible en te voyant qu'on va devenir copines toutes les deux, m'assura sèchement Alvina.

- Alvie... Elle essaye d'être gentille, la réprimanda sa mère.

- Et donc? Je dois jouer les nunuches toutes mièvres ? insista Alvina.

- Quel caractère, marmonna Jaymes.

J'étais un peu triste qu'elle ne m'accepte pas vraiment. J'aurais clairement préféré qu'elle se réjouisse pour son frère plutôt que d'être mauvaise comme cela avec moi. Jaymes semblait contente pour nous.

- Maintenant Fern, je dois absolument savoir si tu peux conserver leur secret, surtout avec tout ce qu'il se passe, marmonna Jaymes.

- Je peux... Vous parlez des sous-marins ? demandai-je quand même.

- Oui..., avoua Jaymes en regardant ses enfants. Bien entendu je n'étais pas dupe. Je me disais bien que mes enfants ne devaient pas être les seuls comme eux. Il était logique qu'un jour, d'autres personnes comme eux se manifestent. Malheureusement, nous ne savons rien et...

- En bref, il y a peut-être un vrai danger, assura Alvina. Nous fréquenter risque de devenir assez chaud.

- Je n'ai pas peur Alvina, assurai-je. J'ai un père militaire, il m'a appris à me battre et même à tirer avec une arme. Je n'ai pas peur.

- Et puis... Si vous êtes ensemble..., précisa Jaymes. Il y aura peut-être un problème à suivre ta thérapie avec moi.

- Comment ça ? demandai-je inquiète.

- Comment dire cela sans dire quelque chose de gênant ? réfléchit à voix haute Jaymes.

- En bref, elle se voit pas supporter tes exploits sexuels en séance, me lança Alvina.

Je faillis m'étouffer sur place en entendant cela. Rhys ne se portait guère mieux et même Jaymes sembla mal à l'aise.

- Je l'aurais formulé autrement..., avoua Jaymes. J'aurais dit que tu aurais peut-être peur d'évoquer d'éventuels tourments sentimentaux.

- Je n'aurais pas ce problème... Promis, dis-je honnêtement.

- Ça veut dire que je ne te dégoute pas? demanda Rhys.

- Bien sûr que non, dis-je pour le rassurer. Pas le moins du monde.

- Ouais sauf que moi ça commence..., marmonna Alvina.

- Je tiens quand même à mettre mon grain de sel par contre, dit alors Jaymes. Il faudra être très prudent avec ce que je t'ai raconté.

- Oui Jaymes, on le sera dis-je rapidement. Hein? dis-je à Rhys.

- Je ferai attention de ne pas perdre le contrôle, fit alors Rhys pour me rassurer.

Était-ce une façon de dire qu'officiellement j'avais un petit copain? Peut-être... Un petit copain particulier mais un petit copain quand même...

- Bon..., marmonna Jaymes. Rhys tu vas pouvoir la ramener chez elle et tu reviens immédiatement d'accord ?

- Promis, dit-il en me regardant.

- Et tu lui sautes pas dessus! ordonna Alvina.

Je la regardai choquée de son propos, elle croyait que son frère était comme les autres garçons.

- Tu me prends pour qui? demanda son frère vexé. Maman m'a appris qu'une femme se traite avec respect et que l'on n'essaye jamais d'en profiter, assura-t-il d'un propos qui fut créé pour me rassurer.

- C'était pas à toi que je parlais, avoua Alvina en me fixant.

- Hein? dis-je choquée de son propos.

- Alvie, ça suffit, marmonna Jaymes. On va avoir une conversation toutes les deux. Vous deux, filez.

Je saluai alors Jaymes et Alvina avant de ressortir de la maison. Dès qu'il ferma la porte, Rhys poussa un soupir plutôt énorme.

- Excuse Alvina, dit-il doucement.

- Elle s'inquiète pour toi je pense... Et je ne te sauterai pas dessus, avouai-je. J'ai jamais eu de petit copain.

- Ha bon? s'étonna Rhys. Je pensais...

- Pourquoi ? m'étonnai-je en avançant.

- Tu es intelligente et jolie, je pensais que tu devais repousser les mecs, dit-il doucement. Ou que ton père s'en chargeait à coup de fusil.

Je fondis littéralement en entendant ce propos et je souris, il me pensait sans doute populaire, c'était mignon.

- Et bien pas du tout, cela n'intéresse pas les garçons une fille sérieuse qui fait passer son petit frère avant tout, assurai-je pour le mettre au courant.

- Je comprends parfaitement, fit-il en approchant de sa voiture.

- Merci de me ramener, dis-je rapidement.

- C'est normal, fit-il alors en montant.

Étonnement, être seuls ne nous permit pas pour autant de parler. En fait, c'était même assez lourd entre nous. Nous devions tout deux être trop gênés pour parler. Ce qui fit que rapidement, nous fûmes devant chez moi.

- Merci, dis-je alors.

- Attends je vais quand même t'ouvrir, fit-il en se hâtant de descendre.

Il se pressa de faire le tour et m'ouvrit la portière avec beaucoup de galanteries. Nous nous regardâmes un peu perdu, comme des poules avec un cure dent : on ignorait quoi faire.

- Euh..., hésita Rhys.

- Oui? dis-je pour l'encourager.

- Je devrais sans doute t'inviter à faire quelque chose... Tu aimes quoi? demanda-t-il rapidement.

- J'ai un peu menti en disant aller au musée... On pourrait le faire si tu aimes ça ? proposai-je.

- On va s'organiser cela, dit-il doucement. Tu... Tu verrais un inconvénient à me donner ton numéro ?

- Non, bien sûr que non, dis-je en attrapant mon téléphone.

Nous échangeâmes nos numéros en se promettant de prendre contact. Nous étions tout deux peu doués en cette situation. En réalité, j'attendais bêtement quelque chose.

- Bon... Euh... Bonne soirée, on se voit lundi au lycée, me fit Rhys.

- Toi aussi... Et courage avec Alvina, dis-je quand même en le voyant faire le tour de sa voiture avec beaucoup de déception.

- Je vais lui parler, dit-il avant de monter. N'oublie pas, fais attention.

- Promis... À lundi, dis-je sans savoir quoi dire.

Je le vis démarrer et je me contentai d'un signe de main. J'étais un tout petit peu déçue, j'avais bêtement espéré échanger un peu plus que des paroles. Mais après tout, ce serait également son premier baiser alors, je me jurai d'être patiente. Ce fut donc ainsi que la jeune adolescente que j'étais, complètement sur son petit nuage pour s'être trouvée son premier petit ami, que je retournai a ma vie normale et à mes responsabilités de grande sœur. J'espérais surtout que nous serions plus à l'aise par la suite.





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