The Life Eaters

Chapitre 6 : Le Fou Génial

9933 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a presque 2 ans

CHAPITRE VI


[Le Fou Génial]


Pendant plusieurs jours après cet accident qui avait failli me coûter la vie, le lycée me permit de rester chez moi. J'en étais contente mais c'était sans doute une erreur. En effet, même si mon père avait quand même pris quelques jours pour s'occuper de moi, dès l'instant où je pouvais rester seule chez moi, dans la maison ou tout simplement dans ma chambre, je me mettais à fixer cette chose étrange que j'avais trouvée près de mon téléphone. Je ne pouvais jamais en détacher mes yeux. Cette chose, elle était tombée d'une poche de Rhys. Cela signifiait donc qu'il devait être lié aux dégradations commises sur les sous-marins. J'étais obligée d'essayer de me convaincre que c'était dans sa poche car quelque chose de plus étrange encore avait tendance à apparaître dans mon esprit. Je ne pouvais pas oublier une chose que j'avais vue: sa sœur cachant son bras. J'aurais juré, et je serai prêt à me le jurer bien longtemps, que cette couleur orange était sur son bras. C'était impossible, ça ne pouvait pas être lui. Peut-être qu'il transportait cela dans les poches de sa veste et que cela avait explosé mais j'en venais parfois à douter. Et c'était encore pire quand je me mettais à me remémorer le déroulé de la scène. Il n'avait en effet pas hésité un seul instant à venir à ma rescousse en prenant un énorme risque. Il aurait pû être gravement blessé. Mais quelque chose me faisait m'interroger: savait-il qu'il ne risquait rien? Peut-être était-ce la raison pour laquelle il avait gratté le sol autour de nous, se cacher. Pouvait-il être sûr de s'en sortir ? Cette chose était-elle réellement dans sa poche? Comment je pourrais le deviner ? J'avais peut-être une idée. J'étais bien obligée d'essayer de savoir après tout car le comportement des jumeaux était bizarre. Mes amis, qui étaient franchement inquiets, m'avaient tout de même signalé que les jumeaux n'étaient pas revenus au lycée. Mais bon, Rhys avait peut-être eu des jours aussi. Mais ce que mes amis ignoraient, c'était que même Jaymes avait annulé notre rendez-vous hebdomadaire. Elle m'avait cependant prévenir que si j'en avais réellement besoin, elle me ferait une séance par téléphone. Ça devenait de plus en plus étrange. Ce samedi matin là, je me levai alors tranquillement. J'enfilai des vêtements simples pour me détendre quand j'entendis mon téléphone sonner.

- Ho bon sang... Encore? dis-je à voix haute en me retournant.

Cela devenait une habitude, Duncan me harcelait de messages pour s'excuser de sa stupidité. Je n'ai pas cessé de lui dire que ce n'était pas grave, que ce n'était qu'un accident, que cela aurait pû arriver à n'importe qui d'autre. Il était juste en panique, et encore plus en colère de n'avoir pas pû réagir. Je crevais en réalité d'envie de le bloquer pour qu'il me lâche un peu. J'avais demandé à Melissa de lui dire d'arrêter et même si cela avait réduit la fréquence, il continuait encore. Il en était encore à trois messages par jour.

- Duncan, je vais bien bon sang. Je n'ai rien. Je prends juste les jours, dis-je à voix haute en écrivant. Je reviens lundi au lycée.

J'espérais qu'il allait enfin me lacher, peut-être devrais-je voir mes amis demain, il me foutrait la paix. Je descendis alors au rez-de-chaussée et je vis mon père occupé à préparer les céréales de Jason.

- Ça va ce matin? demanda mon père.

- Je vais bien... Je n'ai rien, tu l'as vu aux urgences, dis-je en évoquant ce moment.

J'avais effectivement été emmenée aux urgences, juste au cas où sans doute. Forcément, je n'avais rien. Par contre, Rhys ne s'y était pas rendu lui, encore un détail étonnant.

- Je suis inquiet... C'est normal, fit mon père.

- Ai-je dit le contraire ? demandai-je en me servant un bol.

- Je... Je vais devoir aller au bureau aujourd'hui, vérifier les avancées, dit alors mon père doucement.

- Bah vas-y, répondis-je. Je ne suis pas en sucre.

- Cela ne te gêne pas? demanda mon père.

- Y a eu une information ? demandai-je alors au cas où, surtout que je me posais encore plus de questions désormais.

- Le scientifique a fait des analyses et je n'ai pas trop compris. On en a d'autres au bureau qui vont nous éclairer, assura Papa.

- Le scientifique ? demandai-je intriguée. Le cryptozoologiste?

- Oui, fit mon père.

- C'est qui en fait? Je veux dire réellement ? l'ai-je alors interrogé.

- Le Professeur Barnes, il paraît que c'est un génie, précisa mon père. Il est entré à l'Université à seize ans et a fini son cursus en quelques années à peine. Il a beaucoup étudié les barrières de corail avant de... Partir en vrille.

- Comment ça ? demandai-je quand même.

- Du jour au lendemain, il s'est mis à parler de toutes ces choses étranges sans explication, disant que nous n'étions pas seuls, dit alors mon père.

- Pas seuls? Extraterrestre ? demandai-je surprise.

- Non, juste Yeti, Bigfoot, loups-garous, sirène... Des trucs sortis de l'imaginaire, sortit mon père.

- Ho...

- C'est comme ça, certains pensent qu'il abuse de substances hallucinogènes, précisa mon père. Il reste une pointure sur le corail mais à part ça, il est totalement à l'ouest.

- Ho d'accord, dis-je alors.

Le corail, c'était lui qui avait découvert que ce petit minerai orange qui était dans ma poche en était, et le seul à avoir réalisé qu'il s'agissait d'une main. Je sortis doucement mon téléphone, faisant croire à mon père que je répondais à un message.

- Je suis content de savoir que tu as des amis qui s'inquiètent, précisa mon père. La voisine est venue tous les jours.

- Maya est sympa, dis-je alors en cherchant le Professeur Barnes sur Google.

- Et les autres filles aussi, précisa mon père.

- Y a des garçons dans la bande mais mes amies leur ont dit que ce serait peut-être gênant, dis-je en remerciant encore Elise de ce détail.

- Ho d'accord..., fit mon père gêné.

- Amis Papa, juste amis, dis-je en soupirant.

- Tu... Tu me le dirais ? demanda-t-il ensuite.

- Je sus pas Papa, j'ai pas de mec, c'est tout, assurai-je énervée.

- Bon bon..., marmonna mon père.

En fait, il y en avait bien un qui me plaisait et je savais que mon père se demandait si il n'y avait rien entre mon protecteur et moi. Il me plaisait, c'était sûr, mais maintenant j'avais quelques interrogations plutôt étranges. Je trouvai enfin l'adresse du Professeur B. Barnes, biologiste marin et expert en corail. J'enregistrai celle-ci dans mon GPS et j'avais une mission aujourd'hui.

- Papa... J'en ai marre d'être enfermée, ça te dérange si je dépose Jason en face pour aller me promener ? demandai-je.

- Non bien sûr, tu dois avoir envie de prendre l'air sans doute, assura mon père.

- Oui... Pas longtemps, une heure ou deux peut-être, j'irai sans doute faire une exposition ou un musée, mentis je alors.

- Oui, moi je serai au boulot, si il y a un problème, tu appelles, m'ordonna mon père.

- Promis, dis-je alors.

Le petit-déjeuner se termina tranquillement, mon père partant pour son travail. Je profitai tout de même un peu de Jason, jouant avec lui et ses petits dinosaures. Cela restait compliqué pour faire parler les jouets comme le faisaient les autres enfants, il fallait à chaque fois le poser pour signer. C'était juste un coup à prendre.

- { Jason, je vais t'emmener chez la voisine, je dois aller quelque part} signai-je au bout d'un long moment.

- { Tu vas faire quoi?} demanda mon frère.

- { Quelque chose d'important} répondis-je en me levant.

- { T'as un amoureux ? } demanda mon frère.

Je souris avant de hocher la tête négativement. Mon petit frère me demandait souvent cela, déjà en Virginie d'ailleurs. Je me demandais si il pensait que c'était normal d'en avoir un. Mais je pensais surtout qu'il avait réalisé que Ethan était l'amoureux de Maya et donc, il devait imaginer que moi aussi. Heureusement, il se prépara en mettant quelques jouets dans un sac et nous sortîmes de la maison. Naturellement, j'avais vérifié que tout était éteint, le gaz bien fermé, de même pour les fenêtres avant de verrouiller la porte d'entrée. Nous traversâmes la rue et je frappai à la porte.

- Oui? fit Livia Carter en ouvrant la porte.

- Bonjour Livia, dis-je poliment.

- Bonjour ma grande... Tu vas bien? demanda-t-elle inquiète.

- Oui Livia, Maya ne vous l'a pas dit? demandai-je également.

- Si mais... Bref... Je peux t'aider ? dit-elle pour changer de sujet.

- Je sais que c'est un peu à l'improviste mais est-ce que vous pourriez garder Jason quelques heures ? demandai-je poliment. Je vous paierai bien sûr.

- Garde ton argent ma grande, me fit Livia avec un sourire. Et je peux même te le garder toute la journée, je n'ai rien prévu et Maya est partie avec Ethan.

- Je vous remercie vraiment, quand vous aurez besoin de quoi que ce soit, il ne faudra pas hésiter, assurai-je alors.

- Je n'hésiterai pas, m'assura Livia en laissant entrer Jason. Tu n'as pas de soucis au moins ?

- Non non, j'ai juste quelque chose à faire et je ne peux pas l'emmener, assurai-je.

- Pas de problème, envoie des messages si tu veux des nouvelles... Je crois que je vais lui faire un petit gâteau au chocolat ! assura Livia.

- Il sera content, merci encore, dis-je avec plaisir.

- Par contre fais attention à toi d'accord ? Qu'importe ce que tu as à faire, assura Livia.

- Ne vous inquiétez pas je compte juste profiter du

Museum d'art de Honolulu, avouai-je alors. Rien de dangereux.

- Ho..., réalisa Livia. Bonne sortie alors.

Je souris en m'éloignant et la salua de la main, vu que mon frère avait déjà filé dans la maison. Je réalisai qu'il était quand même à la fenêtre et je lui fis signe. J'avais très bien compris ce qu'avait imaginé Livia mais elle aussi se trompait. Je me dépêchai alors de rejoindre un arrêt de bus pour récupérer celui qui allait m'emmener à l'autre bout de la ville. Le trajet me prit près de quarante minutes avant que je ne puisse descendre au plus près. Je sortis mon téléphone pour vérifier où je devais me rendre et je pris la première rue à gauche rapidement. J'enchainai ensuite sur celle de droite et encore une fois à gauche.

- Alors... Je suis dans la bonne rue, marmonnai-je en regardant le numéro de la porte sur mon téléphone.

Je passai ensuite en revue chacune des maisons avant de réaliser que celle qui m'intéressait était au bout de l'impasse. Je me figeai devant la grille d'entrée et je la regardai stupéfaite. Le jardin, pour peu que l'on puisse appeler une telle forêt vierge un jardin, découvrant des panneaux divers. "Attention", "Zone interdite" et "Terrain sous surveillance vidéo" étaient les plus nombreux. Cela ressemblait à ces maisons dans les films, celles à moitié délabrées habitées par des complotistes complètement paranoïaques. Je sentais déjà que cela risquait d'être assez étrange. Je passais la grille et je m'approchai de la porte avant de me figer. Il était évident que celle-ci était blindée mais en plus, elle était couverte d'un grillage bien épais. Je réalisai qu'à ma droite, il y avait un petit interphone. J'appuyai sur le gros bouton et je patientai.

- Je n'ai besoin de rien! fit une voix plutôt sèche avant de tenir le silence.

- Non mais..., marmonnai-je avant d'appuyer encore.

- Je ne veux pas de gâteaux ! Au revoir ! fit-il avant de couper de nouveau.

- Non mais merde à la fin, grognai-je avant d'appuyer à nouveau.

- Je vous ai déjà...

- Je veux vous parler Professeur Barnes ! dis-je alors.

- Vous êtes qui? demanda-t-il enfin.

- Je m'appelle Fern Turtlebaum, vous travaillez avec mon père ! dis-je rapidement avant qu'il ne change d'avis.

- Je vois... Tu as une preuve ? demanda-t-il ensuite.

- Euh... Une pièce d'identité ? proposai-je.

- Montre là à la caméra ! fit-il visiblement stressé.

Je relevai la tête et je réalisai qu'effectivement, il y en avait une toute petite, bien cachée. Je sortis ma carte et la montrait à la caméra.

- C'est ressemblant... Tu es mineure? demanda le Professeur.

- J'ai seize ans... Pourquoi ? demandai-je.

- Tu ne crieras pas au viol pour que je sois arrêté et que je disparaisse? demanda-t-il alors.

- Mais non!

- Pourquoi es-tu là ? Sois claire, me conseilla le scientifique décidément complètement paranoïaque.

- Je sais que vous avez signifié au NCIS que c'était une sorte de corail, dis-je alors.

- Et donc?

- Je... J'en ai trouvé ! dis-je alors.

Et là, ce fut le silence. Je commençai à me demander si il me croyait où si j'étais venue pour rien. Provenant de derrière la porte, un bruit caractéristique de serrure qui se déverrouille me parvint. Puis un second et encore un troisième... C'était Fort Knox. La porte s'ouvrit alors sur un homme grand et baraqué, barbu et au regard intrigué. Il fit coulisser le grillage.

- Vite! Entre ! dit-il alors.

C'était déjà ça, j'entrais rapidement et je l'entendis refermer derrière moi. Je me retournai quand même, légèrement inquiète de la situation et là, je dus lever les mains. En effet, j'étais nez à nez avec le canon métallique noir d'un revolver.

- Pas un geste ! fit le professeur Barnes.

- Tirez pas! dis-je alors. Je veux juste parler, dis-je en le regardant attentivement.

Mon père, en bon militaire et malgré les refus de Maman, avait voulu m'apprendre des choses sur les armes et surtout à tirer. Instinctivement, je savais que si j'attrapai le barillet suffisamment vite, un revolver ne pouvait pas tirer. Rapidement, je sus que je n'aurai pas à le faire. En effet, dès que j'avais observé le barillet j'avais bien vu un petit détail.

- Il n'est pas chargé Professeur, lui signifiai-je alors.

- Comment une fille de ton âge s'y connait en armes? demanda-t-il méfiant.

- Mon père est au NCIS, lui rappelai-je alors.

- Ha oui, c'est vrai, fit-il en posant son arme.

Ce mec était complètement dingo. Il prit un objet étrange à côté de son revolver vide et je le vis s'approcher.

- C'est quoi? demandai-je effrayée en reculant d'un pas.

- Je veux savoir si tu as un micro, précisa le Professeur Barnes.

- Ho... Allez-y, dis-je alors.

Il me fit passer son objet près du corps et il n'émit qu'un grésillement continu.

- Tu n'en as pas, fit-il en me regardant. Fern c'est ça ?

- Oui Professeur, dis-je poliment.

- Café !

Je pus alors observer la maison du dingue de service pendant qu'il partait faire du café. Enfin, il semblait surtout chercher la cafetière car il s'agissait d'un immense capharnaüm sans nom. Il y avait en effet tout l'attirail du complotiste en herbe, des photos satellites d'Hawaï, des bases militaires, des articles journalistiques de théorie de complots, des éprouvettes, des boîtes en tout genre.

- Il doit y avoir un canapé sous les journaux, fit-il en faisant un bruit fou dans sa cuisine.

Je m'approchai d'un tas de journaux, dont certains dataient d'au moins dix ans d'ailleurs, avant de le soulever pour trouver un canapé noir assez vieux. Je m'assis dessus et je patientai en silence. Quelques minutes plus tard, le professeur Barnes vêtu d'un bermuda et d'une chemise hawaïenne que je remarquai enfin puisque je n'étais plus braquée, m'apporta un mug. Je le pris en souriant.

- Merci Professeur, dis-je poliment.

- Il n'y a pas de sérum de vérité dedans, fit-il en tenant son ballon de café.

- Vous faites votre café à l'ancienne ? demandai-je surprise.

- Oui, dans les appareils à capsules, il y a des puces espionnes pour surveiller le peuple Américain, me dit-il simplement avant d'aller se chercher un mug.

Mais où j'étais tombée ? Je me le demandais plutôt deux fois qu'une. Je devais le rassurer et être polie.

- Merci de me recevoir à l'improviste Professeur, dis-je alors.

- Bookie, fit-il doucement.

- Pardon? demandai-je surprise.

- C'est mon prénom, Bookie Barnes, ma mère aimait les livres, développa donc Bookie.

- C'est original, j'aime bien, dis-je en souriant.

- Comment sais-tu sur quoi je travaille ? demanda-t-il.

- Mon père avait son dossier d'enquête, l'agent spécial Turtlebaum, lui rappelai-je. J'ai vu votre analyse Pro... Bookie.

- Personne ne me croit mais c'est du corail, précisa-t-il alors.

- Je vous crois, dis-je simplement. Cela y ressemble énormément.

- Cela n'y ressemble pas, me corrigea Bookie. C'est du corail, une forme inconnue mais c'est bien cela.

- D'autres scientifiques pourraient le prouver, dis-je alors en buvant ce café vachement fort.

- Mes collègues n'ont aucunes réelles connaissances, assura Bookie.

Je le vis se lever et s'agiter en tout sens, bougeant ses dossiers un peu partout, rangeant autrement. Il était totalement instable. Je n'aurais pas dû venir. En plus, il marmonnait des choses incompréhensibles.

- Je crois que je n'aurais pas dû venir vous ennuyer, dis-je en me levant.

- Non, tu me crois, ça veut dire que tu es intelligente, dit-il en s'appelle et m'indiquant de me rasseoir.

J'étais intelligente ou complètement folle d'être venue voir un savant plutôt dérangé.

- Tu sais pourquoi mes collègues pensent que je suis fou? demanda-t-il alors.

- Euh non...

- Car je crois que dans notre monde, il existe des choses qui sont restées cachées parmis nous depuis des siècles, précisa-t-il.

- Des choses cachées ? demandai-je quand même.

- Oui...

- Mon père m'a dit que vous aviez des théories sur le Bigfoot ou le Yeti, précisai-je alors.

- Oui... Ils existent... Tu le sais? demanda-t-il avec impatience.

- Je n'ai jamais pensé qu'ils n'étaient que des légendes, peut-être existent-ils réellement, dis-je.

- Ils existent, comme les vampires et les loups-garous, m'assura Bookie.

J'étais franchement dans un autre monde, il était complètement à la ramasse. Je le regardai intriguée quand j'entendis cette phrase.

- Ce sont des créatures qui existent dans toutes les légendes partout dans le monde, depuis l'Australie ou l'Asie jusqu'à l'Amérique du Sud ou l'Europe, assura Bookie. Il est impossible que ces espèces n'existent pas. D'ailleurs...

Je le vis se lever encore et partir fouiller dans un recoin. Il revint quelques instants plus tard avec une photo qu'il me tendit. Il y avait sur cette photo, plutôt floue d'ailleurs, un homme à l'apparence étrange, comme si il était un peu difforme.

- Un scientifique a pris cette photo en Alaska il y a trente ans, cette chose serait une forme de vie proche du loups-garou, qui laisse de drôles d'empreintes, précisa Bookie.

- Elle est plutôt floue, signifiai-je quand même.

- Cet homme a une apparence plus proche de la bête que de l'homme, insista Bookie.

- Je vous crois... Je n'y connais pas grand-chose, dis-je simplement.

- Oui, tu es encore au lycée je présume, fit-il en se levant.

J'avais envie de filer à l'anglaise, rapidement et sans demander mon reste. Ce sentiment fut encore plus fort quand je le vis inspecter la pièce avant de cacher sa photo. Cet homme était-il au courant qu'il était chez lui? Devait-il réellement se méfier de sa propre maison ? C'était sans doute cela la véritable paranoïa. Même chez lui, il se méfiait.

- Donc tu ne t'inquiètes que de ce qui s'en prend aux sous-marin ? demanda Bookie.

- Je m'intéresse principalement à ce corail que vous avez trouvé, dis-je alors.

- Tu veux le voir ? demanda-t-il ensuite.

Enfin, il semblait enclin à me montrer ce que je voulais voir. Je confirmai d'un mouvement de tête et il sourit comme jamais.

- Viens, dit-il alors comme un enfant impatient de montrer ses cadeaux de Noël.

Je gardai mon mug en main, l'hygiène locale ne semblant pas suffisamment engageante pour oser le poser. Pour suivre ce cher Professeur Barnes, je devais esquiver des tas d'objets posés un peu partout. J'aurais parié tout ce que j'avais pour affirmer que si le professeur avait un animal domestique, il pourrait passer des mois sans le retrouver. Il se dirigea d'un pas amusé et enfantin vers une armoire.

- Tu sais garder un secret? demanda le Professeur Barnes.

- Bien sûr, dis-je honnêtement.

- Alors ceci est mon petit secret, dit-il alors.

Je le vis saisir un objet sur cette armoire, un sabre laser. Il garda la main dessus et je me demandais si c'était aussi un geek, histoire de remplir le reste des clichés, mais visiblement c'était un faux. En effet, comme il l'aurait fait avec une poignée de porte, il tira sur le sabre laser et j'entendis un déclic. L'armoire s'ouvrit alors telle une porte et au niveau du sol, il y avait un escalier.

- Descends, dit-il en passant devant.

- Il est totalement perché, murmurai-je alors.

- Quoi? fit-il d'en bas.

- Rien, je descends !

Autant ne pas le vexer par dessus le marché. Je descendis donc l'escalier assez abrupte qui menait à une cave. Bookie, vu que c'était son prénom, poussa alors un bouton et j'entendis l'armoire se refermer en haut de l'escalier.

- Ne t'inquiètes pas, tu ne risques rien avec moi, je ne m'intéresse pas aux jeunes filles, assura Bookie.

- Surtout que mon père sait qui vous êtes, dis-je alors.

- Il t'a envoyée ? demanda alors Bookie.

- Non, il ne sait pas que je suis là, précisai-je avant de me demander si ce n'était pas une erreur.

- Bienvenue dans mon laboratoire ! fit-il en appuyant sur un second bouton.

Une vive lumière faillit me brûler les yeux quand elle s'alluma. C'était clairement puissant et je dus plisser les yeux le temps de m'habituer. Une fois cela fait, je pus admirer le laboratoire. Par rapport à la maison, c'était le jour et la nuit. Tout semblait immaculé, parfaitement rangé, étiqueté, classé. Bookie Barnes pouvait donc aussi être maniaque et organisé. Par contre, il y avait énormément de matériel, du plus simple bistouri à la plus complexe des machines dont l'utilité m'était inconnue. Il y avait également énormément de documentations et beaucoup de bocaux. Des choses plutôt bizarres s'y trouvaient, du genre qui vous donne envie de vomir. Il y avait clairement des ossements dans certains, un œil dans un autre et sans doute, selon moi, une tumeur ou au moins un amas graisseux.

- Ne touche à rien, tout est fragile, dit-il simplement.

- Promis, dis-je en voyant un frigo avec le symbole de produits radioactifs dessus.

Je ne m'en inquiétais pas forcément plus que cela sur le moment, la plupart des centres médicaux en avaient aussi pour simplement conserver les produits réactifs que l'on injectait aux patients avant certains examens. Rien n'indiquait qu'il y avait là dedans de quoi fabriquer quelque chose de dangereux ou permettant de tuer la moitié de l'île. Je patientai tranquillement quand je le vis poser une boîte totalement noire sur la table.

- Ceci, je l'ai trouvé sur une des plages d'Honolulu il y a sept ans, sur un récif à proprement parler, avoua le Professeur Barnes.

Je regardai alors Bookie Barnes ouvrir doucement la boîte et en sortir une autre un peu plus petite. Celle-là était differente, transparente déjà mais également remplie d'eau. Quelque chose se trouvait tout au fond de l'eau, une sorte de pierre. En m'approchant plus près, je vis alors que c'était du corail, le même que celui dont j'avais fait la découverte.

- Ce corail, j'ai pu le trouver après qu'un petit bateau de tourisme ait failli percuter des rochers. Selon la famille dedans, ils avaient cru mourir. Il y avait un peu de ce corail sur la roche et j'aurais pu jurer que ça devait aussi se trouver sur la coque, expliqua Bookie.

- Mais... Le bateau n'avait pas les dégâts des sous-marins ? demandai-je surprise.

- Aucun dégât, c'est étonnant mais c'est bien ce même corail, j'en suis certain. Surtout après mes analyses, expliqua Bookie.

- Vous l'avez beaucoup analysé ? demandai-je alors en regardant ce petit bout de corail dans l'aquarium.

- Sous toutes les coutures, des dizaines et des dizaines de fois... Et il est toujours là, assura Bookie. Mais il y a une chose que malgré toutes mes analyses je n'arrive pas à comprendre.

Je regardai immédiatement le professeur avec méfiance. Il me sourit d'un rictus digne du Docteur Frankenstein. Sans même que je n'ai à le demander, le professeur partit dans son coin et revint rapidement. Il tenait dans ses bras une batterie de voiture. J'avais quelques doutes sur son utilité mais je le vis y brancher deux petits cables.

- Je ne sais pas quel est son milieu naturel mais il doit être différent des eaux que nous humains nous connaissons, précisa Bookie.

- Ha bon? Cela ne vit pas dans des eaux chaudes? demandai-je en essayant de me remémorer ce que j'avais lu sur wikipédia durant mes recherches sur l'archipel avant notre emménagement.

- Normalement si, avoua Bookie. Pourtant il réagit à une chose pour laquelle il ne devrait pas car nulle-part dans le monde, une eau possède cette spécificité.

Je le vis plonger le bout du câble dans l'eau alors que l'on m'avait toujours dit que l'eau et l'électricité, cela ne faisait pas bon ménage. Le nouveau rictus digne d'un savant fou ne me rassura pas mais je le vis brancher la batterie. Immédiatement, je l'entendis ce grésillement caractéristique de l'électricité dans l'eau. Je regardai le professeur avec méfiance.

- Professeur, marmonnai-je.

- Attends, cela commence à mettre plus de temps depuis quelques années..., précisa Bookie.

Et là, pendant un regard au professeur franchement dubitatif, mon œil fut attiré par une lueur dans l'aquarium. Cette même lueur me poussa à baisser les yeux vers le corail et je fus surprise. Ce dernier s'était mis à briller. J'ai alors approché mon visage de l'aquarium.

- Ce corail réagit à l'électricité ? demandai-je surprise.

- Oui et c'est étonnant, avoua Bookie.

- Aucune étendue d'eau au monde n'est chargée d'électricité, assurai-je avant de réaliser que c'était de cela qu'il avait parlé.

- N'est-ce pas... Mais il y a plus intéressant encore, dit-il doucement. Pose ta main sur la vitre.

Je regardai le professeur avec méfiance mais je levai tout de même la main. Je m'étais humectée les lèvres de stress avant de poser ma main à plat sur la vitre de l'aquarium. Le petit bout de corail sembla alors réagir et j'aurais juré qu'il s'était mis à bouger.

- Mais...

- Regarde ! Regarde ! fit le professeur surexcité.

Je fixai encore le corail et j'aurais juré que sa forme changeait, comme essayant d'imiter ma main. Quand le corail sembla être collé à la vitre, j'avais retiré ma main.

- C'est impossible ! dis-je alors.

- Et pourtant..., me fit simplement Bookie. Naturellement, le corail a toujours vécu en symbiose avec son environnement, il ne prend jamais deux fois la même forme mais elle reste totalement définitive. Il ne peut bouger ou se modifier ensuite... Sauf Hector.

- Hector? demandai-je méfiante.

- Oui, Hector, fit-il en montrant le petit bout de corail.

Ce scientifique avait donné un nom à ce morceau de corail, plutôt surprenant. Je réalisai alors que depuis quelques jours, je touchais souvent celui que j'avais trouvé. Mais quel pouvait être le rapport entre Rhys et ce morceau? Pourquoi avais-je l'impression que c'était à lui? Et pire, pourquoi avais-je l'impression que cela venait de lui? C'était bien ça que j'avais vu sur le cratère du Diamond Head, comme si il était blessé et qu'il avait perdu ce morceau.

- Tu m'as dit en avoir trouvé un morceau, assura le scientifique.

- Oui...

Je guidai alors ma main vers ma poche et je l'y plongeai avant de ressortir cette même main qui désormais tenait le morceau de corail.

- Ho il est récent, fit-il en regardant ma main. Pose le!

J'obéis immédiatement et je le déposai près de l'aquarium. Étonnement, j'eus l'impression que les deux se mirent à briller ensemble.

- Hoooooooooooo, fit le scientifique dans une formulation franchement intelligente. Ça c'est nouveau... Tu l'as trouvé sur quelle plage ?

Je regardai le scientifique avec gêne. Il ne risquait pas de me trouver folle, l'étant lui même.

- Je l'ai trouvé au sommet du Diamond Head, dis-je honnêtement.

- Quoi? s'étonna Bookie.

- Mais je pense qu'il était peut-être dans la poche d'un garçon de ma classe... C'est compliqué à expliquer, avouai-je.

- Ho d'accord, fit-il simplement. Est-ce que tu me permets de faire quelque test dessus? demanda ensuite le scientifique.

- Oui allez-y, dis-je simplement.

Je le vis aller chercher du matériel de test et s'approcher du petit bout de corail. Il attrapa doucement un bistouri électrique et s'approcha du corail. Je le regardai faire avec stupéfaction quand il coupa à l'intérieur. Je sursautai immédiatement quand j'eu l'impression que le corail tremblait une fois un morceau coupé sur sa longueur.

- Ça bouge? demandai-je surprise.

- Et si il réagit comme Hector, tu vas être encore plus surprise..., avoua Bookie.

Et effectivement, je le fus. En effet, le bout coupé bougea pour rejoindre l'endroit où il se trouvait et à nouveau, il était comme intact.

- C'est dingue! dis-je choquée et stupéfaite.

- Il semble régénérer mais il le fait plus vite que Hector, fit-il en fixant Hector.

Je la regardais intriguée et je patientai. Il recoupa un bout et rapidement il l'éloigna.

- Pas bouger ! fit-il au morceau plus gros qui semblait vouloir récupérer ce qui lui avait été enlevé.

Je regardai le scientifique en arborant une petite grimace bizarre. Il était franchement loufoque ce scientifique, il prenait ces bouts de corail comme des animaux. Je le vis ensuite récupérer ce petit bout coupé et le placer dans un liquide. Je regardai le bout entier et j'en approchai mon doigt.

- Désolée, dis-je tout bas comme si c'était logique.

Le corail de surface du morceau sembla vouloir toucher ma peau, comme des petits fils en étaient sortis et prenaient la forme de mon doigt. Je le retirai immédiatement et je ne vis rien, j'avais dû rêver. Pendant ce temps-là, Bookie avait placé le liquide sur une plaque et l'observait au microscope.

- Ho... Il est donc plus récent que Hector... Mais ça..., marmonna Bookie.

- Qu'a-t-il de différent? demandai-je interpellée du propos.

- Viens voir, dit-il doucement.

J'approchai du microscope et il me laissa regarder dedans. Je vis plein de petits cercles de formes différentes qui se tournaient autour et se rattachaient. Ils étaient tous orangés mais de teintes différentes.

- Je dois voir quoi? demandai-je un peu perdue.

- Attends, fit-il doucement.

Je compris qu'il changeait les lames quand je ne vis plus rien. Puis je vis à nouveau quelque chose, la même chose mais désormais c'était plutôt rouge mais par contre, cela ne semblait pas chercher à s'agglutiner. Je relevai la tête vers le scientifique.

- C'est la même chose que d'autres variétés... Qu'est-ce qui vous intéresse ?

- Tu as fait une bonne analyse, fit le scientifique me rassurant. Les deux échantillons semblent parfaitement identiques n'est-ce-pas ?

- Oui, à part la couleur, confirmai-je. Mais ce n'est peut-être qu'un détail.

- Cela en serait un, fit il en remettant le corail sous le microscope.

- Mouais..., dis-je en regardant à nouveau. Mais je ne comprends toujours pas votre surprise.

- Ce que je t'ai montré en second..., fit-il alors pendant que je regardais. Ce n'est pas du tout du corail. Il s'agit d'une espèce un peu plus évoluée mais Beaucoup plus répandue.

- C'est un poisson ? demandai-je alors. Un insecte peut-être ?

- Non, plus évolué encore... Le second échantillon, c'était du sang humain, fit alors Bookie.

Je détachai légèrement mes yeux du microscope en répétant bêtement cette phrase. Du sang humain... Ce corail imitait du sang humain... Cela venait donc réellement de Rhys? Mais... Était-ce possible ? Rhys n'était pas humain? C'était impossible, comment cela aurait-il pû l'être ? Je savais où je l'avais trouvé et les circonstances mais je n'arrivais toujours pas à comprendre ce que je voyais.

- Je pense que nous avons la chance de découvrir une nouvelle espèce qui a entamé son cycle d'évolution, dit alors Bookie.

Je l'avais regardé de plus en plus étonnée. C'était de plus en plus invraisemblable.

- Une nouvelle espèce ? demandai-je alors.

- Oui, sans doute au premier moment de son évolution. L'être humain aussi est venu d'une espèce unicellulaire avant de grandir et d'évoluer, cela nous a pris des millions d'années, précisa Bookie.

- Mais...

- Oui, avant que cette espèce ne devienne aussi évoluée, il faudra longtemps, concéda Bookie. Mais sa multiplication cellulaire y ressemble déjà.

- D'accord...

- Mes analyses ont duré des années sur Hector, fit Bookie. Il est résistant à un point surprenant. Il supporte les très fortes chaleurs, les grands froids, même l'un juste après l'autre. Il résiste également au feu, à l'acide, à l'irradiation.

- Ce truc est indestructible ? demandai-je choquée.

- Pas foncièrement, en réalité, dès l'instant où il subit autant de choses, il se met à régénérer. Cela peut prendre du temps mais il régénère toujours.

- Vous avez fait quoi d'autre comme test? demandai-je alors.

- J'ai essayé de voir si il pouvait assimiler des choses, pour l'absorber peut-être, dit-il alors.

- Et? dus-je insister.

- Ni sucre, ni sel, il n'absorbe pas vraiment grand chose à part peut-être... Des protéines humaines, avoua Bookie.

- Des protéines humaines ? dis-je choquée.

- Du sang, il l'assèche totalement comme si il avait absorbé toutes les cellules et laissé le reste.

- C'est impossible..., marmonnai-je.

- Comme souvent avec une nouvelle espèce... Mais ça n'explique pas les sous-marins, précisa Bookie.

Bookie apporta alors toutes ses recherches qu'il étala partout sur la table. Il avait en fait une copie de toutes les photos du dossier du NCIS et des analyses qui en avaient découlé. Je regardai Bookie avec beaucoup de stupéfaction.

- Ce dossier... Il n'est pas censé être classifié ? demandai-je méfiante.

- Ho... Euh..., fit-il mal à l'aise. Peut-être que le dossier, au sein des bureaux du NCIS, a rencontré une photocopieuse par le plus grand des hasards.

Je fixai Bookie avec sévérité. Un dossier d'enquête devait rester au bureau, même si mon père pouvait en sortir des pièces pour les étudier. Lui, il avait enfin des lois fédérales pour récupérer ce dossier et continuer ses recherches. C'était totalement illégal mais surtout, cela expliquait sa grande paranoïa.

- Vous savez ce que vous risquez ? demandai-je méfiante.

- La vérité doit être connue euh...

- Fern, dis-je alors en comprenant qu'il cherchait mon prénom.

- Merci, dit-il. Désolé. Il faut que l'on sache qu'une nouvelle espèce est en train d'apparaître mais il est clair que nous n'avons pas la primeur de cette découverte.

- Quoi? Comment ça ? Quelqu'un a déjà publié quelque chose dessus? Quand? Où? l'assaillis-je de questions.

- Ici, sans doute, avoua Bookie. Mais il n'y a pas eu de publication.

- Mais comment vous pouvez en être sûr ? demandai-je alors.

- Ce qui se passe avec les sous-marins, il est évident que quelqu'un a découvert les propriétés particulières de ce corail, assura Bookie.

Je regardai attentivement le scientifique qui se mit à étaler des tas d'images. Je regardai encore plus fixement tout ça et le scientifique qui n'arrêtait pas d'étaler de plus en plus de croquis. Visiblement, il semblait avoir étudié un moyen de faire de même.

- Je pensais au début qu'il ou elle, une femme pourrait être assez intelligente aussi, avait trouvé un moyen de faire accrocher ce corail à un gant. J'ai tout tenté pour faire de même mais je n'ai rien réussi.

- Vous pensez qu'ils ont une technologie différente? demandai-je.

- Ha ha, toi aussi tu penses au gouvernement ? Je t'avouerai que c'est ce que je pense. Ce corail doit être une conception militaire, c'est pour cela qu'ils le testent ici. Sur les sous-marins, car c'est un des blindages les plus solides au monde. À part peut-être les navettes spatiales mais ça coûte tellement cher...

Je regardai les photos attentivement mais moi, il y avait un détail qui me surprenait beaucoup plus. Je ne comprenais pas les griffes et j'étais saisie de plus en plus par une petite sensation d'effroi.

- Mais ces griffes... Et ce renfoncement, dis-je en les indiquant tout deux.

- J'ai bien une théorie mais elle risque de te faire croire que je suis fou, dit-il alors.

- Après avoir vu ça, dis-je en montrant le microscope. Je peux tout entendre.

- Une espèce zoomorphe, dit-il alors.

- Euh...

C'était une théorie un peu poussive mais après le coup du Bigfoot ou du loup-garou, je n'étais plus vraiment surprise.

- Imagine simplement... Dans les légendes nordiques, on parle beaucoup de créatures marines...

- Vous parlez de sirènes? demandai-je méfiante.

- Il existe des tas de légendes sur des créatures marines de par le monde... Ici même on parle d'esprits marins veillant sur les autochtones, dit-il doucement.

- Oui sans doute, dis-je alors. Mais on en a jamais entendu parler...

- Fern, je t'ai dit que toutes les cultures du monde avaient des créatures semblables aux vampires et aux loup-garous dans leur folklore ? Crois tu qu'il ne s'agisse que d'un hasard?

- Je suppose que non...

- Et si nous les imaginons encore comme des créatures de légende, peut-être est-ce parce que ces créatures ne désirent pas être connues, précisa Bookie. Que crois-tu que les scientifiques humains feront si jamais ils découvrent ces créatures ?

- Je suppose qu'ils finiraient dans des laboratoires ? proposai-je alors. Vous-même faites des tests sur ces coraux.

- Mais parfois je le regrette car quand tu les observes aussi longtemps que moi, tu te demandes si c'est une bonne méthode, avoua Bookie. Je me fis qu'elle devrait avoir la chance d'évoluer sans que je n'interfère.

- Professeur..., dis-je en regardant le morceau de corail. Vous pensez que si nous pouvions reproduire cette capacité de régénération... Cela pourrait guérir les humains des maladies?

- Cette capacité de régénération pourrait permettre de ne plus avoir besoin de greffe, m'expliqua Bookie. À quoi pensais tu exactement ?

- Au cancer..., dis-je en pensant à Maman.

- Sans doute... Peut-être que cette capacité à absorber les protéines humaines pourrait permettre d'attaquer les tumeurs... Mais cela ne serait possible que si nous pouvions réellement les étudier et dans une quantité plus grande que ces petits fragments.

- Bien sûr, dis-je en regardant les deux petits coraux. Hector a donc perdu beaucoup de ses capacités ?

- Il régénère plus lentement, avoua Bookie. Mais il reste très solide. Le tien est très réactif, comme tu l'as vu. Je pense même qu'il est plus solide encore que ne l'a jamais été Hector. Veux-tu vérifier ?

- Vous voulez faire des expériences ? demandai-je choquée.

J'avais été choquée car j'avais de plus en plus l'impression que cela venait de Rhys. C'était un peu comme faire des expériences sur lui. Au début, je ne pensais qu'à l'option d'un morceau découvert et tombé mais depuis que j'avais pu admirer la ressemblance entre le corail et le sang humain, je me demandais si ce n'était pas issus de son corps. Je ne pouvais pas non plus cesser de me remémorer la phrase de leur mère : les jumeaux avaient été trouvés sur une plage. Y repenser me fit réaliser que Rhys ne devait clairement pas être le seul, sa sœur cachant sa blessure confirmant aisément cette théorie. Mais si ils avaient été trouvés sur la plage... D'où venaient ils ? De l'océan ? Et surtout qu'étaient ils réellement ? Des créatures inconnues sorties d'un quelconque folklore ? Des êtres sous-marins ayant évolués en parallèle des êtres humains ? Ou alors tout cela n'était qu'un rêve...

- J'aimerais tester la solidité de ce morceau extrêmement récent, j'avais mis énormément de temps à comprendre beaucoup de choses sur Hector alors je n'ai pas tout testé sur sa résistance, m'expliqua Bookie.

- Pourquoi pas, cédai-je alors.

Je venais clairement d'offrir un cadeau de Noël à Bookie Barnes qui sautillait partout. Il fut encore plus heureux quand il m'amena des lunettes de protection.

- Mets ça ! m'ordonna Bookie avant de s'approcher du corail pour le ramasser. Viens avec moi mon tout petit.

J'allais enfiler les lunettes quand il avait dit cela, me poussant à me figer en le regardant devenir complètement gâteux. J'enfilai enfin les lunettes en le suivant.

- On ne va pas te faire de mal mon petit, je veux juste voir à quel point tu es impressionnant... Si je vois que tu as mal, j'arrête, dit alors Bookie en me choquant.

Je le vis approcher d'une machine et je me figeai en réalisant qu'il s'agissait d'une presse hydraulique comme celles des forgerons. Il plaça doucement le petit bout de corail dessous et me regarda.

- Tu veux appuyer sur le bouton ? demanda-t-il d'un ton franchement trop enfantin pour avoir l'air sérieux.

- Non, je vous laisse faire, dis-je alors.

Je le vis s'approcher du bouton de démarrage de la machine et je déglutis quand il la mit en marche. La plaque métallique descendit alors pour presser le corail et j'eus l'effrayante sensation de torturer Rhys. La presse descendit encore et commença à écraser le corail.

- Il tient? demandai-je.

- Visiblement... Mais que...

Le petit corail brillait un peu de sa lueur orangée et j'entendis un horrible grincement métallique. Il venait de la presse hydraulique et surtout, je la vis surchauffer.

- Merde !!! Vite!!!! fit Bookie en appuyant sur le bouton d'urgence de la presse.

Au même moment, elle prit feu et je vis le scientifique paniquer. Je cherchai alors partout et dans un coin, je vis un petit extincteur. Je l'attrapai et le dégoupillai avant d'asperger la machine. Le feu s'éteignit alors rapidement.

- Et ben... C'est solide, dit alors Bookie.

Je le regardai consternée du propos, si c'était censé être une analyse scientifique poussée, c'était loupé. Il me regarda en haussant les épaules et je souris.

- Ce petit gars est vachement solide... Tu m'étonnes qu'on puisse fissurer un sous-marin..., marmonna Bookie.

- Quoi? Comment ça ? dis-je choquée.

- Le dernier sous-marin a été percé... Ton père ne te l'a pas dit? demanda Bookie.

- Papa ne parle pas de ses affaires, dis-je en fixant Bookie. Et je ne photocopie pas ses dossiers.

- Ho... Ce n'était que le hasard, précisa Bookie. Test suivant !!!

Je le vis attraper un objet dans une valise et je regardai cet objet sorti d'un film de science-fiction.

- C'est quoi ce machin? demandai-je effrayée.

- Une torche plasma, fit-il avec un air sadique.

- On va conserver l'extincteur tout près hein ? dis-je alors méfiante.

Bookie Barnes se transforma avec plaisir en une sorte de pyromane psychotique. Il me tendit des lunettes de protection pour fortes températures et il s'approcha du corail avec un plaisir sadique. Et puis il tenta de brûler le corail. Je fixai ce dernier qui brillait de plus en plus fort. J'étais juste choquée de tout ça. J'espérais même que Rhys ne ressente rien. Et puis le corail fit quelque chose d'étonnant, il commença à se transformer physiquement. Il prenait une forme ronde.

- Bookie! Arrêtez ! dis-je alors.

Il m'écouta et coupa sa torche avant de relever ses lunettes protectrices.

- Ha ben ça... C'est franchement surprenant, dit-il simplement.

- Ça change de forme... Pour se protéger ? demandai-je.

- C'est une forme de vie plutôt évolutive visiblement, capable de se protéger de son environnement comme elle le peut... Ho..., fit-il surpris.

Mon regard retourna sur le bout de corail et je le fixai pendant qu'il redevenait ce qu'il était avant. Cette chose n'était clairement pas une création scientifique, elle ne pouvait pas être aussi aboutie. Elle ne pouvait être qu'une seule et unique chose: une forme de vie évoluée. Elle s'adaptait à tout pour se préserver et elle pourrait peut-être même devenir dangereuse. C'était ce qui me faisait le plus peur en vrai, qu'elle ne nous attaque. Mais si cette chose venait réellement du corps de Rhys, était-il lui-même capable de cela? Mais si c'était le cas, il devrait tenter de protéger les gens, de veiller sur eux, de sauver les gens. Il devait devenir une sorte de héros. Mais en même temps, il ne pourrait pas vivre normalement, en se préservant de tout. En pensant qu'il ne souhaitait que se préserver, je repensais à cette fameuse capacité à absorber les protéines d'origines humaines. Pouvait-il en réalité être très dangereux ? Il m'avait pourtant tendu la main plusieurs fois, donc il ne devait pas être mortellement dangereux...

- Quelle incroyable spécificité, fit-il totalement aux anges. À chaque situation, il s'adapte... À chaque menace, il la prend en compte et se modifie pour devenir capable d'y résister... Imagine l'utilisation en aérodynamique, en aérospatiale, dans le domaine militaire...

- Professeur... Je pense que cela deviendrait trop dangereux, dis-je alors légèrement effrayée de ses idées.

- Mais imagine aussi son usage dans la construction... Il n'y aurait plus de ravages dûs à des inondations, des tornades, des tremblements de terre..., continua d'insister Bookie.

- Sans doute..., marmonnai-je doucement.

- J'aimerais effectuer un dernier test si tu me le permets, me signifia Bookie.

- Vous n'allez pas l'irradier ou le faire exploser au moins? demandai-je avec beaucoup de méfiance.

- Non, pour cela, j'aurais même besoin de toi, dit-il doucement.

- Besoin de moi? m'étonnai-je alors.

Bookie Barnes partit sans explication pour récupérer du matériel. Je le vis sortir un nouvel aquarium et le remplir d'eau. Ensuite, il plaça un objet rougi à l'intérieur ainsi qu'un thermomètre.

- En quoi va consister votre test exactement ? demandai-je en proie à une certaine angoisse.

- Je veux le plonger dans une eau à la température de l'océan ici, à Hawaï, dit-il doucement.

- D'accord..., marmonnai-je perdue. Et en quoi vous avez besoin de moi alors?

- Je veux que tu plonges ta main dans cet aquarium, précisa Bookie.

- Hein?

- Je veux savoir comment il va réagir avec un organisme jeune, moi c'était peu probant avec Hector, précisa Bookie.

Je n'étais pas franchement rassurée en fait, comment allait réagir ce morceau de corail avec moi? Je n'en savais absolument rien mais je relevai ma manche avant de m'approcher de l'aquarium. Bookie plaça le petit organisme à l'intérieur et me regarda.

- Vas-y doucement, dit-il alors.

Je plongeai d'abord le bout de mes doigts dans l'eau suffisamment chaude pour faire tropicale. À cet instant là, le corail ne réagissait pas à ma présence. J'enfonçai donc ma main plus profondément, de plus en plus profondément. Le corail commença alors à briller, sans doute inquiet de ma présence. Je déglutis une fois de plus avant de descendre à son niveau.

- Ho il palpite, dit alors Bookie en le regardant presque clignoter comme une guirlande de Noël.

En fait, ce n'était pas un rythme très proche de la guirlande, cela ressemblait beaucoup plus à un battement de cœur. Je bougeai très lentement le bout de mes doigts et je le touchai. Ce fut étrange mais j'avais comme une sensation me tenaillant, une sensation de sécurité. Je souris alors en sentant cela. Puis j'entendis un petit bruit d'eau. Je regardai alors partout, cherchant l'origine mais cela me semblait extrêmement lointain. Je regardai attentivement ce petit bout de corail et je pris la décision de le prendre complètement en main.

- Qu'est-ce que tu fais? demanda Bookie inquiet.

- Je ne pense pas qu'il soit dangereux, dis-je alors.

J'eus une sensation de chaleur, comme si j'étais en plein soleil. Je ressentais des choses, comme de l'inquiétude, de la peur, du stress... Ces choses, c'était le corail qui me faisait les ressentir. J'inspirai profondément en sentant encore plus l'angoisse s'emparer de moi et je fermai les yeux. J'avais l'impression d'entendre des voix, nombreuses, inquiètes. Puis soudain, je me sentis bien encore une fois comme rassurée. Une image m'apparut dans la tête et je retirai vivement ma main.

- Ça va? demanda Bookie inquiet.

- Oui, il ne se passe rien, mentis je alors.

Il s'était bien passé quelque chose, quelque chose d'incroyable même. L'image qui m'était apparue dans la tête, je savais ce que c'était. J'avais vu un visage doux et gentil, un sourire rassurant et la drôle d'impression d'être serrée dans des bras chaleureux et protecteur. Je n'avais plus de doute sur l'origine de ce corail, il n'était pas dans sa poche. C'était bien du corps de Rhys que cela provenait. J'en étais sûre que le visage que j'avais vu était celui de ma psychothérapeute, celui de leur mère, celui de Jaymes Carter. Elle savait... Elle savait ce qu'étaient ses enfants...

- Ha dommage, marmonna Bookie dégouté de l'échec.

Je relevai la tête vers l'horloge et je me rendis compte que j'avais passé près d'une heure et demi chez le scientifique.

- Merde, je me suis absentée trop longtemps, dis-je en essayant ma main.

- Ho oui, ton père va s'inquiéter, fit Bookie.

- Vous pourrez continuer vos analyses mais ne faîtes rien d'inconsidéré, stipulai-je alors au scientifique.

- Non, non, fit-il rapidement. Je ne vais pas garder les deux coraux, si le gouvernement venait à récupérer mes recherches, nous perdrions nos deux spécimens.

- Et donc? demandai-je méfiante.

- Tu vas repartir avec mais ne le sors plus jamais, m'ordonna Bookie. Ne le montre à personne, n'en parle à personne, pas même à ton père. Cache le dans l'endroit le plus sûr et le plus improbable que tu connaisses. Ce spécimen doit absolument être conservé secret. Il semble plus évolué qu'Hector. Moi je vais monter au Diamond Head et en chercher d'autres... Je ne comprends toujours pas comment tu as pu l'y trouver.

- Moi non plus, mentis je alors.

Je vis Bookie attraper un papier et noter quelque chose avant de me le donner.

- Si ce corail fait quelque chose d'étrange, appelle moi, c'est mon numéro, dit-il alors. Mais ne parle pas de lui au cas où nous serions sur écoute. Si il fait quelque chose, tu me demandes si je suis bien un restaurant qui fait des plats à base de fleurs.

- Euh... Ok, dis-je un peu perdue.

- Si jamais tu penses être suivie ou en danger, tu demandes simplement si je suis le spécialiste des piments d'Honolulu, précisa Bookie. Je saurai quoi faire. Et je rentrerai en contact avec toi, discrètement. Si c'est la première possibilité, on se retrouve immédiatement au Mémorial de Pearl Harbor. D'accord ?

- Plats à base de fleurs si il fait quelque chose, piments si danger et vous retrouver au mémorial..., repétai-je immédiatement.

- C'est parfait, je vais te raccompagner... Ne dis à personne être venue, précisa-t-il alors avant de me rendre mon bout de corail qui finit dans ma poche.

Je repassai ensuite dans la partie anarchique de la maison de Bookie Barnes, qui devrait franchement porter le même soin à son rangement qu'à son laboratoire selon moi. Je récupérai également mon sac à main et je me dirigeai vers la porte.

- Fern, nous avons peut-être fait la plus grande découverte de notre siècle, cela doit absolument rester secret, dit-il doucement avec la main sur la porte.

- J'ai dit que j'allais au musée d'art, avouai-je.

- Parfait, tu es intelligente. Ne rentre pas directement chez toi, fais des détours pour vérifier que personne ne te suit, dit-il ensuite.

- D'accord, dis-je consternée.

- Fais attention, dit-il en ouvrant.

- Ne faites pas n'importe quoi avec Hector, dis-je alors.

- Promis, fit-il avant de claquer la porte et de tout verrouiller.

Je soupirai de lassitude, Bookie Barnes ignorait que j'en savais sans doute plus que lui. Mais comment j'allais gérer cela maintenant ? Je savais des choses et j'étais peut-être encore plus en danger. Je décidai donc de remonter doucement la rue où les enfants jouaient, les gens s'occupaient de leurs jardins sans s'intéresser à ce qu'il se passait autour d'eux. Je pris le morceau de corail dans ma poche et je le regardai en avançant. Mais qu'est-ce qu'il se passait ici à Hawaï ? Et surtout qu'est-ce qu'il y avait dans l'océan ? Mais surtout pourquoi Rhys, ou sa sœur qui devait être comme lui sans aucun doute, s'en prenait aux sous-marin ? Je me posais beaucoup de questions en avançant et en observant le corail.

- Tu n'as pas hésité longtemps pour trouver quelqu'un capable de te renseigner, fit une voix derrière moi.

Je me figeai immédiatement sur le trottoir, cessant de marcher et déglutissant d'angoisse. Je n'osai pas me retourner mais je dus fermer les yeux. Je les rouvris et je me retournai vers le détenteur de cette voix. Appuyé sur le capot d'une berline blanche assez simple, il était là, habillé d'un jean et d'une chemise à manches courtes, me fixant de ses yeux aussi beaux que l'océan.

- Rhys, dis-je en essayant de cacher le corail. Tu fais quoi dans le coin ? dis-je pour tenter de me donner consistance.

- Moi? dit-il surpris. J'attendais que tu sortes de chez Bookie Barnes, avoua Rhys.

- Qui? dis-je en faisant semblant de rien.

- L'expert en biologie marine le plus fou de l'île, précisa Rhys.

- Il n'est pas fou ! dis-je consternée.

- Je sais mais lui l'ignore, fit Rhys calmement. C'est évident.

- Qu'est-ce que tu es? demandai-je alors.

- Tu veux vraiment le savoir ? insista Rhys.

- Oui... Tu m'as sauvée sans hésitation... Pourquoi l'avoir fait en prenant un tel risque?

- Pur instinct, j'ai réagi sans m'en rendre compte, avoua Rhys.

Je le regardai étonnée et étonnement touchée de son propos. Pour me protéger, il avait réagi sans réfléchir. Cela pouvait signifier que je lui plaisais un peu... Ou au moins qu'il m'appréciait.

- Tu as été blessé n'est-ce-pas ? demandai-je alors.

- Très légèrement, je vais bien, avoua Rhys.

Je replaçai ma main devant moi et je l'ouvris après avoir vérifié que personne ne nous regardait. Je reportai ensuite mon regard sur lui et il me fixait droit dans les yeux.

- C'est... Ton sang? demandai-je.

- Une forme solidifiée oui, précisa Rhys. Juste au moment du choc, j'ai altéré mon sang pour le solidifier et résister à la plaque de calcite.

- Donc ton sang est normal? demandai-je.

- Tu veux les explications ici? me questionna Rhys.

- Euh... Je...

- Monte dans la voiture et je t'emmène là où tout a commencé pour moi et Alvina, dit-il doucement.

Je regardai la voiture avec angoisse. Si Rhys voulait me faire taire, je serai à sa merci. Si il voulait me faire du mal autrement aussi. Et pourtant, j'étais étonnement convaincue qu'il ne me voulait pas de mal.

- Tu veux récupérer ça ? demandai-je alors en lui montrant le corail.

Rhys sourit et ouvrit doucement la main. Je m'approchai alors de lui, sur me gardes quand même. Je déposai alors le morceau de corail au creux de sa main. Il allait pouvoir le cacher. Du moins je l'imaginais à la base car dès l'instant où j'avais déposé le corail, il s'enfonça dans sa main et disparut. Il s'était tout bonnement aggloméré à Rhys. Je le regardai choquée en ouvrant la bouche de stupeur.

- Tu vas découvrir un monde dont tu ignorais tout, fit-il en se dirigeant vers la portière côté conducteur.

- Rhys...

- Le choix t'appartient, si tu désires comprendre vient, sinon pars... Plus personne ne te croira maintenant que j'ai récupéré ce morceau de moi, fit simplement Rhys.

Je le regardai fixement, comprenant que j'avais été idiote de lui donner. Je n'avais plus rien maintenant... Mais je voulais savoir. D'un pas décidé, je me dirigeai donc vers la portière et les plus étranges découvertes de ma vie.



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