The Life Eaters
CHAPITRE IV
[Cours de Surf]
Une semaine assez normale pour moi était passée depuis la rentrée, me permettant de commencer à bien nouer des liens avec ma nouvelle bande d'amis. J'étais déjà extrêmement proche de Melissa et Maya, comme si nous étions amies depuis très longtemps. Cependant, ce jour là, nous étions mercredi et ma bande d'amis avait entraînement. Je m'y étais faite mais cela m'arrangeait presque en fait. En effet, j'avais mes séances avec ma psychothérapeute. Comme cela allait devenir l'habitude, je comptais bien m'y rendre avec Jason. La différence était principalement que je m'étais arrangée pour accompagner mon si gentil petit frère à un cours de surf. J'avais poussé Papa à accepter que Jason essaye au moins une fois. Ensuite nous comptions estimer si cela constituait un énorme risque pour lui ou si il pouvait continuer. Sachant que j'avais encore un peu de temps, j'avais commencé la lecture d'un livre dont je venais de faire l'acquisition : La déesse des mouches à feu. Oui, c'est bien cela, j'avais voulu savoir ce que Rhys lisait. J'avais honte de moi de faire ça, ça ressemblait à de la curiosité idiote d'une fille sous le charme. Cependant, à mes yeux, connaître les goûts littéraires de quelqu'un aidait à le connaître lui. Il ne m'avait plus vraiment adressé la parole depuis le cours de sciences, à part dans d'autres cours de sciences étant donné que nous étions obligés d'être en binôme. Cependant, ces mêmes conversations ne dépassaient jamais le cadre du simple cours. Ce livre, il était franchement surprenant, trop parfois. L'héroïne du livre vivait dans un petit village du Québec et noyait son ennui dans la drogue et les expériences sexuelles. Le plus compliqué était la quantité, presque industrielle, d'expression typique. Il y avait de tout: chum pour petit ami, mess pour la drogue, campe pour un chalet, frencher pour embrasser, crisser pour se moquer et mon préféré pantoute qui signifiait rien du tout. Pour être totalement honnête, je passais mon temps à naviguer entre la version numérique du livre et un dictionnaire. Et pour parfaire le tout, la jeune héroïne avait pour livre préféré Christiane F, qui semblait la pousser à faire tout et n'importe quoi pour oublier sa vie de merde. J'avais même découvert que ce livre avait été adapté en deux mille vingt-et-un en film, que je me promettais secrètement d'essayer de regarder. Je jetais de nombreux coups d'oeil à l'heure sur mon téléphone, je ne désirai pas être en retard. Je finis rapidement le passage légèrement gênant où l'héroïne et sa meilleure amie passaient Noël ensemble et avaient une petite relation saphique, plaçant un marque page dans l'application et la refermant. J'attrapai rapidement mes chaussures que j'enfilai et je me rendis dans la chambre de mon petit frère. Il était occupé à assembler son jeu de construction dont les pièces multicolores s'emboîtaient les unes dans les autres. Je m'approchai alors doucement dans le seul but de poser ma main sur son épaule. Il se savait en sécurité donc, il ne sursauta pas, se retournant simplement en arborant son sourire si craquant.
- { Nous allons sortir} signai-je alors.
- { Tu vois ton docteur ?} demanda quand même Jason.
- { Oui, et ensuite on ira voir pour t'apprendre à surfer} répondis-je en utilisant un signe spécialement appris.
Mon petit frère devenu complètement survolté sauta immédiatement sur ses pieds et fondit sur son sac à dos. Je l'avais spécialement préparé, y glissant quelques gâteaux pour son goûter mais aussi du jus de fruit. J'y avais quand même glissé un t-shirt de rechange et une serviette mais je doutais tout de même fortement que l'instructeur mette à l'eau un enfant dès le premier cours. La serviette servirait pour rester sur la plage. Je le regardai fixement pendant qu'il attachait ses lacets, il commençait vraiment à saisir le truc pour faire le nœud. Je souris en me disant que Maman serait très fier de lui, qu'il puisse grandir aussi Normal que possible. Penser à elle me faisait du bien et je savais que j'allais aborder le sujet avec ma psychothérapeutes. Une fois le petit bout de chou totalement prêt, nous pûmes descendre. Une fois sortis de la maison, je pris soin d'envoyer un message à mon père pour lui signifier que nous nous mettions en route. Son travail commençait à se compliquer car les exactions commises sur les équipements de la marine continuaient sans qu'ils ne puissent trouver de preuve durant leur enquête. Les agents du NCIS n'avaient quasiment aucune piste, à part peut-être celle d'activistes écologistes intégristes. Marchant dans la rue, je réalisai que j'étais vraiment sur un quartier de militaires, cela se voyait aux panneaux, aux drapeaux et au fait que souvent, on voyait des hommes et des femmes en uniforme entrer et sortir des maisons. J'aimais cette ambiance depuis toujours, cette sensation que nous étions en sécurité et surtout que tous ces gens savaient ce que nous vivions quand un membre de notre famille était envoyé en mission. Moi, il y avait longtemps que je n'avais plus l'angoisse de savoir Papa partit en mission, sa dernière affectation en tant que militaire, avant son intégration au NCIS, avait eu lieu l'année de mes sept ans et je me rappelais encore de mes larmes qui coulaient lorsque j'avais reçu un appel pour mon anniversaire de mon père, partit je ne savais plus où. Savoir que toutes ces mères savaient ce que cela faisait de vivre sans jamais savoir si un officier n'allait pas venir sonner à la porte et annoncer une bien triste nouvelle. J'étais assez heureuse pour Jason, qu'il n'ait jamais eu à vivre ça. Nous arrivâmes enfin devant la maison de Jaymes Carter, me faisant réaliser que j'étais restée plongée dans mes pensées pendant beaucoup de temps. Je passais la porte après avoir sonné trois fois, signe que j'étais là pour mon rendez-vous avant de passer la porte. Je partis m'asseoir dans la salle d'attente, tenant Jason contre moi. Je regardai ces magnifique photos de la barrière de corail qui ornaient les murs. Elles étaient toutes sublimes, dommage que je ne sache pas nager, j'aurais pu l'admirer de mes propres yeux. La porte à ma droite s'ouvrit, laissant sortir une jeune femme blonde et très maigre.
- Au revoir Jaymes à la semaine prochaine, dit la femme d'une voix assez faible.
- Fais attention à toi, dit alors Jaymes Carter avant de tourner la tête vers moi. Entre Fern.
Je la vis faire signe de la main à mon petit frère pendant que nous passions la porte. Lui, il fila directement jouer. Inutile d'y prêter attention, je préférai avancer vers les poufs.
- Installe toi, je passe un petit coup de fil, dit-elle en attrapant son téléphone.
Je la regardai faire en m'installant confortablement.
- Alvie, elle rentre chez elle, ses enfants ont été sages? demanda-t-elle doucement. Hmmm Humhum... Ok... Rentre, j'ai encore une patiente aujourd'hui et après on va au cinéma entre filles. Je t'aime... Attention sur la route.
Je la vis raccrocher et je souris en la voyant s'installer.
- Rhys vous accompagne? demandai-je alors par acquis de conscience.
- Hein? Non, dit-elle après son instant de surprise. Je fais des activités avec chacun d'eux séparément, pour ne pas toujours rappeler qu'ils sont inséparables. Tu connais le prénom de mon fils?
- J'ai plusieurs cours avec lui, un ou deux avec votre fille, dis-je poliment.
- Ils ont été gentils? Ils ont tendance à être bourrus, avoua Jaymes en riant.
- Ça va, dis-je simplement pour ne pas m'éterniser sur le lycée. C'est votre mari qui passe sa soirée avec votre fils?
- Je ne suis pas mariée, m'assura Jaymes. Je les ai adoptés seule.
- Ho pardon, dis-je gênée.
- Il a un petit boulot, Alvie garde des enfants, dit-elle alors.
J'avais beaucoup de mal à imaginer Alvina et son caractère être capable de gérer des enfants en bas âge. Mais après tout, je ne la connaissais pas vraiment.
- Euh..., hésita Jaymes. Ma fille m'a dit que tu avais réagi quand tu as su qu'ils étaient mes enfants... Désire tu que je te recommande un confrère ?
- Non... Pourquoi ?
- Il est déjà arrivé que des élèves du lycée aient peur que je ne révèle des choses à mes enfants, ce qui n'est pas le cas, dit-elle doucement.
- C'est ce qu'Alvina m'a dit, dis-je honnêtement.
- Bien, où en étions nous restées la dernière fois? demanda-t-elle en se posant soigneusement.
- Vous m'aviez demandé de faire des choses du type loisirs... J'ai trainé un peu au lycée avec mes nouvelles amis, dis-je sincèrement. Je n'ai pas fait beaucoup d'autres choses. J'ai pris du temps pour me consacrer à la lecture dans mon coin.
- Je ne m'attendais pas à ce que tu partes faire la fête tout de suite, m'assura Jaymes en riant. Mais même te laisser du temps pour lire est important, je comprends que tu t'inquiètes pour lui.
- J'essaye Jaymes mais... C'est assez compliqué, on essaye de lui trouver une activité, nous y allons après, précisai-je immédiatement.
- Ho c'est parfait, pour lui et toi te détendre un peu, m'assura Jaymes. Tu es prête à parler de ta mère ou tu veux parler d'autre chose ? Le lycée peut-être ?
- Je pense que l'on peut parler de Maman, je n'ai pas eu de soucis au lycée à part une professeure sortie des enfers...
- Madame Rosebury, je présume ? demanda Jaymes me surprenant un peu. Je connais le spécimen.
- C'est une patiente ? demandai-je choquée.
- Quand bien même elle le serait, je n'aurai pas le droit de te le dire, me rappela Jaymes avec douceur. Mais j'ai déjà eu le loisir de la rencontrer, elle était la professeure principale de mes enfants l'année dernière et j'en garde un souvenir impérissable... Dans le mauvais sens du terme.
- Je confirme, dis-je en riant avant de frotter mes mains sur mon pantalon. Je commence par quoi?
- Ce dont tu as envie de parler Fern, parler de ta mère doit être assez rare non? demanda-t-elle.
- C'est vrai... Parfois Jason pose des questions et on y répond mais à part quelques souvenirs, nous ne parlons pas beaucoup de Maman avec mon père, dis-je alors. C'était l'amour fou entre eux, ils se regardaient encore comme si ils venaient de se rencontrer quand ma mère est... Je n'avais jamais vu Papa aussi mal que quand c'est arrivé, à part quand on a diagnostiqué le cancer.
- C'est une façon comme une autre de ne pas craquer, assura Jaymes.
- Papa dit souvent que je lui rappelle Maman, dans ma personnalité surtout, précisai-je.
- Peut-être un mimétisme, c'est courant. Un enfant né dans une famille finit par en adopter les habitudes, dit-elle en souriant.
- Je crois que je n'avais pas réalisé, dis-je honnêtement.
- Quoi donc?
- Que... Quand on nous a dit qu'elle avait un cancer... Enfin quand Maman m'a expliqué, me corrigeai-je immédiatement, je n'avais pas compris qu'elle pouvait mourrir... J'aurai dû lui dire plus souvent que je l'aimais...
- Fern, ta mère savait sans doute cela, dit-elle doucement en me regardant.
- Oui mais... On s'occupait tellement de Jason... On apprenait la langue des signes... Je me rends compte que Maman essayait de m'apprendre tout ce qu'elle pouvait...
- Compréhensible tu ne crois pas?
- Si... On a même eu les conversations gênantes... Elle pensait que Papa ne pourrait pas comprendre ou répondre à mes questions, avouai-je en souriant.
- C'est en effet compliqué, fit-elle en souriant et parlant sans doute pour son fils.
- J'étais un peu jeune mais je pense qu'elle voulait le faire... Puis j'ai commencé à la voir maigrir... Je n'osais pas demander comment ça allait...
- Fern, tu ne dois pas t'en vouloir, tu étais une enfant, précisa Jaymes.
- Oui mais quand même... Elle continuait de gérer tout dans la maison... J'aurais dû l'aider mais j'en avais que pour la gymnastique... Je lui demandai même encore de m'emmener, dis-je gênée. Et elle, alors qu'elle devait tellement vouloir se reposer, se détendre, elle restait assise durant près de trois heures tous les deux jours pendant que je faisais mes exercices... Et elle était malade...
J'avais serré les poings en évoquant ce détail qui me faisait me détester un peu. J'avais aussi relevé la tête vers Jaymes qui me regardait fixement en griffonnant quelque-chose.
- Fern... Tu ne fais plus de gymnastique ? demanda-t-elle.
- Non, je n'ai plus le temps avec Jason.
- As-tu décidé de cela pour te punir? demanda Jaymes.
- Pardon ?
- Ton activité, dit-elle simplement. Il est clair que tu t'en veux d'avoir demandé à ta mère de t'emmener. Je te soupçonne d'y avoir renoncé pour te punir de ce temps qu'elle te donnait.
- C'est du temps qu'elle aurait pu garder pour se reposer, dis-je quand même. Elle n'aurait pas dû me le consacrer.
- Fern, ta mère voulait te consacrer ce temps. Je pense même que te voir faire cela devait l'enchanter, l'aider à ne plus penser à sa maladie, m'expliqua Jaymes.
- Vous pensez?
- Bien sûr, assura Jaymes. Sache que passer du temps avec ses enfants, c'est incroyablement bon. Je pense que ta mère voulait te regarder t'exercer et qu'elle le faisait avec fierté.
- Ha...
- Oui, parfois j'ai envie de les étrangler mais quand je passe du temps avec mes enfants, je me sens à nouveau jeune, dit alors Jaymes. J'en oublie la fatigue, l'exaspération, les soucis du quotidien. Ta mère voyait peut-être tes entraînements comme un moyen ne plus songer à sa maladie.
- Je sais pas...
- Je te donne autant mon avis de psychothérapeute que de maman, avoua Jaymes.
- Je comprends... Mais je ne peux plus. Je comprends que je dois penser à moi mais trois heures... Ce n'est pas possible. Papa rentre assez tard, surtout en ce moment... Je n'ai pas le droit de parler de ses enquêtes...
- Je comprends... Donc tu passes beaucoup de temps avec Jason... Ton père le voit-il ? demanda Jaymes.
- Oui, il le voit le soir et le matin et il participe à son coucher. Il lui lit une histoire... Enfin je traduis parce que Papa a du mal à assimiler la langue des signes...
- Et toi?
- Ho je me couche plus tard... Je prends souvent mon dessert pendant que Papa dîne, dis-je alors. Et on discute de nos journées.
- C'est bien, c'est une bonne méthode, avoua Jaymes. Tu te couches très tard?
- Ho non, vingt-trois heures tout au plus... Minuit ou une heure le week-end parce qu'on regarde la télé ensemble, avouai-je. On faisait déjà ça avec Maman... Pas aussi tard évidemment.
- C'est une bonne idée de perpétuer cette habitude, avoua Jaymes.
- Oui...
- Veux-tu parler de sa mort ? demanda Jaymes ensuite.
- Je crois que je n'ai jamais hurlé aussi fort, avouai-je sans le moindre détour. J'ai pleuré et pleuré quand j'ai compris que l'appareil montrait l'arrêt de son cœur... Papa a dû me tirer hors de la chambre, je ne lachais pas le lit... J'avais l'impression que si je le lachais, Maman allait mourir...
- C'est une réaction normale Fern, avoua Jaymes. Tu étais très jeune encore.
- C'est horrible... Savoir qu'un des êtres les plus importants ne sera plus là... Pendant des jours et des jours, j'ai dormi dans la chambre de Papa... Je voulais me dire que c'était un rêve, qu'elle allait rentrer de l'hôpital et dire: "Je suis guérie"... Ce n'est jamais arrivé...
- Le déni fait partie du processus, comme la colère, ou l'acceptation...
- Je ne suis jamais vraiment passée par la colère, précisai-je. J'ai au contraire tout fait pour simplifier la vie de Papa. Je faisais mon maximum en cours, je rentrais vite, je ne sortais pas...
- Tu as donc estimé que tu ne devais pas causer de soucis supplémentaires, tu as mûri plus vite que les jeunes de ton âge, assura Jaymes.
- Peut-être... C'est vrai que je n'arrivais plus à penser à faire les magasins, à discuter de musique... Je ne voulais que rentrer pour retrouver Jason.
- Car Jason est tout simplement ce que ta mère a laissé de plus précieux à tes yeux, précisa Jaymes. Et je devrais t'applaudir de ton courage.
- Merci... Je peux laisser tomber sa mort ? demandai-je immédiatement.
- Si tu veux...
- Je préfère évoquer les souvenirs joyeux, sinon je vais pleurer...
- Tu diriges la séance mais tu as le droit de pleurer Fern, c'est normal. Il t'est inutile de garder tout en toi, assura Jaymes.
- Je sais mais ça changera rien... Maman n'est plus là... Et elle a laissé un vide énorme. J'essaye de le combler mais je ne suis pas elle...
- Tu as conclu ce que je voulais, assura Jaymes en attirant mon regard. Je voulais que tu réalises que tu es Fern, pas ta mère. Tu es une adolescente, tu dois songer à le rester. C'est bien d'aider mais tu n'es pas parfaite, nul ne l'est.
- Je sais...
- Mais faire en sorte que ton père ne s'inquiète pas est parfait, assura Jaymes. Tu aurais pu te rebeller contre tout autour de toi et tu as préféré agir avec maturité. Tu te rends compte de cela?
- Oui, je sais que certains pensent que ce n'est pas une bonne idée, que j'aurais dû en profiter, je l'ai souvent entendu mais... Ce n'est pas moi, dis-je alors.
- Ce n'est pas un crime, avoua Jaymes. Tu peux tout à fait vouloir de temps en temps ne penser qu'à toi et seulement à toi. Ce serait normal malgré tout.
- Je sais mais pour l'instant, je n'ai rien qui me pousse à faire passer Jason et ma famille au second plan, dis-je alors en la fixant attentivement. Et puis j'ai pensé à ce que vous disiez... Plus tard, à l'Université, j'en profiterai un peu plus. Pour l'instant, mon loisir principal reste la lecture et j'aime ça.
- C'est très bien également... D'ailleurs, qu'est-ce que tu lis? demanda Jaymes.
Je ne sus que répondre sans éveiller sa panique. Mais après tout, cela ne ferait rien de mal. Je parlai donc des livres que je lisais, tous plus tristes et mélancoliques les uns que les autres. Par intérêt, ma psychothérapeute me demandait d'en parler un peu à chaque fois, peut-être ne les connaissait elle pas tous.
- Et euh... Voilà..., dis-je gênée.
- Ce sont des livres très matures, je pense entre autres à Christiane F, précisa Jaymes.
- Oui mais je lis aussi Harry Potter ou le Seigneur des Anneaux, je ne reste pas que dans le drame, dis-je avec empressement.
- Plus simple mais quand tu vois que Harry est quand même orphelin, ce n'est pas plus joyeux, assura Jaymes avec un petit sourire.
- Je suis plus sur le côté magique, dis-je en riant de bon cœur.
- Et que lis tu en ce moment ? demanda Jaymes.
- J'ai commencé les Déesses des mouches à feu, dis-je sans réfléchir.
Je vis ma psychothérapeute lever les yeux vers moi en réfléchissant un petit instant. Je venais de comprendre qu'elle faisait le lien avec Rhys.
- Je crois que mon fils le lit aussi, dit-elle en y réfléchissant encore.
- Oui je sais, dis-je avec empressement et sans m'en rendre compte.
La psychothérapeute qui me faisait cette séance me fixa alors. J'aurais juré qu'elle imaginait que je voulais faire mon intéressante auprès de son fils. Elle me regarda fixement et attendit au cas où je désirerai préciser.
- J'avais fait tomber mes affaires et votre fils m'a poliment aidée à ramasser. Il avait déposé le livre pour le faire... Et à la pause déjeuner, j'ai remarqué qu'il lisait le livre...
- Mes enfants aiment ce genre d'oeuvres en général, d'ailleurs nous allons aller voir un film du genre, j'en suis certaine, avoua Jaymes en me faisant rire. Tu avais remarqué que Rhys lisait?
- Oui, on discutait d'eux et..., dis-je avant de me figer.
Jaymes m'écoutait tranquillement et n'avait pas vraiment tiqué sur mon propos. Pourtant elle me fixait amusée.
- Tu veux savoir quoi ? demanda-t-elle.
- Je demandais juste qui ils étaient à la base, je les trouvais renfermés sur eux-mêmes mais c'est souvent le cas avec les jumeaux je pense, dis-je alors.
- Effectivement... Rhys et Alvina ignorent leurs origines, précisa Jaymes.
- Pardon? m'étonnai-je alors.
- Je sais que les rumeurs les plus folles circulent sur mes enfants, ils en parlent avec dédain et moquerie, précisa-t-elle ensuite.
- Je ne...
- Mes enfants ont été trouvés errant à l'âge de deux ans et demi, seuls au milieu de la plage, m'expliqua Jaymes. Ils ne parlaient pas vraiment, s'exprimaient à peine. J'ai été engagée pour essayer de nouer un lien et ce fut naturel. Je les ai adoptés ensuite. Rien d'extraordinaire vois-tu.
- Merci de votre honnêteté... Cela ne les généra pas? demandai-je malgré tout.
- Ce qui se dit entre ces murs reste entre ces murs, avoua Jaymes. Je ne révélerai jamais rien sur mes patients. Sauf si un crime grave se prépare comme me l'autorise la loi.
- Quelque chose de grave ? m'étonnai-je un peu.
- Oui, si il s'avère que tu t'apprêtes à commettre un meurtre, un massacre ou un viol par exemple. À l'inverse si cela a déjà eu lieu, je n'ai pas le droit d'en parler. Donc choisis bien le moment, me dit-elle avec un clin d'œil.
- Je n'envisage de tuer personne, dis-je en riant avant de prendre un air diabolique. Pour l'instant...
- J'aime cet humour, me fit Jaymes en riant avant de regarder l'heure.
Je tournai la tête et encore une fois, le temps était passé très vite. Je me sentais si bien dans ces consultations que les conversations restaient longues, comme avec une amie. Elle était donc assez douée.
- Ha merde... Déjà ? dis-je intriguée.
- Cela veut dire que tu te sens en sécurité ici, j'apprécie, précisa Jaymes.
- D'accord... Vous voulez parler de quoi la prochaine fois?
- De ce que tu veux, tu choisiras, dit-elle en souriant. Je te dirai juste de continuer à t'adapter du mieux que tu peux.
Je me levai immédiatement, rassurée de la situation. Jaymes fit de même mais me regarda attentivement.
- Je me demandais, est-ce que tu crois que Jason pourrait avoir besoin de séances aussi? demanda-t-elle doucement.
- Je... Je ne sais pas en fait, dis-je alors. Je suppose que l'absence de Maman doit lui peser mais je ne sais pas si il pourrait s'exprimer avec une étrangère.
- Je comprends, et puis surtout il y aura le problème de la communication, dit-elle doucement. Il pourrait ne pas oser le dire si c'est toi qui traduis.
- Oui... Il apprend à écrire et je sais que l'école lui plaît en tout cas, précisai-je quand même.
- Et cela se passe bien avec les autres enfants ? demanda Jaymes en me menant vers lui.
- Il est comme un coq en pâte, les petites filles sont hyper protectrices avec lui. Il ne joue pas comme les autres garçons et préfère dessiner par exemple.
- Forcément, il est plus calme. Déjà un petit bourreau des coeurs, sourit Jaymes amusée.
- Ou alors une jolie poupée intéressante, ajoutai-je en souriant et m'approchant de lui.
- C'est pour ça que j'ai beaucoup apprécié les nouvelles gammes de poupées Barbie, en fauteuil roulant, avec une prothèse et même avec des rondeurs, cela montre que le corps idéal n'existe pas, assura Jaymes.
- Bien, dis-je en m'agenouillant devant Jason. { Mon cœur, on y va}.
- { Dis au docteur que j'aime beaucoup les briques de toutes les couleurs} signa Jason amusé.
- Il aime beaucoup le choix de briques, dis-je à Jaymes.
- Il devrait voir la chambre d'Alvina, il devrait tout fou, assura Jaymes. Je crois qu'il y a un plus gros choix que dans un magasin spécialisé.
- Ho... Je suis étonnée, dis-je alors.
- Mes enfants ont toujours eu assez peu d'amis et surtout ils ont dû apprendre à s'occuper pendant mes heures de travail. Il ne sont entrés dans une école qu'à l'âge de neuf ans, quand ils ont appris à faire confiance à des gens qu'ils ne connaissaient pas. Donc...
- D'accord, je comprends qu'elle garde des enfants, elle doit pouvoir leur montrer, dis-je en souriant. Au revoir Jaymes.
J'ouvris la porte du cabinet et je la passai, réalisant qu'Alvina patientait là. J'ai juste levé la main pour la saluer et elle m'a ignorée royalement. Au temps pour moi. Je repris donc la route, tenant Jason par la main. J'avais sorti mon téléphone, premièrement pour avertir Papa évidemment et deuxièmement, pour vérifier où j'allais devoir m'adresser pour l'initiation de Jason aux joies de la glisse sur les vagues. Nous nous dirigeâmes prestement vers la plage, Jason marchant de plus en plus vite d'ailleurs. J'étais en assez surprise de sa motivation à faire des choses comme ça. D'ailleurs, à peine arrivé sur la plage, il fixait les vagues avec un plaisir non feint. Je le guidais vers un cabanon de plage, équipé comme un magasin de surf. Un vieillard, avec un bandeau digne des hippies ou d'un roman de Kerouac autour de la tête, tenait le stand. Contrairement à ce que j'imaginais, il y avait une tablette et une connexion Wi-Fi, ainsi que ce qu'il fallait pour se désaltérer.
- Bonjour Mademoiselle, fit l'homme poliment. Bonjour jeune homme.
- Oui, bonjour, dis-je poliment en réponse. Je vous ai téléphoné pour l'initiation hier soir...
- C'est le petit jeune homme atteint de surdité ? demanda-t-il. Oui, j'ai prévenu l'instructeur.
- Cela ne posera aucun problème ? demandai-je alors.
- Il verra lui-même, par contre vous allez devoir remplir un peu de paperasse, dit-il en me tendant une fiche.
Je commençai à remplir ses informations personnelles pendant qu'il s'impatientait le petit garnement, m'inquiétant un peu quand je vis les lignes pour les personnes de contact, le groupe sanguin, l'assurance maladie, ce genre de choses.
- Est-ce dangereux ? demandé-je inquiète.
- Les enfants ne mettent pas les pieds dans l'eau avant au moins six séances et seulement si le niveau de natation est bon. Mais vous savez, il peut glisser sur la plage et se blesser, comme n'importe quel adulte. Il s'agit simplement d'une obligation d'un point de vue des assurances. Nous n'avons jamais d'accident et quand il arrive quelque chose, ce sont des petits bobos d'enfants.
- Ha d'accord, dis-je soudainement angoissée.
- L'instructeur a suivi une formation avec les secouristes de la plage malgré son âge, dit-il simplement. Il vit ici depuis toujours alors la plage c'est sa seconde maison.
- Ça me rassure, dis-je en tiquant quand même sur le jeune âge. Et euh...
- Le paiement ? Uniquement après la cinquième leçon, précisa le vieillard.
- Non... Je dois louer une planche... Une tenue? demandai-je en voyant passer une femme en combinaison de plongée aussi utilisée par les surfeurs.
- Seulement quand il ira dans l'eau, nous avons mis cela en place pour que les parents sachent vraiment que leur enfant aime avant de payer, la vie est assez chère sur une île aussi touristique. Ce n'est pas l'Alaska... Quoique c'est quand même cher, marmonna le vieillard en y repensant.
- Vous connaissez l'Alaska? demandai-je étonnée.
- Je suis né à Juneau, fit-il alors. Mon neveu y est même garde forestier, c'est limite la police locale... C'est le dernier membre de ma famille avec sa fille. Mais nous nous voyons en visio.
- Ho d'accord, le changement a dû être brutal? demandai-je. Vous êtes venu pour le surf?
- Pour travailler dans un hôtel de Waikiki, dit-il en riant. Je n'avais jamais connu une température au dessus de vingt-cinq ! assura le vieillard en riant. J'espère qu'il va aimer... C'est là-bas !
Je regardai la direction avant de saluer l'homme et de tirer Jason par la main. Je pouvais voir un petit attroupement parental, téléphone en main prêts à immortaliser les exploits de leurs petits sportifs en herbe, ou se moquer de leurs échecs en famille, les parents ayant tous le même don pour vous rendre ridicule. Je m'en approchai, voyant tous ces gosses dopés à l'adrénaline pour pas grand-chose. Une personne en tenue de plongée, sans doute l'instructeur, finissait de bloquer des planches riquiquis dans le sable sur une sorte de petite excroissances, sans doute pour leur apprendre l'équilibre. J'attendis en tenant Jason légèrement inquiète.
- Bien, est-ce que tout le monde est là ? demanda alors le surfeur en se retournant.
Je fus sidérée de l'identité de l'instructeur. Il s'agissait tout bonnement de Rhys. J'étais surprise bien sûr mais surtout honteuse de ma réaction. J'avais écarquillé les yeux, autant de surprise qu'en découvrant une tenue extrêmement moulante, logique vu la matière, sur un corps clairement musclé par ce qui devait être des années de pratique. Je commençai même à comprendre ce que certains disaient sur les vestiaires et surtout pourquoi les filles voulaient sortir avec ce mec. J'ignorais tout de sa personnalité mais il était vraiment très à son avantage dans cette tenue qui moulait absolument tout. Je dus reprendre mes esprits quand il parla.
- Quelqu'un aurait-il une question avant? demanda-t-il aux parents.
- Moi! dis-je en levant la main.
- Ho tiens, je t'écoute, dit-il simplement.
- Tu peux venir deux secondes ? demandai-je gênée.
Il me regarda surprise mais il s'approcha quand même. Je m'étais un peu mise à l'écart en tenant Jason.
- Salut bonhomme ! fit-il en touchant sa tête.
- Euh... Mon petit frère est sourd, dis-je rapidement.
- Ha oui, Bob m'avait prévenu..., fit un Rhys des plus hésitants.
- Il ne peut pas surfer? demandai-je déjà triste pour Jason.
- Si il peut, ça n'est pas un problème mais pour les consignes...
- Il sait lire sur les lèvres, dis-je immédiatement.
- Je me déplace entre les enfants, dit-il calmement.
- Je peux traduire alors, insistai-je.
- Mais tu gèneras l'équilibre, rétorqua Rhys.
- Merde... Il va être déçu, c'est toujours compliqué, marmonnai-je.
Je regardai Rhys en évitant de me concentrer sur le torse sculpté par sa tenue. C'était assez compliqué d'ailleurs. Mais j'allais devoir dire à Jason que c'était complètement mort et ce serait encore plus compliqué. Je soupirai de lassitude en pensant que son handicap le privait déjà d'un truc qui semblait clairement l'intéresser. Je m'agenoullai avant de lever les mains.
- Fern? C'est bien ça ? demanda soudainement Rhys.
- Oui, c'est bien ça, dis-je surprise en le regardant.
- Tu as un peu de temps après ce cours ? Tu avais prévu autre chose ? demanda Rhys.
J'étais choquée de sa question. Était-il en train de me proposer un truc alors qu'il refusait Jason? C'était ce genre de garçon ?
- En quoi est-ce important ? demandai-je méfiante.
- J'ai vu qu'il semblait intéressé ce petit gars, fit-il en passant sa main sur la tête de Jason. Je peux lui donner un cours privé après. Je pourrais me consacrer qu'à lui comme ça.
Je savais pour avoir lu sur le site que c'était cinquante dollars l'heure de cours privé. Je n'avais pas d'argent sur moi, du moins pas assez.
- C'est trop cher.
- Non mais c'est gratuit je veux dire... Je finissais avec ce groupe et je comptais surfer ensuite, dit-il alors. Je peux tout à fait considérer cela comme l'initiation, ainsi tu pourras signer devant lui.
- Tu ferais ça ? demandai-je alors franchement reconnaissante.
- Dur de lutter quand les vagues t'appellent, précisa Rhys. Ça te convient ? Vous pouvez rester ou aller vous mettre à l'aise sur la plage.
J'avais bien prévu de me mettre en maillot si on serait resté longtemps sur la plage tous les deux mais maintenant j'étais un peu gênée de mon maillot une pièce tout noir et tout simple. Cela restait un maillot de bain et donc moulant. Je n'allais pas me mettre dans cette tenue surtout avec lui à côté. Je choisis de traduire à Jason avant que nous ne nous installions pas loin. Je pouvais ainsi voir en quoi consistait un cours. Visiblement le premier cours était assez simple. Je mémorisais déjà les consignes pour les traduire dans la langue des signes à Jason. Rhys était assez pédagogue en fait, expliquant soigneusement chaque partie de la planche et puis, il fit une démonstration. Lui, il était évident qu'il devait être né sur une planche de surf, son équilibre était totalement parfait, la planche ne bougeait pas d'un pouce malgré la musculature impressionnante de ses cuisses. Ensuite, il prit du temps avec chacun des enfants pour les placer sur la planche. Il avait par contre signifié aux parents qu'il allait devoir toucher les enfants et leurs jambes pour les placer correctement. C'était une bonne méthode et je le regardai alors faire aussi fixement que pouvait l'observer Jason. Et puis, en le voyant s'occuper avec autant de douceur et de bienveillance de tous ces enfants, je ne pus que songer que Rhys ferait un père génial. Et puis soudain je fus horrifiée de mes pensées. En effet, je ne pouvais que me demander si c'était réellement normal d'imaginer un garçon de seize ans en père et surtout pourquoi je m'étais dit cela. Je me serais crue dans ces fichus romans pour adolescentes. J'étais assez consternante mais pour autant je ne pouvais le quitter des yeux. En plus, il ne cessait de passer sa main sur son visage et ses cheveux tant ils faisaient chauds. Mon attention fut attirée par deux mères près de moi. En effet, celles-ci gloussaient en regardant Rhys.
- Je ne sais pas son âge mais les filles doivent être contentes, dit la première à la seconde.
- Arrête t'es choquante, il doit être en première année d'université, dit la seconde qui se trompait de deux ans.
- Quoi? Je suis mère célibataire moi et franchement... Je dirai pas non.
- Tu es complètement folle, fit la seconde en riant. Mais tiens toi bien, il semble vraiment très jeune.
Je regardai les deux femmes, amusée du propos. La première était célibataire et Rhys faisait plus vieux que son âge. Après tout, si c'était un étudiant, rien ne s'y serait opposé. Rhys était franchement sublime avec ce soleil brillant... Je réalisai que j'étais aussi consternante que la mère célibataire et j'eus envie de gifler.
- Et voilà les enfants, on se revoit la semaine prochaine, fit Rhys en souriant aux enfants.
- Seulement la semaine prochaine ? demanda la première mère, la célibataire, en s'attirant un regard mauvais de son amie.
- Désolé mais j'ai quand même mes cours à suivre, fit simplement Rhys.
- Et vous étudiez quoi? insista la femme en recevant un coup de sa voisine.
- Ho je suis au lycée, dit-il en réponse.
La tête affichée par la mère célibataire fut à placer dans les annales, elle était surprise et surtout gênée, surtout quand son amie la regarda avec un air du genre "je te l'avais bien dit". Et oui, il avait plutôt l'âge pour des filles comme moi. Enfin je me comprenais. Je vis Rhys se mettre à ranger les planches pendant que les enfants lui demandaient si c'était bien. Je me relevai immédiatement en aidant Jason et j'avançai vers Rhys. Il se vida une demi bouteille d'eau sur la tête avant de se retourner.
- Il fait chaud hein? dis-je en approchant avant de me dire que ma réplique était d'une platitude totale.
- Plutôt oui, ça va toi? demanda Rhys.
- J'y suis pas encore habituée mais bon, dit-il en regardant Jason avant de s'agenouiller. Tu peux lire? demanda-t-il en articulant soigneusement et montrant ses lèvres.
Jason confirma d'un hochement de tête positif et Rhys reprit la parole.
- Tu vas monter doucement, assura Rhys en montrant une planche.
Je laissais de l'espace aux deux garçons, me plaçant devant au cas où.
- Tu peux lui dire qu'il doit placer ses jambes de travers. La jambe sur laquelle il prend appui pour sauter à l'arrière..., me fit Rhys.
- Euh..., dis-je hésitante.
- Il est gaucher ou droitier ? demanda Rhys.
- Droitier, répondis-je alors.
- Donc c'est celle-là à l'arrière, assura Rhys.
Pendant que je signai à Jason cette information, celui-ci monta sur la planche et Rhys l'aida à se tenir droit. Je fus inquiète en le voyant gesriculer dans tous les sens pour tenir l'équilibre mais Rhys le tenait soigneusement.
- Je vais le lâcher, assura Rhys. Préviens le.
J'eus à peine le temps de le faire que Rhys le lâchait. Mon petit frère tangua alors d'avant en arrière avant de tomber de la planche. Heureusement, Rhys le rattrapa au vol.
- Il s'est fait mal? demandai-je en panique et en approchant.
- Je suis là, dit-il simplement. Il va avoir un peu plus de mal, le vent va se lever.
Je regardai attentivement Rhys en me demandant si il était complètement fou. En effet, il n'y avait pas la moindre brise. Jason remonta sur la planche et chercha encore son équilibre. Soudain, je pris une bourrasque en pleine face, faisant voltiger la moitié de mes cheveux qui était longue. Rhys rattrapa encore Jason de ses bras musclés et je le regardai immédiatement surprise. Il savait... Peut-être que des années de pratique permettaient de comprendre quand le vent changeait ou apparaissait, comme un instinct. Il devait faire de même avec les vagues.
- Tu peux lui signer qu'il soit regarder devant lui? demanda Rhys car Jason me cherchait du regard.
- Bien sûr, dis-je avant de signer. { Jason, regarde devant toi, vers moi} signai-je alors en me plaçant.
- Voilà... Doucement..., fit Rhys pendant que je signais ses propos. Maintenant plie les jambes...
Je signai pendant que Rhys faisait une démonstration. Il plaça lentement les pieds et les jambes de Jason qui gesticulait sur la planche. J'avais peur qu'il ne tombe, que sa tête ne percute la planche, qu'il ne se fasse mal.
- Fern, ton stress s'il-te-plaît, me fit froidement Rhys.
- Quoi ? dis-je vexée.
- Il te voit apeurée, il panique, je le sens à ses mains, dit alors Rhys pour développer.
Il était marrant lui, je m'inquiétais c'était normal. Je ne pouvais pas signer aussi vite qu'il parlait. Quand il était avec les autres enfants, il pouvait indiquer ses consignes qui étaient respectées assez vite. Il me fallait un peu de temps moi, je n'étais pas une machine.
- J'y peux rien ! dis-je vexée.
- Il ne risque rien, assura Rhys.
- Bah quand même..., avouai-je gênée.
- Là où il pourra réellement se blesser, ce sera durant le troisième cours, précisa-t-il ensuite.
- Mais euh pourquoi ? demandai-je alors.
- Les deux premiers sont consacrés à l'équilibre et à la position couchée dans le deuxième. Le troisième, je les fais passer de la position couchée à debout et là, ils tombent tout le temps.
- Et c'est censé me rassurer peut-être ? demandai-je outrée.
- Il vaudrait peut-être mieux que ce soit ta mère ou ton père qui l'accompagne, me fit Rhys en rattrapant encore Jason qui étonnement s'amusait bien. Je regardai alors Rhys, surprise et mal à l'aise.
- On n'a plus notre mère et Papa travaille juste tard le soir, avouai-je.
- Ha... Je suis désolé, je l'ignorais, précisa Rhys. Mes condoléances.
- Merci, dis-je alors.
- Il travaille dans quoi votre père ? demanda Rhys pendant que Jason remontait rapidement sur la planche, les mains de Rhys restant de plus en plus loin.
- NCIS, répondis-je alors.
- Ok, fit-il calmement en me fixant.
Il rattrapa alors Jason qui glissait et il le posa au sol. Je le vis s'agenouiller et lever les mains doucement.
- Monte sur ta planche, seul, fit-il en signant à Jason.
Je regardai la scène avec stupeur, tout comme Jason. Mon petit frère me regarda choqué de la situation, sans doute autant que moi.
- Je me suis trompé ? demanda Rhys.
- Non... Tu sais signer? demandai-je sous le choc. Pourquoi tu ne le faisais pas?
- Je ne sais pas signer, je ne fais que répéter les gestes que tu faisais, m'avoua Rhys.
Je l'observai alors encore plus choquée qu'avant. Ce garçon avait mémorisé chacun de mes gestes depuis le début ? Il était aussi intelligent que ça ? Être capable de reproduire les signes aussi aisément était littéralement inhumain. Et Jason était quant à lui tout à sa joie et fonça rapidement vers la planche sous mon regard inquiet. Je le vis presque sauter dessus et j'avais envie de foncer pour le rattraper mais il tenait clairement debout, pliant ses genoux et s'équilibrant avec ses bras. Je fus sous le choc car même avec une bourrasque, Jason tint sa position. Et soudain, je vis Rhys bouger son pied pour faire bouger la planche.
- T'es malade! dis-je en approchant brutalement.
- Ton frère est doué, fit Rhys pour me répondre. Regarde toi-même...
Effectivement, Jason tenait tout seul et il souriait, fier de lui. Je me plaçai devant lui et je fis le signe pour applaudir. Il sauta de la planche, fier de lui.
- Tu lui as dit quoi? demanda Rhys.
- C'est le signe qui remplace les applaudissements, dis-je alors.
- D'accord... Et bien le cours est déjà fini, il tient bien mieux que les autres sur sa planche, avoua Rhys fier de lui.
- Déjà ? dis-je en regardant l'heure. Ça a pris beaucoup moins de temps.
- Disons qu'il était seul, donc je ne regardai que lui, dit simplement Rhys.
- Je te remercie de ton temps quand même, on fera pareil les autres fois? demandai-je en replaçant mon t-shirt si large qu'il n'arrêtait pas de voler en tout sens.
- Oui, avoua Rhys en me regardant. J'ai encore du temps, tu veux essayer ?
- Moi? m'étonnai-je alors.
- Bah oui... J'ai rien à faire à part surfer donc...
- Je sais pas nager, j'irai jamais là-bas, précisai-je.
- Ça s'apprend aussi, m'avoua Rhys.
Jason tira alors sur mon t-shirt et m'obligea ainsi à l'observer. Il montrait la planche en sautillant sur place. J'avais compris qu'il voulait me voir dessus.
- Bon... Si tout le monde se ligue contre moi, marmonnai-je.
J'avançai vers la planche et je posai mon pied dessus avant de me hisser. Une seconde plus tard, je me sentis tomber en arrière.
- Hiiiiii, criai-je alors avant de soudainement sentir quelque chose dans mon dos.
- Je te tiens...
J'étais sidérée, j'étais dans ses bras. Il m'avait retenue par le ventre, sans effleurer une seule autre partie de mon anatomie. Et surtout il était rapide. Il poussa doucement sur hanches en essayant de me faire tenir. Je n'arrêtai pas de tanguer et ce fichu t-shirt faisait des siennes et me déséquilibrait. Rhys essayait de me tenir mais c'était compliqué. Je glissai encore une fois et il m'aida à me réceptionner au sol.
- Tu dois regarder devant toi, me conseilla Rhys.
- J'avais compris c'est comme la poutre mais la poutre elle bouge pas! m'énervai-je un peu.
- La poutre? Tu parles de celle de gymnastique ? s'étonna Rhys.
- Oui, j'en faisais avant..., marmonnai-je.
- Ça explique ton corps, fit alors Rhys.
Je tournai la tête brusquement vers lui, me sentant presque rougir. Il avait observé mon corps? C'était pas gênant ?
- Tu devrais enlever ton t-shirt, il est trop large, assura Rhys.
- Ben tiens, marmonnai-je.
- Ho pardon... Tu n'as peut-être rien en dessous, fit-il mal à l'aise.
- Si j'ai un maillot de bain, avouai-je gênée avant d'enlever le t-shirt.
- Bon remonte maintenant, me conseilla Rhys sous le regard fixe de mon petit frère.
C'était de pire en pire, je me sentais de plus en plus mal à l'aise. Ses bras ne cessaient de ne pas rattraper et je ne faisais que sentir ses pectoraux dans mon dos. La situation était extrêmement gênante à mes yeux. Et ce fut pire ensuite. En effet, Rhys, pourtant professionnel, eut la brillante idée de désirer placer mes jambes. C'était louable comme intention sauf que forcément, il le fit comme pour les enfants. Cela signifiait qu'il plaça sa main sur l'intérieur de ma cuisse, sous mon short et qu'il appuya. J'en fus plutôt gênée et extrêmement outrée.
- Non mais oh !!! criai-je en me tournant si brusquement que j'en fus déséquilibrée. Ahhhh!
Il avait été surpris du cri et s'était un peu éloigné, un simple pas de recul mais suffisamment pour l'empêcher de me rattraper. Mais, sans doute mû par d'excellents réflexes, il se plaça sous moi et je m'effondrai alors dessus. Tout deux, nous finîmes au sol, moi littéralement vautrée sur lui. Je relevai la tête vers lui immédiatement, complètement rouge. Il me regarda visiblement inquiet et moi, découvrant ses magnifiques saphirs qui me fixaient avec inquiétude, je me sentis littéralement fondre. Allongée sur lui, mon ventre contre le sien, je savais qu'il devait pouvoir admirer le sommet de ma poitrine et pourtant je doutais largement qu'il soit en train de l'observer. Non pas qu'elle n'était pas intéressante, même si mes seins n'étaient pas des obus, mais bien parce que ses yeux étaient plongés dans les miens. Comment un être humain pouvait-il avoir de tels yeux? Ils étaient incroyables beaux. Je crois même qu'à cet instant là, j'avais dû me mordiller les lèvres. Et puis, j'entendis un petit bruit étrange que je connaissais et je tournai la tête vers la gauche. Jason nous regardait et riait, avec une sonorité étrange qui lui était propre. Je sentis que Rhys tournait également la tête et je le regardai avant d'exploser de rire.
- Je suis désolée, dis-je entre deux éclats de rire.
- C'est pas grave... Et je m'excuse pour ta jambe, dit-il doucement.
- C'est pas grave non plus, dis-je en souriant.
- Par contre, je crois que tu peux te lever car les gens nous regardent, assura Rhys.
Je relevai la tête et je me rendis compte du ridicule et de la gêne pouvant être occasionnée par la situation. Les gens devaient clairement penser que je m'étais jetée sur lui. J'essayais alors de me relever en poussant sur mes mains et surtout sur son ventre. Sous mes doigts, j'eus tout le loisir de découvrir une musculature absolument parfaite. J'en étais un petit peu retournée.
- Encore désolée, je suis vraiment nulle, surtout comparée à cet espèce de petit ingrat, dis-je en regardant mon frère qui se marrait toujours.
- C'est rien, dit alors Rhys calmement. En tout cas, cela va lui faire sa journée.
Je regardai mon petit frère de plus en plus consternée. L'imbécile continuait de rire en nous regardant.
- Demande lui si il veut voir du surf de près, me signifia Rhys.
- Ça te gêne pas? demandai-je alors.
- J'allais le faire de toute façon, cela lui fera un petit spectacle, me confirma Rhys.
Je m'approchai de mon petit frère et je lui signai la proposition de Rhys. Jason, toujours aussi ingrat, cessa cependant de rire pour exploser de joie et d'excitation. La réponse, qu'il ne m'avait d'ailleurs pas donnée, devait clairement être oui.
- Il veut bien, fit Rhys.
Nous le suivîmes alors jusqu'au cabanon où il récupéra une planche orangée absolument sublime. Cela ressemblait aux décorations de la salle d'attente de sa mère.
- Dis lui de bien tout regarder, conseilla Rhys.
Je m'assis alors dans le sable avec Jason. Je regardai attentivement Rhys pour voir comment faisait quelqu'un d'habitué à ce sport. Rhys courut sur la plage vers l'eau avant de placer sa planche sous lui. Je le vis commencer à agiter les bras en restant allongé sur sa planche, comme si il nageait le crawl. Je le vis ensuite avancer vers les vagues. Je me demandais à quoi cela allait ressembler quand je sentis Jason tirer sur mon bras.
- { T'es malade?} demanda Jason immédiatement quand je me mis à le regarder.
Je regardai mon petit frère assez étonnée de son propos. Je hochais négativement la tête en lui demandant pourquoi d'un signe.
- { T'es toute rouge} me signifia Jason.
Je réalisai que la situation avait dû faire réagir ma peau en même temps que ma gêne avait énormément grandi quand je fus installée sur lui. Je devais mentir à mon petit frère.
- { il fait chaud} dis-je simplement.
Jason me regarda et j'eus l'impression qu'il ne me croyait pas. Je tournai alors la tête ver Rhys et il était en train d'avancer vers la vague. Celle-ci arriva sur lui et sa planche passa au-dessus de la vague. Placé comme ça, il cessa alors d'agiter les bras, posant ses mains sur les bords de sa planche et poussant, sautant presque pour mettre ses pieds à plat. Comme il nous l'avait montré, il se courba doucement, se servant de ses bras pour son équilibre. Il avait pris la vague comme on disait, et commença le spectacle. Rhys était clairement rapide, changeant de direction sans difficulté. Sa main frottait la vague de manière indescriptible. Sa planche semblait tout simplement faire partie de lui et il semblait surtout capable de l'obliger à faire tout ce qu'il voulait.
- La vache..., marmonnai-je en le voyant faire un bond et une figure dont j'ignorais clairement le nom.
Je ressentis une nouvelle fois mon petit frère tirer sur mon bras pour attirer mon attention. Je tournai donc la tête et il se mit à signer.
- { Tu aimes regarder ?} demanda Jason.
- { C'est très difficile, mais ça a l'air amusant} concédai-je à mon petit frère.
- { Je peux te demander quelque chose ?} me questionna Jason.
- { Je sais pas quand tu pourras faire cela mais il parait qu'il surfe depuis longtemps} confirmai-je.
- { Non c'est pas ça} signa Jason.
- { Vas-y, demande} insistai-je donc.
- { Vous alliez vous faire des bisous?} me questionna Jason.
Je regardai mon petit frère totalement choquée, horrifiée et encore plus perturbée. Il m'imaginait me jeter sur ce garçon comme ça ? Consternant et pas qu'un peu.
- { Mais non, tu es fou!} signai-je.
- { Donc c'est pas grave si j'ai rigolé ? Vous alliez pas faire un bisou? T'es sûre ?} continua Jason.
- { Je suis sûre. Nous ne sommes même pas amis} signai-je en le regardant sévèrement.
Je regardai vers Rhys, complètement outrée et vexée. Min petit frère était un idiot qui posait des questions gênantes. Comme si j'étais le genre de filles à embrasser comme ça un garçon, par surprise j'entends. Et puis, je m'étais demandée si ce n'était pas l'impression que l'on avait donné. J'étais tellement plongée dans son regard que si Jason n'avait pas ri, j'en aurai oublié sa présence. J'avais du mal à oublier ce regard, il était aussi bleu que cet océan sur lequel Rhys continuait de se donner en spectacle, remontant sur chaque vague pour sublimer son sport. Les gens sur la plage, pour la plupart surfeurs également, s'éclataient devant la situation, criant et riant. Il devait franchement être bon pour créer ces réactions. Moi j'étais déjà impressionnée de simplement le voir tenir debout, au vu de mon niveau. Je fixai Rhys qui essaya de prendre une vague et là, une grande peur m'envahit. Il avait été déséquilibré et était tombé dans l'eau. Sous le choc, je m'étais relevée paniquée.
- Ho non! Rhys! appelai-je bêtement en cherchant où étaient les secours pour les avertir.
Je réalisai qu'en réalité, j'étais la seule idiote à avoir eu peur. La plupart des spectateurs semblaient déçus que ce soit fini et c'était peut-être bien leur seule réaction. Cela devait être normal. Là, au niveau de l'eau, je vis apparaître Rhys qui traînait sa planche attachée à son poignet. Des gens fonçaient vers lui qui se frottait le visage, dans le seul but de lui checker la main en le félicitant. Je comptais faire de même et je pris la main de Jason pour aller le voir. En avançant vers lui, je me mis à ralentir quand je réalisai ce qu'il faisait. Rhys avait porté la main à son cou et l'avait descendue. Je ralentis encore quand, peu à peu, Rhys enleva lentement le haut de sa combinaison. J'avais devant les yeux, le corps incroyable, parfaitement musclé et dessiné, d'un dieu de l'océan. J'en ouvris la bouche de stupeur en le voyant avancer vers nous. Il était tout bonnement beau. Je sentis la chaleur monter en moi quand il approcha de nous.
- Désolé, je me suis loupé sur le dernier rouleau, précisa Rhys qui s'arrêta, m'offrant son corps d'Apollon en gros plan serré.
- Non... C'est beau... Enfin, t'étais beau à regarder... Tes figures, précisai-je en mourrant d'envie de me gifler.
- J'avais compris... J'espère que ça lui a..., fit Rhys avant de se figer.
Je regardai entre nous la petite personne dont j'avais oublié la présence en fixant ce torse. Jason semblait le féliciter et soudainement, il tendit les bras vers lui. Je regardai cela choquée, il ne faisait pas ça d'habitude.
- Allez hop ! fit Rhys en plaçant littéralement Jason sur ses épaules.
- Jason..., marmonnai-je gênée pendant que Rhys détachait sa planche de son poignet.
- Je le tiens, dit-il doucement. Tu peux la porter si ce n'est pas lourd ? demanda-t-il en tirant sa planche.
- Pas de problème, dis-je en me penchant avant de la soulever. Ho ben c'est vachement plus léger que je ne pensais...
- Ce n'est que de la résine et du pain de mousse, dit-il en me souriant.
- N'empêche c'était très bien... Tu surfes depuis longtemps ? demandai-je en avançant sur la plage avec sa planche sous un seul bras.
- Depuis aussi longtemps que je m'en souvienne en fait, avoua Rhys.
- C'est sympa...
- Faudra me faire une démonstration de gym, me fit alors Rhys en avançant.
- Ce ne sera pas possible, dis-je immédiatement, je ne pratique plus.
- Ha dommage, ce n'est pas grave, avoua Rhys.
J'étais rassurée qu'il n'insiste pas plus longuement, surtout pendant que je retournai récupérer nos affaires. J'enfilai mon t-shirt en regardant Jason qui ne voulait pas descendre des épaules de Rhys. Je le regardai méchamment, n'ayant pas besoin de signer dans ce genre de situation. Rhys leva les bras pour attraper Jason, laissant encore apparaître ses muscles, à croire qu'il le faisait exprès.
- Ho il profite, fit simplement Rhys en le posant par terre. C'est un enfant.
- Ne m'en veux pas mais on te connait à peine, dis-je alors pour le contredire.
- Tu as raison, on ne sait jamais ce que l'on en face de soi, me fit Rhys avec un sourire.
- Bon, on se voit au lycée, dis-je soulagée de ne pas avoir été trop perturbée de sa tenue qui ne cachait définitivement plus grand chose.
Je pris Jason par la main pour le faire quitter la plage quand Rhys m'interpella.
- Ho Fern ! fit-il un peu fort.
- Oui? dis-je en me retournant, gênée et surprise.
- J'aimerai beaucoup récupérer ma planche, fit Rhys.
Je le regardai surprise et il leva la main pour me montrer du doigt. Je me regardai alors pour réaliser ma stupidité... Après avoir enfilé mon t-shirt, j'avais repris sa planche, comme une gourde écervelée en laquelle je m'étais transformée. Je n'avais pas le temps pour de telles choses alors, je m'enpressai de lui rendre en le saluant. Il fallait que je me consacre à Jason. J'aurais peut-être dû en fait, car ma rencontre avec Rhys et sa sœur allait être le premier pas vers autre chose...