Les Elémentaires tome 2 : La Quête de la Gemme
Bonjour à tous !
Vous euh… Me croyez si je vous dis que je n’ai pas arrêté d’écrire ce chapitre ? Je suis désolée, je suis en retard d’une semaine… Sur le retard d’une semaine ! J’ai vraiment eu une semaine difficile, entre les partiels, les travaux, le stress, le retour… Quel enfer.
Et je me suis retrouvée dans ce petit burn out, qui m’empêchait d’écrire comme je voulais… Mais j’ai pas arrêté, de toute la semaine ! J’ai vraiment bossé sur rien d’autre, car hors de question de disparaître à nouveau !
Voilà, toutes mes excuses, et j’espère que ce chapitre vous plaira ^^
Petite note pour EnSorceleurisee : Mais non tu es lectrice, les lecteurs n’ont jamais de retard ! Je suis contente que le « nouveau design » de Fey te plaise, ça m’a demandé des recherches pour ne pas prendre des feuilles incohérentes ! Et c'est chouette que le chapitre d'introduction de Salen t'ai émue, j'aime beaucoup Salen ce bibou. Merci pour ton commentaire :D !
Bonne lecture à tous, merci pour votre patience !
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Mon cœur est infiniment serré.
J’ai déjà vu des images de forêt après un incendie. C’est toujours si dramatique et triste, mais ça paraît loin. Trop loin pour que ça me touche vraiment.
Je tends la main et attrape une feuille grisâtre. Elle se réduit en cendres.
La réalisation m’atteint enfin. Elle en a mis du temps, mais elle est là.
Tout autour de moi est mort.
Je regarde les autres. On ne l’a vraiment pas vu venir… On avançait tranquillement, et la terre est devenue de plus en plus grise, et puis ce sont les arbres, et…
Et puis on est arrivé là.
Fey est silencieuse, plantée là sans bouger ni prononcer le moindre son. Ce qui est assez terrifiant… Elle est juste devant nous, mais bizarrement, j’ai l’impression qu’elle est plus loin qu’elle ne l’a jamais été.
Je me décide enfin à faire un pas en avant pour la rejoindre. Je ne sais pas à quoi elle pense, mais son calme me met profondément mal à l’aise. Kusiya tend un bras pour me stopper et me regarde en secouant la tête.
Je cligne des yeux. Laisser Fey tranquille, c’est vraiment ce qu’il faut faire… ?
Elle à l’air si… perturbée…
Je regarde la prêtresse. Elle insiste d’un coup de tête. Mais… Je l’écoute pas. Pour une fois, j’écoute mon instinct. J’avance en direction de Fey, et prend doucement sa main.
-Fey ?
Elle se retourne et me regarde, sans vraiment d’émotions. Même sa sève semble… Je sais pas comment le dire mais… vide…
C’est même pas du désespoir comme j’ai pu voir, ou de la tristesse, juste du vide. Je me demande si c’est comme ça qu’elle est lorsqu’elle est en deuil… Enfin, c’est pas important.
Tout ce que je sais, c’est que ça me brise le cœur, de la voir ainsi. Je dois agir.
Je l’attrape, et la serre doucement contre moi.
Elle est surprise, je la sens sursauter un peu, et même se figer. Mais je sais pas, ça me semblait juste être… La bonne chose à faire. Je sais même pas ce que j’aurai pu lui dire, alors parfois, vaut mieux pas parler.
Je peux même pas commencer à imaginer ce qu’elle ressent, j’ai jamais eu la maison qui brûle ou ma ville natale… Dans cet état. Est-ce qu’elle l’a seulement revue, depuis qu’elle s’est enfuie ? J’en sais rien du tout.
Après plusieurs minutes de silence, Fey recule son visage, et me regarde, l’air dur.
-On doit pas perdre de temps.
Elle s’éloigne, mais garde ma main dans la sienne et la serre. Je prends pas mal cette réaction si étrange, elle est sûrement juste perdue dans ses pensées. J’espère juste qu’elle va bien.
-Vite, partons avant qu’il soit trop tard ! Elle lance.
Elle lâche enfin ma main en hochant la tête, puis passe devant nous sans se retourner vers la forêt brûlée, et s’éloigne de plus en plus. Alev se tourne immédiatement pour la suivre, alors que nous trois, on se regarde une seconde.
-Elle va bien ? Demande Szèl.
-Elle a réagi de la même façon, lorsqu’Unasaë… Murmure Kusiya.
-Hm.
Je croise les bras, et fait un mouvement de tête.
-On devrait la suivre avant qu’elle disparaisse… Non ? Je souffle.
-Oui, tu as raison. Reprend la prêtresse.
Szèl hoche la tête aussi, et nous voilà partis. Heureusement, j’arrive à voir la cape de Fey pour la rattraper, car elle ne nous attend pas vraiment. Je pense bien qu’elle est pressée de retrouver son père, mais…
Je me coupe immédiatement dans mes pensées. Attendez, mais je sais pourquoi elle est aussi pressée !
-On est pas au bon endroit… Je marmonne.
Je redresse la tête vers Fey, et laisse s’échapper :
-C’est ça ?
Je parle trop doucement, alors elle ne me répond pas. Elle ne m’entend pas. Mais je crois que j’ai deviné la raison de sa course. On est à son village natal… Enfin, ce qu’il en reste.
On est pas là où on devrait être.
On est dans les Alpes, pas en Auvergne…
C’est vrai qu’elle a dit à Salen le nom de son village d’origine, mais pas sa destination, si je me souviens bien. C’est logique qu’il comprenne de nous ramener ici.
Alors il faut faire vite, pour rejoindre les proches de Fey avant qu’il soit trop tard. Je presse le pas, Szèl et Kusiya font de même, et je garde mon souffle en remettant mon sac sur les épaules.
Comment aller plus vite... ? C’est pas comme si on pouvait prendre la route, ou aller chercher un jetpack plus loin… J’ai aucune idée du trajet qui reste, et du temps que ça va prendre. Alors prépare toi Etian, on va marcher !
Et marcher, on le fait. Je ne parle pas, trop concentré à garder le rythme et mon souffle. Je repense à ce papillon, qui m’a aidé à gravir la montagne, et l’imagine devant moi. Ça aide moins, oui, mais ça aide quand même.
Fey va plus vite qu'elle ne l'a jamais fait, d'accord, mais impossible d'arriver en Auvergne en seulement quelques heures sans véhicule... On peut pas juste lutter à ce point contre la physique et l’espace temps.
Après, c'est vrai que j'ai du mal à tenir le rythme. Les feuilles derrière Fey volent dans son dos, presque à l'horizontal. Je sens mes cotes commencer à brûler, et mon souffle s’alourdir... Ça fait combien de temps que je marche comme ça ?
-F... Fey...
Elle se tourne vers moi, et sursaute un peu.
-Etian ! Ton... ton visage !
Il doit être bien rouge si elle réagit comme ça. Je baisse la tête et pose mes mains sur mes jambes.
-J'ai juste... besoin... de reprendre mon souffle...
-Je peux aider ? Demande Szèl.
-Non !
J'ai besoin d'oxygène, pas d'un coup de vent ! Mes poumons vont pas le supporter ! Szèl semble déçu, mais je veux pas risquer une attaque.
Cependant, je remarque bien la nervosité de Fey, et le regard noir d'Alev. Cette dernière est pas seule, moi aussi je maudis ma faible constitution. Je serre les poings : on est en train de perdre du temps à cause de moi ! Il faut rejoindre Avkor au plus vite, avant Fajro, sinon…
-Fey, ça va aller ce n'est qu'une petite pause... Souffle Kusiya.
-Je sais ! Mais... mauvais... pressatima ? Tente Fey.
-Pressentiment ?
-Oui.
Elle pose une main sur sa gemme et détourne la tête, pensive. Au fond, je dois bien avouer que ça me rassure : elle n’est plus vide comme avant.
-J'ai... fait un rêve, il y a un peu de lunes. Elle explique.
-Un rêve ? Insiste Szèl.
Je m'approche un peu, suivit par les autres, et tente comme je peux de ne pas respirer trop bruyamment. Fey serre sa main sur sa gemme et grimace en terminant :
-Vu... Père et Fajro se battre.
On sursaute. Même Alev, qui serre son épée plus fermement en main.
-Tu as vu le début de la guerre ? Reprend Kusiya.
La saule se fait plus petite et murmure :
-Je crois... et je... j'ai peur...
-Tu m'étonnes que tu veux y aller vite. Souffle Szèl. Si tu commences à avoir des visions du futur, ça aide pas…
-Comment est-ce seulement possible… Marmonne la prêtresse.
-Je en sais rien, mais… Commence Fey.
-Oui, tu as raison ce n’est pas important. Coupe Kusiya.
La porteuse de la gemme hoche la tête, je soupire profondément et secoue la tête. C’est pas vrai, comme toujours, je suis le boulet…
-Désolé...
-Tu n'y peux rien, tu es humain. Affirme la goutte.
-Même...
-J'ai une idée ! S'exclame le venteux.
Je me sens alors tout léger. Très léger.
Trop léger, je décolle !
-Ah ! Je m’écrie.
-Je vais te porter ! On pourra aller plus vite ! Lance Szèl.
Il a l'air tout fier de son coup. Moi j'ai un peu peur de l'idée de flotter comme ça... J’ai aucun équilibre, c’est un peu flippant !
-Tu es sûr que ça va aller, Szèl ? Tu peux me porter aussi longtemps ?
-Mais oui ! Il répond assurément.
Je remarque que le bas de sa taille à complètement disparue, ainsi que les extrémités de ses bras, mains comprises. Il… Ne reste pas grand-chose, en fait.
-Je met assez d'air autour de toi pour te porter ! On va pouvoir aller plus vite !
-D’accord… Je te fais confiance.
Szèl me sourit, et le groupe reprend la marche, alors que je les observe. Maintenant qu’ils ne sont plus ralentis par le fait de m’attendre, ils peuvent aller aussi vite qu’ils le peuvent !
Et c’est vrai qu’ils vont très, très vite… J’ai presque l’impression d’être à vélo ! Sûrement même encore plus rapide !
En regardant plus précisément, Kusiya se laisse glisser sur le sol, Szèl vole (évidemment), et Fey, c’est comme si les brins d’herbe la propulsaient en avant. Seule Alev semble plus en difficulté, mais c’est du feu, c’est logique qu’elle soit pas à son avantage au milieu d’une forêt qu’elle veut pas brûler.
Je fronce les sourcils. Qu’elle veut pas brûler… C’est une phrase innocente, mais elle fait apparaître une question dans mon esprit. Je serre un peu les poings, et appelle :
-… Alev ?
Elle se tourne vers moi. Au moins elle me répond, c’est sympa. Kusiya lève la tête, me signalant qu’elle est prête à traduire. Heureusement qu’elle est là, ça va rendre la conversation moins… malaisante.
Je lève la tête, et regarde la flamme droit dans les yeux en posant ma question :
-Ce village calciné… C’est de ta faute ?
Kusiya sursaute, Szèl aussi, ce qui me fait presque tomber, mais il me rattrape de justesse ! Fey, quant à elle, ne s’arrête pas, mais je la vois baisser la tête. J’aurai peut être dû y penser avant, en fait, la pauvre Fey souffre déjà bien assez comme ça…
-Etian ?! S’écrie la prêtresse.
-Désolé, c’est juste que j’y pense et… j’ai besoin de savoir.
Alev semble confuse à cause de la réaction des autres, et même un peu inquiète. Mais après plusieurs secondes, Kusiya finit par traduire :
-Anvf tasrui alkrya ?
Alev recule de quelques pas, surprise et serrant son épée contre elle. Elle finit par me regarder droit dans les yeux…
Et hocher la tête.
-Né kharorr. Dan Fajro khiran onuyio.
Elle tourne la tête. Son ton de plus en plus triste, plein de regrets.
-Fey narrda kazil kafaf noa.
Elle serre les poings, redresse la tête, et lance fermement :
-Safayo arryu harr.
Elle se remet alors à avancer. Fey et elle hochent la tête, puis continuent leur route. Kusiya hésite quelques secondes, elle essaie sûrement de trouver une bonne traduction. Puis, elle me regarde.
-Tu as vu juste…
Je serre les poings. J’en étais sûr… Il y a bien eu un temps où elle voulait voir ces forêts brûler… Kusiya, après quelques secondes supplémentaires, affirme :
-Fajro et elle sont celles qui ont dirigé cette attaque. Alev le sait, et désire réparer cette erreur.
-Tsk.
Je détourne la tête en pestant un peu.
-Comment elle a pu faire ça à son amie… Brûler tout un village, tuer des gens, alors que Fey et elle étaient proches ! Ça me dépasse, et me fout les nerfs…
-Fajro est sa mère, Etian. C’est un choix impossible. Répond calmement Kusiya.
Elle secoue la tête.
-Ce qui m’importe pour l’instant, c’est qu’elle essaie de se racheter. Qu’elle a fini par choisir notre camp. Nous pourrons voir le reste plus tard.
-… Si tu le dis.
Je soupire alors que Kusiya repart en avant. Je sais pas si je suis trop rancunier, ou si elle pardonne trop facilement. J’espère que je l’ai pas vexé ou quoi, c’était vraiment pas mon intention. Je suis nerveux, mais c’est juste…
J’aime pas voir Fey comme ça…
-Elle aurait pas dû faire ce choix.
Je redresse la tête vers Fey qui vient de parler. Elle serre ses mains l’une dans l’autre, secouant la tête en continuant d’avancer. Je nous sens aller plus lentement aussi.
-Père… Fajro… Ils… étaient en paix… Explique Fey.
Elle croise les bras. Son ton est triste, plein de mélancolie. Je me sens coupable d’avoir lancé le sujet, j’espère au moins que grâce à ça, elle pourra dire ce qu’elle a sûr le cœur et s’en libérer un peu…
-Aucun combat, aucun conflit, rien… Mon père a dit… a dit que pas toujours être le cas, mais qu’ils sont devenus amis et que aperès ça, la paix. Elle explique.
Kusiya hoche la tête.
-C’est vrai qu’il n’y a eu aucune bataille durant des décennies… Elle commence.
-Même dans les nuages on en a entendu parler, tellement c’était exrptionnel ! Continue Szèl.
-J’avoue que c’est pour ça que des incendies dans les Alpes, ça m’a tellement surpris… Je renchéris.
Fey sourit faiblement.
-Car paix… Paix entre nous… Paix entre Feu et Terre…
Elle place ses mains contre sa gemme.
-J’ai été élevée avec Alev… On a grandi ensemble…
J’écarquille les yeux. Je savais qu’elles étaient amies mais… elles ont carrément été élevées ensemble ?! Avkor et Fajro étaient si proches ?!
Ça rend la situation encore plus impensable… Pauvre Fey…
Cette dernière tend sa main vers Alev, qui semble hésiter avant de la prendre doucement. Je ne pense pas qu’elle comprenne ce que Fey raconte, mais son regard est fuyant. Kusiya va probablement lui traduire juste après.
-Si seulement Fajro avait parlé… On éviter ça, pas de guerre, pas de mort !
Elle secoue la tête.
-Trop tard maintenant.
Alev serre sa main, et affirme d’un ton décidé :
-Yaira harrar
Elle se met à avancer plus vite, gardant sa main dans celle de son amie comme une promesse.
-Royua.
Fey ne répond rien, et reprend la marche, aux côtés d’Alev. Kusiya et Szèl se regardent une seconde, et puis… on avance. Enfin, eux avancent et moi je me laisse porter.
Je joue nerveusement avec mes doigts. Le silence qui s’est imposé est lourd, tellement, tellement lourd… Alors je regarde autour de moi. Je n’ai rien de mieux à faire, et puis je me sens un peu mal d’avoir abordé le sujet…
La forêt est en meilleur état, ici, mais j’arrive à voir quelques traces de brûlure à certains endroits. C’est curieux que ce soit resté aussi longtemps, ça date à minima de plusieurs mois, peut être une année depuis le début de mon voyage… Le Feu doit être fait d’un feu spécial, ou alors…
Ou alors, c’est car Fey a dû partir… ? C’est la représentante des déesses et la porteuse de la gemme, peut être qu’elle a une sorte d’aura ou je ne sais quoi qui aide les alentours… ? Ou juste que tous les arbres conscients sont partis et… Ça empêche la forêt de se soigner ?
Je fais de ces théories dans mon esprit, je me demande si quoi que ce soit est vrai, dans ce que je raconte…
Est-ce que…
Je me sens pâlir d’un coup, et j’attrape mon sweat pour le serrer au niveau de mon cœur. Pas de crise de panique, pas de crise de panique, respire Etian, ça va, ça va…
-Etian ?!
J’entends Szèl m’appeler. Sans hésiter, les autres se retournent et lui fonce vers moi pour, encore, m’aider à respirer. Son bras disparaît, pour que sa main se place sur mon visage.
-Etian, shhh, ça va, ça va… Respire profondément, ok ?
Je ferme les yeux et arrive à me détendre après quelques secondes. Ça va, tout va bien… J’ouvre les yeux de nouveau et regarde Szèl, qui sourit, visiblement rassuré.
-Voilà, tout va bien.
-Merci, Szèl…
Il recule un peu pour me laisser de l’espace. Les filles s’approchent aussi, et demandent :
-Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Lance Kusiya.
-Tout va bien ?! S’écrie Fey.
-Juste… Je me suis perdu dans des pensées pas cool. Je réponds.
Je soupire en secouant la tête.
-Tu veux bien nous le dire ? Insiste la prêtresse.
-Ouais, si vous voulez, mais on devrait avancer. Je veux pas retarder Fey.
Fey me sourit et hoche la tête, montrant sa gratitude. Alors qu’on reprend la marche, je commence :
-En fait, je…
Je soupire. C’est compliqué de trouver les bons mots, surtout quand sa tête est toute en bazar. Au final… Vaut mieux laisser les mots partir tous seuls.
-J’ai peur pour ma grand-mère…
Je joue nerveusement avec mes doigts.
-La guerre, elle… Elle arrive chez moi, et en voyant ce que le Feu a fait… Et comment ça a finit…
Je baisse la tête, la peur me nouant le ventre.
-J’ai peur pour ma grand-mère… Je l’ai laissé toute seule, et il y avait déjà du feu, et… et le fait qu’il y ai eu un premier incendie… Le Feu était tout proche, quand on est parti…
-Il y a déjà eu un incendie ?! S’écrie Szèl.
Je hoche la tête. Un petit incendie, ça m’étonne pas que personne n’en ai entendu parler.
-Oui, c’est en le fuyant que j’ai rencontre Fey…
Kusiya se tourne vers Alev immédiatement, surprise elle aussi.
-Ratin ?
-Aahaé ?
-Yafie fuerar yuerca jariv kazil Fey ?
Alev baisse la tête, et laisse s’échapper quelques flammes dans un soupire.
-Yvfiar afjor marak, Valiér. Etraai mitan Avkor, talork.
Fey serre les poings. Alev, presque honteuse, continue :
-Nérro yatavo movaraka hueriko likuir. Valiér fuajiau alé.
Kusiya baisse la tête, et traduit à moi et Szèl après quelques instants :
-Il s’agissait d’un éclaireur, envoyé pour repérer Avkor. L’incendie est sa technique favorite pour… « les faire sortir ».
-Quelle technique de lâche ! Critique Szèl.
-Donc, s’il était aussi proche… Je marmonne.
-Plus vite ! Coupe Fey.
Elle se met à courir entre les arbres, nous prenant par surprise.
-Fey attend ! J’appelle.
Immédiatement, les autres reprennent leur course. D’abord, je ne bouge pas, ou plutôt Szèl ne m’avance pas…
Puis il se souvient de mon existence à priori, et je suis brusquement tiré en avant.
-Wow !
Je me reprends rapidement. La situation est urgente, après tout ! Si l’éclaireur était là lorsqu’on est parti, ça veut dire qu’ils étaient prêts à attaquer… Pire, est-ce qu’il m’aurait suivi, et qu’il aurait trouvé...
Il y a déjà plusieurs… plusieurs quoi ? Semaines ? Mois ? J’en sais rien, j’ai perdu toute notion du temps, mais ce n’est vraiment pas le moment. J’espère juste que les autres vont bien, faites qu’ils aillent bien…
Les arbres changent, l’environnement change. Je tourne la tête, le paysage est flou autour de moi. On va si vite, je n’arrive pas à le croire. Cependant, plus on avance, et plus ce sentiment me tort les tripes.
Est-ce qu’on arrive trop tard ?
Non, il doit rester encore un peu de temps, juste un petit peu de temps ! Tout n’a pas pu disparaître, et Avkor s’est sûrement protégé ailleurs ! Tout espoir n’est pas perdu, on doit continuer à avancer, on va sûrement devancer Fajro !
…
Hélas…
Ce mauvais pressentiment est décuplé, lorsque je commence à reconnaître les arbres. Que je commence à reconnaître les fleurs, les plantes, le terrain. La terre, la température, les odeurs. Tout m’est familier, comme si je n’étais jamais vraiment parti.
Mais surtout…
Je renifle.
J’écarquille les yeux.
Je renifle, davantage, bougeant mon visage dans tous les sens, et ne voulant pas y croire.
Je renifle encore et encore et encore. Plus je le fais, plus mes yeux me brûlent. Je vois Szèl, Kusiya, Alev et Fey être de plus en plus horrifiés avec le temps qui passe. D’abord, je ne veux pas y croire…
Puis, je lève la tête. Je sens Szèl me reposer tout doucement sur le sol. Fey tend un bras, tremblante, alors que je n’ose même pas laisser s’échapper un souffle.
Nous sommes en hauteur, sur une colline. Je reconnais la ville, cachée plus loin entre quelques amas de terre. Je reconnais ces routes, ces volcans dans le lointain, ces nuages dans le ciel.
Et dans la forêt voisine, je le vois. En contrebas, tout près de nous, tout près du village, tout près de ce que j’ai toujours connu…
Du Feu.