Les Elémentaires tome 2 : La Quête de la Gemme

Chapitre 9 : Discussion au coin de la flamme

4929 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 2 mois

Bonjour à tous !

J’espère que vous allez bien ! Un jour de retard, je sais… Mais c’est juste un jour ! Je progresse ! Y’a de l’espoir !

Désolée pour le retard, replongeons vite ! Et en plus les chapitres sont de plus en plus longs, donc c’est pas si gravissime si c’est qu’un jour en retard :D

Pas vrai ?

Bonne lecture à tous !

******************************************************************************************************************************************************************************************************************************************************************************************

 

Devenir des héros…

Je n’arrive pas à enlever cette idée de ma tête. Devenir des héros… Devenir des héros… En fait, ça fait depuis si longtemps qu’elle trotte qu’il fait déjà bien sombre. Je lève la tête vers les autres.

Autour de nous, la forêt m’est beaucoup plus familière. Je crois reconnaître ces arbres, et ces plantes autour de nous. C’est pas la forêt près de chez moi, mais je sais que j’ai déjà vu ces arbres quelque part.

Mon cœur se serre un peu. Est-ce qu’on serait déjà… de retour ?

Je secoue la tête. Non, c’est pas le sujet ! Moi, je me posais des questions sur « devenir un héros » ! Et en voyant les autres… Je pense, et pense, et pense…

Szèl a quitté tout ce qu’il connaissait pour nous rejoindre dans notre quête, et n’a pas hésité à nous aider… Enfin, un peu de force, mais tout de même. Il aurait pû se cacher, mais il nous as rejoint. Ça le rend héroïque.

Alev… Alev c’est plus compliqué. Fey et elle semblent s’être légèrement réconciliées, mais… j’arrive toujours pas à lui pardonner complètement… Je suis rancunier ? Est-ce que c’est correct ?

Je secoue la tête. Alev fait de son mieux pour se racheter. Elle a trahi sa mère, sa reine, pour nous aider. Elle n’hésite jamais à se mettre devant Fey pour la protéger, et même devant Kusiya et moi. Et puis, elle a plongé sa main dans l’eau pour attraper Ëamnoushi… Je pense qu’elle aussi, c’est une héroïne, au fond.

Kusiya, c’est direct plus simple : elle nous a sauvé la vie, Fey et moi, et nous aide tellement depuis le début du voyage. Sans elle, on aurait rien pu faire ! Et moi, je comprendrai beaucoup moins ce qu’il se passe. Je l’admire à l’infini, elle aussi, c’est une héroïne.

Mais mon cœur bat plus vite, quand je pense à Fey. Fey, qui est partie en voyage sur un espoir, qui n’hésite pas à affronter des reines, et qui est si vertueuse… Elle est la définition même de l’héroïsme.

Et puis il y a moi, Etian Irving.

Je joue nerveusement avec mon collier, cette gemme qui ne m’a pas quitté depuis le début de la route. Rien que la raison pour laquelle je suis parti me met en dessous des autres.

Partir en voyage, car le héros finit avec la fille à la fin…

Je me sens stupide de penser ça, après tout ce qu’il s’est passé. Non mais à quoi je pensais… C’est pas une blague, c’est une épopée… C’est pas un truc à prendre à la légère…

Unasaë m’a fait le rappel… douloureusement.

Je soupire profondément. Malgré tout ce qui s’est passé, à quoi j’ai servi, au fond ? J’ai parlé à Ëamnoushi pour qu’il devienne un allié, c’est à peu près tout…

Szèl est courageux, Alev est « loyale » (envers Fey), Kusiya est intelligente, Fey est incroyable…

Qu’est-ce que je peux leur apporter ?

Qu’est-ce qu’un humain comme moi peut apporter à cette équipe ?

Je dois trouver.

Je serre ma gemme un peu plus fort.

Je dois trouver, tout simplement. Ils sont au sommet d’une montagne, une montagne qui part si haut, et qui leur sert de piédestal…

Moi, je dois juste trouver un moyen d’y grimper.

Je refuse d’être inutile plus longtemps, je refuse d’être le poids de l’équipe ! Tout le monde peut être un héros, le père de Salen, c’était littéralement un coup de chance ! Alors… Alors pourquoi pas moi !

Je le trouverai, ce moyen de grimper, je te le jure Grand-Mère, tu seras fière de moi quand je rentrerai.

-Etian ?

Je sursaute un peu et tourne la tête. Szèl me regarde en souriant.

-Il fait noir, alors on s’arrête là ! Tu étais plongé dans tes pensées, il manquerait plus que tu partes on ne sait où !

-Oh, merci ! Et désolé, hehe !

Je tourne la tête vers les autres, qui se sont effectivement arrêtés entre quelques arbres. Fey me regarde.

-Tu as besoin d’un feu ? Elle demande.

-Non, ça ira, j’ai toujours mon sac de couchage.

-D’accord !

Elle s’installe contre un arbre, et lève la tête, pour regarder les feuilles. Je rêve peut-être, mais je crois apercevoir de la nostalgie, dans ses yeux de sève…

Kusiya est installée plus loin, Alev est à l’opposé, sa lumière éclairant autour de nous. Je me laisse tomber comme un patapouf contre une racine. Ce qui, vu le gémissement que j’ai poussé, n’était pas très malin…

Szèl rit un peu, et s’installe près de moi. Les autres semblent plutôt détendu, ça fait du bien de les voir ainsi. Alors que j’allais ouvrir la bouche pour lancer un sujet…

Mon ventre fait un bruit assourdissant.

Oh. Je meurs de faim.

Je baisse le regard. C’est vrai que j’ai pas beaucoup mangé, depuis… Depuis qu’on est partis de la Capitale de l’Air ?! C’était il y a plusieurs jours !

Un peu paniqué, j’ouvre brusquement mon sac et farfouille à l’intérieur. Je sors mon sac de couchage, mon carnet, Lionie… mais non, aucune trace de restes de nourriture !

-Mince…

Je vais quand même pas ne pas…

-Etian ça va ?!

Je sursaute et tourne la tête. Kusiya, Fey et Szèl semblent tous les trois très inquiets. Ils sont adorables, mais j’avoue que ce n’est pas trop le moment, je suis trop anxieux…

-Bah euh… J’ai plus rien à manger…

-Manger ? Demande Szèl.

-Oui, manger ! J’ai plus rien du tout ! Même pas un paquet de chips toutes cassées au fond !

Mon ventre hurle son désespoir à nouveau. Je peste et le griffe un peu. C’est pas le moment, mais j’arrive pas à penser correctement…

-J’ai tellement faim…

-J’arrive ! S’écrie Szèl.

Il disparait alors dans un coup de vent. Je sursaute, surpris par son départ. Fey cherche quelque chose autour d’elle, ce qui rend Alev plutôt confuse. Kusiya, elle, lève une main et semble se concentrer.

-Ça va Kusiya ? Je demande.

-Je cherche…

-Cherche quoi ?

-De l’eau potable…

Je cligne des yeux et tourne la tête.

-Comment tu peux chercher de l’eau potable comme ça ? C’est comme une baguette de sourcier ou…

-Laisse moi me concentrer. Elle coupe gentiment.

Je vois ses doigts bouger légèrement, comme portés par du courant invisible. Quelques gouttes volètent autour d’elle, brillantes sous la lumière du feu d’Alev.

-Tu as un récipient ?

-Hein ? Oh euh oui j’ai ça !

Je sors ma gourde, qui est vide depuis bien longtemps. Kusiya sourit, et j’aperçois de l’eau voleter vers moi.

Attendez quoi ?

-C’est tout qui fait ça, Kusiya ?! Je m’exclame, balançant la gourde derrière moi.

-Et oui ! Tu as de la chance, l’air est très humide, par ici. Mais j’ai toujours besoin de ce récipient.

-Oui pardon bien sûr !

Je rattrape ma gourde immédiatement, et la tend vers Kusiya. L’eau s’écoule doucement à l’intérieur, sans qu’aucune goutte ne tombe à côté. Je l’observe un peu, stupéfait.

-Alors ça, ça va partir dans le carnet… Je marmonne.

-Hm ? Souffle la prêtresse.

-Ah, voilà !

Je tourne la tête, et aperçois plus loin Fey, qui tient quelque chose dans sa main. Elle tend cette chose à Alev, qui ranime ses flammes, m’éblouissant sans prévenir. Après qu’elles se soient calmées, je m’approche un peu pour voir de quoi il s’agit…

Une… Pomme ?

-Anto.

Alev me tend une pomme grillée. Je l’observe, autant Alev que la pomme, et prend doucement le fruit. Il n’est même pas trop chaud, juste comme il faut…

-L’arbre a bien voulu t’en donner une ! Explique Fey.

-Oh wow… Merci l’arbre !

Je souris. C’est si chou, elles m’ont trouvé à manger et à boire ! Cette pomme m’apporte beaucoup trop de joie, ce n’est absolument pas normal. Mais j’en profite bien !

Oh, et bien sûr, c’est sans compter…

-Tiens !

Je tourne la tête vers Szèl, qui tient dans ses bras une montagne de fruits et champignons ! J’en tombe presque en arrière, comment il a pu en trouver autant !

-Oh wow !

-Normalement, tout est comestible ! Enfin, je crois ? Je pense que oui ! Y’a des chances ! Affirme le venteux.

Je reste silencieux une seconde. Puis… Je renifle un coup, et essuie une larme.

-Etian ?! S’écrient les trois autres.

-Aahaé nvfarra ! Ajoute Alev.

-Vous êtes tellement mignons, je vous aime beaucoup trop ! Beaucoup, beaucoup trop !

J’arrête pas de sourire niaisement. Je me sens juste si heureux, ils me rendent trop heureux !

J’attrape la nourriture des bras de Szèl, et commence à la trier. Enfin, c’est plutôt Szèl qui pose tout à côté de moi d’un coup, quelques fruits roulant même un peu plus loin. À part quelques fruits un peu trop suspects, il a tout bien choisi du premier coup ! Je sais pas combien d’humains il a observé pour arriver à un si bon résultat… Mais merci à eux !

Après il y a toujours un risque que je décède dans la journée, mais normalement, j’ai pas de risques !

-Attends !

Fey attrape la nourriture, et la tend à Alev. Celle-ci semble plutôt énervée, mais prend les ingrédients en main pour les… griller. Non, vraiment, elle entoure les aliments de flammes, les calme, puis me les tend. Les uns après les autres, avec tellement de patience qu’on penserait pas voir Alev faire ça.

Ils sont tous chauds ! C’est un bonheur ! Ce n’est peut-être pas aussi sophistiqué que les macaronis au fromage de ma grand-mère, mais… C’est fait avec tellement d’amour…

Je pourrai en pleurer. Mais non, faut pas que je les inquiète !

-Merci, merci infiniment ! Je continue.

-Pas de quoi ! Répond Szèl.

-Ça nous fait plaisir ! Renchérit Kusiya.

-Mange bien ! Sourit Fey.

Alev hoche la tête en jouant avec ses flammes. Moi, je mange pendant que c’est chaud. Ça fait du bien, de manger autant après tout ce temps… Je devrai peut-être virer vegan, si c’est toujours aussi bon.

Non, j’aurai jamais la force. Par contre, j’apprécie énormément ce repas délicieux ! Alev devrait faire une carrière dans l’alimentaire, c’est cuit à la perfection !

En mangeant tranquillement, j’aperçois mon carnet du coin de l’œil, que j’ai sorti plus tôt sans aucune trace de respect pour lui. J’écarquille les yeux, et termine de manger mon champignon. Vite, avant que j’oublie !

-Pendant que j’y pense !

J’attrape mon carnet immédiatement, mais faut encore que je trouve un crayon. Je cherche immédiatement dans mon sac, mais il est dans un sale état… J’entends Fey rire un peu.

-Je savais pas que tu l’avais encore !

-Mon carnet ? Ah si !

Je le montre fièrement. Il à l’air d’avoir vécu la guerre, à cause des tâches d’humidité et des coins un peu cramés, mais il est toujours là ! Sacré carnet. J’aperçois dans mon sac celui de Fey, en meilleur état, mais ne dit rien. Je ne sais pas si elle veut que les autres soient au courant de son existence.

Szèl approche de moi, l’air fasciné.

-Qu’est-ce que c’est que cette chose… Il souffle.

-Ça ? Mon carnet, c’est tout. Je réponds.

Szèl l’attrape, et l’observe attentivement, en pamoison complète devant. Ça me fait doucement rire. Kusiya murmure :

-Je me demande ce que tu peux bien écrire dedans…

-Oh, mes questions depuis le début. J’affirme.

-Hm ?

Je tends la main vers Szèl, qui me rend mon carnet. Je tourne quelques pages, et grimace un peu. J’avais pas regardé le contenu depuis longtemps et ça se voit… J’arrive à peine à déchiffrer ce que j’ai écrit moi-même, il y a… Non, je ne sais pas depuis combien de temps j’ai écrit ça. Ces pauvres mots ont vraiment pris cher.

Enfin passons, l’information importante c’est que j’ai du mal à me relire, mais je me souviens de ce que j’y ai écrit.

-Vu que, quand je me pose des questions, ma réponse c’est parfois : on verra plus tard, j’ai noté des idées ici. Alors on a…

Je plisse les yeux.

-« Comment vous faites des bébés ».

Kusiya pouffe un peu en détournant la tête.

-Oh j’arrive pas à y croire… Elle ricane.

-Bah ? C’est pas logique ? Insiste Szèl.

-Hein ? Non, j’ai aucune idée de comment ça se passe ! Je rétorque.

-C’est pas comme les humains ?

Ses yeux se mettent à briller. Je déglutis et détourne la tête. Je. Ne veux même pas imaginer. Stop, arrête mon cerveau, j’ai dit je veux PAS imaginer !

-Non, non je pense pas non.

-Et qu’est-ce que tu as, comme autre question ? Demande Fey, curieuse.

-Alors… Je marmonne.

Je plisse les yeux à nouveau, et parvient à lire :

-J’avais aussi « Comment marche la langue du feu » et j’allais rajouter « Comment tu as pu ramener de l’eau », « Pourquoi la Roche et le Feu ça à pas l’air joyeux » et « Pourquoi quand Salen parlait en humain il avait pas la même voix ».

Je vois les autres hocher la tête. Sauf Alev, qui grimace.

-Bah qu’est-ce qu’elle a ? Je demande.

-Je crois qu’elle commence à reconnaître « Feu » en humain. Explique Kusiya.

Comme si elle lisait dans les pensées, Alev tourne la tête vers la goutte.

-Harrar liarra né.

-Tu as vu juste ! Elle reconnaît le mot Feu ! Lance Fey, toute contente.

-Wow, génial, ça progresse ! Je rajoute.

Alev, un peu gênée, détourne la tête et cache son visage dans sa main en grommelant. Mais je dois avouer que je suis plutôt content, peut-être qu’un jour on pourra se comprendre !

Pour ça je devrais prendre des cours de Feu… Je me demande si Kusiya acceptera, quand la situation se sera calmée.

-Enfin, je veux bien répondre à tes questions, désolée de t’avoir fait attendre.

Je sursaute en entendant la goutte, et sourit. Enfin, il était temps !

-Super ! Merci !

-Je veux bien aider aussi ! Reprend Szèl.

-Pour commencer, on va faire simple avec la façon dont j’ai amené l’eau à ta gourde. Commence la prêtresse.

-… Ah je peux plus. Termine le venteux.

Je ris un peu devant l’air dépité de Szèl, Fey se penche en avant, visiblement intriguée elle aussi. Kusiya réfléchis quelques secondes, cherchant probablement ses mots, puis explique :

-Disons que, puisque je suis la prêtresse de la pluie, et plus généralement de l’humidité… Je peux sentir l’eau autour de moi, et la contrôler. Comme Väle utilise l’eau de la mer à sa guise, ici, je suis dans un milieu humide, alors je peux contrôler cette eau à ma guide.

Elle joue gracieusement avec ses doigts, et quelques gouttes perlent autour de sa main.

-Je ne peux pas le faire dans un air trop sec bien sûr, mais ici, j’en suis capable.

-Incroyable… Je souffle.

-Oh non ce n’est vraiment rien, les autres prêtresses en sont toutes capables !

Et elle dit ça comme si c’était la chose la plus normale du monde… Je secoue la tête, et lance :

-Ça reste super impressionnant ! Et merci pour ta réponse !

-Mais de rien ! Alors ensuite…

Elle semble creuser dans sa mémoire. Ça me fait vraiment plaisir, qu’elle prenne le temps de me répondre après tout ce temps ! Et puis, chaque fois que j’en apprends sur ce monde, je suis émerveillé…

-Ah oui, comment nous pouvons nous reproduire.

-Je suis surpris que tu poses la question, Etian, ça me parait évident. Insiste Szèl.

-Non ?! Je m’écrie.

-Les humains donnent pas de leur corps pour créer un petit ? Continue le venteux.

Je cligne des yeux.

-Attends quoi.

-C’est très résumé, mais oui, c’est comme ça que nous faisons. Termine Kusiya.

Je tourne la tête d’un coup vers la prêtresse. Je me sens pâlir à vue d’œil, et le visage inquiet de Fey ne fait que confirmer cette impression.

-Attends. QUOI ?

-Pour faire un enfant, deux élémentaires doivent offrir une partie de leurs corps. Explique la goutte.

Pour montrer un exemple, Kusiya fais disparaitre quelques gouttes de ses cheveux, ce qui créé une petite boule d’eau dans sa main. Elle fait de même de l’autre côté, et joint ces deux petites boules ensemble, pour en créer une plus grosse.

-Une fois que le corps est fait, il faut prier. Demander aux déesses leur bénédiction pour le nouveau né. Si la déesse accepte, alors le petit va grandir avec le temps, car la déesse grandira son corps petit à petit.

-Wow…

-C’est pour cette raison que, si c’est la gemme qui offre la bénédiction de la déesse, le Feu est… Commence Kusiya.

-Mais on va les sauver ! Coupe Fey.

-Oui, on va retrouver cette gemme ! Renchérit Szèl.

Mes yeux brillent un peu. Je n’ai pas vraiment écouté ce que les autres ont dit après mon « wow », tellement je suis soufflé. Si je m’attendais à quelque chose d’aussi… poétique…

-C’est incroyable… Et n’importe qui peut le faire ? Je demande.

-N’importe qui. Répond Kusiya.

-Peut importe son type d’élémentaire ?

Szèl hoche la tête.

-Oui, c’est plus compliqué, mais si les déesses sont d’accord, il peut y avoir des éléments mêlés !

-Je n’en connais pas personnellement, mais un conte populaire de l’Eau parle d’un couple d’Eau et de Feu qui ont fait naître une goutte de lave. Ajoute Kusiya.

-Peu importe le genre aussi alors ! Je m’écrie.

-Le quoi ? Reprend Szèl.

Je me fige quelques secondes.

-Le… genre ? Enfin…

Je me montre du doigt.

-Je suis un mec, alors je peux pas me reproduire avec un mec… Mais est-ce que Szèl le pourrait ?

-Un mec ? Continue le venteux.

-Oui, comme toi ? J’insiste.

-Je suis pas… un mec ?

Je pense que mes yeux s’ouvrent si grand que mes globes oculaires pourraient rouler sur le sol.

-Comment ça t’es pas un mec ! T’es Szèl ! T’es un « il » ! T’es un courant d’air ! T’es un guerrier ! Et t’as entendu ta voix ?! T’es…

-Oh, je comprends ! Coupe la goutte.

Kusiya place ses mains l’une contre l’autre.

-C’est un paramètre humain, n’es--ce pas ?

-C… comment ça un paramètre humain ?! J’enchaîne.

-Attendez !

Fey s’avance. Pitié, viens à mon secours… Je me sens devenir fou !

-Les humains sont comme certaines plantes. Plantes donneur et prenant, vous voyez ?

-Oooh, et ce serait ces genres dont parle Etian ? Demande Kusiya.

-OUI ?!

Je suis complètement sonné.

-Les élémentaires non physiques n’ont pas ça ! Lance Kusiya.

Je manque de m’évanouir.

-Comment ça… ? Tu es pas une prêtresse ? Et Szèl un guerrier ? Et Alev une capitaine ?

-Je pense que c’est une confusion de langage… Théorise la goutte.

-Mais votre apparence ?! Votre voix ?! Votre… je sais pas, vibe ?!

Kusiya hoche la tête.

-J’ai cette apparence car c’est mon devoir de prêtresse, de m’approcher au plus prêt de la déesse. La voix des gouttes est toujours un peu plus fluette. Et je n’ai pas compris ta dernière question…

-Donc…

-Je suis une goutte, je n’ai pas de… « genre ».

-Pareil pour moi ! Je ressemble à ça pour ressembler à mon idole ! Mais si je veux, je pourrais ressembler à Kusiya ! Continue Szèl. Et pour la voix, c’est car c’est comme ça que j’imagine la sienne ! Mais je suis du vent, je peux changer comme je veux !

-Et Alev… C’est pareil ? Je murmure.

Fey le demande immédiatement à la flamme, qui répond, un peu désintéressée :

-Korit alé yaréké Fajro.

-Elle dit souhaiter ressembler à Fajro.

Je sens mon monde se retourner complètement. M… Mais comment je m’adresse à eux, moi maintenant ?! Quelque part c’est logique, ça reste des éléments de la nature mais… enfin… Enfin quoi ?! Leur voix pourtant, et leur impression, leur tout, ça fait tellement…

-Ça va Etian ? Demande Szèl.

-Ouais c’est juste… Un peu le bazar dans ma tête.

J’ai le tournis, tant et si bien que Szèl attrape mes épaules pour arrêter ma tête. En voyant mon visage, la prêtresse – enfin le prêtre du coup ?! Les deux ?! – s’inquiète.

-Tu peux t’adresser à nous comme tu le souhaites ! Il n’y a pas de mal ! Ce ne sont que des notions humaines sans importances pour nous. Rassure Kusiya.

-Mais je garde à l’esprit que tu es autant une goutte que… un goutte.

-Quoi que ça veuille dire, oui !

Je ris un peu nerveusement. Fichue langue française, avec ses confusions… S’il y avait eu le « they » en anglais, ça aurait été plus simple.

Depuis le début, Szèl n’est pas un guerrier mais juste… du vent, et Kusiya juste de l’eau, et Alev juste du feu… Mais comme je dis « un courant d’air », « une goutte » et « une flamme », j’ai juste… Supposé.

Je fixe les autres quelques secondes. Ils ont quand même un penchant d’un côté, que ce soit Szèl qui veut ressembler à un héros humain, Kusiya à la déesse, et Alev à Fajro… Mais Fajro est pas dans le même cas ?!

B… Bref ! Ça ne sert à rien de me blesser dans ma confusion, je vais juste… faire comme d’habitude, et garder à l’esprit que c’est pas tout à fait ça. Je… Pense.

Enfin, assez de retournement de cerveau pour l’instant !

-Et si on revenait sur une question… plus simple ? Je souffle.

-Bien sûr Etian. Sourit Fey.

-Oui, j’espère que ça va… Murmure Kusiya.

-Oui oui t’en fais pas ! C’est juste un peu confus dans ma tête, mais tant que vous êtes pas vexés ou quoi, c’est très bien !

Szèl tapote mon épaule de façon amicale pour me rassurer. Fiou, au moins j’ai pas gaffé.

-Hm… Oh, et sur la langue du Feu ! Tu te posais la question, n’est-ce pas ? Affirme Kusiya.

-Oui !

-Que veux-tu dire par là ?

Je me redresse et explique plus en détail :

-En fait, Alev parfois elle dit trois mots, mais ça fait une phrase complète… Comment c’est possible !

-Les langues sont toutes différentes ! Lance Fey.

La saule sourit, et cherche ses mots quelques secondes avant d’affirmer :

-Feu très… direct.

-L’Eau est quelque chose de complexe, ou chaque mot a son importance. Décrit Kusiya.

-L’Air est très prétentieux, il faut des grandes et belles phrases pour montrer qu’on est meilleurs que les autres. Ricane Szèl.

-Quant au Feu, leur langue vient de leur origine guerrière. Termine la prêtresse. Puisque le Feu a participé à de très nombreuses batailles, il fallait crier les ordres efficacement pour coordonner les troupes.

-Oh je vois… Donc ce sont des mots courts pour ne pas perdre de temps, et qui donnent les idées principales ! Je résume.

-C’est ça !

Fey hoche la tête.

-Toutes les langues viennent… viennent d’une langue, des déesses. Puis, il y a des changements avec le temps.

-Oui, comme le latin en fait…

Je hoche la tête. C’est fascinant, une langue commune ! Je me demande bien à quoi elle ressemblant, maintenant, les quatre langues n’ont plus rien à voir !

-Et encore une nouvelle réponse ! Vous êtes trop forts, j’ai bien fait de les garder sous le… Je commence.

Je me coupe lorsqu’un énorme bâillement m’interrompt. Je plaque ma main sur ma bouche.

-Oups. Pardon.

-Haha ! C’est rien !

Fey retourne se poser contre un arbre, et s’installe confortablement.

-Je suis fatiguée aussi. On devrait dormir, pour demande. Demain. Pour demain.

-Après toutes ces infos, ça va faire du bien de dormir, je suis d’accord. Renchérit Kusiya.

Je sors mon sac de couchage – un peu déchiré par endroits mais c’est mieux que rien - mais également Lionie. La pauvre est toute rêche, mais toujours en vie ! Lorsque je la cale dans mes bras, je vois Szèl la fixer… étrangement.

-C’est Lionie, ma peluche.

-Une quoi ?

Je baille à nouveau, et secoue la tête.

-Note ça dans ton carnet.

Szèl se met à rire un peu et se met à voleter plus loin.

-Je prend le premier tour de garde ! Reposez-vous bien !

Il fait un signe à Alev, qui semble comprendre et hoche la tête. Je le vois disparaître un peu plus loin, alors que mes paupières sont de plus en plus lourdes. Le sommeil me gagne, mais juste avant de m’y perdre, je pense…

C’est agréable, de pouvoir se reposer, et surtout se détendre comme ça…

J’aime ces héros de tout mon cœur, ils sont là pour moi, ils m’apportent tellement… Je ne pourrai jamais assez les remercier.

Je deviens sentimental en m’endormant, oups, hehe. Mais je me sens heureux. Guimauve, encore. Ça fait du bien. Ça me ferait presque oublier… Tout ce qu’il se passe, et tous les risques de cette quête.

J’ai jamais été aussi heureux de toute ma vie. Je ferai tout pour être digne d’eux, je ferai tous pour leur rendre la pareille.

Ils méritent de rester aussi heureux que cette soirée, cette bulle de réconfort.

Pourquoi ça ne pouvait pas rester ainsi ?

Pourquoi est-ce qu’on a dû continuer notre route, le lendemain, pour tenter de stopper une guerre ?

Pourquoi est-ce que mes amis ne peuvent pas être simplement heureux ?

Pourquoi est-ce que… après une bonne heure de marche… Peut-être même un peu plus...

On est tombés sur une clairière complètement calcinée… Détruite, en poussières, sans aucun arbre qui tenait encore debout…

Et pourquoi… Pourquoi est-ce que Fey a murmuré :

-On est… chez moi…

Pourquoi est-ce que sa voix était aussi détruite en soufflant :

-Hofushë’wal…

Laisser un commentaire ?