Les Elémentaires tome 2 : La Quête de la Gemme
Bonjour à tous.
Oui, la voilà, enfin, la suite ^^ Je ne sais même pas quoi dire tellement ça fait longtemps, et j’en suis tellement désolée.
Mais voilà… Les Élémentaires sont de retour. Enfin ! Après la sortie du premier tome (disponible sur https://www.emiliegraziella-multivers.com/, sur Amazon et le site de la FNAC !) il m’a fallu du temps pour revenir… Et me voilà ^^
J’ai commencé à écrire ce chapitre juste après la sortie de mon livre, pour être honnête. Mais un syndrome de la page blanche surpuissant m’a forcé à le réécrire une, deux, trois, quatre fois… Et je suis enfin satisfaite du résultat ^^ Même plutôt fière, et c’est un chapitre beaucoup plus long que prévu !
Je vais tenter de sortir un chapitre le mercredi une semaine sur deux ! Donc le prochain sera le 8 janvier ! Si j’arrive à en écrire plus, je le ferai, mais pour l’instant je pars là-dessus.
Merci à tous ceux qui sont là pour lire cette suite qui s’est tant fait désirer.
Et maintenant…
Joyeux Noël, et bonne lecture à tous !
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Le feu brûle toujours.
Quelques braises s’éparpillent dans l’air. Il fait lourd, et le silence règne durant un long moment.
Tout le monde est tourné vers moi, attendant le début de la conversation. C’est sûr que ça fait mystérieux : « juste te parler ». Ça fait cool, assuré et avec la situation en main !
Mais la vérité, c’est que je sais pas du tout comment commencer.
Je déglutis. On me fixe avec tant d’insistance… C’est carrément malaisant… Par quoi je débute, est-ce que je lui dit la vérité cash ? Non, il va jamais me croire ! Peut-être si je lui pose des questions ? Non plus ! Et je ne peux pas me permettre d’attendre trop longtemps, car sinon Ëamnoushi saura que je ne suis pas confiant, et il ne va plus croire ce que je dis !
Dans quel pétrin je me suis fourré, moi…
Bon, quand faut y aller, faut y aller. Après quelques minutes d’intense réflexion, et un très long soupir, je crois que j’ai un plan.
-Dit-moi, Ëamnoushi.
Il grogne et marmonne quelque chose trop faiblement pour que je l’entende. Kusiya le fusille du regard, ce qui le calme immédiatement.
-Quoi… Il lâche.
-Je vais commencer la discussion avec quelque chose de simple.
Je croise les bras. On va espérer que tout se passe bien.
-Qu’est-ce qu’elle t’a raconté, Väle, en fait ?
Ëamnoushi peste, visiblement, il n’a aucune envie de répondre. Je vois Szèl se tendre un peu, comme s’il prévoyait déjà une attaque du garde de l’eau. Fey reste derrière moi, Alev est contre un arbre derrière Szèl. Kusiya fait un petit signe à Ëamnoushi, insistant pour qu’il dise quelque chose.
Ce qu’il fait juste après…
-La vérité.
… ce qui provoque chez Kusiya la réaction de lever les yeux au ciel.
-Ëamnoushi, ne commence pas.
-Ha ! Tu te crois supérieure, vraiment ?!
Il peste, mais Kusiya le remet rapidement à sa place. Je vois Alev jouer avec quelques flammes ; puisqu’elle ne comprend rien à la conversation, difficile de lui en vouloir.
-Mince, Alev… Je marmonne.
-Je m’en occupe.
Fey s’approche d’elle pour lui traduire. Szèl, quant à lui, se penche vers Ëamnoushi, et reprend, visiblement irrité :
-Arrête de te prendre pour un vador. Tu es en position de faiblesse, ici ! Ne répond pas comme ça à Etian !
J’ouvre de grands yeux et souffle :
-Un vador ?
-Oui ? Quelqu’un qui se la joue alors qu’il devrait pas ? Explique Szèl.
Je hausse les sourcils. Qu’est-ce qu’il essaie de me…
-Oh ! Un cador !
-Oups. Bon ça va j’y étais presque !
Je ris un peu devant son visage gêné. Mais secoue rapidement la tête, c’est pas le moment. Je me tourne vers Ëamnoushi, qui doit attendre ma réponse impatiemment.
-Donc, elle t’a dit la vérité… Je rappelle.
-Exactement, espèce de monstre. Il rétorque.
-Hm hm.
Kusiya resserre son emprise, Ëamnoushi grimace, et parle plus faiblement, comme s’il avait une main autour de la gorge :
-Vous n’aidez pas vraiment votre cas là !
-Car si on te lâchait, tu ne bondirais pas sur nous pour nous abattre ? Rétorque Szèl.
Le garde de l’eau ne répond pas. Je tend un bras vers Kusiya, pour lui demander de relâcher légèrement son emprise. Elle le fait, ne laissant transparaître aucune émotion.
-Ëamnoushi. J’appelle.
Je m’approche juste un peu. À peine. Je sais que si je fais plus, il va complètement se braquer. Mais j’ai une petite idée pour le surprendre et pour l’aider à parler.
-Tu peux me parler avec autant de mépris que tu veux.
Il semble écarquiller les yeux. Szèl, Fey et Kusiya font de même. Fey traduit à Alev, qui rejoint le mouvement.
Et super. Je me sens un peu comme un alien, mais ça fait parti du plan !
-Mais s’il te plaît… Raconte moi tout ce qu’il s’est passé.
-Tsk ! Tu le sais déjà, enflure ! Il crache.
-Alors dit toi que je suis idiot, mais j’ai besoin que tu le fasses. D’accord ? Dit moi tout ce que Väle a dit, ce que j’ai fait d’après elle, et juste… Toute l’histoire, en fait ! De A à Z, et toutes les lettres entre les deux !
-Tu…
-Ëamnoushi, c’est tout ce que je te demande.
Fey approche de moi, et pose une main sur mon épaule.
-Etian, tu es sûr… Elle tente.
-Oui, je veux comprendre.
Ëamnoushi est surpris, pendant plusieurs secondes, il ne sait pas quoi dire. Mais il finit par secouer la tête.
-Très bien, assassin, je suppose que je peux te le dire.
Il se redresse, me regardant avec haine, et crache avec virulence :
-Elle m'a dit que vous aviez utilisés Unasaë, avant de le tuer !
Ëamnoushi semble montrer les crocs, ce qui est plutôt fort, pour quelqu'un en eau. Je reste immobile. Pour une fois, je n'ai pas vraiment peur ; je sais que les autres sont là pour me protéger si le pire devait arriver.
-Je vois…
Je croise les bras.
-Mais j'ai juste une question…
-Quoi ! Quoi encore ! Laisse moi tranquille !
Je déglutis un peu, même pas à cause de sa réaction, mais de ma future question. Rien à faire, c’est toujours aussi… Difficile, de le dire.
-Pourquoi on aurait… tué Unasaë ?
À ces mots, Ëamnoushi se penche en avant, plus agressif encore.
-Car vous n'êtes que des sales traîtres ! Vous avez trahi sa confiance ! Vous l'avez dupé ! Vous… vous… vous n'êtes que des monstres !
-Arrête un peu ! Etian ferait jamais ça ! Rétorque Szèl.
Fey traduit à Alev, qui se lève brusquement pour en rajouter elle aussi.
-Fey nanda tiar tohkha !
-Ça va, ça va…
Alev me lance des incendies par les yeux, ce qui me fait reculer. J'avais trop de confiance, j'avais trop de confiance ! Heureusement pour moi, Fey se place entre nous pour calmer le jeu.
-Mais Etian tu peux pas le laisser te parler comme ça ! Lance le venteux.
-Je comprends, en fait, c'était son ami… Je souffle.
-Il était mon frère ! Et vous l'avez abattu ! Corrige Ëamnoushi.
Je me tourne vers lui, essayant de rester aussi calme que possible. Mais ce n’est pas vraiment simple… Parler de tout ça, ça pèse…
-Mais jusqu'ici, Unasaë nous avait guidé, pourquoi on l'aurait tué juste… pour rien ? J’insiste.
-Pour vous débarrasser de lui ! Car il n'était qu'un poids à vos yeux ! Qu’un objet bon à jeter lorsqu’on s’en est servit !
Je serre les poings. Ëamnoushi s'agite, même si Kusiya le tient toujours fermement. Mon plan était-il si bien que ça au final… ?
Comment arriver à lui parler, il est tellement têtu c'est pas possible ! Je sais bien que le sujet est difficile, mais tout ce que je dis tombe dans l’oreille d’un sourd !
Ou alors devient une goutte dans l’océan.
Soudain, j'ai une idée. Une lumière qui s’illumine dans mon esprit, sans prévenir. J’inspire, expire, et reste aussi calme que possible.
-Comment tu le sais ?
Il cligne des yeux.
-Comment tu le sais, que nous avons… fait ça à Unasaë ? Tu étais là ? J’insiste.
-N… Non ! Je vous aurait empêché de… Il commence.
-Alors comment tu le sais ? Tu as des preuves ? Tu peux nous le montrer, ce qu’il s’est passé ?
-Non mais…
-Alors comment tu saurais tout ça ?
-Notre Grande Prêtresse Väle me l'a dit !
Fey secoue la tête. Même en ayant deviné que Väle avait raconté des sottises, difficile d’imaginer qu’elle puisse raconter de telles choses sur nous. Et surtout que de simples paroles soient aussi ancrée dans sa tête.
-Mais pourquoi elle dit ça… Murmure Fey.
-Pour le manipuler contre vous sans aucun doute. Répond Kusiya.
-N’oubliez pas que vous êtes aussi une traîtresse ! Rétorque Ëamnoushi.
-... Et moi aussi visiblement.
Elle soupire.
-Ëamnoushi, tu dois entendre que… Elle tente.
-Silence ! Il coupe. Je n'écouterai pas un mot de plus venant de votre bouche d’une stagnante !
-Qu…
Kusiya semble vraiment vexée, insulte d'eau je suppose, que je ne peux pas vraiment comprendre. Enfin, je dois me concentrer et réfléchir encore un peu. Pardon de mon manque de soutien, Kusiya.
Väle a donc inventer tout ça… Un scénario où on aurait tué Unasaë car il était trop gênant… Oh cette foutue vague, je me vengerai un jour, je me vengerai !
Mais pour l’instant, il faut trouver un moyen de convaincre Ëamnoushi… Hm… C’est une sacrée énigme… Et vu les regards des autres sur moi, tout le monde attend ma prochaine idée. Sauf qu’elle vient par tout de suite…
Ah mais attendez je suis un peu stupide en fait.
-Ok… Alors… Ëamnoushi tu veux bien me rendre un dernier service ?
-Quoi encore, monstre !
-Tu veux bien écouter ma version de l’histoire ?
Il grince des… dents. De l’eau. Il grince de l’eau. Les autres se tournent vers moi, un peu surpris. Quant à moi, je rajoute mes conditions.
-Sans réagir, ou râler, ou quoi, juste écouter.
-Et qu’est-ce que j’ai a y gagner ? Il rétorque.
-Après je te laisse tranquille. Je répond.
Il ricane, l’air bien plus mesquin.
-C’est vrai que ça vend du rêve.
Szèl semble prêt à lui donner un gigantesque coup de poing. Heureusement, je pose ma main sur la sienne, ce qui le calme un peu. Je me retourne vers Ëamnoushi.
-Alors on a un accord ?
-Vas y, ça ne changera rien.
J’inspire, expire. Et serre les poings. Szèl pose une main sur mon épaule, pour m’encourager. Fey approche également, inquiète. Même Kusiya n’est pas très rassurée.
Raconter toute cette histoire encore une fois, et le plus précisément possible… C’est douloureux. Très douloureux.
Mais je dois le faire.
-… Bon, c’est parti.
Je souffle profondément, comme pour me donner du courage.
-Lorsqu’on est arrivés au palais, Väle nous as accueilli et logé pour la nuit. Moi et Una, on était dans la même chambre. Il était tellement… Tellement heureux de la rencontrer.
Je joue nerveusement avec mes doigts.
-On a parlé un peu, puis Una a senti une présence dans notre chambre. C’était Kusiya, qui venait pour nous prévenir… Que Väle voulait nous faire du mal. Qu’elle voulait… Enlever Fey, pour l’offrir à Fajro.
Ëamnoushi grimace à cette phrase. Je veux pas vraiment voir sa tête pleine de colère plus longtemps… Alors je baisse la mienne. Fey, sentant ma nervosité, approche et appose ses mains sur les miennes.
-Mais Una l’a envoyé dehors, car il… Bah, comme toi en fait, il a traité Kusiya de traîtresse… Car Väle pourrait jamais faire une chose pareille… Il a pleuré cette nuit-là, et même si je comprenais pas ce qu’il disait j’essayai… J’essayai de le rassurer… On a longtemps, très longtemps parlé. Même si on se comprenait pas, je me sentais plus proche de lui.
Je croise les bras, et serre mes mains contre eux. Mon cœur se serre un peu…
-Le lendemain on… on a rejoint Fey et… alors que Väle allait nous amener… nous amener au tourbillon…
Je sens une larme s’échapper de mes yeux. C’est pas le moment… Je devrais regarder Ëamnoushi, je le sais, je dois assumer ce que je dis ! Mais… Je n’y arrive pas.
-Elle a voulu nous attaquer… Elle a pointé la gemme de Fey… Et a voulu mettre Una de son côté.
Je sens une pression sur mon épaule. Fey se serre contre moi, aussi tendrement qu’elle le peut.
-Etian, tu es… Elle murmure.
-J’ai pas finit mon histoire, Fey. Désolé. Je coupe.
Après un petit silence, elle soupire et me laisse continuer. Je n’arrive toujours pas à regarder les autres, alors je garde la tête tournée vers le sol.
-Una s’est mis devant nous pour nous protéger, il en voulait tellement à Väle, il a insisté, il a marchandé, il ne voulait pas y croire… Mais il a finalement choisit de se mettre de notre côté, pour nous aider à nous échapper.
Je souffle.
-Il allait se prendre un coup, mais Kusiya l’a protégé, tout en nous repoussant en arrière… Ça a continué un moment… On a réussit à partir plus loin grâce à elle mais… mais…
Je serre les poings si fort, ça pourrait déchirer mon sweat. Je crois que je tremble un peu.
-Mais Väle nous as rattrapé…
J’arrive, avec difficulté, à regarder Ëamnoushi droit dans les yeux.
-Elle a attrapé le crâne d’Unasaë… Et l’a brisé d’une main…
Szèl semble absolument horrifié. Mais Ëamnoushi, lui… semble surpris. Vraiment surpris. Sa colère a disparue, mais il est perdu, confus, il n’arrive pas à saisir ce que je dis.
-J’ai voulu le rattraper… Il… Il a tendu la main vers moi… Il m’a appelé…
Je tend légèrement le bras.
-Mais Kusiya savait que c’était inutile… Alors elle s’est interposée…
Je serre les poings.
-Väle allait attaquer Kusiya, mais j’ai réussi à la protéger… Avant qu’on s’enfuit tous les trois… En laissant… En laissant Unasaë derrière nous… Je ne voulais pas le laisser, je voulais l’aider, même après que Väle l’ai tué, je le voulais vraiment, mais c’était trop tard !
Je baisse la tête.
-Je suis désolé, Ëamnoushi…
Il grimace un peu. Le silence qui s’ensuit est long, Szèl et Fey glissent une main sur mes épaules pour essayer de me réconforter. C’est finalement notre « captif » qui parle le premier.
-Oser… Oser parler comme ça, je te jure…
-Non mais espèce de… Commence Szèl.
-Oser parler comme si tu étais ami avec lui… Oser parler comme si tu en avais quelque chose à faire… Oser parler comme si tu n’étais pas responsable de son sort…
Je serre un peu les poings. Ses mots sont comme un long, long poignard qui s’enfonce lentement dans mon cœur. Car je sais que quoi que je lui dise… C’est inutile.
-Oser parler de façon si… si convaincante… Si sincère…
Je sursaute.
-Hein ?
-Mais y’a aucune preuve. Väle ne mentirait pas. Elle…
Il détourne la tête. Il détourne la tête ?
-Elle ne peut pas avoir menti comme ça, c’est impossible. Juste impossible. Je ne peux pas y croire.
Je soupire, lui a le regard fuyant. Väle a dit de tels mensonges à Ëamnoushi, évidemment il va plus la croire que nous. C’est sensé être sa reine. Mais… Je me sens proche de le convaincre. Il a l’air beaucoup moins agressif, ça c’est sûr.
Fey semble sursauter, elle doit avoir réalisé quelque chose. Elle se place à côté de moi, et demande à notre captif :
-Tu as remarqué… une… une chose étrange avec Väle ?
-De quoi tu parles ? Rétorque Ëamnoushi.
-Un… différent, euh…
-Une différence ? Tente Szèl.
-En apparence ! Ajoute Fey.
-Si Ëamnoushi a remarqué une différence sur l’apparence de Väle ? Résume Szèl.
-Oui ! Oui.
Elle regarde Ëamnoushi, lui tourne la tête pour ne plus la voir, et lance avec colère et tristesse :
-Vous m’avez pas promis de me…
-Commence pas, c’est pas le moment pour tes caprices. Coupe Kusiya.
-Tsk.
Il semble fermer les yeux.
-J’ai rien vu de particulier… C’est ma Grande Prêtresse, elle était aussi majestueuse que d’habitude.
-Même pas… sa couronne ?
Un frisson me traverse le dos. Je tourne la tête vers mon amie, et souffle :
-Fey non c’est pas…
-Sa couronne ? Pourquoi elle serait différente sa couronne ? Qu’est-ce que vous racontez bon sang. Lance Ëamnoushi.
-Con… conca… conceantreuh toi ?
-Concentre toi. Corrigent Kusiya et Szèl.
-Concentre toi, Ëamnoushi ! Termine Fey.
Il grimace un peu plus, puis lève la tête. Comme si les souvenirs remontaient lentement, il murmure :
-Il y avait une… Une nouvelle forme sur sa couronne… Une nouvelle boucle… C’est pas comme si je la voyais souvent, mais je crois bien qu’elle était plus grande qu’avant.
-Et elle était de quelle couleur ?
Je joue nerveusement avec mes doigts. Heureusement que Fey prend le relais, je n’arrive pas à parler plus.
-Elle était…
Le visage d’Ëamnoushi commence à se tordre. Une horreur se dessine dans son expression.
-De… De la même couleur… Qu’Unasaë… Je… Je reconnaitrait cette teinte entre des milliers…
Il se redresse brusquement, apeuré.
-Qu’est-ce que ça veut dire ! Dites-le moi bon sang !
Fey semble prendre une immense inspiration, même si elle n’en a pas vraiment besoin, avant de souffler faiblement :
-Lorsque Väle a… écrasé le… la tête d’Unasaë… Son…
Les mots sont difficiles à communiquer. Je prend sa main pour essayer de lui donner du courage, elle serre en retour. Kusiya fait alors un signe à Fey, pour prendre le relais, alors qu’elle murmure :
-Elle a manipulée son eau pour qu’elle puisse orner sa couronne.
Je regarde enfin Ëamnoushi.
Il a la bouche grande ouverte. Il tremble, on dirait qu’il pourrait disparaître sur la terre. Je me sens un peu mal d’avoir lancé le sujet, au fond… C’est le genre de choses que personne devrait savoir…
Enfin, au moins ça m’évite de mourir de sa main…
-Non… Non on ne peut pas faire une chose si… si horrible… C’est… C’est impossible… C’est impossible, c’est un mensonge, c’est forcément un mensonge, j’ai dû mal voir, j’ai… J’ai…
Kusiya secoue la tête.
-Voici notre version de l’histoire… Et notre preuve est cette couronne.
-Non… Non Unasaë n’a pas pu… Il n’a pas pu partir comme ça… Non non non non non non…
Il se recroqueville sur lui-même.
-Non… Non…
Il baisse la tête, et se tait, pétrifié. On dirait presque qu’il est mort, son eau n’a plus aucun mouvement. Je soupire, moi-même un peu chamboulé. Il tenait tellement à Unasaë, et apprendre qu’il est mort de cette façon…
Il doit être en plein cauchemar. J’aimerai le réconforter, il me rappelle tellement ma propre réaction, lorsque j’ai réalisé qu’il était parti… Par notre faute. Mais je ne pense pas qu’il voudra de mon soutien, surtout pas dans une position si vulnérable.
J’ai une migraine d’un coup… Non, pas de crise de panique, juste une migraine. Va pas évoluer, sale bête. Je secoue la tête pour quitter mes pensées, et lève la tête vers notre prisonnier.
Il se met à… trembler ? Kusiya également est surprise, même si elle reste prudente. Les autres aussi approchent un peu, comme s’ils n’en croyaient pas leurs yeux. L’eau tremble tellement que des gouttes s’éparpillent çà et là.
J’aperçois alors une petite goutte, plus brillante que les autres, perler de son visage et tomber au sol devant lui.
Il… Pleure ?
-Il me manque…
Mon cœur se serre un peu, Kusiya également baisse la tête.
-Je donnerai tout, tout pour le revoir, absolument tout… Je… Je ne sais plus quoi penser… En quoi croire… Je sais juste…
Il cache son visage contre ses jambes.
-Je sais juste que je l’aime et qu’il me manque…
Je ne peux m’empêcher de serrer ma main au niveau de mon cœur, anxieux et… je ne sais même pas comment le décrire, mais j’ai toute la peine du monde à ne pas m’effondrer.
Ëamnoushi tourne lentement, très lentement la tête vers Kusiya, l’air perdu, désemparé et profondément malheureux.
-Tu peux me lâcher… ? Je veux plus qu’on traduise ce que je dis… S’il te plait…
Il le dit sans aucune animosité, aucune arrière pensée. Il est sincère et… désespéré. Kusiya hoche la tête, et lâche sa nuque, avant de s’éloigner, pour lui laisser un peu d’intimité. Elle affirme doucement :
-Je ne leur traduirait rien.
-Faplaefun…
Il baisse la tête, et sanglote, marmonnant des mots que je ne comprends pas. Nous restons tous les quatre silencieux pendant de longues et insoutenables minutes . Le ciel est bien noir au dessus de nos têtes, et c’est comme s’il nous avait englouti dans les ténèbres.
Soudain épuisé, je laisse ma tête tomber contre l’épaule de Fey. Celle-ci tourne la tête, surprise.
-Etian ?
-Ça va, ça va, juste… fatigué. On a marcher toute la journée et puis… Ça… J’ai une sacrée migraine.
-Oh, je comprends.
Fey glisse une main sur mon épaule, et frotte un peu, souriante malgré tout.
-Dors ! Repose toi.
-T’es sûre ?
-Oui, on surveille Ëamnoushi, toi, occupe toi de dormir ! Renchérit Szèl.
-Alev, linar nérro ? Demande Kusiya.
Alev se lève en grognant, puis pose sa main sur les buches, qui ne crépitaient plus beaucoup. La chaleur part sur mon visage, et ça me donne tellement, tellement sommeil…
Fey s’accroche à mon épaule, et je sens une toute petite brise sur mes cheveux. C’est Szèl qui fait ça ? Peut être… Mais je me sens si épuisé et détendu à la fois… Parler de tout ça m’a vraiment laissé K.O…
Je sais que je te vengerai, Una, peu importe ce que ça me coûte. Et désolé d’avoir fait autant de mal à ton meilleur ami, je vais tenter de me racheter, promis. Je me demande si tu m’entends… Ou si tu es toujours prisonnier, et conscient d’être sur la couronne de cette sorcière.
Je me sens de plus en plus dériver, je crois que cette conversation a demandé trop de mon énergie. Mais mon plan a marché ! Ëamnoushi n’est plus trop en colère contre nous, au moins !
Hehe, j’ai réussi…
J’aborde un tout petit sourire. Alors que j’entends un faible, un minuscule :
-Umn uchamn blalmnie, Unasaë. Umn yoe fivash…
Je sombre dans un sommeil sans rêve.