Les Elémentaires tome 2 : La Quête de la Gemme
Bonjour à tous !
Ça fait plaisir de vous retrouver ! Même si vous êtes beaucoup moins nombreux, et c’est normal… Mais je m’en fiche ! Tant qu’une personne continuera de lire, je continuerai de publier !
En revanche, je dois déjà vous annoncer une mauvaise nouvelle, je ne pourrai pas faire de chapitre la semaine prochaine, mais seulement pour le 29 janvier… J’ai un énorme travail du 20 au 25 janvier, qui va me prendre beaucoup trop de temps pour que je corrige correctement le chapitre, et je ne veux pas me presser avec. Mais pas d’inquiétude, ce n’est qu’un cas exceptionnel ! Promis !
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture de ce chapitre !
PS : Pour me faire pardonner ce chapitre fait 4500 MOTS QUOI COMMENT HEIN ?!
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-Etian ?
-…
-Etian ? Hey ho ?
-Mmmm…
Je me tourne sur le côté. Qui me parle ? Je sais pas…
-Etiaaaaaaan ?
-Grumbl…
Laissez-moi tranquille… J’ai mal à la tête il est trop tôt… Qui me parle en plus là…
-Attends, laisse-moi faire.
-Je t’en prie.
-Hm hm.
Je sens quelque chose attraper mes épaules. 5 minutes, encore 5 minutes… J’suis bien là… Où je suis en plus ? Je sais pas trop, je sais juste que c’est confortable…
-ETIAN !!!
-GYAAA !!!
Je bondit d’un coup, et me lève, atterrissant sur mes deux jambes, au garde à vous, tellement droit qu’on dirait une planche. Mais je pense pas que ça masque le bruit de ma crise cardiaque.
-J’suis réveillé j’suis réveillé !
-Hahaha !
Fey semble très contente de son coup. Je soupire, mon cœur se calme enfin. Bon sang, la frousse dès le matin ! Je crois que pendant une seconde, j’en ai oublié comment je m’appelai !
-Bon sang Fey, fait plus jamais un truc pareil ! Je souffle.
-Désolée ! Mais on va… on va repartir !
Elle se tourne vers Kusiya, debout un peu plus loin, et lui demande :
-C’est bien repartir ?
-Oui, tu progresses ! Encourage Kusiya.
La prêtresse applaudit gentiment, alors que Fey laisse s’échapper un petit « ia ! » de victoire. Je secoue la tête. Allez, reprend toi Etian. Tu sais que tu ne peux pas dormir trop longtemps de toute façon, on est pas en vacances !
Je regarde autour de moi pour trouver les autres. Szèl et Alev ont tous deux le regard tourné vers Ëamnoushi qui est…
Libre ?
-Hein quoi ? J’ai raté un épisode là, non ? Ëamnoushi ?! Pourquoi tu es…
Je m’approche d’Ëamnoushi, mais le bras de Szèl me retient.
-Demande à Kusiya.
Alev également semble mécontente, ce qui fait soupirer Kusiya. J’ai vraiment dormi si longtemps qu’on fait des discussions sans moi ?! Voyant mon regard étonné, la prêtresse explique :
-Ëamnoushi n’a pas dit un mot depuis hier, et il est très calme. Alors oui, j’ai décidée qu’il ne serait plus attaché, tant qu’il nous suit.
-Ce qui est une très mauvaise idée. Rétorque Szèl.
Je cligne des yeux et me tourne vers lui. Il est toujours en colère ? Je croyais qu’il s’était un peu détendu, pourtant…
-Szèl, enfin… Je souffle.
-Il t’a attaqué, et maintenant il est détaché. Il sait se battre, on peut pas lui faire con…
Je le coupe en passant à travers son bras pour rejoindre Ëamnoushi, ce qui le paralyse un peu.
-T’as bien dormi ? Je demande à Ëamnoushi.
Il ne répond rien. Son regard est flou, mais ce n’est pas de la tristesse, on dirait plutôt qu’il veut cacher ses émotions. Il est peut être plongé dans ses pensées…
-Ouais ça fait beaucoup à avaler… Je vais te laisser tranquille.
Ëamnoushi hoche la tête, appréciant visiblement le geste, avant de se tourner vers Kusiya.
-Yallrar na réalr kikro. Haja narnafa !
-Alev, ljerrirr khuranu. Rétorque Kusiya.
-Livfraa anvf fuajiau, léro taerr na él dakadir ! Envoie Alev.
Kusiya sursaute, surprise par les mots d’Alev. Si surprise qu’elle en perd son Feu.
-Eshu onë avoaevi o’plemne laevi lilayoësh ?!
-S’il vous plait, je suis encore là ? J’appelle.
Mais la pauvre prêtresse semble vraiment sous le choc. Qu’est-ce qu’elle a pu raconter celle-là encore !
Me souvenant que Fey parle aussi en Feu, je me tourne vers elle. Elle est… Surprise, ça c’est sûr.
-Non mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Je m’écrie.
-Alev a donner… compli, compilement… Tente Fey.
-Un compliment ? Je tente.
-Oui ! Donner un compliment a Kusiya !
-Quoi ?!
Je me tourne immédiatement vers la flamme. Celle-ci m’observe et tourne la tête dans tous les sens, avant de reculer d’un pas.
-Aahaé dalejiaa yamrur na !
-Alors celle-là si je m’y attendais. Je lâche.
-Incroyable ! Renchérit Fey.
-Je crois comprendre que c’est exceptionnel ? Demande Szèl.
-Oh, tu n’as pas idée… Ajoute Kusiya.
Je me met à rire doucement, suivit par Fey et Kusiya. La pauvre Alev, quant à elle, tourne la tête, regrettant visiblement ce qu’elle a dit. Même Szèl laisse s’échapper un petit bruit amusé.
Alors elle est capable de donner des compliments ! Encore un bon point pour elle. Je ne sais pas si ça me rend sadique, mais qu’est-ce que c’est amusant de la voir aussi paniquée.
Oui c’est définitivement du sadisme.
-On devrait partir ! Il reste une… une lune ? Non, non… Une jour de marche ! Reprend Fey.
-On te suit capitaine ! Je répond.
Menant la troupe, Fey se met à avancer. Ëamnoushi s’approche sagement de Kusiya, pour marcher à ses côtés. Il a l’air trop calme, presque comme un zombie. Ça me fait vraiment de la peine…
Là ou Alev invoque une lame en main et se place sur le côté, pour surveiller Ëamnoushi et les environs, Szèl le regarde… avec beaucoup d’insistance. Je m’approche de lui.
-Szèl, ça va ?
Il sursaute un peu en me voyant, puis détourne le regard.
-Je me méfie, c’est tout.
Je cligne des yeux.
-Non mais… Calme toi enfin, Ëamnoushi est tout calme ! Tu le regardes comme s’il allait nous tuer !
-C’est précisément ce qu’il a essayé de faire, je te rappelle !
Sa colère me fait faire un pas en arrière. Lui tourne la tête vers Ëamnoushi, on dirait qu’il grogne. Qu’est-ce qu’il lui prend ! Quelle mouche le pique depuis ce matin ! Comment une mouche peut piquer de… Rah c’est pas la question !
Il grimace, et continue sur un ton toujours aussi nerveux :
-Te faire du mal est inacceptable, si ça ne tenait qu’à moi je…
-Szèl, tu me fais flipper.
Il sursaute et tourne la tête vers moi. J’ai un petit mouvement de sursaute aussi. C’est sorti tout seul ! Mais c’est vrai que voir Szèl comme ça, c’est juste… pas naturel. Pas normal.
C’est pas mon fan…
-Etian ? Il demande.
-Je lui en veux pas, d’accord ? Je reprend.
Je crois voir Ëamnoushi tourner la tête vers moi, mais ce n’est que du coin de l’œil. Voyant le regard confus de Szèl, je continue :
-Il a le droit d’être en colère ! Son meilleur ami est mort !
-Il a voulu… Il commence.
-Et alors ?! Il veut plus, c’est le plus important ! Là, c’est toi qui veut buter quelqu’un et juste… Faut pas parler de la mort comme ça ! C’est pas quelque chose de léger, c’est une tragédie et… et…
Je ferme les yeux, en repensant à Unasaë une seconde. Je veux plus jamais voir un truc pareil de ma vie…
-Alors tu te calmes, compris ? Je lance. Haïr, oui, mais n’essaie même pas de penser à un assassinat !
-Mais, toi-même tu veux pas te venger de Väle ?
-La tabasser, oui, mais pas la tuer ! Hors de question de la tuer ! Je suis pas un meurtrier, et je veux pas le devenir !
-Etian, je…
Szèl baisse la tête, le regard fuyant. Il semble presque… apeuré ? Qu’est-ce que j’ai dit comme boulette moi encore !
-Tu sais que je suis… que j’étais un guerrier, pas vrai ?
-Oui, et ? J’insiste.
-J’ai déjà tué beaucoup de gens…
Je déglutis, et serre les poings. Oh, j’avais oublié ce détail… Pour qu’il y ai des guerriers, il y a des guerres… mais en même temps :
-Je suppose que c’est « justifiable » vu que c’était dans des batailles.
-Alors tu me détestes pas ?! Il s’écrit.
Je sursaute. D’où peut bien sortir une idée pareille ?!
-Qu… Non ! Bien sûr que non je pourrai jamais te détester !
Il semble profondément soulagé.
-Oh j’ai eu si peur… Il laisse s’échapper dans un souffle.
-Mais je veux quand même que tu arrêtes de regarder Ëamnoushi comme ça ! Réfléchis-y, d’accord ? Je reprends.
-D’accord, d’accord…
Je pousse un grand soupir, et tourne la tête vers Ëamnoushi. Oui, c’est définitif, il m’observe. Je lui souris, lui se retourne sans un mot.
Eh bah quelle ambiance.
Je secoue la tête, et continue d’avancer. Szèl semble pensif, c’est bien, il m’écoute… Et c’est tellement agréable d’être écouté, hehe… Non, je devrais pas penser à un truc pareil. J’avance en regardant autour de moi, puisque personne ne veut parler. Même pas Fey et Kusiya ! Quoique, pour Fey, elle doit être concentrée sur la route pour ne pas nous perdre, c’est logique.
Soudain, on s’arrête.
On s’arrête ?
Non, Ëamnoushi vient de s’arrêter, et les autres se sont tournés vers lui. Je fais de même.
-Ëamnoushi ? Je demande.
Il regarde Kusiya, et montre sa nuque. La prêtresse comprend, bien qu’elle soit étonnée, et place sa main, bien plus doucement que la première fois. Il prend un grand souffle, et lance après quelques secondes :
-Vous m’entendez ?
-Ouais ! Tu vas mieux ? Je demande.
-Je ne sais pas si on peut dire ça.
Il soupire, laissant s’échapper quelques gouttes. Fey s’approche, curieuse.
-Tu veux nous dire… une chose ?
-J’ai plutôt un marché à vous proposer. C’est bien pratique que je puisse vous en parler, au final. Il marmonne.
-Un marché ? Insiste Kusiya.
Fey traduit à Alev. Et il faut dire que son visage froncé est hilarant, maintenant que je sais qu’elle va pas me frapper.
Car à la place d’Ëamnoushi je serai complètement terrifié.
Cependant, il ne se laisse pas abattre et commence son explication.
-J’ai envie de rester seul. Juste… de rester seul. Mais je suis votre prisonnier, techniquement.
-J’aime pas vraiment ce mot… Je marmonne.
-Et tu veux qu’on te libère ? Pourquoi on le ferait. Lance Szèl.
-C’est pour ça que je vous propose un marché…
Il tourne la tête, et montre une direction.
-Il y a un ruisseau, pas loin. Il faisait parti de mon trajet de repérage, avant que je vous trouve. Depuis ce ruisseau, on arrive à quelques minutes d’une entrée dans la montagne, qui n’est pas très surveillée par la Roche.
Il regarde Fey.
-Si j’ai bien compris, c’est là que vous allez, pas vrai ? Etian a parlé de rejoindre une montagne.
-C’est vrai.
Elle hoche la tête, un peu méfiante mais attentive.
-Si vous prenez ce ruisseau avec la prêtresse, vous allez être repérés en quelques secondes. Alors que si je vous enveloppe, vous serez indétectable.
-Attends attends, comment ça on sera repérés ?! Je coupe.
Kusiya secoue la tête.
-Mon Eau n’est pas de l’eau de rivière, mais de rosée, ce n’est pas la même… Sans oublier que puisque toute l’Eau est avec Väle, elle a forcément des patrouilleurs dans toutes les eaux…
-Exact. Affirme Ëamnoushi. Tous les villages ont envoyés leurs meilleurs guerriers à votre recherche, pour retrouver… « La traîtresse et les assassins ».
Je serre un peu les poings. C’est comme ça qu’ils nous appellent, hein… Fichue propagande d’une fichue sorcière… Ëamnoushi continue, d’une voix assez froide :
-Mais moi, ils vont s’attendre à me croiser ici, ils savent que je suis dans la région. Voilà ce que je peux faire. Je vous amène devant l’entrée, et vous me laissez partir.
Il me regarde. Impossible de lire une émotion sur son visage.
-Ça vous convient ?
-Hm… C’est difficile à dire.
Kusiya pose sa main libre sur son menton.
-Cela pourrait être un piège.
-Oui, on peut pas te faire confiance aussi facilement. Renchérit Szèl.
-J’avoue que moi non plus je suis pas très rassuré… J’ajoute.
Ëamnoushi soupire, je crois voir son eau un peu tremblante, comme si du vent passait dessus. Mais je ne sens aucun courant d’air, alors Szèl est innocent.
Je crois. Je pense. J’en suis sûr.
-Je veux seulement rentrer chez moi. Affirme Ëamnoushi.
-Qui nous dit que tu ne vas pas prévenir Väle, que ce soit dans ce ruisseau ou après ? Demande Kusiya.
Il croise les bras et ne répond rien pendant plusieurs secondes. Il semble réfléchir à un argument… Et lorsqu’il le dit d’une petite voix, nos mâchoires tombent sur le sol. Enfin c’est imagé, je suis le seul avec une mâchoire.
-Je… me méfie.
On écarquille tous les yeux. Enfin, d’abord Alev ne le fait pas, mais Fey lui traduit rapidement, et elle nous rejoint. Ëamnoushi continue, la voix un peu plus faible :
-Je ne sais toujours pas quoi penser de tout ce que vous m’avez dit, mais cette couronne… C’est suspect. Alors je me méfie d’elle, comme je me méfie de vous. Je ne peux pas aller la revoir pour le moment.
Il tourne la tête.
-Je veux pouvoir mener mon enquête. Mais pour ça, je dois être libre…
-Taerr na yukhir, léro taerr tahair yoarr ? Ajoute Alev.
-Encore une fois, on a aucune preuve. Rétorque Szèl.
-Non, aucune.
Il lève la tête.
-Mais a part vos témoignages, en avez-vous sur la mort d’Unasaë ? Rétorque l’éclaireur.
On reste en silence quelques secondes. Est-ce qu’on peut lui en vouloir, de ne pas nous croire ? Non. Mais au moins, il ne veut pas nous trahir, enfin s’il dit vrai. Mais comment on peut savoir s’il dit vrai ?
Ça me donne une migraine…
-Je veux bien essayer.
Je me tourne vers Fey, qui vient de parler. Les autres sursautent.
-Fey ? Je souffle.
-Dans le… pire des cas, nous sommes… vu. Elle explique.
Elle hoche la tête.
-Mais Väle et Fajro sont ensemble, alors… elles auraient pas pris trop de temps à trouver. À nous trouver.
-Cependant, dans le meilleur des cas, Ëamnoushi continuera son enquête et nous serons rapidement devant la montagne. Ajoute Kusiya. C’est un risque qui peut être bon à prendre dans ce sens.
-Et s’il nous trahit dans ce ruisseau ?!
Szèl tourne la tête vers moi, inquiet.
-Je… Je ne veux pas qu’il fasse de mal à Etian… Et il serait dans son élément, en plus d’être quelqu’un qui sait se battre ! Je ne sais pas si on pourra réagir à temps en cas d’attaque !
Il est nerveux, mais au moins il n’est pas aussi enragé que la veille, ce qui me rassure vraiment. Je lui souris…
Mais c’est pas le moment. On est toujours en train de négocier un plan. Ëamnoushi regarde d’abord Szèl en silence, puis souffle :
-Tu tiens beaucoup à lui.
-Évidemment ! C’est un humain et…
-Je tenais autant à Unasaë.
Il approche d’un pas de Szèl. Je ne remarque que maintenant qu’ils font à peu près la même taille, ils doivent avoir le même âge… je me demande si ils auraient pu s’entendre, sans toute cette histoire…
Je secoue la tête, et me reconcentre.
-Si Etian était mort, tu ne voudrais pas savoir la vérité ? Demande l’éclaireur.
Szèl ne répond rien. Je pose une main sur son épaule, il ne dit pas un mot. Alev s’avance, une épée enflammée en main. Fey lui a traduit en permanence, pour ne pas qu’elle soit laissée de côté.
-Na myadaf. Kalivar ayktar eidar.
Elle tend son épée vers lui, l’air sévère.
-Katar iéto rethira darayn.
-Alev ! Lance Fey.
-Aahaé ratin ! Rétorque Alev.
Fey grogne un peu, la flamme détourne le regard pour bouder. Kusiya rit un peu faussement, comme pour dire « celle-là ne changera jamais ».
-Je vous passe ses commentaires, mais elle est d’accord. Elle explique.
-Il ne reste que toi Sz… Je commence.
Je suis coupé lorsqu’un courant d’air me pousse sur le côté pour se diriger vers Ëamnoushi. J’avais peur que ce soit un peu violent, mais ça ressemblait plus à une brise qu’à un ouragan.
-Oh ! Je sursaute.
La silhouette de Szèl réapparait devant Ëamnoushi. Il sourit, comme s’il avait trouvé un compromis.
-À une condition, moi et Kusiya utilisons nos corps comme un bouclier pour les autres.
Kusiya s’illumine.
-C’est une excellente idée, Szèl ! Nous n’aurons aucun risque ainsi !
-Bravo ! Ajoute Fey.
-Hehe, merci. Sourit Szèl.
Il me regarde, et je lève un pouce en l’air, ce qui le rend ravi. C’est vrai que c’est une bonne idée ! Vu leur expérience, on ne risque rien ! Ëamnoushi nous observe, avant de hausser les épaules.
-Je ne vois pas pourquoi je dirai non.
Il tend la main à Fey.
-Marché conclus ? ?
Elle l’attrape et la serre vigoureusement.
-Marche conclou !
-Conclus, Fey. Chuchote Kusiya.
-Marché conclus !
Ëamnoushi sourit, et lâche la main de Fey.
-Parfait. Suivez moi.
Il fait un signe de tête, et Kusiya abaisse sa main pour le laisser partir en avant. Bien que Szèl et Alev soient sur leurs gardes, ils ne semble pas spécialement agressifs. Ils vont s’approcher d’un chemin ennemi, je suppose que leurs réflexes de guerriers ont pris le dessus.
Alors que moi je pardonne à un type qui voulait me tuer la veille.
Bah, si on se souvient de moi pour ça, j’en serai ravi !
Je suis fier de moi. Avec mon idée de la veille, et l’aide des autres bien sûr, j’ai réussi à le convaincre ! Enfin, pas tout à fait, mais il enquête, c’est déjà un énorme progrès par rapport à hier !
Et c’était mon idée, à moi…
-On devrait m’appeler Etian le négociateur, hehehe… Je ricane.
-Etian ? S’interroge Fey en m’entendant.
-Nah, rien, je suis juste content. Je répond.
-Oh ! Chouette !
-Merci !
On se sourit tous les deux. On ne marche que quelques minutes, avant de tomber sur un ruisseau, comme Ëamnoushi nous l’a dit. Il est bien caché, pile dans un creux entre deux buissons. Et c’est quand même un peu fin…
-Moi et Fey on peut tenir là dedans ? Je demande.
-Hm.
Kusiya se penche, et après une courte inspection, hoche la tête.
-Il est profond, avec la protection de moi et Szèl, vous ne craignez rien.
Je soupire de soulagement, je n’aurai pas aimé me payer des rochers sur le trajet.
-Et Alev, ça va aller ? Demande Szèl.
Mince, c’est vrai !
Fey approche de la flamme pour prendre sa main. Celle-ci semble, à raison, assez nerveuse.
-Alaar na khana. Elle lâche.
-Yair, Alev, anto. Souffle Fey.
-Né Szèl yair radayni. Renchérit Kusiya.
-Aner trayali, dao ?! Crache Alev.
Kusiya laisse s’échapper un soupir énervé. Oh, alors Alev l’insulte encore après tout ce temps. Cependant, on assiste ici à un développement inattendu.
-Nsi jyi aiéto, myadaf khana.
-Tu t’es excusée ?! S’écrie Kusiya.
Je sursaute aussi.
-Quoi ?!
-Alev, est-ce que ça va ? Demande Fey.
-Tu ne t’es pas cognée quelque part ? Insiste la prêtresse.
-Lirarai navfo na ljerrirr !
On rit un peu, mais Ëamnoushi fait un bruit pour nous rappeler à l’ordre. Il plonge dans l’eau, ses jambes disparaissent dans le courant. Il semble vraiment concentré, et prépare une sorte de bulle pour nous. Je vois le courant former un cercle, ayant pour extrémité l’éclaireur.
-Vavosonë.
-Il nous demande de sauter. Traduit Kusiya. Szèl ?
Le venteux hoche la tête, et les deux se glissent dans l’eau. Kusiya commence à disparaître, Szèl lui semble complètement parti.
-Ëamnoushi nous isole bien, nous n’avons pas de risque. Affirme la prêtresse.
-C’est notre tour alors ! Je clame. Tu viens Alev ?
-Je vais avec elle !
Fey s’avance du bord, tenant fermement la main d’Alev. Elle marche un peu à reculons, mais avance.
Alors, j’arrive et prend sa main également. Alors, oui, ça fait chaud, et elle sursaute, mais ça devient rapidement supportable.
-On y va tous les trois ? Je propose.
Alev me regarde d’abord comme si j’étais fou, avant d’aborder un regard plus mystérieux. Kusiya fait de même. J’ai fait une bêtise ? Je voulais juste lui rendre la pareille pour m’avoir sauvé pendant l’attaque d’Ëamnoushi, et lui montrer que je voulais bien faire la paix…
Au moins un peu.
J’ai besoin d’encore un peu de temps pour pardonner le coup à la capitale.
On plonge tous les trois dans l’eau d’un bond, et au lieu de me sentir mouillé, je sens comme du vent autour de moi. Je plonge la tête sous l’eau. C’est vrai que c’est profond, on ne s’y attend pas depuis la surface…
Je sens alors quelque chose me pousser, puis m’entraîner. On est parti ! Et cette fois, c’est bien plus doux que les tourbillons ! On dirait que je flotte, c’est si agréable… Je sens l’emprise de la main d’Alev se desserrer, mais elle ne me lâche pas pour autant. Elle doit simplement être plus détendue.
Je tourne la tête. Fey et Alev sont juste devant moi, et je devine le visage de Szèl à mes côtés. Je n’arrive pas à voir son expression, mais je lui souris quand même. On sait jamais.
J’arrive à peine à apercevoir des petits poissons, un peu partout. On va vraiment trop vite pour que je vois leur couleur. Les pauvres, ils doivent se demander ce qu’ils ont bu pour voir ce spectacle ! Je ricane un peu, et lève la tête…
Avant d’être soulevé dans les airs.
-Woa !
Je voltige quelques secondes, avant d’atterrir sur la terre ferme, entier et sec, accompagné de mes deux comparses. Les autres me rejoignent. On est tous en un seul morceau ! Fey pointe quelque chose, et en tournant la tête, j’aperçois une montagne.
-Ëamnoushi n’y a bien amené… Elle souffle.
-Mnyashemna. Coupe Ëamnoushi.
Je sursaute, mais soupire après quelques secondes.
-Tu m’as fait flipper ! Ne fais plus ça, s’il te plaît.
-A. Mn…
Il recule un peu en secouant la tête. Fey s’étire, et se tourne vers lui.
-Nous sommes bien… au bon endroit. Merci, Ëamnoushi. Tu peux par… partir ?
Je lève un pouce.
-Partir ! Tu es livre ! Libre ! Termine Fey.
-Lumnänuiavë. Umn mnu shelo aplean mnaushamne silashu venmumnilave, ëshanlea. Souffle Ëamnoushi.
Il se retourne pour aller plonger dans l’eau. Attends, donc il va partir comme ça, sans même un au revoir ?! Mais Kusiya avance d’un pas pour le stopper.
-Avant cela, puis-je te poser une question ?
Ëamnoushi se retourne, ne montrant aucune émotion.
-Faavvë ?
-Que vas-tu faire, maintenant ?
Ëamnoushi la regarde une seconde, puis détourne la tête. Il semble réfléchir. C’est vrai qu’il veut enquêter, mais par où commencer ? Comment enquêter sur ta souveraine ? Il se met quand même en danger avec cette histoire, sans oublier si on apprend qu’il était avec nous…
Je n’y pense que maintenant, c’est un peu tard…
Finalement, l’éclaireur pose sa main sur sa nuque pour inviter Kusiya à faire de même. Elle s’exécute, pour traduire ce qu’il va dire. Il n’attend pas pour lever la tête et affirme :
-Parler aux autres prêtresses.
-Hein ?!
Kusiya est de loin la plus surprise. Là où moi et les autres avons sursautés, elle a carrément bondit en arrière. Elle repart tout aussi rapidement près de l’éclaireur pour poser sa main et continuer les traductions.
-Mais… Pourquoi ? Elle demande.
-Car une prêtresse peut mentir… Explique Ëamnoushi.
Il serre les poings.
-Mais pas 4. Encore moins venues du monde entier.
-Du monde entier… ? Je reprend.
-Si vous dites vrai, si Väle est si monstrueuse, alors seules elles pourront répondre à mes questions.
Je me pose des questions, mais ne dit rien. Surtout en voyant la pauvre Kusiya légèrement déboussolée. En revanche, je ne sais pas si c’est car elle a peur qu’elles nous trahissent, ou si elle a peur pour elles…
Fey s’approche d’elle doucement. Je fais de même, et même si Szèl et Alev ne s’approchent pas,
-Je… Je vois… Souffle finalement Kusiya.
Ëamnoushi se tourne vers la prêtresse, et lui demande d’une voix plus douce qu’avant.
-Tu veux que je leur passe un message ?
Kusiya serre nerveusement ses mains l’une dans l’autre. Fey pose une main sur son épaule, pour tenter de la rassurer, mais la prêtresse secoue la tête, résignée.
-Elles me manquent infiniment… J’espère de tout cœur que Väle n’a pas déversé sa rage sur elles, ma fuite était profondément égoïste.
Elle lève la tête pour regarder Ëamnoushi dans les yeux.
-Mais non. Ne leur dit même pas que je suis encore en vie.
-Kusiya ?! Je m’écrie.
-C’est trop dangereux pour nous. Nous avons une mission, et on ne peut pas se permettre de perdre de temps.
Fey hoche la tête. Alev ne sait pas ce qu’elle dit, mais étonnamment elle croit comprendre puisqu’elle regarde Kusiya avec respect. Ëamnoushi ne dit rien, puis secoue la tête, comme pour reprendre ses esprits.
-Comme tu veux.
Il s’éloigne de nouveau, et semble relâcher ses épaules. Même si je sais que ce n’est pas possible. Il tend cependant sa main, pour que Kusiya continue de traduire en glissant son eau jusqu’à sa nuque. Le bout de la robe de gouttes de Kusiya disparaît pour ça.
-Je sais pas quelle histoire croire, et tant que j’aurai des doutes, je n’approcherai pas de Väle. Et je ne parlerai à personne de cette rencontre.
Il lève la tête, droit vers le ciel.
-Mais je fais la promesse qu’une fois que j’aurai trouvé la vérité, j’appliquerai la justice.
Il lâche enfin la main de Kusiya, son eau retrouve sa place. La prêtresse incline légèrement sa tête, comme pour dire au revoir, puis recule.
Alors que l’éclaireur s’approche du ruisseau, j’avance d’un pas pour lui dire :
-Prend soin de toi, Ëamnoushi. Pour Unasaë.
Il me regarde une seconde, puis hoche la tête.
-Ësavo Unasaë.
Puis, il disparaît dans le ruisseau, aussi vite qu’il est venu, plongeant aussi rapidement qu’une goutte.
Nous restons en silence plusieurs minutes. J’ai bon espoir qu’Ëamnoushi ouvre les yeux sur toute cette affaire. Je ne sais pas vraiment si on a gagné un ennemi ou un allié, difficile de prédire ses réactions, mais… Parler de tout ça m’a remotivé.
Je dois pas laisser une autre tragédie se produire.
Alors que je suis plongé dans mes pensées, un petit coup d’épaule chaud me ramène à la réalité. C’est Alev, qui en un mouvement de tête me montre Fey. Kusiya et Szèl sont près d’elle, ils m’attendent visiblement.
-On est tout proche…
Elle se retourne, les poings serrés. Maintenant que cette petite parenthèse est finie, je clame :
-Allons-y !