La roue de l'écriture (et plus si affinités)
Je suis fils de Cronos.
Qu’importe que l’on m’ait arraché à mon temple pour me cloisonner dans ce lieu sombre et poussiéreux, aux milieux des reliques d’un glorieux passé. Je reste Zeus Polieus, dieu de cette île, roi des dieux de l’Olympe.
J’ai dominé ma fille, fait mien son sanctuaire. J’ai survécu aux barbares… À ces bâtards du Latium, sales fils d’étrusques ! À ces chiens venus d’Orient qui ont imposé leur dieu misérable, plus impuissant qu’unique. Aux pilleurs de l’Hyperborée. Ni leur British Museum ni leur Louvre ne pourrait accueillir ma grandeur. Aux Germains, abjectes pantins aux ordres d’un nabot moustachu…
Je vois la fumée, sens la chaleur des flammes. Elles dévorent mon coffre de bois. Mes aisselles suintent, ma peau d’émeraude se déforme, mes pieds se liquéfient... Je suis le maître de la foudre, non du feu. Est-ce toi Héphaïstos qui vient te venger de ton père ? Sont-ce les humains qui viennent enfin me fondre ?
Dans ce brasier, je disparais. Et pourtant, je suis immortel.