The Arizona Sins

Chapitre 6 : VI. Weariness

12194 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/03/2023 16:48

- - - VI - - -

- - Weariness - -


- Putain, je suis crevée !!!

Encore une fois, ce qui devient une fâcheuse habitude, je n'ai pas beaucoup dormi. Cela devient vachement lassant aussi... Bon là c'est plus ma faute que celle du stress... Même si les fortes chaleurs de la nuit n'a pas aidé. Sérieusement... Ils connaissent la fraîcheur dans cet état de merde!!! La partie de la faute qui m'incombe, c'est principalement parce que je suis vraiment mais mais alors vraiment trop curieuse. Je n'ai pas pû m'empêcher de tout feuilleter pour essayer de comprendre nos origines et j'en ai appris beaucoup. Forcément, j'ai surtout commencé par les sorcières, étant donné ma propre nature. Leurs origines sont extrêmement nombreuses, et juste ça c'est impressionnant. En fait les sorcières sont apparues un peu partout dans le monde, que ce soit en Asie ou en Afrique et même en Amérique avec les Amérindiens. Les écrits auxquels j'ai accès parlent surtout des sorcières européennes en réalité, d'où vient ma famille également. Dans ces écrits, j'ai découvert que j'avais des origines irlandaises très lointaines, et le mot est plutôt faible... Les Lasher s'appelaient à l'époque les Llassyerryin, merci l'orthographe, et étaient déjà spécialisés dans la nécromancie... Sympa les ancêtres. En réalité, selon ces écrits, ils convoquaient les Esprits des morts des guerriers tombés au combat pour qu'ils guident les vivants et les entraînent... C'est du spiritisme mais réel en somme. Rapidement, les ancêtres des Lasher furent recrutés dans les cours royales d'Irlande ou ce qui s'en rapproche le plus, guidant les nombreux seigneurs à la guerre... Franchement joyeuses les origines! Par contre, je me la suis un peu pétée en lisant car notre lignée est reconnue absolument partout dans le montre, visiblement un ancêtre a beaucoup voyagé... Bon il a aussi beaucoup aimé semer la petite graine, ce qui a fait que des nécromanciens sont un peu apparus partout mais étonnement, le fameux don de ma mère ne s'est pas propagé... Propriété génétique étrange sans doute. J'ai également appris que c'est en l'an mille cinq cents, à quelques décennies près car la précision ne semblait pas étouffer mes ancêtres ; que la décision fut prise de créer un ordre régisseur des sorciers. Le premier Triumvirat vit le jour quand les sorciers décidèrent de ne plus se foutre sur la tronche et de s'unir pour affronter les envahisseurs étrangers... Comme quoi l'adage qui dit que l'ennemi de mon ennemi est mon ami a toute sa valeur chez les sorcières. J'ai ensuite souvent tourné les pages pour apprendre des choses sur les autres, ne ratant pas pour autant la rencontre avec d'autres sorciers d'un peu partout, la migration en Amérique et la prolifération de bien des Triumvirat... Bon je suis quelqu'un de pressé quand même donc j'ai à peine survolé en me jurant d'y revenir une autre fois, je voulais trop connaître des informations sur les autres... Les premiers que mes ancêtres ont croisés sont en réalité les Lupins. Eux aussi trouvent leurs origines en Europe, les vampires aussi d'ailleurs mais chacun son tour. Les Lupins donc, ils viennent des pays scandinaves. Ce sont eux qui ont inspiré les fameux mythes viking et le loup Fenrir, bien méchant et foutant sa merde... Ils étaient simplement des vikings à l'origine mais un jour, des créatures particulières qui semblaient autant mortes que vivantes, je miserai sur des vampires personnellement, ont envahi leurs terres en venant d'on ne sait où... Plutôt vague mais je ferai avec. Ces êtres à moitié vivants et à moitié morts étaient presque invincibles, les haches ne leur faisaient rien, les lances étaient un peu plus efficace si elles finissaient dans le cœur mais les monstres étaient trop rapides. Ainsi, pour combattre ces monstres, des chamans, ce mot est russe d'après ce que j'ai appris, ont alors optés pour s'unir à la nature. Pas franchement née de la dernière pluie, j'ai rapidement fait une certaine conclusion : chamans ou sorciers, c'est du pareil au même. Ils choisirent donc un être emblématique des chamans: les loups, ce que j'avais deviné toute seule. Ainsi, une centaine de guerriers, les vikings ne font pas franchement les choses à moitié, se virent obligés de consommer une mixture horrible, concoctée par les ancêtres de la Feuille de l'Esprit et comportant comme ingrédient parfaitement appétissant du sang de loups blancs... Chacun ses goûts mais franchement... Beurk! Dégueulasse... Ainsi, ces guerriers et guerrières car Girl Power oblige, les femmes vikings n'étaient pas en reste, se changèrent pour la première fois en cette pleine lune, qui depuis à un sacré pouvoir sur eux. D'après les descriptions, qui me déçurent quand même pas mal, ils sont à peine plus gros que des loups de la nature mais par contre, ils sont plus rapides, plus intelligents, plus forts et surtout, leur morsure empêchent les vampires de régénérer trop vite. Ils purent ainsi se défendre au fil du temps contre les vampires. Ils possèdent également de sacrés avantages en nature quand ils sont humains : ils sont plus fort que nous, un peu plus rapide mais surtout, tous leurs sens sont aussi aiguisés que sous leur forme de loups. Ils vivent en meute, avec leurs proches capables de changer ou non car oui, on peut naître dans une famille nombreuse et être le seul à posséder le gène ou, comme ma mère me l'a en vérité expliqué, sans avoir l'élément déclencheur qui transforme. Quand les ancêtres lupins rencontrèrent mes propres ancêtres, ils furent étonnés... Non? Sérieux ? Bref, ils furent donc étonnés mais surtout impressionnés par leur esprit d'entraide et leur organisation. Comme on ne plagie que ce qui nous est utile, ils créèrent leur propre Triumvirat. Lune Bleue, Lune de Sang et Lune du Chasseur, d'après leurs noms, sont donc les trois clans du Triumvirat Lupin. La Lune Bleue, ce sont leurs dirigeants d'après les écrits, ils rédigent leurs lois, leurs règles, gèrent leurs conflits internes et doivent valider les unions... Ce dernier point m'avait choquée et j'espère franchement que ça a changé. Ensuite, il a la Lune de Sang qui, avec son nom m'avait à elle seule effrayée. Et bien je m'étais trompée, c'est plutôt pour la protection du sang. En effet, ce clan s'occupe en réalité de gérer l'éducation mais c'était à cette époque, l'entraînement, la garde des petits, l'apprentissage de leur nature... En bref, leurs professeurs, leurs liens familiaux, et ce genre de choses. Les combattants sont en réalité réunis dans le clan appelé Lune du Chasseur. Eux ils font la guerre aux vampires, aux sorcières aussi parce que la paix n'est jamais très durable surtout à l'époque, et se font la guerre entre Triumvirat. Malheureusement, c'était pareil pour nous en fait, les Triumvirat selon les régions pouvaient s'affronter pour des pacotilles ou des territoires, ce n'est que depuis un siècle et demi que plus personne ne se fout sur la gueule... Pour en revenir aux Lupins et leur rencontre avec les sorcières, ce fut mouvementé... En bref ils se sont bouffés quelques maléfices dans la tronche et de notre côté... Mordus à mort et, pour les pauvres gamines, violées à en crever. La raison de ces viols, pour peu qu'il pourrait exister une raison valable, était liée à leur désir de s'accaparer plus de pouvoir. Il arrivait en effet qu'un hybride naisse en étant capable non seulement de se transformer en loup mais également d'user de la magie. Conflits et massacres plus tard, une paix fut signée et les sorcières acceptèrent d'affronter les fameux vampires aux côtés de leurs ennemis d'hier. J'espérais secrètement que les explications sur les vampires soient intéressantes... Et bien j'ignore vraiment si elles étaient intéressantes. Les sorcières connaissaient leurs existences mais ne les appelaient pas vampires mais oupyrs. C'était des sorciers ayant parcouru l'Europe qui les avaient rencontrés. Ils sont bien plus vieux que les autres mais semblent clairement désireux de protéger leurs origines. Même la région d'où ils viennent semble un peu approximative : peut-être en Italie, peut-être en Gaule ou même en Cisjordanie... Tout ce que mes ancêtres semblaient savoir était qu'ils avaient des liens avec les écrits religieux... Peut-être se faisaient ils passer pour des prédicateurs pour se faire inviter... Mais qu'importe leurs lieux d'apparitions originelles, mes ancêtres avaient vite réalisé que ces êtres étaient, et sont sans doute toujours, les êtres les plus dangereux pour l'humanité. D'après la description de mes ancêtres, peu de choses peuvent les égaler. Ils sont extrêmement forts et très rapides, seuls les lupins peuvent les égaler mais sous leur forme de loups; en plus, ils sont dangereux. Comme dans beaucoup d'oeuvres de fiction, ils peuvent réellement hypnotiser les gens et même, pour les plus vieux, les plonger dans illusions extrêmement horribles. Et, toujours comme dans les fictions, il faut les inviter à entrer pour qu'ils puissent pénétrer dans une maison. Un passage dans le livre m'avait alors semblé inutile, il faisait en effet précisé qu'ils buvaient du sang... Non? Vous êtes sûrs ? Je vous jure... Heureusement, ils ont de grosses faiblesses. La première, c'est l'aubépine mais même mes ancêtres ignoraient pourquoi mais qu'importe, seul un pieu d'aubépine dans le cœur peu les tuer, tout autre type de bois planté ne fait que les plonger dans un état catatonique... L'avantage étant que dans cet état, on peut quand même les foutre au soleil pour les cramer. Ça c'est vraiment leur très grosse faiblesse, même un vampire vieux et complètement abreuvé de sang ne pourrait tenir plus de trois minutes au soleil. Par contre, les trucs comme l'argent ne marche pas, c'est aussi l'aubépine qui les brûle, et leur brandir une croix n'est efficace que si l'on croit réellement au pouvoir divin. Fabriquer une croix avec deux planches ne provoquera absolument rien, et l'eau bénite ne fait pas grand chose non plus, sauf si elle est ingurgitée car là, cela leur brule l'intérieur... Il est bon à noter que les signes religieux fonctionnent qu'importe la religion, tant que l'on ne doute pas de son dieu... En gros, ils peuvent se balader dans une église si ça leur chante. Bon... Et bien évidemment le feu marche aussi... Comme la décapitation, mais ça c'est assez logique. J'ai quand même été surprise de certains détails sur leur alimentation, ils n'ont en effet pas de grosses préférences en général, mais le sang d'enfant ou de vierge et puceau a un peu plus de goût pour eux. Et pareil, si ils boivent le sang de quelqu'un de drogué ou de très fortement alcoolisé, ils peuvent en subir les conséquences... Bon à noter. Ensuite, je me suis tapée je ne sais combien de récit de batailles entre sorcières et vampires, jusqu'à une paix apparue environ durant le début de la seconde moitié du second millénaire, même si ils passaient beaucoup de temps à s'éviter. Mais quand il fallut sceller une véritable paix, plutôt fragile il paraît, ils appliquèrent également le concept du Triumvirat, détruisant ainsi leurs système organisationnel d'origine. Ils ont en effet toujours vécu en clans et ils étaient une dizaine, maintenant ils ne sont que trois Triumvirat oblige: Ordo Dracul, Lancea Sanctum, Via Regem. Le Via Regem crée des lois et oblige les vampires à y obéir, d'où ce terme de reine que ma mère a utilisé. La Lancea Sanctum, ce sont leurs combattants en cas de conflit mais également leur police, pour faire simple. Enfin, l'Ordo Dracul, c'est limite les ministères. En effet, ils gèrent l'approvisionnement en sang, pour éviter de massacrer les populations, et gèrent aussi la mise en place du secret, mais pour tous les clans existant. J'ai facilement compris pourquoi... En fait, ils hypnotisent les humains qui découvriraient notre existence, façon Men In Black en somme... Les vampires sont donc pratiquent mais vivent plus renfermés que les autres, ayant peu de contacts. Ce sont en général les Lupins qui ont de bonnes relations avec les sorcières... Après avoir passé des heures sur les livres d'histoire, comme je les appelle, je me suis intéressée aux livres que j'appelle les notices... Et je me suis endormie dessus en plus, comme je le constate en me réveillant à coup de téléphone.

- Ho bordel..., je marmonne en me massant le cou. C'est pas confortable...

Je regarde mon lit et je comprends que j'ai dormi comme ça, au beau milieu des livres... Je les range quand même, bien cachés sous le lit, avant de filer à la douche. Avant de m'y jeter, je regarde ma tête et je suis horrible, on voit clairement que j'ai pas franchement dormi. C'est donc une douche froide, prise pour me réveiller ou tout du moins le tenter, que je préfère prendre. Je m'essuie les cheveux et le corps avant de m'enrouler dans un serviette et traverser le couloir et ma chambre.

- Ho... Je ne vais pas me faire chier niveau look aujourd'hui, je grommelle devant mon placard.

Une culotte mauve fera l'affaire... Je me choisis une petite jupe en cuir qui m'arrive juste à mi-cuisse et un petit t-shirt blanc, sans décoration et fin, sous lequel je ne m'emmerde même pas à mettre un soutien-gorge, j'ai pas grand chose à soutenir de toute façon. J'enfile des bottes à talons épais et je me prends une petite veste en daim marron, juste au cas où j'aurais froid... C'est peut-être con mais je me dis qu'il pourrait y avoir du vent... Je chope mon téléphone et je le vérifie rapidement avant de saisir mon sac à dos. J'y glisse mon exemple de Sur la Route de Kerouac, on a littérature aujourd'hui. Je descends les marches de l'escalier avec prudence et surtout en baillant comme pas possible. Je me glisse dans la cuisine après avoir jeté mon sac au sol et ma veste sur une chaise. Ma mère, dans un tailleur chic comme à chaque fois qu'elle va au travail, me regarde légèrement dubitative.

- Tu n'as pas réussi à dormir à cause de l'annonce? me demande ma mère avec douceur.

- Plutôt parce que j'ai lu, dis-je en regardant un mug vide qui n'attend que le liquide que je vais m'enfiler.

Je l'attrape alors et je fonce au placard que j'ouvre avant d'y poser le mug.

- Tu ne prends rien ce matin? me demande ma mère.

- Si mais c'est trop petit, dis-je en saisissant carrément un bol.

Je le pose sur la table et ma mère me sort des morceaux de brioche fraîche avant de me remplir le bol. Je mange en silence en essayant de me réveiller.

- Dis... Tu veux quoi ce midi? Sandwich ou cantine? demande ma mère.

- Ho... Cantine, dis-je alors en pensant que j'aurais besoin de bien manger.

- Pas de soucis, dit-elle en quittant la cuisine.

Je la vois aller chercher son sac à main et me poser quinze dollars. Je les mets de côté pour ne pas les oublier et je baille encore.

- Tu sais quand même que tu ne dois pas tout mémoriser en deux jours? demande ma mère inquiète.

- Je voulais savoir... Et lire les bases pour la magie..., dis-je alors en la fixant.

- Nous verrons cela doucement, je t'assure... À moins que tu préfères apprendre avec Jenna..., hésite ma mère.

- Franchement... Je suis trop claquée pour savoir ce que je préfère, dis-je en essayant de rester éveillée.

- Au fait, hier je ne te l'ai pas dit car j'étais là mais je dois absolument te signifier deux choses, précise ma mère.

- Ok..., dis-je en la regardant et me grattant le cou avant d'encore bailler. Rhaaa je suis crevée, je grommelle ensuite.

- Tu veux rester ici? me fait alors ma mère.

Ma mère me propose de sécher les cours... Je dois franchement avoir une salle gueule... En même temps aujourd'hui, aucun maquillage et encore moins de bijoux à part la bague avec l'aubépine à l'intérieur que je préfère largement ne pas quitter. J'ai en effet très bien compris que sans elle, je suis totalement sans défense face aux vampires mais bon... Il fait quand même jour. Certes un vampire qui reste bien planqué des rayons du soleil pourrait m'attaquer mais franchement... Je ne pense pas que cela puisse arriver au lycée.

- Non je vais au bahut... Si je ne m'endors pas en chemin, dis-je en riant. Tu devais me dire quoi?

- Le premier point c'est pour notre sécurité, précise ma mère. Par rapport à ce que j'ai fait hier avec ce garçon...

- Mark, dis-je alors; il s'appelle Mark... Et donc?

- C'était idiot mais c'est une habitude, avoue ma mère. Il ne faut jamais inviter quelqu'un à entrer.

- Ouais mais c'était la journée, je lui rappelle quand même.

- Effectivement, mais il faut que tu saches que toute personne se trouvant dans la demeure peut malheureusement inviter un vampire à entrer, dis-je alors. Il n'y a pas de règles certaines de propriété...

- C'est comme dans Buffy quoi, dis-je alors. Si Alex ou Willow invitait quelqu'un à entrer ça passait...

- Euh... Oui effectivement, dit-elle en souriant.

- Je me sers de mes références... C'est plus facile, dis-je alors.

- Mais c'est sincère, faut faire très attention, c'est pour ça que je choisis mes mots, insiste ma mère.

- Ok... On ne dit pas "vas-y entre", c'est noté...

Ma mère me fixe alors avec un certain étonnement. Je l'observe attentivement et je me méfie soudainement. Ai-je dit une bêtise ? Ai-je fait quelque chose de mal?

- Quoi? j'insiste sèchement.

- Tu es bien obéissante ce matin, dit-elle en me vexant.

- Je ne suis pas débile, j'ai clairement compris qu'ils sont vachement dangereux... Par contre... Ils aiment bien le sang de sorcières ?

- Pas foncièrement plus même si il paraît que la magie semble apporter un goût différent à notre sang... Pourquoi ? me demande ma mère étonnée.

- Je me demandais si cela avait une odeur différente... Bon vu que c'est non, dis moi quel est le second point !

- Je vais finir plus tôt aujourd'hui et passer te prendre, dit-elle alors.

- Ha... Pour? je demande quand même.

J'espère secrètement que le fait de l'avoir appelée Maman ne lui donne pas des idées stupides comme faire du shopping ou prendre un thé pour passer un moment entre mère et fille. C'est pas mon truc... Stacy essayait aussi mais franchement, glander une heure dans un salon de thé ? Pas du tout mon truc.

- Je dois te faire rencontrer le Triumvirat, m'annonce ma mère.

Je manque de m'étouffer avec ma brioche et je suis obligée de boire une grosse gorgée. Je ne suis pas prête et en plus je ne sais encore rien faire de magique.

- Kof... Kof... T'es malade ? dis-je consternée. Je vais être nulle.

- Ce n'est pas un examen ma puce, fait alors ma mère attirant mon regard noir. Tu dois rencontrer le Tuteur.

- Hein? C'est qui ça encore ? dis-je en réfléchissant.

- Tu ne l'as pas lu? demande ma mère surprise.

- Ben j'ai surtout voulu savoir la différence entre fiction et réalité... C'est qui ce Tuteur à la con ? Un prof ?

- Non pas du tout, fait-elle consternée de mon comportement pour la énième fois. Il sert de tampon entre les trois clans du Triumvirat.

- C'est autant le bordel? je demande méfiante.

- Disons qu'à l'inverse des Vampires et des Lupins, il n'y a pas réellement de clan supérieur aux autres, nous sommes plutôt sur un pied d'égalité.

- C'est vrai qu'eux, c'est un chef...

- Voilà... Donc nous, tous les trois ans, nous élisons un Tuteur, par un vote, qui jouera les médiateurs, dit-elle soudainement.

- Mais... Si un clan est supérieur en nombre... Il ne risque pas d'élire quelqu'un qui va être dans son camp? je demande surprise.

- Non... Le devoir d'un Tuteur est de respecter l'intérêt de tous, ce qui a toujours été le cas. C'est souvent les membres de la famille Malaval, qui a des membres dans tous les clans.

- Malaval... Dans tous les clans ? C'est possible ? je demande étonnée.

- En fait oui, mais parce qu'ils sont assez nombreux, dit-elle en souriant. Et si une famille de sorciers est franchement honnête, ce sont les Malaval. Alec Malaval est actuellement le Tuteur.

- D'accord... Et donc ?

- Tu seras présentée à lui et aux autres leaders de clans, mais rien d'extraordinaire, précise ma mère. C'est juste qu'en tant que membre de la lignée Lasher, c'est mieux...

- Je sens que ça me file déjà la migraine..., je grommelle en tapant presque mon front sur la table.

- Ne t'inquiètes pas... Personne ne te demandera quoique ce soit... Le Tuteur voudra peut-être juste discuter avec toi en privé..., m'avoue ma mère.

Je relève la tête surprise et inquiète, cela ressemblerait presque à une secte. Ce serait pas le genre de gourou qui abuse de ses ouailles par hasard? Bon cela m'étonnerait quand même mais après tout...

- Il est sympa au moins ? je demande.

- Oui et il n'a qu'une trentaine d'années donc...

- Et pourquoi son âge est important ? je demande avec méfiance.

- Tu ne vas pas te retrouver devant quelqu'un de traditionaliste qui manque totalement d'ouverture d'esprit, ce serait même le contraire, dit-elle alors.

- Bon c'est déjà ça...

- Je me suis permise d'autoriser Angel et Jenna à passer te prendre pour aller au lycée, précise ma mère.

- Ha... Mouais pas de soucis mais ils n'étaient pas obligés de faire un détour, dis-je quand même.

- Cela fait plaisir à Jenna surtout, avoue ma mère.

- Ok... Pas de soucis, dis-je alors.

Je me contente de boire mon café pendant qu'elle se prépare. Je la vois ranger tranquillement le salon et je mets de l'eau dans mon bol pour le rincer avant de le glisser dans le lave-vaisselle. J'attrape mon sac et je me dirige avec elle vers la porte d'entrée, j'attendrai Jenna et Angel sur le perron. Dès que je passe la porte, mon regard se perd vers la maison en face de la mienne. Aucune trace d'une Cadillac mais à sa place, il y a un pick-up Chevrolet bleu. Je suppose qu'il s'agit de celui de la mère de Tammy.

- Tu vas faire quoi? me demande ma mère.

Je tourne la tête vers elle et il est clair qu'elle est gênée. Le sujet de sa gêne est plutôt évident, il s'agit de son conseil de ne pas risquer la vie de Mark dans l'éventualité d'une perte de contrôle de mes pouvoirs. Je la regarde en grimaçant.

- Ça me chier et quand je le dis crois moi que c'est honnête, grogné-je presque. Mais je pense que je vais faire machine arrière...

- Ce n'est pas une obligation, précise rapidement ma mère.

- Lauren... Quand je suis avec quelqu'un et surtout si je me sens bien, je suis tactile et plutôt... Demandeuse, précisé-je immédiatement. Et même si cela n'est jamais arrivé avec un mec, lui il ne me laisse franchement pas indifférente...

- D'accord, marmonne ma mère.

- Tu crois que je suis une fille facile hein?

- Non Eny, pas du tout, s'empresse de dire ma mère.

- Et si je te dit que j'étais à deux doigts d'user de ces capotes et dans un placard...

En réalité, je veux voir sa réaction. Ma mère pense-t-elle que je suis un peu une chaudasse ? Pour ne pas dire salope ? Beaucoup de gens pensent ça de moi, je le sais parfaitement. C'était pareil dans mon ancien lycée. La plupart des mecs qui avaient appris, souvent par hasard, que je suis bisexuelle espéraient que cela signifie que j'étais ouverte à toutes les propositions. Mais il faut reconnaître que parfois, j'agis comme un mec. J'oublie juste que je suis une fille et que pour cette raison, je ne le dois pas. Si une fille aime parler de sexe ou est plus directe que ses semblables, c'est d'office une salope. Si j'étais un mec, je serai juste la vedette de ma bande de potes et toutes les filles me trouveraient parfait... Monde de merde! J'attends encore sa réponse et elle me regarde avec tendresse.

- Tu estimes qu'une toxico a le droit de juger les autres ? demande-t-elle doucement.

- Lauren...

- Et pour te répondre, tu es libre de faire ce que tu veux de ton corps, personne n'a à te juger, explique ma mère. Évidemment, je préfère que tu te protèges mais si tu veux coucher avec un garçon différent, ou une fille différente d'ailleurs, chaque soir de la semaine, c'est ton droit. Si je pouvais juste éviter de te surprendre et que tu ne les présentes...

- C'est pas non plus mon style... J'aime ça mais je suis plutôt du genre à vouloir autre chose qu'un plan cul, avoué-je à ma mère.

- C'est ta vie Eny, m'assure ma mère. Je vais devoir aller au boulot...

- Vas-y j'attends Jenna, dis-je alors. Passe une bonne journée... Tu viens me chercher au lycée ?

- Oui... Et toi aussi passe une bonne journée... Et essaye de rester calme..., m'intime alors ma mère.

Rester calme... J'ai l'impression d'être un putain de poison! Bientôt elle va me dire quoi? Sois polie? Ça me gonfle !!! Tiens pourquoi le carillon sonne? Il n'y a pas de vent pourtant... Ho merde... Ça doit être ma faute... Ha ouais... Rester calme... Ras le fion... Et qui klaxonne comme ça les filles dans la rues? Ho c'est Angel.

- Hey! m'appelle Angel. C'est nous!

- Salut! dis-je en me penchant pour attraper mon sac et filer vers leur bagnole.

C'est marrant Jenna s'est assise derrière, pour être près de moi sans doute. C'est franchement court comme trajet miss... Tu pouvais rester près de ton frère... Bref, j'avance et je fais le tour pour monter dans la voiture.

- Désolée que ma mère vous fasse faire un détour ! dis-je en m'arrachant.

- Tu sais, ce sont mes roues qui gèrent, dit alors Angel en riant. Pour info c'est court, alors tu restes calme et t'évite de faire exploser ma bagnole !

Je le regarde et étonnement, vu le sourire d'Angel, il le dit avec humour. Alors si l'humour est autorisé, je ne me gène pas pour répondre.

- Si tu insinues que je suis incapable de rester calme, sache que j'ai tendance à casser les baguettes en deux..., dis-je avec un sourire diabolique.

- Ouch..., fait-il en mimant la douleur.

- Directe et franche, fait alors Jenna en riant.

- Bon... Je serai sage..., marmonné-je quand même.

Angel démarrant, j'entame la conversation avec Jenna, principalement sur les devoirs, sachant que l'on avance pas mal dans l'étude de Sur la Route. Et puis, alors qu'on tourne, Jenna me regarde.

- Ça va quand même ? dit-elle simplement. Pas trop perdue?

- Comment je pourrais l'être ? dis-je alors avec une certaine pointe de sarcasme bien sentie. J'ai appris que j'étais sortie tout droit d'Harry Potter, que Tyler Posey se promène dans le bled et que si je croise Dracula, il risque d'avoir envie de casser la croûte... C'est parfaitement normal...

Jenna me regarde en ne sachant franchement pas comment réagir. Se demande-t-elle si je suis énervée ou consternée ? En tout cas Angel se marre bien.

- Tu réagis exactement comme Papa, me sort Angel en riant.

- Ha bon? dis-je étonnée. Votre père est...

- Simplement urgentiste, assure Jenna. Pour lui la magie c'est sortir un lapin du chapeau...

- Et il encaisse l'information ? demandé je immédiatement.

- Il aime notre mère donc...

- Pas de détails !!! dis-je en riant.

- Et tu vas faire quoi pour Mark? demande alors Jenna tandis que son frère tourne vers le parking du lycée et regarde fixement dans le rétroviseur.

- Tu veux des infos croustillantes ? je demande en riant à Angel. Cochon va!

- En tout cas tu perds pas de temps ! dit-elle en riant.

- Quand tu lècheras ta partenaire de danse, tu auras le droit de commenter!!! dis-je mesquine.

Choqués ? Évidemment... Pauvres petits enfants sages... Je me marre bien quand même avant de descendre de la voiture. Je referme la portière avant de remarquer qu'Angel enfile sa veste de sportif.

- Travaillez bien les miss! nous intimes notre aîné.

- Fais gaffe au ballon! dis-je mesquinement.

Je regarde Jenna qui prend appui sur sa canne et nous avançons vers la porte du lycée, lentement forcément.

- Dis j'ai une question ? je demande alors en sortant mon téléphone.

- Laquelle ? s'étonne mon amie.

Je fais alors défiler mes fichiers image dans mon téléphone, cherchant les différentes pages d'initiation à la magie, comme je les appelle, que j'ai prises en photos hier soir pour potasser discrètement. Je trouve la page où on évoque le Ignis, le seul que j'ai tenté en vain et encore en vain.

- Comment tu fais pour visualiser la chaleur comme ils indiquent ? je demande en montrant la photo.

Mon amie me regarde fixement avant de prendre le téléphone en main. Elle redresse la tête immédiatement avec un tête à faire peur, franchement peur.

- T'as pris ça en photo? dit-elle choquée. Mais t'es folle ?

- Bah non... Pour? dis-je en penchant la tête.

- C'est secret quand même, avoue Jenna. Imagine quelqu'un mette la main sur ton téléphone...

- Franchement... Qui va y croire ? C'est tellement dingue que je crois encore avoir trop bu..., dis-je consternée.

- Mais Eny... Quand même...

- Ho ça va me brise pas les ovaires pour ça... Alors tu me réponds ? j'insiste donc.

- Tu n'as jamais fait de barbecue ? demande Jenna.

- Bah si... Quoique... Je devais être gosse, dis-je consternée.

- Même chez ton père ? s'étonne mon amie.

- Je vivais dans un appartement... Luxueux ok mais un appartement... Le barbecue c'est plutôt une planche et même la cheminée les flammes sont bidons...

- Ho euh... Camping ? demande Jenna.

- J'ai une gueule à crapahuter dans la nature? Déjà que les écureuils de Central Park me foutent la trouille...

- T'as peur des écureuils ? s'étonne Jenna.

- Chacun ses phobies ok? Sales betes..., je marmonne. Ça marche avec une flamme de briquet?

- C'est moins puissant mais conceptuellement..., s'étonne Jenna.

- Ha bon... Ok... Je me suis allumée plus de pétards que de barbecues alors... Faut que je retrouve mon briquet... D'ailleurs tu saurais pas où...

- Où trouver de l'herbe? fait Jenna horrifiée. Mais c'est mauvais...

- Oui Madame..., je marmonne.

- Ça peut faire perdre le contrôle, murmure Jenna.

- Putain... Être sorcière c'est pire qu'être nonne! dis-je consternée.

- Mais chut!!! Parle pas si fort..., me conseille Jenna.

- Ha ouais... Au cas où les Salvatore se baladent... Il faut jour mémère!

- Quand même..., marmonne Jenna.

- Tu vas pas voir le club des greluches? je m'étonne quand elle passe devant le réfectoire sans s'arrêter.

- Elles s'entraînent avec les cheerleaders..., m'explique Jenna.

- Ha ouais... Forcément...

- Quoi? s'étonne Jenna.

- Tout à le fait genre..., dis-je en riant. Aubrey a l'air plus sympa...

- Tu la verras à la congrégation, dit alors Jenna avant de s'arrêter.

Je m'arrête aussi d'ailleurs et je fixe Jenna choquée. Elle a bien dit congrégation là ? Normalement c'est le nom pour les rassemblements de sorciers et sorcières...

- Aubrey...

- Oui, réponds rapidement Jenna. Feuille, précise-t-elle également. Mais ça doit rester secret aussi!

C'est chiant comme secret... Ce serait tellement plus drôle d'apprendre qu'Aubrey qui a l'air si timide soit en fait la fille la plus expérimentée du bahut... Ça c'est un vrai secret... Bon c'est vrai qu'être une sorcière est en soit particulier mais c'est pas si marrant...

- Je serai discrète, précisé-je en laissant Jenna devant son casier.

J'avance tranquillement vers le mien et je remarque qui s'est à côté, le propriétaire du casier voisin: Mark Drayton... Et merde! Je vais déjà devoir gérer cela. Comment je vais faire?

- Salut! me fait Mark en me remarquant dans son t-shirt noir moulant et son jean tout aussi canon qui lui fait un cul à se damner. Heureux de voir que ça va mieux.

- Merci, dis-je en ouvrant doucement mon casier.

Je sens son regard, pas le regard pervers des mecs qui seraient en train de mater mes jambes mais bien un regard intrigué. Bon comme un sparadrap... Un coup sec!

- Mark... Par rapport à la fête, dis-je alors en le regardant fixement.

- Oui? Je sais je n'aurais pas dû laisser Tam faire ses jeux stupides, me dit Mark.

Je le regarde et je suis consternée... C'est lui qui s'excuse... C'est un comble mais surtout... Cela le rend encore plus craquant... Merde!

- Je vais être franche, dis-je immédiatement. Tu me plais.

Il hausse les sourcils surpris peut-être par mon côté direct. Si seulement il pouvait avoir des yeux moins sexy... J'ai l'impression qu'il lit en moi. Concentre toi Eny bordel de merde!!!

- Et je pense que je te plais aussi, sauf si c'est le côté fille facile prête à baiser dans un placard? je demande quand même.

Si au moins c'est le cas, cela sera moins difficile. Il se contente de sourire doucement en crispant ses lèvres, ce qui me donne une furieuse envie de l'embrasser, avant de hocher négativement la tête.

- J'aime surtout ton côté naturel, celui qui te fait dire ce que tu penses... Mais même physiquement, le naturel te sied parfaitement, me sort Mark.

Me sied parfaitement ? La vache... Il doit vraiment être blindé de tunes pour parler comme un bourge... Mais c'est un compliment quand même et ça me touche... Bêtement je perds le fil.

- Ma tenue te plaît ? Elle est pourtant moins explicite, dis-je comme une grosse nouille.

- Le plaisir de découvrir, dit-il doucement avant que je ne recouvre un peu mes esprits.

- Donc je te plais et tu me plais, dis-je contente quand même. Mais j'ai pas mal de merdes familiales qui me tombent sur la tronche... C'est compliqué.

- Je vois, fit-il calmement.

- J'ai franchement pas la tête à me jeter dans une relation en ce moment... Et je ne sais même pas combien de temps je vais avoir à gérer ce bordel...

- Pas de problème, je ne suis pas du genre à insister malgré ce rapprochement, dit-il alors.

- T'as tellement de choix que cela ne te gêne pas? dis-je franchement déçue de sa réaction.

- Non, dit-il en riant doucement. C'est juste que je suis quelqu'un de compréhensif.

- Je t'ai quand même vachement allumé et là...

- Est-ce si grave? Me range tu dans la même case que tous ces moutons qui eux, seraient en train de te harceler pour continuer ? me demande Mark.

- Ce n'est clairement pas le cas... Mais je ne peux vraiment pas..., dis-je alors.

- Pas de problème..., me fait calmement Mark. Peut-être que, dans l'éventualité où tes soucis disparaissent, nous pourrions en reparler?

Je regarde Mark doucement et je suis surprise. Je lui plais clairement beaucoup, peut-être même tellement qu'il est prêt à attendre que je règle mes soucis... Ça y est, c'est encore pire... Je meurs d'envie de lui attraper le t-shirt et de l'emmener dans une classe vide pour assouvir des besoins franchement intenses. Il est vraiment bien mieux que les autres mecs de notre âge... Je le veux! Encore plus!

- Cela ne donne pas l'impression de te harceler? me demande soudainement Mark vu qu'il n'a pas eu de réponse.

- Non! Pas du tout ! J'apprécie même..., dis-je touchée.

- En attendant, rien n'empêche de faire connaissance et de discuter... Et puis Tammy t'apprécie aussi donc, quand tu veux passer, dit-il simplement.

Mais c'est pas Tammy que j'irai voir!!! Hum hum... Eny, calme... Calme... Savoir qu'il est prêt à attendre que l'espèce de folle qui lui propose de baiser dans un placard règle ses soucis pour envisager quelque chose, ça me fait du bien. Mais j'ai quand même une fâcheuse tendance à douter des gens, alors tendons une perche.

- Ainsi si tu veux sortir avec quelqu'un entre temps, tu en as l'occasion, dis-je quand même sachant que je ne suis pas en droit d'imposer une attente pure de ma petite personne.

- Je suis du genre sérieux... Je préfère attendre, dit-il en souriant.

Mais pourquoi je dois le faire attendre ? Il y a pas un sort pour bloquer mes pouvoirs genre.. Une heure... Hmmm non deux heures... Peut-être trois quoi... Histoire de vérifier à quel point il est doué... Si seulement...

- C'est gentil... Mais je ne sais pas si j'ai une chance de les régler, précisé-je quand même.

- Je ne dirai pas que j'ai l'éternité devant moi, mais je suis du genre patient quand quelqu'un éveille mon intérêt, dit-il simplement.

- Éveille seulement ton intérêt ? dis-je d'un ton plutôt éloquent.

- Tu vois, ça c'est ton charme, ce petit côté épicé..., fit-il d'un ton vachement séducteur quand même.

Je suis même très piquante... Tu le sauras quand tu auras le droit de me goûter... Eny!!! Concentrée putain de merde!!! Mais comment je peux rester concentrée devant des yeux pareils... J'ai carrément l'impression que ses yeux gris sont en train de briller de désir, sa pupille me fixe intensément, je suis comme... Comme si j'étais la seule chose intéressante en cet instant... C'est bon de se sentir désirée comme ça... Après un tel propos, j'espère pouvoir apprendre à me maîtriser rapidement, dans le but de pouvoir reprendre où nous en étions. Je m'imagine l'inviter discrètement à me rejoindre dans ma chambre, l'obligeant à passer par le toit du perron, c'est plus romantique, pour accéder à ma chambre... Là il m'enlèverai mon t-shirt, m'arracherait ma culotte et il pourrait me faire absolument tout ce que...

- Excusez-moi..., marmonne une voix féminine près de nous.

Qui me gâche mes fantasmes comme ça bon sang? En même temps, ce n'est peut-être pas une mauvaise idée de cesser d'imaginer des trucs parce que bon, difficile de trouver une douche froide... C'est une fille qui nous a interrompu, plus jeune que moi visiblement, mais ça c'est peut-être variable... Bref, elle est toute timide et gênée de nous interrompre, tenant un tas de flyers dans les bras.

- Oui? dis-je alors.

- Je fais partie du club de théâtre et cette année nous allons adapter un film en pièce, fait-elle si bas qu'il faut rester attentive pour entendre. Si jamais vous voulez passer un essai... Toi tu as un peu le physique, dit-elle à mon encontre.

Elle nous donne à chacun un flyer et elle s'éloigne à la recherche d'autres potentiels acteurs. J'entends mon voisin soupirer de lassitude et je regarde le flyer.

- Sérieux ? dis-je choquée. Une version théâtrale de Twilight ?

- Plutôt consternant...

- C'est clair un vampire qui vit le jour et brille comme une boule à facettes... Tellement loin de la vérité..., dis-je avant de me rattraper vite fait. Enfin, du mythe habituel.

- C'est sûr et tellement consternant qu'il hésite... L'immortalité n'est pas faite pour s'ennuyer comme ça, avoue Mark avant de jeter le flyer dans son casier.

C'est franchement amusant, ou consternant comme coïncidence. J'apprends leur existence et j'apprends cela... Mark n'a pas tort, je les imagine assez mal en dépressifs qui se détestent... Je les vois plus adorer être des vampires. Je regarde alors Mark en me demandant comment il réagirait si il savait.

- Enfin je suppose, dit-il soudainement.

- Évidemment cela n'existe pas, dois-je surenchérir.

- On se voit en cours, dit-il en s'éloignant.

Bon sang... J'ai failli faire une connerie. Heureusement que Jenna arrive et que nous pouvons enfin aller en cours. Celle-ci tient le flyer en me regardant amusée tant c'est cocasse. Avec elle, on s'installe alors dans la classe pour laisser Madame Spencer commencer son cours sur Jack Kerouac.

- Bien, commence la professeur. J'espère que vous avez tous au moins commencé la lecture.

La plupart des élèves confirment, moi aussi d'ailleurs. Je l'ai presque fini mais sur ma rangée, les deux autres ont fini. En même temps, ils n'ont clairement pas dû potasser des heures durant des livres de magie. Je remarque cependant que l'exemplaire de Mark est clairement plus usé et surtout ancien que le mien. Un lecteur passionné ? Sans doute.

- Compliqué à lire d'une traite, précise Mark en voyant mon marque page.

- Je l'avais déjà lu mais avec mes soucis je n'ai pas pû terminer de le relire, j'avoue alors.

- Je pense qu'on va l'étudier un moment en fait.

- Mouais... C'est vrai, dis-je avant de me figer.

La professeur nous regarde, alors qu'elle parlait pour savoir qui avait quand même bien avancé. À vos ordres Madame! Je ferme ma gueule ! Pas le moment de se faire remarquer.

- J'ignore si vous le savez mais il y a deux légendes courantes sur ce livre, fait-elle. Quelqu'un sait une d'entre elles ?

Immédiatement, je lève ma main, je connais la plus connue bien sûr.

- Ksenya? m'interroge la professeure.

- Il aurait écrit ses cent vingt-cinq mille mots en trois semaines, sans s'arrêter et sur un seul papier extrêmement long qui selon Kerouac ressemblait à cette fameuse route.

- Excellent... La deuxième ? demande ensuite la professeur.

Je suis contente, je montre que je ne suis pas qu'une idiote écervelée. Je suis bonne élève quand je veux et autant éviter les ennuis.

- Personne ? s'étonne la professeure. Et bien sachez que souvent, quand on entre dans une librairie, à New York, on ne trouve pas Kerouac en rayon, mais plutôt derrière la caisse. S’il faut en croire la légende, Sur la route est, avec la Bible, un des livres les plus volés...

Ça c'est surprenant comme information, je ne m'y attendais pas du tout. C'est quand même impressionnant.

- Une idée de la raison? demande la professeure.

Je regarde la classe et je remarque immédiatement que mon voisin si canon lève la main. Il a dû aller dans des écoles privées, il l'a peut-être déjà étudié. Voyons voir si il est juste un bellâtre ou si il en a dans la tête.

- Mark? demande la professeure.

- On n’a pas coutume de considérer les livres comme des marchandises qui invitent au larcin, et pourtant Kerouac possède encore un potentiel subversif qui laisse à penser qu’en ce qui le concerne l’attrait du défendu traverse les générations. Son roman le plus célèbre a beau être le produit de son temps, il fonctionne comme une sorte de modèle où la mémoire historique devient le vecteur d’une solidarité qui prend tout son sens et son opportunité. Au cœur même de cette qualité, il y a l’injonction faite au lecteur d’approfondir les questions les plus difficiles à cerner par une archéologie des lieux qui nous définissent comme si nous les découvrions pour la première fois, c’est-à-dire en étrangers...

Houla... C'est un sacré intello ce mec... C'est dingue, même la prof est étonnée. Bon, par contre, la discussion qui suit rend le cours bien mais alors bien chiant. Je finis par m'impatienter de la pause midi. Durant celle-ci, ma mère m'envoie un message pour me rappeler un petit rendez-vous précis au cas où et étonnement, je suis impatiente. Tellement que je ne vois pas le temps passer durant le cours de géographie sur les réserves nationales... C'est tellement chiant... Et puis enfin je l'entends... Ça sonne la fin des cours!

- On rentre ensemble ? me demande Jenna.

- Ma mère doit m'emmener...

- Ho, tu vas rencontrer... Tu verras il est sympa, m'assure Jenna.

- C'est vrai? Pas trop snob ? je demande avec méfiance.

- Pas le moins du monde, dit-elle. Sois honnête surtout.

Je la regarde et je me demande bien pourquoi. Bon ce n'est pas grave, je récupère mes affaires en quatrième vitesse, saluant Mark en lui souhaitant une bonne soirée. Puis, je fonce à l'extérieur. Je ne suis pas trop impatiente bien sûr mais je ne veux quand même pas me ridiculiser alors je me hâte. Après avoir repéré la voiture, je fonce presque dessus, ouvrant la portière et jetant mon sac à dos à l'arrière.

- C'était bien tes cours? demande ma mère pendant que je referme.

- Mouais... Longs...

- Vous avez vu quoi ? demande poliment ma mère pendant que je m'attache.

- Kerouac en littérature... Réserves naturelles en Géo... J'ai parlé à Mark... Ça ira pour la suite, dis-je alors.

- Il n'a pas posé de questions ? demande ma mère en quittant le parking.

- Il dit qu'il patientera pour savoir si je veux toujours sortir avec lui, dis-je en soupirant.

- Désolée de poser tant de problèmes, s'excuse alors ma mère.

- Ho tu sais, c'est même plutôt rassurant... Il ne veut sans doute pas juste me baiser, dis-je alors avec mon franc-parler habituel.

- Tu croyais que c'était ce qu'il voulait ? me demande ma mère tandis que nous entrons dans Phoenix.

- Bah c'est un mec... Mais il doit être différent... C'est à Phoenix ?

- Oui, pas loin du magasin de ta grand-mère d'ailleurs, dit-elle quand même.

Effectivement, pour avoir passé un après-midi dans la boutique depuis mon arrivée, je reconnais un peu les rues.

- Et... Euh...

- Oui? me demande ma mère en me regardant.

- C'est peut-être idiot... Mais c'est caché ou...

- Tu penses que c'est magique? Pas du tout, c'est une salle au-dessus du commerce des Malaval, dit-elle. Ils tiennent une librairie de livres anciens.

- Ha... Ok..., dis-je déçue.

Je ne sais pas pourquoi mais je m'attendais à un truc bien magique... C'est sans doute parce que je suis de la génération Harry Potter, bien qu'il y en ai en réalité plusieurs vu que cela exiso désormais depuis presque trente ans; mais en fait j'espérais presque un truc comme le Chemin de Traverse, caché et magique quoi... Une simple salle de réunion, c'est tellement peu magique... La déception quoi...

- Tu espérais un spectacle sons et lumières ? demande ma mère amusée. C'est souvent le cas avec les jeunes adolescents, tu n'es pas la seule déçue.

- Faudrait envisager plus, dis-je en marmonnant.

Ma mère rigole bien de ma vanne, pourtant bien pourrie et elle finit par se garer. Je descends donc de la voiture et je me dis quand même que Phoenix est tellement plus impressionnante que Mesa. Le commerce du Tuteur, La Librairie Malaval, spécialistes en livres anciens depuis dix-huit cent cinquante selon l'enseigne, se trouve encastrée entre un pressing et une boutique d'un primeur bio et en vrac... Tellement moderne à côté de la librairie que je trouve cela drôle. Bien évidemment, j'attends ma mère qui pose sa main sur mon épaule pour me rassurer. Je préfère la laisser faire car je suis un peu en panique. Je me demande quand même ce qu'il va se passer... On entre alors dans la librairie et je me retrouve saisie par la magnifique odeur de livres anciens, une odeur que j'adore par dessus tout, juste après l'odeur de barbe à papa... Je me promets clairement d'y revenir mais en tant que cliente.

- Elle est magnifique cette librairie ! dis-je alors.

- Ton père me dit toujours que tu dévores les livres, on a ça en commun, précise ma mère.

- Il me le dit souvent aussi... Stacy préfère la littérature romantique alors... Je ne peux pas beaucoup en parler avec elle car je préfère les drames comme Le Monde de Charlie...

- Si tu veux on peut discuter littérature quand nous ne sommes que toutes les deux, assure ma mère.

- Je vais y songer, je marmonne alors.

Je vois arriver une jeune femme d'une vingtaine d'années à peine, dans un joli chemisier à fleur et avec une longue jupe grise fendue, portant des lunettes de soleil sur son front.

- Bonjour Lauren, fait la jeune femme. Tu dois être Ksenya.

- C'est cela, dis-je alors. Enchantée...

- Moi c'est Margaret, Maggie si tu préfères... Comme dans les Simpson... Je travaille ici mais je connais la trilogie, dit-elle en me souriant.

- Vous connaissez la trilogie ? je demande bêtement.

- Oui, je n'en fais pas partie mais mon frère et ma sœur aînée oui, dit-elle en me souriant.

Cela doit être particulier... Certains membres de sa famille le sont et pas d'autres. Par contre j'adore le code sur la trilogie. À retenir.

- Alec nous attend? demande poliment ma mère.

- Oui, il est en haut, dit-elle rapidement.

Hum... Je détecte un petit intérêt de la demoiselle pour son patron... C'est mignon mais tellement cliché... Quoique la fille de New York qui débarque et fantasme sur son voisin... C'est pas mal au niveau des clichés. Bref, je suis ma mère qui me guide vers l'arrière boutique. La vache c'est vachement poussiéreux... Ma mère m'indique alors un escalier et je monte les marches lentement.

- Cela va bien se passer, dit alors ma mère.

- Mouais...

- Ho..., fait soudain ma mère.

- Quoi?

- Il n'est pas seul... Je ne pensais pas qu'ils se présenteraient tout de suite, dit alors ma mère en me perdant un peu.

- De quoi tu parles?

- Désolée... À l'intérieur, il y a les leaders des deux autres clans, tu apprendras à ressentir la magie ne t'inquiètes pas, précise ma mère.

- Et... Ils vont me faire chier? je demande alors.

- Non... T'inquiètes pas, allez..., m'intime ma mère.

Ouais ouais, je monte... Je sens que cela commence déjà à me faire chier. Je frappe quand même à la porte et un "oui" calme et posé m'arrive depuis l'autre côté. J'ouvre alors la porte, lentement en regardant à l'intérieur. Bon... Ve n'est pas une vision infernale. Bien évidemment, maintenant que je suis une sorcière éveillée, je ressens immédiatement les glyphes de protection dans la pièce et je les vois même légèrement briller. Je commence à m'y faire à ce truc, je ne réagis plus vraiment. La pièce est grande, devant sans doute être aussi grande que le commerce lui-même, et comporte de nombreuses chaises. Je vois également qu'il y a des armoires et, posés dessus, de nombreux ouvrages comme ceux chez ma mère. Le détail le plus surprenant, c'est la grande table devant toutes les chaises, ressemblant aux conférences de presses de cinéma. Ce qui me surprend le plus, c'est qu'il y a également une autre table au fond et elle semble arborer des assiettes vides et une grosse cafetière de fête, les cuves de plusieurs litres. J'ai comme une impression assez amusante... Bonjour, je m'appelle Ksenya et je suis une sorcière... Ouais, c'est ça, ça ressemble à ces groupes de paroles ou aux alcooliques anonymes... Même si les tapis et les quelques bibelots donnent tout de même un petit côté boutique new age. Et il y a bien d'autres personnes dans la pièce. La première, qui est au centre des trois d'ailleurs, ne peut être qu'Alec Malavan. Il correspond en effet à l'âge énoncé. Il est extrêmement grand, un mètre quatre-vingt dix facile et pour au moins une centaine de kilos. Il a un peu de ventre mais ce sont principalement des muscles, il a une sacrée envergure au niveau des épaules. Il a les cheveux noirs coupés très courts, sans doute quelques millimètres, ainsi qu'un bouc et une moustache qui se relient sur les côtés. Il porte un simple bleu et un haut qui me fait un peu penser au chemise des hippies. Je comprends la vendeuse, plutôt mignon mais bon, ce n'est pas l'essentiel. À côté de lui, il y a d'abord une femme, une très vieille femme, soixante-dix, quatre-vingt... Peut-être même plus, vêtue d'une robe datant d'un autre âge, on se croirait devant une ligue de vertu, je suis mal barrée... Plus sérieusement, elle semble surtout extrêmement digne et vachement hautaine, je ne l'entends pas vraiment mais on sent qu'elle est... Particulière. La troisième personne dans la pièce est un afro-américain, bien habillé dans son pantalon de costume et sa chemise. Je remarque immédiatement qu'il a une plaque de police, ainsi les sorciers ont des contacts. Il doit être inspecteur, cela correspondrait bien à son âge qui doit avoisiner les quarante-cinq ans maximum. Il semble plus calme et plus accessible que la vieille, qui le regarde un peu comme si la ségrégation n'était pas finie... Ça promet.

- Entrez donc, fait poliment Alec Malavan en avançant vers nous. Enchanté de te connaître Ksenya, bienvenue dans notre congrégation.

- Merci Monsieur, dis-je très poliment avant de lui serrer la main.

- Monsieur ? Je fais donc si vieux ? me demande Alec avec un sourire. Appelle moi par mon prénom, cela ira très bien.

- D'accord, dis-je extrêmement tendue.

- Je te rappelle que nous sommes le seul clan qui ne mord pas, fait-il alors en m'adressant à un petit clin d'œil sympathique.

- Oui c'est vrai..., dis-je en voyant ma mère s'éloigner pour aller saluer ses condisciples.

- J'espère que vous renouez bien le contact, me dit alors Alec.

- Ça...

- Ne me regarda pas? Je sais, désolé..., s'excuse Alec en passant sa main sur son crâne presque rasé.

- C'est juste que c'est très compliqué...

- Je connais votre histoire, ne la juge pas trop sévèrement..., avoue Alec. Les addictions sont difficiles à vaincre.

- Je sais parfaitement..., dis-je gênée.

- Viens je vais te présenter, dit-il ensuite.

Je suis en stress... Ça monte vachement comme sensation... Et en plus il commença par la vieille...

- Ksenya, me fait alors Alec. Je te présente Lena Galbano, qui dirige la Racine de la Terre.

- Mademoiselle Lasher, me fait alors poliment la dame.

- C'est Seraikin Madame, dis-je poliment. Le nom de mon père.

- Ho d'accord... Pas de soucis Mademoiselle Lasher.

Elle m'énerve déjà cette vieille sorcière... Enfin dans son cas c'est vrai mais bon, je parle de comportement. Par contre, je ne sais franchement pas quoi dire...

- J'espère que la Racine pourra compter sur vous pour les questions essentielles, dit-elle en me regardant.

- Je ne sais même pas encore quelles sont les questions essentielles en réalité, je découvre à peine ce monde, dis-je par acquis de conscience.

- Cette génération..., marmonne la vieille peau. Vouloir laisser les jeunes découvrir ce qu'ils sont... Il est nécessaire d'éduquer nos jeunes aussi tôt que possible pour que notre héritage persiste de la meilleure des façons... Et il faut s'assurer que jamais ce patrimoine ne faiblisse qu'importe les conditions...

Je la regarde et je commence à voir un joli petit panneau sudiste ou intégriste flotter sur le haut de sa tête. Mais je commence à me méfier d'elle.

- Et... Quelles seraient ces conditions ? demandé je avec une certaine inquiétude.

Je remarque alors que ma mère, discutant avec l'autre sorcier, me fixe avec inquiétude également. C'est dingue... J'ai comme la nette impression que la réponse ne va pas me plaire.

- Nous devrions pousser nos jeunes à ne s'intéresser qu'à leurs semblables, unir différentes lignées pour renforcer nos pouvoirs. À force de faire des enfants avec de simples humains, nos pouvoirs réduisent. Nos ennemis ne subissent pas ce problème, assure la nazillonne du coin.

- Lena, nous ne sommes pas en guerre avec eux, tente quand même Alec.

- Ha oui? Et quand les vampires décideront que nous sommes plus intéressant en menu du jour qu'en partenaires de négociation ? Il faut engendrer une génération plus puissante et ce dès que possible, dès que les jeunes filles sont capables d'enfanter, assure la barjot en jupon.

- Quoi? dis-je horrifiée. Vous vous croyez au Moyen-Âge ? De pauvres gamines de douze ans vont devoir se faire ramoner et sans doute par des vieux schnocks bien lubriques pour vos idées? Je suppose qu'elles devront aussi être pures? Et pour les LGBT?

- Il faut faire le nécessaire... Et eux, ce n'est qu'un effet de mode... La société cherche juste à se boulverser, ce fut pareil avec les droits civiques, fait-elle.

Elle se fout de moi là ? Je vais exploser, ça va pas tarder. Je vois ma mère prête à se jeter sur moi pour éviter un esclandre. Je m'apprête à dire ma façon de penser à Mamy Hitler quand je sens une main se poser sur mon épaule, celle d'Alec.

- Laissez donc cette jeune fille Lena, elle n'est pas du tout en âge de siéger, sa mère devra en plus la précéder et vous le savez, lui conseille Alec. Viens Ksenya.

Cette vieille chouette... Je suis vraiment très heureuse de ne pas être un membre de sa famille. Et surtout je plains les filles de cette famille. J'ai bien envie de lui cracher un petit slogan LGBT bien senti mais évitons les emmerdes. J'arrive donc, menée par Alec, vers l'inspecteur de police. Il quitte ma mère du regard, alors qu'ils discutaient tranquillement, et il me regarde alors avec un sourire beaucoup plus amical.

- Je compatis ma pauvre, dit-il avec un sourire.

- Et c'est normal ça ? dis-je en l'indiquant discrètement.

- Imagine sa tête quand je fus nommé..., dit-il dans un petit rire. Au fait, moi c'est Andy, Andy Tucker.

- Eny, dis-je en souriant de sa sympathie. Un visage amical...

- C'est gentil, d'habitude on se méfie aussi de moi, dit-il en montrant sa plaque en souriant.

- Chacun ses défauts, je réponds avec humour.

- Ouch... Belle répartie, dit-il en riant. Peut-on discuter un peu?

C'est bien à ma mère qu'il demande cela et elle confirme. On s'éloigne un tout petit peu, vers la table avec la cafetière.

- Je t'en sers un? Il est bien meilleur qu'au commissariat, dit-il en riant.

Ce mec est sympa... Pour un flic. J'accepte donc le café et c'est vrai qu'il est bon.

- Rassure toi, la Feuille de l'Esprit est bien plus ouverte, dit-il.

- D'accord... Vous me rassurez.

- Tu peux aussi me tutoyer tu sais, du moins ici car dehors je reste un officier, dit-il en prenant beaucoup de sucre.

- Et vous... Tu n'es pas du tout d'accord avec ses idées ? je demande quand même.

- Pas du tout, je pense que l'on doit laisser nos jeunes grandir et surtout leur inculquer que ni les vampires ni les loups ne sont des ennemis. Ils pourraient nous apprendre beaucoup.

- Ha... Du genre? je demande quand même.

- Je pensais principalement aux vampires en réalité... Forcément, ils sont vieux et ils ont peut-être connu des sorciers dont les sorts ont disparus, cela pourrait nous permettre de retrouver des dons tombés dans l'oubli, m'explique Andy Tucker, très sympathique.

- Je peux poser une question bizarre ?

- Je suis célibataire mais tu es trop jeune, dit-il en souriant.

Je le regarde consternée et il me fait un clin d'œil. C'est franchement différent d'avec la vieille peau. Il me met bien plus à l'aise.

- Désolé, humour de flic, fait-il en riant.

- Je ne te demandais pas de m'épouser mais j'ai toujours voulu faire ça avec des menottes et dans une voiture de patrouille, dis-je avec un sourire mesquin. Désolée, humour d'adolescente.

Il rigole de ma blague, même si le coup de la voiture n'est pas forcément une vanne. Chacun ses délires.

- Trêve de plaisanterie... Tu voulais me demander quoi? dit-il alors avec un sourire.

- J'ai compris les dons de la Racine et de l'Ecorce, même si ceux là sont assez vagues, mais je me demande à quoi cela ressemble chez la feuille...

- Ce sont souvent des pouvoirs sur la matière, dit-il avant de voir ma mine déconfite. Démonstration...

Je le vois prendre une tasse propre et mettre du café dedans. Il attrape le mug et je sens un picotement incongru dans la nuque, que je touche d'ailleurs immédiatement avec étonnement.

- Tu commences à sentir les émanations ? s'étonne Andy. Rapide.

- C'est la première fois, dis-je quand même.

- Vas-y prends le mug, me fait Andy.

J'attrape le mug et je le trouve vachement lourd quand même. Je regarde à l'intérieur et le café est là mais il reste plat. Je regarde vers Andy qui me fait signe de retourner le mug.

- Ne t'inquiètes pas, dit-il en voyant mes doutes.

J'obéis et j'entends un gros boum, comme si on posait lourdement un livre. Je regarde le mug surprise et je le soulève. Le café ne coule pas, il est toujours là en gros bloc. Je tape dedans et je suis effarée.

- On dirait du bois ! dis-je alors.

- Cela en a la solidité, je pourrais tout à fait le transformateur en vapeur mais c'est moins marrant, fait alors Andy.

- Intéressant..., dis-je à défaut d'autres mots.

- Je t'avouerai que je m'en suis servi plus que de raison pour faire des blagues au lycée, dit-il avec une pointe de honte.

- J'imagine, dis-je en riant.

- Je crois qu'Alec t'attend, dit-il alors.

Je me retourne et, en effet, Alec est tranquillement assis sur une chaise, patientant que ma petite personne le rejoigne.

- Encore merci, pour la démonstration, dis-je en souriant à Andy.

J'avance vers Alec et je me place devant lui.

- Excusez moi d'avoir pris trop de temps, dis-je poliment.

- Tu découvres notre monde et le don d'Andy a quelque chose d'amusant, dit-il en souriant. Assieds-toi.

Je m'installe juste à côté de lui et il se retourne vers moi pour m'observer. Moi aussi je l'observe et je trouve sa présence absolument rassurante. Je comprends aisément pourquoi il occupe ce poste. En effet, il semble posé et gentil, réfléchi surtout et sans doute assez juste.

- N'aie pas peur, je ne suis pas un gourou, précise Alec.

- D'accord, dis-je en souriant.

- Par contre je vais te poser des questions et tu dois me répondre franchement, d'accord ? me demande le Tuteur.

- Oui...

- En quelle année fut découverte l'Amérique ? dit-il alors.

- Quoi? dis-je étonnée et surtout surprise.

- C'était pour détendre... C'est nul, fait-il en me souriant.

- Je ne m'y attendais pas, assuré-je honnêtement.

- Bon, soyons sérieux, dit-il alors. Comment as-tu pris cette information ?

- Les sorcières ? Et le reste? demandé-je avant qu'il ne confirme de la tête. Je ne sais pas trop... Bien je suppose...

- Tu es sûre ? C'est assez perturbant, concède Alec.

- Disons que c'est plutôt que cela ne m'a pas été dit qui pose problème, avoué-je alors. J'aurais voulu savoir avant.

- Cela aurait-il changé quelque chose à ta relation avec ta mère ? demande ensuite Alec.

- Non je ne pense pas...

- Tu sembles vouloir lui faire payer mais sans forcément la détester, dit-il alors.

- Je ne la déteste pas, dis-je quand même avec méfiance. Mais je lui en veux énormément... Je n'étais qu'une enfant.

- Mais comprends-tu ses raisons ? insiste Alec.

- Par rapport à ses pouvoirs ? Oui...

- C'est l'essentiel, dit-il. Comment se passe ta rentrée ?

- Vous êtes psy? je demande méfiante.

- J'ai le diplôme mais je n'exerce pas, dit-il en souriant.

- Ho... Ça va...

- Pas tellement n'est-ce pas? insiste Alec.

- Disons qu'apprendre tout cela empiète sur ma vie privée, j'avoue quand même.

- Ho... Je comprends... Garçon ou fille? demande alors Alec.

- Quoi?

- Oui, tu as été attiré par un garçon ou une fille cette fois? demande alors Alec.

- Cette..., dis-je avant de me retourner vers ma mère.

- Elle ne m'a rien dit, inutile de déjà te braquer.

Je me retourne vers lui et il me regarde en souriant.

- Mais vous savez ça comment ? dis-je alors.

- Je suis de l'Ecorce et mon pouvoir personnel s'appelle l'Auspex, dit-il simplement.

- Et...

- Donne moi ta main, fait-il simplement.

Je le vois me la tendre et je la regarde fixement. Bon... Je donne la mienne et directement je sens la chaleur de la main d'Alec. C'est une chaleur qui se veut douce et rassurante, comme si il souhaite me protéger. Je regarde sa main et je remarque alors qu'elle brille. Je relève la tête pour l'interpeller et je discerne alors que ce n'est pas uniquement sa main, c'est lui. En fait, il y a des petites lueurs tout autour de nous.

- Je peux lire les auras, précise alors Alec. Je peux connaître énormément de choses comme cela. Blessures physiques ou psychologiques, traumatismes, colère, amour, désir, sympathie... C'est extrêmement compliqué à lire quand on n'a pas l'habitude mais c'est très utile.

- Vous pouvez voir que je suis bi? dis-je surprise.

- C'est lié à certains points mais je peux en général le savoir, avoue Alec. De même que je peux voir que tes sentiments sont plutôt mis à rude épreuve, je parle des sentiments amoureux. Je peux également lire que tu as été déçue de tes derniers sentiments.

- Ho...

- Cependant, je ne vois pas le passé et encore moins l'avenir, précise Alec. Je suis incapable de dire si c'est une rupture difficile ou des sentiments non partagés, juste que tu es blessée.

- D'accord...

- J'espère que tu ne te sens pas trop offensée, dit-il rapidement.

- Je n'ai pas honte d'être bisexuelle, je précise alors. Mais vous voyez quoi d'autre ?

- Que tu es très courageuse aussi, plutôt honnête la plupart du temps, avoue Alec. Un caractère bien trempé et surtout, rancunier. Mais qu'en même temps tu es capable d'accomplir de grandes choses pour les gens auxquels tu tiens. Tu es une jeune fille très intéressante, délurée mais intelligent, sachant quand t'amuser et quand faire la fête. Mais tu es aussi très directe et tu sais ce que tu veux, ce qui peut parfois te jouer des tours.

- Vous auriez fait un excellent psy, dis-je en souriant.

- Je sais, dit-il en riant. Je suis très heureux de te connaître, on rencontre peu de persil avec une aura aussi particulière, les oppositions nombreuses te rendent difficile à lire. Mais j'aime ce genre d'aura, elles ont une pureté à part... Je...

J'ai bien remarqué qu'il commence à perdre le fil, fixant un coin dans la pièce. Je tourne la tête et je remarque immédiatement qu'il fixe Andy, en discussion avec ma mère. Sa lueur semble crépiter et puis, Alec lachant ma main, je ne vois plus rien. Enfin, si je vois ma mère s'approcher de moi rapidement.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? dis-je tout bas.

- Une mauvaise nouvelle..., affirme ma mère.

- Oui... Je vais prévenir son mari et vous rejoindre, marmonne Andy avant de raccrocher.

- Andy... Qui?

- Carol..., fait difficilement Andy.

- Je l'avais dit! assure la vieille peau.

- Lena, ce n'est pas le moment, fait sévèrement Alec. Andy vas-y... Et assure notre soutien à Ahmed.

Je regarde ma mère et elle semble inquiète également.

- Lauren? Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Carol est le numéro deux de la Feuille de l'Esprit... Et elle semble avoir été attaquée...

- Attaquée mais par..., demandé-je avant de réaliser. Vampire?

- Ce serait la seconde attaque de l'année... Toujours des hauts placés..., marmonne ma mère.

Je regarde ma mère fixement et j'entends les pas d'Alec.

- On va devoir écourter... Je dois organiser une rencontre du Triumvirat Major, dit-il.

- Ils ont assuré ne pas donner d'ordre, assure ma mère.

- Je sais... Mais deux fois en un an..., marmonne Alec. Par contre, Ksenya ne semble pas trop perdue, elle nous surprendra sans doute à l'avenir.

- Tu veux dire que...

- Oui, elle pourra être présente en tant qu'héritière lors des Triumvirat mais également au Triumvirat Major, assure Alec.

- Elle n'est pas prête, assure ma mère.

- Ho elle est capable de s'adapter... Faites attention...

Putain j'en ai marre... C'est quoi tout ce bordel ? On se croirait dans un roman fantastique tant c'est improbable ! Ou alors je porte la poisse... Quoique si c'est la seconde attaque... En tout cas, si ses méthodes sont discutables, la vieille Lena a raison : les vampires sont réellement nos ennemis ! Si ça continue je vais me retrouver avec une cible sur la tête... Je ne peux plus redevenir une adolescente normale? C'est vraiment trop tard? Et merde...




Laisser un commentaire ?