The Arizona Sins

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- - The Heiress of Witches - -

L'obscurité est tout autour de moi, lourde et épaisse. C'est sans doute ce à quoi correspond la mort, ou tout du moins son antichambre. J'essaye de bouger mais mon corps ne suit pas et ne parlons même pas de mes paupières qui refusent de s'ouvrir. J'ai réellement dû faire une attaque cérébrale. C'est bien ma veine ça... Avec ma poisse habituelle, je resterai comme ça, enfermée dans mon corps. Putain de merde! Dire que j'avais enfin pû dire à Mark qu'il me plaisait... Quelle chance. Au moins j'ai rapidement goûté à ses lèvres... Pff... Il aurait vraiment dû foncer ce con, au moins j'aurais un bon souvenir à me remémorer là.

- Veillez sur notre sœur, fait soudainement une voix.

Je n'arrive pas à mettre un visage sur cette voix mais je me sens légèrement inquiète. Je ne suis quand même pas morte ?

- Que son âme soit protégée grâce à vous, fait une autre voix, masculine celle-ci.

Et merde... C'est une oraison funèbre ça ? Mais... Si j'arrive à penser et à respirer... C'est que je suis en vie non?

- Prédécesseurs et successeurs, qu'elle intègre le cycle grâce à vos âmes protectrices, fait une voix âgée.

Oulala... Mais c'est qui ces gens? Pourquoi je n'entends pas ma mère ? C'est plutôt elle qui devrait prier... Ho merde... J'espère que cette information n'a pas traumatisé Stacy... Pourvu que cela n'ait pas compliqué sa grossesse... Pitié...

- Que les trois corps célestes veillent sur elle, fait une voix jeune, très jeune. Par la Racine de la Terre, l'Ecorce de la Vie et la Feuille de l'Esprit, que soit bénie notre sœur.

Mais ces voix sortent d'où ? Elles résonnent dans ma tête en boucle. D'ailleurs... Je n'ai plus du tout mal au crâne... C'est dingue... Depuis que je suis dans le noir, je ne ressens plus la moindre douleur.

- Que notre sœur puisse intégrer le Triumvirat des Incantator, guidant ainsi nos pupilles aux côtés du Canis et du Mortuus...

Ok je suis devenue complètement fissurée... C'est quoi cet Incantator, ce Canis et ce Mortuus? Je fais un bad trip? On m'a droguée durant la fête ? Les cocktails étaient frelatés?

- Qu'aujourd'hui enfin, notre sœur nous rejoigne!!!

Et que cela s'arrête surtout.

- Yishcha, yishááh, nishááh... Yishcha, yishááh, nishááh... Yishcha, yishááh, nishááh, fait alors une voix extrêmement mélodieuse.

Je suis assez étonnée en entendant cette dernière voix, elle est extrêmement douce et à elle seule, arrive à me rassurer. Elle me donne l'étrange impression d'être sous sa protection, comme si elle veillait sur moi.

- Yishcha, yishááh, nishááh... Yishcha, yishááh, nishááh... Yishcha, yishááh, nishááh, refait encore cette voix extrêmement mélodieuse qui me rassure.

J'ignore totalement de quelle langue il peut s'agir mais plus je l'entends, plus j'ai l'impression qu'elle semble là pour veiller sur moi. J'en ai presque la sensation de subir une caresse sur ma joue, un geste protecteur, désireux de veiller sur moi. J'ignore d'où ça vient mais à l'inverse de toutes les voix précédentes, elle me rassure.

- Il est temps de te réveiller ma douce enfant, mais ne t'inquiètes pas, quelqu'un veillera toujours sur toi, fait alors cette voix avec un étrange accent à couper au couteau.

D'un coup, j'ai l'impression que l'obscurité se fait moins épaisse, moins envahissante. Je suis alors à nouveau capable de bouger et je me tortille un peu. Puis, désormais à nouveau capable de contrôler mon corps, j'ouvre les yeux. La lumière assez diffuse du jour qui se lève semble me brûler la rétine et je grimace un peu. Mes yeux papillonnent ainsi quelques secondes et puis enfin, je peux discerner un plafond. Ce plafond, je le connais, je l'ai déjà vu. C'est celui de ma chambre. Mais qu'est-ce qu'il a bien pu se passer. - Mmmm..., marmonne une voix près de moi.

Je tourne la tête, surprise. Je n'ai pas le souvenir d'avoir ramené quelqu'un ni même de grand chose après m'être effondrée. Et quand je vois qui a fait ce bruit, je suis encore plus surprise. Il s'agit de Jenna en train de pioncer peinarde sur mon lit. Je bouge un peu pour la regarder étonnée et je me dis qu'elle a passé la nuit à me surveiller. J'essaye de me redresser sans la réveiller et je confirme, je suis bien dans ma chambre. En me redressant, je remarque qu'une autre personne est présente dans la chambre. Il s'agit de ma mère, assise sur une chaise et appuyée sur mon lit, la tête dans les bras, en train de comater tranquillement dans une position plutôt inconfortable.

- Qu'est-ce que c'est que ce délire? murmuré-je en me redressant.

Je regarde dans ma chambre et je me fige, sur le mur du fond, comme le jour de mon arrivée, il y a une marque qui palpite. Je l'observe un instant et elle disparaît à nouveau.

- Putain... C'est quoi ce bordel? grommelé-je un peu plus fort .

Immédiatement, la tête de ma mère se redresse d'un coup, lui provoquant une petite douleur dans le dos qu'elle maintient pour s'étendre.

- Eny? demande ma mère surprise.

- Il s'est passé quoi putain? dis-je alors.

- Je ne dors pas, je ne dors pas! fait brusquement Jenna en se redressant.

- Si ! Tu pionçais! Et tu ronflais! dis-je mesquinement.

Depuis l'escalier, j'entends des pas qui se précipitent et quelques instants plus tard je vois Esperanza apparaître et soupirer de soulagement. Tout à coup, une autre tête apparaît.

- Grand-mère ? dis-je surprise en la voyant.

- Bonjour mon cœur, bienvenue parmis les vivants, me fait ma grand-mère avec un sourire.

- Est-ce que quelqu'un peut me dire ce qu'il s'est passé ? dois-je réclamer encore une fois.

Toutes les femmes femmes présentent dans la pièce me fixent comme pensives. Ça promet... Ho et puis j'ai une autre question.

- Et si quelqu'un peut me dire ce que c'est que ce putain de symbole qui apparait sur mon mur et puis disparaît, je pourrai apprécier, je marmonne ensuite.

- Tu vois le glyphe? demande Jenna choquée.

Je regarde celle-ci avec stupéfaction. Donc je ne suis pas complétement dingue. Il y a bien quelque chose sur ce mur de merde...

- Hein? dis-je surprise. Un quoi?

- Un glyphe, précise ma mère.

- J'avais entendu... Mais c'est quoi un glyphe à la con ? j'insiste légèrement de mauvaise humeur.

Et là, elles se regardent entre elles, comme si elles cherchent qui doit me répondre, ça commence un peu à me les briser.

- Vous pressez pas surtout, je marmonne.

- C'est un symbole de protection sur l'occupante de la pièce, précise enfin ma grand-mère.

- Ha... Et pourquoi ?

- Pour te protéger, précise ma grand-mère.

- Non c'est vrai? dis-je consternée. T'es sûre ? Un symbole de protection pour protéger ? J'ai un petit doute...

Ma grand-mère me fixe vexée et je vois Esperanza sourire doucement. Je la fixe attentivement, me demandant si elle se foutrait pas de ma gueule par hasard.

- Quand tu dis qu'elle a un fort caractère, tu ne mens pas, assure Esperanza à ma mère.

- Eny... Il y a quelques choses que je dois te dire sur notre famille, précise ma mère.

Je la regarde attentivement, paumée serait un bon mot, puis je regarde Jenna. Elle hoche la tête en me souriant. Question conne: pourquoi elle a l'air plus au courant que moi?

- C'est aussi la raison pour laquelle j'ai tout fait pour me sevrer..., avoue ma mère.

- D'accord...

- En fait, quand je suis partie de la maison..., commence ma mère.

- Quand tu m'as abandonnée, précisé-je.

- Hmmm... Oui, dit alors ma mère. Je me suis assurée qu'il n'arrive rien en mon absence.

- Hein?

- Oui... Notre famille a une spécificité et je me suis assurée qu'elle soit scellée suffisamment longtemps. Je savais qu'elle allait se fragiliser et c'est pour ça que j'ai tout fait pour te reprendre auprès de moi, développe ma mère.

- Ok... Quand tu veux tu arrêtes de tourner autour du pot, dis-je alors commençant à m'énerver.

- Ton père m'a signifié que tu développais un certain instinct, précise ma mère.

Un instinct ? Mais de quoi elle parle? C'est quand même pas le jour où je me suis vantée d'avoir réussi à obtenir une note de quatre-vingt dix-sept pourcents à un examen en répondant totalement au hasard? C'est pas de l'instinct... Mais de la chance, non?

- Attends... Quoi?

- Oui, il sait pour nous et...

- Putain mais qu'est que vous m'avez caché encore? dis-je en m'énervant. Vous m'avez adoptée ? Volée ?

- Eny tu pourrais rester calme! s'énerve ma grand-mère.

- Je voudrais bien t'y voir! je réplique en colère. Je pisse le sang et je tombe dans les pommes et vous faites comme si c'était normal!

- Ça l'est, fait ma grand-mère sous le regard sévère de ma mère.

- Maman ne compliqu...

- RÉPONDEZ!!! crié-je alors.

Au moment où j'ai crié, ma lampe de chevet a explosé, provoquant mon cri de surprise. Je regarde l'endroit où elle était intact un instant plus tard avec des yeux forces.

- La vache quelle puissance ! fait Jenna.

Je tourne brusquement ma tête vers elle et elle se fige effrayée. Elle sait quoi elle?

- Tu vas me dire que c'est normal ça ? dis-je alors choquée.

- Bah... Quand même un peu, avoue Jenna mal à l'aise en regardant sa mère.

- Normal? T'es sérieuse ? Mais pour qui c'est normal?

- Pour... Euh..., hésite Jenna.

- Pour une sorcière, fait soudain ma grand-mère.

- Maman! s'offusque ma propre mère.

Je me fige, fixant encore Jenna en tournant doucement la tête vers ma grand-mère. J'ai dû mal entendre....Elle a bien dit sorcière ? Non... Je dois rêver...

- T'as dit quoi ? je demande à ma grand-mère tandis que ma mère soupire.

- Notre famille est, depuis très longtemps, composée d'hommes et de femmes capables d'excercer une certaine forme de magie..., marmonne ma mère.

Je la regarde, sans doute d'un air plutôt dubitatif avant de me mettre à rigoler. Je ne peux même plus m'arrêter de rire.

- Cool, sympa la caméra cachée... C'est un gadget de cinéma ? je demande en montrant la lampe.

- Eny, je suis très sérieuse, les Lasher ont en tout temps fait partie des assemblées les plus reconnues..., fait ma mère.

- Super... Il est où mon balais ? Et ma baguette ? Quitte à choisir je veux bien aller à Serpentard, j'ajoute en riant.

Ma mère me regarde avec consternation. Elle soupire encore et se masse les tempes.

- Eny, je suis sérieuse bon sang..., marmonne ma mère.

- Super je vais essayer de me faire Emma Roberts aussi, dis-je en riant encore.

- Eny... Je te parle...

- Madame Lasher? appelle alors Jenna.

Tout le monde tourne la tête vers elle, intrigué de son intervention. Elle me fixe avec circonspection.

- Je commence à connaître Eny, avoue timidement Jenna. Il suffit de lui montrer.

- Me montrer quoi? dis-je méfiante.

Jenna tend alors doucement la main vers moi et l'ouvre, paume vers le haut. Si je dois voie quelque chose, il n'y a rien. Il serait peut-être temps d'arrêter les conneries et la blague a assez duré.

- Ignis! fait alors Jenna.

Je sens immédiatement une certaine chaleu. depuis sa main quand soudain, une flamme apparaît pour enrober sa main de sa couleur orangée. Je prends peur, tu m'étonnes, et je recule... Et comme une merde, je tombe de mon lit effrayée. Ha tiens... Je porte un vieux t-shirt et un short tout aussi moche, ma mère a dû penser à me changer.

- Eny! crie ma mère inquiète.

- Putain de bordel! dis-je en me redressant et saisissant mon matelas pour me redresser.

- Comment t'as fait ça ? je demande en regardant Jenna surprise.

- C'est la base de la magie... Le Ignis est le sort que l'on apprend en premier, avoue Jenna.

Je regarde la flamme dans sa main, qui roule littéralement dans celle-ci sans même brûler Jenna. Tout à coup, elle souffle sur sa main et sa flamme disparaît.

- T'es vraiment une sorcière ? dis-je choquée.

- Oui... Mais toi aussi, dit-elle rapidement.

Je lève alors ma main et je ne sais pas pourquoi mais je la fixe attentivement.

- Ignis!!!

Et là... Et bien rien du tout. Ça marche pas le moins du monde. J'entends alors ma grand-mère qui rigole et je la regarde méchamment.

- Désolée ma puce, dit alors ma grand-mère. Tu en seras capable mais pas aussi vite quand même...

- Ha bon? Mais c'est vrai tout ça ? dis-je enfin en m'asseyant sur le lit.

- Évidemment, me précise Esperanza. Ma fille est très douée bien sûr, plus qu'Angel.

- Angel aussi? dis-je choquée. Mais... C'est pas que les femmes?

- Les sorciers existent mais ils ne sont pas aussi doués que nous, les femmes, précise ma mère.

- Et puis, je suis une sorcière de la Racine de la Terre, me précise alors Jenna.

- La quoi? je demande perdue.

- Les sorcières et les sorciers donc, sont divisés en trois castes, appelées ensemble le Triumvirat..., m'explique Esperanza.

- J'ai déjà entendu ce mot..., dis-je en réfléchissant. Quand tu as lu l'avenir non?

- Oui, confirme Jenna en sortant une carte de son sac et me la tendant.

- Mais... Elle est toute blanche ! dis-je en regardant l'endroit où devrait se trouver le dessin.

- Ce sont des cartes magiques, elle ne s'affiche que devant une sorcière... C'est pour ça que je ne devais pas le faire, dit-elle alors.

- Cela risquait d'accélérer ton éveil, précise ensuite ma mère.

- Ha ouais... Encore un putain de truc que j'aurai aimé savoir peut-être ? Tu as d'autres choses en réserve?

- Chérie... Je n'allais pas te dire cela entre deux assiettes de macaronis au fromage, précise ma mère.

- Donc il y a trois groupes ? je demande en ignorant ma mère.

- Oui... La Racine de la Terre, précise Jenna. C'est... Comment expliquer cela?

- Si tu pouvais faire franchement simple... Ça m'arrangerait...

- Ce sont les membres de notre ordre qui ont des affinités avec les éléments naturels... Eau, Terre, Feu, Air... Et leurs dérivés..., m'explique ma grand-mère.

- Les autres sont l'Ecorce de la Vie et..., fait alors ma mère en éveillant un étonnant souvenir de mon inconscience.

- La Feuille de l'Esprit, dis-je en l'interrompant.

- Comment tu le sais? me demande Jenna étonnée.

- Quand j'étais ailleurs... J'ai entendu des voix, je marmonne en craignant de passer pour une folle.

- Tu as compris les propos des ancêtres ? s'étonne Esperanza.

- Hein? De qui? je m'étonne paumée.

- Durant l'éveil, les Sorcières entendent les ancêtres, souvent dans les langues originelles, précise ma mère avant de se lever.

Ma mère s'approche de moi et me caresse la joue avec une certaine fierté. D'un geste brutal, je la repousse, en colère.

- Comment t'as pu hein? C'est juste pour ça que tu m'as retrouvée ? M'annoncer ça ? Tu fais chier putain!!! T'es encore en train de bousiller ma vie !!! T'es qu'une connasse qui...

- Calma! fait alors ma grand-mère.

-........

Je n'arrive plus à parler, je n'ai plus de voix. Je saisis immédiatement ma gorge en regardant ma grand-mère choquée.

- Calme toi d'accord ? dit-elle sévèrement.

- Maman! fait ma mère choquée avant de lever la main vers moi. Cesso! Voilà...

- Attends... On peut faire ça ? dis-je choquée. Je pourrais faire fermer leurs gueules aux gens qui me les brisent ? Ho putain, le pied!

- Pourrais-tu cesser d'être aussi vulgaire bon sang ! s'énerve ma grand-mère.

- Je parle comme ça...

- Bon, on va se calmer... On va aller prendre un café en bas tranquillement... Et t'expliquer ce qu'est le Triumvirat et surtout, ce qu'est la famille Lasher..., précise ma mère. Prends ton temps avec Jenna.

Les trois adultes se cassent de ma chambre tranquillement, me laissant seule avec mon amie, alias la Sorcière Surdouée.

- Désolée du choc..., fait-elle.

- Ça a l'air d'être le pied ces pouvoirs...

- Mais tu dois vraiment apprendre à te maîtriser... Et surtout ta colère, me conseille Jenna.

- Pourquoi ? Ha oui... Le côté obscur...

- Eny... Tu as vu ta lampe? s'énerve Jenna. C'est sérieux... Tu peux blesser des gens.

- Bon bon..., dis-je en quittant mon lit. Au fait merci d'être restée.

- De rien... J'ai du mal à me faire des amis, même parmis nous... Alors...

- Ok..., dis-je surprise. Mais c'est bien d'être une Lasher?

- Euh... Oui..., dit-elle hésitante.

- Et en quoi? dois-je insister.

- Je sais pas si je dois te le dire...

- Je ferai semblant d'être surprise... Promis! dis-je en la suppliant du regard façon Chat Potté.

- Les Lasher... Ma mère va me tuer..., Les Lasher sont les dirigeantes de la caste de l'Ecorce de vie... Ta grand-mère en tout cas..., avoue Jenna.

- Cool... Mais c'est quoi l'écorce de vie? j'insiste quand même.

- Les membres de cette caste ont des pouvoirs liés à la vie...

- Tu te fous de ma gueule ? je demande méfiante.

- C'est pas facile à expliquer à une novice, bon sang! s'offusque mon amie. En bref... Ce sont les pouvoirs liés aux sens comme les illusions ou les malédictions, les bénédictions aussi...

- Maudire? Cool! dis-je d'un air sadique.

- Et les Lasher sont presque les dernières détentrices connues de...

- De? De quoi? dis-je intéressée.

- La nécromancie..., murmure Jenna.

- La nécro... C'est nul! Je suis comme une medium ?

- Ça en fait partie... Et c'est loin d'être nul, moi j'adorerai être une nécromancienne... Ça protège du Mortuus... Euh...

- Le quoi? je demande en me disant que je l'ai entendu aussi...

- Nos mères vont t'expliquer..., fait alors Jenna en prenant la poudre d'escampette.

Ha ben vas-y... Lacheuse... C'est nase la nécromancie... C'est quoi l'intérêt ? Je peux peut-être faire des zombies!!!! Ce serait marrant... Bon, je dois descendre... Je traine des pieds d'ailleurs mais quand je sens une douce odeur dans la cuisine, je me sens mieux. Ma grand-mère s'est sans doute jetée dans la pâtisserie pendant mon... Éveil ? Ouais c'est comme ça qu'elles disent... Bref, je m'approche de la cuisine.

- Hmmm... Ça sent rudement bon Grand-mère, dis-je en la regardant.

Elle m'assainne un regard assassin. Oula... Qu'est que j'ai encore fait ? Ras le bol... Elle me fait signe d'approcher.

- Eny... Excuse toi, murmure ma grand-mère.

- Euh... De quoi?

- Tu t'es entendue parler à ta mère ? dit-elle courroucée.

- Ho... Ça...

- Eny... Tout va devenir plus compliqué maintenant et ta mère pourra te gu...

- Ma mère n'a pas été là quand j'en avais besoin... Et ça, c'est ce que je sais, dis-je en allant me jeter sur le canapé.

J'y saute littéralement en grognant, pour mieux me poser à côté de Jenna qui me regarde intriguée. Ma journée pourrie continue... Et j'ai meme pas droit à un bout de ce qui dégage cette odeur. Fais chier ! Je vois ma grand-mère se poser devant nous, à côté de ma mère et d'Esperanza. Cette dernière a fait un gros ballon de café, on risque d'en avoir besoin. Ma grand-mère pose alors un plat rempli de madeleines...

- Bon on en était où ? je demande alors.

- Nous allions t'expliquer les trois ramifications du Triumvirat et notre héritage familial, précise ma mère en sortant une boîte.

- Bon... Les racines c'est les éléments... Et les autres ?

Naturellement, j'essaye de ne pas mettre Jenna dans la merde donc... Je fais attention.

- L'Ecorce de vie, la caste des Lasher depuis plusieurs générations, utilisent des pouvoirs liés à leurs environnement mais il n'est pas forcément naturel, fait ma mère. Plus simplement, cela pourrait s'apparenter aux pouvoirs mentaux de la science-fiction... D'ailleurs lire l'avenir en fait partie... Certains sont capables de lire les pensées, de créer des mirages, de modifier les souvenirs... Dans la culture populaire des choses comme les poupées vaudou en font partie...

Ha ben, elle est beaucoup plus claire que Jenna. Heureusement que j'écoute attentivement, pour changer.

- Donc je suis de cette caste...

- Oui, il s'avère que nous les Lasher sommes capables d'utiliser un art magique plus rare que la moyenne, on l'appelle la nécromancie mais nous en parlerons plus tard, dit-elle ensuite. D'abord, il faut que tu saches que ta grand-mère dirige cette caste et... Elle me prépare à lui succéder... Ce qui implique...

- Euh deux secondes... T'es en train de dire que je suis la suivante ? je demande effarée.

- Ce n'est pas une obligation, il y a un vote..., précise ma mère. Bon il nous reste donc la Feuille de l'Esprit.

- Ok...

- Il s'agit plus simplement de nos scientifiques, fait-elle en mimant des guillemets. Ils connaissent l'alchimie, les potions, les glyphes viennent d'eux... Les objets dits magiques aussi...

- Objets magiques ? dis-je choquée. Attends... Sérieux?

- Cela n'a rien de si incroyable que tu peux le croire, me précise Esperanza. Il s'agit principalement de choses qui nous facilitent la vie, comme les cartes de Jenna, des bougies pour apprendre à se concentrer...

- Ha merde..., je marmonne alors.

- Ou ta bague, me fait ma mère.

Je tourne la tête vers ma mère qui est en train de poser des livres sur la table basse, des livres visiblement encore plus vieux que ma grand-mère. Je penche ma tête vers ma main et je vois ma bague. Tiens ma mère l'a laissée là, à mon doigt... Elle est magique ? Je lance des sorts avec?

- Et elle fait quoi cette..., dis-je avant d'entendre la sonnette de la porte. C'est Angel?

- Hein? fait Esperanza surprise. Non...

Ma mère se lève et s'approche de la fenêtre pour regarder à l'extérieur. Elle se retourne immédiatement et balance l'information.

- C'est un garçon, précise ma mère.

Ouais et? Ouvre. C'est peut-être un livreur... J'ai commandé un truc sur Amazon récemment ? Non je ne crois pas...

- Tiens... Il regarde vers la fenêtre d'Eny..., ajoute ma mère.

- Mark ! je réalise alors. Je vais ouvrir !

- Non! me fait ma grand-mère.

- Il vient me voir..., dis-je avant de baisser les yeux sur ma tenue. Ouvre pas... Je suis fringuée n'importe comment !

Ma grand-mère et Esperanza se jettent un regard assez entendu. C'est pas le moment des potins ! Fait chier... C'est pas avec ces fringues que je vais lui faire de l'effet... Et ma mère va ouvrir... Rhaa putain !!!

- Bonjour, fait alors ma mère après avoir la porte.

- Bonjour Madame, fait poliment Mark. Je m'appelle Mark et c'est ma sœur qui a organisé la fête hier soir... Je m'inquiétais pour Eny...

Craquant... Il s'inquiète pour moi.

- Elle va mieux merci de t'en soucier, dit alors ma mère.

- Serait-il possible de la voir? demande Mark.

- Je supp...

Ma mère n'a pas le temps de finir de causer que déjà j'ai débarqué dans le couloir, tant pis pour la tenue de merde.

- Salut! dis-je en souriant.

- Tu vas mieux ? me demande Mark sur le perron.

Ma mère bloque le chemin et ne lui propose même pas d'entrer. La honte.

- Oui c'est gentil..., dis-je en regardant ma mère.

- Nous recevons actuellement, dit-elle ensuite

- Lauren..., grommelé-je.

- Ma fille va mieux, tu l'as vue. Tu peux lui parler ici, fait-elle me choquant immédiatement.

- Je n'entre qu'un instant, fait-il alors en posant le pied à l'intérieur. Enfin si je peux... Sinon nous discutons ici.

Je remarque que ma mère a fixé le pied de Mark avant de se tenir le haut du nez en hochant la tête. Mais qu'est-ce qu'elle fabrique?

- Excuse moi, la nuit fut courte, fit-elle soudainement. Vas-y.

Elle me montre de la main et Mark s'approche de moi.

- On va sur le perron, dis-je alors.

Pauvre Mark qui ressort immédiatement. Il passe alors près de ma mère et s'adresse à elle.

- J'espère que vous vous sentez quand même en sécurité au travail..., dit-il alors à ma mère.

- Ho ça va merci de t'inquiéter, fait-elle en réponse.

Je ne comprends pas pourquoi il dit ça mais je m'en fous, je le pousse un peu quand même. Déjà que Mark va devoir être rapidement dégagé vu la situation mais en plus, il doit me voir habillée comme ça. Journée géniale...

- Désolée de la tenue...

- Ça te va bien le naturel, dit-il me rassurant quand même. Il y a un problème ?

- Ouais soucis familiaux... Tout tombe sur le coin de ma gueule en même temps...

- Tu as perdu quelqu'un ? demande alors Mark avec sollicitude.

- Non non, ça va... C'est gentil, dis-je quand même.

- Je suppose que je ferai mieux de revenir plus tard, dit-il soudainement en regardant la maison.

- Tu venais finir ce qu'on avait commencé ? demandé-je étonnée et intéressée.

- En parler...

- On remet ça plus tard... Ok? Je suis impatiente...

- Tam t'embrasse, dit-il en s'éloignant. Au pire on se voit au lycée.

- À demain! dis-je en m'approchant de la porte. Putain de karma de mes deux...

Je referme alors la porte et je m'appuye dessus avant de taper deux ou trois fois l'arrière de ma tête contre cette dernière. J'ai vraiment fait ça ? J'ai vraiment envoyé bouler Mark? Mais merde... Je remarque alors que ma mère me fixe.

- Pas de questions, dis-je en retournant dans le salon.

- Il est beau garçon, me fait alors ma grand-mère qui avait pû l'apercevoir depuis sa position.

- Non, dis-je alors.

- Ben si..., fait ma grand-mère dubitative.

- Grand-mère, ça c'est pas juste un beau garçon... C'est un putain d'avion de chasse avec un corps à se damner!

Ma grand-mère me regarde surprise quand j'entends un petit rire de Jenna et de sa mère. Je les fixe avant de sourire.

- D'ailleurs sans cette fichue migraine de merde, hier, j'en aurais bien profité, dis-je à Jenna qui se met à rougir.

- Dans le placard? s'étonne celle-ci tandis que je lui fais des gros yeux pour la faire taire.

- C'est quoi encore cette histoire de placard ? dit alors ma mère en arrivant.

- On s'en branle! L'important c'est que je lui plais... Et de quoi il parlait ?

- Hein? s'étonne ma mère.

- Quand il a parlé de sécurité au travail, dis-je en insistant un peu.

- Il y a eu des braquages récemment dans la région, mais ce sont les risques quand on travaille dans une banque, me fait ma mère.

- En tout cas merci, entre mon look de souillon et le fait de devoir le dégager, je me suis cramée direct.

- Eny, il reviendra sans doute, dit-elle simplement.

- Sans doute ? C'est mort ouais! Déjà que tu voulais pas le laisser entrer.

- Ho..., fait alors ma mère gênée.

- Quoi? Si un mec m'approche il se transforme en pierre parce que je suis une sorcière ? je demande méfiante car après tout, on ne sait jamais.

- Non... C'est plutôt une habitude que j'ai de ne jamais inviter les gens à entrer, précise ma mère.

Je regarde celle-ci légèrement effarée et puis soudainement, je regarde la bande de sorcières... Enfin, oui... C'est bizarre de s'en rendre compte et d'en parler comme ça. Bref, elles sont toutes plutôt perdues...

- Est-ce que quelqu'un va se dévouer pour m'expliquer ? dis-je alors consternée.

- Il est peut-être trop tôt, fait alors Esperanza.

- Assieds-toi Eny, je vais tout te dire, fait soudain ma mère.

J'avance et je pose mon cul à côté de Jenna avant de réaliser qu'elle regarde ma mère fixement. Qu'est-ce qu'elle a encore?

- Attendez vous allez tout lui dire ? dit-elle surprise. Mais... Ça fait beaucoup...

- Elle insistera alors..., fait ma mère en s'asseyant.

- Allons-y... J'attends, je précise...

- Revenons à notre conversation avant que le voisin ne vienne nous déranger. Ta bague, fait ma mère.

- Elle fait quoi ? Elle rend invisible ? Elle lance des boules de feu? Elle tue? je demande avec intérêt.

- Tu te rends compte que ce n'est pas un jeu vidéo? me demande Jenna consternée.

- C'est vrai que des sorcières et une meuf qui crée du feu dans sa main, c'est tout à fait logique et surtout... Normal, dis-je avec mesquinerie.

- Passe moi ta bague, me fait ma mère.

Je la regarde attentivement et j'obéis. Je la retire aisément et, après que je l'ai posée dans la main ouverte paume vers le haut de ma mère, celle-ci enfile à son doigt.

- Je t'ai donné cette bague car elle peut te protéger de... De ce qui m'a empêchée instinctivement de laisser entrer ce garçon..., dit-elle alors.

- Ok...

- L'aubépine contenue dans cette bague est extrêmement efficace contre cela... Et surtout, cela permet ceci... Albispinum!

La bague se met alors à briller légèrement, me surprenant mais ça c'est plutôt logique... Je vois alors comme une racine en jaillir et s'enrouler autour du doigt de ma mère pour former une aiguille épaisse. C'est une arme en fait.

- La vache !!! dis-je éberluée. Classe...

- Ce n'est pas un jouet... En attendant que tu puisses faire cela..., précise ma mère faisant disparaître la pointe. Tu pourras toujours appuyer ta main sur eux et les brûler.

- Euh... Mais brûler quoi? je demande alors à ma mère.

Elle grimace attrape un livre poussiéreux qu'elle pose devant moi. Ce livre a une reliure en cuir, ancienne et rouge. Mais surtout, il y a une gravure dessus. Cela a la forme d'un triangle noir. À chaque sommet de ce même triangle, un symbole différent s'offre à moi. L'un c'est clairement un le symbole dans ma chambre, avec des deux tridents qui se reflètent comme par un miroir. Un autre de ces symboles est un quartier de lune, surprenant d'ailleurs car elle semble déchirée. Et le dernier, c'est tout simplement une croix inversée avec un crâne au milieu.

- Je dois l'ouvrir ? je demande alors.

- Oui, fait ma mère alors que je l'ouvre. Mais il faut que tu saches une chose avant...

- Laquelle ? je demande en me figeant.

- Les trois clans des sorcières ne sont pas les seuls à exister... Il existe six autres clans, formant ainsi deux autres Triumvirat, qui dirigent en secret notre monde particulier... Dans de nombreuses grandes villes, les trois Triumvirat se réunissent pour former le Triumvirat Major et veiller à la sécurité des humains..., m'explique ma mère.

- Ok... Neuf clans donc..., je marmonne en ouvrant le livre.

C'est clairement un livre manuscrit, un journal peut-être. En plus il y a un dessin incroyable de détail, représentant le même triangle que sur la couverture mais cette fois, les symboles sont remplacés par des humains. Celui des sorcières est une femme dont les mains sont jointes et semblent briller. Là où se trouve la lune, une forme sombre avec la moitié du visage humain et l'autre moitié comme noircie en une forme assez horrible. Le troisième dessin n'est pas franchement plus joyeux. C'est un homme en armure, tenant un crâne dans la main. Ce crâne saigne mais visiblement, l'homme saigne aussi de la bouche.

- C'est glauque..., je marmonne.

- Il s'agit du pacte, scellé il y a plusieurs siècles, fait alors ma grand-mère.

- Un pacte? je demande quand même.

- Un pacte de non agression et d'entente... On va dire, avoue ma grand-mère.

- L'Incantator, le Canis et le Mortuus, fait ma mère en montrant chaque dessin correspondant. Cette bague et le fait que je n'ai pas invité ce garçon à entrer, c'est à cause du Mortuus.

- Et c'est quoi le Mortuus? je demande encore.

- Les êtres les plus dangereux de notre Triumvirat... Je..., explique ma mère.

- Oui?

- Dans la plupart des folklores, ils existent, marchant malgré la mort pour s'abreuver des vivants..., précise ma mère.

Je regarde celle-ci et je commence à ouvrir la bouche. Je n'arrive pas du tout à y croire mais mon cerveau le comprend ce propos. Un mort qui s'abreuve de la vie, une invitation à entrer et une bague qui crée ce qui ressemble à un pieux...

- Tu te fous de moi là ? je demande au cas où la blague s'arrêterait enfin.

- Les homo nocturnis... Les Vampires..., fait ma mère.

- Un vampire ? dis-je consternée. Un vampire ?

- Oui... Je sais, c'est idiot pour ce garçon parce que nous sommes en plein jour...

- C'est tout ce qui est complètement con? dis-je en hurlant un moitié et en me levant.

- Eny...

- Tu vas pas me faire croire que ça existe ? dis-je alors.

- Tu veux que je refasse un Ignis? me demande Jenna.

Je tourne la tête vers elle et j'écarquille les yeux avant de reporter mon attention sur ma mère.

- Attends... Dracula tout ça ? C'est vrai ?

- Vlad Tepes fait partie des moins discrets mais oui..., avoue ma mère.

- Les buveurs de sang ? j'insiste encore tant je n'y crois pas. Ces choses qui brûlent au soleil ? Ces machins qui doivent être invités à entrer ? Ces mecs qui raffolent des jeunes vierges effarouchées et complètement gnangnan ?

- Euh... Oui..., hésite ma mère.

Je m'assois alors en me laissant tomber. C'est dur à croire mais c'est vrai qu'après tout, partout dans le monde on pense qu'ils existent, surtout dans le folklore... Et puis, elles viennent de m'annoncer que j'étais une sorcière... Suis-je à ça près ? Pas vraiment...

- Si ils s'en prennent aux pucelles nunuches, je risque rien, dis-je alors avec humour.

Ma mère me regarde alors avec une certaine consternation, cette même consternation devant clairement être partagée par les autres personnes présentes... Quel manque d'humour !

- Bon... Donc ça existe aussi..., dis-je alors en regardant le livre. J'ai peur de demander ce qu'est le dernier... Le Canis...

Ma mère me fixe avec une certaine appréhension. Je regarde le dessin de cet homme légèrement bestial et, je ne pas pourquoi, sans doute l'instinct, mais je me souviens que le symbole est une lune. Je regarde doucement sur le côté pour observer les autres sorcières et j'inspire profondément.

- Dites moi que cela se transforme en mignon petit chat..., je marmonne alors.

- Tu as compris je présume, me sort ma mère.

- Disons que je ne suis pas complétement attardée, dis-je sèchement. Nous sommes des sorcières, déjà pas franchement facile à encaisser mais après tout, j'ai eu droit à une démonstration... Ensuite des vampires... Déjà que j'ai du mal à y croire mais après les sorcières... Je suppose que le dernier est ce qu'il manque... Sérieux ? Des loups-garous ?

- Ils préfèrent s'appeler les Lupins mais oui, précise ma grand-mère.

Je pose le livre sur la table et je le fixe en me massant le crâne. Tout ça est vraiment réel ? Non... Je dois être dans le coma et c'est un putain de cauchemar... Ou alors je suis morte et je suis en réalité tellement dérangée que j'imagine tout ça... Si seulement... Mon monde sort franchement de la normalité là... Comme si l'adolescence n'était pas assez compliquée... Je fixe alors ma tasse de café et je soupire.

- Je peux avoir un truc plus fort pour encaisser le choc ? je demande alors.

- Eny..., marmonne ma mère. Tout ça, je peux comprendre que c'est difficile à croire...

- Je risque vraiment de me faire vider de mon sang? Ou de me faire dévorer en cas de pleine lune? D'ailleurs ils ne changent qu'à la pleine lune ou ils se font un trip à la Twilight ?

Ma mère sourit, elle sait que je pique ses bouquins tant je m'emmerde. Ma grand-mère semble réfléchir à ce qu'est Twilight mais ma mère est plus rapide.

- Ils ont accès à certaines de leurs capacités mais ils ne changent qu'en pleine lune, précise ma mère.

- C'est déjà ça...

- Et tu ne risques absolument rien, ajoute-t-elle ensuite.

- Ha ouais? Et comment tu peux être aussi sûre ? je demande alors.

Ma mère regarde le livre et je comprends que les réponses que j'attends clairement doivent s'y trouver. Cependant, elle semble oublier que je ne suis pas du genre patiente.

- Fais un petit résumé rapide que je pige le gros du bordel, dis-je alors par facilité.

- En fait, pour faire le plus simple possible..., murmure ma mère. Il y a plusieurs siècles, les trois clans choisirent de créer un pacte de non agression, qui perdure encore. Naturellement, cet accord est complexe et peut être totalement différent d'une ville à l'autre.

- Donc... Vous vivez en paix au royaume des Bisounours ? je demande alors.

J'entends Jenna rigoler avant de se sentir gênée, sa mère vient en effet de la regarder assez sévèrement.

- Si seulement, marmonne ma grand-mère.

- Pour tout te dire, reprend ma mère. Les sorcières et les lupins ont choisi de fermer les yeux sur certains agissements des vampires.

- Vous les laissez faire ce qu'ils veulent en somme? je demande alors.

- Pas vraiment... Ils doivent respecter des règles et nous savons pertinemment que leur Triumvirat y veille à cent pourcents, précise ma mère.

- Et comment vous en êtes sûres ? je demande perdue.

- La Reine Anne y veille plutôt deux fois qu'une... Enfreindre une règle équivaut à la sentence de mort chez les vampires, précise ma mère.

- Une Reine? dis-je perdue. Je croyais qu'ils étaient trois?

- Ils le sont mais à la différence des autres clans, les vampires laissent la décision principale à une des trois, précise encore ma mère.

- Et c'est une femme? dis-je alors. Cool! Mais euh... Question idiote peut-être mais ils ont l'air humains ou c'est un délire façon Nosferatu ?

- Il n'y a pas de questions idiotes ma chérie, précise ma mère. C'est normal de se poser des questions... Ils sont totalement humains physiquement et leurs canines se rétractent.

- D'accord... Je vais devoir lire tous ces livres ? je demande alors.

- Oui...

- D'ailleurs on va vous laisser, précise ma grand-mère. C'est le genre de choses dont on parle entre mère et fille.

- On va vous déposer Imogène, précise soudainement Esperanza en se levant également.

- Et merci... Pour moi, dis-je alors.

Jenna et moi nous promettons de discuter plus tard sur Messenger, avant de se retrouver demain en cours. Je les accompagne sur le perron et ma grand-mère me serre encore dans ses bras.

- Sois calme avec ta mère, dit-elle tout bas. Vous êtes mes héritières... Essaye de ne pas la blesser.

Ben vas-y insinue que je suis méchante ! Ouais bon, j'ai pas beaucoup de finesse avec ma mère. Je le remarque encore plus quand je repère qu'elle allait poser une main sur mon épaule et s'est arrêtée juste avant. Je la regarde et je reporte mon attention sur nos visiteuses qui prennent la route. Je les salue de la main et, sans aucune honte, mon regard se porte vers la maison d'en face. J'ai l'impression qu'il est près de sa fenêtre enfin, je crois. Je lui fais signe quand même, juste au cas où. Et puis, nous rentrons avec ma mère. J'avance tout de suite vers le canapé et je m'effondre dessus, face contre les coussins. J'ai envie de chialer et pas qu'un peu. Elles sont en train de détruire ma vie et mes certitudes avec leurs conneries de sorcières, je renifle carrément... Tout allait déjà mal et c'est encore pire maintenant. Des créatures horribles existent et techniquement parlant, je suis tout aussi monstrueuse. Pourquoi cela m'arrive à moi.

- Je te demande pardon, fait alors ma mère.

Je redresse ma tête et je la regarde. C'est à cet instant, pour la première fois de la journée d'ailleurs, que je prends réellement attention à son état. Elle a des cernes monstrueuses sous les yeux, comme si en réalité, elle s'était assoupie quelques minutes à peine avant mon réveil. Je ne sais même plus quoi dire.

- Je peux? fait-elle en indiquant le canapé.

- Bien sûr, dis-je en m'asseyant pour la laisser s'asseoir.

Je m'assois alors en tailleur, les jambes repliées et croisées avant de ramener chacun de mes pieds contre moi. Je me frotte un peu les yeux pendant que ma mère s'assied et se tourne vers moi en posant sa tête sur sa main et posant son coude sur le sommet du dossier du canapé.

- Ma vie est merdique, dis-je alors en soupirant.

- C'est ma faute... Tout ça, ce sont mes erreurs qui ont provoqué cela..., avoue ma mère.

- Toi aussi tu as été choquée d'apprendre ce que tu étais ? je lui demande alors.

- Moi... C'était différent, fait-elle en me parlant tendrement. J'ai grandi dans cet environnement... J'espérais que peut-être tu restes une oiceuse...

- Une quoi? je demande alors.

- Une sorcière dont les pouvoirs ne s'activent pas... C'est pour cela que je les ai scellé car tu n'avais encore rien manifesté du tout, précise ma mère.

- Je suis nulle en plus ? dis-je consternée.

- Ce n'est pas ça..., fait-elle en soupirant. Il se peut qu'une sorcière ait des enfants qui ne le soient pas.

- Ha...

- Oui, en réalité seuls les vampires créent des descendants à coups sûrs, dit-elle alors.

- Ils ont des enfants ? dis-je choquée.

- Pas biologiquement même si certains prétendent que cela est déjà arrivé mais il s'agit sûrement de légendes..., avoue ma mère. En fait c'est comme dans la fiction. Ils vident presque leur victime de son sang et lui fournissent du leur, provoquant la mort et la résurrection de leur victime trois nuits plus tard.

- Et les loups-garous ? je demande par acquis de conscience.

- Comme nous, sauf qu'ils ont tous le potentiel, précise ma mère. Il faut un élément déclencher... Il est unique selon chacun, certains ont besoin d'une colère intense, d'autres d'un besoin de protéger une personne à qui ils tiennent, certains peuvent même muter en ressentant une joie intense...

- C'est d'un compliqué... Mais comment tu sais tout ça ? je demande alors

- C'est écrit là dedans, fait-elle en indiquant les livres. Et puis...

- Tu es la prochaine nécromancienne en chef, dis-je avec un sourire.

- Moui..., marmonne ma mère. Je suis vraiment désolée...

- Papa sait tout ?

- Oui... Pour moi déjà mais aussi pour le reste... Et toi, mais pas Stacy, dit-elle ensuite.

- Ok... Je suis donc obligée de rester ici? je l'interroge ensuite.

- Tu pourras rentrer chez ton père, fait ma mère tristement. Quand je serai sûre que tu te contrôles mais rassure toi, ce sera rapide.

Je la vois prendre sa tasse de café et boire en la fixant. Je l'ai vexée, c'est sûr.

- Lauren? Je t'ai entendue parler avec Grand-mère... Tu es partie à la Nouvelle Orléans par rapport aux sorcières ?

- Ho... Oui, un problème avec les lupins de Louisiane qui ne voulaient plus du pacte... Ce fut compliqué. Éviter une guerre ouverte n'est jamais simple... Et je n'avais pas constamment les idées claires, avoue ma mère.

- Ok... Dis... Pourquoi hier... Vous disiez que c'était impossible ? Que c'était trop tôt ?

- J'avais tablé sur Halloween en fait, je ne pensais pas qu'en trois semaines à peine, tes dons apparaissent, dit alors ma mère.

- C'est pas normal?

- Non... Ma présence et celle de Jenna auraient dû créer peu à peu un éveil... Des signes quoi..., marmonne ma mère.

- Mais pourquoi alors? je demande méfiante.

Ma mère me fixe et attrape un des livres avant de me le tendre. Elle tourne doucement les pages. Je la regarde faire attentivement quand elle s'arrête enfin.

- La... Heres? je demande en regardant ma mère.

- C'est une légende mais parfois, elle se vérifie.

Je me penche pour découvrir le texte et je le lis à voix haute.

- Une fois toutes les trois générations, la Heres naîtra dans les neufs semaines avant l'équinoxe d'automne. Ses dons seront supérieures aux autres, ses aptitudes lui permettant d'unifier les clans et de s'accaparer tous les Ars Magicus... En l'an deux cent sept, l'une des Heres possédait l'aptitude d'ériger des cités... En l'an mille trois, l'une d'entre elles fut même capable de dominer les Mortuus... Wahou..., je siffle litteralement.

- Naturellement ce sont des récits légendaires bien évidemment, et comme chacun d'eux, ils sont parfois sublimés et exagérés mais en général, les Heres sont impressionnantes, précise ma mère.

- Et... En quoi ça me concerne ? je demande perdue.

- L'équinoxe d'automne... C'est le vingt-deux septembre, me fait ma mère.

- Ouais... Et? dis-je perplexe.

Ma mère me fixe et je me mets alors à comprendre. Merci mes chers petits doigts, vous me permettez de compter... Neuf semaines... Ho putain!

- Ce n'est pas une certitude mais les sorcières qui naissent dans ces dates sont en général très douées, fait ma mère.

- Je suis une Heres? je demande méfiante.

- Nous ne pourrons pas le savoir avant des années ma chér... Eny, se rattrape ma mère qui se souvient de ce que je lui ai déjà dit. En tout cas, tu as des prédispositions...

- Par rapport aux voix? je demande alors.

- Oui... Tu comprends vite, dit-elle en réponse.

- Dire que je commençais à m'adapter à ce bled..., je grogne ou presque.

- Comme ce garçon ? dit-elle amusée. D'où la tenue.

- Ho ça va..., je marmonne. Comment je vais justifier ce bordel... Parce que je suppose que je vais devoir passer du temps à apprendre tout ça...

Je regarde ma mère qui hoche la tête. Bizarrement, je sens un petit malaise. Il faut que j'en ai le cœur net.

- Quoi encore ? Être sorcière implique un vœu de chasteté à la con? Je dois me trouver un sorcier ou une sorcière parce que je suis potentiellement une Heres?

- Eny... Tu vas me détester... Encore plus, dit-elle mal à l'aise.

Ho putain qu'est-ce que ça implique encore ce bordel? Elle va m'annoncer quoi?

- Lauren... Rassure moi... Il n'y a pas de mariage arrangé ?

- Non... Plus depuis des siècles, mais...

- Putain crache le morceau... Je crains le pire, dis-je consternée.

- Il faudrait mieux éviter de voir ce garçon..., marmonne ma mère en grimaçant.

Quoi ??? Elle se rend compte de tous mes efforts pour qu'il me remarque ? Elle ne se rend pas compte que j'ai dû limite batailler ferme? Que j'ai au moins la moitié du lycée comme concurrence ?

- Et pourquoi ? dis-je alors très sèchement.

- Calme toi... C'est pour ta sécurité et la sienne, me fait ma mère.

- La sienne ? dis-je bêtement.

- Une sorcière qui s'éveille à l'adolescence devient très sensible aux variations psychologiques... Et une relation peut parfois poser des soucis. Les émotions sont intrasèquement liées aux pouvoirs et ils peuvent se manifester... En cas d'excitation...

- Hein? dis-je consternée. Tu mens pas pour t'assurer que je ne m'envoie pas en l'air ?

- Bon sang Eny! Tu crois franchement que je veux te faire chier! s'énerve alors ma mère.

- Évidemment ! dis-je en me levant.

S'énerver sur moi alors que l'on m'annonce un tas de trucs pas normaux, c'est une mauvaise idée et pas qu'un peu. Je suis outrée et vexée.

- Et pourquoi tu pourrais pas sceller à nouveau ce merdier..., dis-je la choquant un peu.

Je la choque c'est sûr et elle me regarde complètement effarée. Je crois que je viens de comprendre.

- Putain c'est pas pour ça ! je m'énerve alors.

- On dirait que c'est la seule chose qui t'importe, s'énerve ma mère.

- Non! je rétorque alors assez méchamment. Mais merde putain, c'est tout ce bordel... Je veux juste être quelqu'un de normal moi... Et oui, le sexe en fait partie mais au cas où tu assimiles bisexuelle et salope, je ne veux pas juste baiser, je veux une vie normale... Si je veux me bastonner, je dois pas me dire : Merde, mes pouvoirs... Si je m'éclate je veux pas me dire que tout va dégénérer... Putain t'aurai jamais dû réapparaître... Maintenant même ma vie privée, sentimentale et sexuelle vont être bloquée par toi? Je vais devoir obéir à tout ce qu'on me dit docilement ? Putain!!!

Ma mère se lève d'un geste fort, limite sur un ressort, et elle avance vers moi. Putain elle va me frapper! J'ai dû aller trop loin! Je lève alors immédiatement mes bras pour me protéger. Au moins je vais me prendre une correction mais sans magie... Soudain elle attrape mes poignets et baissent mes bras.

- Tu crois vraiment que je vais te frapper ? dit-elle en colère.

- Je..., je marmonne assez effrayée j'avoue.

- Je ne t'ai jamais frappée et je ne vais pas commencer !! C'EST CLAIR ??? hurle alors ma mère.

Je vois alors le canapé bouger dans la pièce, de manière presque imperceptible avant de regarder ma mère, en proie à une certaine colère qui fait clairement bouger le canapé.

- Tu crois que j'en ai quelque chose à foutre de ton orientation sexuelle! Je me fous que tu hétérosexuelle, homosexuelle, bises, pansexuelle!!!! hurle ma mère dont le canapé a fini contre le mur. Tu serais transgenre... Ou gender queer que je n'en ai rien à foutre!!!

- Ben ouais, tu n'en as jamais rien eu à foutre de moi !!!

- TU M'ÉNERVES!!!! crie ma mère en faisant ouvrir les placards. Je n'en ai rien à foutre parce que tu es ma fille et que je t'aime!!! Qu'importe tes choix, je te soutiens... Qu'importe le métier que tu veux faire, tu as mon soutien ! Parce que je t'aime idiote!

- Alors pourquoi tu veux me priver de tout!!!! je hurle alors mais ne provoquant rien.

- Parce que je ne veux pas que tu tues quelqu'un avec le fichu pouvoir de cette famille!!!! hurla ma mère.

Alors que je débats, je commence à ralentir les mouvements après avoir ouvert les yeux. Lentement, je tourne ma tête vers ma mère et je la fixe. Elle semble en colère, j'ai l'habitude vu mon comportement, mais surtout complètement paniquée. Réalisant que je ne me débats plus du tout, ma mère me lache doucement...

- Tuer quelqu'un ? Le pouvoir de cette famille ? je répète bêtement en comprenant l'inquiétude de ma mère.

- Oui..., fait-elle en se reculant.

- Lauren... Notre famille est dangereuse ? Je suis dangereuse?

- Autant que moi, fait-elle en allant dans la cuisine.

Je la suis, elle ne va pas mettre un terme à notre conversation comme ça sans crier gare quand même ? Elle essaye de faire comme si il ne s'était rien passé et je commence à m'inquiéter. Je tape alors sur le plan de travail avec le plat de mes mains, ce qui attire son attention.

- Tu veux quelque chose à manger? Je pensais faire des ribs avec des frites, précise ma mère.

- Je m'en branle du menu! dis-je alors consternée.

- Comme d'habitude...

- Lauren! Qu'est-ce que tu insinuais? j'insiste.

- Tu n'es pas prête, me fait ma mère en sortant un couteau et des patates.

Elle se fout de moi!!! Je suis énervée mais j'essaye de me calmer et soudain, je saisis sa main.

- La seule chose à laquelle j'étais prête hier, c'était me trouver un mec... Aujourd'hui je suis une sorcière avec un devoir... Prête ou pas je veux savoir !

- Passe moi le pot de basilic pour la sauce avec les ribs, fait ma mère. Ce sera yaourt et basilic.

Je la regarde consternée avant de fixer le pot prête à exploser. Mais je me rends compte que son pot, le genre de conneries que les gens achètent pour faire genre dans leurs cuisines et qui permet aux herbes aromatiques de pousser; et bien, il n'y a pas d'herbes.

- T'as pas remarqué ? dis-je consternée.

- Si et je vais pouvoir te montrer, dit-elle.

Bon... Je ne comprends absolument rien mais franchement, depuis mon réveil, je ne comprends rien en fait. Je lui donne le pot et ma mère ferme les yeux.

- Les Lasher sont des nécromanciennes, ce qui fait en autres choses de nous des menaces naturelles pour les vampires..., dit-elle simplement.

- Pouvoir sur la mort donc... J'ai du vocabulaire, précisé-je alors.

- Mais toutes les nécromanciennes ne sont pas détentrices d'un don très particulier, fait elle alors. Et c'est surtout pour cette raison que j'ai quitté la maison à l'époque.

- Hein? je m'étonne alors.

- Mon addiction aux opiacés... Elles ont commencé à provoquer quelques soucis... Je devenais dangereuse pour toi et ton père, se justifie ma mère.

- D'accord..., dis-je un peu sous le choc d'apprendre que c'était pour ma sécurité qu'elle avait fait cela.

- Ce pouvoir s'appelle le Vitae Virare..., marmonne ma mère. Tant que tu ne pourras pas le contrôler, chaque variation émotionnelle pourrait te faire l'utiliser par accident.

- D'où la relation interdite ? je demande quand même.

- Je ne te l'interdis pas mais je précise quand même..., marmonne ma mère.

- Ok... Mais je dois faire gaffe donc...

- Voilà pourquoi nous sommes dangereuses, dit-elle soudainement.

Je la vois poser sa main sur la terre présente dans le petit pot. Elle ferme les yeux et j'entends alors un petit craquement. Je baisse lentement les yeux vers le pot et là, c'est le choc. Le basilic est en train de pousser à pleine vitesse, remplissant le pot sans aucun soucis. Mais oui!!! Vitae cela veut dire vie non? Enfin je crois.

- Lauren... C'est pas franchement dangereux, dis-je. Ou alors on fait pousser de l'herbe sur les gens?

- Ça, c'est la belle image du Vitae Vivare, précise ma mère. Malheureusement, c'est une pièce avec deux faces distinctes.

Je la vois alors attraper son couteau de cuisine. Elle va reprendre sa popote tranquillement ? Et la suite. Soudain, me choquant totalement, elle se taille profondément le dos de la main.

- Maman!!! je hurle inconsciemment en attrapant une serviette pour protéger sa main en espérant qu'elle soit propre. Où est mon téléphone ? J'appelle une ambulance !

Je cherche alors mon téléphone en serrant la serviette sur sa main, cette même serviette prenant déjà la couleur du sang. Ma mère ne réagit même pas alors je la fixe. Et là, je me rends compte qu'elle m'observe avec étonnement.

- Quoi? dis-je étonnée. Je sais qu'il faut recoudre...

- Tu m'as appelée maman, précise ma mère.

- Ho... C'est la panique... Ne prends pas cette habitude, dis-je vexée et en colère contre moi-même.

Cela m'avait échappé, sous la panique. Je ne veux pas qu'elle soit contente d'un rapprochement, c'est pour ça que je l'appelle Lauren en général.

- Contente de savoir que tu tiens encore un peu à moi, dit-elle touchée.

- On pourrait m'accuser de meurtre, je marmonne.

- Hmmmm, fait-elle convaincue que je me suis inquiétée pour elle. Tu peux enlever la serviette.

Je la regarde et doucement je la retire... Forcément le sang se remet à couler et je panique un peu.

- Maintenant voici l'horreur du don des Lasher, fait-elle en touchant à nouveau le basilic.

Le basilic se met alors à jaunir... Puis à brunir pendant que je le fixe sous le choc. Mais le plus choquant, c'est que la blessure de ma mère est en train de se refermer, comme si j'avais pour mère Wolverine, sans barbe et avec plus de nichons... Je vois alors tous le basilic devenir noir et s'affaisser, mort.

- Horrible pouvoir n'est-ce pas? demande ma mère.

- On peut absorber la vie? dis-je choquée.

- Oui, réponds simplement ma mère. Voilà pourquoi je veux te préparer. Je ne veux pas qu'une fois rentrée chez ton père, tu puisses accidentellement blesser Stacy ou le bébé.

Je l'observe alors et je suis touchée qu'elle pense à moi et au fait que je reparte. Elle s'inquiète aussi pour Stacy et le bébé, autant que moi quand je ne savais pas que j'étais dangereuse. Mais, maintenant que j'ai vu ça et que ma mère me montre sa main qui n'affiche même pas de cicatrices, je me pose des questions. Pourquoi elle ne s'en est pas servie pour se soigner à l'époque ? Peut-être faut-il beaucoup extraire et cela pourrait être mortel... Par contre, j'ai une question spécifique.

- Pourquoi les vampires ont peur de ce pouvoir ? je demande alors.

- Car nous pouvons absorber le dernier soupçon de vie qui permet à leurs corps de bouger... Provoquer leur mort définitive sans même utiliser une arme. Ils ont peur des nécromanciennes et ils savent pourquoi. Heureusement qu'ils ne savent pas quelles sorcières possèdent ce don.

- Je veux apprendre ça... Pour éviter d'être dangereuse... Je suppose qu'en cas de fortes émotions...

- Oui, d'où mon conseil, précise ma mère. Mais ne t'en fais pas un compliment ou un bisou ne vont pas déclancher un tel soucis. Mais on ne sait jamais.

- Tu sais qu'à mon âge on se roule carrément des pelles? dis-je amusée. Ou plus...

- Je préfère imaginer autre chose, merci... Mais tu dois d'abord apprendre à contrôler le reste avant, d'où les livres... Tu vas où ? me demande ma mère alors que je m'éloigne.

- Moi? dis-je en approchant de la table basse. Potasser un maximum pour éviter de tuer tout le monde.

J'attrape alors un livre et je m'assois pour commencer à apprendre ce que je dois apprendre. Pendant ce temps-là, ma mère encore heureuse que je puisse encore l'appeler maman se met à cuisiner. Je l'entends alors ouvrir le frigo.

- Et merde! fait ma mère.

- Quoi? dis-je en me retournant en panique.

- J'ai oublié de prélever le basilic avant de le faire mourir, dit-elle en me regardant.

Et là, nous nous regardons droit dans les yeux. Une seconde plus tard, nous sommes prises d'un sacré fou rire. Cela me fait du bien de rire car avec tout ce bordel, j'ai quand même une sacrée pression ! Comme si j'en avais besoin...