The Arizona Sins

Chapitre 3 : III. Mesa High School

9669 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 22/03/2023 16:55

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- - Mesa High School - -


Ça y est, j'ai déjà purgé au moins trois semaines de ma peine de prison. C'est vraiment cela à mes yeux et mon maton essaye pourtant de rendre cela agréable. Ce fut avec un certain plaisir qu'elle me trimballa un samedi dans un centre commercial. C'était pour acheter principalement des vivres mais elle voulait également que je me sente à l'aise chez elle. La tête que j'arborais à ce moment là était plutôt à graver dans le marbre. En effet, j'en avais tellement marre que je fixais simplement ma mère qui observait les vêtements en me regardant par moment. Elle me sortait des trucs du genre: "Ça t'irait bien", "Ça te mettrait en valeur", " Tu serais magnifique là-dedans", et d'autres simagrées du même acabit. Elle avait aussi voulu que j'achète des décorations pour ma chambre... Étonnement, j'ai fini par céder en achetant des Funko Pop Harry Potter. Elle était contente et m'avait un peu lâché la grappe. Quand je dis un peu, cela signifie surtout qu'elle m'a lâché les baskets durant deux rayons. Forcément, la rentrée approchante, il fallait m'équiper. J'avais donc simplement poussé le caddie dans le rayon des fournitures scolaires patientant le temps qu'elle le remplisse. Je ne voulais rien d'extraordinaire, j'en vois pas l'intérêt de base, et j'ai donc fini avec des fournitures premiers prix, marque distributeurs et autres articles au rabais. Même devant les sac à dos, je m'étais retrouvée à sélectionner un sac kaki juste solide et sans rien de plus dessus. Au moins ce dernier article m'a bien occupé. Et oui, depuis l'achat, il a été décoré avec quelques badges et surtout quelques dessins faits main. Ma grand-mère Imogène est venue de plus en plus souvent, pour arrondir les angles évidemment, mais j'étais au moins contente de la voir. Mon humeur fut d'ailleurs fluctuante ensuite. La raison qui me rendait de mauvaise humeur était qu'Emma s'affichait déjà avec sa nouvelle conquête avec des photos assez éloquentes, à deux doigts de la sextape. Putain, cela m'a bien énervée durant plusieurs jours, sachant que moi, c'était toujours aussi désertique que l'Arizona. Et puis d'un autre côté, des choses me remontaient le moral. La première, qui devait tenir son origine d'un appel de ma mère à mon père selon moi, était principalement constituée de conversation longues avec Stacy. J'essayais quand même de ne pas les éterniser car, si elle m'appelait à dix-neuf heures à l'heure de Mesa, il était déjà vingt-deux heures à New-York. En fait, elle m'appelait de son lit, profitant d'un repos bien mérité. Moi je m'inquiétait déjà pour sa grossesse, tout en évitant soigneusement de parler à mon père. Il était toujours persona non grata, ghosté et boycotté par ma petite personne. Faudrait pas pousser, je ne suis pas du genre à pardonner. Stacy essayait quand même de me pousser à discuter avec ma mère, sans hausser le ton et sans m'énerver mais même si je voulais faire plaisir à Stacy, c'était plus facile à dire qu'à faire. Une autre chose m'a remontée le moral. C'était Jenna, je passais en effet presque tout mon temps libre, et surtout le sien vu qu'elle prenait des cours d'été pour être en avance alors qu'elle n'en a pas du tout besoin, à discuter avec elle. J'allais souvent chez elle et je trouvais cette fille sympa et adorable. Elle n'a plus voulu me lire mon avenir, sans doute après avoir été bien enguirlandée par sa mère, et comme je n'y crois toujours pas, ce n'est pas bien grave. Un jour, en compagnie d'elle et d'Angel qui devait nous emmener, j'ai voulu retourner au bar Le Bon Temps. Mes nouveaux amis ont adoré mais j'avais fini contrariée. En effet, la serveuse m'avait complètement oubliée comme si elle ne m'avait jamais vue. C'est sans doute parce que je n'étais plus avec un beau gosse mais visiblement, j'étais aussi mémorable qu'une putain de plante verte en plastique. Eux, Tammy et Mark, ne sont rentrés qu'hier et je n'ai même pas pû les voir par ma fenêtre. Et comme nous n'avions pas échangé nos numéros de téléphone, cela avait fini en silence radio total. Mais les pires jours furent ceux où j'étais seule. Je me faisais tellement chier que j'ai fini par m'envoyer tous les bouquins de ma mère qui trainaient dans le coin, même ses conneries d'écrits sur les Wiccans. Je me demande encore si ma mère prête une quelconque véracité à ces stupidités. Mais bon, je dois arrêter un peu de me lamenter, il est temps d'entamer ma scolarité à Mesa High school, mon nouveau lycée. J'avais mis mon réveil quand même, j'ai commencé à m'habituer à la chaleur et à mon nouveau lit, pour ne pas être en retard dès le premier jour, ça fait mauvais genre. J'ai préparé mon sac hier soir alors c'est déjà ça. Je dois juste prendre ma décision pour ma tenue. Je vais mettre une petite jupe en cuir qui m'arrive à mi-cuisse avec un chemisier rouge assez fin, cachant un ensemble soutien-gorge/string bleu nuit. Pour les pompes, ce sera mes rangers adorées. Je perfectionne mon look avec un rouge à lèvres rose brillant, un peu de fard à paupières bleu nuit, mais pas d'eyeliner. Je ne mets pas non plus de faux cils et pour mes cheveux, je les laisse totalement relâchés. Pour accessoiriser cette tenue, je sélectionne des boucles d'oreilles argentées en forme de plumes et un pendentif finissant en pointe de flèche, un achat fait dans une boutique du centre commercial vendant des objets d'inspiration amérindienne. J'ajoute aussi quelque bracelets métalliques au poignet droit pour parfaire le tout.

- Ça va me valoir un ou deux numéros de téléphone ce look! dis-je fière de moi.

Je me trouve un petit air Bad Girl Sexy qui me plaît énormément et que je sais qui va m'attirer quelques regards. Secrètement, ce sont les regards du garçon d'en face que j'espère le plus mais si il n'est pas aussi fréquentable que je l'imagine à cause des propos de Tammy, je ne suis plus trop sûre de moi. Je lisse un peu encore mes vêtements et je retourne dans ma chambre pour attraper mon téléphone. Je fais un petit selfie dans une pose aguicheuse pour le poster sur mes réseaux, en espérant que cela rende Emma jalouse, ce serait bien fait pour sa gueule. Je ne l'ai pas posté depuis longtemps que j'ai déjà quelques likes, j'ai donc fait un excellent choix. J'attrape mon sac à dos magnifiquement customisé et je le passe sur mon épaule gauche avant d'attraper mon téléphone et d'y brancher un casque audio bien gros et sans fil que je passe autour de mon cou.

- Bof... Pas besoin de sac à main, je marmonne en glissant mes papiers dans une poche de mon sac. Allez Go!

Je commençais à descendre les marches de l'escalier et je réalise qu'il y a du bruit dans la cuisine. Et merde, ma mère est pas partie au taf...

- Ksenya? appelle ma mère.

Qui veux-tu que ce soit d'autre ? Le Père Noël ? Le Lapin de Pâques ? Clark Kent? Quoique je dirai pas non à un Henry Cavill.

- Ouais... Quoi? demandé-je.

- Tu peux venir dans la cuisine mon ange? demande ma mère.

Elle ne veut vraiment pas comprendre que j'en ai marre de ses surnoms. Je suis peut-être sa fille mais elle l'a oublié pendant huit ans. C'est pas aujourd'hui que je vais être sympa. J'avance donc en soupirant vers cette cuisine à la noix et ma mère est attablée devant un sachet en papier Kraft. Je la vois me fixer comme stupéfaite en ouvrant la bouche. Ça commence mal...

- Quoi? dis-je déjà énervée. Tu vas me dire que je vais au bahut habillée comme une pute? Que je suis vulgaire ? Que j'ai l'air d'une pétasse en mini-jupe ?

Ma mère me fixe étonnée et visiblement, je me suis totalement plantée dans mes propos.

- Je suis juste surprise... Tu deviens une très belle jeune femme, me sort ma mère.

- Ha... Tu m'aurais vue grandir si tu t'étais pas barrée, dis-je alors.

- Ksenya..., marmonne ma mère.

- Ouais ouais... T'avais des problèmes, on sait, dis-je lassée.

- Je t'ai préparé des sandwichs... Mais j'y ai aussi glissé un peu d'argent au cas où tu préfèrerais manger à la cantine..., me sort ma mère.

Je regarde le sachet et ma mère fixement. Elle essaye de jouer à la mère modèle et même si je n'ai pas envie de lui faire plaisir, j'avance vers le sachet et je l'ouvre pour en sortir les billets. Elle m'a glissé quinze dollars en billets de un. J'en garde cinq pour un café ou un soda et je pose les dix qu'il reste.

- Je déteste gâcher la bouffer, il y a suffisamment de gens qui n'ont pas à manger tout les jours, dis-je en regardant les sandwichs.

Je remarque facilement qu'elle a fait exactement le même sandwich que moi le lendemain de mon arrivée. Je suis assez surprise et je regarde la cuisine. Il y a une caméra ou quoi? Comment elle peut savoir ?

- Je ne t'espionne pas Ksenya, mais le stock de fromage en pot et de bacon a beaucoup baissé, me fait elle en souriant. J'ai compris aisément que c'était toi.

- Ha ouais... Désolée, dis-je en grimaçant.

- Tu peux manger ce que tu veux, précise ma mère. Mais tu peux aussi cuisiner.

- Je ne cuisine qu'avec Stacy, dis-je alors sans réfléchir.

Ce n'est pas un mensonge, je suis une brêle en cuisine et il me faut quelqu'un pour me surveiller et me guider. Je serai clairement loin de la fée du logis, le futur mari ou la future femme devra assurer dans le domaine culinaire, ou avoir une bonne réserve.

- Ho... On pourra cuisiner ensemble, dit-elle alors pour être gentille.

- Ça sert à rien, je repars bientôt, dis-je avec mesquinerie.

Je sais que ce genre de phrases la fait bien chier alors j'en sors le plus possible. Étonnement, elle ne réagit pas réellement comme d'habitude, elle semble en effet beaucoup plus préoccupée par ce qu'elle tient dans les mains.

- J'ai un cadeau pour ta rentrée, avoue ma mère. Est-ce que tu l'accepterais?

Je fixe ma mère avec la furieuse envie de lui dire non mais quand je vois sa mine déconfite et inquiète, je commençais à la prendre en pitié. Je soupire avant de lui répondre.

- Ça dépend de ce que c'est... Ce n'est pas une question de valeur, précisé-je immédiatement.

- Tiens, fait-elle en me tendant un écrin en bois noir.

Je le prends dans ma main et j'ouvre cet écrin qui me dévoile une bague avec un étrange espace rond rempli de ce que je pense être une poudre rouge. Mais elle nous fait quoi là ? Elle est sérieuse ? Je ne peux pas m'empêcher d'exploser.

- Tu fous quoi là ? Tu nous fais un trip mormon à la con? dis-je choquée. Je refuse de porter une putain de bague de virginité à la con! Si je veux baiser, je baise.

- Pourquoi tu t'énerves? me fait immédiatement ma mère profondément vexée.

- T'as vu ta bague ? dis-je choquée.

- C'est pas une bague de virginité bon sang, dit-elle lassée de mon comportement. Je sais que tu ne me dirais rien sur ta vie privée et même si je préférerai que tu le fasses avec quelqu'un avec qui tu te sens bien, garçon ou fille, j'espère quand même que tu ne le ferais pas uniquement pour prouver que tu fais n'importe quoi sous ma garde. La seule chose que je demande c'est qu'au moins tu te protèges.

- Ok..., dis-je choquée qu'elle s'énerve mais tout de même contente qu'elle se moque visiblement de ma bisexualité. Et c'est quoi alors?

- C'est un porte bonheur, dit-elle soudainement.

- Super... T'aurais pas plutôt un billet American Airlines pour New York ? j'insiste quand même lourdement.

- Tu me hais n'est-ce pas? dit elle alors au bord du craquage. Tu crois franchement que je ne sais que les seules mères pire que moi ce sont les mères qui tabassent leurs gosses ou les violent? Tu crois franchement que j'ai choisi de devenir accroc aux opiacés à cause de mon accident de voiture? Tu penses sincèrement que je ne me déteste pas plus que tout pour t'avoir abandonnée ? Que je ne me dis pas chaque jour que tu étais plus heureuse avec ton père et Stacy que tu considères clairement plus comme une mère que moi et que en plus, je le comprends ? Que je ne regrette pas l'incident avec le chocolat chaud ? J'essaye de faire des efforts nom d'un chien !

Je suis surprise de sa réaction même si je la comprends. Là, elle n'essaye plus d'arrondir les angles, elle vide son sac. Je me sens étonnement mal à cet instant mais moi aussi j'ai mon caractère.

- Pourquoi t'es revenue dans ma vie alors? dis-je sur le même ton. Je me portais mieux sans toi... Enfin. Je vais être une grande sœur grâce à Stacy. Je serai là pour petite sœur...

- Alors grandi un peu avant de t'estimer digne d'être une grande sœur, s'énerve ma mère. Et prouve que tu as un peu de maturité en prenant ce porte-bonheur que ta grand-mère m'avait offert à ton âge !

Je me fige... J'ignorais que c'était un objet symbolique. Si ma mère me l'a donnée cette bague, c'était par un désir de perpétuer la tradition.

- Bon... Désolée ok? dis-je lassée de notre dispute.

- Le penses-tu seulement ? dit-elle vexée.

- J'en sais rien ok? je lui réponds immédiatement. Mais ça te tient à cœur... Alors explique...

- Cette petite poudre rouge c'est des fruits d'aubépine séchés, dit-elle alors.

- C'est une plante? je demande alors en regardant la poudre.

- L'aubepine est une plante dont les propriétés médicinales étaient déjà connues au Moyen Age, où elle symbolisait l'espoir et soignait bien des maux. Aujourd'hui, on l'utilise surtout pour les problèmes circulatoires et cardiaques, notamment l'angine de poitrine. Pour les phytothérapeutes, c'est littéralement la «plante du cœur», car elle accroît le flux sanguin vers le cœur et régularise le rythme cardiaque. Mais c'est aussi un porte-bonheur pour les femmes de de la famille, quelque chose qui nous apaise, m'explique alors ma mère.

- Je suis pas sûre que ça marche sur une personne avec mon caractère de merde, dis-je alors en enfilant la bague.

Forcément, je ne sens pas de différence, c'est un grigri à la noix. Je ne sais même pas pourquoi j'accepte de la porter cette bague mais j'ai eu envie de lui faire plaisir.

- C'est pour veiller sur toi Ksenya, dit-elle alors. Déjà que je suis très heureuse que tu t'entendes bien avec Jenna.

- Elle est sympa, j'aime discuter avec elle, je désire lui préciser.

- Et visiblement, selon Esperanza, elle est très contente également, ajoute ma mère.

- Cool... Au fait... Pourquoi tu ne dis plus Eny quand tu me parles? lui demandé-je ensuite.

- Je suppose que c'est parce que tu désires me parler comme une adulte, répond simplement ma mère.

- Comment ça ?

- Tu m'appelles Lauren, je me dis que tu veux que j'utilise ton prénom, assure ma mère.

- Je... Fais comme tu veux... Je peux aller au lycée ?

- Tu vas vraiment en cours ? Tu ne comptes pas sécher ? demande ma mère.

- Pas le premier jour, je lui réponds avec mesquinerie.

- Tu veux que je t'emmène ? m'interroge ma mère juste après.

- Non, je vais à pieds, je préfère.

- Tu sais que ça ne me gène pas? me demande ma mère.

- Je... Stacy m'a promis de m'appeler avant le début des cours...

Je lui dit cela par honnêteté. Après l'avoir entendue dire à quel point elle s'en voulait, je me dis qu'elle a le droit à une journée de paix. M'entendre dire au téléphone que Stacy me manque, que je l'aime et ce genre de choses risquent de lui faire encore du mal. Et étonnement, je n'ai pas envie qu'elle souffre un peu plus avec ces propos.

- Oui, c'est normal, évidemment, dit-elle avec compréhension.

- Je peux te poser une question ?

- Évidemment Ksenya, m'avoue ma mère.

- Tu communiques avec Papa?

- Bien sûr, me répond ma mère avec franchise. De toi principalement.

- Tu sais que je ne lui parle pas vraiment ? demandé je avec gêne.

- On a bien compris que tu nous en veux, m'avoue ma mère.

- Je lui en veux aussi de t'avoir quittée quand t'étais au fond du trou, ajouté-je. Il aurait dû s'accrocher...

- Ce n'est pas sa faute, dit-elle alors. C'est la mienne.

- Celle des toubibs avant tout... Bon je vais au lycée.

Je me prépare à m'en aller quand je m'arrête à mi-chemin de la porte.

- Tu as oublié quelque chose ? Tu as ton horaire ? s'inquiète ma mère.

- Non et oui, je réponds simplement.

D'un pas décidé et désireuse de lui remonter un tout petit peu le moral avant qu'elle ne parte au boulot, je me dirige vers le frigo en sortant mon téléphone. Le petit papier avec les numéros qu'elle avait placé là en cas d'urgence y est toujours. J'ouvre mon répertoire et j'inscris son numéro en mémoire.

- Tu fais quoi? s'étonne ma mère.

- Je t'enverrai un texto durant ma pause midi, lui assuré-je alors.

- C'est gentil, me fait ma mère étonnée.

- Si tu tires une tronche pareille, je le ferai pas, dis-je en m'éloignant amusée.

- Bonne journée, m'interpelle ma mère alors que j'arrive près de la porte.

Je m'arrête soudainement près de la porte et je me retourne pour l'interpeller à mon tour.

- Lauren ? Ce n'est pas de la haine que je ressens... C'est surtout de la colère... Toi aussi passe une bonne journée !

Et je sors immédiatement, peu désireuse de me lancer dans une autre conversation. Je lui ai dit cette phrase parce que c'est un peu ce que je ressens. C'est vraiment ça, pas totalement de la haine, je ne lui souhaite pas un malheur non plus, mais je ne peux pas et surtout je ne veux pas lui pardonner. C'est comme pour mon père, je lui en veux de ne pas m'avoir dit que ma mère essayait de me revoir. Il aurait dû, il sait que j'en ai besoin. J'ai des questions à poser même si je n'en ai pas encore le courage. La principale question que je veux lui poser, c'est tout simplement si je suis la raison de son sevrage ou si il y en a une autre. J'espère secrètement que c'est moi, l'envie de me revoir après tout ce temps. Je crains que ce ne soit pas réellement le cas, qu'elle m'annonce simplement avoir fait une overdose ou une autre connerie. Et je m'interroge aussi sur ce qu'elle a fait avant son sevrage, jusqu'où elle a pu aller pour obtenir de l'oxycodone, si elle s'est vendue... J'ai besoin de savoir à travers quels enfers elle est passée, les erreurs qu'elle a faites, les drames qu'elle a dû vivre pour préférer rester dans cet état second. Je veux aussi savoir si il y a eu d'autres hommes... C'est con, mon père s'est bien remarié sans que cela ne me gène mais c'est pour savoir si elle a vécu aussi quelques moments heureux ou si elle était simplement dans les ténèbres. Je dois savoir aussi ce dont parlait grand-mère, ce qui était nécessaire... D'un coup, mon téléphone se met à sonner et je décroche immédiatement en voyant le nom.

- Salut Stacy! dis-je alors.

- Coucou ma belle... Alors tu vas au lycée ? demande Stacy sans hésitation.

- Ho je comptais juste me trouver vite fait un Sugar Daddy, histoire de me faire entretenir contre une pipe de temps en temps, dis-je alors avec un enthousiasme totalement faux.

- Heureusement que ton père n'entend pas ça, marmonne Stacy. Et tu as franchement intérêt de dégoter un diplôme parce qu'une carrière d'humoriste n'est pas envisageable.

- D'où le Sugar Daddy, j'insiste. Bon je vais vraiment au lycée.

- Tant mieux, je préfère en vrai, dit-elle en riant.

- Stacy... J'ai fait une connerie, avoué-je soudainement.

- T'es enceinte ? demande Stacy en panique.

Je retire le téléphone de mon oreille pour le fixer avec stupeur. Elle est sérieuse là ? C'est franchement la première chose à laquelle elle pense quand je dis que j'ai fait une connerie ? Elle m'imagine assez idiote pour oublier la capote si c'est avec un mec?

- Alors au cas où... La dernière fois que j'ai baisé c'était avec Emma et c'est pas en se faisant un cuni qu'on tombe en cloque, dis-je un peu fort sans m'en rendre compte et surtout en passant près d'une vieille dame. Bonjour !

Pauvre vieille, elle entame une prière. Et non! Être bisexuelle n'est pas être possédée par un démon !!! Ce serait même plus respectueux de la religion... J'aime mes prochains!!! Faut vraiment je dégote un diplôme, mes propres blagues ne me font pas rire.

- Eny... Ne me dis pas que tu viens de dire ça au milieu de la rue, marmonne Stacy.

- D'accord je le dis pas..., assuré-je en sachant où elle voulait en venir. Je sais tout le monde n'est pas ouvert...

- Bon alors... Qu'est-ce que tu as encore fait? me demande Stacy.

- J'ai dit à Lauren que je me portais mieux sans elle et qu'elle n'aurait pas dû reprendre contact, marmonné-je gênée.

- Bon sang... Eny! m'engueule Stacy. Qu'est-ce qu'il t'a pris?

- Je sais pas... J'ai vidé mon sac mais maintenant je m'en veux...

- Au moins c'est déjà ça... Je vais appeler ta mère, lui dire que tu veux juste que les gens se mettent à sa place mais je te préviens... Après tu fais des efforts, m'ordonne Stacy.

- Promis... Merci quand même, dis-je alors.

- Est-ce que je risque d'affronter ta mère en larmes? demande Stacy très inquiète.

- Y a des chances...

- Seigneur... Ta personnalité si fière et si libérée te jouera vraiment des tours un jour... Tu penses parler comme ça à un futur patron? demande Stacy.

- J'en suis pas encore là...

- Bon je l'appelle... T'as intérêt de te tenir correctement au lycée ou sinon tu seras ma préposée aux couches pour un sacré moment, me menace Stacy.

- Eurk... Ok je fous pas le feu au bahut, je lui promets avec amusement.

- C'est que tu te crois drôle en plus, marmonne Stacy. Ouf...

- Quoi? Qu'est-ce qu'il y a? je demande en panique. C'est une contraction ? Il est trop tôt !

- Calme toi, c'est simplement un coup de pied... Je m'y suis pas attendue, dit-elle touchée de mes inquiétudes. Envoie un message à ton père pour qu'il sache que ta rentrée se passe bien.

- Ok...

- Et arrête de faire ta mauvaise tête ! me fait ensuite Stacy. Va en cours, prends des notes et bosse... Bonne journée... Je t'aime ma grande, dit-elle alors.

- Moi aussi Stacy... En tout bien tout honneur, j'ajoute en riant comme à chaque fois.

- Consternant..., marmonne Stacy avant de raccrocher.

Cela ne la fera jamais rire sans doute, pourtant elle est bien bonne cette vanne quand on connaît mon orientation sexuelle... Enfin, je pense... Bref, direction Mesa High school, avec mauvaise grâce. Je connecte mon casque bluetooth et je cherche quoi me balancer direct dans les oreilles et mon choix se porte sur "Snap" de Rosa Linn. Forcément, pour correspondre à la chanson, je claque des doigts en rythme. Je me retrouve à esquiver des gens en trottinettes électriques qui ne soucient de rien et encore une fois, je maudis l'inventeur. Lui, il a franchement intérêt pour son cul que je ne le croise jamais. Je me retrouve rapidement sur les grands trottoirs de Southern et au loin, je repère mon lycée. Ce n'est pas un exploit en soi, qui manquerait un immense cube mauve? Putain que c'est moche... Plus j'avance sur le trottoir, plus j'ai une vue imprenable sur les équipements sportifs du lycée. Ce n'est guère surprenant en même temps que ces équipements soient de derniers cris. En effet, comme Angel me l'a spécifié, notre lycée gagne plein de compétions nationales dans divers sports et il paraît même que plein de grands joueurs de National Football League ou de National Baseball League viennent de ce lycée. Avec amusement, et ma mesquineries habituelle, j'avais demandé si il y avait au moins une bibliothèque... Angel s'était bien vexé. Je ne comprendrai jamais que l'on mise tout sur le sport, c'est un lycée, son but reste d'instruire les élèves... Je suppose... Ha ouais... Voilà le plus moche... En gros, sur le gros cube bien mauve, il fait écrit MESA en grosses lettres jaunes... Jaune et violet, les couleurs du lycée et ça se voit à ces blousons qui passent près de moi. Je m'arrête alors sur le trottoir, devant le lycée, avec une furieuse envie d'aller voir ailleurs quand soudain, j'entends klaxonner. Je me retourne, prête à dire à qui de droit que je vais lui faire bouffer son volant quand je repère un pick-up rouge assez abîmé. Angel est au volant et sa sœur descend déjà. Je m'approche rapidement pour l'aider en tenant la portière.

- Salut Jenna! dis-je en enlevant le casque.

- Tu vas bien? demande-t-elle en récupérant son sac à dos.

- Ouais... Je ne suis pas trop dans la motivation mais on fera avec, dis-je en regardant vers Angel. Tu descends pas?

- Non, je vais direct voir le coach, briefing de rentrée, fait-il en riant.

- Tu dois mener la balle vers l'en-but, assuré-je moqueuse.

- Ha bon? fait-il comme si il l'apprenait avant d'éclater de rire. Soyez sages les filles !

Je referme la portière, sachant pertinemment que je ne le verrai pas de la journée vu qu'il est en terminale. Ma petite Jenna me regarde fixement et me fait signe d'avancer toute contente depuis hier soir, et oui... Nos horaires correspondent, sauf pour les options que je n'ai pas encore choisies, il me reste une semaine pour me décider.

- On va chercher nos casiers? je demande immédiatement.

- Bah tu as d'abord le discours du directeur dans le grand réfectoire, dit elle aussi rapidement pour me répondre. Mais comment ça se fait que tu aies déjà ton numéro de casier, d'habitude les nouveaux le reçoivent au réfectoire...

- D'où tu veux que je sache, dis-je consternée. Peut-être qu'on a pas beaucoup de nouveaux de notre age... C'est bien le neuvième grade la première année ?

- Ouais... Eux ils ont un discours dans l'auditorium, dit elle ensuite.

- Bon... Je te suis, je lui assure alors.

- J'avance lentement, dit-elle en souriant. Pour ne pas te perdre.

- Et on dit que j'ai un humour de merde, je marmonne alors.

Je l'observe attentivement, me rendant compte que sa tenue n'a rien à voir avec la mienne. Elle s'est habillée d'un simple jean et d'un petit chandail rose pale assez fin. Toute en timidité, je suppose. Nous pénétrons dans le bâtiment et je me fige. Putain mais j'ai mis les pieds dans le paradis du sport. Il y a des affiches partout, des posters et encore plus de trophées. Il y a des victoires au championnat d'état en tennis, foot, basket, baseball, athlétisme et même, aussi invraisemblable que cela puisse paraître pour toute personne non native de la région dont moi, un titre de championne de ski de fond! C'est quoi ce bordel? Et quel est le crétin qui a estimé qu'un lièvre ferait une bonne mascotte, bon d'accord les équipes locales s'appellent The Jackrabbits comme le journal d'ailleurs, lui c'est juste The Rabbit... Des pumas ou des ours, des loups ou des bulldogs, ça je comprends mais il n'y a rien de moins effrayant qu'un lapin, sauf quand on s'appelle Anya dans Buffy The Vampires Slayer mais quand même... Par contre, il est incroyablement propre et bien équipé ce lycée, on voit qu'il y a de l'oseille. Ha il y a aussi des programmes primés en musique ou en théâtre... C'est bien ça change... Parce qu'en voyant les terrains de sports et le centre aquatique, je commence à me demander si ouvrir des livres fait partie de la scolarité. Ma chère Jenna me guide lentement mais c'est tant mieux, je peux observer la population locale, majoritairement d'origine hispanique.

- Fiou..., soupire mon amie.

- T'as besoin de t'arrêter ? je demande inquiète.

- Non... Mais heureusement qu'on arrive, dit-elle alors.

Elle m'indique une grande double porte, celle-ci étant d'ailleurs multipliée par trois, avant de la pousser un peu. Un système de détection s'enclenche et hop c'est ouvert. J'écarquille littéralement les yeux tant c'est grand et propre. En plus la partie self service est aussi assez grande, il doit y avoir du choix. Je vois aussi, alors qu'on va s'asseoir à une table libre, qu'il y a quelques amérindiens, des navajos sans doute vu que c'est la tribu locale, même si il y a aussi des apaches. Je m'assois près de mon amie qui m'énonce plus d'une information sur les différents clubs. Moi, j'observe les élèves. Ho c'est marrant ça, la fille blonde que j'avais remarquée le jour de mon arrivée à Mesa se trouve aussi dans ce lycée, c'est chouette. Et elle est encore en mode reine des abeilles. Puis, je repère un groupe, le genre que je déteste. Une bande de quatre filles, toutes semblant sorties de soirée en discothèque sont en train d'avancer dans le réfectoire. Leurs sac à mains indiquent clairement que Papa et Maman ont du fric à ne pas savoir quoi en faire. En plus, elle se dirige vers notre table. Je tourne la tête vers Jenna avec méfiance et saisie par un doute violent. Je me demande si elle ne subit pas de harcèlement, après tout elles avancent d'un pas décidé vers et en souriant. Ça, c'est en général le signe de grosses pétasses.

- Hey Jenna! fait alors la pimbêche numéro un, visiblement la cheffe.

Je me prépare alors à défendre Jenna, personne touche à mes potes.

- Salut Lacey ! fait alors Jenna avec un grand sourire. C'était bien les vacances à Aspen?

- Bof... Comme d'habitude, shopping et ski, fait alors la fille en s'asseyant à notre table.

Euh... J'ai manqué un épisode là... Je croyais qu'elle était du genre à en faire voir des vertes et des pas mûres à mon amie la Gossip Girl à la noix... Mais non... Je regarde alors Jenna un peu paumée.

- Je vous présente Ksenya, dit alors Jenna. Voici Lacey, Mel, Carmen et Dana, ce sont mes amies du comité d'organisation.

Ok... Elles sont amies... Du moins un peu...

- Ksenya? demande Lacey choquée et la seule à causer vu que cela semble être le cerveau du groupe.

- Ouais c'est Roumain, dis-je alors comme si c'était normal.

- Tu viens de loin, me fait une hipanique, Carmen.

- Je viens de New-York en fait, je précise.

- Ho les boutiques de l'Upper East Side, fait ensuite Lacey en bavant.

- Je n'ai pas les moyens, dis-je quand même.

- Ok pas grave, dit alors Lacey. On a eu plein de bonnes idées Jenna, et des trucs que tu pourras gérer sans soucis avec Aubrey.

Je regarde la fameuse Lacey et je fixe les autres. C'est laquelle Aubrey ? Euh... Elle doit pas être là.

- Ha ben elle arrive ! lance Jenna.

Je cherche alors la fameuse Aubrey, essayant de trouver une autre midinette blindée. Quand je vois une main nous saluer, je suis encore plus surprise. C'est en réalité une brune assez ronde, vêtue comme Jenna en fait. Et là, mon esprit tordu commence à se mettre en branle tandis qu'elle arrive.

- Salut les filles ! Bonjour ! me dit-elle.

- Salut, Ksenya, dis-je alors. Une amie de Jenna.

- Cool, fait-elle en s'asseyant près de moi. T'es nouvelle? demande Aubrey.

- Je suis arrivée cet été, dis-je alors.

- J'espère que tu te plairas, me fait Aubrey avant de regarder Lacey. J'ai commencé à me renseigner sur ton projet de bal de fin septembre, j'ai trouvé plein de choses sur le thème amérindien, mais le budget ne devrait pas trop en souffrir.

- Tu me rassures, je ne pouvais pas aller déjà me renseigner j'avais une semaine chargée, dit la petite cheffe.

- C'est clair, lui fait la fille appelée Mel. Entre le coiffeur, la manucure, l'esthéticienne, on a pris tellement de temps...

- Et le seul jour de libre on a fait du shopping, précise Lacey. Je ne sais pas ce qu'on ferait sans vous les filles.

- Contente d'être utile, assure Jenna.

Mouais... J'ai compris le manège. En bref, ces quatres pouffes ne doivent rien branler, à part leurs mecs sans doutes de grands sportifs complètement dressés. C'est Jenna et Aubrey qui font le plus gros. Bon... Comme elles semblent toutes deux s'en satisfaire, je vais fermer ma gueule pour l'instant mais je vais lui en toucher deux mots.

- Et qui paye? je demande quand même, vu que ça m'a échappé.

- Le comité, assure Carmen. Et le comité des parents d'élèves donnent beaucoup d'argent. D'ailleurs, nos mères en sont à la tête.

En fait si, elles font un truc, elles payent... Je parie que ces deux là font le reste. Les pouffes doivent participer à la décoration, c'est plus leur niveau. Je regarde vers Jenna et je dois avoir l'air d'avoir un truc en travers de la gorge.

- Je sais ce que tu vas dire, chuchote Jenna. Mais elles nous ont acceptées avec Aubrey, elles nous invitent aussi quand elles font des fêtes.

- Et pour info... Vous faites pas leurs devoirs ? je demande méfiante.

- J'aide juste Lacey en math, me précise Aubrey. J'aide seulement.

- Mouais..., dis-je peu convaincue.

En fait les deux filles qui ne sont pas dans le mouvement Gossip Girl sont un peu à l'écart des conversations, ce qui m'y met aussi d'ailleurs vu que je préfère discuter avec ces deux là. Les quatre autres profiteuses de merde parlent de loisirs luxueux, de vacances à Hawaï ou à Bora Bora, d'un grand séjour à Paris... Pétasses ! Je vais garder les yeux ouverts c'est certain.

- Ho ho ho!!! fait la fille appelée Dana, celle qui a passé son été à Paris en délire Emily In Paris, surexcitée et secouant Lacey.

- Ha... Ma journée s'améliore, dit-elle en se retournant vers la porte d'entrée.

Je fais de même et ma journée aussi s'illumine un peu. En effet, deux personnes viennent d'entrer. La première est Tammy dans une tenue incroyablement colorée, une robe verte fluo qui montre sa poitrine et ne cache pas grand chose de ses jambes, accessoirisée par une croix en or autour du cou. Mark, lui, porte une veste en jean noire et un pantalon gris ainsi qu'un t-shirt rouge vachement moulant, son look perfectionné par une paire de lunettes de soleil bien opaque.

- Ho putain... Qu'il est beau, fait alors Lacey. Quand il veut il me fait hurler dans sa Cadillac !

Ha ouais carrément... J'ai de la concurrence moi. La vache ! Va falloir m'accrocher. Elle bave carrément la meuf... C'est fou!

- Comment tu peux dire ça ? fait Carmen choquée.

- Parce que j'ai un mec? On s'en fout, tant qu'il me fait de l'effet, assure Lacey me choquant quand même.

- Avec ce qu'on dit sur lui? assure Dana.

- Désolée mais je suis nouvelle..., dis-je en me penchant pour attirer leur attention.

J'espère qu'enfin je vais en apprendre beaucoup plus sur Mark, autant faire semblant de rien et je pourrais avoir mes réponses.

- Désolée... Lui, là, le mec canon, commence Lacey. C'est Mark Drayton et c'est le mec que toutes les filles veulent dans leurs lits.

- C'est vrai qu'il est canon, dis-je alors amusée.

- Sauf que personne ne sait son type de filles, on l'a jamais vu avec personne, ajoute Dana.

- À chaque fois qu'il y a un bal, ajoute Carmen, les filles campent devant les classes où il cours pour être invitée.

- Sauf qu'il va dans les bals avec elle! me sort Mel en montrant Tammy.

- C'est censé être sa demi sœur mais on a tous compris, fait Lacey.

- Compris quoi? je demande intriguée.

- Ils sont clairement des plans culs réguliers, confirme Lacey. Il éloigne tous les mecs d'elle et elle fait autant.

La fameuse anguille sous roche que j'avais ressentie, mais je ne pense pas moi. Je n'ai vraiment rien vu de bizarre... Quoique je les ai vu dans sa chambre et ils semblaient très proches mais je n'ai rien vu de clairement explicite.

- Et il ne se tape pas qu'elle, ajoute Carmen.

- Je croyais qu'il sortait avec personne ? je demande alors un peu paumée à vrai dire.

- Avec aucune fille du lycée, ajoute Lacey. Mais on l'a déjà vu seul avec une femme au restaurant ou dans une exposition.

- Une femme ? Tu veux dire une adulte? j'insiste choquée.

Wahou... Si il s'intéresse à des femmes adultes et plus matures, je n'ai réellement aucune chance. Putain... Forcément fallait qu'il intéresse de vraies femmes...

- Ouais... Et c'est la mère de Tammy Miller, ce mec baise sa belle-mère ! me sort Lacey.

Je tourne la tête vers lui, l'observant un peu choquée de l'information. Je suis choquée mais ce n'est pas parce que j'y crois mais plutôt parce qu'une telle rumeur circule. Mais c'est franchement dégueulasse ! Imaginer ça est horrible.

- Moi je dis même qu'ils font des trucs à trois, assure Dana.

- Là c'est peut-être exagéré, dit alors Lacey. Mais si il s'en sort avec une femme expérimentée... Ça doit être un dieu au lit.

Je m'appuye sur ma chaise totalement choquée d'une telle information. Mesa n'est pas une si petite ville pour que de telles rumeurs circulent... Je suis tellement choquée que je ne relève même pas le discours du Proviseur Carter Bowles, un homme bedonnant et âgé avec une grosse moustache grise. Je relève bien un discours de tolérance, sur le respect et la lutte contre le harcèlement, ce genre de choses. Je suis trop effarée pour réellement relever son discours en fait. Mais par contre je réagis quand j'entends les applaudissements et je m'y joins sans hésitation pour ne pas éveiller les soupçons.

- Maintenant les enfants, allez commencer cette nouvelle année... Et vive les Jackrabbits!!! lance le directeur.

Bon je n'ai dû rater qu'un discours mettant en valeur le sport alors je m'en tape totalement. Je suis Jenna dans les couloirs tandis qu'elle me mène dans le couloir des casiers.

- Tiens le cent douze c'est là, m'assure Jenna.

- Cool merci, dis-je en sortant ma feuille d'informations. Et toi?

- J'ai le cent soixante six là bas au fond, me précise Jenna. Je reviens te chercher.

- À tout de suite, dis-je en fonçant vers mon casier.

Je vérifie le code du verrou et c'est bien UN-DEUX-TROIS-QUATRE. Je suis attentivement la notice et j'appuie cinq secondes sur le mécanisme avant de refermer. J'appuie de nouveau cinq secondes et je choisis mon code à savoir NEUF-HUIT-SIX-TROIS. Ce code a une petite logique simple et n'a aucun rapport avec rien, juste de la logique. Je vide mon sac à l'intérieur, plaçant des livres de cours qui me serviraient dans l'année et que l'on avait achetés avec ma mère dans un magasin prévu à cet effet et partenaire du lycée. Je vérifie mon horaire et je n'ai pas besoin de manuel avant cet après midi, car là, j'ai juste littérature. Je referme mon casier et je réalise que j'ai un voison. Je me fige en le voyant, il s'agit de Mark. Le bol!!!

- Hey! dis-je comme une andouille.

- Salut Eny, me fait Mark avec un sourire. Ça va? Tu te plais ?

- Ça va..., dis-je en souriant. J'ai appris de sacrées choses en peu de temps, j'assure avec mesquinerie.

- Ha... C'est quoi la rumeur du moment ? Je viole Tammy? dit-il blasé.

- Elle a sincèrement circulé celle là ? dis-je choquée.

- Pas encore... Au moins nous ne sommes plus une secte, dit-il en me fixant. Alors?

- Tu couches avec Tammy et Stephenie... En même temps, dis-je alors avec pitié.

- Et ben... Ils manquent de loisirs, dit-il en refermant son casier.

- Mais tu ne sors avec personne alors? Parce que visiblement pleins de filles sont partantes.

- Et non, me répond simplement Mark en me fixant.

- Quoi? je demande étonnée.

- Tu n'y crois quand même pas? demande Mark.

- Non! Bien sûr que non! Mais elles te tournent vraiment autour ces filles ?

- Ouais... Elles essayent de savoir ce que j'aime pour m'en parler, correspondre à ce qu'elles pensent être mes goûts... Bien sûr ce ne sont que quelques filles mais c'est chiant, avoue Mark.

- Et ton style c'est plutôt quoi? je demande alors en espérant savoir.

- Les filles qui sont elles-mêmes, des battantes, répond alors Mark en tournant doucement la tête pour regarder pardessus mon épaule.

Je me tourne alors dans la même direction et je vois une Jenna complètement effarée. Elle a la bouche ouverte en grand et regarde la situation comme si nous sortirons tout droit du dernier Star Wars.

- Mark, je te présente Jenna, c'est une amie, dis-je pour la présenter.

- Salut ! dit-il alors.

- S... Salut, répond Jenna choquée.

- Au fait, si je ne le fais pas Tam va me crucifier alors... On fait une fête samedi pour la rentrée... Enfin, elle fait une fête... Elle va inviter une trentaine ou une quarantaine d'élèves grand maximum. Si tu veux venir...

- Tu m'invites? dis-je choquée.

- Techniquement je transmets le message, Tam doit m'imaginer en employé du télégraphe, dit-il alors.

- Je peux venir avec Jenna? dis-je en la montrant et la surprenant alors.

- Bien sûr, dit-il. T'as quoi?

- Littérature, dis-je blasée.

- On se verra en classe, dit-il en s'éloignant.

Il a littérature ? Sérieux ? Faut que j'achète un billet de loterie moi... C'est franchement jour de chance.

- Tu connais Mark Drayton ? demande mon amie complètement sous le choc.

- Je le connais... On a fait un tour en bagnole et on a pris un milkshake ensemble, dis-je fièrement.

- Quoi? s'étonne Jenna qui imagine déjà des choses.

- Il y avait Tammy, ne te fais pas de films.

- Mais comment ? demande Jenna.

- Tu vois la grosse maison en face de celle de ma mère ? C'est la leur.

- Ho... Ce sont tes voisins, réalise enfin Jenna.

- Je n'avais plus de courant et ils m'ont aidé à le remettre. Rien de plus... Par contre j'ai une vue imprenable sur sa chambre depuis la mienne.

- Ho tant mieux pour toi, me sort Jenna.

- Je suppose que tu ne fais pas partie de ses groupies, dis-je en riant.

- Pas du tout mon genre, précise Jenna.

- Et c'est qui ton genre? je demande alors.

- Michael B Jordan... Celui de Creed, me confirme Jenna.

- Mouais pas mal..., dis-je alors.

- Allez viens en classe, me précise Jenna. Par contre...

- Oui?

- Il n'a pas tiqué sur ma canne, c'est rare... C'est bien, dit-elle en souriant.

- Il est sympa tu verras, dis-je alors en avançant.

- Si tu le dis... Tu discutes souvent avec lui? demande Jenna étonnement intéressée, peut-être pour narguer Lacey.

- On ne s'est vu que quelques heures en fait, dis-je simplement et avec honnêteté.

- Et...

- Tu veux m'entendre dire que je le veux entre mes cuisses ? je lui demande amusée.

- Ha... Euh... Peut-être pas à ce point non plus, fait-elle soudainement très gênée.

Oups... Je viens de la choquer. J'oublie que tout le monde n'est pas forcément assez libéré pour parler comme cela. Bon c'est pas grave, je me rattraperai. On avance donc à travers les couloirs et on finit devant la salle vingt-et-une. Elle est déjà ouverte et il y a quelques élèves. Notre professeur est une femme assez distinguée, dans sa façon d'être principalement, une quarantaine d'années ou plus, si elle fait jeune. Elle s'est vêtue d'un tailleur assez joli.

- Bonjour Madame Spencer, fait alors Jenna.

- Bonjour Jenna, répond la professeur avec un sourire. Alors... Mon conseil de lire Dostoïevski ?

- J'ai adoré, fait Jenna.

Je tourne la tête vers elle, consternée. Je n'arrive pas à croire que Jenna demande des livres de vacances... Bon chacun son délire.

- Voici Ksenya, elle vit ici depuis peu, assure alors Jenna.

- Bonjour Madame, dis-je alors en la voyant s'approcher.

- Bienvenue à Mess High School, fait-elle avant de se pencher. Tu as de bons notes selon ton dossier mais à Mesa nous ne rigolons pas avec l'absentéisme.

- Je comprends, dis-je déjà complètement lassée du bahut.

J'ai en fait déjà l'énorme envie de me tirer. Je regarde alors dans la classe et je suis surprise, Mark n'est pas là. Il est où encore? Je remarque soudain que Jenna m'attend pour aller nous asseoir. Nous avançons donc et, alors que je pensais me retrouver au premier rang avec Jenna, celle-ci va au fond de la classe sur le grand banc de trois. Je la regarde un peu étonnée, peut-être que le cliché de l'intello au premier rang est un cliché. Elle doit quand même remarquer ma surprise et elle montre sa canne. Je comprends enfin que c'est surtout pour éviter de blesser quelqu'un ou pour pouvoir prendre son temps pour quitter la classe. C'est assez logique. Je la laisse s'installer au bout de la table et on attend, je me demande si j'aurais un voisin vu que la classe se remplit. Comme souvent, les élèves restent entre eux, c'est logique vu qu'un effectif peut totalement changer d'un cours à l'autre. Dans mon ancien lycée, dans le cours d'Anglais, je ne connaissais qu'un élève, les autres je ne leur avais même pas adressé la parole.

- T'en connais beaucoup ? je demande en montrant les élèves tandis que je sors un bloc pour noter et un stylo rose avec un gros tas de plumes bien flashy.

- À peine quelques uns, dit-elle alors.

Bon ben il a dû se planter le voisin, il est pas là. Comme le cours va commencer, la professeur Spencer avance vers la porte pour fermer.

- Bien nous allons...

- Veuillez m'excuser du retard, fait alors une voix que je connais.

Je relève la tête et Mark est dans l'encadrement de la porte et regarde la professeur. J'entends immédiatement quelques soupirs de béatitude provenant des filles et même d'un garçon.

- Le cours n'a pas commencé, fait la professeur. Une chance...

- J'avais pris par inadvertance le manuel de ma demi-sœur, j'ai dû la retrouver, avoue Mark.

Je remarque immédiatement que certaines filles se regardent d'une manière assez entendue. Il va voir sa sœur... Elles croivent quoi? Qu'il est parti la démonter brutalement dans un placard? Pourquoi je pense à brutalement d'ailleurs ? Il est peut-être doux...

- Veillez à être en temps et en heure dans ma classe Mark, dit-elle calmement. Allez vous asseoir... Trouvez une place où il y en a encore.

Je regarde rapidement dans la classe et je remarque qu'il n'y a que trois places libres. L'une se trouve au premier rang et est seule, la seconde est à côté d'une fille en tenue de cheerleader et déjà en train de se recoiffer, consternant. Et puis il y en a une troisième, que je regarde rapidement en tournant ma tête. Toute aussi consternante que la cheerleader, je l'avoue sans honte, je me mets à espérer. Allez Mark, viens près de moi... S'il-te-plaît... Je vais pas te manger... Je ne vais pas te violer non plus... Viens près de moi... Allez !

- Bien Madame, fait alors Mark en avançant. Et excusez moi encore...

Je le vois alors avancer, il a déjà oublié la place libre au premier rang. Il passe près de la chaise vide à côté de la cheerleader qui a signifié son existence avec un petit éternuement, totalement fake évidemment mais mignon. Il l'ignore!!! Il avance vers moi... Vers la place en fait mais c'est pareil. Il s'arrête à côté de la chaise.

- Je peux? me demande alors Mark.

- Évidemment, dis-je en me décalant pour le laisser s'asseoir.

Je suis contente... Il ne me faut pas grand-chose non plus mais c'est déjà ça. Par contre, je sens quelques regards meurtriers se poser sur moi. Je sens que si Mesa se transforme en Columbine, tout le monde me met en haut de sa liste...

- Merci, fait-il en s'installant et souriant aussi poliment à Jenna.

- Au moins tu travailles en classe, avoua Jenna.

Je regarde celle-ci et elle murmure un "Quoi?" consterné. Je l'ignore en haussant les yeux au ciel et je regarde Mark s'installer. Il pose tranquillement un bloc et sort un stylo en or... Ok il s'emmerde pas. Il ouvre son bloc et je réalise que son horaire y est accroché. Petite curieuse que je suis, je regarde très rapidement celui-ci, avant qu'il ne tourne la page. Quatre cours ensemble !!! Littérature, Histoire, Anglais et Biologie... Quatre cours que je ne sècherai sûrement jamais. Désireuse d'être sympathique, je tente ma chance.

- Ho c'est cool, on a plusieurs cours ensemble, dis-je rapidement.

- Ha bon? dit-il en me fixant.

- Oui... Quatre mais le seul où je ne suis pas avec Jenna, c'est biologie, dis-je en tapant son horaire de ma main gauche. Au moins je connais quelqu'un.

Je remarque qu'il fixe quelque chose sur la table et je me demande quoi. Je tourne la tête pour observer ce qui attire son attention. Il regarde la bague.

- Ce n'est pas une bague de virginité !

Mais pourquoi j'ai dit ça ? Au moins je l'ai murmuré mais j'ai l'air d'une folle. Il relève doucement ses magnifiques yeux gris vers moi, je me sens fondre d'ailleurs, et il sourit.

- Je sais, fait-il simplement.

Je le regarde vexée, il fait écrit "Folle du cul" sur ma tête ou quoi? Ou j'ai l'air aussi en manque que les autres filles qui bavent sur lui?

- Quoi? dis-je juste surprise.

- C'est une bague porte-bonheur, une sorte de talisman, si tu préfères, assure Mark.

- Oui, c'est un cadeau de ma mère, elle a dit que c'était de... Euh..., j'hésite car je ne l'avais pas franchement écoutée.

- De l'aubépine, fait-il calmement.

- Comment tu peux...

- Je suis dans le club pour la restauration de la culture Navajo, murmure Mark en sortant un prospectus. Il y a une partie du club qui travaille sur les plantes médicinales.

- C'est rare pour un blanc, dis-je alors en regardant le prospectus.

- J'ai toujours eu beaucoup d'affinités avec les natifs, dit-il simplement.

Et moi, je viens de trouver mon club et donc mes options... Je suis vraiment tarée, je n'y connais absolument rien. Les seuls indiens que je connais, ils viennent d'Inde et font un curry excellent. Je vais avoir l'air d'une conne.

- Je peux garder le prospectus ? je demande quand même.

- Si cela t'intéresse, m'avoue Mark avec un sourire charmant.

Reste concentrée Eny bon sang! Et le petit sourire en coin et vachement mesquin de Jenna est éloquent. Elle se fout de ma gueule parce que j'ai l'air d'une crétine. La professeur a enfin écrit son nom sur le tableau.

- Bonjour à tous, fait la professeure Spencer. Je tiens déjà à vous signifier que cette année encore, les concours d'écriture auront lieu et seront ouverts à tous. Peut-être encore un autre chef-d'œuvre fantastique, fait-elle en fixant Mark.

Il ne réagit pas mais cela veut dire qu'il écrit. Je me demande à quoi ça ressemble. Bref prenons attention à la prof.

- Cette année, nous verrons des auteurs américains ayant marqué le vingtième siècle, précise la professeure en commençant à écrire. Vous devrez lire chacun d'entre eux et nous en parlerons. Le premier est On The Road, de Jack Kerouac. Il s'agit d'un véritable récit devenu le symbole de toute une génération...

Je prends rapidement quelques notes, je connais ce livre, je l'ai déjà lu quand j'ai découvert le film sur Netflix. Je remarque que Mark fait des annotations sans regarder sa feuille. Il écrit en fixant le tableau. Son écriture est belle et très distinguée, nette, précise et propre. Moi je fais des pattes de mouches qui m'empêchent parfois de me relire. On a un programme assez joyeux... L'attrape cœur de Sallinger, Le diable tout le temps de Donald Ray Pollock, Basketball diaries de Jim Carroll... On lui a jamais dit à cette professeur que les adolescents ont des tendances suicidaires parce qu'avec ce programme, on va tous virer dépressif. Alors que je prends des notes que je ne pourrai sans doute pas relire, je réalise qu'il a arrêté d'écrire. Je lève la tête en me demandant ce qui a stoppé son mouvement et je suis surprise aussi.

- Contrairement aux autres années, ceux qui ont des grands frères et sœurs le remarquent sans doute, j'ai choisi d'ajouter une œuvre au programme. Il y a très peu de femmes dans le programme et nous devons changer cela. J'avais d'abord pensé à Speak de Laurie Halse Anderson, mais le comité d'éthique n'apprécie pas trop que nous parlions ouvertement de viol uniquement dans le but littéraire... Idiot vu que c'est souvent une triste réalité mais bon, j'ai donc choisi une femme du vingtième siècle qui a, seule et contre tous, révolutionné un genre: Anne Rice avec ses chroniques des vampires.

Je tourne doucement la tête vers Mark qui s'est remis à écrire. Pourquoi a-t-il tiqué ? Il n'aime pas?

- Je suis impatiente de relire Anne Rice, dis-je rapidement. J'ai toujours adoré les vampires. Surtout que ceux là sont plutôt intiguants et assez charmeurs...

Mark me regarde surpris et se remet à noter en m'ignorant. Je regarde vers Jenna qui hausse juste les épaules. Mais merde... Je dois avoir l'air débile sans m'en rendre compte. Mais honnêtement... J'ai vraiment dit une connerie?

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