The Arizona Sins

Chapitre 2 : II. Première Rencontre

10387 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 20/03/2023 08:35

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Dormir... Je n'ai pas vraiment pû. Je fais partie de ces gens qui ont besoin de leur lit ou de leur oreiller pour ne pas être pénalisés par un désagrément. Pas de bol, j'aurais dû y penser. Je dois reconnaître que la chaleur étouffante malgré la climatisation dont toute la maison est équipée a tendance à m'empêcher de pioncer pénarde. J'ai fini par essayer de dormir uniquement vêtue d'une culotte noire mais mes draps sont littéralement trempés de sueurs. Je me suis même rendue dans la salle de bain, mitoyenne à ma chambre et à celle de ma mère de l'autre côté, pour m'y rafraîchir trois ou quatre fois au moins. Je n'aurais jamais cru que la chaleur pouvait être aussi effroyable et pourtant c'est le cas, j'imagine clairement l'horreur que cela sera dans les années à venir avec le réchauffement climatique. J'ai donc passé l'autre moitié de la nuit, celle où je ne me retournais pas sans cesse ou encore celle où je me rafraîchissais, à arpenter les réseaux sociaux, avidement et en recherche d'informations sur Emma. Clairement, je suis déjà de l'histoire ancienne, il suffit de voir ses stories où elle s'éclate dans des fêtes incroyables. Je suis vexée mais ça veut clairement dire que j'ai le champ libre également. Maintenant, le plus dur est de choisir vers quel genre de cibles je vais me diriger, un mec ou une fille? Je verrai bien. C'est dingue à quel point patienter dans le noir peut être chiant, c'est tellement long... Heureusement, au bout d'un long moment mais quand je dis cela, cela veut surtout dire affreusement long, je vois les rayons de soleil commencer à pointer le bout de leurs nez. Enfin, je vais pouvoir m'activer parce que bon, je m'emmerde un peu. Au bout d'un moment, la porte de ma chambre commence à s'ouvrir doucement et je relève un peu le drap pour me cacher. Je repère facilement ma mère qui avance discrètement dans ma chambre.

- Eny? appelle doucement ma mère.

- Ouais quoi? grommelé-je alors sans hésitation.

- Ho tu es réveillée, fait-elle visiblement surprise.

Normalement, c'est plutôt l'inverse, j'ai tendance à jouer les marmottes pendant les vacances. Emma me le reprochait d'ailleurs assez souvent de ne pas donner de mes nouvelles avant au moins midi. Mais après tout, les vacances sont faites pour se reposer, et puis je me couchais pas avant trois heures du matin tant on discutait. Elle s'en foutait, elle était capable de se coucher à quatre heures et d'être en pleine forme à sept, pas moi. Moi j'ai besoin de dormir autant que possible.

- Vu que je te réponds, rétorqué-je avec une certaine pointe de mesquinerie bien sentie pour la faire chier de bon matin.

Elle s'approche lentement de mon lit et sans hésitation, elle pose son cul dessus. Je me retourne en tenant bien le drap et je la regarde froidement.

- Je vais devoir aller travailler, dit-elle simplement. Tu n'hésites pas à te servir à boire ou à manger, il y a de tout. J'ai laissé mon numéro, celui de ta grand-mère et celui de ma banque sur la porte du frigo.

C'est vrai que je n'ai même pas son numéro mais en même temps, je n'en ai pas l'utilité. Je la fixe attentivement, comme si je m'attends à recevoir des consignes précises. Je ne sais même pas si elle le comprend réellement mais elle finit par reprendre la parole.

- Je ne veux pas être envahissante mais, si par hasard tu vas te promener, préviens moi, me conseille ma mère. Et ne vas pas trop loin vu que tu ne connais pas vraiment Mesa.

- Ouais ouais..., dis-je sans conviction.

- Je suis désolée de devoir travailler mais on se verra ce week-end entier, se défend ma mère.

- Rien à foutre, dis-je en me retournant.

Si elle espérait que je lui souhaite une bonne journée, elle peut rêver longtemps. Je fais plutôt celle qui essaye de se rendormir. Je l'entends soupirer longuement avant de sentir le poids sur mon lit se lever et les pas de ma mère m'indiquer qu'elle se casse enfin. Pourvu que je rentre bientôt à New York. J'essaye vraiment de dormir un peu mais ce qui est pas mal en Arizona, c'est qu'au cas où on serait assez fou pour oublier que c'est un désert et qu'à Mesa, ce sont surtout des maisons individuelles, la chaleur se rappelle à vous dès six heures du matin. Mais comment cela peut être supportable à l'année? J'en ai marre et je n'y ai passé qu'une seule nuit. Si au moins y avait plus d'immeubles dans ce quartier, il y aurait de l'ombre... Mais non, c'est résidentiel... Ras le cul! Je finis par me lever à neuf heures trente du matin, sans motivation aucune. Je me dirige vers le placard et j'attrape un t-shirt blanc bien large et un peu informe avec, écrit en couleur arc-en-ciel, les mots "LOVE IS LOVE", t-shirt pro LGBTQ+ forcément et que j'ai acheté il y a deux ans déjà pour dix dollars à peine ainsi qu'un shorty rouge en dentelle du plus bel effet. J'avance dans le couloir, peu vêtue et je pousse la porte de la salle de bain. Je soupire avant de bâiller et de me regarder dans le miroir. Mes cheveux roux semblent décidés à se montrer sous leur plus beau jour, j'y aurais mis un pétard que cela serait moins bordélique. Je me dis que ma peau assez pâle, caractéristique d'une personne rousse, va franchement souffrir dans les semaines à venir. Je m'imagine clairement m'amuser à retirer lentement et précautionneusement à coup de pince à épiler tous les morceaux de ma peau en train de peler sous les coups de soleil. Quoique vu l'endroit, cela ressemblera plus à un passage à tabac de soleil qu'à un coup de soleil. Je ris de ma propre blague stupide avant de me déshabiller. J'en profite pour faire une pose sur les chiottes.

- Haaaa... Ça fait du bien, dis-je en soupirant de béatitude devant le soulagement de ma vessie.

C'est peut-être idiot comme pensée à cet instant là mais je me dis toujours que ça doit être tabou. En fait, je me rends compte que dans les trois-quarts des films et la quasi totalité des séries, on ne voit jamais les gens pisser ou couler un bronze, pourtant tout le monde le fait même les mannequins et les princesses. C'est con, ça donne un peu l'impression que c'est secret... En tout cas, ça soulage bien. Je m'essuie avec un peu de papier toilettes et je me lave les mains après avoir tiré la chasse d'eau. Je le fais toujours, c'est important, même si là c'est un peu con vu que je vais me doucher. Je profite bien de ma douche, pas très chaude d'ailleurs mais c'est voulu vu que je meurs déjà de chaud. Ça fait un bien fou et j'en profite pour m'occuper de mes cheveux. Ma mère a prévu plein choses pour moi, je l'avais déjà remarqué hier soir avant de me coucher. Elle a acheté tout le matériel possible et imaginable, de la brosse à dents au rasoir en passant par la cire, le dentifrice, le shampooing, le savon et même quelques crèmes du genre crème de jour. J'ai un peu l'impression d'être à l'hôtel parce que ma mère a visiblement fait le maximum. Avec honte, j'ai vérifié son placard de pharmacie et je n'y ai vu aucun antidouleurs, commercial ou plus chimique, indiquant clairement qu'elle se méfie d'un éventuel retour d'addiction. Heureusement que je n'ai pas trop à me plaindre quand j'ai mes règles parce que si elles étaient très douloureuses, j'aurais bien été dans la merde. Sachant que je ne compte pas m'emmerder à découvrir cette ville à la con, j'enfile juste mon t-shirt au-dessus de mon shorty. Je regarde la salle de bain et je nettoie quand même mon carnage, habituée que je suis de le faire pour éviter de laisser trop de boulot à Stacy. Ce n'est pas tant pour éviter de surcharger ma mère biologique de tâches mais lui montrer que Stacy m'a bien élevée depuis qu'elle est là. Je prends ensuite la décision de descendre, pieds nus, dans le salon. Haaa... Ce carrelage est certes très moche mais il a le mérite de tenir mes petits petons au frais. Je fonce dans la cuisine et je regarde les placards.

- Ha merde... Faut que je fouille partout... Ça me gonfle déjà..., marmonné-je toute seule.

J'ouvre le premier et je le referme, il s'agit des services plus beaux, le genre de truc qu'on sort à Thanksgiving. Placard suivant... Les verres, bon j'en prends un et je le pose sur l'ilot. Troisième placard, le truc qui commence à me donner l'impression d'être dans un jeu télé à la con, ce sont les plats micro-ondables, genre Tupperware.

- Bon dieu ! Elle les planque où ses assiettes bordel de merde!!! Ha ben voilà !!! dis-je comme si j'étais Indiana Jones découvrant l'Arche d'alliance quand j'ouvre le quatrième.

J'en avais marre de farfouiller comme une débile. J'ouvre ensuite le frigo et je suis consternée... Ce n'est pas qu'il est vide ou mal rangé mais je me rends compte que ma mère a prévu de la bouffe, même si on ira faire les courses ensemble ce qui ne m'enchante guère ; mais c'est dingue on a les mêmes goûts. J'ai l'impression d'être à New York. Bon, je prends du beurre de cacahuète, du fromage en pot et un peu de bacon que je renifle quand même. Je pose mon petit bordel sur l'ilot et je pars en recherche des couverts, ça c'est pas compliqué, c'est dans le tiroir. Je pose mon portable sur l'ilot central, la musique à fond. Je remue du cul en tartinant mon sandwich improvisé avec le pain de mie posé dans la cuisine, chantant à tué tête les paroles de Let Us Die par King Princess. Je m'éclate toute seule, espérant que Phoenix fasse partie de sa tournée, faudrait vérifier. Je m'envoie une tranche de bacon direct dans le bec quand la musique change pour laisser place à 2 Be Loved par Lizzo. J'adore cette meuf qui revendique ses formes et envoie chier tous ces connards qui la trouvent obèse. Je range tout le matos dans le frigo et je pose mon couteau dans l'évier avant d'embarquer l'assiette et de couper la musique pour me jeter dans le canapé. Je pose mes pieds sur la table basse et j'attrape la télécommande.

- Alors... Elle a quoi comme abonnement ? dis-je à voix haute. Ha ben elle s'emmerde pas...

Elle est abonnée à tous les services en ligne, que ce soit Netflix ou Hulu, Amazon ou Disney+... Je m'arrête un instant avant de fixer la télé. Je regarde partout et je vois qu'elle a aussi une grosse collection de livres dans la bibliothèque. Avant de me jeter sur ma bouffe, je me lève pour aller voir ses livres.

- Mouais Kerouac, un classique... Stephen King! J'adore... Tolkien... C'est une geek la vieille... Ho... Anne Rice? Les Sorcières Mayfair ? C'est pas les plus connus...

Je soupire quand je réalise qu'elle a conservé ses livres d'adolescences, genre Harry Potter complètement usé et lu sans doute des dizaines de fois, Communauté du Sud, A Song of Ice and Fire, Vampire Diaries et même Twilight... Consternant... Je la vois bien hurler sur Robert Pattinson... Je préfère Stewart, mais c'est peut-être parce qu'elle a revendiqué sa bisexualité, ça aide. Puis je trouve des trucs un peu plus marrant.

- Fifty shades ? Sérieux ? T'es lourde, dis-je à ma mère qui n'est pas là. Kissing Booth? Non mais sérieux ?

Et puis je tombe sur des livres moins grands publics comme The Girls, la fausse histoire des filles du clan Manson. Et des livres sur les Wiccans.

- Pfff quelle connerie! Qui peut croire à ce genre de débilités? demandé-je à voix haute.

Je repars devant la télé et je me demande quels sont ses goûts. Ha c'est pas mal, American Horror Story, The Mandalorian, Vikings, Stranger Things... Je me demande si elle a des loisirs en dehors de chez elle mais elle a peut-être la trouille de replonger. Je vois qu'elle a prévu de se mater Last Of Us... J'ai envie de voir aussi... Je pourrais mettre le premier et lui spoiler mais j'ai envie de tuer mes potes quand ils le font...

- Bon allez... Un truc joyeux que je n'ai pas vu... C'est parti pour Dahmer.

Joyeux ? Vraiment ? Pas le moins du monde mais j'adore déjà cet acteur dans American Horror Story alors... Autant continuer. Je l'ai adoré dans ma saison préférée, à savoir Coven avec Emma Roberts en vedette... Elle est canon! Et la saison vaut le détour. Je m'enfile tranquillement mon sandwich en fixant l'écran, les scènes gores ne me dégoûtent pas et elle ne me coupent pas l'appétit.

- Ce mec est un putain de taré!!! dis-je en voyant le générique de fin du premier épisode apparaître.

J'ai encore faim alors je sais ce que je vais me faire. Je les ai vues en fouillant dans les placards, ces petites tartines fourrées au chocolat que l'on met au grille-pain. Je fonce vers la cuisine tandis que l'épisode suivant démarre. Je me dépêche d'ouvrir la boite et le sachet que je déchire à coup de dents.

- Attends moi Jeffrey, j'arrive, dis-je en me dépêchant alors que j'aurais tout à fait pû mettre pause mais j'aime faire comme si c'était diffusé en direct.

J'attrape le grille-pain, je le branche et je glisse ma petite tartine à l'intérieur, cuisson à fond et hop, j'appuie. Le petit grille-pain de ma mère émet le bruit caractéristique et j'attends en écoutant les dialogues de la série et puis soudain, le silence.

- Qu'est-ce que... Ho putain! dis-je choquée.

Y a plus de courant... J'espère que j'ai pas fait une connerie... Je lève les yeux vers l'appareil de climatisation et je l'entends ralentir avant... Ben d'être totalement silencieux. Ho bordel de merde... J'espère que c'est une panne secteur sinon je vais me faire assassiner. Pas le choix, il faut que je sache. J'attrape mon téléphone et je fonce à l'étage dans ma chambre pour enfiler un short et récupérer des tongs. Je redescends encore plus vite et j'approche de la porte d'entrée. Je regarde le vide poche et j'y trouve une clé avec un mot de ma mère me disant que c'est désormais la mienne. Bon, je ne la préviens pas, je vais juste frapper chez les voisins. J'ouvre donc la porte que je verrouille derrière moi et je me retourne, brûlée vive ou presque par la chaleur de l'extérieur.

- Putain... C'est ici que j'aurais dû mettre la tartine, elle serait chaude, marmonné-je immédiatement.

Je regarde à gauche et à droite pour trouver un voisin et d'un coup, je me souviens que Mesa est une ville dortoir. J'entends alors un léger bruit caractéristique : de la musique. J'en cherche l'origine et je la trouve aisément, juste en face. En effet, sur le perron de la maison devant laquelle siège toujours la belle Cadillac CTCinq, deux personnes sont sur le perron. Bon ben... Allons-y. Je traverse la rue et je commence à discerner la chanson, le tube Physical de Dua Lipa, excellent choix. En m'approchant doucement, je me rends compte que la personne qui chantonne, comme une casserole d'ailleurs, est une jeune fille dont les cheveux blonds platines sont noués en une longue queue de cheval. Elle porte un legging de sport avec un crop top rose fluo et regarde un plateau de jeux. Il y a clairement un mec avec elle, allongé de l'autre côté du plateau, un magazine couvrant son visage. Lui, il porte un jean bleu et un marcel blanc sous une chemise à carreaux et à manches courtes ouverte.

- Ça y est!!! fait alors la fille blonde avec fierté.

- Fou en E cinq, répond le garçon sans bouger et sans regarder le plateau.

La blonde regarde le plateau pendant que j'approche et je discerne alors qu'elle ne doit pas être beaucoup plus âgée que moi, qu'elle est assez jolie même si elle n'est pas mon genre. En fait, elle fait trop cliché cheerleader slash reine du lycée slash pimbêche écervelée... Par contre, elle est tatouée mais je ne vois de son tatouage que des chaînons rouges, le reste se cache dans le legging.

- Rhaa!!!! hurle alors la fille en me faisant sursauter de surprise.

- Échec et math, fait alors le garçon visiblement fier de lui sous son magazine.

- Mais comment tu fais bon sang, tu regardes même pas, s'offusque la fille.

- Je te l'ai dit, tu es trop nerveuse et pas assez concentrée, tu dois toujours être parfaitement concentrée sinon tu perds le contrôle, balance alors ce Maître Yoda improvisé.

Bon, je vais me manifester. J'ai un peu peur de les déranger, cela doit être les deux que j'ai vu par la fenêtre et personnellement, qu'une personne vienne me les briser pendant que je passe du temps en couple, ça me fait chier. Malheureusement, je n'ai pas trop le choix.

- Excusez moi, dis-je alors inquiète de les gêner.

La blonde tourne la tête vers moi et elle a un très beau visage, parfaitement maquillés aux cils parfaitement épilés, elle doit passer un temps fou le matin. Immédiatement après m'avoir vue, la voilà pas qu'elle se lève d'un bond et me fonce dessus.

- Salut ! m'interpelle la blonde. T'es nouvelle dans le quartier ? Ou t'es en vacances ? J'ai pas vu de camion de déménagement ? Tu cherches quelqu'un ? T'es perdue ?

Je la regarde fixement, complètement perdue sous tout son flot de questions qui ne cesse pas du tout. J'attends qu'elle reprenne son souffle mais ça ne vient pas. Je commence à plaindre son mec qui ne doit jamais avoir l'occasion d'en placer une.

- J'habite en face, dis-je au milieu de ses questions.

- En face? s'étonne la blonde. Chez Madame Lasher?

- Oui, c'est ma mère, je me justifie alors.

- Je t'ai jamais vue...

- On renoue contact, marmonné-je dépitée.

- C'est super ça ! Moi je ne peux me passer de ma mère... On discute tout le temps, de tout et de rien même des garçons... On fait du shopping...

Elle me gonfle putain... Ferme la et laisse moi en placer une bon sang.

- Tam, laisse la parler, fait alors une voix masculine.

Cette voix me surprend, elle est calme et posée, presque distinguée. Je tourne alors doucement ma tête vers son origine et c'est forcément le garçon. Je peux maintenant l'observer, sachant qu'il a enlevé son magazine de son visage et s'est levé. Il est grand, bien plus que moi. Je ne dirai pas qu'il est très musclé mais il est clair qu'il doit y avoir des tablettes de chocolats sous ce t-shirt moulant qui attire mon regard. Ses bras aussi semblent musclés mais pas dans l'extrême. Ses traits sont très fins, doux mais carrés dessinant un visage plutôt canon. Ses cheveux parfaitement noirs sont courts et coiffés en brosse mais il y a une chose absolument sublime chez lui : ses yeux. Son regard est extrêmement profond et quand il les pose sur moi, j'ai l'impression qu'il peut voir au plus profond comme si j'étais un livre ouvert ou totalement nue. Instinctivement, en voyant leur couleur grise tel l'acier le plus dur et le plus froid, je me mords les lèvres. Ce mec est un putain de canon de compétition, capable de faire hurler toutes ses fans si c'était un chanteur ou un acteur. Cette fille a un sacré bol d'avoir ça à disposition, sous les doigts et les lèvres. Il est franchement... Appétissant. Tellement que j'en ferai bien mon quatre heures. Bon sang... J'en veux un pareil, faut réserver sur Amazon en je le veux en livraison express.

- Je te présente Mark, me fait donc Tammy.

- Sa... Salut, dis-je comme une cruche en le regardant et levant la main.

- Et toi c'est comment ? demande alors Tammy en fixant.

- Pardon, dis-je alors. Ksenya Seraikin.

Tammy me regarde fixement, je sens venir le gag habituel. Cela me gonfle déjà. Si j'avais eu un dollar à chaque fois que quelqu'un m'avait demandé ma nationalité, j'aurais pu m'acheter la baraque d'Adèle, la chanteuse.

- Tu viens de Moscou ? me demande Tammy.

Je tourne la tête vers elle, quittant enfin le mannequin venant tout droit du paradis des yeux, avec ma consternation habituelle, prête à me justifier.

- Seraikin n'est clairement pas un nom russe Tam, précise alors Mark. Vu les sonorités cela viendrait plutôt de la Moldavie ou de la Roumanie et encore, vu son anglais, il ne doit s'agir que de ses origines, peut-être de seconde génération.

Je tourne mes yeux vers lui surprise de sa phrase. Ce type a tout pigé. Je fonds littéralement, je suis sous le charme. Il peut m'enlever quand il veut.

- Et voilà que Monsieur étale sa science, marmonne Tammy.

- C'est bien cela, de Roumanie précisément et c'est mon père qui est d'origine roumaine, dis-je alors en dévorant le mec des yeux.

Faut que j'essaie de me concentrer sinon sa copine va me faire la peau mais il est clair que Mark va figurer en bonne place dans mes petits moments solitaires, juste devant Margot Robbie et Tom Holland. Il fait chaud en Arizona et c'est pas le soleil.

- C'est sympa, fait alors Tammy en ignorant clairement que son mec me fait placer Mesa dans la liste des meilleurs endroits du monde. Bienvenue alors.

- Euh, merci, dis-je sortie de ma rêverie. Mais en fait, j'ai plus de courant alors je voulais savoir si c'était pareil chez vous.

- Ha..., fait Tammy surprise en saisissant son téléphone. Ben j'ai toujours le WiFi de la maison donc...

- C'est peut-être le tableau électrique, propose Mark.

- J'y connais absolument rien, dis-je alors. Vu que votre maison... Même si elle a l'air plus grande, elle semble faite par le même promoteur, vous devez savoir...

- Mark peut regarder, fait fièrement Tammy.

Je la regarde et je souris, moi aussi je serai fière d'avoir ça sous la main. Qui n'en serait pas fière ? J'en sais rien mais bon.

- Ce serait gentil, ça ne vous gêne pas? dis-je alors poliment.

- Pas de soucis, avoue Mark en avançant.

Je vois alors Tammy foncer vers le perron et récupérer un téléphone. Elle s'approche de Mark et lui tend.

- T'ouliais ton téléphone, c'est important, insiste Tammy.

- Ha oui..., fait simplement Mark en le prenant.

Un mec qui n'est pas accroc à son smartphone... Ça c'est pas courant. Chacun son délire. On traverse donc la rue.

- Et t'as quel âge ? demande alors Tammy.

- J'ai seize ans, j'avoue donc.

- Ha ben comme nous... Tu vas aller au lycée sur Southern? demande-t-elle.

- Mouais visiblement, dis-je en arrivant sur le perron.

- On sera peut-être ensemble en cours, insiste Tammy.

- Au moins je connaîtrais quelqu'un, dis-je en ouvrant la porte et entrant.

Je me retourne alors attentivement et je remarque qu'ils sont toujours dehors.

- Ma mère est pas là et il n'y a que moi, entrez, dis-je me demandant si ils avaient peur de croiser quelqu'un.

- On ne sait jamais, fait alors Mark en passant le perron d'un pas décidé Nous pourrions déranger.

- J'ai besoin de ton... De votre aide, dis-je en me rattrapant assez vite.

- Bon le tableau doit être derrière la cuisine, fait alors Mark.

- Ho sans doute, dis-je bêtement. Vas-y regarde mais fais gaffe dans le noir.

- Prends la lampe sur ton téléphone, précise rapidement Tammy.

Je vois alors Mark le faire et se diriger tranquillement dans un recoin de la cuisine. En fait, dans la cloison, il y a une armoire secrète qui doit donc abriter les compteurs et le disjoncteur. Au moins, j'irai me coucher moins bête. Il regarde attentivement à l'intérieur grâce à la petite lumière de son téléphone et je le vois lever les bras. Hmmm joli petit cul, j'ai une vue imprenable. Par contre, tandis qu'il lève les bras, son t-shirt se soulève, pour mon plus grand plaisir, et je vois des petits chaînons sur son flanc gauche. Exactement le même tatouage que Tammy à côté de moi, juste sur l'autre flanc. Je l'observe et elle me fixe.

- Vous avez le même tatouage ? je demande alors sans réfléchir.

- Et oui... On l'a fait en vacances à... Euh...

- Ibiza, fait simplement Mark en regardant le disjoncteur.

- Maman a fait la gueule, m'assure Tammy. Une soirée et... Voilà quoi...

- Ha oui, je suppose qu'elle n'a pas dû trop apprécier même si je ne la connais pas mais une mère, pour peu qu'elle s'intéresse à sa fille, doit prendre cela assez mal.

- Je confirme, me fait alors Tammy. En tout cas tu mates bien.

J'écarquille les yeux de stupeur. Je me suis cramée toute seule en demandant cela. Je regarde immédiatement Tammy avec gêne quand la lumière revient.

- Merde désolée, dis-je alors. Je t'assure que je l'ai juste vu comme ça ce tatouage, je ne matais pas ton mec, ajouté-je pendant que Mark fermait la porte du placard secret.

- Mon mec??? s'étonne immédiatement Tammy pendant que le playboy s'approche.

- Il y a méprise, dit alors Mark visiblement amusé.

- Mark est mon frère, précise immédiatement Tammy en deux éclats de rire.

- Quoi? dis-je surprise en les regardant l'un après l'autre. Mais vous avez le même âge...

- Mark est en fait mon demi-frère... Enfin pas totalement..., hésite Tammy me perdant ainsi dans ma réflexion. En bref, son père est le nouveau compagnon de ma mère.

- Ho... Et c'est auquel la Cadillac ? je demande alors.

- À lui, fait Tammy.

- Mais pourquoi vivre dans un quartier comme celui-ci ? demandé-je immédiatement après.

- Mon père est toujours en déplacement, il fait des achats pour de riches clients, chanteurs, acteurs, politiciens... Ne me demande pas de noms, secret professionnel, me précise Mark.

- Mais... Ça explique pas la maison, dis-je alors.

- Ma mère, qui était pompier à Los Angeles avant de venir ici, a des goûts beaucoup plus simple... Elle préfère des quartiers plus familiaux que les beaux quartiers, m'explique Tammy.

- Ho... Ok... Donc vous n'êtes pas ensemble, dis-je alors comprenant enfin.

Bon en réalité, je me fais une petite joie. Bon ça n'indique pas non plus que la voie est totalement libre mais ça commence à sentir bon pour moi.

- Mais c'est vrai que techniquement on pourrait..., réfléchit Tammy.

- Mais c'est cool si vous êtes proches... Vous êtes de la même famille depuis longtemps ? demandé je ensuite en préférant de loin lui enlever cette idée de la tête.

- Deux ans, m'assure Mark.

- Et ce n'est pas compliqué pour toi, tu vis obligatoirement avec ta belle-mère..., je l'interroge ensuite.

- Stephenie est très gentille, très humaine, précise Mark me faisant douter de l'à propos de ces mots.

- Elle le considère comme son fils, dit alors Tammy.

- On va te laisser, m'assure Mark.

Ha non! Je veux qu'il reste, je veux le garder sous les yeux... Bon ok, je craque sur lui là. Après Emma, un garçon cela pourrait être sympa. Je surtout savoir quelles sont ses opinions sur les sujets qui me tiennent à cœur. Alors pas le choix, je propose un truc.

- Vous voulez pas un truc à boire ? je demande alors en vitesse.

- T'es sympa comme fille ! me sort Tammy. Allez Mark, dis oui!!! S'il-te-plaît !

Je vois alors son demi-frère soupirer, même quand il fait ça, il le fait avec flegme et classe. Je l'observe et moi aussi j'ai bien envie de le supplier.

- Et si on t'emmenait boire un verre? propose soudain Mark.

- Dans Mesa? je demande étonnée. Bah euh... Ok! Je vais chercher ma pièce d'identité. Je vous fais confiance hein?

Je me dépêche quand même, on ne sait jamais mais à peine une minute plus tard j'étais revenue. Je vérifie vite fait que tout est éteint avant de partir, plaçant la tartine dans une assiette qui m'attendra à mon retour. Je remarque que Tammy est sur son téléphone qu'elle range quand je suis enfin prête.

- Maman est prévenue, fait Tammy à son demi-frère.

- Tu préviens la tienne? me demande alors Mark.

- Non pas besoin, dis-je en haussant les épaules. Le seul truc c'est de ne pas rentrer trop tard parce que ma mère veut me présenter ses amies...

Mark et Tammy échange un regard plutôt éloquent. Ils ont dû comprendre que c'était pas la joie. Bref, nous sortons et nous nous dirigeons vers la Cadillac. Le bol, je vais me balader dans cette voiture de luxe. Je suis soudainement surprise, Mark m'ouvre la portière. Je le regarde assez dubitative.

- Tu sais... Les femmes sont pas en sucre, dis-je alors. Pas besoin d'en faire des caisses.

- La première fois je lui ai dit pareil ! me lance Tammy. Mais Monsieur est habitué au personnel des palaces..., ajoute-t-elle d'un ton snob.

- Mais c'est gentil quand même, mais je ne suis pas une princesse, je suis plutôt une botteuse de cul, te voilà prévenu, dis-je en riant.

Je remarque son petit sourire et son regard malicieux, ce propos lui plait visiblement. Mais j'avoue que son geste galant n'est pas mal en réalité mais c'est juste pour la forme que je l'ai ouverte. Y a une place de dingue dans cette voiture, c'est trop bien. Les sièges et les finitions sont absolument magnifiques, et le tableau de bord high-tech est complètement dingue.

- Ceinture, ordonne alors Mark en regardant dans le rétroviseur vu que moi, j'ai la mienne.

- On va pas loin, fait alors Tammy m'indiquant ainsi qu'ils s'étaient mis d'accord sur la destination.

- Tammy, ta mère m'a déjà dit de faire attention à toi, se justifie Mark.

- Mais c'est pas dangereux..., rétorque Tammy.

- Tu devrais, un accident est vite arrivé, dis-je alors en la regardant et pensant à l'accident de ma mère qui a pourri nos vies.

- Franchement..., marmonne Tammy.

- Tammy... Obéis, fait froidement Mark.

Et là, elle obéit. Ce ton autoritaire est surprenant mais incroyablement intense, il me ferait presque frissonner. Ce mec me perturbe et pas qu'un peu. Il finit par démarrer et nous voilà dans les rues de Mesa. On ne va peut-être pas loin mais Tammy est un moulin à paroles. J'apprends ainsi plus sur eux. Mark a souvent déménagé, depuis la mort de sa mère d'un cancer quand il était petit. C'est peut-être la première fois de sa vie qu'il reste aussi longtemps au même endroit. Elle, son père n'use pas vraiment de son droit de garde, c'est un bouseux selon Tammy. Sa mère qui a toujours été pompier désirait monter en grade mais dans sa caserne aucun poste ne se libérait. Par contre, elle a appris qu'un poste de chef de section se libérait à Mesa et hop, emménagement. J'essaye d'expliquer brièvement mon cas, sans entrer dans les détails, et ils comprennent aisément que je ne veux pas en parler. Nous effectuons un trajet de dix minutes tout au plus et Mark se gare dans la rue. Je sors de la voiture et je découvre l'endroit où ils m'ont amenée : un bar dans un style années folles appelé Le Bon Temps. J'avance avec eux et nous entrons, ce qui me fait faire un véritable bond dans le temps. Cela ressemble à tous ces bars dans les films noirs avec des détectives genre Humphrey Bogart. Cet endroit est absolument fabuleux de réalisme. Je me demande même si le propriétaire a acheté un vieux bar ou l'a juste décoré. J'aurais tendance à opter pour la première éventualité, c'est trop beau pour être bidon. Je suis mes voisins jusqu'à un box à l'ancienne et ils s'installent face à moi. Rapidement, une femme approche, vêtue d'une tenue digne des serveuses de ces films en noir et blanc.

- Ho Mark, fait la serveuse en le fixant. Content de te revoir. C'est rare aussi tôt, fait-elle soudainement pensive.

- Je fais découvrir l'endroit Isobel, précise Mark.

- Salut! me fait la serveuse.

- Bonjour... Cet endroit est incroyable ! dis-je en souriant.

- On s'y croirait pas vrai? me fait la serveuse en riant. Menu noir et blanc, je présume ?

- Et oui, fait simplement Mark.

Je regarde la serveuse et je fixe Mark attentivement. Il aurait ses habitudes en ce bar? Pas rassurant... Mauvais point ça. Et les sourires de la serveuse aussi... Dragueur ? Pas bon...

- Mais c'est quoi le menu noir et blanc ? je demande alors.

- C'est avec des descriptifs, précise Tammy. C'est plus facile.

- Ha d'accord, dis-je alors.

J'observe l'endroit qui est vraiment indescriptible tant j'ai l'impression d'être revenue un siècle plus tôt. Je suis même assez amusée quand je me rends compte qu'il existe une seconde entrée, comme cachée dans un recoin. Les habitués doivent y entrer en faisant comme à l'époque de la prohibition, c'est tellement dans le détail. Ha, notre serveuse revient et pose les menus devant chacun d'entre nous avant de s'éloigner.

- Ho la la quel choix, dis-je surprise.

Entre les boissons de notre époque, les différents cafés, des cocktails avec ou sans alcool, le snacking en tout genre, il y a en du choix. Je commençais à me laisser tenter par un petit milkshake façon cocktail.

- Tu as une idée de ce qui te fait envie? me demande Tammy.

- Disons que les milkshakes sont tentants, j'avoue. Mais je ne sais pas lequel.

- Il y en a d'excellents, précise alors Mark.

Je regarde ce dernier et je me penche sur la table pour lui parler. J'ai envie de connaître ses goûts alors je vais jouer la fille indécise.

- Tu connais l'endroit, tu veux choisir un parfum pour moi? je demande avec un sourire.

- Que le garçon choisisse pour la fille ne fait pas très moderne, précise Mark avec beaucoup de mesquinerie.

- Ha ha, dis-je faussement outrée. Si je te le propose.

- Bon, je reviens, je suppose que tu prends comme d'habitude ? dit-il avant que sa sœur ne hoche la tête.

Je le regarde s'éloigner et j'ai une jolie vue imprenable quand il se penche sur le comptoir. Je remarque que la serveuse l'écoute mais elle semble un peu ailleurs. Je trouve ça étrange mais soudain, Tammy me parle.

- Ksenya? m'interroge Tammy.

- Oui? dis-je surprise.

- Je pense que tu devrais éviter de te pencher, dit-elle alors.

- Bah... Pourquoi ? je demande étonnée.

- Ton t-shirt est très large, dit-elle alors.

- Ouais je sais mais il fait tellement ch..., dis-je en le remuant avant de me figer.

Ho la nouille... J'ai oublié que j'avais pas de soutien-gorge... Quand je me suis penchée, Mark a dû avoir un petit spectacle topless sous les yeux.

- Putain... Tu crois qu'il a tout vu? je demande inquiète.

- Moi je l'ai vu, dit-elle en souriant.

- Mais il a pas réagi... Un mec voit une paire de nichons il se met à baver en général, dis-je étonnée.

- Il a du remarquer mais a préféré regarder ailleurs, me fait Tammy.

Je me tourne vers Mark qui attend notre commande et je me demande bêtement si ce qu'il a pu voir lui a plu quand même. J'ai honte mais franchement, si ça l'a motivé un peu, c'est pas plus mal.

- Tu devrais éviter de lui tourner autour, dit alors Tammy.

- Il a une copine c'est ça ? C'était logique, dis-je alors.

- Il vaut simplement mieux éviter de faire un cinéma en espérant qu'il s'intéresse à toi, c'est pour ton bien, dit-elle alors.

Je suppose qu'entre son physique et son argent, il doit bien en profiter. C'est dingue comment Tammy a fait redescendre l'attrait comme un vulgaire soufflé. Mais quand je regarde à nouveau vers Mark qui arrive, je me dis que s'amuser n'engage à rien. Si ce n'est qu'un petit délire passager, je ne souffrirai pas... J'observe ses mains et je vois un milkshake rose et des boissons. Il les pose alors sur la table et je regarde mon milkshake me demandant pourquoi un rose fluo... On est dans le cliché.

- C'est le Edith Piaf, fraise, citron et menthe, précise alors Mark.

- La vie en rose! dis-je en réalisant. Je comprends le nom.

Et le goût... Un véritable petit morceau de paradis, je ne pensais pas qu'un milkshake pouvait être aussi bon. Nos discussions se poursuivent tranquillement, me faisant découvrir quelques uns de leurs goûts musicaux et cinématographiques. Tammy aime la pop et les films à très très gros budget là où, Mark dans son cas, préfère le cinéma d'auteur et le rock en tout genre, les Doors, Police, U2... Il a des goûts assez vieillots quand même. En fait, je suis un peu déçue, on discute comme ça mais c'est un peu ennuyeux. C'est peut-être à case de la mise en garde de Tammy mais je ne suis pas au mieux de ma forme. Au final, on se casse de ce chouette endroit où je compte bien revenir et mes voisins me ramène chez moi. Alors que je suis en train de descendre, je tente ma chance.

- On se refait bientôt une sortie ? je propose alors.

- Désolé mais Stephenie va avoir des congés, on va s'éloigner de Mesa quelques jours, avoue Mark.

- On se verra à la rentrée, me précise Tammy.

Super... Je rencontre des gens et j'ai l'impression qu'ils essayent déjà de m'éviter. Je rentre chez ma mère, dégoûtée du résultat et je finis devant le canapé comme une vulgaire recluse, une paria. En clair, je m'enfile plusieurs épisodes d'affilées, n'arrêtant de regarder que pour aller boire une coup. Et puis, au bout d'un moment, j'entends la porte d'entrée.

- Ksenya? demande la voix de ma mère.

- Dans le salon, dis-je alors en fixant la télévision.

- Tu peux venir m'aider s'il-te-plaît? demande encore ma mère.

Je soupire, elle me gonfle déjà. Je me lève de mauvaise grâce et j'avance vers la porte d'entrée pour découvrir ma mère, visiblement fatiguée mais bien habillée et les bras emplis de sacs.

- C'est quoi? je demande alors.

- Pour recevoir mon amie, je suis passée au traiteur chinois... Tu aimes j'espère ? demande ma mère.

- Ouais ça va, dis-je en prenant un sac.

Ras le bol, on a vraiment les mêmes goûts. J'ai dû me retenir de m'exclamer de bonheur en entendant la nationalité du repas. J'adore la nourriture asiatique presque autant que la bouffe mexicaine.

- Je peux te laisser vider les sacs ? Je me dépêche de me rafraîchir, m'avertit ma mère.

- Ok Lauren, dis-je alors.

- Si elle arrrive... Tu veux bien ouvrir? me demande ma mère.

Je la regarde fixement et je hoche la tête. Je l'entends monter à l'étage pour filer dans la salle de bain et j'ai envie de me casser. Qu'est-ce qu'elle croit? Que je me soucie de connaître sa meilleure amie? Et que j'en ai quelque chose à foutre des gosses de celle-ci ? Je sens que ma soirée va être vachement chiante. Je regarde quand même ce qui a été acheté et je sens que je vais leur faire honneur à ces jolis petits raviolis vapeurs qui m'appellent en me disant : "Mange moi". Au moins, si elle est de qualité, je vais me régaler. En pleine fixation de mon repas et pendant que mon ventre crie famine, j'entends la sonnerie de la porte d'entrée. Et l'autre est forcément encore en train de se détendre. Ras le cul...

- J'arrive ! dis-je à la porte avant de m'arrêter en bas de l'escalier. Lauren!!! Je vais pas faire la causette des heures!!!!

Elle me gonfle elle... Je pose ma main sur la poignée et j'ouvre la porte. Je découvre alors une femme d'origine latino, mexicaine sans doute. Elle porte une tenue assez décontractée, un pantalon blanc et un t-shirt rouge. Elle cache un peu ses enfants avec son corps mais je réalise que le garçon est plus grand que moi vu qu'il dépasse sa mère mais sa fille est plus petite. Ce n'est guère surprenant que ma mère soit amie avec une personne ayant ces origines, après tout ils représentent une grosse part de la population. Elle est souriant et a des cheveux noirs totalement relâchés et lisses.

- Bonjour, dis-je poliment.

- Tu dois être Ksenya, me fait alors la dame.

- C'est cela, dis-je en réponse.

- Je m'appelle Esperanza, me fait la femme. Ravie de te connaître.

- Moi de même, dis-je sans foncièrement réellement le penser en réalité.

- Voici Angel, fait elle en me montrant son fils. Il entre en dernière année au lycée.

Son fils, Angel donc, est un garçon assez grand et très bien bâti. C'est clairement un sportif. Il doit sans doute faire du football, peut-être un running back ou un quarterback. Il a les cheveux très courts et le menton bien carré, une vraie armoire à glace.

- Salut, dis-je en levant la main.

- Content de te connaître, me dit-il.

- Et ma fille Jenna... Elle a ton âge mais elle est un peu timide, dit alors Esperanza en souriant.

Je baisse les yeux vers la fameuse Jenna et je suis plutôt stupéfaite d'autant de différences avec son frère. Elle est donc encore plus petite que moi et porte des lunettes qui, avec sa longue natte, me donne l'impression d'avoir une véritable première de classe devant les yeux. Elle fait alors un pas vers moi en me tendant la main gauche et, alors que je la sers avec un peu d'étonnement, mes yeux se portent sur sa main droite. Jenna tient en effet une canne de marche et, grâce au pas qu'elle fait, je comprends qu'elle a un handicap à la jambe droite qui me semble très raide.

- Entrez, dis-je alors avec empressement.

Maman ne m'a pas prévenue et je me presse donc de les faire s'installer. Poliment je leur propose à boire et ils acceptent. Je leurs sers donc eau gazeuse et des sodas pour les jeunes quand ma mère descend.

- Ha vous faites déjà connaissance ? s'étonne ma mère en souriant.

- Salut Lauren, ça c'est bien passé le boulot ? demande Esperanza.

Pourquoi les adultes posent toujours ça comme question ? C'est pareil avec les collègues de mon père et Stacy. Vous quittez enfin le boulot... Vous êtes obligés d'en reparler? Consternant.

- Tu te plais à Mesa? me demande alors Angel.

- Je ne suis pas habituée à la chaleur, dis-je alors.

- Tu t'y feras, dit-il en regardant sa sœur. Jenna adore les opérettes de Broadway.

- C'est vrai? dis-je en la regardant.

- Moui..., fait-elle timidement.

Rhaaz putain ça va être long... Je vais pas la bouffer putain. Je la regarde en espérant qu'elle poursuive mais comme elle ne décide pas, je tente ma chance.

- J'ai récemment vu la nouvelle version de Grease, je précise alors.

- Ha, fait timidement Jenna en serrant sa canne.

Je comprends mieux, elle a sans doute peur que les gens sympathise avec elle parce qu'elle est handicapée et qu'ils ont pitié. C'est mal me connaître.

- Il y a d'autres voyelles, dis-je alors avec un sourire.

Jenna me regarde alors dans les yeux et je remarque qu'ils sont d'un vert émeraude sublime. Ça lui va vachement bien. Je regarde son t-shirt et je réalise que c'est un t-shirt du spectacle Cats, le plus grand classique de Broadway.

- Tu veux un truc drôle ? je lui demande alors.

- Oui bien sûr..., fait-elle hésitante.

- Je suis tellement conne que je n'ai jamais vu celui-là, dis-je en montrant son t-shirt.

- Ho... Mais il y a beaucoup de spectacles à voir aussi, fait-elle en me souriant plus détendue.

Ho elle parle... C'est rassurant. Je pense qu'il faut juste l'appréhender. Il n'y a pas beaucoup de sujets vu que les mères discutent boulots. En les écoutant je réalise que leur père travaille comme urgentiste. C'est toujours bon à savoir si il m'arrive une merde. Je finis par réussir à dérider Jenna qui s'avère réellement être une première de classe. Elle est vraiment très intelligente, elle pourra clairement faire de grandes études. Angel est par contre bien un sportif, quarterback dans l'équipe du lycée où nous irons tous trois à la rentrée. L'équipe semble gagner souvent et cela permet à Angel d'espérer clairement une bourse universitaire. Alors que nous discutons tranquillement, ma mère décide de nous interrompre.

- Si vous voulez aller dans ta chambre, il n'y a pas de problème, me fait ma mère.

Je regarde Angel et Jenna et visiblement, ils sont d'accord. Je me lève alors et me dirige vers l'escalier avant de m'arrêter et de regarder Jenna avec une petite gêne.

- Je peux monter les escaliers, dit-elle alors avec un sourire.

- Je sais que c'est idiot mais je voulais m'assurer que cela n'allait pas être trop douloureux, dis-je alors.

- Ce sera douloureux mais j'ai l'habitude, avoue Jenna.

J'ouvre alors la marche et j'indique ma chambre à Angel qui y rentre. Une vague question sur le rangement de ma chambre vient montrer le bout de son nez dans mon esprit mais je sais que je n'ai pas laissé de culotte ou de string sur mon lit donc... Aucun soucis à l'horizon. J'attends patiemment Jenna qui met un peu de temps. Arrivée à l'étage, elle reprend un peu son souffle.

- Je suis née avec cette malformation osseuse, on ne peut pas essayer de réparer cela tant que ma croissance n'est pas finie, me précise l'adolescente.

- D'accord... Hésite pas à t'installer sur mon lit, dis-je en entrant dans ma chambre.

On recommence à discuter tranquillement après s'être installés et Angel finit avec un magazine de cinéma sur les genoux, allongés par terre.

- Au fait, vous habitez où ? je demande alors.

- Sur Eighth East Street, me précise Jenna.

- Ok... Et c'est loin ? je demande alors.

- Tu dois descendre sur Southern, prendre à droite pour continuer sur Southern puis à droite sur Gilbert Road et puis à gauche. T'y es, précise alors Angel.

- Ho c'est pas si loin, dis-je avec lucidité même si cela fait à peu près de l'autre côté de mon lycée.

- Pourquoi tu voulais savoir ? me demande Jenna.

- Si j'ai envie de venir vous rendre visite... Sauf si tu ne veux pas de moi, dis-je en riant avant de la fixer. C'est pas un problème ?

- Ho non, ce serait sympa, nos mères sont amies depuis le lycée, elles se sont retrouvées par hasard, avoue Jenna.

- Je l'ignorais, dis-je alors avec honnêteté.

- Ta mère nous a souvent parlé de toi mais ça fait bizarre de mettre un visage sur un nom, me sort alors Angel.

- Il y a des choses qui se sont passées, dis-je simplement. Des choses dont je n'aime pas parler en fait...

- Ha ça va pas avec ta mère ? me demande quand même Jenna.

- Disons que je n'avais franchement pas envie de venir squatter chez Lauren, je leur précise rapidement.

Les deux jeunes que je viens de rencontrer, j'ai rencontré quand même du monde en une journée, se regarde alors sans oser dire la moindre chose. J'ai jeté un froid, clairement, mais c'est logique. En fait, vu qu'ils ignorent notre passé familial, le fait d'appeler ma mère par son prénom doit les surprendre un peu plus que prévu. Si ils savaient... Si je me sens assez en confiance avec eux, je pourrais peut-être me confier mais cela ne sera pas aujourd'hui.

- Et sinon... À part le sport pour toi, dis-je en riant. Vous avez des loisirs sympas?

- À part le sport..., hésite Angel.

- Réponds moi les filles et je t'en colle une, j'ajoute avec humour.

- La danse, me précise enfin Angel.

- La danse? Le breakdance? Le hip-hop ? je demande alors.

- Plutôt ce que tu vois dans Dancing with the Stars, ajoute Angel amusé.

- Madison? Tango? Ces trucs là ? dis-je surprise.

- Ouais..., hésite Angel. J'ai même fait quelques concours avec Eva, ma partenaire.

- Dont il est fou amoureux sans lui dire, me précise Jenna.

- Ho ça va, se vexe faussement son frère.

- Bon... Et toi? je demande alors.

- À part la lecture, j'aime bien faire les musées, on pourrait en faire ensemble, me propose Jenna.

- Euh ouais... Si tu veux, je marmonne peu convaincue.

- Sinon j'aime bien tirer les cartes, précise Jenna gênée.

Je remarque la mine déconfite de son frère qui me confirme ainsi silencieusement qu'elle dit vrai. Il en semble même un peu contrarié. J'ai du mal à imaginer cette fille si terre à terre et plutôt scientifique s'adonner à un tel loisir. Mais après tout si elle apprécie ce truc là. Je n'y ai jamais vraiment cru, même si je sais pertinemment que certains ont réellement des dons de médium, il suffit de voir ceux qui aident la police. Mais à mes yeux, je le range dans les trucs attrape-couillons comme le ouija ou les fantômes et les grigris. Mais après tout ça peut être marrant.

- Tu me tirerais les cartes? je demande ensuite.

- Ta mère accepterait ? demande alors Jenna me surprenant un peu.

- Je m'en fous de l'avis de Lauren... Alors ? j'insiste lourdement.

- Je peux, j'ai toujours un jeu dans mon sac, avoue Jenna qui avait embarqué son sac à main sans que je le remarque.

Faut que je sois plus attentive quand même mais il faut aussi reconnaître qu'elle est très discrète. Pendant qu'Angel marmonne, Jenna sort un jeu de cartes. Je la vois étaler tout le jeu sur mon lit, faces contre le lit.

- Jen..., marmonne Angel.

- Ça n'engage à rien tu le sais bien, lui répond Jenna.

Je regarde celle-ci et j'attends patiemment, me demandant qu'est-ce que cela aurait pû engager. Invoquer un démon ? Ça mettrait de l'ambiance... Humour de merde bonjour !

- Je dois faire quoi? je demande alors.

- Pour commencer, tu vas me donner les mains et fermer les yeux pour te concentrer sur ma voix.

J'obéis immédiatement et je patiente. Je l'entends plusieurs fois de suite inspirer très profondément et expirer ensuite tout l'air de ses poumons.

- Esprits de nos ancêtres, confiez à votre fille l'aptitude du troisième œil, commence alors Jenna. Guidez vos sœurs dans la découverte de leur destin, les gardant ainsi sous la protection du Triumvirat !

Oulala ça a l'air compliqué son blabla. Je me demande si c'est culturel aussi parce que bon, dans la plupart des films, les diseuses de bonne aventure ne sortent pas de telles phrases alambiquées. Mais peut-être est-ce comme cela que l'on doit faire chez les personnes d'origine mexicaine. Je patiente alors attentivement et je sens que Jenna bouge ses mains doucement.

- Guidez les mains de votre sœur pour éclairer les ombres de l'avenir, conclut Jenna.

- Je peux les ouvrir ? je demande donc.

- Tu peux, assure Jenna.

Jenna me sourit et je vois comme du stress chez Angel. Je me demande si au Mexique, les gens sont très superstitieux. Je n'en sais absolument rien mais moi en tout cas, je ne le suis pas. Et puis c'est juste pour s'amuser.

- Maintenant je fais quoi? je demande alors.

- Tu vas mélanger comme je l'ai fait, juste en bougeant les cartes, me précise donc Jenna.

- Comme ça ? je l'interroge pour être sûre de bien faire.

- Tout à fait, tu arrêtes quand tu veux, ajoute Jenna.

- Voilà. Ensuite? je la questionne sans hésitation.

- Tu fermes les yeux et tu essayes de sentir les cartes avant d'en prendre une. Mémorise bien son orientation.

- Euh... Ok, dis-je en fermant les yeux.

Sentir les cartes... Je fais ça comment? Je n'en sais absolument rien alors je fais juste le vide dans mon esprit. Je pose ma main sur une carte et je la prends ensuite.

- Tu peux ouvrir après l'avoir prise, me dit-elle.

- Alors... La papesse, dis-je en regardant l'étrange carte dans ma main.

- Ho c'est bon, dit alors Jenna. La Papesse ouvre la porte aux rêves apportant l’assurance de triompher du mal, de forcer les évènements, de découvrir les choses cachées.

- Je dois en prendre une deuxième ? je demande alors avant qu'elle ne confirme.

Je recommence donc en espérant un autre bonne carte. Quelque chose indiquant que je vais gagner à la loterie me plairait bien. Je sors donc la carte qui est sur le côté.

- L'empereur, je précise doucement en regardant Jenna.

- D’une volonté inébranlable et d’une énergie persévérante l’empereur est le protecteur puissant et résolu du droit et de la certitude, m'explique Jenna. Ces deux cartes indiquent un grand destin futur, tu feras de grandes choses prochainement.

- Cool... Tu peux savoir si je me casse à New York bientôt ? je demande alors.

- Cela ne fonctionne pas comme ça Ksenya, me précise Jenna ce qui me déçoit un peu.

- Vous pouvez m'appeler Eny tous les deux, c'est ce que je préfère, je les préviens.

- Ok Eny... Encore deux, me précise Jenna.

Allez encore des bonnes cartes! Je voudrais un bel avenir, fortuné, dans la santé... Tous les bons trucs possibles et imaginables. Sois sympa Jenna... Tu n'as pas envie que je t'en veuille? Allez... Je pose ma main et je sors une carte avant d'ouvrir les yeux. Ho putain de merde!!!! C'est... La mort. Je regarde alors Jenna en panique prise d'angoisse.

- Quoi? fait-elle surprise et inquiète.

- J'ai sorti la mort..., dis-je gênée. C'est pas bon !

- Les clichés, sort alors Angel en riant, ce qui me vexe.

Si il se fout de ma gueule, il va se faire botter son cul de sportif sans aucune hésitation. Je suis peut-être une crevette mais j'ai de la force et il pourra le découvrir.

- La mort n’est pas un arcane effrayant indiquant un décès, mais le symbole d’une tranformation, d’une évolution nécessaire vers l'esprit et le progrès, m'avoue Jenna.

- Ha... Ok, dis-je rassurée. Je croyais mourir avant la rentrée, c'est pas plus mal de survivre, j'ajoute en riant.

- Tu veux savoir alors? me demande Jenna.

- Évidemment, vu que c'est pas si mauvais que cela, dis-je amusée.

- La mort marque l’arrêt de quelque chose après des craintes, des hésitations. C’est le point de départ de nouvelles entreprises avec plus de discernement, de détachement vers la réussite sans regret du passé. Dans le présent cet arcane n’épargne pas les difficultés financières ni les dissentiments. La marche en avant reste difficile, développe Jenna.

- Ouf... Ça me soulage...

- Bon plus qu'une..., m'assure Jenna.

Je referme les yeux et j'inspire, me concentrant comme jamais. La mort indique le changement, ça a déjà eu lieu vu que ma vie a été totalement bouleversée par ma mère totalement irresponsable. J'ai l'impression de sentir quelque chose, peut-être le destin. J'attrape donc une carte et j'ouvre les yeux.

- Je peux savoir ce qu'il se passe ici? demande sévèrement une voix près de la porte.

Je tourne ma tête et je découvre ma mère venue nous empêcher de nous amuser. Quelle emmerdeuse celle là. Tout à coup Jenna récupère la carte dans ma main et les autres en quatrième vitesse, les rangeant dans son sac.

- Pardon Madame Lasher, dit alors Jenna.

- Jenna... Ce genre de choses sont à faire dans d'autres circonstances, la réprimande ma mère.

- Je suis désolée... Le dites pas à Maman, la supplie Jenna.

- Je devrais, précise ma mère.

- Ho ça va, commence pas, dis-je pour défendre Jenna. On ne fait que s'amuser...

- Ksenya... C'est...

- T'es irréprochable toi? Tu n'as jamais rien fait de mal peut-être ? je demande alors énervée.

- Ksenya, nous ne sommes pas seules, me précise ma mère. On discutera...

- Quand ça t'arrangera? Comme le reste sans doute? je demande avec colère.

- Bon... Plus tard, fait ma mère vaincue. Descendez manger.

Je la regarde partir et je sens ma colère grimper. D'où elle vient engueuler ma nouvelle amie? Elle était là avant? Non, alors elle se la boucle. Je regarde soudainement Jenna désolée de la situation.

- Te soucie pas de cette connasse, dis-je à Jenna qui me regarde choquée.

- Tu..., marmonne mon amie que je viens de défendre.

- Ouais je sais, c'est une putain d'ambiance de merde, dis-je en haussant les épaules. T'inquiètes pas si ta mère t'engueule, je dirai que j'ai insisté.

Je remarque que ces deux là se regardent un peu choqués. Ho ça va... Ils ne savent pas et vu que leur famille me semble assez modèle, ils doivent être choqués que je l'insulte. Je hausse les épaules et on avance dans le couloir, Angel descendant en quatrième vitesse.

- Je suis désolée si ça te vaut des ennuis, me précise Jenna juste avant de commencer à descendre.

- Ça peut pas être pire, dis-je pour la rassurer.

- Avec ça on ne saura pas la dernière, me sort Jenna.

- J'ai eu le temps de la voir, dis-je amusée.

- Et c'est ? me demande Jenna.

- C'était pas un dessin, lui dis-je. Ça ressemblait à une carte de jeux... Y avait quatre épées...

Jenna s'arrête alors et me regarda fixement, clairement en proie à quelque chose d'assez angoissant. J'ai l'impression qu'il y a quelque chose de mauvais dans cette carte.

- Ça veut dire quoi? je demande intriguée.

- Le quatre d'épées... C'est le signe d'un très grand danger... Et même du deuil..., m'avoue Jenna.

- C'est con, c'est moins sympa que la mort, dis-je en haussant les épaules avant de descendre en sa compagnie pas franchement inquiète vu que je n'y crois pas beaucoup.

Si la prédiction est correcte, ça signifie que je vais passer un sale quart d'heure pour avoir parlé comme ça à ma mère. Je ne vois pas franchement ce que ça pourrait être d'autres. J'ai en effet beaucoup de mal à imaginer ce qui pourrait m'arriver de mortel dans une ville comme Mesa. Ho j'ai trouvé !!! Les coups de soleil... La mort par mélanome ! Ça doit être ça.


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