Le Secret des Hayworth

Chapitre 16 : DANGER

6712 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/03/2023 17:09

DANGER


Je crois que de toute ma jeune vie, je n'avais jamais eu aussi peur que ce jour là. En effet, dès l'instant où j'avais réalisé ce qu'était cet homme, Lord Hawkins, à savoir un Vicissien comme la famille qui me servait de maître, j'avais compris que rien ne serait plus pareil. Naturellement, rien ne se passa lors de ce repas particulier, ni même le soir même. Encore une fois, après avoir fini de participer au rangement de la salle de réception, de la cuisine et de l'office, je m'étais retrouvée en proie à moi-même et mes questionnements dans ma chambre. J'étais cette fois beaucoup plus angoissée que jamais. Cela avait d'abord été pour moi-même. Ce n'était nullement de l'égoïsme en réalité mais j'avais tout de même une bonne lucidité et il était évident que Lord Sebastian avait tenté de me protéger. Je savais pourtant que je n'aurais pas dû penser à lui, pas après ces aveux presque dissimulés à mon encontre et pourtant... J'avais eu le petit espoir, extrêmement infime même, que si Lord Sebastian avait agi ainsi avec moi, c'était uniquement dans le but d'empêcher ce Lord Hawkins d'apprendre que non seulement j'étais au courant mais également que le vicomte des Hayworth avait pû voir quelque chose avec ses yeux particulières. Et j'en vins donc à conclure à un étrange point me concernant. C'était encore à cause des agissements de Lord Sebastian, pour ne pas réellement changer, mais c'était lui qui m'avait fait comprendre inconsciemment ce détail. En effet, il avait tenté de me pousser dans les bras de son neveu, Lord Henry, car selon lui je faisais partie des personnes aptes à les accepter comme tels. J'avais donc conclu que je n'étais pas destinée à un Vicissien en particulier mais que je pouvais lever la malédiction de n'importe lequel d'entre eux, pour peu que j'en tombe donc éperdument amoureuse. Je supposais donc durant cette soirée que tous les actes plutôt immoraux de Lord Sebastian n'avaient été conçus que pour m'éloigner de lui, physiquement et sentimentalement, tout en me poussant vers Lord Henry qui était d'un naturel plus protecteur et surtout plus doux. Visiblement, celui-ci n'allait pas tenir rigueur du rapprochement entre ma petite personne et le vicomte, déjà un point plus rassurant. Bien évidemment, il me restait toujours une question en suspens et c'était tout simplement si c'était Lord Sebastian qui m'avait sauvée. En pensant à cette information, je ne pouvais me dire qu'une chose : que Lord Sebastian préférait sacrifier sa vie et ses sentiments pour que son neveu lève sa malédiction. À la fois extrêmement philanthrope mais tout aussi extrêmement idiot. Naturellement, il ne pouvait avoir prévu que je finisse par ressentir un attrait pour lui-même, découvrant le visage protecteur qui était également le sien, peut-être parce que lutter contre ses propres sentiments n'était pas plus aisé que cela. Le second point qui m'avait vue m'interroger longuement concernait mes inquiétudes vis à vis de la famille Hayworth. J'avais cru comprendre que ce Lord Hawkins n'était pas totalement comme eux. Il n'avait nullement hésité à user de ses capacités pour me tester, assez efficacement malheureusement. Je craignais qu'il ne désire nuire à mes maîtres car, si au moins il ne pouvait s'en prendre à Sa Majesté La Reine Victoria pour récupérer du pouvoir, il pouvait s'en prendre à ses semblables pour asseoir sa position. Avec un amusement assez mal venu d'ailleurs, je me dis qu'ils n'étaient pas forcément si dissemblables des nobles humains car après tout, c'était exactement le même genre de panier de crabes, si on pouvait exclure les déformations osseuses typique du métabolisme des Vicissiens. Mais je craignais tout de même qu'il ne leur fasse du mal, je devais en avoir la confirmation et j'espérais la demander. Le dernier point était cependant moins évident car je m'inquiétais pour Herbert. Si Lord Hawkins savait que nous nous connaissions, il aurait pû tenter de faire pression pour que je ne trahisse mes maîtres. Après tout, j'étais convaincue qu'une demoiselle capable d'accepter les Vicissiens devait bien avoir un petit attrait qui serait compréhensible après tout, pour peu que l'on arrive à la séduire bien évidemment. Mais au final, toutes ces pensées avaient fini par m'empêcher de dormir. Du moins le crus-je au premier abord car je me réveillai effectivement, assise sur mon lit et appuyée dans une position plutôt inconfortable.

- Ouf..., grommelai-je en essayant de me déplacer un peu pour compenser mes muscles clairement endoloris.

J'avais même un peu de bave séchée à la commissure de mes lèvres et je me levai rapidement pour me nettoyer. J'accélérai le mouvement avant de m'habiller à la hâte et de me coiffer avec autant d'empressement que possible. Je craignais d'avoir commis un impair quand j'ouvris la porte de la chambre de Lady Charlotte. J'approchai alors à pas de loups le lit de ma maîtresse, préférant éviter de la surprendre. Et là, à mon plus grand étonnement, le lit s'avéra vide de son occupante.

- Seigneur... Ai-je dormi tardivement ? murmurai-je à moi même.

Je cherchais alors immédiatement dans la pièce et je fus soulagée, si l'on peut dire. En effet, absente de son lit, Lady Charlotte se trouvait tout de même dans la pièce. Elle avait sans doute dû éprouver des difficultés à trouver le sommeil, comme moi visiblement, et elle s'était installée sur le secrétaire. Elle était simplement endormie, la tête appuyée entre ses bras dans une position encore plus inconfortable que la mienne. Je m'approchai ensuite lentement du secrétaire et je pus découvrir que Lady Charlotte ne dormait pas uniquement sur ses avants bras mais que son visage reposait sur un livre. J'entrepris donc de retirer ce livre avec douceur en reposant la tête de la jeune maîtresse sur ses avants bras. Curieuse, je regardai le contenu du livre à la si faible lueur du jour transperçant les persiennes des fenêtres de la chambre. Je fus quelque peu surprise de découvrir un écrit sur la forge et les armes anciennes. Je refermai donc le livre en observant ma maîtresse. Elle avait visiblement étudié les armes qu'elle pouvait avoir besoin de créer si les situations conflictuelles avaient lieux. Ma maîtresse voulait vraiment se rendre utile. Je m'agenouillai donc près d'elle avant de passer ma main dans le dos de Lady Charlotte.

- Mademoiselle... Mademoiselle, dis-je tout bas.

- Nora..., marmonna Lady Charlotte.

Je regardai celle-ci avec un vif étonnement, ma maîtresse rêvait de Lady Farley... J'étais un peu intriguée mais je ne pouvais que penser qu'elle s'inquétait pour son amie. Lord Sebastian semblait avoir laissé entendre dire qu'être proche des membres de la famille pouvait s'avérer dangereux. Une inquiétude compréhensible.

- Mademoiselle... C'est Annabelle, dis-je en la secouant un peu plus vivement.

- Gné ? dit-elle en redressant doucement la tête.

- Relevez vous délicatement, dis-je en l'aidant à se redresser.

- Aie aie aie..., marmonna Lady Charlotte.

- Vous avez passé la nuit sur le secrétaire ? demandai-je alors doucement.

- Je n'arrivais pas à dormir... Enfin...

- Je comprends Mademoiselle, dis-je alors.

Je l'aimais à se relever et la laissai s'asseoir sur son lit avant d'aller ouvrir les fenêtres. L'air était empli de ce brouillard si caractéristique et dans lequel les gens déambulaient bon gré mal gré, comme cette accoucheuse avec sa sacoche de travail partant sans doute pour des tâches aussi compliquées que les miennes.

- Et toi tu as dormi? demanda Lady Charlotte en baillant bruyamment et loin des gens de son rang.

- Difficilement suite à mon erreur d'hier soir, dis-je gênée.

- C'était une éventualité que nous avions oubliées, me fit Lady Charlotte.

- Vous saviez ? m'étonnai-je.

- Pour Lord Hawkins tu veux dire ? demanda Lady Charlotte perdue.

- Oui... Enfin, je supposais bien que Messieurs votre père et votre oncle savaient, avouai-je à ma maîtresse.

- Nous le savons tous même Mère en réalité, enfin les petits s'en moquent sans doute, avoua Lady Charlotte en riant.

- Mais vous sembliez vous amuser avec son neveu, dis-je un peu surprise. Veuillez m'excuser cela ne me regarde pas.

- Son neveu me faisait clairement la cour, j'avoue, fit Lady Charlotte en étendant les bras. Mais il ne m'intéresse pas et je suis portée à croire qu'il ne sait pas pour Lord Hawkins.

- Oui, il a précisé que Lord Mumford était le fils du frère de Lady Hawkins, dis-je en réfléchissant.

- Les Lords espèrent toujours que les Ladies soient intéressées, dit elle alors. Nora subit également ce même spectacle lassant.

- Lady Farley non plus n'a pas encore contracté de fiançailles ? demandai-je alors.

- Non... Nous craignons que cela n'arrive un jour et que nous soyons ensuite séparées, malheureusement cela arrivera tu t'en doutes, me certifia Lady Charlotte.

- Malheureusement c'est un cycle normal chez les nobles, avouai-je.

- Bon oublions ces histoires de fiançailles deux minutes pour passer à une information qui m'intéresse, dit-elle alors.

Je regardai Lady Charlotte dont les lèvres dessinèrent un rictus que je pourrais qualifier de clairement mesquin.

- Quelle information? demandai-je avec une méfiance plutôt certaine.

- Mon oncle, dit elle simplement.

Forcément elle n'allait pas oublier cette situation et je ne savais plus où me mettre. Son sourire s'élargit encore.

- Je ne comprend pas de quoi vous me parlez Lady Charlotte, dis-je en me mettant à ranger.

- Ha bon? Tu es sûre ? dit-elle ensuite.

- Oui, Mademoiselle, parfaitement sûre, confirmai-je déjà honteuse.

- Et ces regards ? Ces messes basses lors du repas et son message sur une cuisinière appelée Ophelie? insista Lady Charlotte.

- Ho je pense que Monsieur le Vicomte souhaitait uniquement s'assurer que je ne commette pas d'impair vis à vis de Lord Hawkins, en vain finalement, précisai-je.

- Annabelle ? m'appela soudainement Lady Charlotte.

Je me retournai vers elle et à ma plus grande surprise, elle semblait profondément blessée. Je la regardais attentivement, ne sachant quoi dire devant cette lady si perdue.

- Suis-je aussi idiote à tes yeux? demanda Lady Charlotte.

- Je vous demande pardon ? dis-je stupéfaite.

- Annabelle... Je le vois bien comment te regarde Oncle Sebastian, comme Père regarde Mère, dit-elle me faisant alors rougir énormément.

- Ho... Je...

- Et hier soir tu le regardais bien différemment d'auparavant, mais j'étais perplexe, précisa Lady Charlotte. Au début tu semblais distante et puis vous vous êtes souris...

Je soupirai de honte et de gêne devant cette situation. Je vis soudainement Lady Charlotte taper sur la place à côté d'elle. Je m'y dirigeai lentement et m'assit à côté d'elle.

- Mademoiselle... Puis-je être d'une grande franchise avec vous? demandai-je alors saisie par un besoin de parler de tout cela.

- Évidemment, me confirma Lady Charlotte.

- Puis-je vous demander également de garder ce que je vais vous dire pour vous? insistai-je alors.

- Je te le promets sur l'honneur des Hayworth, dit-elle fièrement.

J'inspirai donc profondément non pas une, non pas deux mais bien trois fois. Je cherchais en réalité la façon d'amener la discussion sans que ce ne soit choquant pour une lady mais qu'importe la formulation, cela serait très gênant.

- Hier matin, je me suis proposée pour emmener le plateau de Monsieur votre oncle, dis-je alors. Je me suis donc retrouvée seule avec lui et...

Je m'étais figée devant le vif intérêt extrêmement soudain de ma maîtresse. Celle-ci semblait s'attendre à des informations plutôt tendancieuses visiblement.

- Puis-je savoir ce que me vaut ce regard ? demandai-je choquée.

- Pour être tout à fait honnête, je sais par Nora que... Oncle Sebastian possède une certaine réputation sur ses... Conquêtes féminines, fit-elle alors en cherchant ses mots.

- Avant de continuer, sachez que nous n'avons commis nul acte immoral ou inopportun, précisai-je profondément vexée.

- Bon d'accord... Alors? fit-elle soudainement pour me demander la suite.

- Je voulais avoir une conversation avec votre oncle, repris-je avec méfiance. Je ne sais nullement comment mais j'ai trouvé le courage de lui dire que... Que Lord Sebastian avait éveillé mon intérêt en tant que femme.

- Tu as des sentiments pour lui? fit-elle à la fois surprise et heureuse.

- Je le pense en effet, confirmai-je en haussant les épaules.

- Vu ta réaction, la sienne ne fut pas celle escomptée, comprit Lady Charlotte visiblement déçue.

- Et bien c'est là le problème... Je pense que cet intérêt est plus que réciproque mais pourtant il ne semble pas enclin à en parler... En réalité durant la réception d'hier, il m'a précisé que nous devrions en parler au Manoir..., marmonnai-je en proie à la gêne.

- Par rapport à Lord Hawkins tu penses? demanda Lady Charlotte.

- Je le suppose et si j'ose dire, je l'espère, avouai-je l'étonnant un peu. Je crains que ce ne soit pour éviter un scandale à Londres.

- Annabelle... Je vais être franche... Je pense que mon oncle est très sincère avec toi, dit alors Lady Charlotte. Je le vois à son regard et à son intérêt pour toi.

- Alors pourquoi vous plier à ses mises en scène ? demandai-je soudainement vexée.

- Il pensait que... Il pensait tout simplement que tu préfèrerais un jeune homme d'un âge approchant du tien et ne possédant pas la réputation d'avoir des mœurs plus que légères, m'avoua Lady Charlotte. Je m'excuse d'avoir fait tout cela... Je craignais que tu ne préfères Henry... Cela aurait été dur pour Oncle Sebastian...

- J'espère ne pas me tromper en pensant que c'est réciproque, avouai-je alors.

- Moi je le pense... On commence la journée ? demanda alors Lady Charlotte.

Je souris à ma maîtresse qui désirait visiblement me faire penser à autre chose. Et m'occuper d'elle m'aida aisément à songer à autre chose. Entre ses cheveux toujours aussi revêches et ses tenues, je finis forcément par être concentrée à toute autre chose. Lady Charlotte semblait également y songer et elle se mit à me parler de Lady Nora Farley et de leurs nombreuses aventures au théâtre ou dans les magasins. Les deux jeunes ladies semblaient être deux personnes particulièrement espiègles capable de faire tourner en bourrique plus d'un membre du personnel surtout dans leurs jeunesses. Finissant la préparation de ma jeune maîtresse, nous sortîmes de sa chambre, descendant les marches et, dans mon cas en continuant d'écouter les anecdotes.

- Et là... Son père a cherché sa cravache durant des heures sans même penser à chercher dans le fourage, annonça Lady Charlotte.

- Tout ça car Lady Farley fut punie de son cheval ? Tout de même, dis-je très amusée malgré tout.

J'entendis des pas dans le couloir du rez-de-chaussée et je vis apparaître Sophronia, visiblement stressée.

- Lady Charlotte ? l'interpella Sophronia. Veuillez me pardonner mais vos parents désirent vous voir dans le bureau...

- Ai-je fait quelque chose de mal? demanda soudainement ma maîtresse légèrement inquiète.

- Non... Il s'agit d'affaires familiales, dit-elle en réponse.

Cela devait signifier des affaires de Vicissiens, en tout cas c'était ce que j'avais compris moi-même. Sophronia partit sans demander son reste, préférant sans doute éviter que les jumeaux ne restent seuls trop longtemps. Lady Charlotte me regarda et pencha soudainement la tête avec un air pensif.

- Vous devriez écouter vos parents Mademoiselle, dis-je alors avec un sourire rassurant.

- J'y vais de ce pas mais... Tu viens! me lança Lady Charlotte en attrapant ma main.

Sans ménagement, elle me tira jusqu'au bureau sous mes remontrances de prosternation. Cette jeune lady possédait bien la force de ses ancêtres, je ne pouvais nullement lutter. Quelle ne fut pas mon horreur et ma gêne quand elle ouvrit la porte du bureau.

- Je suis là ! fit-elle en me tirant sèchement à l'intérieur et refermant derrière nous.

J'en fus déséquilibrée mais je pus m'empêcher de tomber au sol. Je relevai la tête pour tomber sur bien des regards stupéfaits.

- Veuillez me pardonner, marmonnai-je en sentant tous ces regards.

- J'ai estimé qu'elle avait déjà sa place, lança Lady Charlotte en allant s'asseoir sur une chaise.

Je la regardai outrée et j'avouerai sans honte que si elle n'aurait pas été ma maîtresse, je lui aurai plutôt tiré les oreilles pour lui faire entrer deux ou trois règles d'étiquettes dans sa tête. Je regardai vers mes maîtres, le Comte et son épouse assis d'un côté du bureau et côte à côte, en face de Lord Sebastian et Lord Henry ainsi que Lady Charlotte désormais.

- Je peux m'en all..., commençai-je à dire avant de me figer.

Lord Sebastian s'était levé et me laissait sa place avec distinction. Je me tortillai seulement les doigts en réponse avant de voir Lady Mary m'indiquer de prendre le siège.

- Faites Annabelle, dit-elle simplement.

J'avançai donc et m'assis gênée de la situation. Je ne pouvais même pas regarder Lord Sebastian en face et pourtant je le sentis poser sa main sur le dossier de ma chaise.

- Bon... Où en étions nous? demanda-t-il simplement.

- Je disais que je ne pensais pas comme vous, précisa Lord Henry.

Qu'il était malaisant de prendre une conversation au vol et d'essayer d'en saisir les tenants et les aboutissants sans avoir le contexte. Le mieux pour moi était de me taire.

- Je pense comme Henry, précisa Lady Mary.

- Je ne vous comprends pas, s'offusqua Lord Sebastian. Mais vous pensez réellement que ce n'était qu'une menace en l'air ?

- Je suis malheureusement d'accord avec Sebastian, fit alors Lord Jonathan.

Je sentis la suprise chez toutes les personnes présentes et je vis Lord Sebastian regarder par la fenêtre.

- Il va sans doute pleuvoir des friandises, fit Lord Sebastian.

Je pouffais inconsciemment de rire avant de me figer quand Lady Mary me fixa. Je penchai alors immédiatement ma tête en signe de soumission.

- Et vous Annabelle qu'en pensez-vous ? me demanda alors Lord Henry.

Je regardai celui-ci choquée que mon avis compte.

- Je pense que Lord Hawkins s'interroge..., marmonnai-je.

- Encore faudrait-il que Maxwell ait un cerveau pour cela, grommela Lord Sebastian me révélant ainsi le prénom de Lord Hawkins.

- Sebastian... Tais-toi, fit Monsieur le Comte.

- Il en faut un pour être aussi idiot? Manifester nos excroissances devant elle, se défendit Lord Sebastian en me montrant.

- Je suis navrée, marmonnai-je honteuse. J'ignorais qu'il ferait cela et je me suis habituée à ces démonstrations par Lady Charlotte...

- Il a commis volontairement cet acte, dit alors Lady Charlotte. C'est une évidence.

- Pour savoir si elle acceptait, fit Lord Henry.

Je relevai la tête vers lui, surprise qu'il ne me tienne pas rigueur de mon attirance envers Monsieur son oncle. Je tournai ma tête vers ce dernier et il me fixa avec une drôle de grimace.

- Que dois-je comprendre de cette affirmation ? demandai-je alors.

- Je serai direct, il désire clairement votre capacité à accepter notre nature, dit-il sans fioritures. Et sans doute votre appareil reproducteur.

- Pardon? dis-je choquée.

- Ce que Sebastian veut dire, avec sa finesse habituelle, c'est que la capacité d'accepter les Vicissiens est plutôt rare, me fit alors Lady Mary.

- J'avais bien compris mais... Ne doit-il pas y avoir une... Attirance réciproque? demandai-je toute gênée et sans oser regarder vers Lord Sebastian.

- Dit-elle en rougissant, fit Lady Charlotte amusée.

Je la regardais choquée et je fis Lord Henry lui asséner un petit coup de pied de discret.

- Ai-je raté quelque chose ? demanda Lord Jonathan qui visiblement ne comprenait pas la situation.

- Il n'y a que toi pour ne pas remarquer ce genre de choses, fit alors Lady Mary à son époux.

Je croisais soudainement le regard de Lord Jonathan qui me fixait comme cherchant à comprendre. J'avais honte de devoir signifier la réalité à Monsieur le Comte.

- Monsieur le Comte, marmonnai-je presque. Je sais que je ne suis qu'une bonne mais... Mais il se peut... Devrais-je dire que j'ai quelque peu outrepassé mon statut en... J'ai dû signifier que... Je...

Je ne savais pas comment dire cela et la mine amusée de Lady Mary devant la totale incompréhension de son époux ne m'aidait pas. Lord Jonathan attendait la suite patiemment mais moi, je ne pouvais que tirer sur mes manches avec nervosité.

- En bref, il se peut que je doive appeler Annabelle, Ma Tante, fit soudainement Lady Charlotte.

Je relevai la tête avec stupéfaction et je devins sans doute totalement rouge de honte. Là, je mourrais presque d'envie d'à nouveau outrepasser mon statut.

- Ho..., réalisa Lord Jonathan. Tu as fait quoi encore? demanda-t-il sèchement à Lord Sebastian.

- Personnellement... Je dirai qu'il y a eu un impondérable dans mon plan supposément parfait, dit-il rapidement.

Je tournai la tête vers Lord Henry avec gêne et je voulus spécifier quelque chose.

- Ne prenez pas cela pour une insulte Lord Henry, dis-je alors gênée. Je ne suis pas une gourgandine cherchant à s'attirer les faveurs des nobles et je n'ai jamais été autre chose qu'honnête envers vous. J'apprécie nos conversations, nos discussions diverses mais...

- Mais il y a quelque chose de naturel avec Oncle Sebastian ? me proposa Lord Henry. Je comprends parfaitement... Je voudrais vous présenter des excuses également, Oncle Sebastian pensait qu'en nous rapprochant déjà amicalement, cela pourrait créer une attirance mutuelle. Je vous prie également de me pardonner pour ce mensonge au sujet de votre sauvetage, je ne désirai pas m'attribuer le mérite.

- Ha... C'était pour cela, comprit Lord Jonathan.

- Tu es lent cher frère, marmonna Lord Sebastian avec amusement.

- Je gère constamment les affaires, crois-tu réellement que je pense à manipuler les gens comme certains ? demanda-t-il à son frère avec un soupçon de colère.

- Je n'ai pas tellement manipulé la situation, je souhaitais simplement laisser Henry saisir l'occasion d'avoir une compagne intéressante.

- Je suis intéressante ? demandai-je en tournant brusquement la tête.

- Tu te crois à la cour royale pour chercher à marier ton neveu? demanda Lord Jonathan en s'énervant et m'ignorant.

- Cesse de me houspiller sans cesse, je cherche juste à lever leurs malédictions, la mienne n'était pas à l'ordre du jour, précisa Lord Sebastian.

- C'est peut-être justement ce point qui fair bouger Lord Hawkins, proposa Lord Jonathan.

- On m'aurait laisser régler le problème sans demander son avis à sa majesté..., marmonna Lord Sebastian.

- Nous avons un serment! s'énerva Lord Jonathan.

Je regardai la situation avec consternation. Tournant la tête, je vis les jeunes maîtres aussi perdus que moi. Et puis soudain Lady Mary se pencha sur son bureau.

- Il faudra vous habituer, dit-elle simplement.

- Je... J'ignore... J'ignore si cela se fera, avouai-je.

Tout à coup, il y eut un silence. Je réalisai qu'ils avaient tous entendu mon propos et qu'ils me regardaient avec circonspection.

- Je croyais que..., me fit Lord Henry surpris.

- J'ai notifié à Lord Sebastian les sentiments qui

m'habitaient..., dus-je préciser. Cependant...

- À quoi tu joues? demanda Lady Charlotte à son oncle.

- Pouvons nous rester concentré sur...

- Cette jeune fille a trouvé le courage d'outrepasser son statut, tes comportements dérangeants et surtout un certain acte et toi, tu la laisses à son embarras ? Tu te moques de qui? demanda Lady Mary.

- Quel acte? demanda Lord Jonathan.

- Cela ne te concerne pas, fit Lord Sebastian à son frère. Et pour ta gouverne, je ne crois pas avoir repoussé Annabelle sans ménagement.

- Pourquoi m'avoir spécifié d'attendre notre retour au Manoir ? demandai-je par curiosité et profitant de bien du soutien.

- À votre avis? me fit Lord Sebastian.

- Lord Hawkins...,. murmurai-je.

- Tu te rends compte à quel point elle est perdue? demanda soudain Lady Charlotte outrée.

- Mademoiselle... S'il-vous-plaît, la suppliai-je alors pour qu'elle arrête.

- Arrête Annabelle, tu lui as dit, fit Lady Charlotte. Tu as une éducation de jeune fille de bonne famille, cela a dû être plus compliqué que jamais d'oser l'affronter et cet idiot te repousse puis semble changer d'avis.

- Charlotte, marmonna Lord Henry.

- Quoi? s'énerva ma jeune maîtresse. Tu trouves cela normal qu'il ait fait tout cela? Lui il ressent cela depuis...

- Charlotte, cela suffit, la rabroua Lord Sebastian.

- Non! s'énerva ma jeune maîtresse.

- Tu veux qu'on parle de certaines choses ? demanda-t-il avec mesquinerie.

- Tu n'oserais pas? demanda Lady Charlotte inquiète.

- Devine..., lui répondit Lord Sebastian provocateur.

- Tu m'as promis! se vexa Lady Charlotte.

Je regardai cet échange avec une certaine stupeur étonnement partagée par toutes les autres personnes. Mais que cachaient ces deux là ? Lady Charlotte avait-elle déjà rencontré un garçon capable de lever sa malédiction ? Avait-elle déjà commis un acte répréhensible assez inconvenant ? J'espérais que non.

- Je peux savoir ce que tu sais sur ma fille ? Et quand répondras tu aux questions de cette jeune fille ? demanda Lady Mary.

- Pourrait-on simplement rester concentrés sur Lord Hawkins ? s'énerva Lord Sebastian.

- Vous n'êtes pas obligé de répondre à mes attentes, dis-je alors mettant un terme à l'échange. Je ne suis qu'une bonne... Je comprends vos doutes et vos contraintes de statuts...

Je vis les regards mauvais de l'assistance féminine se poser vers Lord Sebastian avec colère. Je l'entendis soupirer de lassitude.

- Je me moque bien de votre statut Annabelle, précisa Lord Sebastian. Les circonstances vont que cela doit attendre et vous devez en prendre réflexion.

- Je comprends, dis-je perdue malgré tout.

- Bien... Laissons en suspens toutes ces informations plutôt perturbantes pour nous concentrer..., avoua Lord Jonathan.

- Nous faisons comme prévu, lança Lady Mary. Inutile de changer nos projets.

- Tu ne le connais pas, précisa Lord Sebastian. Vous serez des cibles.

- Il ne me fait pas peur, fit Lady Charlotte.

- Et bien tu devrais, précisa Lord Jonathan. Il ignore que tu es un cas unique, et cela doit persister.

- Pourquoi ? demanda Lady Charlotte.

- Si il s'en prend à toi et ta mère, il aura une surprise, avoua Lord Sebastian.

- Vous pouvez arrêter de vous inquiéter comme cela? demanda Lady Mary. Il reste un noble, il a une éducation.

- Crois-tu qu'il soit si respectable ? demanda Lord Sebastian.

- Tu l'es bien, le provoqua Lady Mary.

- Que tu crois, dit-il attirant mon regard. Cela serait moi, à cet instant même une armée de sous-fifres serait déjà à ces portes.

- Sommes-nous en danger? demandai-je en panique.

- Nous sommes là, fit Lord Sebastian.

Devait ce me rassurer? J'en doutais fortement. J'entendis soudainement Lady Mary soupirer et je la regardai fixement alors qu'elle semblait plutôt tranquille.

- Je ne crois pas que cela arrivera Sebastian, assura Lady Mary.

- Et donc ? insista t'il.

- Donc, Jonathan et Henry vont, comme prévu initialement, rencontrer sa Majesté et lui préciser nos inquiétudes, avoua Lady Mary.

Je regardai celle-ci surprise, comme à chaque fois que j'entendais un propos concernant leur proximité avec la famille royale d'Angleterre. Je n'arrivais en effet toujours pas à enregistrer l'information comme quoi la famille royale était au courant de l'existence de Dreemia.

- Et toi? demanda Monsieur le Comte avec un étonnement certain.

- Je vais faire ce que j'avais prévu, sortir avec Charlotte pour perfectionner sa garde robe, dit alors Lady Mary.

Je regardai alors avec beaucoup de surprise Lady Mary. Elle semblait plutôt sûre de ne pas se tromper en disant que ni elle ni sa fille ne risquaient grand chose. Mais tout de même, comment pouvait-elle être aussi à l'aise avec cette idée ? Je ne le savais nullement et j'étais bien incapable de le comprendre en réalité.

- Et puis Annabelle vient avec nous, ajouta Lady Mary.

- Quoi ??? dis-je choquée. Enfin... Pardonnez moi Madame mais pourquoi ? me repris-je donc pour être plus respectueuse.

- Il existe une tradition chez les Hayworth, me fit Lord Henry. Quand quelqu'un entre dans la confidence, on le présente au régnant. Comme gage de notre confiance.

- Ho mais ce serait un honneur de rencontrer sa Majesté bien évidemment... Mais pourquoi dois-je sortir? demandai-je quand même.

- Nous vous choisirons une robe, fit Lady Mary. Même si vous êtes toujours bonne, du moins pour l'instant..., ajouta-t-elle avec un regard en coin à Lord Sebastian. Vous devez être à votre avantage.

- J'en suis honorée, dis-je en regardant Lord Sebastian sur le côté. Mais... Êtes vous sûr qu'aller folâtrer chez les couturiers ne présente réellement aucun risque pour vous?

- Enfin quelqu'un de réfléchi, fit alors Lord Sebastian avec soulagement.

- Pas suffisamment sur certains points, lui lança Monsieur le Comte.

Je devais reconnaître que sur ce sujet, c'était vrai que je n'avais nullement saisi toutes les implications de mon aveu. Mais je savais déjà que Lady Mary n'était pas du genre à se laisser démonter par un quelconque conseil.

- Bien, Charlotte allons nous préparer, Annabelle faites de même, me dit-elle ensuite.

- Bien Madame, dis-je saisie par le courant d'air de ma chère jeune maîtresse fonçant dans sa chambre. Je regardai donc les trois hommes de la famille tandis que Lady Mary s'éloignait.

- Tu te rends compte de l'absurdité de la situation ? demanda Lord Sebastian.

- Qu'elle puisse être aussi nonchalante? demanda Lord Jonathan. Elle oublie parfois que nous ne raisonnons nullement en êtres humains.

Je regardai attentivement mes maîtres dont les regards se portèrent sur moi.

- Allons-y Père, ne faisons pas attendre Sa Majesté, fit alors Lord Henry en sortant.

- Je te suis, bonne journée Annabelle, me fit Lord Jonathan.

Je regardai le dernier homme présent dans la pièce, celui que je mettais dans l'embarras. Il me fixait attentivement et je ne savais plus où me mettre.

- Et vous qu'allez-vous faire Lord Sebastian ? demandai-je alors pour essayer de faire cesser cet instant gênant.

- Je suis cantonné ici, m'avoua Lord Sebastian.

- Mais dans quel but? demandai-je alors très intriguée.

- Mon cher frère reste convaincu que si je dirige les opérations, cela sera une expédition punitive, précisa Lord Sebastian.

- Vous pourriez...

- J'étais déjà tenté de le faire hier soir, nullement durant le repas, je faisais partie des hôtes, dit-il en riant.

- Vous... Vous êtes sérieux? demandai-je horrifiée.

- Rappelez-vous que nous sommes des monstres, précisa Lord Sebastian. Lord Hawkins également et seul l'un d'entre nous pourrait s'en charger.

- Mais... Il est seul? demandai-je alors.

- Son fils est trop jeune, précisa Lord Sebastian. Cependant il semble tremper dans des affaires plutôt louches, opium entre autres. Cela signifie qu'il pourrait avoir des hommes de mains.

- Vous êtes vraiment sérieux ? demandai-je.

- Oui... Mais profitez Annabelle, Mary semble déjà vous Imaginer en membre de la famille, dit-il avec un sourire.

- Je pense que Madame met la charrue avant les bœufs, dis-je en haussant les épaules.

- Nous réglerons, je vous le promets, dit-il en me fixant.

- Bien Lord Sebastian, dis-je en me dirigeant vers la porte.

- Cela sera intéressant, dit-il alors que je passais la porte.

- Quoi donc? demandai-je intriguée.

- De vous entendre cesser de m'appeler Lord, dit-il en me faisant un clin d'œil.

Je souris tout en rougissant avant de m'éloigner et de remonter dans les étages. Je me pressais d'enfiler un manteau, sur un petit nuage en pensant à la phrase de Lord Sebastian. J'avais déjà la drôle d'impression que cela serait également étonnant de me voir l'appeler uniquement Sebastian. Je ne pensais pas en être capable avant un bon moment. Rapidement après cette étonnante révélation qui s'ouvrait moi, je m'étais retrouvée dans une voiture et je partai en sortie avec mes maîtresses. Je fus sidérée et horrifiée de voir, lors de ma descente de la voiture, que j'étais dans un quartier parmis les plus huppés de Londres. Et quand je vis l'enseigne de luxe qui m'attendait, je fus sidérée. Les robes que vendait cette enseigne m'auraient coûté près de trois années de gages, si je n'en dépensais pas un seul penny.

- Madame..., dis-je en regardant Lady Mary.

- Ne rechignez pas Annabelle, cela sera un cadeau... Monsieur Caldwell et Miss Robbins furent également aussi gênés que vous.

- Je comprends parfaitement que je dois posséder des atours d'apparat pour me présenter devant sa Majesté mais n'est-ce-pas trop? demandai-je alors en voyant Lady Charlotte être amusée.

- Disons que je pense ne pas vous présenter uniquement en tant que bonne, précisa Lady Mary me faisant rougir.

- Je ne pense pas que Lord Seb...

- Annabelle, m'interrompit Lady Mary. Sous ses airs bourrus et irrévérencieux, Sebastian est un homme capable de tout pour les siens. Il n'hésite pas à braver l'interdiction de mon époux d'entraîner secrètement notre fille.

- Quoi? fit Lady Charlotte choquée. Mère... Vous saviez ?

- Je t'observe Charlotte, et j'ai pû voir ta musculature se développer plus que celle d'une jeune fille qui ne fait que de la broderie, dit-elle en riant à sa fille stupéfaite. Et je connais Sebastian depuis suffisamment longtemps pour savoir qu'il n'est pas homme à laisser sa nièce se dépêtrer avec sa nature.

- Vous êtes très lucide Madame, dis-je amusée de la stupeur de ma jeune maîtresse.

- Je vous remercie Annabelle mais n'espérez pas fuir vos essayages en me complimentant, fit-elle en riant.

Et je pénétrais donc en leur compagnie dans le commerce, après avoir remercié notre chauffeur au beau chapeau qui me souhaita une bonne journée. Ce n'était pas la première fois de ma vie que j'entrais dans ce genre d'endroit, ayant auparavant accompagné Lady Fullton, mais cela serait bien la première fois que j'allais être la cliente. Je ne pensais bien évidemment pas que mon ancienne maîtresse aurait rechigné à m'offrir de tels vêtements mais je n'en avais pas l'occasion. Les mesures, les essayages, toutes ces choses me génèrent énormément surtout devant mes maîtresses qui s'amusaient bien de la situation. Moi, j'avais énormément apprécié les petits gâteaux et le thé, offert par la maison pour une clientèle assez exigeante. Moi, surprenant le petit personnel, je n'arrêtais pas de remercier tout le monde pour toute chose faite. Au final, je m'amusais beaux mais je me figeai quand je réalisai immédiatement que j'étais bien la seule à acquérir une robe ce jour là, une magnifique robe d'un rose poudré qui serait donc confectionnée dans plusieurs jours.

- Madame, je ne pourrais jamais assez vous remercier, dis-je pour la dixième fois au moins lorsque Lady Mary paya.

- Vous aurez aussi l'argent des Hayworth, profitez, me fit Lady Mary gênante.

- Madame...

- Allez Ma tante, fit Lady Charlotte me choquant.

- Il est trop tôt Mademoiselle, marmonnai-je alors.

- Charlotte cesse de la gêner, fit sa mère.

- Car vous ne la gênez pas Mère ? demanda Lady Charlotte en riant.

- Demandons à la concernée..., proposa ma maîtresse.

Je regardai celle-ci avec honte et je dus confirmer de la tête. J'étais très gênée, il était trop tôt.

- Mesdames, fit alors notre chauffeur ouvrant la porte.

Je regardai notre chauffeur prête à le remercier quand je croisais son regard gris acier sous son béret. Un béret... Le chauffeur avait un chapeau. Je le savais parfaitement, j'étais habituée à fréquenter du petit personnel. Les Hayworth ne nous voyaient certes pas comme des objets mais prenaient il attention à ceux qui servaient sporadiquement comme les chauffeurs de voiture ? Quand je vis Lady Mary se préparer à monter, je la saisis brusquement par le bras. Ce geste si incongru l'alerta immédiatement et elle me fixa surprise.

- Madame... Ce n'est pas notre chauffeur, dis-je tout bas.

- Quoi? s'étonna Lady Mary.

Elle tourna la tête autour de nous et, faisant de même, je découvris plusieurs hommes vêtus de la même manière.

- Montez dans la voiture, fit l'homme derrière moi.

Je tournai la tête vers lui et il indiqua un couteau d'une assez bonne taille à sa ceinture. Lord Sebastian avait raison, Lord Hawkins avait bougé.

- Allez, fit un homme en poussant Lady Mary.

- Ne touchez pas à ma mère, s'énerva Lady Charlotte.

Je vis le regard horrifié de Lady Mary sur sa fille et je saisis donc celle-ci pour la calmer.

- Ne faites rien, dis-je alors. Ils ne savent pas.

- Vous comptez monter où je dois sévir ? demanda l'homme derrière moi.

- Ne manquez pas de respect à mes maîtresses, elles restent de comtesses, malotru, dis-je alors.

- Et toi non, alors si tu ne veux pas que l'on te manque de respect l'un après l'autre... On monte dans cette voiture, dit en m'horrifiant.

- Obéissons, conseilla Lady Mary.

Nous montâmes donc et je fus étonnée que Lady Mary reste aussi stoïque alors que nous prenions place.

- Lord Hawkins va vouloir défier Père, dit Lady Mary.

- Il paiera cela chèrement, dit Lady Mary outrée de son traitement.

- Qu'entendez vous par défi ? demandai-je tout bas alors que nous démarrions.

- Un défi lui permettrait de prendre notre place, m'expliqua Lady Charlotte. À la manière des Vicissiens.

- Mais il y a un énorme problème malgré tout, me fit Lady Mary.

- C'est à dire ? demandai-je sachant que la situation elle-même était déjà un gros problème.

- C'est le bras armé des Hayworth qui devra l'affronter, précisa-t-elle donc.

- Lord Sebastian ? demandai-je horrifiée. Mais il est très affaibli...

- D'où le problème..., marmonna Lady Mary en me laissant à ma détresse.


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Ndla: Je sais, les puristes me diront que Lady Mary est trop facilement capable d'accepter une bonne comme belle-sœur et je le conçois. C'est invraisemblable et plutôt impossible mais rappelez vous que les Hayworth ne sont pas humains et que donc, elle apprécie d'avoir une complice dans le secret. Elle ne pensait pas non plus avoir une belle sœur.


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