Le Secret des Hayworth

Chapitre 4 : PASSAGE EN VILLE

6615 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/01/2023 08:49

PASSAGE EN VILLE


Ma carrière au domaine des Hayworth commençait à me plaire. Je m'y sentais bien et je n'avais pas cru que cela arriverait aussi vite. Évidemment, les tâches diverses que je devais accomplir en tant que bonne étaient assez rébarbatives et surtout épuisantes mais elles ne me dérangeaient nullement. Évidemment, j'étais convaincue que c'était en partie grâce au nombre de domestiques qui me permettait chaque jour d'avoir des tâches différentes. Parfois je devais nettoyer les sols, d'autres fois faire briller l'argenterie, penser à allumer les feux dans les cheminées et surtout aérer aussi les pièces, faire les lits dans les chambres des maîtres si quelqu'un le demandait, cirer les meubles apportant ainsi une odeur de ciré à mes doigts, déplacer les tapis pour traquer la moindre poussière et tout ce qui pouvait m'incomber comme tâches diverses. Mais j'avouerai sans honte que c'était ma vie après mes journées de travail qui m'empêchait le plus de songer à mon passé et à mes merveilleux moments avec Lady Fullton. En effet, comme un rituel, nous les femmes de chambres passions presque toutes nos soirées ensemble à discuter dans une chambre ou une autre, toutes ensemble ou en plus petits groupes. J'ignorais totalement si c'était de la même façon que se retrouvaient les domestiques des autres demeures mais chez les Hayworth, c'était comme ça. J'avais également eu tout le loisir de discuter avec mes homologues masculins, uniquement à l'office bien évidemment, me permettant ainsi de sympathiser plus sérieusement avec certains d'entre eux. Ceux avec lesquels j'avais d'ailleurs noué le plus aisément un lien étaient Jack, Isaac et bien plus surprenant Carl. Pour les deux premiers, c'était évident que le rapprochement certains de nos âges facilitait cela, comme avec Ezra même si nous discutions bien moins. Par contre, je pensais que mon rapprochement avec Carl était simplement lié à un côté extrêmement protecteur, agissant avec toutes les bonnes comme avec sa sœur en fait. Mais je me sentais vraiment bien, de mieux en mieux chaque jour en réalisant que j'aimais être chez les Hayworth. Même avec mes nouveaux maîtres, et même si dans ce genre de relation le terme amitié serait quelque peu trop fort, j'avais pû entamer la conversation. Ce n'était pas avec les plus petits, ceux-ci ne parlant d'ailleurs pas beaucoup ce que je trouvais légèrement inquiétant quand même ; mais avec les enfants aînés, la discussion était plus facile. Il s'était avéré que Lors Henry aussi aimait lire et je l'avais d'ailleurs croisé un soir dans la bibliothèque qui m'était autorisée, juste avant de ne quitter mon service. Nous en avions profité pour parler de pièces de théâtre que je n'avais pu que lire au vu de mon statut. Avec Lady Charlotte, c'était réellement différent. En effet, la jeune maîtresse semblait estimer que j'étais déjà sa dame de chambre et me demandait des conseils sur ses tenues et coiffures, me parlait d'éventuels projets de bals, d'invitations à prendre le thé chez d'autres Ladies... Des choses qui ne concernaient que la fonction de dame de chambre, me donnant parfois l'impression que j'étais même une dame de compagnie. Il lui arrivait souvent de venir discrètement dans les pièces à l'intérieur desquelles je m'affairais pour entamer la discussion. Un matin, Lady Mary avait même surgi dans la pièce, me faisant croire que j'allais être sanctionnée pour avoir pris une petite pause mais que nenni, ce fut Lady Charlotte qui subit la réprimande pour empêcher les domestiques de travailler. Heureusement, la jeune Lady ne m'en tint nullement rigueur et en fait, je dirai même qu'elle s'en moquait totalement. Un petit sujet avait tout de même était extrêmement important depuis mon arrivée. Il me concernait bien évidemment mais surtout la personne que je comptais emmener avec moi lorsque le jeune maître m'offrirait mon cadeau de bienvenue. Certaines étaient devenues suppliantes comme Judith ou Agnes, même Winnifred espérait un peu que je la choisisse. Les plus âgées me proposaient juste d'être mon soutien mais en réalité, elles préféraient que j'emmène une des plus jeunes. Peut-être parce que je m'étais imaginée subir une sorte d'insistance ensuite mais mon choix s'était porté sur ma voisine de chambre. J'avais senti la tristesse des deux autres mais je savais déjà quoi faire pour y remédier. Le matin de notre jour de repos que nous avions forcément dû poser le même jour, je ne pus d'ailleurs nullement me reposer. En effet, l'erreur fatale était de l'avoir prévenue, j'y étais un peu obligée mais elle était en forme. D'habitude, c'était bien moi qui me réveillait toujours la première mais pas ce jour là. Et pour couronner le tout, elle m'avait réveillé en s'installant sur mon lit.

- Anna! fit-elle usant de ce qu'elle aimait utiliser comme surnom.

- Quoi? dis-je en sursautant encore quelque peu endormie.

- C'est aujourd'hui, me répondit l'inopportune amie.

- Bon sang, Agnes... Pourquoi me réveiller si tôt ? demandai-je consternée.

- J'étais trop impatiente, me répondit Agnes sans que le moindre doute à ce sujet ne m'habite.

- Bon, je vais me lever... Mais on prend le temps de manger quand même, marmonnai-je alors.

- Évidemment, fit-elle doucement. Je t'ai fait chauffer l'eau.

Je tournai alors la tête vers l'endroit prévu à cet effet dans la chambre et effectivement, l'eau frémissait dans la cruche. Au vu de la luminosité dans la chambre, je réalisai qu'elle m'avait un peu laissée dormir quand même. Nous allions pouvoir descendre pour la fin du repas. Je partis donc me cacher derrière le paravent pour m'occuper de mes petites ablutions, soupirant et baillant de fatigue malgré tout. Je me dépêchai quand même, craignant une remontrance de mon amie avant de lui céder ma place. Je me dirigeai donc ensuite vers mon armoire pour l'ouvrir et récupérer mes vêtements préparés la veille. J'enfilai d'abord mes bas les fixant avec les petites pinces en métal qui entouraient les cuisses avant d'enfiler mon jupon qui se trouverait sous ma jupe avant de nouer les petits rubans au-dessous de mes genoux. J'enfilai ensuite la longue jupe de couleur noire que j'allais porter. Ensuite, j'avais regardé avec dépit le vêtement que j'allais enfiler: un corset. Je m'étais souvent prise à penser que durant la régence, les femmes avaient la chance de ne plus les porter. Cependant, depuis le règne de la Reine Victoria, on avait eu la bonne idée de recommencer à ceintrer le corps à la taille et de l'avoir aussi fine que possible, signe plaisant aux hommes à ce qu'il parfait. Le corset était revenu à la mode mais désormais, nous avions des œillets en métal pour y faire passer les lacets, plus aucune chance qu'il ke se déchire. J'avais ma petite technique personnelle pour l'enfiler et le serrer, je ramenais simplement une longueur de lacer à l'avant. Je remarquai alors la sortie de derrière le paravent de mon amie qui me regarda.

- Attends, je vais le nouer, dit-elle en s'approchant.

- Ne serre pas trop, je n'aime pas être au bord de la mort, dis-je alors consternée.

- Mais pourquoi en mettre un alors ? Nous sommes domestiques, nuls ne nous jugera, me certifia Agnes.

- Agnes, nous serons accompagnées d'un membre de la noblesse, nous devons bien présenter, dis-je en expirant sous le serrage.

- Moi je conserve les bonnes vieilles brassières, m'avoua Agnes.

- Celles que l'on noue au dessus de la chemise de corps ? demandai-je au cas où.

- Oui, ainsi pas de soucis, me fit Agnes avec fierté.

Je préfèrerais garder le corset dans ce genre de situation, le corps maintenu permettait de conserver une position assez digne. Naturellement, par dessus le dit corset, j'avais enfilé une chemise blanche à laquelle j'avais noué un petit ruban noir autour du cou avant d'enfiler ma veste noire. Il faisait visiblement chaud dehors alors, je choisis de détacher mes cheveux. Agnes avait visiblement choisi de faire de même mais elle avait opté pour une tenue plus confortable, principalement une chemise colorée parme sur un jupe longue de la même couleur. Après avoir enfilé nos chaussures, nous descendîmes à l'office. Je craignais quelques moqueries pour m'être préparée si soigneusement mais je pus m'asseoir sans recevoir le moindre commentaire jusqu'au moment fatidique où Jack s'adressa à moi.

- C'est la première fois que je te vois en tenue de ville, cela te va très bien, me dit-il alors.

- Merci, dis-je en prenant un peu de thé.

- Et tes cheveux sont bien comme ça, dit-il ensuite.

Je m'étais alors sentie rougir à ce propos. Je n'étais pas réellement habituée aux compliments de la gente masculine, qu'ils soient sincères ou simplement polis, fréquentant assez peu les hommes. Je vis d'ailleurs une Agnes bien plus à l'aise pour assumer son physique que je ne l'étais.

- Le jeune maître a de la chance, fit simplement Jack avant de se lever et d'aller se chercher quelque chose à manger.

Je l'avais regardé s'éloigner complètement stupéfaite par ce dernier propos. Je tournai alors la tête, toujours assez ébahie du propos. Et là, retenant un petit rire et fixant sa tasse, je tombai sur une Sophronia ne sachant nullement où se mettre. Je la regardai fixement quand j'entendis le petit rire de son voisin, son frère Carl.

- C'est beau la jeunesse, fit simplement Carl avant d'être bousculé par sa sœur.

- Attendez... Vous croyez qu'il était sincère ? demandai-je surprise.

- Je le pense, avoua Sophronia par bien des aspects trop amusée de la situation.

- Mais... Je n'ai rien de... Je n'ai rien dit ou fait, insistai-je.

- Annabelle, fit alors Carl plus bas. Parfois c'est comme ça.

- Mais... Je n'ai aucun attrait, répliquai-je immédiatement.

- Tu te trompes et puis..., fit Carl avec un sourire. J'aurais dix ans de moins, je crois que je pourrais te faire la cour.

Dire que je devins rouge pivoine en fixant ma tasse serait un doux euphémisme. Je ne savais pas que je pouvais plaire à des hommes, je n'en fréquentais qu'un après tout, mon collègue Herbert qui était clairement plus dans un rôle paternel. Naturellement, j'avais déjà remarqué quelques regards, parfois insistants, de jeunes hommes de mon âge. Naturellement Jack était également jeune et je devais clairement avoir l'attrait de la nouveauté, Agnes étant largement plus belle que moi. Mais que Carl me fasse un compliment, cela je ne m'y étais pas attendu. Je relevai la tête vers lui et il pencha la sienne en souriant.

- Arrête, tu me gènes, dis-je alors en souriant.

- Je laisse la place aux jeunes hommes, dit-il en souriant de plus belles et en faisant rire sa sœur.

- De quoi parliez vous pour être aussi amusés? demanda Jack en s'asseyant.

- De la joie d'être jeune, fit Carl dont seul Jack ne put comprendre le sens du propos.

J'étais gênée mais je voulais faire quelque chose et, voyant Monsieur Caldwell regarder sa montre pour bientôt donner les fonctions, je me levai immédiatement.

- Veuillez m'excuser, dis-je en attirant l'attention. Sachant que je me rends en ville, j'aurais voulu savoir si vous aviez quelques commissions ou achats que je puisse faire pour vous tous?

- Nous donnerons les tâches du jour et ensuite chacun pourra y aller de sa petite doléance, pensez tout de même que ces jeunes filles sont en repos, annonça Miss Robbins.

Je souris à ce propos, attendant patiemment la fin de la distribution des tâches du jour, chacun recevant son travail pour la journée. Immédiatement après l'annonce, Myrtle s'assit devant moi avec une petite enveloppe. Je préparai alors mon carnet pour noter sa demande.

- J'ai mis de l'argent dans cette enveloppe et si tu n'es pas trop chargée évidemment..., fit Myrtle poliment. Pourrais-tu te rendre chez un marchand de tissus ?

- Je ne sais pas où il se trouve mais cela ne me gène pas, dis-je en souriant tandis qu'Agnes s'asseyait près de moi. Tu as une préférence ?

- J'aimerais deux mètres de tissus vert olive, me fit Myrtle en me tendant son enveloppe. Qu'importe le prix.

- Pas de soucis, deux mètres, dis-je en notant bien.

Je vis Myrtle s'éloigner et Permelia prendre sa place. Elle me demandait simplement de me rendre à la poste récupérer une lettre pour elle. Judith me donna un peu d'argent pour lui trouver un petit bijou, me faisant sourire et me disant que je donnerai un peu d'argent pour elle afi n de m'excuser de ne pas l'avoir choisie. Puis, avec étonnement, ce fut Winnie qui s'assit devant moi.

- Tu as besoin de quelque chose ma grande ? demandai-je alors.

- Je..., hésita Winnifred gênée. Tu pourrais m'avoir un peu de maquillage ? fit-elle si bas que j'eus du mal à l'entendre.

- Oui, bien sûr... Léger je suppose ? demandai-je avant de la voir hocher la tête de manière affirmative et chercher de l'argent.

- Laisse, je te paye cela, dis-je alors.

- Ho... Merci, fit-elle en se jetant à mon cou.

Cela attira l'attention de Madame Smith qui soupira, faisant rire d'autres personnes dans l'office.

- Winnie, si tu l'étouffes, elle ne pourra pas sortir, lança Carl en riant.

- Pardon, fit Winnie en rougissant et retournant travailler Je ne voulais pas lui faire mal tu sais, précisa-t-elle ensuite à Carl en souriant du bout des lèvres.

Voyant cela, je fus alors saisie d'un étrange doute. Je craignais que la toute jeune Winnifred ne veuille de beaux atours pour plaire à Carl. J'avais déjà remarqué qu'il était bien plus protecteur avec elle que les autres, son jeune âge avais-je pensé, mais peut-être celle-ci y voyait elle autre chose. Je vis alors Sophronia qui s'installa prête à passer commande.

- J'ai commandé un livre pour les jeunes maîtres et tu m'as précisé aller chez le libraire, il est payé et à mon nom, précisa Sophronia. C'est léger.

Je souris en notant avant que les hommes ne fassent de même. Isaac avait besoin d'un peu de cirage et Ezra de mousse à raser, pour raser quoi je l'ignorais encore mais peut-être espérait il que sa barbe pousse. Gideon me surprit plus que les autres en me demandant d'acheter des confiseries, pour lui qui était en réalité un très gros gourmand. Riant encore, je vis Carl s'asseoir en face de moi.

- Un rasoir, dit-il en me tendant de l'argent.

- Excuse moi Carl, mais je serai totalement incapable de choisir ce genre de fournitures, je n'y connais rien, dis-je alors.

- Donne mon nom, le barbier saura, avoua Carl en riant. Et puis tant que cela coupe...

- Oui, évidemment.

J'avais quand même été étonnée que d'autres ne me demandaient rien. Peut-être avait-il récupéré leurs propres affaires lors de leurs jours de repos qu'ils passaient en famille pour la plupart. Il ne restait plus beaucoup de personnes dans l'office.

- Lorena? Madame Smith? Vous ne désirez rien? demandai-je quand même.

- Et bien... Si tu trouves des épices indiennes..., marmonna Madame Smith.

- Des épices indiennes ? demandai-je stupéfaite. Vous vous en servez ?

J'étais surprise, je n'avais jamais rien senti de tel dans sa cuisine, ou alors n'avais-je peut-être aucun palais.

- Non, pas habituellement mais avec le Vicomte Sebastian qui revient, il vaut mieux en avoir, dit-elle pour s'expliquer.

- Le Vicomte aime donc la nourriture relevée ? demandai-je alors.

- Il aime tout ce qui brûle, fit Lorena devant sa casserole.

J'avais relevé la tête vers elle avec stupéfaction quand j'avais réalisé son ton plutôt éloquent. Était-ce une insinuation ou un aveu? J'aurais beaucoup aimé le savoir.

- J'ignore cependant combien cela coûte, marmonna Madame Smith.

- Dans le pire des cas, j'avancerai la somme Madame Smith.

- Et cela sera la demeure qui vous remboursera, fit Miss Robbins. Gardez donc le reçu.

- Bien compris Miss Robbins... Et vous-même ? demandai-je alors.

- Je ne désire pas profiter de votre gentillesse, dit-elle poliment avec un sourire touchant.

- Cela ne me gène pas Miss Robbins, ajoutai-je.

- Dans ce cas...

Pour quelqu'un qui ne désirait pourtant pas en profiter, elle avait plongé sa main dans sa poche pour en sortir une petite bourse et un papier manuscrit parfaitement plié.

- Qu'est-ce ? demandai-je intriguée.

- Une commande pour la mercerie, dit alors Miss Robbins. Si vous avez le temps d'y passer.

- D'accord Miss Robbins, dis-je en rangeant cela. J'y passerai ne vous inquiétez pas.

J'avais alors observé Monsieur Caldwell attentivement et j'attendais patiemment mais il ne semblait nullement désirer me demander quelque chose.

- Monsieur Caldwell, vous n'avez absolument besoin de rien? demandai-je en insistant.

- Je préfère que vous profitiez de votre jour de repos, me signifia Monsieur Caldwell.

- Cela ne me dérange pas, demandez, insistai-je immédiatement.

- Puis-je vous confier le courrier de la maison Hayworth ? demanda alors Monsieur.

- Ce serait un honneur, je ferai très attention, dis-je alors.

Et Monsieur Caldwell décida alors de me confier la petite pile de lettres, d'une dizaine environ, ainsi que de quoi payer l'affranchissement de ces mêmes lettres. J'avais donc bien des tâches à effectuer et l'idée d'ennuyer Lord Henry me traversa un peu. Je vérifiai immédiatement toutes les informations sur mon carnet ainsi que l'argent, tandis qu'Agnes ne s'en souciait nullement.

- Un maître dans l'office, fit alors Monsieur Caldwell.

Disant ces quelques mots, Monsieur Caldwell provoqua la réaction logique du personnel encore présent. Moi, comme tous les autres d'ailleurs, je me levai immédiatement par politesse, pour regarder quel membre de la famille Hayworth venait d'arriver.

- Vaquez à vos occupations, fit poliment Lord Henry en passant la tête. Ne vous souciez pas de moi, je ne fais que m'assurer de la présence de mes accompagnatrices du jour.

Je souris en l'entendant pendant qu'il nous observait. Je fis un simple signe de la main pour indiquer de patienter et je filai dans les réserves pour y récupérer un grand panier en osier. En revenant, je remarquai le beau costume gris du Lord ainsi que son chapeau.

- Si ces demoiselles sont prêtes à partir, nous dit-il alors.

- Nous le sommes, fit Agnes en m'incluant.

Je confirmai d'un hochement de tête et Lord Henry se dirigea vers la porte de l'office. Cela m'amusa un peu d'imaginer un Lord passer par les petites portes. Quelque peu éblouie par la lumière du soleil qui déjà répandait sa chaleur, je remarquai immédiatement une voiture avec un seul cheval d'une robe brune magnifique.

- Je vous présente Orville, je crois que vous ne le connaissez pas encore Annabelle, dit alors Lord Henry.

Je regardai immédiatement le jeune Lord avec circonspection avant de réaliser qu'il y avait un homme à côté du cheval. Cet homme semblait d'un âge avancé et portait un sacré embonpoint, sans doute renforcé par sa petite taille, ce dernier semblant même plus petit que moi.

- Et cette magnifique bête est Tourmaline, fit alors Orville.

- Puis-je m'en approcher ? demandai-je alors intéressée.

- Évidemment jeune fille, me fit Orville poliment.

Je m'approchai donc immédiatement du cheval, ou plutôt de la jument donc, pour la caresser doucement.

- Vous avez beaucoup de chevaux ici? demandai-je sur un ton assez bas pour ne pas effrayer la pauvre bête.

- Principalement pour la chasse, fit poliment Orville.

- Elle est magnifique, dis-je alors.

- Et vous verriez le mâle qui lui a déjà donné un poulain, fit Orville avec un sourire.

- Je passerai sans doute un jour aux écuries, précisai-je avec amusement.

Je tournai doucement la tête vers Lord Henry, me rendant compte qu'Agnes s'était déjà installée à l'intérieur. Lors Henry m'onservait avec amusement et je pris donc congé d'Orville pour m'approcher du Lord.

- Pardonnez-moi, j'ai peu l'occasion d'approcher de si magnifiques montures, dis-je gênée.

- N'hésitez pas à aller divertir Orville aux écuries, me proposa Lord Henry amusé. Cristalline est très belle aussi.

- Votre cheval je suppose ? demandai-je.

- Un véritable sucre, m'avoua Lord Henry avant de me tendre la main.

Je la pris délicatement, comprenant qu'il m'invitait à monter. Je m'étais ainsi installée pour profiter du transport offert par la jeune maître tandis que les conversations étaient plutôt faîtes pour meubler. Naturellement, nous prîmes le même trajet que lors de mon arrivée, rejoignant ainsi Havenport et son centre ville qui commençait à s'animer. Lord Henry, avec son éducation et sa politesse, nous aida à descendre.

- Je vais cependant devoir vaquer à quelques devoirs familiaux, nous annonça Lord Henry. Retrouvons nous dans deux heures ici même.

- Bien Monsieur Henry, dis-je alors en souriant.

- Bonnes affaires, lui fit Agnès.

Je regardai alors ma chère amie tandis que le jeune Lord s'éloignait tranquillement de nous. Elle me regarda avec méfiance avant de se mettre à rire.

- Je ne savais pas quoi dire, fit-elle amusée.

- Je t'avouerai que j'ignore totalement quelle formulation aurait pû correspondre mais le jeune maître a dû comprendre ton intention, dis-je en riant légèrement.

- Alors ma chère Anna, par quoi commençons nous ? me demanda Agnes avec avidité.

- Hmmm, réfléchis-je en ouvrant mon carnet. Je te propose d'aller directement au bureau de poste pour Monsieur Caldwell... Il doit être déjà ouvert et il risque d'il y avoir du monde.

- Je te guide ? demanda Agnes. Allez viens et puis on ira boire un thé, je t'invite.

- Ho c'est gentil mais je paierai les pâtisseries, dis-je touchée de l'attention.

Nous nous rendîmes donc au bureau de poste, je préférais en effet me débarrasser de cette tâche le plus rapidement possible, la peur de perdre le courrier sans doute. Juste à côté, se trouvait une mercerie qui me permit de m'occuper de la demande de Miss Robbins. Puis, avec beaucoup d'appréciation, j'avais dégusté mon thé si agréablement offert par mon amie. Nous vaquâmes également à toutes les demandes de nos chers collègues, pendant que je rayais chacune de celles qui avaient été effectuées pour ne rien oublier. Cela nous prit bien du temps mais naturellement, au bout d'un moment, je n'avais plus que la demande de tissus de Myrtle et la demande de Sophronia. Pour cette dernière, vu que mon cadeau de bienvenue serait choisi chez le libraire, cela sera fait en tout dernier. Je me trouvais donc chez la vendeuse de tissus, ayant déjà payé pour Myrtle et chargé ses deux mètres de tissus.

- Quel choix, dis-je quand même en regardant cela.

- Merci, me fit la vendeuse, nous en sommes très fiers.

Je regardai attentivement la dentelle et j'étais mue par l'envie prenante d'acheter quelques longueurs de cette matière pour m'essayer à la confection de gants, sachant que dans le type de demeure où je me trouvais désormais, les bals de domestiques me permettraient d'en profiter sachant pertinemment que le bal était assez calme chez Lady Fullton.

- J'aimerais vous prendre une longueur suffisante de cette belle dentelle pour confection des gants, demandai-je alors à la vendeuse.

- Bien sûr..., fit-elle en coupant soigneusement une longueur nécessaire.

Alors que je payais une somme loin d'être modique mais la matière le méritait largement, et qu'Agnes vantait également, mon regard fut attiré par quelques décorations pour broderie assez étonnantes.

- Qu'est-ce donc? demandai-je.

- Des ailes de scarabée pour broderie, fit la vendeuse. Très à la mode chez nos expatriés aux Indes mais rassurez vous, ces ailes tombent toutes seules, on ne les arrache pas.

On en apprenait réellement tous les jours. Nos achats sous le bras, ou plutôt dans le panier, nous nous rendîmes au lieu de rendez-vous avec Lord Henry et discutant tranquillement de tout ce que nous avions vu dans les commerces. Alors que nous approchions de la voiture, je réalisai que Lord Henry était déjà là, lisant un journal. Je me demandai si nous n'avions pas été trop longue et, en arrivant près de la voiture, je m'en excusai.

- Veuillez nous pardonner Lord Henry, dis-je poliment.

- Nous avons sans doute pris plus de temps que nécessaire, précisa Agnes sur un ton solennel.

- Je ne suis guère pressé, dit-il en souriant et repliant son journal. Prête pour votre cadeau Annabelle ?

- Oui, dis-je amusée. Je dois d'ailleurs également récupérer une commande pour votre fratrie.

- Sophronia est vraiment attentionnée, fit alors Lord Henry.

Tandis que nous parlions, je remarquai aisément le manque total d'attention de ma voisine. Je l'avais alors plus finement observée et elle faisait des signes de mains en souriant. J'observais discrètement pour savoir à qui ces signes étaient adressés et il s'agissait d'un jeune homme visiblement ouvrier. Agnes se retourna brusquement pour me dévisager.

- Tu verrais un inconvénient à ce que je ne vienne pas chez le libraire ? me demanda t'elle comme pressée.

D'un geste légèrement brusque, je l'avais tirée par le bras pour l'emmener un peu plus à l'écart du maître.

- Qui est-ce ? demandai-je sèchement.

- C'est Harold..., fit-elle alors très gênée. Mais pourquoi tu t'énerves?

- Agnes... Tu ne peux pas aller avec lui, dis-je alors. Je dois venir.

- Quoi? Mais non, pas besoin, dit alors Agnes stupéfaite.

- Tu n'as pas de chaperon, et puis toi et ce jeune homme vous semblez être..., hésitai-je un peu.

- Anna... Les chaperons, c'est pour les nobles..., marmonna Agnes. Je suis une fille de ferme.

- Mais Agnes... Et ta réputation ? dis-je alors.

- Tu crois que quelqu'un s'en soucie ? demanda Agnes. Et puis nous restons sages.

- Mais..., dis-je horrifiée.

- Promis... Mais ne dis rien à personne, dit-elle alors. J'ai pas envie d'entendre des blagues salaces.

- Agnes... Et moi? demandai-je alors me souvenant d'un détail.

- Tu trouveras bien quelqu'un, fit simplement Agnes un peu perdue par ma faute sans doute.

- Non... Enfin peut-être mais ce n'est pas la question, dis-je lassée. Je serai seul avec Lord Henry.

- Et? demanda Agnes.

- Lui est noble... C'est inconvenant ! dis-je consternée.

- Je dois rester alors? demanda Agnes visiblement extrêmement déçue.

- Mesdemoiselles, fit alors la voix d'Henry attirant nos regards. Je n'ai pu m'empêcher d'entendre vos conversations, si Agnes désire passer du temps avec son prétendant, laissez la faire.

- Mais nous serons seuls, dis-je choquée.

- Pensez-vous que je ne suis point assez éduqué pour me tenir d'une manière on ne peut plus convenable ? demanda alors Lord Henry.

- Non, je me doute que vous êtes initié aux règles d'étiquettes mais justement..., dis-je hésitante.

- Merci Lord Henry, fit alors simplement Agnes en s'éloignant.

J'avais envie de lui crier dessus si ce n'était pas aussi inconvenant que le reste. Je m'étais alors contentée d'observer le jeune maître avec beaucoup de gêne.

- N'avez vous nulles craintes vis-à-vis de votre réputation ? demandai-je alors.

- Nous avancerons sans nous toucher pour bien signifier que ce n'est que cela, précisa Lord Henry.

- Bon..., hésitai-je encore un instant. Si vous prenez cette décision en connaissance de cause.

La librairie se trouvant dans une autre rue, nous avançâmes côte à côte, sans nous toucher. J'étais plus occupée à observer les gens autour de nous et leur regard que réellement concentrée sur nos conversations. Je ne désirais point faire honte aux Hayworth et je faisais donc très attention à chacun de mes mouvements.

- Annabelle, détendez vous, me fit Lord Henry.

- Je n'arrive pas à croire qu'elle ait fait cela, marmonnai-je.

- Cela ne semblait pas préparé, précisa le jeune maître.

- Certes mais tout de même, marmonnai-je. Que diront leurs parents ?

- Je crois qu'ils se connaissent depuis plus longtemps que vous ne le pensez, me précisa Lord Henry. Mais oublions Agnes... Que pensez-vous de Havenport ?

- C'est assez exquis, fourni sans être aussi extravagant que pouvait l'être Londres, concédai-je au Lord.

- Londres est très agitée et plus triste aussi, me confirma Lord Henry.

- Effectivement mais c'est également une véritable fourmilière extrêmement bigarrée, assurai-je. L'échelle d'Havenport me semble suffisante pour une ville.

- Vous êtes moins gênée de notre solitude ? demanda Lord Henry en riant.

- Ne riez pas, imaginez que quelqu'un vous reconnaisse, lui affirmai-je alors.

- Qui voulez vous que...

- Henry? fit une voix bien haut perchée.

- Ho non..., grommela Lord Henry.

C'était exactement les mots qui me venaient. Je venais clairement de mettre Lord Henry dans une situation plutôt dérangeante et outrageusement gênante. Ma colère envers moi-même pour faire honte aux Hayworth ne devaient avoir d'égale que celle envers Agnes qui en était plutôt responsable. Je me retournai en même temps que Lord Henry pour voir arriver près de nous, dans une grandiloquence maniérée, une jeune femme en robe rose et tenant une ombrelle.

- Jane..., marmonna Lord Henry.

- Mais que faîtes vous à Havenport très cher et..., fit-elle en me fixant d'un air courroucé qui pourrait me valoir clairement la potence.

- Vous devez être Lady Swan, dis-je en penchant la tête. Honorée de vous rencontrer.

- Et vous êtes ? me demanda t'elle sans fioriture et sur un ton plutôt effrayant.

- Annabelle Rivers, dis-je poliment en ne sachant vraiment pas où me mettre.

- Rivers... Rivers... Les Rivers de Liverpool ? demanda-t-elle en fixant méchamment Lord Henry.

- Je... Je suis une domestique au domaine des Hayworth, dis-je alors sur un ton plutôt soumis.

- Une domestique ? fit-elle en perchant sa voix encore plus haut. Vous tombez bien bas Henry.

- J'accompagne Annabelle pour respecter la tradition des Hayworth, dit alors Lord Henry plutôt lassé.

- Ho... Cette tradition idiote est toujours en vigueur ? Les domestiques touchent déjà des gages, assura Lady Jane Swan.

- Jane...

- Les domestiques sont des domestiques, pas besoin de les considérer comme des membres de la famille, fit alors Jane Swan qui commençait un peu à me désappointer.

- Lady Swan, je connais ma place, dis-je poliment pour ne pas mettre Lord Henry mal à l'aise. Je suis très honorée d'être à leur service et de recevoir un cadeau. Cela est la seule raison de notre présence ici. N'ayez point de...

- Je me doute bien de cela, fit Lady Swan en m'interrompant. Il n'est point Lord Sebastian pour jeter son dévolu sur une vulgaire domestique tout juste bonne à frotter l'argenterie et ainsi se fourvoyer. J'espère que nous nous verrons prochainement Henry.

- Évidemment, marmonna Lord Henry.

- Tant mieux, j'ai rendez-vous avec ma préceptrice pour un cours d'étiquette et de danse. Voyons nous cette semaine... Au domaine Hayworth ? demanda alors Lady Swan avec intérêt.

- Au restaurant plutôt, avec votre préceptrice, précisa Lord Henry.

- J'attendrai votre carte, dit-elle en réponse.

- Lady Swan, dis-je en penchant la tête et comprenant qu'elle prenait congé.

- Henry, fit celle-ci en s'éloignant.

Je préférais presque être ignorée que d'être rabrouée. Mais Lady Swan n'avait nullement tort, ma place était dans l'office mais cela je le savais bien. Après tout je ne prétendais à rien d'autre que cela.

- Veuillez pardonner Jane, me fit Lord Henry.

- Il n'y a rien à pardonner, dis-je alors.

- Son comportement était désobligeant, m'affirma Lord Henry.

- Lord Henry, je suis une bonne et croyez moi, ce comportement est assez répandu. Je n'y vois aucun problème, dis-je simplement. Est-ce votre... Promise?

- Elle aimerait cela, mais il n'y a rien d'officiel, dit alors Lord Henry. Vous avez dit Lord...

- Je le sais, dis-je en souriant. Cela me semble mieux ici...

- Jane n'est pas si mauvaise, me fit Henry. Elle est juste... Superficielle.

Je regardai juste Lors Henry qui en semblait plutôt gêné. Visiblement, Lady Jane possédait des sentiments à son encontre qui n'étaient point réciproques. Nous reprîmes simplement notre marche en silence, Lord Henry semblant en effet quelque peu se reprocher la situation, du moins le pensais je. Je décidai immédiatement de changer de sujet mais je ne savais lequel. Et puis, je me souvins du propos de Lady Jane Swan et de la famille Hayworth également.

- Lord Henry? l'interpellai-je pour attirer un regard presque empli de gratitude. N'y voyez point de manque de respect mais il me semble que Monsieur le Vicomte est quelque peu à part.

- Oncle Sebastian? s'étonna Henry. Vous devez parler de nos propos lors de votre premier jour...

- Effectivement, lui signifiai-je. J'en suis un peu étonnée. Je vous connais vous et votre père et vous semblez si respectueux de l'étiquette.

Lord Henry me sourit pour me remercier de cela et il dû retenir un petit rire.

- Oncle Sebastian pourrait servir de contre exemple à la noblesse, dit alors Lord Henry. Il préfère voyager que les mondanités. Découvrir le monde. Il est très proche de ma sœur Charlotte parce qu'ils sont intéressés par tout ce qui existe autour d'eux. Il n'était âgé que de onze ans à ma naissance. Et je pense que cela l'a poussé à se différencier de nous.

- Et ces rumeurs sur les femmes..., demandai-je un peu honteuse cependant.

- Je sais que les pires choses circulent sur mon oncle, avoua alors Lord Henry.

- Elles sont fausses? demandai-je immédiatement comme espérant.

- Elles sont vraies..., marmonna Lord Henry. Mon oncle est un hédoniste dans tous les sens que l'on peut y donner mais son comportement avec les femmes est déplorables. Il les voit comme un amusement et peut faire tout ce qu'il imagine pour l'obtenir. Et qu'importe le statut de la femme.

- Il agit pareillement avec les femmes de la noblesse? demandai-je plutôt choquée.

- Elles sont plus attachées à l'étiquette, à l'apparence... Quand un homme comme mon oncle commence sa chasse, il peut réellement leur plaire.

- Ne prenez pas cela pour une injure Henry mais cette description me donne l'impression d'un homme décadent pour son statut, avouai-je alors.

- Et pourtant, pour sa famille, il est capable de tout, avoua Henry. Pour lui, il n'y a que les Hayworth et rien d'autre... Ho nous y voilà...

Je regardai donc la vitrine découvrant ainsi une librairie comme il en existe des milliers d'autres à travers le monde. Y pénétrant en compagnie de mon jeune maître, je me mis à en observer les rayons aux couvertures tantôt en cuir, tantôt en croûte, parfois rouges et d'autres fois noires... Et cette odeur, celle de l'encre et du papier, une odeur que j'adore par dessus tout. C'était le genre d'endroit où je pourrais passer une cie entière, peut-être le ferais-je le jour où je cesserai d'être une bonne.

- Regardez ce qui vous ferait plaisir Annabelle, je m'occupe de la commande de Sophronia, me précisa le jeune maître.

Quel choix il y avait, des auteurs classiques anglais comme étrangers, des auteurs plus récents, des essais également et un choix si vaste que j'en étais perdue. Peut-être ne l'étais pas tant que cela car je m'étais dirigée vers ce coin sous le panneau "romans féminins". Ce terme légèrement péjoratif ne signifiait nullement de la simple littérature romantique, cela en serait surprenant ; non, cela signifiait tout simplement écrit par une femme. Comme si une femme ne méritait pas d'être rangée parmis les hommes. Quelle ineptie que ce temps. Et là, mon bonheur me tendait des bras faits de feuilles, de paragraphes et de caractères d'imprimerie. Un exemplaire tout beau et tout fraîchement imprimé de Pride and Préjudice, de l'auteur Jane Austen que j'avais découverte grâce à son roman Emma. J'aimais beaucoup ce style, et je voulais en lire plus. Et puis, soudain, mon regard fut attiré par un autre roman tout aussi intéressant. Wuthering Heights, d'Emily Brontë me tendait également les bras, m'appelant pour m'inciter à lire ce livre qui avait attiré mon attention parce qu'une critique dans un catalogue chez Lady Fullton en était plutôt élogieuse. Un bien cruel dilemme s'offrait à moi. Une œuvre plus simple mais peut-être plus amusante ou quelque chose de plus animal. Je regardai ces deux œuvres avec circonspection et j'hésitais longuement.

- Annabelle... Avez-vous trouvé votre bonheur ? me demanda alors Lord Henry.

- J'hésite beaucoup entre ces deux livres, dis-je alors. Vous connaissez ?

- Je suis plus attirés par les œuvres théâtrales comme William Shakespeare ou encore Molière, me fit Lord Henry. Je ne suis pas trop fiction.

- Ho..., dis-je tristement.

- Annabelle... La maison Hayworth peut vous offrir un de ces deux livres, dis-je alors.

- Mais justement, je ne sais lequel, dis-je sachant que je n'avais guère assez de monnaie pour m'offrir le second à cause de la dentelle précédemment achetée.

- Je vous offre personnellement le second, pour le désagrément avec Lady Swan, me fit Lord Henry.

- Je ne puis accepter, dis-je choquée, touchée mais surtout gênée.

- Si vous le pouvez ou je risque de m'en vouloir, fit Lord Henry.

Et ainsi, nul choix ne fut fait mais ma jeune domestique que j'étais repartis vers le manoir Hayworth les bras lourds avec la conviction que le jeune maître de la demeure était quelqu'un de bon mais surtout quelqu'un qui méritait bien mieux que cette Lady Swan. Je repartais aussi l'esprit intrigué par le fameux vicomte mais toutes ces préoccupations furent bien vite oubliées quand mes yeux se portèrent sur les premières lignes de mes nouvelles acquisitions me transportant ailleurs...




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