La Vie d'Antoine

Chapitre 5 : Chapitre cinq

2657 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 25/11/2022 16:13

Un temps assez frais s'abat sur la capitale auvergnate.


Les nuages sont blancs et le soleil ne transparaît pas à travers leur opacité.


Antoine, malgré ce temps déprimant pour une personne normalement constituée, rêve d'un peu de pluie et de parler d'amour avec sa chère et tendre. Selon ses goûts d'homme tombeur, la pluie est un temps romantique. Comme dans les films, il veut rattraper sa belle et poser ses lèvres roses sur les siennes avant qu'elle ne parte définitivement.


Voilà un beau cliché de comédie romantique bien à la sauce française. 


Antoine s'en moque que ce cliché soit pathétique. Il se moque de beaucoup de choses, mais si il peut en faire une réalité alors où est le problème ?


Il regarde la page Instagram de Marion comme tous les jours dans l'espoir qu'elle ait posté une nouvelle photo d'elle ou de ses amis filles comme garçons. Ou alors une nouvelle Story à la limite, mais c'est le silence radio sur cette page très féminine. La dernière photo de Marion est un dessin de papillon sur son poignet. Très réussi, ce papillon, d'ailleurs. 


Alors comme à chaque fois puisque sa présence et ses caresses chastes lui manquent, il embrasse doucement l'écran de son téléphone là où s'affichent ses lèvres maquillées en s'imaginant que ce soit elle. C'est assez froid, mais ça satisfait Antoine. 


Il est actuellement en boxer dans son lit, avec sa couverture sur son corps pour le couvrir du froid. Il est encore un petit peu malade mais moins qu'il y a quelques jours. Il s'était évanoui, avait vomi le peu qu'il avalait, avait un petit peu plus que quarante de fièvre… son amie Sarah a insisté pour l'emmener voir un médecin des urgences mais il a répondu que ça n'était pas nécessaire. Ça ne sert à rien de faire le mâle alpha quand on n'est qu'un beta, mais il ne veut pas que la pauvre femme ait une charge en plus sur ses épaules.


Il regarde le doux visage de Marion et ferme les yeux, prêt à s'endormir à nouveau paisiblement pour les dix prochaines heures. Il admet avoir passé ses journées à dormir au détriment de son travail et de sa vie sociale mais c'est pour guérir. 


Il entend sa sonnette retentir et bon sang il n'a pas envie de lever son joli cul pour voire à travers l'oeillet qui cela peut bien être.


La sonnette retentit de nouveau.


Encore.


Et encore.


Et le rythme va de plus en plus vite. 


La personne est insistante et Antoine sait que ce n'est pas son amie car il lui a clairement dit de ne jamais sonner quand il est dans un état comateux. 


Le son répété commence à sérieusement l'énerver et il finit par se lever et par enfiler un pantalon pour tituber péniblement jusqu'à la porte d'entrée de son appartement.


Il regarde à travers l'oeillet et voit avec soulagement que ça n'est pas un harceleur quelconque — ou Cassandre — mais plutôt sa petite-amie qui appuie frénétiquement avec un visage adorable sur le bouton de la sonnette.


Il pousse un souffle et se met à sourire légèrement, la fatigue poussant son visage à ne pas faire trop d'efforts. 


Antoine finit par ouvrir la porte et le visage de Marion s'illumine en le voyant. Son grand sourire charmant faiblit légèrement en voyant l'état désastreux dans lequel il est. 


Il a des cernes qui plongent jusqu'au centre de la Terre à force de trop dormir, une barbe pas rasée de plus de trois jours qui semble piquer au contact d'un doigt, un haut inexistant et pour finir des cheveux totalement en bataille comme dans ses années plus jeunes quand il avait l'habitude de sortir faire la fête, en boîte de nuit, danser et enfin coucher sans lendemain avec les hommes et les femmes. 


Sa libido même à vingt-six ans crève le plafond et ça ferait de lui un animal en rut si jamais il était à la préhistoire. 


Il fait l'effort de sourire un peu plus quitte à ce que son visage tiraille et il prend les mains de Marion dans les siennes. 


– Hé, toi.


– Salut mon Antoine ! elle lui dit de sa voix enfantine avec un petit rire. Un doux rose vient peindre son visage et il se penche en avant — très en avant — pour embrasser son front. 


Il renifle avec son nez bouché l'odeur de ses cheveux brun foncé ondulés et soupire par la bouche.


Marion a changé en l'espace de deux mois : ses cheveux sont longs jusqu'à plus que le milieu de son dos, son visage a l'air de s'être affiné et ses yeux semblent pétillants de joie de vivre. 


En somme, elle est en meilleur état que lorsqu'il l'a empêchée de commenttre l'irréparable en janvier. 


Il est content de s'être inquiété à temps, sinon qui sait ce qu'il lui serait arrivé à lui.


Mais le plus important est Marion, sa vie passe avant la sienne c'est évident. Il donnerait sa vie pour ses élèves si une tuerie comme de celle de Columbine venait à se produire.


– Ça va ?


Il la regarde droit dans les yeux pour s'assurer que pendant ne serait-ce qu'une seule milliseconde cette étincelle qui l'anime ne s'éteint pas. 


Elle lui affiche son sourire le plus adorable et avec une sincérité hors du commun, elle lui répond tout en quittant le creux de ses mains pour les poser sur sa poitrine nue. Elle se met sur la pointe des pieds puisque ses talons de deux centimètres ne permettent pas de le rattraper plus que cela et pose son oreille au niveau de son cœur battant la chamade.


« Je suis presque guérie, mon Antoine. C'est grâce à toi que je vais en partie mieux » elle ronronne contre lui. 


Antoine passe sa main dans ses cheveux et fait glisser entre ses doigts épais les longues mèches brun foncé. 


Marion soupire et son souffle frais chatouille la peau claire de son amant. Il frissonne et l'attire à l'intérieur. 


En posant sa valise et son sac à main près du canapé, Marion ne remarque pas la tête que fait Antoine.


Il fixe, plisse les yeux, se mord la lèvre et enfin pose son index et son pouce sous son menton pour mieux se concentrer. En partiels de mathématiques il faisait la même tête ridicule.


Mais avoir une expression faciale digne d'un clown de cirque mal payé l'aidait très sincèrement à réfléchir à un problème, une situation, peu importe !


« Pourquoi », vous demandez-vous ? 


Antoine se dit que ce pull lui est familier mais qu'il n'a jamais vu Marion avec alors qu'à chaque fois qu'elle reçoit un nouveau vêtement elle le lui montre. 


Et c'est là qu'il se souvient de la matinée où ils ont dû chercher un pull mieux que celui qu'on lui avait volé.


– Je rêve ou bien c'est mon pull que tu portes ?…


Marion se relève soudainement et le regarde légèrement surprise. Elle baisse les yeux et cache sa bouche derrière ses mains cachées sous les manches du pull vert foncé douillet. 


– Hé bien oui. Je te l'ai volé et je comptais te le rendre. Il m'a bien servi déjà.


– Je peux le récupérer moi-même.


Elle ne comprend pas son point. 


Antoine l'attire jusqu'à la salle de bains et une fois arrivés devant le miroir du lavabo, il se place derrière elle et pose doucement ses mains sur ses hanches. Il lutte contre l'envie d'éternuer et caresse jusqu'à ce qu'il trouve l'ourlet du pull avec le bout de ses doigts.


– Continue de regarder notre reflet, chérie.


Ses doigts s'aggripent au coton et son autre main tâte la boucle de la ceinture sur la taille de Marion pour commencer à la défaire dans le plus grand des calmes. Ses yeux fatigués regardent sur la vitre le visage de l'adolescente en train de lutter. 


Il renifle et la boucle finit par tomber dans sa main. Le pull trop grand pour elle reprend sa forme initiale et il passe la main sous le pull, la froideur indescriptible titillant les terminaisons nerveuses alors que c'est à peine si sa peau est en contact avec la sienne. 


Les cuisses de Marion commencent à trembler et elle soupire alors que son ventre se contracte sous sa main. Celle qui tient la ceinture la pose et passe entre ses jambes pour caresser l'intérieur et l'entrejambe tendrement. 


Elle soupire et il mord son cou, toujours attentif aux réactions qu'elle peut avoir.  


La grande main d'Antoine sous le pull va plus haut et il malaxe son sein. Les ongles courts creusent légèrement la chair rebondie et titillent le bord du soutien-gorge. 


Marion rejette la tête en arrière et Antoine prend le temps de passer ses lèvres ainsi que sa langue sur la courbe légèrement élastique. Il mordille, lèche, suce et embrasse avec ses lèvres roses.


Les petites mains de Marion viennent se poser par-dessus le vêtement, à l'endroit où se trouve la main en train de lui faire un petit massage. Elle souffle sa candeur et ses yeux, toujours rivés sur le miroir, se ferment l'espace de quelques secondes, toute gênée de la manière dont il la fixe.


Antoine embrasse sa joue et son visage fait l'effort de sourire plus.


– Marion, ouvre tes paupières.


La jeune adolescente s'exécute et voit sa pathétique expression faciale. Sa bouche est légèrement ouverte pour laisser s'échapper des gémissements faibles, ses yeux sont entrouverts et humides, son visage est rouge pivoine et les mains d'Antoine peuvent être vues en relief sous le pull vert foncé.


– C'est gênant à regarder…


– C'est ce que je vois quand je te fait l'amour.


Elle frissonne à la main qui passe sous son soutien-gorge et aux doigts réchauffés qui viennent pincer son mamelon.


Antoine lèche son lobe et avec ses deux mains, en ayant assez de la taquiner, retire le vêtement douillet de son petit corps tout fin. 


– Tu es gêné parfois en me voyant ? elle demande alors que ses cheveux s'ébouriffent et que sa colonne vertébrale frissonne du froid qui vient envahir son corps.


– Jamais.


Marion cache sa poitrine avec ses mains et Antoine lui embrasse la joue.


– Tu veux aller dans la chambre ?


Il lui tend la main et ensemble ils s'en vont rapidement jusqu'à ladite pièce.


[...]


Antoine se retire de son amante.


Elle est sur le ventre, ses fesses relevées et son visage plongé dans l'oreiller alors qu'elle est rouge pivoine et que des gouttes de transpiration coulent le long de son visage chauffé. 


Il s'allonge sur le dos et Marion fait de même, fatiguée d'un long voyage en train et d'un rapport sexuel dans diverses positions.


La vie est simple, elle a juste à mettre en pratique ce qu'elle a appris à son entrée dans cette vie de débauche et de plaisirs éhontés. 


Aucun d'eux ne regrette ce qu'ils ont vécu.


Antoine éternue dans son coude et il souffle de frustration d'être toujours aussi malade. Marion pose sa main sur son front moite et il sent sous qu'il est brûlant contrairement à elle qui a juste chaud de tant d'efforts. 


Elle l'a chevauché, il l'a prise en cuillère puis a fini en levrette.


C'était un petit peu plus rude comme lors de certaines nuits mais au moins ça lui a plu. Il a tiré son plaisir du sien, et savoir qu'elle a réagi d'une certaine manière à ses mouvements, à son toucher, à ses baisers… ça le rendait fou !


Marion embrasse ses cheveux et retire sa barrette papillon de sa longue chevelure ce qui a pour effet de relâcher toute cette épaisse chose de sa prise. Elle s'allonge encore une fois et pose sa joue contre son cœur qui bat appaisé. 


– C'était fou… 


– Oui, comme à chaque fois, Mar !


Elle rit et il se mord la lèvre en le regardant. Elle est belle, avec ses cheveux dans tous les sens et son rouge à lèvres qui a fini par s'effacer un peu par les bisous langoureux.


Le professeur de mathématiques tousse et lutte contre l'envie de vomir. Plus jamais il ne fait l'amour en étant dans un état aussi faible. C'est à peine si quand il bougeait ses hanches en rythme avec celles de Marion il restait éveillé. 


– Putain ça m'a fatigué de faire ça avec toi.


Marion glousse comme une enfant et passe son bras autour de son torse. Elle respire calmement et Antoine se dit qu'il a de la chance de l'avoir dans sa vie. Après deux mois à ne pas se voir, il lui est agréable d'etre en sa compagnie. 


Il pose sa main contre la sienne et la serre. 


– Tu es malade. Tu m'a laissée en plan pendant des jours.


Il s'étouffe et la regarde assez gêné.


– C'est pour ça que tu es venue depuis Vichy ?


Elle arrête toute trace de son sourire et le regarde avec une expression si vide qu'il peine à déchiffrer ce que son âme peut bien penser.


Elle se met sur ses coudes et son nez pointu touche le sien. 


Antoine déglutit.


– Je m'assurais juste que tu ne couchais pas avec ton amie Sarah.


Antoine sent une pointe de colère lui crever le cœur.


– Tu es sérieuse, Mar ? C'est plus le genre de Cass de tromper ! Et puis Sarah était une fille avec qui j'ai eu plusieurs rendez-vous et aventures quand j'avais vingt ans et qu'elle était prostituée… aujourd'hui c'est du passé.


Il voit le visage de Marion se décomposer et elle a l'air sur le point de fondre en larmes. 


– Tu l'aimes plus que moi ? Tu te soucies plus d'elle que de moi ?


Antoine baisse les yeux sur son ventre.


– Non. Bien sûr que non. 


Il doit vraiment apprendre à fermer sa grande bouche quand il s'agit de sa petite-amie. À chaque chose qu'il articule elle semble si affectée… Au début après l'avoir empêchée de mourir il faisait attention à absolument tout. Puis il s'est mis assez à l'aise et s'est relâché.


– Tu as senti qui vient de te faire l'amour comme si tu étais reine ? 


Elle devient rouge. 


– Alors ne pose pas ce genre de question, d'accord ?


Elle se penche et embrasse ses lèvres.


– Et si je t'offrais un rendez-vous galant, très cher petit Antoine ? Quelque chose que je fais pour toi. Tu as juste à te reposer au lit.


Antoine prend sa joue en coupe et caresse sa pommette tendrement. 


Soudain, son téléphone se met à sonner et il sort de sa petite bulle d'amour, de paix. 


Il regarde vite fait et voit que c'est le petit nom de son amie Sarah qui apparaît. 


« C'est Sarah » il lui dit.


– Décroche, ça ne me dérange pas.


Il le fait, légèrement flippé par cette réponse qui semble façonnée de manière à sonner naturelle alors qu'elle est fausse.


– Oui ?


« Antoine !! » crie Sarah à son oreille. Il éloigne le petit appareil et regarde son âme sœur le fixer avec curiosité infantile.


– Que se passe-t-il ?


Sarah sanglote.


« Je suis virée à cause de toi ! »

Laisser un commentaire ?