La Vie d'Antoine

Chapitre 6 : Chapitre six

1919 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 26/11/2022 17:15

Sarah a un regard complètement vide alors qu'elle ressort avec lui du bureau d'Émilien. C'est officiel, elle est virée de l'établissement. 


Antoine pensait, alors qu'elle babillait des choses incompréhensibles et incohérentes entres ses sanglots et ses larmes, que c'était pour une raison ridicule. Par exemple, il pensait que le patron avait des doutes sur leur relation et qu'ils étaient plus qu'amis : amants d'un jour ou pour toujours. Ou alors que c'était parce qu'il ressemblait à un harceleur à venir juste pour parler avec Sarah au point de la déconcentrer.


Elle était souvent rouge en face de lui, avec ses regards chargés d'un sentiment qu'il connait et ses tics corporels. 


Là, il est probable qu'elle le déteste à vie. 


La raison de son licenciement est simple, vraiment très simple.


Il ne savait pas, jusqu'à son passage dans le bureau d'Émilien pour tenter de sauver de son amie d'un retour à son ancienne vie, que des caméras ont été très récemment installées. Il ne savait déjà pas qu'il n'y avait pas de caméras de toute façon quand il avait vingt ans. 


Il a été humilié de voir comment sa situation a été montrée. 


Il s'est vu frapper un homme puis se faire embrasser. 


L'homme n'a apparemment pas porté plainte mais il sait qu'à cause de son impulsivité il a mis Sarah dans de beaux draps.


– Espèce de sale con ! jure Sarah alors que le vide de ses yeux se fait remplacer par une colère noire. 


Elle le regarde droit des les yeux et il peut voir à quel point elle le hait.


– Je suis désolé.


– « Désolé » ? Tu parles, ouais ! Tu es tout sauf désolé !


Sa joue lui pique et sa tête se tourne si brusquement vers la gauche que son cou craque et brûle. Il ne s'est pas attendu à ce qu'elle le gifle, ni même qu'elle commence à l'insulter, à lui prendre la tête… 


– Crois-moi je le suis ! J'ai juste essayé de t'aider mais tu es aussi coupable, je te signale.


Le visage de Sarah commence à se fixer dans une expression qu'il n'est pas sûr de connaître. Un mélange de haine et de désarroi. Un mot pas encore inventé pour celà.


– Ma faute ? Je voulais juste rapporter plus d'argent pour ma mère ! 


Antoine se met à avoir un haut le cœur. 


Il est peut-être malade comme un chien mais toute cette situation ne l'empêche pas d'avoir un sourire narquoi et de la regarder avec un haut mépris non dissimulé. Elle recule d'un pas, sa hauteur la domine et il la tient par les épaules pour se pencher. Son dos se courbe, son front et son nez touche le sien, et de loin comme de près on dirait qu'il s'apprête à l'embrasser tendrement sur les lèvres. Mais c'est uniquement pour lui chuchoter au bord des siennes : « Et tu dois faire la pute pour l'aider ? Si jamais elle l'apprend elle te renie espèce de stupide conne ! ».


Sarah s'éloigne de lui avec un pas en arrière. 


De ses yeux bruns commencent à couler des larmes salées et chaudes.


Antoine réalise son erreur et lui prend la joue en coupe pour la faire le regarder. Elle le fait mais ne semble plus sur la même longueur d'onde que lui. Du tout. 


– Un dernier verre avant de se quitter ?


[...]


Antoine ne veut pas que son amitié avec Sarah se termine. 


Il a essayé de l'aider.


Et a échoué. 


Au final Sarah est sûrement mieux avec son métier de prostituée des rues. 


Il la fait entrer dans son appartement et l'invite dans le salon. Pendant qu'elle s'installe dans un silence de mort, il en profite pour regarder où se trouve sa petite-amie. Alors il regarde partout, dans la chambre, dans la salle de bains, sur le balcon… mais elle n'est pas là. Ses affaires le sont pourtant. Elle a rangé sa valise sous le lit, donc logiquement elle et toujours présente à Clermont-Ferrand.


L'homme de vingt-six ans va dans sa cuisine pour tirer un tiroir rempli d'alcool rangé à l'horizontal et de haut en bas du moins fort au plus fort. 


Il a vraiment envie de tout oublier de ce midi désastreux. 


Il regarde sa montre et voit qu'il est une heure passée.


Il ne sait pas ce que peut bien faire Marion à Clermont-Ferrand sans lui et décide donc de l'appeler. 


« Oui ? » ii entend à son oreille.


– Mar je peux savoir où tu es ?


Elle glousse et avec un petit « arrête » inaudible ell lui répond : « Arthur est de passage ici pour voir sa tante, alors il m'a proposée de venir passer du temps avec lu ! ».


Arthur ?


Comme Arthur Bouvier le connard qui lui a demandé de coucher avec lui ?


Apparemment.


Antoine se sent jaloux mais ne laisse rien transparaître. 


– Rentre bientôt, d'accord ? Je t'aime.


« Moi aussi je t'aime… » elle lui dit derrière le téléphone et raccroche aussitôt.


Antoine se sent tellement impuissant alors que l'information « Marion et Arthur » se met en place dans sa tête.


Il pensait avant aujourd'hui qu'elle a arrêté de lui parler, qu'elle le déteste et le méprise. Mais non ! Ils sont redevenus amis et il est sûr que sur son Instagram se trouve une nouvelle photo d'eux deux. 


Il grimace, tousse et éternue puis agrippe la bouteille de Get 27 par le col. La bouteille déjà entamée car achetée récemment, il retire facilement le bouchon de liège et l'apporte à Sarah sur la table basse. La bouteille est posée et elle le regarde incertaine.


– Quoi ? il demande, l'air contrarié. Tu n'aimes pas ?


Sarah ajuste la position de ses jambes et elle regarde au sol. 


– Si, bien sûr. 


Antoine part chercher deux verres en verre et les pose sur la table avec un regard injecté de frustration.


– Allez, buvons pour oublier.


Il verse le liquide frais et piquant dans les verres et il trinquent avec un sourire timide avant de boire lentement leur première gorgée sans quitter leurs yeux de l'autre.


[...] 


Antoine commence à se sentir légèrement bourré. Il tient très bien l'alcool — ses origines allemandes jouent bien leur rôle — mais un truc aussi fort que du Get 27 après six verres… ça commence à être le bazard dans son corps et dans sa tête.


Mais il y a pire que lui.


À côté, appuyée contre son épaule et en train de rigoler bêtement se trouve Sarah, bien plus ivre que lui sur tous les points. 


Leur visage est rouge, leur odeur naturelle a été échangée contre celle de l'alcool et c'est à peine si ils tiennent debout. C'est pour ça qu'ils sont avachis sur le canapé en tissu gris. 


C'est étrange d'être ivre à deux heures de l'après-midi mais bon… si c'est la dernière fois qu'ils se voient autant en profiter. 


Les mains de Sarah attrapent une cigarette et elle commence à la fumer tranquillement, pas gênée de la flamme du briquet qui caresse son pouce. 


Antoine a tellement chaud qu'il a été obligé de retirer le pull que Marion lui a rendu et de retirer ses chaussettes pour s'aérer un peu. C'est efficace mais plus il boit plus il transpire des gallons et rougit. Sa vue même avec ses lunettes le fait halluciner et il se demande parfois si il est vraiment en train de boire au point d'être ivre mort presque avec son bientôt ex-amie Sarah. 


Il est en fait devenu trop ivre pour s'en soucier réellement. 


Il tire lui aussi une taf de sa cigarette et rigole avec Sarah pour… il ne sait pas trop pourquoi. 


Les mais de Sarah viennent retirer son haut orange arrêté au nombril et Antoine tousse en voyant sa poitrine nue. Ça fait longtemps qu'il ne l'a pas vue, et ça lui fait un effet de nostalgie qu'il ne peut pas expliquer. 


– Putain remet ton haut espèce de petite pute ! il lui dit d'une voix cassée avant de rire aux éclats. 


Sarah se pose sur son ventre gras et lui dit complètement à l'ouest : – Si tu l'as enlevé je peux bien. Ce ne sont que des seins, ils ne vont pas te tuer !


– SI ! il lui hurle avant de pouffer de rire. 


Sarah tire une taf de sa propre cigarette et ferme les yeux.


– Ça fait du bien d'être aussi complice avec toi.


Antoine comprend à peine alors qu'il pousse sa tête loin de lui pour reprendre une gorgée de son verre. 


La porte s'ouvre et des pas petits et légers se font entendre. Ils semblent se déplacer jusqu'à eux et Antoine est tout content de voir sa jolie Marion arriver enfin. 


Elle les regarde sans comprendre pendant ce qui semble être de longues secondes et après coup, en les voyant torse nu et dans un état d'ébriété assez avancé elle réalise. Son visage prend une expression attristée.


– Alors c'est pour ça que tu voulais que je rentre tôt, hein ? elle demande d'une voix lente et empreinte à une sorte de trahison.


– Mar viens boire avec nous !


– Mar ? C'est ta copine ? Putain elle a l'air d'avoir dix-huit ans ! s'exclame la femme de vingt-cinq ans. 


Antoine, malgré son état, lance un regard à sa belle demoiselle et elle semble comprendre.


– J'ai justement dix-huit ans. 


Antoine hoche la tête en toute discrétion et tapote la place sur ses genoux pour que Marion puisse s'y installer.


Elle boit directement dans le verre d'Antoine et sans un mot, avec juste les bras d'Antoine pour la couvrir. Sa main vient caresser sa joue et il l'attire doucement contre lui afin que son dos soit contre son torse large. Elle glappit et se met à rire. Il embrasse sa nuque sous les yeux curieux de Sarah et pose sa tête contre son épaule.


– Tu aimes le Get 27 ?


Elle termine sa gorgée et se met à sourire avec le peu d'alcool qu'elle vient d'ingurgiter. 


– C'est frais. J'adore !


Il laisse un peu de mou dans ses bras et elle se ressert un peu de liqueur. 


Antoine caresse sont petit ventre sous les yeux de Sarah et il ferme les yeux. L'odeur douce de Marion est comme une drogue des plus rares pour lui : elle sent le bois neuf et le sucre en poudre. 


Il se sent fatigué, mais d'un côté excité par la femme de sa vie en train de boire ses meilleures gorgées. 


Il commande un Uber et le paie pour Sarah afin qu'elle rentre chez elle en sécurité et amène Marion dans la chambre. 


Même sous l'emprise de l'alcool assez fort — vingt-et-un pourcents ça n'est pas rien — il parvient à amener Marion au septième ciel. Elle est au-dessus de lui, ses hanches larges en train de le chevaucher alors qu'il a vue sur son dos. Il est allongé et sent chaque mouvement de retrait sur son pénis couvert du préservatif. 


Il finit par jouir avant Marion, et il s'endort directement après.

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