L'Ame des Anges: Incarnation

Chapitre 18 : Conseil de Guerre

7829 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 31/10/2022 09:28

Chapitre 18

Conseil de Guerre


Je t’invoque, car tu m’exauces, ô Dieu ! Incline vers moi ton oreille, écoute ma parole ! Signale ta bonté, toi qui sauves ceux qui cherchent un refuge, Et qui par ta droite les délivres de leurs adversaires ! Garde–moi comme la prunelle de l’oeil ; Protège–moi, à l’ombre de tes ailes, Contre les méchants qui me persécutent, Contre mes ennemis acharnés qui m’enveloppent.


Livre des Psaumes, Chapitre Dix-sept, Versets Six à Neuf.

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Quelques jours plus tard, Mary n'en pouvait plus d'attendre. Savoir qu'une menace capable de faire déplacer un archange, même si elle n'avait aucune véritable habitude à cette hiérarchie, se profilait à l'horizon ; cela avait bien tendance à la faire angoisser plus que nécessaire. Nina et Lelahel lui avaient plusieurs fois rappelé d'avoir l'air naturelle, calme ou encore détendue, Mary n'y arrivait pas vraiment, ce qui restait compréhensible. Elle faisait l'effort mais elle était complètement inquiète. Ses cours, elle les suivait calmement, sans faire de vagues et sans réellement participer. Cela avait un peu éveillé les soupçons de son entourage mais elle savait désormais donner le change. La seule personne à qui elle s'en voulait réellement de mentir, c'était en réalité Cameron. Elle s'en voulait de dire qu'elle devait composer avec ses parents, mais cela, c'était extrêmement logique pour lui. Elle avait donc saisi cette occasion pour lui signifier qu'elle préférait ne pas le voir dès que possible, le temps que ses parents s'habituent réellement à l'idée. Par gentillesse, et sans doute pour ne pas la brusquer un peu plus, il avait fait l'effort de comprendre. Cependant, elle adorait ses petits messages du soir. En effet, chaque soir depuis le repas, il lui envoyait une photo de la progression du portrait et cela, c'était clairement fait pour la rendre encore plus amoureuse. Elle se surprenait elle-même dans ces séries de messages, tout simplement parce qu'elle était encline à le réclamer, lui comme ses câlins et ses baisers. Elle avait même eu l'audace de lui envoyer une photo d'elle en short et simple débardeur pour savoir si cela allait lui plaire. La photo en boxer qu'il lui renvoya la fit alors rougir. Mais ces petites sessions, c'était bien la seule chose qui pouvait encore la détendre. Et même en ce mercredi, à l'heure prévue pour le rendez-vous, et à l'endroit prévu, son stress ne diminuait pas.

- J'en ai marre d'attendre, marmonna Mary à la table d'un salon de thé.

Un rendez-vous dans un centre commercial... Pour Mary, c'était vraiment une mauvaise idée mais les anges semblaient parfois planer et pas uniquement grâce à leurs ailes. Comment pouvaient-ils imaginer que se cacher là était une bonne idée ? Mary était une adolescente après tout et où vont les adolescents dans leurs temps libres? Et tout cela l'avait obligée à se vêtir de manière extrêmement moche, avec un sweat à capuche difforme qui lui permettait de cacher son visage avec la dite capuche mais également un pantalon informe. Le parfait ensemble pour avoir l'air d'une rejetée. Elle attendait que Lelahel et Nina viennent la chercher, dans le même corps forcément, et pendant ce temps-là, elle fixait son environnement. Elle avait fait exactement pareil dans son lycée, comme si l'être humain possédé allait hurler quelque chose comme " Vive Satan" et se dévoiler. Il était évident malgré tout que c'était totalement stupide, personne ne ferait cela, pas même un Prince Infernal. Après tout, cela se résumerait à signifier sa présence. Elle entendit des pas derrière elle qui se rapprochait rapidement et allaient dans sa direction. À force d'entraîner ses sens, elle commençait à s'adapter à ce concept et il lui semblait bien avoir saisi le truc. Désormais, elle arrivait même à reconnaître les pas de ses proches, ses parents et ses amis principalement vu qu'elle les fréquentait chaque jour. Ces pas semblaient léger, une personne mince sans doute et visiblement féminine. Elle serra le poing par méfiance et réalisa que la personne arrivait près d'elle.

- C'est moi, dut alors chuchoter Nina.

Mary, qui l'avait très clairement entendue, soupira tant elle était rassurée et se retourna. Elles avaient eu la même idée et se dire qu'une mannequin pouvait porter des tenues aussi moches était risible ou plutôt le serait dans l'éventualité où ce choix ne s'était pas imposé par sécurité.

- Salut, fit discrètement Mary.

- On ne reste pas là, fit alors Nina. Viens avec moi, on va au parking.

Mary paya quand même ses consommations et suivit son amie après avoir laissé un bon pourboire.

- Lel demande si personne ne t'a suivie, lui précisa Nina.

- Personne... Pourquoi elle te laisse les commandes ? demanda alors Mary.

- Éviter de réagir si elle remarque quelque chose, lui précisa alors son amie. Cela te stresse ?

- Non, avoua Mary. Ça m'a juste surprise...

- Ils sont habitués à réagir aux émanations, moi je pourrais faire comme si de rien n'était, développa rapidement Nina.

Ensemble, elles rejoignirent l'immense parking couvert du centre commercial et Mary se rendit compte qu'elle ne savait pas quel type de voiture pouvait conduire Nina. Ce fut avec étonnement qu'elle arriva devant une petite mini noire.

- Tu conduis ça ? s'étonna Mary.

- Bah oui... Enfin celle-là je l'ai louée mais à New York oui, précisa Nina surprise.

Connaissant désormais la notoriété de son amie et surtout le montant des nombreux contrats qu'elle avait déjà signés, merci internet ; Mary avait tout simplement imaginé Nina conduire une Porche, une Lamborghini ou même une Ferrari. Bien évidemment, elle savait pertinemment que son amie redistribuait une grosse part de ses contrats à de nombreuses associations mais quand même.

- Tu t'attendais à une voiture luxueuse ? demanda Nina amusée.

- Ben oui en fait, fit Mary gênée.

- Je vis à New York, une pointe de vitesse... C'est dans les films et franchement, une Mini pour se garer c'est tellement plus simple, avoua Nina en ouvrant sa portière. Vas-y monte.

Mary obéit et réalisa que Nina observait son environnement. Elle se demandait si elle devait faire de même mais Nina montait déjà et elle la rejoignit à l'intérieur.

- Y avait personne ? demanda Mary.

- Non, Lel ne pense pas en tout cas... Ça va ? demanda quand même Nina.

- Je suis complètement en stress depuis dimanche..., marmonna Mary.

- D'ailleurs... Quand tu as dit que tu étais avec ton petit ami... Je n'ai rien interrompu ? demanda Nina.

- Non! Enfin des câlins... De simples câlins très sages, précisa Mary.

- Donc tu as un petit ami, précisa Nina en démarrant.

- Oui... Cela avance doucement mais il a rencontré mes parents, avoua Mary.

- Ho donc c'est assez sérieux, fit Nina en quittant le parking.

- C'est le début..., précisa Mary. Mais Maman a insisté...

- Et ça c'est bien passé ? demanda encore Nina.

- Ça c'est passé nous dirons, avoua Mary.

- Oui je vais lui dire..., fit Nina qui devait parler à Lelahel. Elle te rappelle que ta nature...

- Doit rester secrète, l'interrompit Mary. Merci je ne suis pas stupide.

- Elle ne voulait pas être désobligeante, assura Nina. Elle te demande de l'excuser.

- C'est rien... C'est juste que Melo insiste en boucle... Ho d'ailleurs ! fit Mary en sortant son sac.

Elle ouvrit son petit sac à dos et sortit de celui-ci trois grosses serviettes, dévoilant au fond du sac Melo qui avait été empaqueté.

- Heureusement que je n'ai pas besoin de respirer, fit ce dernier en sortant du sac.

- Tu l'as caché ? demanda Nina surprise.

- Je préfèrerais éviter qu'il n'intervienne ou ne parle, assura Mary. Au cas où...

- Je suis confiné dans sa chambre, assura Melo.

- Il vaut mieux... On ne sait pas qui est cette entité, précisa Nina. Et reste caché aussi, au cas où l'entité serait dans un policier.

- Tu crois qu'il peut s'en prendre à mon père ? demanda Mary soudainement paniquée.

- Non, mais on ne sait jamais... Je t'assure, selon Lel, l'entité ne doit même pas savoir qui tu es, précisa Nina.

- Ha bon? Pourtant c'était dans la presse, une adolescente s'en sort miraculeusement, marmonna Mary.

- Ça arrive, ce n'est pas toujours une incarnation, précisa Nina. Et puis, rien n'émane de toi.

- Rien? Comment ça rien ? demanda alors Mary surprise.

- Je ne te l'avais pas dit parce que cela ne servait à rien mais quand on passa de l'hôte à l'ange, on laisse une petite émanation, expliqua Nina.

- J'avais jamais remarqué, précisa Mary.

- Parce que tu n'es pas habituée..., fit Nina. Bon alors...

Mary la vit sélectionner une destination dans son Gps et se se rendit compte que c'était vers la zone des entrepôts de Godbless. Mary regarda attentivement Nina qui regardait partout.

- Je vais être face à un archange, quel honneur, fit Melo avec empressement.

- Tu n'en as jamais rencontré ? demanda Mary.

- Les grigoris n'ont pas le droit de fréquenter les archanges, précisa Nina. C'est comme ça...

- C'est moi ou franchement le paradis c'est assez sectaire ? demanda Mary consternée.

- Je t'avoue que ça me surprend aussi, avoua Nina. La plupart des chérubins ne fréquentent que des chérubins, pareil pour les séraphins... Cela m'étonne encore.

- C'est dingue... À croire qu'il n'y a que le statut qui compte, marmonna Mary.

- Depuis la chute, les interrompit Melo, les castes sont réellement séparées, au cas où un supérieur essayerait également de trahir.

- Et en plus il y a de la paranoïa, fit Mary étonnée.

- Nul n'aurait jamais cru que Samael puisse trahir les autres, avoua Melo. Surtout lui.

- Je comprends, fit simplement Mary. Mais j'ai énormément de mal à comprendre que personne ne s'intéresse aux grigoris... Vous faites de tout au paradis non?

- Effectivement, fit Melo. Mais il en existe...

- Des archanges ? demanda Mary intriguée.

- Une... Une ancienne, fit simplement Melo.

- Tu parles d'Harael? demanda alors Nina sans hésitation.

- Oui... Elle était réellement intéressée par ce qu'il advenait de nous, une maîtresse d'une bonté énorme, fit alors Melo.

Mary sourit en voyant l'émotion chez Melo. Et elle était heureuse de savoir que quelques archanges savaient s'occuper des grigoris et puis soudain, elle réalisa réellement le propos de Melo.

- Attends une seconde, fit Mary en le regardant. Tu étais au service de cette Harael?

- Effectivement... Je suis même né de ses émanations angéliques, précisa Melo. Seuls mes états de service m'ont protégés de la destruction après... Après sa punition.

- Ho je suis désolée pour ta maîtresse, fit alors Mary en touchant le grigori avec douceur.

- Merci, fit poliment ce dernier.

- Et c'est donc pour ça que tu sers pour la première fois, fit Nina. Sur terre du moins.

- Oui, ils espéraient que je comprenne la leçon de ma maitresse, fit alors Melo.

Mary regarda Nina qui grimaça également. Visiblement, elle n'était pas la seule hôte complètement effarée de leur comportement.

- Donc tu as aussi connu son compagnon ? demanda Nina en s'engageant dans une allée sombre.

- Oui, un valeureux guerrier comme ma maitresse, précisa Melo. Il a fini par m'apprécier.

- Je suppose que lui aussi subissait tes nombreux commentaires? demanda Mary en riant.

- Je ne faisais que donner mon avis sur Monsieur Cameron, précisa Melo. Un simple avis constructif.

Constructif... Il fallait le dire vite. Mary remarqua alors sur l'écran du Gps, l'arrivée prochaine du véhicule à sa destination. La destination en elle-même n'était guère des plus reluisantes. Il s'agissait en effet d'un très vieux hangar qui, au vu des nombreux moteurs présents le long de sa façade, devait contenir à une certaine époque des chambres froides. Mary regarda vers sa conductrice et réalisa immédiatement le changement.

- Bonjour Lel, lui dit-elle poliment.

- Bonjour Mary... J'espère que tu es prête ? demanda-t-elle calmement.

- De toute façon, je n'ai pas trop le choix n'est-ce pas? demanda Mary en posant sa main sur la poignée de la portière de la voiture de location.

Elle appuya doucement sur le loquet d'ouverture et poussa la porte avant de sortir doucement de la voiture. Elle fut alors saisie d'une étrange impression. Quelque chose était dans l'air, quelque chose d'assez oppressant. Entendant la portière côté conducteur, ou conductrice dans le cas présent, elle se tourna vers son interlocutrice assez inquiète. Melo semblait à l'aise tandis qu'il se posait sur le capot.

- Lel... C'est quoi ça ? demanda Mary en faisant un simple signe.

- Cette atmosphère tu veux dire? demanda Lelahel.

- Ce truc oppressant... Rassure-moi... On doit pas affronter ce Prince ? demanda Mary soudainement extrêmement inquiète.

- Non, ce que tu sens, ce n'est que la pression angélique du Seigneur Raphael, précisa Lelahel.

- Quoi ? fit Mary choquée. Mais au Paradis...

- Là-bas, tout n'est qu'émanation angélique. Sa pression se noie dans le reste, développa Lelahel comprenant d'avance la question.

- Wahou... C'est dingue, marmonna Mary.

- D'où le fait que la plupart restent au Paradis, même si ils sont incarnés, précisa Lelahel. C'est d'ailleurs pour cela que ce Prince doit avoir utilisé une autre méthode. Viens. Reste près de moi.

- À tes ordres, fit Mary. Melo, en silence s'il-te-plaît.

Celui-ci conforma d'un battement d'ailes et confirma ainsi son acceptation de l'ordre. Mary remarqua rapidement que Lelahel se dirigeait vers une porte d'entrée et elle la suivit rapidement. Elle restait cependant sur ses gardes, la pression ayant tendance à la rendre méfiante. Mary pénétra donc dans le bâtiment, suivant Lelahel comme son ombre. Le bâtiment était assez délabré comme le confirmait les nombreuses fissures et en plus, il devait également avoir été squatté à de bien nombreuses reprises. Le sol était jonché de déchets en tout gente, qu'il s'agisse fe canettes ou d'emballages de nourriture mais également de nombreux documents polycopiés ayant dû faire partie du matériel de bureau lorsque cette usine était en état de fonctionnement. Lelahel semblait savoir où se rendre et Mary ne posa pas la moindre de question mais finit par sursauter.

- Ho mon dieu !!! fit-elle en se réfugiant contre un mur.

- Quoi? fit Lelahel en bondissant sur ses pieds pour se mettre sur ses gardes.

- Un rat! fit Mary en montrant quelque chose du doigt qui avait déjà disparu.

- C'est tout? demanda Lelahel.

- Il était gros comme un chien! se défendit Mary.

- Alors évite d'écouter le bruit que produisent les cafards, précisa Lelahel en reprenant son chemin.

- On pouvait pas être reçu dans une maison, marmonna Mary en retenant un frisson de dégoût.

- Pour Raphael, cela serait compliqué à justifier, tu t'en doutes, précisa Lelahel en rappelant l'apparence de garçonnet.

- Ha oui... C'est vrai, réalisa Mary.

Mary continua de suivre Lelahel dans ce dédale avant d'arriver devant un très vieil escalier en bois. Mary l'observa et fut rapidement convaincue qu'à lui seul, il pouvait être très dangereux. Naturellement, Lelahel désirait passer par là, sinon ce ne serait pas marrant sans doute. Mary, plus méfiante posa sa main sur la rambarde pour monter mais à peine avait-elle posé sa main dessus et pris également appui qu'elle semblait se décrocher.

- Dire qu'on laisse ça dans cet état, marmonna Mary.

- Pardon ? demanda Lelahel en se retournant.

- Non rien laisse tomber, marmonna Mary.

Elle se retourna par acquis de conscience et son petit grigori était toujours là, volant silencieusement, ce qui n'était pas plus mal. Mary continua donc de suivre Lelahel dans l'escalier et réalisa qu'ensemble, elles étaient arrivées dans ce qui devait être le couloir réservé à l'administration et la direction de l'ancienne société. Lelahel devait vraiment savoir où elle allait car elle tourna à gauche sans aucune hésitation. Mary se contenta de se laisser guider et passa devant plusieurs portes. Selon les différents écriteaux métalliques et particulièrement rouillés, elle passa devant la comptabilité, le service juridique et également le service communication. Elle réalisa cependant assez rapidement que Lelahel se dirigeait vers la grande double porte avec son écriteau : SAL E DE RE NION. Elle se demanda tout de même où pouvaient être passée les deux lettres manquantes et surtout où pouvait bien se trouver l'intérêt de récupérer ce genre de choses.

- Bon, allons-y, lui fit Lelahel.

- Après toi, lui concéda Mary.

Lelahel poussa alors la double porte et dévoila l'intérieur de la pièce à Mary. Il s'agissait tout bêtement d'une salle de réunion, mais en même temps c'était indiqué dessus. Une simple salle de réunion comme il en existait des millions dans le monde même si les meubles semblaient pourris, les peintures écaillées et les détritus plus que nombreux. Pourtant, il y avait bien une chose qui dénotait : un petit garçon. Elle reconnut immédiatement l'hôte de Raphael et fut saisie de stupeur. Il était penché sur un cahier et s'amusait à changer de crayon de couleur pour colorier l'intérieur.

- Mesdemoiselles, leur fit poliment Raphael.

- Seigneur Raphael, fit poliment Mary comme Lelahel.

- Installez vous, je finis ceci, fit Raphael en grognant.

Mary ne put s'empêcher de faire le tour pour venir admirer ce que faisait Raphael. Un simple coloriage de Père Noël dans son atelier, le genre qui demandait une couleur par numéro.

- Vous coloriez? demanda Mary surprise.

- Oui, mon hôte a quand même des devoirs à faire... Les humains sont bizarres, marmonna Raphael.

- C'est normal d'avoir des devoirs, c'est comme cela que nous apprenons, lui concéda Mary. Bien évidemment je me doute que pour quelqu'un comme vous cela doit être lassant.

- Ce n'est pas tant lassant que stupide, marmonna Raphael en changeant de crayon.

- Mais en quoi? demanda Mary.

- Changer pour chaque chiffre, quel idiot a eu cette idée, fit Raphael.

Mary regarda le garçonnet pourtant si important et eut un immense fou rire. Cependant, Raphael semblait vexé et la dévisageait totalement.

- Est-ce si drôle ? demanda le garçonnet.

- Seigneur Raphael... Les enfants humains colorient tous les mêmes chiffres d'une seule traite. Ils ne changent pas en avançant sur la ligne, précisa Mary.

Raphael regarda alors Mary et le dessin, l'une après l'autre. Il venait de se rendre compte que les enfants humains possédaient de base une chose dont il avait manqué : de la logique.

- Est-ce réellement autorisé ? demanda Raphael.

- Évidemment, fit Mary.

Cela en aurait été tellement risible si il ne devait pas annoncer quelque chose d'horrible. Mary retourna près de Lelahel et remarqua aisément qu'elle était passée sur la personnalité de Nina car elle retenait un rire.

- Quel procédurier, fit Nina tout bas.

- Pourquoi s'être embêté ? demanda Mary choquée.

- Va comprendre..., fit Nina en rigolant.

- Je vous entends, marmonna le petit garçon.

Ce fut encore plus dur de se retenir de rire. Mary fut détendue de tout son stress accumulé juste avec cette situation. Et regarder un haut dirigeant du Paradis ranger ses crayons de couleurs avec une telle maniaquerie fut le coup de grâce.

- Bien, installez-vous, fit Raphael.

Ni une ni deux, Mary comme Nina ou plutôt Lelahel, s'assirent et patientèrent tandis que le petit garçonnet se mit à faire les cents pas.

- Chère Mary, je vais devoir vous expliquer quelques détails avant d'entre dans le vif du sujet, précisa Raphael.

- Ho d'accord..., fit Mary étonnée. Je... Je vous écoute.

- Bien, j'avais demandé expressément à Lelahel de ne pas vous signifier certains détails, précisa Raphael. Il s'agit du processus d'incarnation.

- J'ai vaguement compris que même vos hôtes détruits, vous pouvez vous réincarner à nouveau..., précisa Mary en se remémorant au maximum.

- Effectivement, répondit Raphael. C'est essentiellement parce que nos émanation angéliques restent suffisamment persistantes. Même l'hôte détruit, nous retournons au Paradis où nous entrons cependant en un très long sommeil.

- Mais est-ce le cas pour vous également ? demanda Mary.

- Les archanges ne restent en sommeil que quelques décennies mais oui, avoua Raphael. Mes Déchus dépendent du même système car leur nature originelle reste celle d'un ange.

- D'accord..., marmonna Mary.

- Ce que peu savent, enchaîna Raphael, c'est bien le fonctionnement du cycle.

- Je suis désolée mais...

- Je comprends, vous partez avec un handicap avec cet ange enfoui, l'interrompit Raphael. Le cycle comprend et le choix de l'hôte mais également l'endroit.

- L'endroit ? demanda Mary surprise.

- Oui, ce que la plupart des chérubins ignorent, c'est qu'ils s'incarnent dans des hôtes car dans l'environnement de ces derniers, quelques troublent sont ressentis, précisa Raphael.

- Si je suis bien... Cela veut dire que si je sers d'hôte c'est parce qu'il se passe quelque chose à Godbless, réalisa Mary. Cela veut-il dire que si j'étais par exemple à Austin... Je serai morte?

- Et bien c'est envisageable, répondit Raphael avec honnêteté. Naturellement ce sens du sacrifice aurait pû être récompensé.

- D'accord... D'ailleurs toujours aucune idée de qui est en moi ? demanda Mary.

- Malheureusement non, mais nous verrons cela ensuite, fit Raphael. Mais il semble que c'est bien parce qu'il y a un cas de possession à Godbless que vous vous êtes... Réveillée.

- Lel...Enfin, Lelahel m'avait précisé qu'il s'agirait d'un prince? demanda Mary en regardant cette dernière.

- Oui, effectivement, répondit Raphael.

- Mais pourquoi posséder et ne pas s'incarner ? demanda Mary. Juste pour gagner des décennies ? Parce que je suppose que si il possède, il ne subit pas la même chose...

- Vous supposez très bien, fit Raphael visiblement impressionné. Et ce n'est pas pour gagner des décennies mais bien parce que s'incarner avec ce statut, ou même celui d'un archange, cela ne se fait pas à la légère.

- C'est à dire? demanda Mary choquée. Vous c'est un enfant ?

- Peu d'être aussi pur existe mais mon hôte représentait la bonté, il aurait pû faire de grande chose en tant qu'humain, il fut malheureusement victime d'un simple accident domestique, expliqua Raphael.

- Ho d'accord, fit Mary. Désolée ?

- Merci pour lui, fit Raphael. Et cela complique bien plus pour eux.

- Ils doivent s'incarnent dans quelqu'un de très mauvais ? demanda Mary.

- Oui, des gourous de sectes avec suicide collectif, tueurs en série, violeur en série, dictateur ou maître de guerre... Gengis Khan fut d'ailleurs un hôte de Baal, le Prince des massacres.

- Ho... Je...

- Vous pouvez dire impressionnant, vous avez même rendu l'un d'eux extrêmement célèbre : Vlad Tepes l'empaleur.

- Dracula ? s'étonna Mary qui connaissait quand même ce personnage de fiction.

- Belzébuth, avoua Raphael.

- Ho bon sang..., marmonna Mary.

- Et donc, ici, posséder est visiblement plus pratique, expliqua Raphael. Personne ne sait comment ils font ça, et le savoir nous aiderait.

- Mais... Pourquoi vous me demandez à moi? demanda Mary. J'ai très peu de pouvoir... Même pas d'ailes...

- Parce que malheureusement, nous ne pouvons réellement approcher l'enceinte du lycée de Godbless, fit Raphael.

- C'est un lycéen ? demanda Mary.

- Nous ne savons pas, avoua Raphael. Mais par le passé de nombreux possédés avaient votre âge. Peut-être est-ce plus simple...

- D'accord... Je dois donc enquêter ? demanda Mary.

- Discrètement..., avoua Raphael.

- Seigneur Raphael... Quel prince possède un humain ? demanda Lelahel.

- Selon nos informations, et elles sont aussi fiables que d'habitude, précisa Raphael. Il s'agirait d'Asmodée.

Mary regarda Lelahel et elle semblait effrayée. Elle ignorait qui était Asmodée mais cela semblait mauvais. Elle réalisa également qu'il existait un service de renseignement au Paradis. Elle se demanda même si cela signifiait que des déchus informaient le Paradis directement.

- Excusez mon ignorance mais... Qui est Asmodée ? demanda Mary.

- Asmodée fut l'ange qui apporta le savoir aux humains, précisa Raphael. Il fut l'un des plus proches partisans de Samael. Il avait été rapidement convaincu que... Copuler avec des humains pourrait engendrer une progéniture surpuissante.

- Attendez... Il voulait faire des enfants aux humains? demanda Mary. Ce serait pas les Nephilim ?

- Vous connaissez ? demanda Raphael.

- J'ai lu des choses dessus sur Cross... C'est un réseau social, précisa Mary. Et eux... Je crois que ce sont des géants chez les personnes de religion hébraïque...

- Le terme géant ne correspond pas vraiment mais il s'agit d'humains détenant quelques pouvoirs angéliques. Des géants dans le sens puissant, précisa Lelahel pour aider Mary.

- Mais... Il y en a réellement ? demanda-t-elle paniquée.

- Nous... Nous les avons exterminés, précisa Lelahel. Il y a bien longtemps.

Mary regarda son amie consternée, ignorant réellement que les anges étaient une véritable armée.

- Asmodée est depuis connu comme le Prince de la luxure et de la manipulation, fit Raphael.

- Pardon ? s'étonna Mary.

- Euh... Le sexe, fit Raphael.

Mary écarquilla les yeux. Elle avait déjà compris mais entendre un petit bambin parler de sexe était étrange. Elle réalisa par contre qu'effectivement, des adolescents bourrés d'hormones, c'était bien pratique.

- J'avais compris, avoua Mary. Mais...

- Asmodée utilise les fluides corporels pour maintenir son essence dans la victime de possession, avoua Raphael.

- S'il-vous-plaît... Pas de détails, fit Mary.

- D'accord... Je comprends que cela puisse être extrêmement gênant, fit Raphael.

- Et je gère cela comment moi? Je dois me dévouer pour piéger quelqu'un ? demanda Mary consternée.

- Nous avons convoqué quelqu'un, grommela Raphael. Il devrait arriver... Rapidement j'espère.

Mary regarda Raphael choquée et observa Lelahel. Elle semblait mal à l'aise. Elle se demandait bien qui était l'invité. Elle réalisa alors qu'elle entendait un sifflement au loin. Quelqu'un sifflait dans le bâtiment.

- Et en plus cet imbécile prend son temps, marmonna Raphael.

Mary reconnut l'air de cette chanson. Elle était choquée. Elle l'avait déjà entendue évidemment, grand classique que c'était et souvent diffusée dans les classements des meilleurs chansons. Cet ange qui arrivait était simplement en train de siffler I Want Your Sex de Georges Michael. Elle regarda la porte d'entrée avec appréhension quand elle s'ouvrit. Alors la jeune fille découvrit un prêtre d'une vingtaine d'années, beau comme un mannequin et avec de très longs cheveux noirs. Il posa avec nonchalance sa main sur la porte se se pencha en avant dévoilant des yeux gris derrière des lunettes de soleil.

- Vous étiez impatient de me voir? demanda l'homme.

- Tu sais lire l'heure ? s'énerva Raphael.

- Ho c'est bon le nabot... Je buvais un verre, se défendit le nouveau venu.

Mary regarda vers Lelahel pour être sûre d'avoir bien entendu et visiblement, elle avait bien entendu.

- Comment Il a pu te confier une telle tâche espèce d'irresponsable!!! s'énerva Raphael.

- Faut vivre en humain... Ce monde est si bon..., fit l'homme avec nostalgie.

- Mary, laisse moi te présenter l'archange de la Mort, celui qui sait ce qui se passe en enfer et comme au Paradis, commença Lelahel. Le seul être autorisé à passer d'un monde à l'autre... Une sorte d'observateur. Voici l'archange Uriel.

Mary, réalisant qu'il s'agissait du fameux blagueur qui lui avait valu des ennuis, se leva poliment.

- Enchantée Seigneur Uriel, fit Mary.

- Toi t'es la petite mignonne qui possède un ange légèrement feignasse hein? fit Uriel avec un sourire.

- Euh..., marmonna Mary choquée.

- Et plutôt particulier, grommela Raphael. Tu te rends compte de ce qui se passe au moins?

- Ben un ancien frangin vient faire le crétin sur Terre, pas le premier et pas le dernier, fit Uriel.

- Une éternité à te supporter... DEVIENS SÉRIEUX !!!! s'offusqua Raphael.

- Dommage que tu t'incarnes en gosse... Je te dirai de baiser un coup, fit alors Uriel en s'approchant de Lelahel.

- Tu es un archange !!! s'énerva Raphael.

- Et toi Lelahel... Ton hôte est toujours aussi canon, fit Uriel.

- Seigneur Uriel, il y a une jeune fille ici, fit Lelahel consternée.

- Je sais je dois d'ailleurs m'entretenir en privé avec elle, fit Uriel en la regardant.

- Quoi? fit Mary horrifiée.

- Vous avez peur? Pas besoin, fit alors Uriel d'un air qui semblait indiquer le contraire.

- Euh bah... Non, marmonna Mary en cherchant du secours du côté de Lelahel. Je suppose...

- Qu'elle est mignonne, allez venez, fit-il soudainement en se dirigeant vers la porte.

- Uriel... Tiens toi bien, grommela Raphael.

- Et toi mange tes petits pois... Ha! fit Uriel visiblement vainqueur.

- Je le hais mais je le hais..., grommela Raphael alors que Mary suivait Uriel.

Cet être était pourtant supposé être un archange mais il lui rappelait étrangement son propre petit ami. Un tel comportement la choquait encore plus de la part d'un être tel que lui et malgré tout elle allait devoir se tenir en sa présence. Il la guida dans le couloir sifflant encore cet air extrêmement gênant. Il ouvrit une porte, celle du comptable et l'invita à entrer.

- Installez vous confortablement, inutile de rendre cela désagréable, fit Uriel en la regardant.

Mary se contenta de déglutir avant d'entrer. La pièce était petite et aussi délabrée que le reste de l'usine. Cependant, les chaises ne semblaient pas avoir été détruites et elle put s'installer sur l'une d'entre elle, juste face au bureau métallique. Elle remarqua rapidement que les tiroirs avaient été vidés, sans doute pour que les papiers qu'ils contenaient servent d'allume feu. Elle vit alors Uriel refermer la porte et passer la main non seulement sur la poignée mais également sur le chambranle de cette même porte. Une étrange lueur violette apparut sur ses doigts et quelque chose fut conçu là où il avait passé ses mains. Il devait s'agir d'un minerai vu son apparence étrange.

- Il s'agit d'obsidienne, celle des ténèbres, avoua Uriel.

- Vous avez... Un pouvoir lié au ténèbres ? s'étonna Mary choquée.

- À l'origine je créais le cristal servant au Paradis mais à force de faire les aller-retour... Ben voilà quoi, fit simplement Uriel en venant s'asseoir sur le bureau.

- Je..., hésita Mary.

- Allons ne cède pas trop vite, fit-il en riant.

Mary le regarda outrée et ne put s'en empêcher, elle avait un commentaire à faire.

- Vous êtes sûr d'être un archange ? demanda Mary.

- Ben oui... Tu veux voir le matériel ? demanda Uriel en riant.

- Quoi? Non! J'ai un petit ami! s'offusqua Mary.

- Je parlais de mes ailes... Tu es bien perverse dis moi..., fit-il mesquin.

- Je... Non...

- Amusant non? Cette gêne..., fit Uriel.

- Cela vous amuse? demanda Mary au bout du rouleau.

- Franchement ? J'adore emmerder mon petit monde, fit Uriel en sortant un paquet de cigarettes.

- Vous fumez ? s'étonna Mary.

- Je bois aussi, fit-il. Un peu obligé quand on discute avec les Déchus.

- Vous êtes ami avec eux? demanda Mary sous le choc.

- Il s'agit de mes frères et sœurs, pour ceux ayant choisi, fit Uriel.

- Oui..., marmonna Mary.

- Cela te gêne ? demanda soudainement Uriel. Et le tutoiement ?

- Je suis perdue... Et vous pouvez me tutoyer..., concéda Mary.

- Alors ça fait quoi d'être un cas quasiment unique? demanda-t-il.

- J'aurais préféré ne pas l'être, avoua Mary.

- Pauvre petite mais ça doit être amusant quand tes sens s'affolent, fit soudainement Uriel.

- Comment vous pouvez parler comme ça ? s'étonna Mary.

- Je fais partie de ces rares anges qui pensaient comme d'autres mais n'ont pas été punis, si tant est que ma punition soit légère vu que je garde la frontière, grommela Uriel.

- Vous avez été puni? demanda Mary étonnée.

- Oui pour avoir refusé de châtier quelqu'un, précisa Uriel.

Mary le regarda attentivement et elle voulut comprendre. En réalité, elle avait bien une petite idée et tenta sa chance.

- Vous parlez de Harael? C'est bien comme cela qu'elle s'appelait ? demanda Mary.

- Je vois que tu sais des choses, marmonna Uriel.

- J'ai entendu ce déchu..., fit alors Mary honteuse.

- J'ai appris, impressionnant, j'aurais voulu voir cela, fit-il avec amusement.

- C'était la première fois que je faisais du mal à quelqu'un, marmonna Mary.

- Avoir pitié, c'est beau, fit-il en riant. Et pour te répondre... Oui.

- Vous avez refusé de la punir ? demanda Mary.

- C'est un peu mon devoir, j'ai beaucoup plus de douceur que Gabriel, avoua Uriel. Mais je ne voulais pas morceler son âme...

- Et que s'est-il passé ? demanda Mary.

- Je l'ai fait, fit Uriel.

- Mais je croyais que...

- Harael m'a convaincu, fit Uriel en l'interrompant. De faire cela. Avoir refusé m'a valu ce poste...

- C'est donc vous qui l'avez punie..., marmonna Mary.

- Alors que j'étais le formateur de Cassiel... J'ai encore du mal à le regarder en face, avoua Uriel.

Mary releva la tête étonnée et observa attentivement Uriel. Il était différent des autres, reconnaissant sans gêne les erreurs du Paradis. Très loin de Raphael.

- Il... Il vous en veut ? demanda Mary.

- Cassiel? Pas du tout, il me dit que j'ai fait ce qu'il fallait, avoua Uriel.

- C'est difficile à croire, avoua Mary.

- Il est aux côtés de Samael mais plus par dépit que par choix, avoua Uriel. Mais ce n'est pas ce qui nous intéresse.

- Et... C'est quoi alors? demanda Mary.

Comme un éclair, Uriel bougea et avant même qu'elle ne puisse faire quoique ce soit, les mains de ce dernier entouraient sa tête.

- Uriel ! hurla presque Mary.

- N'aie pas peur, fit-il en la fixant dans les yeux.

- Mais mais...

- Je veux savoir qui est en toi, fit-il.

Mary se tut alors, laissant son interlocuteur à sa tâche. C'était visiblement très long, en tout cas cela le semblait.

- Hmmm... Intriguant, fit Uriel.

- Il y a un soucis ? demanda Mary.

- L'ange en toi est étrange... Il est enfoui très profondément..., fit Uriel.

- Mais ça veut dire quoi? s'étonna Mary.

- C'est comme si il ne voulait pas participer à cette guerre... Comme si il estimait que ce n'était pas sa place..., marmonna Uriel.

- Pourquoi s'incarner alors? s'offusqua Mary.

- Il t'observait peut-être, fit Uriel. Et il aura estimé que tu ne devais pas mourir aussi jeune.

- Oui sauf que maintenant je suis dans une situation compliquée, je dois me battre mais je ne peux compter que sur moi, précisa Mary.

- C'est sûr que t'es pas dans la merde, fit-il en riant.

- C'est pas drôle, marmonna Mary.

- Euh... Ben en fait..., fit-il nonchalamment.

- Et pourquoi vous vouliez me voir en privé ? demanda Mary. Pour essayer de savoir ?

- Non, parce que je vais t'aider à découvrir qui est possédé par Asmodée, fit alors Uriel.

- Ha... Comment? demanda Mary.

- Et bien déjà par l'observation, fit alors Uriel.

- Cela ne m'aide pas, avoua Mary.

- Parce que tu ne connais pas Asmodée, fit simplement Uriel. Et cela t'aiderait.

- Dites moi s'il-vous-plaît, le supplia Mary.

- T'as une voix craquante quand tu supplies, lui assura Uriel en souriant.

- Soyez sérieux ! s'énerva Mary.

- Ça va... On se croirait à la vieille époque... Tu es trop sérieuse, fit Uriel.

- Et vous, pas assez, précisa Mary.

- Un point pour toi, lui concéda Uriel. Bon, revenons à nos déchus. Asmodée est quelqu'un d'assez particulier, qui aime être entouré de suiveurs.

- Vous savez que je suis une adolescente ? Dans un lycée tous le monde vit en petit groupe, moi la première, lui précisa Mary.

- Merci de cette information Hoover, grommela Uriel. Prends moi pour un con.

- Je ne voulais pas être mesquine, avoua Mary honteuse.

- Bon... Pas grave, fit-il en haussant les épaules.

- Asmodée, qui a déjà dû prendre ses aises, est capable d'avoir transformé sa victime en quelqu'un de sadique, de violent, capable de s'en prendre à n'importe qui et ce, sous n'importe quel argument aussi futile soit-il, avoua Uriel.

- D'accord..., marmonna Mary.

- Bon te dire qu'il aime le sexe pour un Prince de la luxure, c'est évident, avoua Uriel.

- Effectivement, et dans un lycée...

- Rempli d'ados qui pensent qu'à tirer un coup, cela n'aide pas, grommela Uriel.

Mary réalisa que sa description pourrait convenir à beaucoup de monde. Un lycée, c'était bien l'endroit où on changeait le plus, de comportement majoritairement, s'agglutinant à un groupe. On assimilait aussi les comportements et le pire, les désirs sexuels étaient plus que courant. Avec honte, elle était convaincue qu'elle connaissait un sacré paquet d'élèves qui pouvaient correspondre et le plus gênant, son propre petit ami correspondait. Mais elle voyait bien quelqu'un qui était devenue plus violente et plus sadique.

- Tu es pensive ? Tu cherches déjà ? demanda Uriel amusé.

- Je... Il y a une fille dans mon lycée, c'était une fille populaire mais depuis quelques temps, elle est devenue plus violente... Elle m'a menacée de m'enfoncer des choses pour que je ne sois plus vierge, fit Mary en frottant son bras.

- Là c'est peut-être une piste, fit Uriel.

- Ha bon ? s'étonna Mary.

- Si il y a bien une chose que déteste Asmodée, ce sont les symboles de pureté, lui signifia Uriel. Une vierge, craquante qui plus est, doit symboliser sa haine.

- Mais... Comment être sûre ? Je ne sais même pas si Karen est vraiment possédée, marmonna Mary.

- Moi je sais, fit-il en se levant.

Mary le regarda et le vit s'occuper de sa ceinture. Elle se figea de stupeur quand il la détacha.

- Mais qu'est-ce que vous faites? s'étonna Mary.

- Tu n'as pas envie? fit-il la choquant encore plus. Quel manque d'humour ! Je l'ai caché.

Mary le vit décrocher quelque chose de sa ceinture et il lui tendit rapidement. Dans ses doigts, Uriel tenait un tout petit flacon.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Mary.

- Voici un flacon contenant les larmes d'un ange dont les mains n'ont jamais été souillée par le sang, fit Uriel. Devenu assez rare d'ailleurs.

- Et je dois lui faire boire? demanda Mary intriguée.

- Bien sûr que non, enfin cela marcherait bien évidemment mais un simple contact devrait déclencher des effets secondaires, avoua Uriel.

- De... De quel genre? demanda Mary surprise.

- Démangeaisons principalement, ou cri d'effroi, ce genre de choses, lui expliqua Uriel.

Mary regarda ce flacon et observa Uriel avec attention.

- Puis-je savoir pourquoi vous vouliez me donner cela ici? demanda Mary.

- Je n'ai confiance qu'en trois personnes, lui répondit Uriel. La première se trouve devant toi.

- Mais vous n'avez pas confiance en Raphael? demanda Mary.

- Un taré qui règle ses soucis en atomisant tout le monde, fit Uriel. Oublions Gabriel qui est un véritable fanatique, Camale est dans la contemplation la plus totale et sa foi en Dieu... Et Metatron restera toujours Metatron, un observateur.

- Cela a l'air compliqué, mais pourquoi vous ne leur faites pas confiance ? demanda Mary.

- Je ne peux me fier à des gens capables de faire ce que je les ai vus faire, la guerre des anges, bien avant ce cessez-le-feu plutôt fragile, fut un massacre, marmonna Uriel. Que ce soit nous ou les Déchus, nous avions souillé nos mains du sang des nôtres, comme l'avait prédit Harael. Nous avons reniés ce que nous sommes pour punir ceux qui aiment.

- Mais... Dieu avait posé des règles, signala Mary.

- Une règle est faite pour être transgressée, avoua Uriel en riant. Tu ne fais jamais rien de mal.

- Ben... J'ai caché avoir un petit ami, et je le cache encore, signala Mary.

- Tu t'amuses entre les portes? Intéressant, précisa Uriel en riant.

- Mais plus sérieusement, vous croyez que Raphael pourrait vous dénoncer? demanda Mary préférant couper court aux élucubrations.

- Ho oui!!! fit il apeuré.

Mary le regarda et empocha le petit flacon en réfléchissant. Tous faisaient clairement de leur mieux pour compliquer la situation. Elle regarda attentivement cet archange un peu à part et fut étonnée lorsqu'il prit la parole.

- Ton petit ami... Il sait? demanda Uriel.

- Quoi? Non, Lelahel m'a dit que cela devait rester caché, précisa Mary.

- Personnellement, je trouve cela idiot, précisa Uriel. Parfois, on devrait prévenir les proches.

- Et puis, mon petit ami n'est pas très croyant... Pas du tout même..., fit rapidement Mary. Coucou Cam, je suis un ange incarné mais il pionce... Au fait y a une guerre éternelle qui se déroule sur Terre.

- Effectivement, ce serait marrant, tu me préviens le jour où tu le fais, fit-il en riant.

- Mouais, fit-elle en souriant et haussant les épaules. Visiblement c'est pas plus simple au Paradis.

- C'est à dire ? demanda Uriel.

- Depuis que je suis née, on m'a appris que Dieu n'était qu'amour, qu'il fallait respecter ses préceptes et aimer tout le monde, les accepter, avoua Mary. Mais j'ai complétement qu'au Paradis, aimer c'était presque un péché aussi capital que les autres. C'est vraiment normal? Être punie pour aimer un homme ?

- Tu parles d'Harael? s'étonna Uriel.

- Oui, son âme a été détruite parce qu'elle aimait ce... Cassiel? fit elle d'un ton interrogatif à Uriel qui confirma. En quoi cela mérite d'être punie? Dieu dit aimez vous les uns les autres, sauf si vous êtes un ange?

- Tu sais... Je peux comprendre que de ta position, cela peut paraître très compliqué, avoua Uriel. Dieu est complexe.

- Cela met même ma foi en doute..., précisa Mary gênée.

- Il ne faut pas... Tu sais, je ne mets en doute que le châtiment, précisa Uriel.

- Quoi ? s'étonna Mary.

- Harael et Cassiel... Ils n'étaient pas les seuls je pense, et depuis cela a du recommencer, précisa Uriel. Mais eux... Enfin surtout elle, c'était une archange, puissante, courageuse... La pureté... C'est bien le problème...

- Parce qu'elle n'était plus pure? Parce qu'elle avait des relations sexuelles avec Cassiel? demanda Mary choquée.

- Parce que nous ignorons totalement ce qui pourrait arriver si un être naissait de ce genre de relation, précisa Uriel.

- Et vous en avez peur? demanda Mary.

- Écoute... Les êtres métissés entre les anges et les humains étaient d'une puissance incroyable, alors imagine ce qui se passerait pour deux anges, lui proposa Uriel.

- N'empêche..., marmonna Mary. C'est triste qu'une telle histoire soit détruite.

- Le plus triste est sans doute que Cassiel l'aime toujours, fit Uriel.

Mary regarda Uriel avec étonnement. Après autant de temps, cet ange aimait toujours sa compagne ce qui, quand on est éternel, prouve bien la puissance de ceux-ci.

- Il est toujours en enfer ? demanda Mary.

- Non, il est incarné sur Terre, depuis quelques temps déjà, avoua Uriel. J'ai perdu un sacré partenaire de poker...

- Vous avez combien de vices? demanda Mary choquée.

- Ho... Autant que les Déchus, fit-il en riant. D'ailleurs j'espérais bien te décoiffer pour emmerder Raphael.

- Je préfère éviter, mon petit ami est jaloux, précisa Mary consternée.

- Ho et un dernier conseil avant de rejoindre le rabat joie en chef, fit Uriel. Ne réagit pas quand tu t'en serviras car si tu t'es trompée, tu pourrais dévoiler ta mission si on le remarque.

- D'accord, je ferai attention, confirma Mary.

- Et profite de ton petit ami secret, fit Uriel.

- Vous êtes consternant..., avoua Mary.

- Je sais et c'est ce qui est amusant, fit Uriel. Bon je m'éclipse directement, bon courage. Et salue ce Cameron de ma part.

- Très drôle... Tu as le bonjour d'un prête dans qui vit un archange assez compliqué à cerner, fit Mary.

- T'as oublié que j'étais également le plus beau, fit-il en s'en allant avec un rire. Allez fais attention.

Mary regarda partir cet ange si étrange qui se mit à siffler. Une nouvelle mission, compliquée de surcroît et encore plus que dangereuse. Elle allait devoir tester Karen et par acquis de conscience, elle commencerait par elle. Si sa vie ne se compliquait pas, elle ne saurait vraiment pas quoi en dire.



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