L'Ame des Anges: Incarnation

Chapitre 17 : Autour de la table

7911 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/10/2022 09:01

Chapitre 17

Autour de la table


Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis du Saint–Esprit, et se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer.


Les Actes, Chapitre Deux, Versets Un à Quatre

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Impatiente et stressée, voilà clairement les deux adjectifs les plus adéquats pour qualifier la jeune fille qui aidait sa mère dans la cuisine. Et cette fameuse impatience semblait d'ailleurs plutôt désappointer le père de famille. En effet, quand la Révérende Edith Simms avait eu l'occasion de spécifier à son chef époux de garder sa soirée de libre, ce dernier s'était tout d'abord réjoui. En effet, Jason avait imaginé une soirée familiale comportement son repas préféré et sans doute une bonne partie d'un jeu de société avec de nombreuses questions de culture générale et quelques petits camemberts. Après avoir clairement déchanté, il fut littéralement foudroyé par l'annonce de la rencontre avec le petit ami de sa fille. Autant dire que le samedi soir comporta son lot de soupe à la grimace. La journée du dimanche n'était guère mieux surtout quand il fut traîné dans les différents rayons du supermarché par son épouse et sa fille, pendant des heures d'ailleurs, et ce pour préparer un repas cent pourcents fait maison. Il restait vexé et campait sur ses positions, obligeant sa femme à lui asséner bien des regards mauvais. Il observait toujours outré sa télévision, ayant préparé la table de mauvaises grâces mais il l'avait fait quand même. Les femmes de la maison se consacrait au repas, non pas par une hypothétique conviction que la place des femmes était dans une cuisine mais bien parce que dans le cas contraire, le repas serait plutôt mauvais. Jason avait eu parfois l'occasion de cuisiner et, une fois sorti du traditionnel barbecue, il valait mieux avoir une bonne mutuelle. Il avait réussi par le passé à provoquer une intoxication alimentaire à toute famille et ce, avec des croque-monsieurs. Désormais sa femme préférait le savoir loin de sa cuisine. Mary, quant à elle, faisait de son mieux mais à chaque nouvel ingrédient, elle s'inquiétait de ce qu'en penserait Cameron.

- Chérie, les patates douces... Plus petites, fit sa mère.

- Oui, pardon, fit Mary en recoupant les morceaux.

- Il n'arrivera pas plus vite parce que tu coupes plus rapidement, fit sa mère visiblement amusée.

- Encore faudrait-il qu'il vienne, grommela le père de famille.

- Papa! s'offusqua Mary.

- Tu pourrais au moins lui laisser une chance à ce garçon, fit sa femme contrariée.

- Notre film pourrait trouver tellement mieux, avoua son mari en s'approchant.

- Cam est quelqu'un de bien, il n'a pas eu une vie facile, fit Mary vexée.

Mary vit sa mère poser son couteau sur le plan de travail et la fixer attentivement.

- Cela me fait penser, il y a des sujets à ne pas aborder? demanda sa mère au cas où.

- À part mes attestations, fit le père tout bas avant de subir un énième regard courroucé de sa femme. J'ai rien dit.

- Mouais... Alors? fit sa mère en regardant Mary.

Elle réfléchit un instant et le sujet le plus compliqué pour lui serait clairement son milieu familial.

- Ne parlez pas de sa famille, précisa Mary.

- Ha... Il y a un soucis ? demanda sa mère plutôt surprise qu'un sujet aussi basique soit évité.

- Sa mère est morte quand il était très jeune et..., hésita Mary. Cela se passe très mal avec son père.

Elle avait à cet instant fixé le sien du regard, d'une manière assez interrogative. Celui-ci soupira simplement.

- Le bureau est intervenu plusieurs fois, fit alors le père de famille.

- Et vous n'avez pas agi ? demanda Mary choquée.

- Ce n'est pas si...

- Vous pouviez pas le signaler aux services concernés ? demanda rapidement Mary en empêchant son père de répondre.

- Quelqu'un veut bien m'expliquer là ? demanda la mère de famille plutôt étonnée.

- Son père le bat, d'où ne pas en parler, fit Mary.

- Le pauvre, marmonna sa mère.

- Il n'est pas toujours tout blanc non plus, précisa le père de famille. Je ne cautionne pas mais il n'a jamais désiré porter plainte. Même si... Non rien...

Mary regarda son père surprise et comprit aisément. Les services de secours étaient reliés les uns aux autres alors, l'éventualité que son père sache pour la tentative de suicide n'était pas inenvisageable.

- Bref, je pense que c'est le seul sujet, fit Mary.

- Parfait, fit sa mère. Bon tu peux aller te préparer.

- C'est vrai ? demanda Mary toute contente.

- Euh..., fit le père. N'en fais pas trop.

Mary regarda son père consternée et fonça dans sa chambre. Le choix de ses vêtements était déjà fait depuis la veille. Elle prit alors dans son placard sa petite robe bleue à col claudine blanc et enleva son t-shirt et son jean pour l'enfiler. Elle était assez longue pour tomber sur les genoux et ne montrait rien à part ses bras. Elle vérifia que sa croix était bien installée et attacha ses cheveux.

- Puis-je descendre ? demanda alors Melo qu'elle pouvait voir dans le miroir.

- Quoi? s'étonna Mary en se retournant, le mains dans les cheveux.

- J'aimerais voir si il se tient bien, fit Melo.

- Melo... Je vois pas l'intérêt, fit Mary. Mais si tu veux voleter dans la maison, tu peux.

- Merci, fit-il extrêmement content.

- Par contre, tu ne poses nulle-part... Et tu ne fais rien d'inconsidéré.

- Ce n'est pas mon genre, fit Melo d'un ton qui ne la convainquit pas.

- Et tu ne parles pas trop, je veux pas réagir bizarrement, avoua Mary.

- Je serai sage, avoua ce dernier.

Mary ponctua alors la tenue qu'elle avait choisie avec soin par une toute petite touche de rouge à lèvres, si petite qu'en réalité c'était presque invisible. Elle se regarda dans le miroir et estima qu'elle allait lui plaire, ce qui la rassura. Elle se dirigea vers sa porte après avoir attrapé de petites ballerines et s'arrêta en haut de l'escalier. Elle commençait à s'habituer à ses sens plus développé mais ne le faisait que dans des endroits calmes. En effet, elle évitait d'utiliser son ouïe plus développée au lycée à cause du trop grand nombre de conversations ayant lieu en même temps mais chez elle, elle n'avait que celle de ses propres parents et comme elle les avait entendus chuchoter, elle n'allait pas se gêner.

- Tu as intérêt à te tenir, fit sa mère.

- Tu es sérieuse là ? demanda son père choqué.

- C'est le petit ami de ta fille, fit sa femme.

- Attends... Franchement... J'ai pas confiance, fit son père vexant Mary.

- Mais en quoi? demanda sa femme consternée.

- C'est le genre de garçon... Qui sait ce qu'il veut, fit le père de Mary.

- Et donc? insista sa mère.

- Il va lui faire du mal... Il ne veut qu'une seule chose, grommela son père.

Mary se demandait si cela avait un rapport avec la fameuse affaire dans laquelle avait été impliqué Cameron. Ce n'était pas impossible.

- Et quand bien même...

- Mais cela ne te choque... Tu imagines notre fille..., marmonna son père.

- On ne lui a jamais demandé d'attendre le mariage et franchement, si tu penses que ta fille ferait n'importe quoi pour un garçon, tu la tiens en bien mauvaise estime, fit sa femme outrée.

- Allons, il pourrait essayer et j'ai peur qu'elle ne cède... Il la quittera peut-être après, fit son père vexant sa fille.

- Et bien ce sera comme ça, c'est sa vie, fit sa mère. Je ne veux pas qu'elle souffre mais ils s'aiment, fit Edith.

- Enfin... Elle peut-être..., marmonna Jason.

- Tu as fini? Ce garçon n'est peut-être pas le dossier le plus impressionnant mais qu'est-ce que ça change si ta fille est heureuse ? demanda sa femme.

- Pour combien de temps? marmonna son père.

- Rhooo... Tu m'énerves, fit sa mère. Fais un effort pour elle, c'est son premier petit ami, elle est déjà en panique pour tout. Elle apprend comme tout le monde. Et si tu ne veux pas dormir sur le canapé, Dieu m'en est témoin, tu vas faire de ton mieux pour que ce garçon soit à l'aise.

- Enfin pas trop..., marmonna le père de famille.

- Et tu n'aurais pas intérêt à aller écouter à la porte si ils vont dans sa chambre, fit Edith surprenant Mary elle-même.

- Pardon? fit son père tellement fort que Mary dut se boucher les oreilles.

- Arrête de crier, elle va t'entendre, fit sévèrement Edith.

- Attends... Comment ça sa chambre ? Il dort ici? demanda-t-il choqué.

- Sérieusement ? demanda sa femme outrée. Je suis ouverte pas folle, je ne vais pas le laisser dormir avec elle. Mais si ils veulent de l'intimité, je le comprends.

- C'est pas dangereux...

- Ils sont jeunes, laisse les vivre, d'accord ? demanda sa femme.

- Quand on la ramassera à la petite cuillère parce qu'il aura eu ce qu'il veut et qu'elle le regrettera, tu ne t'en prendras qu'à toi, conclut le père.

Mary pouvait comprendre mais elle le prenait assez mal et le grognement de sa mère confirma qu'elle n'était pas la seule. Les événements des jours précédents semblaient donner raison à son père mais il ne les connaissait pas. Mary décida alors de descendre et retrouva sa mère dans la cuisine.

- Il va te trouver très jolie, fit sa mère.

- J'espère, avoua Mary.

Soudain, elle entendit la sonnette de la porte d'entrée et sursauta.

- C'est lui ! fit-elle en fonçant vers la porte.

Mary fut stoppée par son père qui était déjà dans le couloir pour aller ouvrir la porte. Elle inspira profondément en l'observant ouvrir cette même porte et découvrit la tête de son petit ami derrière.

- Bonsoir Monsieur Simms, fit poliment Cameron.

- Bonsoir, fit calmement ce dernier.

Mary pouvait le voir et il avait fait un léger effort vestimentaire : jean noir et chemise blanche. C'était déjà ça. Elle le salua de la main quand son père se décida enfin à le laisser entrer. Elle s'approcha de lui et il regarda vers Jason Simms.

- Tu m'embrasses pas? demanda-t-elle contrite.

- Si..., fit-il en le faisant après avoir vérifié que le père de famille n'était pas armé. Tu es canon... Très jolie je veux dire.

- Merci, fit-elle en souriant.

Elle remarqua alors qu'il tenait une bouteille en main et une boîte de chocolat. Cadeaux plutôt basiques mais il avait dû faire comme il pouvait.

- J'ai pris du rouge, fit Cameron en tendant la bouteille au père de famille.

- Merci... Qui t'en a vendu? demanda le père membre du bureau local du shérif.

- Il y en avait chez moi, fit ce dernier en réalisant. Où est ta mère ?

- Cuisine, tu viens? demanda-t-elle désireuse de le sauver.

- Je ne le trouve pas digne de confiance, je n'aime pas le regard qu'il pose sur toi, fit un petit être qui ferait clairement mieux de se taire.

Mary gratifia Melo d'un regard courroucé et guida Cameron vers la cuisine. Il salua la mère de Mary et lui offrit les chocolats.

- J'ai pris un mélange... J'ignorais vos préférences, fit Cameron.

- Vous n'auriez rien amené que c'était pareil, précisa Edith.

- Vous pouvez me tutoyer, cela ne me gène pas, assura Cameron.

- Ho d'accord, vous allez au salon tous les deux, j'amène l'apéritif.

Mary inspira encore quand elle dut mener Cameron vers le canapé et elle s'assit près de lui, devant son père qui avait installé des verres.

- T'es pas trop stressé ? demanda Mary tout bas.

- J'ai l'impression de vivre un enfer, lui avoua Cameron sur le même ton. J'ai peur de dire une putain de connerie.

- Il est bien vulgaire, grommela Melo en volant dans la pièce.

- Ne jure pas ici, fit Mary si bas que c'était léger. S'il-te-plaît.

- D'accord... Désolé, marmonna son petit ami.

Mary voyait Cameron remuer sa jambe tellement il était stressé. Il était trop tôt, c'était évident et cela le faisait paniquer.

- Avec Mary, nous avons préparé de la sangria, vous aimez j'espère ? demanda alors Edith en bonne maîtresse de maison.

- Oui, évidemment, fit Cameron. J'apprécie en général.

- Évidemment, grommela Jason choquant Mary en même temps.

Mary soupira et prit son verre pour boire un peu. Elle avait participé à son élaboration et elle espérait qu'elle soit parfaite. Pourtant, dès la première gorgée, Cameron fixa son verre.

- Elle n'est pas assez fraîche ? demanda rapidement Edith inquiète.

- Si si..., fit Cameron avant de boire.

Mary comprit ce qui l'avait surpris et se pinça le nez de consternation. Il y avait des mineurs et donc, cette sangria était sans alcool. C'était sans doute cela qui lui avait posé problème.

- J'espère ne pas vous avoir causé trop de soucis, fit Cameron.

- Cela nous a bien occupés, fit Edith en riant et posant un plateau. Profitez, ces petits wraps ont été confectionné par Mary, ils sont à la mousse de volaille.

- Tu cuisines? demanda-t-il surpris en la regardant.

- Cela m'arrive... Je pourrais te préparer des choses si tu veux, fit-elle en le regardant goûter.

- Tu ignores les hobbies de Mary? demanda Jason.

- Papa..., marmonna Mary.

- Il n'a pas tort! fit Melo.

Elle avait vraiment eu une mauvaise idée de l'autoriser à être au rez-de-chaussée. Il allait poser bien des problèmes.

- On parle principalement des devoirs... Un peu de tout aussi mais la nourriture ne s'est pas posée..., tenta Cameron.

- Évidemment, marmonna Jason.

- Nous étions au dernier match, fit alors Edith pour aider. Vous jouez très bien.

- Merci, mais c'est un travail d'équipe, avoua Cameron.

- Et c'est important l'équipe, assura Jason.

Mary regarda son père avec sévérité, il était plutôt inutile d'en rajouter. Cameron s'approcha d'elle et lui murmura que ses wraps étaient excellents et cela la calma immédiatement. Des discussions d'une banalité assez affligeante, telle la météo et la circulation ou encore les actualités de la ville, purent alors suivre en provoquant bien des moments de flottements. Heureusement, ils allaient passer à table.

- Installe toi à côté de moi, fit Mary désireuse de faire barrière en s'installant entre son petit ami et son père tandis que sa mère de mettrait en face d'elle.

- Ok, fit alors Cameron.

- Je vous sers de l'eau plate ou de l'eau pétillante ? demanda alors Jason. Il y a du soda également.

- Allons chéri, ouvre la bouteille qu'il a amenée, le réprimanda sa femme. Ce n'est pas un verre de vin qui va les rendre malades.

- C'est vrai après tout, fit Mary.

- Et puis, il est habitué, grommela Jason.

Mary regarda son père choquée et elle savait que sa mère l'était tout autant. Mary laissa son regard se poser vers Cameron qui fixait la table. Il n'était pas blessé, elle savait qu'il s'en moquait mais il devait être mal à l'aise car après tout, il n'était pas très exemplaire.

- Jason, sers ces verres, fit froidement sa femme.

- Infréquentables, fit alors Melo en se posant sur la table.

- Chut, fit Mary énervée.

- Quoi? s'étonna Cameron en relevant la tête vers elle.

- Non rien, fit Mary. Désolée pour Papa...

- Il n'a pas tort..., fit juste Cameron.

Mary commençait à trouver cette soirée compliquée. Sa mère déposait des plats sur la table et s'installa sur sa chaise.

- J'espère que tu aimeras ce que moi et Mary avons préparé, fit Edith. Tu me diras des nouvelles de ma sauce au miel.

- Je la connais, fit Cameron. Elle est excellente.

- Tu la connais ? Je ne la fais qu'en famille d'habitude... Et pour les fêtes au centre d'accueil, fit Edith surprise.

- Moi j'ai fait les patates douces et les topinambours... Et la purée de pois cassés mais je crois que je l'ai trop salée, fit Mary en réalisant.

Il était inutile de gêner un peu plus Cameron. Mary le vit sursauter quand Melo s'était posé sur lui.

- Il cache des choses, fit Melo en voletant après le sursaut.

Là, cela commençait à faire trop et, dans ses pensées, elle lui ordonna d'aller faire un tour.

- Je suis juste honnête, fit ce dernier en partant par une fenêtre ouverte. Vu que je dérange.

Au moins, de celui-là, elle était débarrassée pour l'instant. Le reste allait encore être plus dur. Elle posa sa main en travers de la table pour attraper celle de sa mère et tendit l'autre à Cameron qui la regarda surpris.

- Nous ne sommes pas obligés si cela te gêne, fit Edith compréhensive.

- Pas de soucis, fit Cameron en prenant la main de Mary et regardant Jason. Je connais le principe.

- Ha bon? Et d'où ? demanda le père décidément trop protecteur.

- Ma mère le faisait, répondit simplement Cameron.

Mary ferma doucement les yeux de consternation, son père avait gaffé. Évidemment, cela n'avait pas été fait volontairement, il n'avait pas abordé le sujet familial mais malheureusement c'était venu. Mary se rendit cependant compte qu'elle ignorait ce détail. Elle bougea imperceptiblement son pouce pour frotter la main de Cameron dans un geste rassurant et tendre. Le père de famille finit par prendre la main du jeune homme pour le bénédicité et patienta.

- Normalement, nous laissons toujours nos invités le faire, avoua Edith.

- Je vais passer mon tour si cela ne vous gêne pas, fit Cameron.

- Ne t'inquiètes pas, Maman le fera, fit Mary se voulant gentille.

Cameron fut clairement et grandement rassuré de cet aveu. C'était évident que le jeune homme ne serait pas à l'aise. Elle lui sourit et ferma les yeux pour écouter sa mère.

- Seigneur, commença donc Edith. En ce soir de repas un peu plus exceptionnel que la moyenne, nous te demandons de bénir ces mets que nous allons déguster. Bénis également les mains qui les ont préparés si minutieusement. Je te demande également de bénir mon époux qui nous a soutenues moralement. Mais surtout Seigneur, je te demande de bénir le jeune homme qui partage notre table. Puisse tu veiller sur lui, sur ses trajets et dans sa vie de tous les jours. Que ta présence le protège à chaque instant, comme pour chacun des autres membres de la tablée. Amen.

- Amen, fit Mary en souriant et regardant son petit ami.

Celui-ci, très poliment, remercia alors Edith d'un simple geste de la tête. Poliment, encore une fois, il attrapa le premier plat et fut saisi d'un léger doute. Il s'adressa alors à Edith.

- Je vous sers? demanda Cameron.

- Avec plaisir, fit celle-ci en tendant son assiette.

Il la servit alors avant de faire de même avec Mary et enfin Jason. Celui-ci regarda son assiette et la bougea un peu

- Mon mari a un bon coup de fourchette, précisa Edith en riant.

- Et je sais élargir mon pantalon, avoua Jason.

- Et toi profite, fit alors Mary. Ne te gêne pas, il y en a assez.

Mary savait que manger à sa faim n'était pas dans ses habitudes et c'était une manière discrète de le pousser. Le jeune homme ne se fit d'ailleurs pas prier. Mary le regardait manger plutôt étonnée.

- Ben tu vois ma chérie, il aime, fit Edith en souriant.

- Je... Euh... Désolé, marmonna Cameron.

- Cela me rassure, avoua Mary.

- Ou alors il fuit la conversation, fit Jason amusé.

Mary regarda vers Cameron et vu sa tête, c'était bien ça. Il espérait que personne ne lui demande rien. C'était bien mal les connaître.

- Et au lycée ? demanda Jason. Tout se passe bien.

- Moyennement, avoua Cameron.

Mary le regarda et compatit rapidement de ses difficultés. La situation devait être gênante.

- Tu as autant d'ennuis qu'à la ville? demanda Jason. Ouch...

Mary leva la tête vers son père et le fit se frotter la jambe sous un regard mauvais de sa femme. Elle lui administra le même regard, les chats ne font pas des chiens.

- Je sais déjà ce que vous pensez, avoua Cameron en bougeant sa fourchette dans son assiette.

- Cela m'étonnerait, fit Jason avant de sursauter sous un nouveau coup.

- Vous pensez que votre fille mérite mieux, fit simplement Cameron en surprenant la concernée. Et vous avez sans doute raison.

- Hein? s'étonna Mary.

- Cameron, mon mari ne disait pas...

- Je ne me vexe pas, fit simplement Cameron. J'aurais une fille, je serai justement le genre de garçon qu'elle devrait fuir. Pas très exemplaire, pa très bon élève, plutôt dissipé et pas très fréquentable.

- Mais non, fit Mary se voulant rassurante.

- Je suis lucide, ton père ne peut pas me trouver idéal même si n'importe quel mec serait dans ce cas, avoua Cameron.

Mary regarda vers son père qui étonnement semblait extrêmement satisfait de la réponse.

- Et je suppose qu'il doit aussi imaginer que je veux juste m'amuser, te faire du mal, et obtenir certaines choses, fit calmement Cameron. N'est-ce pas?

- Tu comprends la raison, fit alors Jason.

- Évidemment... Vous savez également que je n'étais pas au courant de tout, fit Cameron. Je ne me défausse pas, j'y ai participé à ma petite échelle... J'ai clairement déconné avec ces filles mais c'est du passé.

Mary regarda vers sa mère dont le regard avait bifurqué vers elle. Elle savait à quel point il n'était pas exemplaire et à quel point cela pouvait déraper.

- Mais avec Mary, je suis honnête, avoua Cameron. Très honnête. Plus qu'avant en tout cas... Je ne veux pas juste m'amuser... Si c'était là où vous vouliez en venir.

- C'était bien là... Tu sais sans doute que si il arrive quelque chose à ma fille... Je ne répondrai de rien, lui fit le père de famille.

- Tout à fait légitime, avoua Cameron.

- Dites... Vous me couvez pas tous un peu trop? fit Mary vexée et attirant les regards. D'accord je comprends mais vous pensez que je ne peux pas me défendre ? J'en suis parfaitement capable. Et je suis pas assez idiote pour faire n'importe quoi.

Il y avait décidément une drôle d'ambiance et cette petite explication de Mary faisait son petit effet. Tout le monde reprit le repas et les conversations redevinrent normales.

- En tout cas, c'est vraiment bon, fit Cameron. Il y a très longtemps que je ne m'étais pas régalé comme ça...

- Je suis très contente que cela te plaise, fit Edith. Si jamais tu en veux pour rentrer chez toi.

- Cela ira, merci, fit Cameron en se servant de nouveau.

- Tu aimes vraiment ? demanda Mary touchée.

- Non mais ça te fait plaisir, fit Cameron en riant et provoquant la mine boudeuse de Mary.

- J'avoue que j'aurai dit pareil, assura alors Jason.

- Bah allez-y, moquez vous, marmonna Mary. Rêve pour un autre plat toi.

- Ben c'est dommage, fit Cameron en riant.

Enfin l'ambiance s'était détendue et les conversations étaient basiques. Et forcément, l'avenir et les études furent abordées.

- Tu sais ce que tu veux faire comme études Cameron ? demanda Edith.

- J'y ai pas réfléchi, marmonna Cameron en regardant Mary. Tu sais toi?

- Oui, fit fièrement Mary. Je compte faire une université avec un département théologie.

- Théologie ? demanda Cameron étonné. Tu veux faire quoi?

- Ben j'aimerais bien prendre la relève de Maman, avoua Mary en regardant sa mère. L'aider à l'église d'abord et ensuite, plus tard évidemment, prendre sa relève comme elle l'a fait avec Grand-père.

- Tu veux être Révérende ? s'étonna Cameron.

- Cela te choque ? demanda Edith surprise.

- Non c'est son droit... Mais j'ignorais que tu voulais t'enraciner à Godbless, avoua Cameron.

- Bah pourquoi ? s'étonna Mary.

- Si il y a bien une chose dont je suis sûr, c'est que je compte bien me tirer d'ici, avoua Cameron. Peut-être avec mon diplôme ou peut-être avant.

Mary fixa son petit ami avec un étonnement plutôt évident.

- Avant? se vexa Mary.

Les deux parents se regardèrent comprenant ce que Mary avait saisi. Eux aussi avaient effectivement réalisé qu'il serait capable de fuir la ville dès ses dix-huit ans acquis.

- Je vois..., marmonna Mary.

- J'ai pas dit obligatoirement... Et puis techniquement t'as aucune idée du temps qu'on restera ensemble..., avoua Cameron.

- Ben visiblement, toi tu ne nous imagines pas bien longtemps ensemble..., fit-elle vexée.

- Je vis au jour le jour, tu le sais, fit Cameron en regardant son poignet discrètement.

- Oui... Mais quand même..., marmonna Mary.

- T'en as pas envie toi? demanda Cameron.

- Quitter Godbless ? demanda Mary surprise.

- Ouais, une année sabbatique par exemple... Te faire un bon gros roadtrip à la Kerouac, avoua Cameron.

- On a étudié On the Road... Et non, franchement pas, fit Mary.

- Cela me rassure, avoua Edith.

- Je parlais pas pour le sexe et la drogue, se défendit avec empressement Cameron. Mais découvrir les gens...

- Désolée mais non, j'aime ma ville, avoua Mary.

- C'est ton droit, avoua Cameron. Je fais qu'envisager des choses... De toute manière je n'ai pas les moyens d'aller à l'Université.

- Tu pourrais avoir une bourse sportive, avoua Mary.

- Et tu me vois faire quoi? demanda Cameron surpris.

- Beaux-Arts, répondit celle-ci en envisageant un Cameron artiste.

- Tu peins? demanda Edith étonnée.

- Je dessine, répondit simplement Cameron.

- Je ne te voyais pas artiste, précisa Jason.

- Tant que c'est pas une œuvre d'art moderne en bouteille de bière, fit ce dernier se voulant drôle.

Ce fut cependant extrêmement raté comme blague. Le père de Mary ne plaisantait pas du tout sur ce genre fe sujet.

- Je lui ai même demandé d'être son modèle, fit alors Mary en provoquant un étouffement chez son père.

- Un portrait, précisa Cameron. Je ne me permettrai pas.

- Je n'ai rien dit, fit Jason en buvant de l'eau.

- Ma fille modèle... Amusant, avoua Edith. Imagine si il devient célèbre.

- Je n'ai pas assez de talent... Je ne suis pas bon à grand chose, avoua Cameron.

L'ambiance était retombée très vite, comme un bon vieux soufflet bien raté. Mary savait que Cameron avait une vie plutôt merdique et que forcément, il ne pensait pas comme tout le monde. Le repas se poursuivit alors dans le silence. Heureusement, Cameron s'était visiblement régalé. Mary le vit diriger ses mains vers les plats et fut étonnée qu'il soit du genre à aider.

- Laisse Cameron, fit alors Edith. Vous pouvez aller dans la chambre.

Mary regarda sa mère surprise avant de réaliser que cette dernière voulait juste leur laisser de l'intimité. Son père par contre, était en train de faire un accident vasculaire cérébral. En effet, il fixait sa femme comme si elle avait annoncé qu'elle cessait d'être Révérende pour devenir stripteaseuse. Cameron le regarda d'ailleurs d'un air qui signifiait qu'il s'attendait à se faire tirer dessus.

- Euh... La porte ne doit pas être fermée, fit ce dernier avec empressement.

- Papa! marmonna Mary. Viens Cam.

Mary ne chercha pas l'approbation de son père et saisit la main de son petit ami pour le guider dans l'escalier. Elle l'amena à sa chambre et ferma la porte derrière elle. Elle ne laissa qu'un très léger entrebaillement.

- Et ben, c'est bien mieux rangé que la mienne, fit Cameron en regardant la chambre.

- Est-ce compliqué ? fit-elle légèrement en colère quand même.

- J'ai pas dit ça parce que je pense que toi et moi c'est foutu d'avance, se défendit Cameron.

- Bah on dirait, fit Mary.

- S'il-te-plaît...

- Je te demande pas non plus de m'épouser, lui fit la jeune fille vexée. Mais pense quand même que ça peut durer merde!

- Je t'ai vexée visiblement, avoua Cameron.

- Ben j'espérais quand même que ça dure... C'est normal non? demanda Mary.

- Mary... Vis au jour le jour putain! s'offusqua Cameron.

- Je peux pas vivre comme ça moi, avoua cette dernière.

- Et pourtant t'es bien placée pour savoir que la vie ne tient qu'à un fil, lui assura Cameron.

- Parce que j'ai eu un accident ? demanda Mary.

- Parce que t'as failli y rester ! lui rétorqua le jeune homme.

Mary le regarda surprise et réalisa qu'en réalité, elle était morte. Il n'avait pas tort sur ce point, en un instant, la vie pouvait s'interrompre.

- Et donc je dois pas imaginer passer des vacances avec toi, penser à un cadeau de Noël... Ce genre de truc, proposa Mary.

- Mary, je t'ai dit ça ? demanda Cameron. On parle d'un truc que je pourrais faire après le diplôme, pas demain.

- Je sais... Mais c'est...

- Hey, fit Cameron en la prenant par les mains. Imaginer une vie, c'est pas mon truc. Mais rien n'empêche que si tu arrives miraculeusement à me supporter jusque l'Université, tu puisses étudier et moi voyager. Ou je trouve un travail près de université..., fit-il avec un clin d'œil.

- T'es con..., fit Mary en riant.

- Mais il ne faut pas tirer des plans sur la comète, on ne sait jamais de quoi l'avenir sera fait, rappela Cameron.

- Je sais..., fit Mary tristement.

- Allez, pense à autre chose, fit Cameron en l'embrassant. Je peux visiter ta chambre ?

- Tu comptes trouver quoi? demanda-t-elle amusée.

- Ho je sais pas..., fit-il pensif. Quelque chose de croustillant...

- Cam...

- Voyons voyons, fit-il en regardant les photos. Ha ouais vous étiez vraiment gosses...

Cameron venait de tomber sur les photos d'elle avec Carla et Dylan, âgée d'à peine trois ou quatre ans. Elle le regarda observer tranquillement les photos d'elle et de la chorale, des différents événements de sa vie.

- Ha ben me voilà, fit-il en riant alors qu'il observait une photo de groupe.

- C'est vrai qu'on n'en a pas encore fait, répondit Mary en riant également.

Elle le voyait observer attentivement son bureau et elle se rendit compte qu'il s'était mis à sourire en regardant ce dernier. Lentement elle le vit lever la main pour prendre quelque chose et elle se figea.

- Ça c'est mignon, fit-il amusé.

- Non! hurla presque Mary.

Elle avait foncé vers lui quand elle avait compris qu'il allait saisir la peluche posée sur le bureau. Manquerait plus que Melo le prenne mal et se vexe mais il ne réagissait pas. Cameron regarda Mary totalement surpris.

- T'y tiens à ce point là ? demanda-t-il complètement effaré en bougeant la peluche.

- Oui... C'est un souvenir d'enfance, fit-elle en fixant la peluche.

Mary venait de réaliser son erreur. En effet, elle était totalement habituée à voir voler Melo mais elle était pourtant bien la seule. Cameron n'avait en réalité vu que la peluche originelle, celle qui avait servi de modèle à son Grigori. Elle venait de se ridiculiser totalement.

- Tu dors avec? demanda Cameron amusé.

- Non! Plus depuis longtemps, assura Mary vexée.

- Je pourrais le remplacer, fit Cameron avec un clin d'œil.

- Si tu continues de te moquer, cela ne risque pas d'arriver rapidement, avoua Mary.

- C'est quand même une jolie chambre, fit Cameron en posant délicatement la peluche.

- On peut se mettre sur le lit, si tu veux, dit-elle un peu gênée.

Cameron la regarda amusé, très amusé. Elle n'en pris nullement ombrage et alla s'allonger tranquillement en mettant les oreillers de manière confortable. Elle tapota sur le lit pour qu'il vienne la rejoindre. Il s'allongea à côté d'elle et ils fixèrent le plafond.

- Tu n'as aucun poster de chanteur? demanda Cameron.

- Non, je t'avoue qu'à part l'affiche de I Still Believe, le film en plus, je décore rarement avec ce genre de trucs, fit Mary.

- Dire que moi c'est le bordel..., fit-il en riant.

- Les chambres des autres filles sont plus décorées ? demanda Mary.

- J'ai l'impression que cette question cache autre chose..., avoua Cameron en la regardant.

Elle leva la tête pour croiser son regard et réalisa qu'effectivement cela semblait être une question sur ses autres expériences.

- Ne réponds pas, fit Mary.

- Je peux te dire pour Verena, fit-il en riant. J'ai jamais vu autant de mecs torses nus et je passe du temps dans un vestiaire.

- Quel idiot ! fit Mary en riant.

Elle entendit alors un léger craquement provenant de l'escalier et laissa son sens plus développé. Il était évident que son père était en train de monter pour écouter. Elle soupira de lassitude.

- Ça va pas ? demanda Cameron.

- Je suis un peu déçue du comportement de mon père, avoua Mary volontairement audible.

- Il a pas tort..., dit-il avant de voir le regard de Mary. Je veux pas dire que je vais te faire du mal mais je comprends sa réaction. Tu mérites mieux.

- Arrête de dire ça, fit Mary. C'est énervant.

- Mary... Honnêtement, tu devrais le comprendre, fit Cameron.

Elle entendit alors les pas de son père qui de cette manière lui indiquèrent qu'il redescendait déjà. Il semblait content du comportement du jeune homme.

- Tu sais... Étonnement, être avec toi c'est assez naturel, précisa Mary.

- Assez naturel ? demanda-t-il.

- Oui, je n'ai pas vraiment peur de me retrouver seule avec toi, comme maintenant, précisa Mary. Et quand on passe du temps ensemble c'est comme si j'y étais déjà habituée.

- En bref, tu te sens en confiance, précisa Cameron en se tournant.

- C'est ça, fit-elle avant d'avancer pour l'embrasser.

- Intéressant, fit-il en souriant contre ses lèvres.

- À quel point ? demanda Mary.

- Au point que j'ai envie de quelque chose, précisa Cameron.

Autant le préciser, la jeune fille s'était figée et elle se tourna vers la porte inquiète.

- Pas ce genre de choses, avoua Cameron. Sauf si...

- Non non, s'empressa de préciser Mary. Mon père pourrait monter. Alors c'est quoi ?

- T'as du papier et un crayon? demanda-t-il amusé.

Mary sourit et lui indiqua le bureau. Cameron quitta rapidement le lit et alla fouiller dans le bureau.

- Je me mets où ? demanda Mary.

- Tu peux rester sur le lit, fit-il en installant la chaise.

Mary sourit et s'assit simplement sur le lit en fixant Cameron. Elle était contente qu'il veuille faire cela mais elle ne savait pas comment s'installer.

- T'as pas envie de prendre une pose plus simple, fit-il en souriant.

- J'ai jamais fait ça, avoua Mary.

Elle ramena ses jambes vers elle avant d'en reposer une sur le lit. Elle posa sa tête sur son bras, lui-même sur son genou.

- T'es sublime, fit Cameron.

- Merci, fit-elle touchée.

Mary vérifia doucement que sa robe ne dévoilait rien et elle vit que sa cuisse était extrêmement visible, dévoilant même un peu sa fesse. Elle essaya de replacer doucement la robe pour camoufler cela.

- Je ferai descendre la robe plus bas sur le dessin, fit Cameron en riant.

- Tu vois rien? demanda-t-elle gênée.

- Attends, je vérifie, fit Cameron en se penchant.

- Arrête imbécile ! s'offusqua Mary avec un sourire.

- Je peux commencer ? demanda Cameron. Ce ne sera qu'une esquisse.

- Cela me suffit, concéda Mary.

Et ainsi, discutant de tout et de rien, Mary servit de modèle à son petit ami. Elle l'observait très attentivement dessiner, levant parfois la tête vers elle et se contentant de lui sourire. Cependant, cela restait très long.

- Ça avance bien? demanda Mary.

- Oui, tu es un très beau premier modèle, avoua Cameron.

- Contente d'être utile, avoua la jeune fille en riant.

- Et ça m'évite d'être tenté, avoua Cameron.

Mary le regarda attentivement et sourit. Elle se pencha un peu plus en arrière, espérant se donner un petit côté séductrice.

- Donc tu me trouves vraiment belle? demanda-t-elle.

- Mary, il y a un miroir juste là, précisa ce dernier consterné.

- Je ne suis pas très à la mode, ni très féminine..., marmonna Mary.

- Je n'ai pas besoin que tu le sois, t'es canon comme tu es, fit Cameron.

- Merci, fit la jeune fille touchée.

- Pourquoi tu doutes de toi? demanda ce dernier en posant son matériel.

Mary le vit s'approcher et s'appuyer sur le lit. Il s'approcha doucement pour l'embrasser mais elle joua un peu.

- Tu pourrais penser que je suis ennuyeuse, fit Mary.

- Laisse moi te prouver le contraire, fit-il avant de s'emparer de ses lèvres.

Ils s'embrassèrent très tendrement, Mary laissant son petit ami la surplomber sans pour autant en être gênée. Il faisait cependant tout pour ne pas l'écraser et elle, elle massait son cou de sa main.

- Tu vois que je m'ennuie pas, fit Cameron.

- Je sais, fit Mary en se mordant la lèvre intriguée.

- Tu te demandes si je peux résister hein? demanda-t-il alors amusé.

- Hum hum, répondit-elle simplement.

- Je ferai rien avec tes parents pas loin, fit Cameron. Même si...

- Du genre? demanda-t-elle intriguée.

Il s'approcha alors doucement de son oreille pour y murmurer ou plutôt y susurrer sa réponse.

- Je peux te faire des choses avec autre chose que mes doigts, fit Cameron.

Elle le repoussa alors doucement pour le regarder avec circonspection. Il haussa alors les sourcils et elle fut horrifiée.

- Tu parles de ta... Ta langue? demanda Mary toujours pas très à l'aise.

- Avoue que ça te titille, précisa Cameron.

- Bah euh... Pas vraiment..., marmonna Mary.

- Ha bon? s'étonna Cameron en se reculant légèrement.

- C'est pas très hygiénique..., répliqua la jeune fille. J'ai transpiré... Je ne me suis douchée que ce matin et euh... Bah je m'épile pas, développa Mary.

- Je m'en fous... Je m'en fous et je m'en fous aussi, assura Cameron en riant.

- C'est pas dégoûtant ? demanda Mary.

- Je te propose pas cela pour maintenant..., marmonna Cameron. Et si ça ne te tente pas on oublie.

- J'ai pas dit ça, assura Mary avant de se figer.

- Ha oui... Ça te tente quand même..., fit Cameron amusé.

- J'ai pas dit ça non plus, fit Mary en posant sa tête sur l'oreiller.

- J'irai à ton rythme, quand tu veux essayer des choses, tu sais où me trouver, fit-il en riant.

- Comment vous arrivez à être aussi à l'aise sur ces sujets ? demanda Mary.

- Comment ça vous? demanda alors Cameron plutôt surpris.

- Toi, Dylan et les autres..., marmonna Mary.

- C'est juste parce que l'on pense différemment..., fit Cameron.

Mary entendit alors un battement d'ailes au loin, sans doute provenant de l'extérieur. Elle y prêta attention sans répondre à son petit ami.

- Alerte! Alerte ! On a des informations !!! hurlait Melo de l'extérieur.

Et puis soudain, il y eut un gros boum qui fit même sursauter Cameron qui se retourna pour regarder la fenêtre. Mary la regarda attentivement en voyant alors une peluche retomber derrière la fenêtre.

- Je crois qu'un piaf s'est mangé ta fenêtre, fit Cameron.

Mary le repoussa alors totalement paniquée du propos de Melo et quitta le lit pour foncer vers sa fenêtre. Elle l'ouvrit et regarda en bas, se retenant de l'appeler. Elle sentit Cameron se pencher près d'elle.

- Bah il a l'air d'aller bien, fit Cameron.

Mary se figea et regarda son petit ami choquée. Comment pouvait-il voir Melo? Elle n'arrivait pas à y croire.

- Tu..., marmonna Mary choquée.

- Ben je vois rien en bas, il a déjà dû s'envoler ailleurs... Non? demanda Cameron.

- Euh si..., fit Mary en regardant par la fenêtre et se sentant bête. Y a pas d'oiseau au sol...

- Je vais bien ! fit Melo. Lelahel va t'appeler tout de suite, réponds !!!

Mary regarda la peluche légèrement maladroite avec étonnement. Immédiatement, elle entendit aussi son téléphone et fondit littéralement sur son lit pour le saisir, l'ayant laissé sur la table de chevet. Ignorant totalement qu'elle dévoilait sa culotte dans cette position, elle dut jongler avec son téléphone portable pour observer l'écran. C'était bien Nina. Elle accepta l'appel.

- Qu'est-ce qui se passe? demanda-t-elle inquiète.

- Tu es seule? demanda alors la voix calme de Lelahel.

- Euh..., fit-elle en se retournant.

Elle découvrit Cameron en train de la mater, très étonné mais n'ayant rien loupé de son spectacle. Elle lui lança un oreiller avant de remettre sa robe correctement.

- Je suis avec mon petit ami, avoua Mary.

- D'accord... Essaye d'avoir l'air détendue, précisa Lelahel.

- Ok..., marmonna Mary.

- On a compris ce qu'il se passait dans la région, avoua alors Lelahel.

- D'accord j'écoute, précisa Mary.

- Il semblerait qu'un déchu extrêmement haut placé ait réussi à pénétrer votre monde sans s'incarner, fit alors Lelahel.

- Comment ça ? s'étonna Mary devant la mine circonspecte de Cameron.

- Un Prince des Enfers..., fit Lelahel. À Godbless.

Mary remarqua la tête extrêmement étonnée de Cameron et comprit qu'il réagissait à son propre étonnement qui devait se lire sur son visage. Elle essaya donc d'avoir l'air naturelle.

- Je vois, fit simplement Mary.

- On ne sait pas encore comment mais il va falloir se réunir, fit Lelahel.

- Ok... Ce soir? Parce que je suis occupée, avoua Mary.

- Non, mercredi..., précisa Lelahel. Il est très compliqué pour Raphael de se libérer à cause de son corps d'emprunt.

- Raphael? s'étonna Mary à voix haute.

Elle vit la tête de Cameron et ce dernier devait chercher si il connaissait quelqu'un de ce prénom.

- Oui, et tu devras nous aider. Nina te conseille de faire très attention et de te méfier de tout le monde, précisa Lelahel.

- Pou... Pourquoi ? demanda Mary.

- L'hôte ne réagirait pas comme un déchu, tu ne pourrais pas le savoir, fit Lelahel.

- Ok... Donc on se voit mercredi ? demanda Mary.

- Je te donnerai les informations pour le rendez-vous... Attention à toi, fit Lelahel avant de raccrocher.

Mary regarda son téléphone sidérée de l'information. Ainsi un Prince était à Godbless, un représentant des déchus les plus puissants et qui visiblement avait enfreint toutes les règles. Les ennuis arrivaient.

- Ça va? demanda Cameron interrompant des pensées compliquées.

- Hein? s'étonna Mary. Oui oui...

- T'as pas l'air bien..., assura Cameron.

- Petit soucis, mentit Mary.

- Je dois être jaloux? demanda Cameron.

- De? s'étonna un peu plus Mary.

- Ce Raphael? insista Cameron.

- Ho..., fit Mary avant de réfléchir à un mensonge. Raphael est un tout petit garçon, ses parents se retrouvent dans un problème familial et ils cherchent quelqu'un pour le garder mercredi... Je suis déjà sa baby-sitter presque attitrée.

Elle lui avait déjà dit faire du babysitting pour les parents de l'église et elle espérait que cela passe.

- Tu as besoin de compagnie ? demanda-t-il alors.

- Cam... Je garde les enfants seuls, les parents me font confiance, précisa Mary. Je ne ferai rien de ce genre.

- Ok, pas de soucis, fit Cameron. On redescend... Évitons que tes parents ne se posent des questions.

- Oui, et puis y a le dessert, fit Mary.

La grande guerre éternelle venait clairement de prendre un tournant compliqué. En plus, ils semblaient ignorer à quoi ressemblait l'ennemi et il était évident que toute erreur pourrait être fatale. Elle se demanda alors où était sa vie si simple. Elle était vraiment loin l'époque où sa seule énorme inquiétude était de savoir si ils auraient assez de nourriture à distribuer aux pauvres... Maintenant, le destin du monde allait se jouer à Godbless.


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