L'Ame des Anges: Incarnation

Chapitre 16 : Sentiments

7458 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 23/10/2022 08:52

Chapitre 16

Sentiments


Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien–aimés, revêtez–vous de sentiments de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez–vous les uns les autres, et, si l’un a sujet de se plaindre de l’autre, pardonnez vous réciproquement. De même que Christ vous a pardonné, pardonnez–vous aussi. Mais par–dessus toutes ces choses revêtez–vous de l’amour, qui est le lien de la perfection. Et que la paix de Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans vos cœurs.


Épîtres aux Colossiens, Chapitre Trois, Versets Douze à Quinze

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Mary était perturbée depuis ce qu'il s'était passé dans le vestiaire et la cabine de douche. Elle s'en voulait énormément, surtout du plaisir ressenti mais c'était bien à lui qu'elle en voulait le plus. Quand elle s'était réfugiée chez elle en évitant du mieux qu'elle pouvait ses parents, elle s'était cachée dans sa chambre en se regardant dans le miroir. C'était là, en se voyant débraillée, que Mary réalisa qu'elle avait péché. Elle n'avait rien dit à personne, pas même à Melo et ce dernier pouvait être extrêmement insistant. Elle avait tout gardé pour elle et elle ne voulait pas en parler. Le pire, ce fut que sa soirée fut ponctuée de messages de Cameron. Il voulait parler, la voir, discuter. Elle avait répondu, au bout du dix-septième message, et lui avait dit qu'elle avait besoin de réfléchir. Elle lui en voulait tellement, peut-être autant qu'elle avait envie de passer outre. Elle essayait en effet de comprendre comment ils en étaient arrivés à cet instant et sa nouvelle nature fut plutôt considérée comme responsable. Le fait d'avoir les sens plus sensibles avait joué, c'était une évidence. Et puis, elle devait bien reconnaître que choisir un petit ami habitué à aller plus loin comportait des risques. Mais ne pas la respecter, c'était une grave erreur à ses yeux. Elle avait même prévu de lui faire la tête le vendredi mais l'occasion ne se présenta nullement, Cameron ayant prit un jour de congé visiblement. Elle était plutôt outrée qu'il ne veuille pas la voir et se sentit blessée. C'était lui le responsable, pas elle; ce n'était donc pas à lui de faire la tête. Ses amis s'étaient bien rendus compte qu'elle était en proie à un léger désarroi et elle avait encore dû mentir. Cette fois, elle avait juste prétexté s'être légèrement disputée avec ses parents car elle aurait supposément eu marre d'être trop couvée. Ses amis l'avaient rassurée, comprenant son point de vue mais prétextant également que ses parents avaient peur. Jouer la comédie, mentir, tout cela, ce n'était pas dans ses habitudes. Elle n'avait pas compté le nombre de mensonges en tout genre qu'elle avait dû inventer depuis qu'elle était l'hôte d'un ange mais c'était beaucoup trop pour quelqu'un qui ne mentait jamais. Le vendredi soir, cela n'avait guère était mieux. Elle avait malaxé longuement son plat, mangeant peu de cet hachis parmentier qui pourtant faisait partie de ses plats préférés. Elle avait suspectés ses parents de remarquer cela et quand son père l'avait interrogée, elle avait encore menti, prétextant les petits problèmes féminins mensuels. Sujet bien pratique évidemment mais qui lui avait permis de rester dans sa chambre sans gêner personne. Melo avait encore été difficile à gérer et elle avait fini par lui dire, sachant que de toute façon, il ne pourrait pas répéter cela à quiconque. Il ne savait pas trop quoi dire pour la rassurer, sa nature l'empêchant de cerner toutes les implications pour des humains. Cela avait tout de même soulagé Mary de parler mais le silence de son téléphone était encore plus énervant. Une nuit difficile avait alors suivi et le samedi matin, son humeur était encore pire. Elle avait arpenté durant la moitié de la nuit le réseau social Cross, tout cela pour trouver des témoignages et savoir quoi dire à son petit ami. Certaines personnes avaient choisi de céder, d'autres avaient réagi comme elle mais aucun ne savait quelle était la bonne réaction. Elle était toujours assise sur son lit et regarda son téléphone avant de le poser rageusement sur son lit.

- Pourquoi il reste silencieux ? C'est lui qui est vexé ? s'énerva Mary.

Cette fois, elle était seule. Il arrivait parfois à Melo d'aller arpenter la ville pour voir si il se passait des choses dépendantes de sa mission, cela étant d'ailleurs dans ses attributions. Elle ne l'en empêchait pas vu qu'il devait pouvoir revenir au besoin. Selon lui, les grigoris pouvaient entendre leur partenaire si il le décidait, surtout maintenant qu'il était là depuis un moment. Plus le temps passait, plus il devenait indépendant d'elle. Ce n'était pas plus mal, cela lui évitait de faire des rondes. Soudain, quelqu'un frappa à la porte.

- Oui? s'étonna Mary.

- Je peux entrer? demanda sa mère de l'autre côté.

- Bien sûr Maman, fit Mary.

Sa mère entra donc dans sa chambre et laissa la porte ouverte, le tout avant de venir s'asseoir.

- Ton père t'embrasse, il a dû partir, vol au centre commercial cette nuit, la prévint sa mère.

- Ho d'accord, fit Mary penaude.

- Ça va ? demanda sa mère visiblement inquiète.

- Oui..., fit Mary hésitante.

- Pas trop mal au ventre ? demanda sa mère.

- Ça va aujourd'hui, précisa Mary.

Sa mère la regarda attentivement et soupira. Mary se demandait ce qui justifiait une telle réaction de sa part.

- Depuis quand tu me mens? demanda sa mère.

- Quoi? s'étonna Mary.

- Chérie... C'est moi qui achète les petites affaires et je sais quand tu es menstruée, c'est la semaine prochaine, fit alors sa mère.

- Ho... Euh...

- Je suppose que c'est pour éviter les questions de ton père que tu t'es servie de cette excuse, comprit aisément sa mère.

- Oui... Je ne voulais pas parler, précisa Mary.

- Et aujourd'hui... Tu veux? demanda Edith.

- Je...

- Vous vous êtes disputés avec ce garçon, c'est cela? demanda sa mère décidément trop bonne détective ou possédant un trop bon instinct maternel.

- Moui..., marmonna Mary. Enfin je sais pas comment qualifier cela...

- Je suis ta mère... Tu peux tout me dire, je ne jugerai pas et ce quoi que tu puisses me dire, d'accord ? demanda sa mère.

- Je sais pas...

- Je ne dirai rien à ton père si c'est ce qui t'inquiètes, lui assura Edith.

Mary regarda sa mère et elle déballa toute l'histoire. Que ce soit sa recherche, sa discussion avec Cameron, l'obligation de se cacher et enfin, le reste. Sa mère s'était sentie légèrement gênée quand Mary lui expliqua ce qu'il s'était passé mais écouta dans un silence rassurant.

- Et depuis, silence radio..., grommela Mary en donnant la conclusion de son récit.

Mary n'osait même pas regarder da mère en face, surtout qu'elle était entrée dans quelques détails plus ou moins gênants.

- J'ai tellement honte, assura Mary en cachant son visage dans ses mains.

- Mais de quoi as-tu honte? demanda calmement sa mère.

- De tout, de l'avoir laissé me toucher, de ne pas l'avoir stoppé plus tôt... Même de l'avoir frappé parce que j'ai paniqué... Et... Hum..., fit Mary gênée.

- D'avoir éprouvé du plaisir ? demanda sa mère comprenant.

- Oui... Je n'aurais pas dû... C'est un péché, assura alors Mary.

- Chérie... Je crois que c'est un peu ma faute, lui signifia sa mère.

- Quoi? s'étonna Mary en la fixant.

- Nous n'avons jamais parlé de ce genre de choses, de ces éventualités, expliqua sa mère. Naturellement je pensais que tu trouverais un garçon de notre congrégation...

- Je sais Cam n'est vraiment pas...

- Stop, l'arrêta sa mère. Ce n'était pas un jugement ou une critique ma chérie.

- Ha bon? Mais Cam est très différent, précisa Mary.

- Je le sais et je l'ai compris, lui spécifia sa mère. Mais j'aurais dû te parler de certaines choses dès l'instant où tu as dis qui était ce garçon.

- Si tu voulais parler de sexualité, on a des cours au lycée, lui rappela Mary.

- Oui mais aucun ne pourrait répondre à des questions en rapport avec nos croyances, spécifia sa mère.

- Je ne comprends pas où tu veux en venir, précisa Mary plutôt perdue.

- Chérie tu me dis avoir honte d'avoir ressenti du plaisir mais ce n'est pas un crime, développa sa mère.

- Quoi? fit juste sa fille surprise.

- Il est normal d'éprouver du désir pour la personne que l'on aime, assura sa mère. C'est même plutôt logique à ton âge. Et que ce garçon te caresse... Aussi gênant que cela ait pu te sembler, il voulait te faire du bien. L'endroit était extrêmement mal choisi je le concède volontiers mais se toucher n'est pas un péché.

- Ha bon? Mais cela peut pousser à aller trop loin, rétorqua Mary.

- Mais chérie... Je ne t'ai jamais obligée à rester vierge jusqu'au mariage... J'aimerais naturellement t'imaginer toujours comme une petite fille mais si cela devait arriver, cela arrivera, ajouta sa mère.

- Mais moi je le veux, fit Mary. Je pense que l'on doit s'offrir à l'homme que l'on doit épouser. Si on commence par se toucher...

- Ma chérie..., fit sa mère un peu gênée. Je ne suis pas arrivée à mon mariage en ayant juste touché la main de ton père.

- Hein? fit Mary choquée et plutôt gênée.

- C'est un peu gênant mais oui, insista sa mère. Moi et ton père avions quand même quelques... Attentions.

- Mais... Je ne veux rien savoir, fit Mary en se bouchant les oreilles.

- Chérie..., fit sa mère en enlevant ces mêmes mains. Je ne vais pas entrer dans les détails mais c'est vrai. C'est normal en fait. Nous avions peut-être les mêmes croyances mais nous sommes restés près de sept ans ensemble avant de nous marier. Il est normal d'avoir ce genre d'envie.

- Mais cela vous a pris du temps, assura Mary consternée.

- Ce garçon... Il n'a pas nos croyances mais il semble désirer... Comment dire...

- M'apprendre des choses ? proposa Mary.

- J'allais dire te faire comprendre que tu avais aussi le droit de désirer des choses... Bon j'aurais préféré que cela se passe ailleurs, fit sa mère.

- Attends... Tu ne vas pas me consigner? demanda Mary choquée.

- Bien sûr que non... Tu découvres l'amour, le désir et... Bref..., marmonna sa mère. C'est assez logique en soit.

- Je n'aurais pas dû le frapper ? demanda Mary.

- Plus discutable... Tu voulais qu'il arrête mais visiblement, il n'a pas compris..., marmonna sa mère.

- Et visiblement, il m'en veut..., grommela Mary.

- As-tu envisagé le contraire ? demanda sa mère avec un sourire.

- Je lui en veux évidemment... Je voulais qu'il me respecte, assura Mary.

- Non... As-tu envisagé que c'était à lui-même que Cameron en voulait? insista sa mère.

- Tu... Tu crois? demanda Mary surprise.

- Je crois qu'il tient à toi... Et visiblement, vous vous voyez plus souvent que tu ne me le laisses croire, fit sa mère avec un sourire mesquin. Je comprends, tu veux vivre ton premier amour un peu en secret mais il semble qu'il n'ait jamais rien fait d'autre...

- C'est vrai...

- Je crois que vous devriez discuter, précisa sa mère.

- Mais il répond pas, assura Mary.

- En face à face, tu dois lui préciser que tu es perdue, que tu ne sais pas faire face à tout ça. Et je t'en prie, dis-lui surtout d'éviter de faire cela dans ce genre d'endroit, assura sa mère légèrement méfiante.

- Je suis désolée pour cela, assura Mary.

- Euh..., hésita soudainement sa mère.

- Oui? demanda Mary méfiante.

- Je pense que tu dois lui préciser que, même si visiblement il voulait te faire plaisir, fit sa mère gênée. Il doit apprendre que tu n'es pas du tout au fait de ce genre de choses et... Si quelque chose doit se passer, qu'importe ce que c'est, je serai plus rassurée que cela ait lieu... Ici, avoua sa mère.

- Hein? Ici? Tu veux dire... Dans ma chambre ? demanda Mary choquée.

- C'est quand même plus rassurant qu'une cabine de vestiaire... Je ne donne pas forcément mon aval mais je préfère te savoir dans un endroit sécurisé que n'importe où, avoua sa mère. Naturellement cela sera notre secret, je ne pense pas que ton père le supporterait...

- Tu veux dire que je peux proposer à Cam de venir à la maison ? demanda Mary.

- Oui..., fit sa mère après un soupir. Ce n'est pas une permission de faire n'importe quoi non plus... Et franchement il faut qu'on le rencontre...

- Je vais lui dire, fit Mary rassurée que sa mère soit compréhensive.

- Tu vas aller le voir? demanda sa mère.

- Oui, je vais y aller, fit Mary en se levant.

- Chérie... Par contre, si tu ne veux pas... Hum... Le toucher au plus, il faut qu'il le comprenne, marmonna sa mère gênée quand même. Je suis ouverte mais si il exagère, il va apprendre à me connaître.

- Je vais vraiment lui faire comprendre que si il veut être avec moi, il faut qu'il apprenne à être franchement patient, confirma Mary en enfilant ses baskets.

- Il est clair que toi par contre, tu es très amoureuse, assura sa mère.

- Quoi? demanda Mary.

- Regarde ton empressement..., fit sa mère souriante. J'espère que ce garçon vaut vraiment le coup.

- Il n'est pas parfait mais c'est un mec bien, quand il veut, assura Mary.

Mary commença à enfiler sa veste et elle remarqua immédiatement la mine légèrement déconfite de sa mère. La conversation avait été extrêmement gênante, surtout quand elle avait détaillé ce qu'elle ressentait. Et pourtant quelque semblait perturber sa mère.

- Qu'est-ce qu'il y a Maman? Tu as peur que je risque quelque chose en allant chez lui? demanda Mary à sa mère.

- Euh... Pas vraiment... Je me demandais si tu voulais des sous-vêtements plus... Féminins, proposa sa mère.

- Quoi? s'étonna Mary.

- Tu peux vouloir plaire, assura sa mère très gênée.

- Mes sous-vêtements me vont très bien, assura Mary choquée.

- Et hum..., fit sa mère toute rouge. Est-ce que tu veux que je passe à la pharmacie ?

- Tu... Non! fit sa fille choquée.

- Tu en aurais... Si jamais par hasard cela devait arriver, ce n'était pas une permission mais on ne sait jamais, fit sa mère.

- Maman... Je n'irai clairement pas aussi vite, pas du tout, je veux qu'on y aille très tranquillement, assura Mary. Et euh... Il en a.

Mary avait hésité à dire cela. Elle les avait vu quand elle avait cherché un cable de recharge pour son téléphone, un pour connecter ce dernier à l'allume cigare. Elle était tombée sur une boîte de préservatifs et l'avait rejetée choquée au fond de la boîte à gants, provoquant le fou rire de l'année chez son petit ami.

- Bon..., fit sa mère plutôt gênée.

- Maman... Je... Je comprends que cela t'effraie, moi aussi d'ailleurs, avoua Mary. En fait depuis que je suis avec lui cela m'angoisse, qu'il puisse espérer plus... Mais étonnement, savoir que dans la toute petite éventualité où cela pourrait arriver aussi vite, cela me rassure.

- Tu veux dire qu'il songe à se protéger ? demanda sa mère.

- Oui, c'est au moins une preuve de maturité, assura Mary.

- Tu n'as aucune question... Plus intime? demanda sa mère désireuse d'aider sa fille.

- Je... Je crois qu'il pourrait me répondre... Mais je t'assure qu'après la cabine, je ne suis pas trop prête à redevenir intime rapidement même si... Ce n'était pas si désagréable, fit-elle honteuse.

- Je comprends, fit sa mère un peu gênée. Être avec la personne que l'on aime change beaucoup de choses... Tu fais attention ? Et tu m'appelles en arrivant ? Ou tu veux que je t'emmène ?

- Promis... Je vais y aller à pieds, il habite près de la station service de Camden Street, au trente-neuf, précisa Mary.

- D'accord le trente-neuf, fit sa mère comprenant que sa fille lui signifiait l'adresse par sécurité.

- Euh... Est-ce que tu crois que c'est déjà fini? demanda Mary.

- Si c'est le cas, c'est qu'il ne tenait pas vraiment à toi, précisa sa mère.

Mary comprit le sens du propos et ferma sa veste quand soudain, elle sentit les mains de sa mère sur ses épaules. Elle la regarda rapidement et sentit beaucoup de douceur dans les yeux de sa mère.

- Tu es devenue une très jolie jeune femme, fit sa mère. Et quoique tu fasses dans ta vie privée, je n'aurais jamais honte et jamais je ne te jugerai. Et Dieu ne condamne pas l'amour.

Mary la regarda touchée par les propos. Le dernier par contre, elle eut un petit doute sur la véracité de celui-ci, surtout au vu de ce qu'elle avait pu apprendre.

- Merci Maman..., fit Mary. Je l'aime tu sais... Malgré ses défauts...

- Ton père n'est pas parfait non plus, assura sa mère.

- C'est à dire? demanda Mary surpris.

- Il ne met jamais ses vêtements sales dans la caisse, fit sa mère.

- Maman... Cam est...

- Chérie... Je sais, ton père m'a dit..., fit-elle visiblement inquiète.

- Il n'a pas violé cette fille Maman... Il me l'a juré et... Je le crois, assura Mary. Je le sais, ajouta-t-elle sachant désormais une certaine chose.

- Allez fonce, et fais lui comprendre, fit sa mère à sa fille qui filait.

Mary devait le voir, elle en avait besoin. Elle ne se trouva pas idiote de quasiment courir pour le voir. Certes, elle ne courrait pas vraiment mais elle n'en était clairement pas loin. Elle ralentit cependant quand elle pénétra dans la partie bien moins jolie et gâtée de la ville. Elle se dirigea immédiatement vers Camden Street en essayant de ne pas regarder les gens qui semblaient vendre des produits stupéfiants et en évitant également les consommateurs. Elle passa devant le fameux garage et fit un signe de tête poli au garagiste qui la regardait passer. Elle vit alors le bracelet électronique que celui-ci portail à la cheville droite et elle accéléra le pas. Décidément ce côté de la ville n'était pas des plus rassurants. Elle regarda le numéro sur les boîtes aux lettres et suivit le trente-six, trente-sept, etc. Enfin elle arriva devant une maison au jardin pas très vert. Elle aurait même pu qualifier ce jardin de terrain vague. Elle dut d'ailleurs esquiver un vieux vélo tout pourri pour accéder à la porte. Elle inspira profondément et sonna. Elle réalisa au bout de deux ou trois minutes qu'elle n'avait pas entendu de sonnerie et se demanda si elle était cassée. Par acquis de conscience, elle frappa à la porte et patienta. Peu de temps plus tard, la porte s'ouvrit violemment et, en découvrant qui avait ouvert cette porte, Mary eut un mouvement de recul. C'était un homme véritablement colossal, de plus de mètres et qui devait avoir des difficultés à passer la porte tant il était large. Sa barbe de trois jours et le marcel sale donnait déjà un côté bourru à cet homme.

- Quoi ? fit-il extrêmement sèchement d'une voix grave.

- Bonjour Monsieur..., hésita Mary légèrement effrayée. Veuillez m'excuser de vous déranger mais je viens chez vous pour...

- Ho putain y en ras le cul de ces démarcheurs de mes deux couilles, c'est quoi encore? Tapis? Religion ? s'énerva l'homme.

- Monsieur attendez..., tenta Mary.

- Je veux rien et j'en ai rien à foutre de ces conneries, assura l'homme en refermant la porte.

- Je viens voir Cam! fit rapidement Mary.

- Mon bon à rien de fils? demanda cet homme plutôt désagréable.

- Il n'est pas un bon à ri..., commença Mary pour le défendre.

- Cam! Y a une de tes poufs à la porte !!! Tu m'as pris pour l'accueil d'un motel bordel de merde? s'énerva l'homme.

Mary regarda l'homme avec méchanceté et elle sentit son regard sur elle. Elle se sentit immédiatement mal à l'aise.

- Au moins il baise des canons, au moins il réussit un truc, même pas foutu de réussir un suicide, fit alors le père.

Mary écarquilla les yeux et fut choquée. Pas trop de l'allusion sexuelle, habituée par le fils mais plutôt par cette horreur prononcée. Comment pouvait-il dire cela de son propre fils.

- MAGNE TON CUL!!! hurla le père.

- Arrête de faire chier ton m..., fit Cameron en débarquant pieds nus et vêtu uniquement d'un jean. Mary?

- Bonjour..., fit-elle mal à l'aise.

- Elle vient prendre son coup de bite, fit le père en riant.

- Ferme ta gueule toi! s'énerva Cameron.

- C'est rien, fit Mary piur désamorcer.

- Bon je vais te laisser la baiser, j'ai du taf..., fit-il en passant près de Mary.

- Va faire les courses plutôt que d'aller picoler! fit Cameron énervé.

- Mets une capote, pas besoin d'un autre putain de chiard dans cette baraque, fit le père de Cameron en s'éloignant.

Mary n'osait plus du tout bouger. Elle attendait patiemment en regardant Cameron.

- Tu ne me fais pas entrer? demanda-t-elle enfin.

- Euh..., fit-il en regardant derrière lui. C'est un peu la honte...

- C'est pas grave Cam, fit-elle.

- D'accord... Ma chambre est au fond, fit-il en la laissant entrer.

Mary passa alors le pas de la porte et fut saisie par une horrible odeur, mélange de tabac froid et d'alcool. Elle ferma les yeux un instant avant d'avancer vers la chambre. Ce n'était guère mieux, juste une décoration plus jeune.

- Attends, fit-il en jetant ce qui était sur son lit par terre.

Les magazines de sports et les emballages de petits gâteaux finirent aux sols et Cameron remit ma couette dans une position plus rangée avant se se redresser. Il fit alors de même avec une chaise et chercha où ranger ses affaires de cours. Mary sourit et s'assit simplement sur le lit.

- C'est rien, fit-elle alors gênée.

- J'enfile un t-shirt, fit-il en joignant le geste à la parole. Désolé pour l'autre connard...

- C'est pas grave... J'étais prévenue, fit-elle mal à l'aise.

- Je croyais que c'était mort, avoua le jeune homme.

- Je crois surtout qu'on doit parler, fit Mary.

- J'ai déconné, fit immédiatement Cameron en s'asseyant.

Mary fut surprise qu'il s'excuse immédiatement, à sa façon bien évidemment. Elle préféra le laisser parler.

- C'est ma faute, j'aurais pas dû, avoua Cameron. J'ai pas l'habitude d'être dans une relation plus sérieuse...

- Cam, je sais, avoua Mary.

- Peut-être mais c'est pas une excuse, ajouta Cameron. Tu m'avais dit de pas profiter de la situation... Mais dans le vestiaire j'ai merdé... T'étais venue, la situation a fait que ça m'a excité...

- Cam..., fit Mary gênée.

- Je sais, je suis trop con, concéda Cameron. Mais t'es tellement belle, t'es sexy... T'étais là dans cette situation de proximité, gênée.. Ta peau est si douce, je voulais juste te faire un peu de bien, que tu saches que tu me plais, que je t'aime et moi j'ai juste complètement merdé. Je t'ai pas écoutée, tu m'as demandé d'arrêter... J'aurai dû... Je mérite totalement cette baffe mais me jette pas..., fit-il alors en se figeant. Mary?

Elle s'était redressée quand il avait dit quelque chose de particulier. C'était surprenant et cela provoqua un véritable bond dans la poitrine de Mary. Elle n'arrivait pas du tout à y croire et elle devait bien reconnaître que son cerveau était complètement ailleurs. Elle espérait qu'il soit convaincu de ses sentiments, c'était naturel mais elle n'avait jamais réellement imaginé qu'il le dise. Elle aurait dû être plus posée, plus calme mais la jeune fille mourrait d'envie de hurler son petit bonheur.

- Mary? insista Cameron. Ça va ?

- Cam... Tu... Je suis si contente, fit Mary très émue.

- Que je m'excuse ? fit Cameron dubitatif. Mais j'ai déconné donc c'est normal... Et que j'ai pas envie que tu me quittes...

- Non Cam... Tu l'as dit, fit-elle les yeux brillants.

- Euh... J'ai dit quoi? demanda-t-il surpris.

Mary pencha un peu sa tête en souriant, agrémentant cela d'un tout petit rire évoquant son émotion.

- T'as pas fait attention à ce que tu disais? demanda-t-elle en souriant.

- Euh... Je dis ce que je ressens... Mais pourquoi t'as un sourire aussi béat ? demanda-t-il clairement étonné.

- Tu l'as dit Cam, fit Mary.

- J'ai dit quoi? insista Cameron.

- Ce que tu ressentais réellement, avoua Mary.

Elle le vit alors réfléchir un instant à ce qu'il avait pû dire. Elle le vit presque énumérer ses propos dans sa tête quand soudain, il écarquilla doucement les yeux.

- Oui... Enfin façon... Façon de parler, fit-il en essayant de se donner consistance.

- T'as dit ça pour que je te pardonne sans doute ? demanda Mary amusée.

- Non... C'est sinc... T'es chiante, fit Cameron avec un sourire.

Elle se leva alors et se posta devant lui avant de l'embrasser.

- Moi aussi Cam, et je le dis pour te faire plaisir, ajouta Mary avec un sourire et un petit clin d'œil.

- Te moque pas, fit Cameron. Tu devrais me haïr pour ce que j'ai fait.

- Oui, peut-être de ton point de vue, lui confirma Mary.

- De mon point de vue? s'étonna Cameron.

- Je... Je vais te sembler totalement ridicule mais je crois que c'est pas vraiment ce que tu faisais qui me gênait le plus, fit-elle en rougissant.

- Euh... Je pige pas là..., avoua Cameron.

- Bon l'endroit était plutôt inapproprié, je veux bien, marmonna Mary. Mais en fait... C'était compliqué pour moi...

- C'est pour ça que je m'excuse, tu n'as pas dû apprécier, je suis désolé, fit-il en la fixant.

- Ben en fait... C'était plutôt le contraire, avoua Mary.

Elle remarqua immédiatement que son petit ami, car elle estimait qu'elle allait le conserver, était plutôt perdu et elle aurait ajouté que c'était même énormément perdu.

- Cam... J'ai paniqué parce que... J'aimais..., fit-elle toute rouge.

- Et c'est censé être plus clair là ? demanda-t-il toujours à l'ouest.

- Cam... C'est assez compliqué à expliquer alors arrête de m'interrompre, s'énerva Mary qui sentait les mains de son petit ami dans son dos.

- Je veux juste savoir si c'était une erreur ou pas, se défendit Cameron.

- L'endroit était un problème, recommança Mary. Ensuite j'étais pas prête à ressentir des choses.

- Donc c'était mauvais, tenta Cameron.

- Non... J'ai pas dit ça..., fit Mary hésitante. Pour moi éprouver du désir ou du plaisir c'était un péché.

- C'était ? demanda Cameron surpris.

- Ma mère m'a dit que c'était normal..., fit Mary provoquant la stupéfaction de Cameron.

Immédiatement, il la lâcha et elle recula surprise. Il fonça vers sa fenêtre et semblait chercher quelque chose.

- Tout va bien? fit-elle aussi intriguée que stupéfaite.

- Je cherche les voitures du bureau du shérif, avoua Cameron.

- Mon père ne sait pas, assura Mary consternée. J'ai parlé à ma mère parce que j'avais besoin d'en parler. Pas pour te dénoncer...

- Ho, fit-il visiblement rassuré.

- T'es idiot tu sais? demanda-t-elle choquée.

- Je te rappelle que ton père est armé, précisa-t-il.

- J'avais besoin de conseils féminins, de quelqu'un qui partage ma foi, tu comprends ? demanda Mary.

- Oui, donc en fait... T'as paniqué parce que tu prenais ton pied et que je te faisais mouiller? demanda Cameron.

- T'es toujours aussi classe toi, grommela Mary. J'étais perdue, pour moi ce n'est pas normal.

- T'es en train de me dire que tu ne t'es jamais..., commença Cameron amusé.

- Bien sûr que non! fit Mary gênée.

- J'étais pas au courant, se défendit Cameron.

- Et je t'en aurais parlé pour quelle raison ? demanda-t-elle choquée.

- Je veux dire que je trouve cela parfaitement normal et logique, fit Cameron.

- Peut-être pour toi, mais pour moi non, avoua Mary. Pour moi, tout ça, le rapport à la sexualité, c'est réservé à l'après mariage...

- Parce que tu crois que tes amis se tiennent bien? demanda-t-il avec un sourire mesquin.

- Oui, bon d'accord... C'était stupide, t'es content? demanda Mary vexée.

- Je trouve plutôt cela mignon, avoua Cameron.

- Mignon ? demanda Mary méfiante.

- Tu es perdue et ressentir des choses te met mal à l'aise, alors que c'est la base, concéda Cameron. Il est normal d'avoir des envies et de ressentir des trucs.

- Tu dis ça comme si j'étais idiote, se vexa Mary.

- Excuse moi, j'imaginais pas te mettre autant en porte-à-faux vis à vis de ta foi, précisa Cameron.

- C'est pas grave, fit Mary.

Elle le vit s'approcher et l'embrasser tendrement, cela lui avait manqué cette tendresse dont il pouvait faire preuve.

- J'irai plus doucement, et on trouvera un autre endroit, assura Cameron.

- Euh..., hésita Mary.

- Plus d'autres essais? demanda Cameron surpris.

- Ma mère préférerait que ça se passe chez moi, fit Mary avant de réaliser. Enfin si on doit être tendres... Enfin... Et merde, fit-elle en le voyant rire.

- Pardon, fit-il en souriant tandis qu'elle boudait. J'ai juste du mal à imaginer une révérende dire à sa fille d'avoir des activités sexuelles dans sa chambre.

- Elle l'a pas dit comme ça imbécile, fit-elle vexée. Elle a dit qu'elle préférerait que ce soit à la maison, que je sois en sécurité.

- J'avais compris, fit-il en embrassant son front.

- Mouais... Fais le malin, s'offusqua Mary. Maintenant t'es obligé de rencontrer mes parents.

- Ho... C'est pas gênant ? demanda Cameron.

Effectivement, après ce dernier aveu, cela allait être gênant devant sa mère. Devant son père, cela l'aurait été de toute façon. Elle sourit alors du mieux qu'elle put pour le rassurer.

- Maman n'en parlera sûrement pas, avoua Mary.

- T'as une mère sympa malgré son statut, précisa Cameron.

Et là, soudainement, elle se sentit mal à l'aise. En effet, elle savait pour lui et la perte de sa mère à un très jeune âge. Elle n'osait pas vraiment poser des questions mais fut étonnée quand il se pencha sur son bureau pour détacher une photo qu'il lui tendit.

- C'est une photo de ma mère, précisa Cameron.

Mary la prit délicatement, touchée qu'il désire partager quelques détails de sa vie. Elle observa alors une jeune femme brune, très mince mais surtout très belle qui portait un petit bébé. Cela devait vraiment être une très vieille photo vu l'âge de Cameron mais elle la fixa attentivement.

- Elle était très belle, fit Mary en lui rendant la photo.

- Merci... Elle t'aurait adorée je pense, fit simplement Cameron.

- Merci Cam, je sais que c'est dur pour toi, avoua Mary.

- C'est rien... Et à l'époque, lui, c'était pas encore un sale con, précisa Cameron.

- Tu veux m'en parler un peu? demanda-t-elle intriguée.

- Y a pas grand chose d'extrêmement intéressant, avoua Cameron. On était une famille totalement normale, pas très aisée mais on s'en moquait. Puis on a eu quelques années compliquées... Sa leucémie, l'autre con qui se fait licencier aux fermetures d'usines... La mort de ma mère... Cela l'a fait sombrer en fait.

Mary passa sa main dans le dos de son petit ami pour l'inciter à vider son sac. Il ne parlait quasiment jamais de lui, il l'évitait même le plus souvent.

- Je suis désolée, fit Mary ne sachant pas quoi dire.

- Normalement tu donnes tout à ce qu'il te reste mais lui, il a préféré la bouteille... Dès dix ans je devais totalement me débrouiller seul, pour tout... Ça m'a rendu comme ça..., marmonna Cameron.

- Cela pourrait poser des problèmes à n'importe qui tu sais, avoua Mary pour le rassurer.

- Mais ça m'a rendu... Presque fort, avoua Cameron. J'ai douté bien sûr... Et j'ai... Bref assez parlé de moi.

- Ça me gène pas tu sais, j'aime bien que tu te confies, assura Mary.

- On va éviter les détails scabreux quand même, assura Cameron.

- Je ne veux pas savoir ces choses là, assura Mary. Je ne juge pas ton passé. Tu avais le droit de vivre ta vie comme tu l'entendais...

- Tu ne juges pas? dit-il amusé. J'ai eu droit à combien de sermons ?

- J'essayai juste de te faire un peu changer, fit Mary vexée. Mais j'ai quand même découvert un garçon capable d'être sérieux.

- Et celui-là te plait quand même ? demanda Cameron.

- Ça répond à ta question ? demanda Mary après l'avoir embrassé.

- Oui, fit-il en souriant. Bon je vais te ramener chez toi.

- Je gêne ? demanda Mary vexée.

- J'ai pas envie que tu recroises mon père... Et j'ai pas franchement envie que tu rentres seule... T'es venue à pieds je parie? demanda-t-il.

- Ben ouais..., avoua Mary.

- Alors tu auras une escorte, fit Cameron.

Mary sourit et le laissa enfiler des vêtements propres. Naturellement, toujours assez peu à l'aise, elle se retourna et en profita pour découvrir sa chambre. Elle n'allait pas fouiller mais elle en profita pour découvrir les goûts de son petit ami. Et le mot qui lui correspondait le plus, c'était bien éclectique. Il avait pas mal de livres, qui pouvaient passer de grands classiques de la littérature à des œuvres grand public, il avait également des bandes dessinées historiques comme de simples aventures de super-héros. C'était assez surprenant et il n'y avait peut-être que musicalement qu'il y avait une véritable sélection. En effet, là, il n'y avait plus du tout d'éclectisme. Tout n'était que rock et hardrock, ou tout autre style apparenté. Cela lui correspondait extrêmement bien selon Mary. Son regard fut alors attiré par un grand carnet et elle s'en approcha. Elle souleva alors la couverture et découvrit un dessin au crayon.

- Tu dessines? fit-elle en regardant le carnet.

- Hein? s'étonna Cameron en attachant ses lacets.

Elle tourna les pages, découvrant le lycée, le terrain de basket ou plutôt les gradins vu du terrain pendant un match et d'autres dessins en tout genre. Elle tomba même sur un paysage qu'elle observa alors qu'elle l'entendait s'approcher. C'était bizarre mais elle le connaissait, cette vue lui parlait. Elle avait d'abord pensé à l'endroit où il l'avait emmenée mais ce n'était pas cela. C'était peut-être un des parcs de la ville de Godbless. Elle n'eût pas plus de temps pour l'observer car déjà son petit ami lui enleva des mains.

- Désolée, fit-elle l'ayant visiblement vexé.

- Je ne les montre à personne, avoua Cameron. Je dessine pour moi...

- Mais ils sont très beaux tu sais? insista Mary.

- Merci... Mais ils sont quelconques, avoua Cameron. Tu veux un truc à boire avant? Y a peut-être de l'eau...

- Non ça ira, on prend ta voiture ? demanda-t-elle.

- Mouais... J'irai faire des courses en revenant, grommela Cameron en enfilant sa veste.

- Tu as déjà songé à te faire émanciper ? demanda-t-elle soudainement.

Cameron se figea en l'observant fixement. Elle se rendit compte de ce qu'elle venait de dire et voulût préciser le fond de sa pensée.

- Je t'avouerai qu'avec ce que je sais, je suis un peu inquiète, avoua Mary.

- Franchement, je partirai bientôt alors, avoua Cameron.

- Si tu as besoin d'un endroit où te réfugier, ma mère s'occupe d'un centre pour...

- Mary, ça ira je t'assure, la plupart du temps on ne se croise même pas, assura Cameron.

- D'accord... Mais au besoin je suis là, pour parler ou si tu as besoin d'un endroit, insista Mary.

- J'ai bien compris que j'avais accès à ta chambre, fit-il amusé.

- Très drôle, grommela Mary en se dirigeant vers la porte. Prends pas tes rêves pour des réalités non plus.

- Je rêve beaucoup, fit-il en la suivant.

Elle sortit enfin et avec soulagement de cette maison qu'elle trouvait quand même extrêmement proche d'un taudis. Elle ne se fit pas prier pour rejoindre sa voiture et elle monta rapidement à l'intérieur prête à rentrer chez elle. Pendant le cours trajet, elle eut une petite question.

- Tu fais des portraits ? demanda soudainement Mary.

- Quoi? s'étonna Cameron à un feu rouge.

- Dans tes dessins, précisa Mary.

- Comme personne connait ce petit talent à part toi, non... Pas même Verena, précisa Cameron.

- Je suis donc privilégiée, fit-elle toute contente.

- Mais pourquoi tu me demandais cela? demanda soudainement Cameron en redémarrant.

- Bah... Euh..., hésita-t-elle. Je pourrais... Être ton premier modèle...

- Hmmm intéressant, fit-il pensif en tournant.

Mary le regarda et soupira de lassitude.

- T'es vraiment un tordu, lui lança Mary consternée.

- Je pensais qu'on allait la rejouer Titanic, fit Cameron en riant.

- Un portrait habillée, insista Mary extrêmement sérieusement.

- J'ai compris... Ho la la..., fit-il en riant.

Mary finit par rigoler de la situation quand enfin Cameron se gara dans l'allée devant chez elle. Elle descendit de la voiture et le trouva immédiatement en train de faire le tour pour venir l'embrasser.

- Je suis encore désolé, avoua Cameron. Je vais vraiment y aller plus lentement.

- J'espère bien, fit alors Mary. Et au fait... Moi aussi.

- Hein? fit-il surpris. Ho... Ça...

- C'est pas un drame, fit-elle en l'embrassant rapidement.

- C'était un peu tôt non? demanda Cameron entre deux baisers.

- Je m'en fous, fit-elle en riant.

- Hum hum, fit soudainement une personne près d'elle.

Mary lâcha immédiatement son petit ami et recula d'un bon mètre pour observer sa mère, qui était donc à l'origine de l'interruption, et elle se sentit gênée.

- Bonjour Madame Simms, fit Cameron gêné.

- Bonjour Cameron. Visiblement, une conversation s'est bien terminée, fit-elle en fixant le jeune couple.

- Madame je suis désolé, fit rapidement Cameron. Je vous jure que cela ne se reproduira plus.

- Il aurait été de bon aloi que cela n'arrive pas à la base, fit froidement Edith.

- Maman..., marmonna Mary.

- Attends, je comprends ta mère, fit Cameron.

- Sachez que je ne parlerai pas de cela à mon mari, pour votre sécurité principalement, rappela Edith. Mais je vous préviens que je n'accepterai pas un tel comportement de nouveau. Suis-je claire?

- Oui Madame, assura Cameron.

- Je refuse de voir ma vie se mettre dans des états pareils après un comportement déplacé de votre part, insista Edith. Si cela reproduit, ce n'est pas de mon mari que vous aurez peur.

- D'accord Madame, pas de soucis, persista Cameron.

- J'espère bien, ma fille tient à vous, et j'ai envie de croire à une réciprocité, rappela Edith.

- C'est le cas, confirma Cameron tandis que Mary regardait sa mère qui insistait un peut trop.

- Demain dix-huit heures, fit soudainement Edith Simms.

- Euh pardon? s'étonna Cameron.

- Maman? demanda alors Mary.

- Vous venez dîner demain, fit Edith.

- Tu pourrais quand même lui demander son avis, rappela Mary.

- Je serai là, fit rapidement Cameron. J'ai rien de prévu.

- Parfait, nous nous verrons demain... Mary? Dans la maison.

- Mais euh... Déjà ? demanda Mary.

- Je ne t'ai pas interdit de lui dire au revoir, fit sa mère en rentrant dans la maison.

Mary se dépêcha d'embrasser son petit ami.

- Toi, tu tiens de ta mère, fit-il alors en riant.

- Désolée... Promets moi de bien te tenir, fit-elle rapidement.

- Tu crois que je vais tout jeter par terre? demanda-t-il en montant dans sa voiture tout en riant.

Mary s'approcha de la voiture et se pencha par la fenêtre passager.

- Hey! Je t'aime ! fit-elle toute contente.

- Moi aussi, fit-il avec un clin d'œil. Bon ben à demain soir... Vingt-et-une heure c'est ça ?

- Cam... Elle a dit dix-huit heures, fit Mary inquiète.

- Je sais... Je suis pas dingue, à demain, fit-il alors en démarrant.

Mary le salua encore de la main et rentra dans la maison et s'appuya contre la porte après l'avoir refermée, et cela après un soupir de contentement clairement avéré. Elle réalisa la présence de sa mère.

- Tu lui as pas laissé le choix, fit-elle rapidement.

- Je sais ma puce, fit sa mère. Cette explication fut claire visiblement.

- Il m'a dit qu'il m'aimait, fit Mary toute à sa joie.

- Euh...

- Pas pour que je lui pardonne, cela lui a échappé... Je suis trop contente, fit-elle alors en riant.

- Et bien ce sont les montagnes russes aujourd'hui, fit Edith en riant.

- J'aurais le droit de t'aider? demanda Mary en parlant du repas.

- Bien évidemment, concéda sa mère.

Mary était désormais officiellement en couple, auprès de ses parents en tout cas et en plus ses sentiments étaient partagés. Elle était aux anges et elle espérait qu'au moins elle aurait un peu de normalité dans sa vie désormais étrange. Cela serait bien en tout cas. Il ne restait plus qu'à préparer un dîner qui pourrait devenir compliqué.



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