L'Ame des Anges: Incarnation

Chapitre 15 : Tentateur

7227 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 20/10/2022 09:04

Chapitre 15

Tentateur


C’est, en effet, une grande source de gain que la piété avec le contentement ; car nous n’avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n’en pouvons rien emporter ; si donc nous avons la nourriture et le vêtement, cela nous suffira. Mais ceux qui veulent s’enrichir tombent dans la tentation, dans le piège, et dans beaucoup de désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition.


Première Livre de Timothée Chapitre Six, Versets Six à Neuf

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Toutes les découvertes récentes qu'avait pû faire Mary la perturbait. Elle ne savait surtout pas quoi en penser ni même en quelle information croire. Après tout, c'était tout de même un déchu qui les lui avait rapportées. Naturellement, la confirmation de certaines informations par Lelahel ne l'avait pas pour autant rassurée. Elle avait beaucoup de mal en enregistrer l'information sur le début de cette guerre immuable. Elle avait compris que Dieu avait sanctionné un péché commis par deux anges mais elle n'en comprenait pas la logique sous-jacente. Pour elle, la foi signifiait prôner l'amour avant tout et imaginer que des êtres furent damnés pour cela était perturbant. Selon Lelahel, le cas de Samael laissait cependant à interprétation mais pas celui des deux anges. Mary ne comprenait pas en quoi deux anges qui s'aiment méritait une sanction. Cela leur était certes interdit mais y avait-il réellement un soucis là dedans ? Ils n'avaient fait aucun mal après tout, ils s'aimaient et rien d'autres. Mary se demandait si aimer était interdit aux anges car cela pouvait les détourner de leurs buts originels. Elle se disait surtout que cela était bien triste, l'un avait été damné et l'autre simplement détruite. Elle n'avait cependant posé aucune autre question à Lelahel car non seulement elle avait compris que c'était assez tabou comme sujet mais surtout, et principalement même, parce que la fameuse Harael avait été la personne qui avait formé Lelahel. Cela avait dû être extrêmement compliqué pour elle, perdre une personne importante et d'une façon plutôt horrible. Aucune de ces questions ne quittaient ses pensées.

- Tu t'ennuies déjà ? demanda alors la voix près d'elle.

- Hein ? s'étonna Mary en tournant la tête.

Mary se trouvait à l'intérieur de la voiture de Cameron en ce jeudi midi. Ils avaient pû passer la matinée ensemble suite à l'absence d'un professeur et il l'avait emmenée se balader dans les rues sans forcément avoir de buts. Ils avaient également déjeuner ensemble mais elle restait perdue dans ses pensées, au grand désarroi du jeune homme.

- Excuse moi... Tu disais? demanda alors Mary.

- Je suis si chiant que ça ? demanda alors Cameron avec un sourire aux lèvres.

- Je suis désolée... J'étais perdue dans mes pensées, avoua Mary en touchant son bras.

- C'est pas plus rassurant, avoua Cameron. C'est rapport à tes parents ?

Mary mourrait presque d'envie de lui en parler mais comment pouvait-elle le faire sans détruire la mission et le devoir de la conserver secrète ? Il n'y en avait pas en réalité alors, elle se devait de mentir.

- J'ai peur qu'il ne te juge, précisa Mary qui ne mentait pas vraiment.

- J'ai pas de soucis moi, fit-il peut-être pour la rassurer.

C'était l'autre problème personnel qu'elle avait à gérer : un petit ami qui aux yeux de ses parents n'était clairement pas le petit ami idéal. Malheureusement, comme on dit, le cœur a ses raisons que la raison ignore. Elle vit Cameron lever la main et jouer avec ses cheveux, tic qu'il avait depuis un moment. Elle le regardait, extrêmement désireuse de poser des questions qui pourraient la rassurer mais elle avait peur d'une réaction qui pourrait ensuite nuire à leur relation naissante.

- Il faudra me dire quand tu te sentiras prêt à les rencontrer, lui rappela Mary.

- Mary... J'ignore totalement ce qui doit se faire ou pas dans ce genre de situation, je ne suis pas croyant et moi et la police..., marmonna Cameron.

- Je sais, fit-elle dépitée. Mais ce sera vraiment en tant que père... Et c'est pas pire que n'importe quelle famille.

- Toutes les familles n'ont pas un membre apte à te coffrer si t'agis mal avec sa fille, précisa Cameron en riant.

- Parce que tu comptes mal agir avec moi? demanda-t-elle en souriant.

- T'as très bien compris ce que je disais, fit-il en la bousculant amusé.

- Me pousse pas idiot! fit-elle en le repoussant et en riant.

- Mais ça te fait paniquer tant que ça ? demanda Cameron.

- Moui... Quand même, marmonna Mary. Je ne veux pas qu'ils soient blessants avec toi.

- Tu sais que je m'en tape ? fit-il avec sincérité.

- Cam...

- Quoi? s'offusqua le jeune homme. C'est vrai... À moins que tu ne me quittes si ils me détestent ? demanda-t-il soudainement inquiète.

- Je veux leur aval... Mais je... Je tiens à notre relation, fit-elle inquiète.

Elle n'osait pas dire les trois mots magiques. Cela serait une énorme implication et elle avait peur qu'il ne se braque si elle les prononçait. Elle vit son regard compréhensif et elle le vit sourire.

- Tu devrais ignorer le regard et l'avis des gens, précisa Cameron.

- T'essayes de me dire que tu veux t'afficher? s'étonna Mary.

- Perso... Pas vraiment, fit-il soudainement.

Mary le regarda après eu un léger mouvement de recul, sans doute de stupéfaction.

- Te vexe pas, se défendit Cameron. Je veux dire qu'on est entouré de casse couilles qui donneront dix mille fois leur avis...

- Ce sont nos amis, ils ne vont pas nous juger, les défendit Mary avec véhémence et un petit peu choquée également.

- Tu penses que Carla comprendra? demanda Cameron. Et Mark?

- Écoute... Carla est mon amie d'enfance, j'aurai son soutien... Et qu'est-ce que Mark vient faire là-dedans ? s'étonna Mary.

- Tu m'as pris pour un aveugle ? demanda Cameron.

- Tu crois quoi? s'énerva Mary.

- Je n'ai pas dit que tu ressens quelque chose pour lui, tenta Cameron. Mais lui il fera chier...

- Et bien je m'en fous ! assura Mary. J'ai vu ce qu'il y avait sous ta carapace.

- Techniquement tu n'as rien vu, fit-il en riant.

- Tu sais que tu peux être con parfois? demanda Mary. Je parle du garçon gentil et attentionné.

- Tu sais que j'adore te voir te vexer, ta lèvre du bas tremble un peu, fit-il alors.

- Cam..., fit-elle avec un sourire avant de l'embrasser.

- Je devrais faire des compliments plus souvent, fit-il en souriant.

Mary l'embrassa encore et le regarda ensuite attentivement. Pouvait-elle oser demander ce qu'elle voulait ? Autant essayer.

- Et ton côté ? demanda Mary.

- Pardon ? s'étonna Cameron.

- Ça ne pose pas de soucis par rapport à ton père ? demanda Mary sachant qu'un soupir allait suivre.

- Lui, il peut aller se faire foutre, fit Cameron après le soupir attendu. Son avis je m'en tape.

- Cam... Il reste...

- Me dis pas qu'il reste mon père, s'il-te-plaît, s'énerva un peu Cameron. Je ne sais même pas ce que ma mère avait pu lui trouver.

- Quoique je dirai, tu resteras comme ça, comprit Mary.

- Évidemment, et si tu as la chance de ne jamais le connaître, estime toi heureuse, lui précisa Cameron.

- T'as vraiment un sale caractère, fit Mary en touchant son bras. Mais bon, tu sais mieux que moi après tout...

- Je confirme, fit Cameron. T'as ton cours de math après ?

- Juste avant d'aller au journal, précisa Mary. T'as toujours entraînement ?

- Sauf si tu as un autre plan..., concéda Cameron.

- Non, je veux faire mon travail, assura Mary. Et tu comptais réellement faire faux bond à ton entraînement ?

- Si c'est pour passer du temps avec toi, oui, assura Cameron avec un sourire.

- C'est gentil, fit-elle avant de l'embrasser. Maintenant file.

En réalité, ce fut Mary qui s'éclipsa en première pour se diriger vers le lycée. Elle se retourna quand même pour lui faire un signe de main et s'engouffra dans les couloirs. Elle réalisa rapidement que les élèves qui avaient cours ce jour là avec le fameux professeur absent s'étaient permis de ne pas venir en cours et de s'offrir une journée de repos pas foncièrement méritée. Mary trouvait toujours cela assez irrespectueux pour les élèves qui faisaient l'effort de venir et les professeurs également. Le jeudi était comme le mercredi d'ailleurs, souvent consacré aux options et aux clubs. Elle avança tranquillement dans les couloirs extrêmement vides et monta les escaliers. La porte du journal se trouvait au bout d'un couloir tout aussi vide et Mary fonça vers elle. D'un geste ample elle ouvrit brusquement la porte avant de se figer.

- Pardon! fit-elle en la refermant.

Mary soupira de gêne. Elle n'avait bien évidemment rien vu de très compromettant mais les avaient interrompus. En effet, Declan et Carla s'étaient offerts un petit moment de calme et félicité, comme Mary d'ailleurs, et ils s'embrassaient langoureusement sur un bureau. Connaissant son amie d'enfance, elle savait que ce n'était rien de plus que cela. La porte s'ouvrit d'ailleurs presque immédiatement.

- Pardon, on a pas vu l'heure, fit Carla gênée.

- Vous voulez cinq minutes de plus? demanda Mary avec un sourire.

- Fais pas l'idiote, rentre, fit Carla.

Mary s'engouffra donc dans la pièce et regarda un Declan plutôt mal à l'aise.

- C'est rien, c'est normal, fit Mary en se débarrassant de ses affaires.

- Ok, fit juste Declan un peu gêné.

- Ça va, avec mon frère elle est déjà habituée à être gênée, fit Carla en s'installant.

- Oui, mais là je tiens la chandelle, ajouta Mary en riant.

- Tu crois que je vais lui sauter dessus dès que tu vas regarder ailleurs ? demanda Carla en riant.

- J'espère que non, fit Mary en sortant ses notes sur les activités proposées dans les villes autour de Godbless.

- Et toi t'as fait quoi d'intéressant ce matin? demanda Carla.

- Ho j'étais avec Cameron, fit Mary en dépliant un prospectus.

Ce fut le silence qui avait suivi ce propos qui lui fit réaliser ce qu'elle venait de dire. Elle avait dit cela totalement naturellement, oubliant que tout le monde ignorait leur relation.

- Tu as passé ta matinée avec Cameron? demanda Carla stupéfaite.

- Ben oui, fit Mary. Il est cancre en histoire et il m'a demandé de l'aide, je te l'ai pas dit?

- Euh..., réfléchit Carla. Je sais plus... Je sais que Zoey l'aide en math... Mais c'est tout.

- On a mangé ensemble après, fit tout de même Mary. Tranquillement...

- Et il se tient bien? demanda Declan.

Mary leva la tête et dû s'empêcher de le défendre avec véhémence. Elle se contenta de regarder Declan.

- Je sais que vous êtes amis mais il a sa réputation, fit Declan.

- C'est vrai que tu es plus âgé, réalisa Carla qui semblait oublier que son petit ami était en dernière année. Tu le connais ?

- Ben quand il a approché l'équipe quoi..., avoua Declan.

- Tu crois qu'il tenterait quelque chose avec notre pauvre petite Mary ? demanda Carla. Mark lui ferait payer.

- Je le prends comment ce propos? demanda Mary légèrement vexée.

- Hein ? s'étonna Carla.

- Je ne peux pas me défendre ? demanda Mary. C'est pas un monstre.

- J'ai pas dit ça, se défendit Carla.

- Je pense qu'à force de le fréquenter, je le connais un peu mieux que vous, marmonna Mary.

- J'ai vraiment dit une connerie moi, marmonna Declan.

- D'ailleurs... T'insinuais quoi? demanda Mary.

- Ben rien de méchant en fait, les basketteurs de l'équipe sont toujours un peu... Excessifs avec les filles, précisa Declan.

- Ouais ils draguent tout ce qui bouge quoi, comprit Carla.

- Ben quand je suis arrivé au lycée, il y avait quelques rumeurs, précisa Declan.

Mary regarda ce dernier avec un certain intérêt. Ce dernier savait peut-être des choses.

- Tu sais que je déteste les médisances ? lui rappela sa petite amie vexée.

- Oui, excuse moi, marmonna Declan.

- Moi ça m'intéresse, lança Mary sans réfléchir.

- Depuis quand tu t'intéresses aux ragots ? demanda Carla.

Mary la regarda avant de réfléchir à très grande vitesse. Elle ne pouvait pas dire que l'information lui venait de son père.

- Il a évoqué quelques trucs bizarres mais il ne s'est pas étalés dessus, développa Mary.

- Ça n'a rien d'extraordinaire en fait, il paraît que les mecs faisaient... Un concours de chasse, fit Declan.

- De chasse? s'étonna Mary. À part quelques coyotes, il n'y a pas grand chose à chasser dans la région.

- Comment dire cela sans sembler vulgaire..., réfléchit Declan. Ils chassaient les vierges du lycée.

Mary écarquilla les yeux. Déjà qu'elle savait que Cameron n'avait pas toujours été très correct avec les filles, les prenant et les jetant tout aussi vite mais de là à faire un concours.

- Consternant, grommela Carla. Plus j'en apprends sur Cameron, plus je suis consternée.

- Par contre c'est discutable ok, fit Declan avec honnêteté. Mais elles étaient d'accord. Bon ok ils ne continuaient pas quand ils les avaient... Dépucelées mais rien d'illégal.

- Des porcs, grommela Carla.

- Elles étaient consentantes? demanda immédiatement Mary choquant ses interlocuteurs.

- Évidemment... Même si il est pas le mec de l'année, je le vois pas violer, assura Declan. Je pense pas que tu sois en danger.

- Sauf si elle tombe sous son charme, fit Carla en riant de sa blague.

Mary se contenta de la regarder froidement et très profondément vexée. Elle ne comprenait pas qu'elle puisse juger Cameron de cette manière.

- J'ai dit quelque chose de mal? demanda rapidement Carla en voyant le regard de son amie.

- C'est plutôt déplacé, l'avertit Mary.

- Attends une seconde... Je plaisantais tu sais, je sais que vous êtes amis et même devenus proches, lui précisa Carla.

- Moi j'avais l'impression qu'il était comme transformé durant le mariage, précisa Declan.

- Ha bon? s'étonna Mary.

- Oui, il m'a même dit être très content que tu lui ai proposé, confirma le jeune rédacteur.

- Peut-être qu'il va s'assagir, Mary a ce genre d'effet, précisa Carla.

Mary sourit, heureuse de savoir qu'elle avait pu faire quelque chose qui l'avait rendu un peu heureux.

- Disons qu'avec son paternel, pas surprenant qu'il désire tout défier, précisa Declan.

Cette fois, les deux furent assez choquées du propos et le regardèrent fixement.

- Quoi? Vous êtes pas au courant ? demanda Declan.

- De quoi? demanda Carla étonnée.

- Tu parles des violences de son père ? demanda alors Mary sans hésitation.

Elle vit alors son amie de toujours se retourner extrêmement vite vers elle et la regarder avec stupéfaction.

- Cam... Cameron m'en a parlé un tout petit peu, je sais qu'il a perdu sa mère assez jeune, avoua Mary.

- Il s'ouvre... Surprenant, fit Carla. Mais vu que vous bossez ensemble, vous finissez forcément par parler.

- Donc tu sais que son père lui tapait dessus? demanda Declan choquant Carla. On le voyait souvent avec un œil au beurre noir ou ce genre de choses... Depuis deux ans c'est un peu calmé en fait. Peut-être parce qu'il s'est aiguisé aussi...

Mary savait en effet que Cameron avait tellement appris à encaisser que depuis, il savait tenir tête. Elle ne pouvait pas non plus préciser que c'était également parce qu'il évitait de se retrouver constamment chez lui.

- C'est triste, fit Carla. Tu fais bien de passer du temps avec lui et discuter, cela doit lui confirmer qu'on le considère comme un ami.

Naturellement, Mary ne pouvait qu'en convenir même si elle savait pertinemment qu'ils ne faisaient pas que discuter de cours. Elle dut prendre ses affaires discrètement pour aller vers un ordinateur, le tout pour cacher son sourire à cette pensée.

- Bon par contre, je connais pas grand chose mais il y a un marathon Matrix à San Angelo, c'est bien comme saga cinématographique ou pas? demanda Mary.

- Ça vaut pas Harry Potter, précisa Carla qui avait initié Mary à cette sage. Mais je crois que les mecs adorent.

- De la baston et des flingues, lança Declan. Ça plait, tu peux le noter.

Mary décida de suivre les conseils avisés de Declan, elle ne connaissait absolument pas cette saga et elle remercia d'ailleurs le meilleur informateur d'internet, à savoir Wikipédia, qui lui permit de parler de cette saga de sciences fictions. Ce genre de films n'était vraiment pas pour elle, elle préférait des films d'amour ou encore des biopics de personnes importantes, comme un président ou Nelson Mandela, Gandhi ou Luther King, voir sur les royautés européennes. Elle avait même déjà regardé quelques épisodes de la fameuse série à la mode, à savoir The Crown, avec son désormais petit ami. Ensuite, elle commença à parler des expositions qui seront présentées dans la région, que cela soit de photographie ou d'art moderne. Elle osa également parler de la venue à Godbless d'un pasteur connu dans tous les États-Unis, venu d'ailleurs parler d'un nouveau livre. Il serait dans la librairie de la ville pour une seule journée avant de repartir. Elle ne prêta pas grand intérêt aux gloussements derrière elle, Carla et Declan discutant tout bas en travaillant.

- Attention, je ne veux pas vous entendre vous embrasser, les prévint alors Mary en riant.

- Promis je reste sage, répondit Declan en rigolant.

Mary savait qu'ils ne feraient rien de gênant en sa présence mais elle savait surtout qu'ils n'allaient pas non plus trop s'intéresser à son travail, lui faisant confiance. Et ainsi, elle prit une décision particulière. En effet, elle se mit à chercher discrètement et même en navigation privée, pour ne pas laisser de traces de son passage, des informations sur la fameuse histoire de viol dont parlait son père. Il était assez compliqué de trouver quelque chose, le journal local devant préférer éviter de parler de sujet aussi lourds dans une si petite bourgade. Ce fut par contre sur un site d'information de l'état du Texas qu'elle en trouva une petite trace. Elle lut très rapidement l'article et fut juste surprise que personne en ville n'en ait parlé. Le petit fait divers parlait juste du viol supposé de deux jeunes filles par des membres de l'équipe de basketball deux ans plus tôt. Elle n'en avait pas appris beaucoup plus à part que les joueurs et les affiliés au club avaient été interrogé là-dessus. Visiblement, cela avait fini par un arrangement à l'amiable. En bref, elle n'en savait pas plus. Ce qui ne l'arrangeait pas vraiment sachant que maintenant, grâce ou à cause de Declan, elle savait que les joueurs s'étaient donné pour mission de dépuceler toutes les vierges du lycée. Cette information ne l'avait pas rassurée, surtout à cause de la fête. Avoir soudainement repensé à la fête d'anniversaire de Carla et Luis lui rappela les propos de Karen. Elle avait insinué que cela continuait et que sa propre personne en était la cible. Elle grimaça en fermant le navigateur, intriguée et inquiète. Elle avait confiance, convaincue que ses sentiments étaient réciproques mais un doute était toujours possible. Cameron avait en effet énormément parlé de sa virginité et du devoir qu'elle aurait dû se faire de la perdre. Elle essaya de chasser dans un coin de sa tête ces pensées désagréables mais malheureusement, elles prenaient trop de place. Elle n'avait pas grand chose à faire d'autres à part ses quelques articles et ses yeux de quittaient pas beaucoup le coin inférieur droit, celui indiquant l'heure. Elle attendait patiemment en travaillant, estimant le temps d'entraînement. Elle devait lui parler, elle en avait besoin. C'était trop compliqué de gérer cela toute seule et elle avait le sentiment que si Cameron ne confirmait pas son innocence, elle en serait perturbée. Elle remarqua enfin que l'entraînement devait être terminé et elle envoya ses articles à son rédacteur.

- Bon j'y vais, fit Mary.

- Ha? s'étonna Declan. Tout va bien?

- Oui, depuis l'accident mes parents s'inquiètent, mentit encore Mary.

- Tu veux que je te ramène avant de ramener Carla? demanda Declan.

- Non je vais passer dans un magasin avant et ça ira, il ne pleut pas, assura Mary. Soyez sages les tourtereaux, fit-elle en fonçant vers la porte.

- À demain, assura Carla.

Elle n'aurait pas répondu que cela n'aurait rien changé. Elle devait tirer cela au clair et elle fonça vers la zone d'entraînement de l'équipe de basket. Elle les entendit rapidement au loin et désireuse d'être plus discrète, elle choisit de faire le grand tour. Cela allait lui prendre deux minutes de plus mais elle s'en moquait totalement. Après tout, au détour d'une conversation, Cameron lui avait avoué être toujours le dernier à partir ce qui, dans le cas présent, était plutôt bon pour elle. Elle arriva donc par le couloir d'entretien et vit quelques joueurs qui quittaient les vestiaires. Elle avança plus lentement, préférant ne pas trop se montrer et attendit au détour du couloir. Pendant un moment plus personne ne sortit et elle s'avança vers la porte du vestiaire pour patienter à côté quand cette même porte s'ouvrit.

- On se voit demain! hurla alors Mark qui passait la porte.

Mary se figea stupéfaite et, étant au milieu du couloir et donc très visible, il remarqua rapidement sa présence.

- Mary? s'étonna Mark.

- Salut, ça va? demanda-t-elle en essayant de se donner une consistance.

- Oui... Tu avais un soucis? demanda-t-il légèrement surpris de la voir là.

- Non je... J'avais quelque-chose à faire, dit-elle alors. Quand je bossais avec Cameron, j'ai embarqué ses notes sans faire attention.

- Il est toujours là, fit Mark comme hésitant.

- Tu n'es pas sûr ? demanda Mary.

- Non... Enfin si, il est dedans..., marmonna Mark. Tu as vu que le pasteur Rockwell venait à Godbless dédicacer son livre?

- Oui, fit-elle contente de changer de sujet. J'en parle dans le prochain numéro.

- Je me disais que... Tu voudrais peut-être aller le voir... Avec moi, je veux dire, fit-il mal à l'aise.

- Ho..., fit Mary gênée. Je crois que ce ne sera pas possible... En fait, depuis mon accident... Je ne peux sortir comme je veux...

- Ha... C'est dommage, marmonna Mark.

- Propose à Melissa, fit alors Mary. Elle avait beaucoup apprécié t'accompagner au mariage.

- Elle est catholique... Et je pensais que tu aurais aimé m'accompagner, fit Mark.

- Une autre fois peut-être, fit-elle en réponse.

- Et cela se passe bien vos révisions ? demanda Mark.

- Oui, pourquoi ? demanda Mary.

- Je demanda vu qu'il en parle pas, assura le jeune homme.

- Il travaille, assura Mary.

- Tu veux que je l'attende avec toi? demanda Mark.

- Non vas-y, il n'y aura aucun soucis, fit Mary.

- Tu risques d'attendre, il n'entre jamais dans la douche tant qu'il reste un autre membre de l'équipe, avoua Mark.

- Ha bon ? s'étonna Mary complètement stupéfaite.

- Ouais... Je sais pas pourquoi... Complexe peut-être... Bon rentre bien, fit-il en s'éloignant enfin.

Mary regarda Mark s'éloigner et se contenta de hausser les yeux au ciel. En effet, pour avoir pu l'observer d'assez prêt dans la piscine, il ne devait clairement pas être complexé. Mary patienta encore, au cas où il y aurait un autre retardataire et finit par réaliser qu'il était vraiment le dernier. Elle regarda alors la porte et inspira profondément avant de la pousser. La jeune fille mit alors les pieds dans le pire territoire qui pouvait exister au monde: un vestiaire d'adolescents sportifs. Les odeurs se mélangeaient tellement qu'elle ne pouvait même pas savoir laquelle était la plus épouvantable. Plusieurs se détachaient évidemment comme le mélange complexe de parfums et déodorants divers capable de transformer une parfumerie en havre de paix pour hypersensible ; il y avait également l'odeur moite et musquée des uniformes de sports jetés négligemment dans le bac prévu à cet effet et accentuant la troisième odeur provenant du bac à côté : celle encore plus horrible de serviettes mouillées pour ceux qui avaient eu la décence de la mettre dedans.

- Ha les mecs, grommela Mary en avançant entre les bancs. Pourquoi un mec est aussi bordélique en général ? Papa c'est pareil...

Mary arriva devant un vestiaire ouvert et réalisa qu'il ne pouvait s'agir que de celui de Cameron. Elle y jeta un coup d'œil rapide et sourit en découvrant une photo de toutes la bande posée à côté d'un paquet de cigarettes. Elle fut surprise d'y découvrir un prospectus qui n'aurait jamais dû s'y trouver. En effet, Cameron avait un prospectus sur le passage du fameux pasteur et elle se sentit assez touchée qu'il puisse sans doute penser à l'y emmener. Cela signifiait qu'il s'intéressait tellement à ses opinions qu'elle en fut sidérée. Les gens se trompaient vraiment sur lui. Elle évita cependant de jeter un coup d'œil aux sous-vêtements de ce dernier et entendit enfin du bruit. Elle tourna la tête vers l'origine de ce même bruit et réalisa qu'il s'agissait de la douche. Elle se mit à rougir en réalisant qu'elle s'était permise d'entrer là et se déplaça pour s'éloigner du casier.

- Putain ! hurla alors Cameron.

Mary sursauta et s'inquiéta immédiatement pour son petit ami. Il était peut-être tombé dans sa douche et elle fonça vers les cabines en panique.

- Cam ! Ça va? cria Mary.

Immédiatement elle entendit l'eau se couper et elle sursauta encore quand la porte s'ouvrit en dévoilant un Cameron enveloppé dans une serviette.

- Mary? Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Cameron en se frottant la tête de la main gauche.

- Ho euh... Je devais te parler, fit-elle en rougissant avant de se figer.

Ce n'était pas pour observer le corps d'Apollon complètement ruisselant d'eau de son petit ami que la jeune fille s'était figée. Elle n'était nullement lubrique et ne cherchait même pas à discerner les formes sous cette serviette. Non, son regard était porté sur le seul endroit qu'elle n'avait jamais réellement vu. En effet, alors qu'elle le connaissait depuis un moment, elle n'avait jamais vu ce poignet gauche. Aussi loin qu'elle se souvenait, elle avait toujours vu quelque chose sur ce poignet, que ce soit une montre, les petites éponges de poignets quand il jouait et même dans la piscine il avait un gros bracelet de cuir. Elle avait enfin une vue sur ce qu'il cachait et quand ce dernier s'en rendit compte, il cacha son bras.

- Cam..., fit alors Mary très inquiète.

- C'est rien, fit Cameron.

- Tu... Tu t'es taillé une veine? demanda-t-elle sidérée.

C'était bien ce qu'elle avait vu, une cicatrice épaisse et blanche sur le poignet, le genre de cicatrices qui se forme quand on s'ouvre les veines avec une lame de rasoir.

- C'était il y a longtemps, fit Cameron en réponse.

- Mais... Je savais pas! fit Mary.

- Personne ou presque ne le sait, avoua Cameron en regardant Mary.

- Pourquoi tu m'en as pas parlé ?

- Je ne te dis pas tout, répondit Cameron. Il y a des choses qu'il faut mieux que tu ignores.

- Que j'ignore sur toi? demanda-t-elle légèrement vexée. Tu parles d'une affaire judiciaire ?

Dès l'instant où elle avait dit ces mots, elle cacha sa bouche de sa main. Cameron la fixa sans aucune hésitation et soupira.

- Ton père t'a parlé de certaines choses alors... Je comprends pourquoi tu voulais me parler, avoua Cameron.

- J'y ai pas cru..., se défendit rapidement Mary. Puis il m'a dit que t'étais juste témoin...

- Tu sais tout alors, avoua Cameron.

- C'est vrai alors... L'équipe était horrible ? demanda Mary choquée.

- Ça te choque? Tu crois quoi franchement ? Que les sportifs ont une morale? s'offusqua Cameron. On vit dans un pays où on leur permet tout.

- Mais... C'est horrible..., marmonna Mary.

- Je savais pas d'accord, avoua alors Cameron. Je ne pouvais pas savoir... J'aurais dû...

Mary remarqua immédiatement son mal-être en disant cette phrase et elle le vit regarder son poignet.

- Cam... C'est lié ? demanda-t-elle en s'approchant.

- Tu veux savoir quoi en fait? Si ton mec est un violeur ? demanda Cameron.

- Non! s'empressa de dire Mary. Je sais que c'est pas ton style.

- Non je suis encore pire, j'ai fermé les yeux, fit Cameron.

- Qu'est-ce qu'il s'était passé exactement ? demanda Mary intriguée.

- Ce jeu stupide...

- Chasser les vierges ? fit-elle avant de voir sa surprise. Declan en a entendu parler.

- Un concours de gros connards, comme moi... Oui j'y ai participé mais j'ignorais jusqu'où ils allaient, ajouta Cameron.

- Tu y as participé ? demanda Mary surprise.

- Te fais pas plus bête que tu ne l'es, lui fit Cameron.

Forcément, il avait dû prendre la virginité de quelques filles dans le lot. Ce serait plus son style.

- Beaucoup ?

- C'est important ? Elle était consentantes elles..., marmonna Cameron.

- Pas toutes donc..., fit Mary mal à l'aise.

- Je savais pas que certaines étaient ivres, d'autres c'étaient leurs copines... Je l'ai même pas vu, fit Cameron.

- Tu... Tu ne l'as pas vu ? demanda Mary choquée. Comment tu aurais pu le voir?

- Il fallait des preuves... Ils filmaient, avoua Cameron. J'avais même pas fait gaffe que cette fille était inconsciente... Putain ! s'énerva Cameron en enfonçant un casier d'un coup de poing.

- Cam, fit-elle en s'approchant. Tu...

- J'ai témoigné... J'ai parlé des vidéos... J'ai effacé les miennes..., grommela Cameron. Je faisais pas partie de l'équipe mais un de mes meilleurs potes voulait que je les rejoigne...

- Parce que tu avais la technique avec les filles ? demanda Mary inquiète.

- Ouais... C'est juste après ce témoignage, quand j'ai croisé cette fille de quatorze ans les yeux rouges dans le couloir... Le soir même j'ai pris une décision..., fit-il en montrant son poignet.

- Ton père t'a trouvé à temps ? demanda Mary.

- La seule fois où il n'aurait pas dû rentrer..., avoua Cameron.

- Pourquoi tu as rejoint l'équipe ? demanda Mary qui ne comprenait pas ce détail.

- J'ai compris quelque temps plus tard que la chasse continuait... Sans abus j'entends mais bien dégueulasse quand même, avoua Cameron. Et... J'espérais mettre un terme à tout ça. Aujourd'hui plus personne n'y participe... Tu t'en doutes.

- Vu qu'il y a des gens comme Luis et Mark, réalisa Mary avant d'être saisie d'un doute. Mais comment tu as su que la chasse a continué ?

- Parce que ma meilleure amie est tombée enceinte..., avoua Cameron.

- Verena? s'étonna Mary avant de paniquer.

- Son mec... Un salaud mais son mec... Il prétendait qu'une fille tombait pas enceinte la première fois... Combien il en a mis en cloque? J'en sais rien.

- Cam..., marmonna Mary.

- Je suis sincère si c'est ta question... Je cherche pas à coucher avec toi pour me vanter... Je tiens à toi, précisa Cameron.

Mary sourit et avança pour le saisir par le visage et l'embrasser.

- Je suis désolée d'avoir douté..., s'excusa Mary.

- Y a de quoi avoir peur, fit Cameron en l'embrassant.

L'information n'était pas la plus rassurante du monde mais au moins, il n'avait rien à voir physiquement avec les viols. Elle avait compris qu'il s'était senti coupable ce jour là, comprenant que la vie d'une adolescente de quatorze ans avait été détruite par cet acte et il estimait ne pas avoir pu la protéger. Son petit ami était aussi meurtri de culpabilité que si c'était lui qui avait commis l'acte. Elle le serra dans ses bras, mouillant ses bras.

- T'avais fait ce qu'il fallait, avoua Mary.

Soudain elle entendit un rire provenant de l'entrée.

- Ho merde! fit Mary.

Elle se sentit alors tirée dans la cabine de douche par Cameron et faillit glisser à cause de l'eau. Cameron attrapa la porte et la ferma doucement.

- Il fait chier..., grommela Cameron.

- C'est qui? s'étonna Mary.

- Tim avec Penny..., murmura Cameron.

- Hein? s'étonna Mary.

- Secret défense, fit Cameron.

Mary était surprise de l'information. Elle n'en savait absolument rien. Visiblement, plusieurs couples aimaient se cacher dans ce lycée, pour éviter les ragots. Elle se rendit compte que les bras de Cameron l'entouraient et elle se sentit gênée en se souvenant qu'il n'avait qu'une serviette.

- Ils se cachent ici? chuchota Mary en essayant de garder la tête froide. Pour quoi faire?

Cameron bougea juste un bras et ouvrit très légèrement la porte de la cabine. Mary écarquilla les yeux en découvrant les deux jeunes dans une position clairement gênante et intime. Penny était à genoux et elle faisait des mouvements d'avant en arrière avec sa tête.

- Tu peux les voir? demanda Cameron à son oreille et qui lui ne pouvait rien voir.

Mary hocha la tête honteuse et ferma doucement cette porte de cabine. C'était la première fois qu'elle voyait une telle chose et elle se sentit devenir de plus en plus rouge.

- T'es pas à l'aise contre moi? fit Cameron.

- Si..., fit Mary en essayant de bouger mais, portant toujours ses baskets, glissa un peu.

Cameron serra ses bras et la rattrapa, la collant contre lui. Elle sentait son souffle contre sa nuque, un souffle chaud et tendre qui la fit trembler. Elle s'en voulait de réagir comme ça avant de réaliser que Nina l'avait mise en garde. Le sens du toucher devait se développer et devenir très sensible. Et cette situation était plus que propice à ce que son sens la rende folle. Le baiser dans sa nuque confirma que ses sens étaient accrus car elle le sentit plus doux que jamais.

- Ar... Arrête..., fit Mary. Ils sont juste à côté....

Cameron bougea juste son bras et elle le vit attraper sa bouteille de gel douche qu'il jeta d'un geste nonchalant à travers la cabine provoquant un petit fracas.

- C'était quoi? fit alors Penny de l'autre côté dans un petit bruit étouffé.

- Merde... Cam est encore là..., grommela Tim.

- Putain..., fit Penny.

- Viens on va dans la salle de sport... Il en saura rien, fit Tim.

- Faut éviter de laisser des traces, fit Penny en riant.

Mary soupira de soulagement en les entendant s'éloigner. Elle avait pouvoir sortir discrètement mais quelqu'un ne l'entendait pas de cette oreille. Le baiser dans sa nuque confirma d'ailleurs qu'il n'avait pas prévu de la laisser s'en aller aussi vite.

- On est seuls désormais, fit Cameron tout bas.

- Cam... C'est pas une bonne idée, ils peuvent revenir, fit Mary en tendant inconsciemment son cou pour qu'il continue.

- J'irai pas au bout mais j'ai pas fini ma douche, fit alors Cameron.

Mary se demandait de quoi il parlait quand elle réalisa la situation. Elle perdait le nord, littéralement, surtout sous les baisers dans son cou. Elle sentit doucement la main de Cameron bouger et il commença à déboutonner la chemise de Mary.

- Cam..., marmonna Mary dans un soupir.

- Douche toi avec moi, fit Cameron.

- Je veux pas être nue..., se défendit Mary.

- Garde tes sous-vêtements..., fit-il en caressant son ventre.

Son esprit disait à Mary de quitter cette cabine le plus vite possible mais malheureusement son corps ignorait littéralement l'alarme. Elle baissa les yeux pour voir la main de Cameron finir de détacher chaque bouton.

- Tu es magnifique..., fit-il à son oreille.

Son cerveau s'était déconnecté c'était évident et ce qu'elle sentait contre ses fesses et qui aurait dû la faire paniquer ne fit en réalité qu'accentuer la chaleur dans son corps. Elle se retourna et regarda Cameron qui vint l'embrasser en la plaquant de son corps contre la paroi de la cabine. Il était clairement plus passionné dans ce baiser et cela compliquait les réactions de Mary. Elle ne savait en effet plus quoi faire et se contenta de suivre son instinct. Elle posa doucement ses mains sur le cou de son petit ami et l'embrassa tendrement, répondant du mieux qu'elle pouvait. Elle sentait surtout les mains de Cameron qui serrait ses hanches comme si quelqu'un risquait l'en séparer.

- Cam... Doucement..., fit-elle en soupirant.

Cameron ne semblait plus vraiment capable de ralentir et elle avait de plus en plus de mal à suivre le ballet de leurs langues. S'en rendant sans aucun doute compte, il les quitta pour venir embrasser le creux de son cou tandis que la jeune fille caressait sa nuque.

- Cam... C'est pas une bonne idée, murmura Mary qui pourtant appréciait grandement ces petites attentions.

- J'irai pas au bout, se contenta de répondre Cameron.

Mary ouvrit les yeux intriguée du propos. En effet, même à travers la serviette, elle ressentait un contact qui pesait contre sa jambe. Elle inspira profondément et déglutit. Ce n'était pas vraiment fait pour elle d'être aussi proche et se rendre compte qu'elle était dans une cabine de douche ne l'aidait pas tant que cela à apprécier la situation. Elle se figea totalement quand une des mains de Cameron quitta sa hanche pour glisser le long de sa ceinture. Le jeune homme quitta son cou pour venir l'embrasser de nouveau et elle se sentit presque fondre. Sa nouvelle nature l'empêchait de raisonner normalement, son corps parlant bien trop pour elle. Elle se figea un instant quand elle sentit que sa ceinture ne retenait plus son pantalon.

- Cam...

Bêtement, il dut prendre cela pour une invitation. En effet, doucement et même très doucement, sa main glissa le long de la couture du pantalon et passa dessous. Elle sentait ses doigts contre sa culotte et se sentit en perdition. Quand la peau de son bas ventre entra en contact avec les doigts de son petit ami, son cerveau sembla tirer une sonnette d'alarme.

- Cameron..., marmonna Mary espérant l'arrêter.

- J'ai trop envie de te faire gémir, fit-il contre ses lèvres.

Elle se cambra quand les doigts de Cameron, clairement expérimenté, descendirent bien trop bas dans sa culotte, effleurant le doux duvet.

- S'il-te-plaît... Pas...

- Tu vas apprécier, fit-il à son oreille.

Tout empira quand elle sentit un doigt l'effleurer dans une zone qu'elle-même n'avait jamais explorée et qui étonnement la fit sentir un courant électrique le long de son échine. Un simple mouvement circulaire et elle saisit sa main

- Doucement, marmonna Cameron. Patience.

- Arrête... Je t'en prie..., murmura Mary.

- Oublie tes idéaux, fit alors Cameron.

Il avait continué de bouger et sans hésitation aucune, elle posa ses mains sur son torse. Il ne respectait pas sa demande et cela l'effrayait même. Sans forcément retenir sa force nouvelle, elle poussa. Cameron fut très aisément repoussé par le petit bout de femme et elle vit surpris. Sa main vola immédiatement en fendant l'air et percuta sa joue dans un claquement sonore.

- Je t'ai dit de t'arrêter ! hurla Mary.

- Mais tu appréciais...

- Je t'ai dit non! T'es exactement comme eux! fit Mary sans réfléchir.

- Quoi? s'étonna Cameron.

- Je n'avais demandé qu'une chose : que tu me respectes, hurla Mary en ouvrant la porte de la cabine.

- Attends, fit Cameron en saisissant son bras.

Désormais suffisamment forte, ce fut d'un simple mouvement de bras qu'elle se détacha de l'emprise sur son bras.

- Me touche pas! T'es pas foutu de penser à me respecter ! s'énerva Mary.

Elle s'éloigna rapidement dans le vestiaire, son petit ami sur les talons et en serviette. Elle se dépêcha d'attacher sa ceinture.

- Mary s'il-te-plaît, tenta Cameron.

- Arrête... T'es pas capable d'être patient ! fit-elle en retenant quelques larmes. Ne me suis pas!

Elle se dépêcha de refermer son chemisier, sans être très efficace car elle n'avait pas aligner les boutons. Elle laissa alors son petit ami dans le vestiaire et courut dans le couloir. C'était bien une mauvaise idée d'être ensemble, ils étaient par trop bien des aspects différents. Elle s'en voulait de sa gifle mais elle lui en voulait surtout énormément à lui de ne pas la respecter. Elle avait simplement pris la fuite, passant à côté d'un petit attroupement d'élèves sans même les regarder. L'extérieur lui sembla alors un lieu sécurisé et sa déception fut encore plus grande. Elle lui avait fait confiance et il l'avait brisée. Elle n'aurait pas dû, elle avait d'autres problèmes à gérer. Sa vie venait encore de basculer et elle se rendit compte qu'elle ressentait un énorme besoin. Elle voulait prier et demander pardon à Dieu d'avoir ressenti du plaisir dans cette situation. Son éducation et ses idéaux venaient d'en prendre un coup et cela, c'était peut-être le pire...

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