L'Ame des Anges: Incarnation

Chapitre 14 : Frères et Sœurs Ennemis

8195 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/10/2022 08:58

Chapitre 14

Frères et Sœurs Ennemis


Puis il leur dit : Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création.

Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents ; s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur feront point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades, seront guéris. Le Seigneur, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel, et il s’assit à la droite de Dieu. Et ils s’en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec eux, et confirmait la parole par les miracles qui l’accompagnaient.


Évangile selon Marc, Chapitre Seize, Versets Quinze à Vingt

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Dire que la semaine qui suivit son premier rendez-vous avait été compliquée aurait été trop faible. Ce n'était pas tant de continuer à se cacher au lycée, même si elle aurait aimé pouvoir s'afficher avec Cameron sans hésitation, mais plutôt ce qu'il se passait dans sa propre maison qui lui rendait la vie difficile. En effet, son père avait certainement vendu la mèche extrêmement vite car il était évident que sa mère attendait quelque chose. Elle attendait tout simplement que sa fille fasse le fameux pas envers elle. Mary avait longuement hésité et surtout très longuement discuté avec Cameron. Lui, il prenait un peu cela à la légère, n'étant pas franchement concerné par les liens familiaux mais il lui assurait qu'il n'avait aucune hésitation si il devait passer un interrogatoire. Cela signifiait pour Mary qu'elle pouvait parler de lui quand elle en aurait besoin mais il avait quelques difficultés à comprendre ce que cela pouvait réellement impliquer pour elle. Elle n'avait jamais eu de conversation sur sa vie privée, ni même posé de questions sur l'intimité au sein d'un couple. Ce qu'elle savait des relations intimes et sexuelles, elle l'avait appris au lycée au cours des fameux ateliers mis en place par la nouvelle Principale mais également par le fait d'écouter ses amis et amies, avec discrétion en général. Elle avait alors décidé qu'elle devrait bientôt en parler mais quelqu'un s'était manifesté à elle le vendredi soir. En effet, son devoir angélique s'était rappelé à elle par Nina et Lelahel qui l'avaient contactée pour lui signifier qu'elles avaient besoin d'elle, pour l'initier à la lutte active. Déjà qu'elle était angoissée par sa vie privée, il avait fallu rajouter quelque chose de plus. Elle avait donc opté pour une tenue simple et décontractée et un sac à dos pour y glisser Melo. Elle avait également attaché ses cheveux avant de descendre. Elle avait prévenu ses parents mais elle fut stupéfaite de les voir tous les deux assis autour de l'îlot de la cuisine.

- Il se passe quelque chose ? demanda Mary. Quelqu'un est... Quelqu'un est mort?

- Non ma puce, fit alors sa mère. Assieds-toi.

En bref, cela signifiait que le moment était venu d'avoir la conversation gênante.

- Tu vas voir qui aujourd'hui ? demanda alors son père.

- Nina, une amie... Pourquoi ? demanda Mary méfiante.

- Tu vas réellement voir cette amie ou tu vas voir ce garçon en cachette ? demanda Edith.

- Comment ça en cachette ? demanda Mary.

- Lundi, tu nous as dit faire tes devoirs et ton père m'a prévenue que..., hésita Edith.

- Oui, j'étais avec Cameron, mais on a réellement travaillé, fit-elle en fixant son père.

- J'ai parlé à ta mère mais on pensait que tu voudrais en parler, assura son père honteusement gêné.

- Je vois..., fit Mary en sortant son téléphone et sélectionnant quelqu'un dans son répertoire. Tiens appelle Nina. Elle confirmera.

- Chérie... Bon, fit sa mère en prenant le téléphone et le portant à son oreille pour patienter. Oui, bonjour, veuillez me pardonner de vous déranger mais... Oui, elle m'a dit devoir vous rencontrer... D'accord... Ho c'est par rapport à ce concours... Vous pensez qu'elle a vraiment ses chances... C'est très aimable à vous de vouloir l'aider... Ho vous avez les mêmes croyances que nous, intéressant... Je m'excuse mais je ne connais absolument rien au monde des mannequins... C'est très gentil... Donc oui, vous deviez passer la journée... Non elle n'avait aucune obligation familiale... Vous vous rencontrez en ville... D'accord... Pas de soucis, une bonne journée à vous et Dieu vous bénisse.

Mary patienta attentivement en fixant son père. Il était assez normal qu'il prenne soin de prévenir sa femme après avoir vu sa fille avec un garçon. Elle ne lui en voulait pas pour cela. Elle lui en voulait juste un peu de l'avoir mise mal à l'aise.

- Merci, elle a l'air très gentille cette mannequin, avoua sa mère.

- Elle l'est, je ne suis pas vraiment à l'aise mais elle veut me montrer comment me comporter sur scène, avoua faussement Mary.

- D'accord... Ce jeune homme donc..., commença sa mère.

- Cameron, précisa Mary.

- J'avais bien vu comment vous vous regardiez au mariage mais je disais à ton père que tu m'en aurais parlé, avoua alors Edith.

- Nous n'étions pas ensemble au mariage, avoua Mary.

- Ha... Ha bon? s'étonna Edith.

- On s'est embrassé la première fois quand il m'a ramenée... Et le lendemain on a passé du temps ensemble en faisant nos devoirs, fit Mary.

- Chez lui? demanda rapidement son père.

- Papa! Franchement..., s'offusqua Mary.

- Je pense qu'elle est plus prudente que cela, avoua sa mère.

- Merci, fit Mary reconnaissante.

- Vous vous êtes vu souvent ? demanda alors son père.

Mary réfléchit un instant et se rendit compte qu'à part s'embrasser un peu discrètement dans le lycée et avoir fait ses devoirs dans la bibliothèque publique avec lui, ils ne s'étaient pas vu si souvent que cela. Mary lui avait précisé vouloir y aller lentement et donc il avait obéi.

- Non, entre ses entraînements et les devoirs... Et puis je n'en ai parlé à personne, fit Mary contournant à peine la réalité.

Mary remarqua alors le regard gêné de sa mère qui se dirigeait vers la main de sa fille. Elle aurait juré qu'elle vérifiait la bague.

- Maman... Nous sommes vraiment loin d'être aussi intimes, précisa Mary choquée.

- Je... Je..., fit-elle en cherchant de l'aide de son mari.

- Je lui ai dit avoir déjà croisé ce garçon, fit Jason.

- Il me l'a dit aussi, avoua Mary.

- Ha donc tu sais qu'il est loin d'être..., hésita Edith pour sans doute ne pas vexer ou braquer sa fille.

- Fréquentable? proposa Mary. Croyant ? Le genre de garçon envers qui je pensais pouvoir avoir des sentiments ?

- Moui, marmonna sa mère.

- C'est vrai... Je n'aurais pas cru qu'il puisse même être attiré par moi, précisa Mary. Sur le papier, nous ne sommes pas vraiment compatibles...

- Mais il se tient bien au moins? demanda Edith.

- Je lui ai dit que je n'étais pas du genre à aller vite..., fit-elle avant de voir l'inquiétude de sa mère. Il a compris... Il sait à quoi il s'engage.

- Tu essayes de me dire que ce garçon..., marmonna Edith gênée.

- Oui, Maman, marmonna Mary.

- Tu es sûre que c'est une bonne idée ? demanda sa mère.

- Maman! J'y peux rien, c'est arrivé comme ça... Mais il me respecte, je t'assure, le défendit immédiatement Mary.

- D'accord... Mais le fait qu'un garçon soit expérimenté pourrait le pousser à... Enfin, il pourrait essayer de t'inciter à... Et euh..., hésita sa mère.

- Maman, si tu veux me parler de contraception, de consentement et de ce genre de choses, j'ai eu les cours au lycée, précisa Mary.

- Je sais... Mais normalement, ce serait à moi de t'en parler mais..., hésita Edith.

- Tu es aussi mal à l'aise que moi, je comprends. Ne t'inquiètes pas. Il est prévenu, rappela Mary.

- Il boit quand tu es dans sa voiture ? demanda son père bien plus inquiet encore.

- Non, fit Mary sans en avoir réellement la réponse. En tout cas, il ne boit pas devant moi quand je suis avec lui, mais je ne me suis retrouvée dans sa voiture que trois ou quatre fois.

- Chéri... Tu m'inquiètes, fit Edith.

- Il consomme aussi du cannabis avant de conduire? demanda alors son père.

- Quoi? fit sa mère choquée.

- Papa... Cam n'est clairement pas le garçon le plus exemplaire... Il a des défauts... C'est vrai, plusieurs même, avoua Mary. Mais avec moi, il est exemplaire. Je vous le jure.

- De l'alcool... De la drogue... Des relations sexuelles..., énuméra sa mère en regardant sa fille avec une inquiétude palpable. On a fait quelque chose ?

- Hein? s'étonna Mary. C'est quoi cette question ?

- Cela pourrait ressembler à une rébellion... Nous te mettons trop de pression ? insista sa mère.

- Maman... Je ne sortirai pas avec un garçon juste pour vous faire du mal! s'offusqua Mary. Ce serait honteux.

- C'est à cause de David..., marmonna sa mère.

- Vous en avez parlé avec Oncle David ? demanda Mary choquée.

- Hein? Non, bien sûr, fit sa mère. Il nous a parlé de Dylan.

- Maman, je t'assure que je ne fais pas comme elle. D'accord Cameron n'est pas ce que je pourrais qualifier de gendre idéal mais je pense qu'il est sincère avec moi. C'est l'essentiel non? insista Mary.

- Oui, bien sûr mais tu comprends que cela m'inquiète quand même ? demanda sa mère.

- Évidemment Maman, je le serai aussi, avoua Mary.

Mary regarda sa mère qui semblait stressée. Elle lui serra la main pour la rassurer. Elle n'osait pas dire qu'elle était amoureuse et qu'elle était plutôt convaincue de la réciprocité de ses sentiments. Elle regarda alors son père qui semblait encore plus stressé que sa mère et tapotait ses ongles sur l'îlot. Étonnement, cela attira l'attention de sa mère.

- Ça va chéri ? Elle dit qu'elle peut lui faire confiance, assura sa mère.

- Hmmm, marmonna son père. Il t'a dit beaucoup sur lui?

- Euh... Je sais qu'il n'a pas la plus belle vie de famille qui existe, qu'il a déjà été arrêté et ce genre de choses... Pourquoi ? demanda Mary inquiète.

- Tu sais quelque chose ? demanda Edith à son époux.

- Normalement je n'ai pas le droit d'en parler, avoua son père.

Mary sentit l'angoisse monter et elle s'attendait au pire. Sa mère regardait son époux avec autant d'inquiétude sinon plus.

- Papa... Qu'est-ce que je dois savoir ? demanda Mary.

- Je... Cameron Powells a déjà été entendu dans une affaire de viol..., marmonna son père.

Mary écarquilla les yeux de stupeur et entendit le cri horrifié de sa mère. Elle se leva brutalement.

- Tu mens, je connais Cameron depuis un an et même si il n'est pas frequentable, je ne l'ai jamais vu avoir un geste aussi inconsidéré... Il ne forcerait jamais une fille..., fit-elle en panique.

- Ton père ne mentirait pas, lui fit sa mère.

- Il le détestait déjà juste parce qu'il était mon cavalier, maintenant il l'accuse d'être un violeur, fit Mary énervée.

- Chérie... Calme toi, lui fit son père. Il a été entendu mais uniquement comme témoin, avec suspicion de complicité mais c'est tout, il n'a techniquement pas été accusé du viol, lui précisa son père.

- C'était quand? demanda Mary en panique.

- Il y a à peu près deux ans et demi, avoua son père.

- Il... Il a vraiment fait quelque chose ? demanda Mary soudainement en proie à une profonde détresse.

- Cela a été classé sans suite mais il ne semblait pas être au courant... Mais il a fréquenté plusieurs suspects, fit son père.

- Ouf..., fit Mary dans un soupir.

- Chérie..., hésita sa mère.

- Il n'a rien fait Maman..., insista Mary. Papa vient de le dire...

- Oui mais il n'est clairement pas un garçon que tu devrais fréquenter, avoua sa mère.

- Maman... Tu aurais apprécié que quelqu'un te dise que tu n'avais pas le droit d'être avec Papa ? demanda Mary.

- Ton père n'a jamais...

- Ce n'est pas ma question, l'interrompit Mary.

- Non, répondit sincèrement sa mère.

- Attends tu vas me dire que tu vas accepter cette relation ? demanda son père choqué.

- Elle le verra de toute façon, fit Edith peu dupe. Et l'empêcher ne pourrait que la pousser un peu plus et je refuse de devoir me disputer chaque jour avec ma fille pour ça.

- Il boit, il fume et il est plutôt ingérable... Tu vas le laisser avec notre fille ? demanda Jason en choquant sa fille.

- J'ai confiance en ma fille et en son jugement mais j'ai mes conditions, fit sa mère.

Mary regarda cette dernière surprise et ouvrit la bouche pour murmurer.

- Des conditions ? demanda Mary.

- Oui, tu ne nous mens pas... Si tu le vois, je veux savoir où et quand, insista sa mère. Il est hors de question que tu sois avec lui sans que nous ne la sachions, précisa sa mère. Et je veux surtout que tu me parles.

- De nous? s'étonna Mary.

- Si jamais cela progresse entre vous... Je ne veux pas apprendre cela autrement, fit Edith.

- Quoi d'autre ? demanda Mary.

Elle comprenait de quoi elle parlait et il faut dire qu'elle était encore moins rassurée maintenant. Elle n'arrivait pas à croire qu'il ait pu être mêlé à une affaire de viol. Ce n'était pas le Cameron qu'elle connaissait. Il n'avait pas pû faire cela.

- Tu n'as pas intérêt à toucher à la drogue, lui signifia sa mère. L'alcool, je pourrais passer sur légèrement, après tout les jeunes de nos jours... Pas la drogue. C'est clair? demanda sa mère.

- Oui, répondit honnêtement Mary.

- Si jamais tes notes chutent, je t'interdirai de le voir, précisa sa mère.

- Ok...

- Je préférerai que si vous deviez vous voir ce soit ici, les portes ouvertes, précisa sa mère.

- Ça je sais pas si il est prêt à vous rencontrer maintenant, avoua Mary.

- Ben moi je veux le rencontrer, il sort avec ma fille et ne partage clairement pas nos idéaux. Je ne m'y opposerai que si il te fait du mal mais je veux lui parler. D'accord ? insista Edith.

- Je lui dirai, marmonna Mary.

- Ne monte jamais dans sa voiture si il a bu ou consommé de la drogue, fit son père.

- Ça, je ne suis pas folle, assura Mary.

- Et... Évite d'être dans des endroits seule avec lui, insista son père.

- Il me semblait qu'il avait été blanchi ? demanda Mary toujours inquiète à ce sujet.

- Je pense qu'il le dirait pour n'importe qui, précisa sa mère.

- Pas faux, répondit son père.

- Tu vas me faire suivre ? demanda alors Mary.

- Non, je devrais ? demanda son père en réponse.

- Bien sûr que non, se défendit Mary. Mais je vous jure que je ne vais pas changer pour un garçon. Je reste comme je suis et il est prévenu que je ne ferai que ce que je veux, précisa Mary.

- Euh..., hésita sa mère.

- On s'est juste embrassés... Enlacé une fois aussi mais j'avais froid, fit Mary préférant ne pas dire qu'il avait des problèmes familiaux en plus.

Mary fixa ses parents attentivement, l'un après l'autre même, et elle attendait de savoir ce qui l'attendait. Ce fut son père qui prit alors la parole.

- Si il se passe quelque chose que... Que tu ne veux pas, fit son père. Je veux que tu m'appelles immédiatement, pareil si pour une raison ou une autre, tu estimes ne plus être en sécurité. Tu me le promets ?

- Bien-sûr Papa, avoua Mary. Mais je le suis avec lui. Si il se passe quoique ce soit je te préviens.

- Bon..., marmonna son père.

- Faites lui confiance, c'est un garçon bien malgré les apparences, précisa Mary. Je peux y aller?

- Ton amie t'attend je suppose, fit sa mère.

- Oui mais elle comprendra si j'ai un petit peu de retard, assura Mary. Surtout que cette discussion était importante.

- Tu ne nous en veux pas au moins? demanda sa mère.

- Vous vous inquiétez pour moi, fit alors Mary en enfilant sa veste. C'est assez normal à mes yeux.

- Faut t'emmener? demanda son père.

- Non ça va, à tout à l'heure... Je vous aime! fit Mary en fonçant vers la porte.

Rapidement, Mary fut dans la rue et elle fonça vers le lieu de rendez-vous, le même que la dernière fois. Pourtant, alors qu'elle se dirigeait vers ce lieu, elle ne put s'empêcher de téléphoner à Cameron et lui raconter. Elle n'entra pas dans tous les détails mais lui signifia les inquiétudes de ses parents.

- Donc je devrai le rencontrer ? fit alors Cameron en fin de conversation.

- C'est cela, fit Mary qui avançait toujours vers son lieu de rendez-vous.

- Je ferai l'effort mais si on peut éviter que ce soit tout de suite, lui signifia Cameron.

- Pas de soucis, fit-elle.

- Je suppose que ton père était inquiet, précisa Cameron.

Mary hésita un peu. Après tout il y avait de quoi être inquiet. Et puis, après avoir longuement réfléchi durant son trajet, Mary s'était souvenue d'un détail. Lors de la fête d'anniversaire des jumeaux, Karen s'était emportée sur un sujet visiblement délicat. Elle s'était demandée si les deux étaient liés mais elle n'en savait absolument rien.

- Cam..., fit-elle hésitante à poser la question.

- Oui? fit-il visiblement inquiet.

- Papa veut absolument que tu sois en état de conduire quand je suis avec toi, fit Mary qui préférait ne pas aborder ce sujet comme cela.

- Je me tiendrai bien... Tu veux que nous fassions quelque chose ? demanda Cameron.

- Ha désolée... Je dois voir quelqu'un et c'est important, précisa Mary.

- Dois-je être jaloux? demanda-t-il visiblement amusé.

- Pas le moins du monde, c'est une fille, fit Mary en riant.

- Alors amuse-toi bien, et fais attention, je suis pas le seul mec dangereux, fit-il en riant.

- Qu'est-ce que tu peux être bête quand tu t'y mets... Bisous! fit-elle avant de raccrocher.

Elle avait dit "bisous", c'était tellement niais. Heureusement qu'elle ne lui avait pas dit les trois petits mots magiques, elle aurait eu l'air totalement idiote. Et puis il était peut-être beaucoup trop tôt pour ce genre de discours. Elle arriva enfin près du lieu de rendez-vous quand soudain, elle fut interpellée.

- Mary! l'appela une voix depuis le parking.

Mary se tourna et découvrit une forme encapuchonnée comme la dernière fois. Elle sourit et se dirigea vers elle.

- Nina ou..., demanda Mary en regardant partout.

- C'est moi pour l'instant, fit Nina Carmichael qui dominait.

- Ton appel n'était pas très rassurant, fit Mary.

- Je sais, fit cette dernière en lui faisant signe de la suivre. Disons que là, ils veulent que tu saches vraiment à quoi tout ressemble.

- Tout? fit Mary avant de se figer. Tu veux parler de... Des Déchus ? chuchota Mary.

- Oui... On a en repéré un qui est clairement en train de faire n'importe quoi, on m'a gentillement invitée à régler me problème. Et quand je dit moi...

- Tu parles de Lelahel je suppose, fit Mary.

- Exactement, fit Nina d'une voix légèrement plus posée.

Mary n'arrivait pas à s'y faire à ce changement. Au téléphone c'était pareil, parfois elle devait même réfléchir un instant si c'était à elle de parler ou si, comme les deux le faisaient parfois par politesse, elles discutaient devant elle pour qu'elle puisse suivre. Mary inspira quand Lelahel s'arrêta de marcher.

- On va encore..., marmonna Mary.

- Et oui, pour se rendre à New York, c'est plus simple, avoua cette dernière.

- Pourquoi pas... Dans le coin? demanda Mary surprise.

- Comme tu n'es pas encore extrêmement habituée à ce nouveau statut, ma hiérarchie estime qu'il est plus sûr que tu sois éloignée de ton lieu d'habitation, au cas où une éventuelle connaissance ne puisse te reconnaitre, fit alors Lelahel.

- Et en parlant de connaissances... Toujours aucune piste sur mon ange et sur la raison de son silence? demanda Mary.

- Non. Navrée..., fit Lelahel.

- Je peux envoyer un message avant de partir pour préciser que je vais être injoignable ? demanda Mary.

- Évidemment, fit Lelahel.

Mary envoya donc un petit texto avec quelques émoticônes signifiant quelques bisous, signifiant que son téléphone allait être éteint à cause de ce qu'elle avait à faire. Elle eut rapidement une réponse et sourit.

- Mais tes parents étaient au courant, j'ai entendu la conversation entre Nina et eux, fit Lelahel.

- Hein? fit Mary en regardant cette dernière surprise. Ho oui... C'est vrai.

- Ho ho! fit la voix enjouée de Nina. Y a un garçon là dessous.

- Nina! s'offusqua Mary.

- C'est lequel ? demanda-t-elle rapidement.

- C'est... Celui qui hurlait que vous aviez votre gagnante, avoua Mary.

- Ho... Plutôt mignon, fit Nina.

- Sujet clos d'accord ? Je viens de me taper une conversation avec mes parents..., marmonna Mary.

- Compris... C'est déjà si sérieux ? demanda Nina. Après tout, si tu te sens en confiance, attendre le mariage n'est pas obligatoire... Même si c'est toujours mieux...

- Nina... Je ne compte pas avoir cette conversation avec toi, précisa Mary.

- Navrée de vous déranger mesdemoiselles et même si le sujet des relations sentimentales semble être extrêmement important pour des jeunes femmes de vos âges, j'aimerais vous rappeler que nous avons à faire, précisa Lelahel.

- Excuse-moi... Je suis prête... Je déteste ça, murmura Mary.

Lelahel, qui forcément allait faire office de jet privé, ouvrit les bras et Mary s'y logea. À peine un instant plus tard, ses pieds quittèrent le sol avant de le percuter de nouveau deux secondes plus tard. Elle s'éloigna rapidement de l'éteindre pour se plier en deux.

- Ho bon sang... Je vais jamais m'y faire, grommela Mary à deux doigts de rendre son déjeuner.

Elle sentit alors son sac à dos s'ouvrir et le petit grigori censé l'accompagner en sortit.

- C'est pour cette raison que seul l'ange peut voler, le corps hôte est ainsi à l'abri de tout désagrément, expliqua Melo.

- Merci de l'info, grommela Mary.

- Tout va bien? demanda la voix de Nina.

- Ouais ça va..., fit Mary en regardant autour d'elle.

Elle avait cru arriver sur la terrasse du penthouse de Nina mais il n'en était rien. Elles étaient toutes deux dans une zone clairement industrielle, moins habitée mais vu les ponts, toujours à New York quand même. Mary réalisa qu'elles étaient près d'une construction en béton avec une porte en métal. Elle regarda autour d'elle et fut saisie par une odeur pestilentielle.

- La vache..., marmonna Mary.

- Les égouts de New York, fit Nina. Et on y croise pas les tortues ninjas.

- T'essayes de me détendre ? demanda Mary en riant.

- Oui, je fais de mon mieux, précisa Nina.

- Franchement... Ça ne marche pas, avoua Mary.

- Je suis navrée que tu sois mise dans cette situation, fit alors Lelahel.

- Ce n'est pas grave, ce n'est que votre travail à toutes les deux, précisa Mary. Et donc je suppose qu'on doit y faire un tour.

- Effectivement, concéda calmement Lelahel. Nous avons reçu des informations sur un éventuel occupant de ces égouts.

- Des informations ? Vous avez des indics? Comme dans les œuvres policières ? demanda Mary surprise.

- Oui, c'est plus complexe que cela mais oui, confirma Lelahel. Il semblerait qu'un déchu qui s'en prend volontairement aux humains sans se soucier de sa propre hiérarchie ni même des conséquences.

- Attends... Tu as dit un déchu ? demanda Mary.

- Oui, n'aie pas peur, il ne s'agit que d'un comte infernal, fit Lelahel.

- Et dans l'éventualité où je ne sais pas ce que c'est ? demanda Mary.

- Désolée, il s'agit du plus bas rang, l'équivalent du chérubin, expliqua Lelahel. Au dessus d'eux, tu as les ducs et enfin, les princes infernaux, équivalent de nos archanges.

- Les Déchus ont conservé la même hiérarchie ? s'étonna Mary.

- Oui, mais ils sont beaucoup plus enclin à régler les problèmes internes de façon violente, précisa Lelahel.

- Mais tu as dit qu'il ne se souciait pas de leur hiérarchie... Pourquoi ils ne règlent pas le problème ? s'étonna Mary.

- Cela fait comme qui dirait partie des conventions pour le grand jeu de l'humanité, précisa Lelahel. Et peut-être pour éviter que la Terre ne se change en immense champ de bataille.

- Je suppose qu'ils régleraient le problème avec pertes et fracas, compris Mary. Mais je serai inutile.

- L'archange Raphaël pense que cela pourrait éveiller ton ange, mais tu n'es pas censée l'affronter juste assurer mes arrières. Je vais le gérer, précisa Lelahel.

Mary regarda cette dernière avec certaines craintes et il faut reconnaître que recevoir une lampe torche n'était pas pour aider à se sentir plus courageuse.

- Ne t'inquiètes pas Mary, je t'aiderai aussi, fit Melo.

- Tu es prête ? demanda Lelahel. Nina restera en sommeil.

- Ben... Pas vraiment mais mes parents m'attendent assez tôt alors..., fit Mary en haussant les épaules.

Et ainsi, l'ange et Mary, accompagnées d'une étrange peluche volante, pénètrent à l'intérieur de l'immense et très malodorante bouche d'entrée des égouts et ce, à la seule lueur de leurs torches.

- Cette odeur est franchement infecte, murmura Mary.

- Navrée, répondit Lelahel. Fais attention où tu marches.

C'était un bon conseil mais pas franchement utile quand on ne voyait rien à ce qu'il y avait au sol. Techniquement parlant, Mary était plutôt heureuse de ne pas voir ce qu'il y avait par terre vu l'étonnant nombre de couinements de nuisibles tous plus ragoûtant les uns que les autres. Elle ne faisait que suivre Lelahel, guettant le moindre bruit. Elles tournaient dans différentes directions, cherchant des indices.

- On s'approche, sois prudente, fit Lelahel tout bas.

- Comment tu le sais? demanda Mary sur le même ton.

- Écoute et tu comprendras, lui précisa Lelahel.

Mary prêta donc une oreille attentive à son environnement et elle eut l'impression d'être dans un immense vide. Si elle devait entendre un déchu, bien qu'elle ne sache pas forcément si il y avait un moyen de l'entendre, il n'en était rien.

- Je n'entends rien, précisa Mary gênée.

- Justement, fit Lelahel. Plus de nuisibles car ils en ont peur.

- Ho..., d'accord, comprit Mary.

Elles arrivèrent alors devant deux tunnels et Mary sentit une étrange sensation d'oppression. Quelque chose de mauvais se trouvait par là et sa respiration devint saccadée.

- C'est bien par là, fit Lelahel.

- Quel côté ? demanda Mary inquiète de la réponse.

- On va se séparer mais mon intuition indique ce côté, dit-elle en montrant le tunnel de droite. Essaye de voir si il y a une victime survivante.

- Et si je trouve quelque chose, je fais quoi? demanda Mary.

- Si c'est un soucis, crie, je me débrouillerai, avoua Lelahel.

- Je suis là pour t'aider Mary, précisa Melo.

C'était tentant de dire que cela n'était guère plus rassurant mais son grigori y mettait du sien au moins. Avec beaucoup de réticences, Mary s'engouffra dans le tunnel de gauche. Il était aussi sombre les autres. Mary avança alors avec lenteur et précautions, préférant ne pas alerter qui que ce soit. Elle regardait Melo qui voletait près d'elle.

- Tu sens quelque chose ? demanda Mary.

- Il y a une présence malsaine mais ce n'est pas un déchu, précisa Melo.

- Et c'est quoi ? demanda Mary visiblement inquiète.

Mary entendit alors un petit rire qu'elle pourrait qualifier de sardonique provenant du fond du tunnel. Elle en entendit même d'autres.

- C'est quoi ces rires? demanda Mary.

- Des grigoris infernaux, précisa Melo.

- Des? Mais moi je n'en ai qu'un, précisa Mary.

- Les grigoris infernaux naissent des ressentiments et des péchés humains, précisa Melo. Ils naissent dans ce monde et sont beaucoup moins puissants que moi, précisa Melo.

Mary le regarda et se demanda si c'était encore un sursaut d'orgueil ou pas. Mais si c'étaient des ennemis, elle avait une question beaucoup plus pratique.

- Et je les affronte comment? demanda Mary.

- Tu as un corps d'hôte, ils seront facilement détruits par ta force. Le seul soucis sera le nombre, très envahissants ces saletés, fit Melo.

- Tu peux te battre aussi? demanda Mary.

- Évidemment, personne ne fera de mal à la personne sur qui je veille, précisa Melo.

Mary sourit du côté protecteur du petit être auprès d'elle. Mais elle se demandait quand même quelque chose.

- Tu dis qu'il risque d'y en avoir plusieurs... Ce ne sera pas compliqué ? demanda Mary.

- Les grigoris infernaux nés sur Terre sont en général extrêmement idiots, précisa Melo.

Mary le regarda et se dit que c'était peut-être vrai. De toute façon, elle risquait de le savoir extrêmement rapidement. Il n'y avait pas à hésiter de toute manière, elle ne désirait pas être un boulet pour Lelahel et elle décida d'avancer. Peu à peu, l'obscurité laissa la place à la lumière doucereuse provenant vraisemblablement de braseros. Elle arriva donc dans une grande pièce carrée, extrêmement sale d'ailleurs et jonchée de déchets en tout genre. Elle repéra immédiatement les petits êtres volants et fut quelque peu interpellée. Ce n'était pas tant la différence avec Melo qui la choqua le plus, il était logique pour elle que leurs ailes soient noires étant donné leur appartenance aux déchus mais bien leurs spécificités. Elle avait déjà trouvé le choix de corps de Melo plutôt déconcertant mais alors eux, ils avaient fait forts. L'un semblait s'être approprié une apparence de cartons sales, un autre était carrément un emballage de cheeseburger d'une célèbre enseigne de fastfood, le troisième était un sac poubelle et un quatrième n'était autre qu'un amoncellement de tissus. Elle n'arrivait pas à discerner le cinquième, trop caché par les autres.

- Étrange ces choix de corps, précisa Melo.

Mary haussa juste un sourcil et évita d'y répondre, préférant rester sur ses gardes et surveiller les cinq grigoris infernaux.

- Quelqu'un ! fit le sac poubelle.

- Un supérieur ? demanda la boîte de cheeseburger.

Elle remarqua alors que cet emballage était clairement plus gros qu'un vrai emballage mais restait de la taille de Melo. Elle le regarda s'approcher doucement d'elle.

- Bienvenue, fit-il en la fixant. Ho un nouveau ! fit-il alors à Melo.

Mary ne savait que répondre à cet être visiblement aussi idiot que moche.

- M... Merci, marmonna Mary.

- Tu es bizarre, fit la boite à cheeseburger.

Tout à coup, il ouvrit la bouche, en clair le joint d'emballage, et se jeta sur elle. Elle eut juste le temps de lever le bras que le grigori infernal la mordait déjà. Elle fut un peu étonnée car elle ne ressentait aucune douleur.

- Lâche moi, fit-elle en agitant le bras. Mais lâche ça, grommela Mary.

Elle agitait le bras nerveusement mais il ne lâchait pas. Elle brandit son autre bras et l'abaissa pour frapper l'emballage. Étonnement, dès l'instant où elle le toucha, il explosa dans un petit éclatement à peine plus visible que celui d'une bulle de savon.

- Oops... Ils sont fragiles, fit-elle à Melo.

- Méfiance, fit Melo.

Mary reporta son attention sur les quatre autres et ils étaient restés dans leur coin.

- Elle l'a détruit ! fit le carton.

- C'est un ennemi ! fit l'amoncellement de tissu.

- Ou un supérieur contrarié, avoua le sac poubelle.

Mary regarda fixement ces êtres complètement stupides et se demanda si ils étaient réellement dangereux.

- Ho regardez! Lui il a des ailes blanches, hurla alors le sac poubelle.

- HIIIII!!!! hurla soudainement le tas de tissus.

Les quatres créatures restantes foncèrent vers eux et Mary recula d'un bond.

- À l'attaque !!! hurla Melo. Gloire au Paradis !!!

Mary regarda Melo foncer sans aucune gêne vers le tas de tissus et le percuter violemment. Ils finirent tout deux dans le mur. Mary eut juste le temps de voir le sac poubelle foncer vers elle que d'un coup de poing, elle le frappa.

- Eurk..., grommela Mary en sentant un contact poisseux juste avant l'éclatement.

- Morts aux anges!!! hurla le tas de carton.

Mary fit encore une fois la même chose, inutile de varier un truc efficace comme le prouvait le nouvel éclatement.

- Melo ça va ? demanda Mary inquiète.

Elle regarda vers le mur et voyait Melo marteler le tas de tissus avec ses ailes. Cela aurait pû sembler extrêmement violent si une peluche frappant l'équivalent d'un coussin ne rendait pas la scène complètement surréaliste. Le tas de tissus explosa.

- Victoire !!! fit alors un Melo extrêmement fier de lui.

- Bravo ! fit Mary. Il n'en reste qu'un.

Mary se mit à le chercher et elle ne le voyait nulle part. Peut-être était il plus intelligent que les autres après tout. Elle sentit alors quelque chose attraper son pied.

- En bas! fit-elle en regardant à ses pieds. Ho...

Mary découvrit alors l'apparence choisie par le dernier grigori infernal. Il avait opté pour un vieux jouet, un poupon à qui il manquait un œil et une jambe. Mary le regarda et éprouva comme de la pitié en découvrant cela. Son existence avait été vouée au mal mais il n'avait rien de dangereux visiblement.

- Veux tu que je m'en occupe ? demanda Melo.

- Non... Je vais le faire, fit Mary. C'est triste comme aspect... Ils n'avaient que des déchets...

- Ils sont nés de la noirceur humaine Mary, fit alors Melo.

- Je sais..., marmonna Mary. Désolé petit grigori...

Mary leva son pied et écrasa le dernier être malfaisant. Elle regarda vers Melo.

- Ce ne sont pas tes semblables? demanda-t-elle légèrement gênée.

- Leur vie est vouée au mal, il mérite l'extermination sans aucune forme de procès, comme les Déchus, précisa Melo.

- C'est assez manichéen comme façon de penser, marmonna Mary.

- Ils veulent le mal, précisa Melo.

Elle n'avait pas trouvé ces déchets si dangereux et encore moins aussi maléfiques que l'avait dit Melo. Ils existaient tout simplement. Mary remarqua que son sentiment d'oppression avait bien diminué après leur destruction. Cependant, elle avait encore un peu ce sentiment qui devait venir de l'ennemi en lui-même. Elle entendit soudainement un énorme fracas.

- Qu'est-ce que c'était ? demanda Mary inquiète.

- Cela doit être Lelahel, fit Melo.

- Il faut la rejoindre... Guide moi! lui ordonna Mary.

- Cela pourrait être dangereux, un déchu est bien plus puissant qu'eux, lui signifia Melo.

- Melo... Dépêche toi! lui ordonna alors Mary.

Melo, obligé malgré tout d'obéir, se mit à voler dans les couloirs et Mary le suivit au pas de course. Elle ne dut pas courir très longtemps avant d'arriver dans une salle presque identique à l'autre mais plus grande. Lelahel était en plein combat comme l'attestait les différents tas de glace un peu partout. Une étrange odeur frôla les narines de Mary et elle chercha l'ennemi. Ce dernier était au fond de la pièce, vêtu tel un clochard, de haillons extrêmement sales. Il lui manquait un bras qui semblait avoir été très récemment coupé. Mary fut étonnée de le voir brandir une petite orbe verdâtre qu'il lança vers Lelahel.

- Lel!!! hurla Mary en panique.

Mary eut juste le temps de voir Lelahel esquiver la sphère qu'elle réalisa quel était le pouvoir du déchu. Il suffisait de voir l'endroit où se trouvait Lelahel quelques instants plus tôt pour comprendre que les volutes et la puanteur signifiaient simplement de l'acide.

- Depuis quand les emplumés s'y mettent à deux? demanda le clochard.

- Laisse la Phenex, c'est entre toi et moi, fit Lelahel.

- Et qui es tu? demanda l'homme.

- Je... Euh..., marmonna Mary choquée.

- Mary va t'en bon sang! hurla Lelahel.

- Mary? demanda Phenex. Tu amènes des humains au combat Lelahel?

- C'est un duel Phenex, marmonna Lelahel.

- Un duel..., fit Phenex pensif. Non... C'est arrivé ? Un ange n'est pas foutu de s'éveiller ? Alors ça y est les humains croient plus en autre chose qu'en Dieu? Trop bien!!!

Mary regarda ce dernier qui semblait clairement s'amuser dans ce combat et qui la fixait attentivement.

- On t'a dit pourquoi nos deux camps existent? demanda Phenex.

- Vous servez le mal! répondit Mary. Je sers Dieu.

- Ho putain encore un hôte crétin... Tu lui a pas dit Lel? demanda Phenex.

- Ne m'appelle pas comme ça, je réserve ce surnom à mes proches, lui rétorqua Lelahel.

- Nous étions sous les ordres de Raphael ensemble pourtant... Et puis Il nous a rejeté, précisa Phenex.

- Parce que vous vouliez vous venger des humains qui attiraient l'attention du Seigneur! répliqua Mary.

Mary vit Phenex se figer et regarder Lelahel avant d'éclater de rire. Mary ne comprenait pas si il se moquait d'elle ou de la situation.

- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? s'offusqua Mary.

- Finissons ce combat Phenex, cria alors Lelahel.

- Alors elle n'a que cette version ? demanda Phenex. Quel âge as-tu petite?

- Euh... J'ai seize ans, avoua Mary.

- As-tu déjà désiré un homme ou une femme? demanda Phenex.

- Phenex..., grommela Lelahel.

- Ta gueule Lel! hurla Phenex. Réponds !

- Non, jamais, répondit Mary.

- Et bien Samael oui, il a aimé, précisa Phenex.

- Quoi? s'étonna Mary.

- Et oui... Nous avons subi la damnation parce que nous avons aimé ! fit Phenex.

- Arrête tes mensonges Phenex, vous avez voulu prendre leur pureté aux humains par la force! hurla Lelahel.

- Tu trouves que Samael ne l'a pas aimée ? Quelle stupidité.

- Samael a aimé une humain ? Lucifer ? demanda Mary choquée.

- Il l'a violée ! hurla Lelahel.

- Elle l'a épousé pauvre idiote! En enfer! fit Phenex. Et nous qui le soutenions avons été damnés. Pour avoir aimé charnellement.

- C'est n'importe quoi! hurla Mary.

- Que tu crois... Beaucoup d'entre nous furent punis pour avoir aimé les humains... Certains anges pour s'être aimés entre eux, avoua Phenex.

- Phenex c'est tabou, fit Lelahel.

- Depuis quand? Cassiel a accepté l'enfer éternel pour l'avoir aimée et elle fut damnée et scellée ! Tu estimes que Cassiel méritait cela? hurla Phenex.

- C'était la décision de Dieu, ils avaient péchés..., fit Lelahel.

- Alors qu'elle t'avait formée, tu l'as trahie, fit Phenex.

- Non! Je ne l'ai pas trahie... Elle a péché !!! hurla Lelahel.

Mary vit soudainement cette dernière projeter une lance de glace sur leur ennemi et Mary en fut choquée. C'était réellement un sujet tabou visiblement.

- Tu perds tes nerfs, fit Phenex en esquivant. Vous avez rejeté l'ange de la pureté parce qu'elle a aimé mon chef.

- Harael n'avait pas le droit...

- Tu es stupide... Cela a fini de sceller la décision de Samael... On a suivi... Et elle vous est restée fidèle... Ce qui n'a pas empêché le Vieux de pulvériser son âme, s'offusqua Phenex. Merci encore Uriel.

- Elle a accepté sa punition, fit Lelahel. Elle m'a formée et j'ai poursuivi sa mission.

Mary restait stupéfaite de tant d'informations. Ce n'était donc pas qu'une lutte de pouvoir mais bien d'idéaux également. Mary remarqua soudainement la lumière verdâtre d'une nouvelle orbe acide dans la main de Phenex.

- Tiens tu poseras la question ! hurla Phenex en jetant l'orbe vers Mary.

- Mary! hurla Lelahel.

Mary était totalement figée de stupeur en voyant l'orbe foncer vers elle. Elle ne serait pas assez rapide pour l'esquiver. Soudain, une aile blanche apparut devant elle et elle sentit le poids de Lelahel qui faisait obstacle de son corps. Elle entendit le bruit de l'acide qui percutait son aile.

- Argh!!! hurla Lelahel.

- Non Lel! cria Mary.

- Tu... Tu n'as rien? demanda Lelahel.

- Je suis désolée c'est ma faute, fit alors Mary.

- Ne t'inquiètes pas ça va régénérer, fit Lelahel en rangeant ses ailes.

Elle avait le souffle court et semblait épuisée. Mary l'observa et tenta de la soutenir quand elle entendit un bruit d'ailes. Elle leva la tête découvrant ainsi Phenex, ses deux ailes noires le faisant flotter dans l'air, avec un regard diabolique et un sourire encore plus sadique.

- Retour au paradis Lel! On se revoit à ta prochaine incarnation ! hurla Phenex en brandissant une nouvelle orbe.

Mary fut saisie d'une colère intense envers Phenex. Lelahel avait été blessée par sa faute et elle allait être achevée. Elle repoussa très rapidement le corps meurtri de Lelahel et brandit son bras droit d'un mouvement purement instinctif.

- Ne la touche pas!!! hurla Mary.

Et là, sans même savoir comment elle faisait, Mary sentit jaillir la foudre de sa main. Une foudre et des éclairs lumineux déchirèrent l'air dans un craquement assourdissant. Elle vit le corps de Phenex être percuté violemment en pleine poitrine et l'éclair le transpercer.

- Imp... Impossible..., grommela Phenex.

- Mary? s'étonna Lelahel près d'elle.

- Personne ne fera de mal à mes amis! hurla Mary en envoyant inconsciemment encore plus de puissance.

Un immense éclair lumineux envoya Phenex contre le mur et soudain plus rien. Mary tomba immédiatement à genoux, la respiration saccadée et les yeux écarquillés.

- J'ai... Comment j'ai fait ça ? demanda Mary choquée.

Elle entendit Lelahel se lever difficilement près d'elle et la vit s'agenouiller à ses côtés.

- Mary... Tu m'as sauvée, fit Lelahel. Il est... Parti.

- Comment j'ai fait ça ? demanda encore Mary.

- Je pense que l'ange en toi a réagi pour me défendre... Sacrée puissance, précisa Lelahel.

- Je... Je ne sais pas comment j'ai réussi ça..., marmonna Mary.

- Les anges maniant la foudre sont généralement puissants, précisa Lelahel. Viens sortons.

Mary restait totalement sous le choc de ce qu'elle avait réussi à faire. Elle avait tué quelqu'un et ne cessait d'observer sa main, perturbée par son acte.

- Mary ne t'en veux pas, fit Lelahel.

- Je... Je l'ai tué Lel, fit-elle.

- Et il allait me tuer, précisa Lelahel.

- Mais... C'est un péché... Un péché capital..., fit Mary en regardant Lelahel.

- Mary, il a déjà tué plus de douze humains, précisa Lelahel. Tu n'as fait que me sauver. Ce n'est pas un péché. Et cela fait partie de tes fonctions malgré tout. Ce n'était qu'un déchu et il n'est pas vraiment mort.

- Quoi? s'étonna Mary. Comment ça pas mort?

- Son âme a été renvoyée en enfer, il va y rester un très long moment avant de peut-être pouvoir à nouveau s'incarner sur Terre, précisa Lelahel. Cela aurait été pareil pour moi même si mon hôte subirait le même sort.

- Donc vous ne pourriez pas mourir? demanda Mary. Enfin toi...

- Exactement, fit Lelahel. Mais Nina t'es reconnaissante quand même. Calme toi, reprends ton souffle avant de repartir.

Mary essaya donc de se calmer malgré la difficulté à encaisser son acte. Et surtout, elle se posait bien des questions.

- Lel... C'était vrai ? demanda Mary.

- Quoi donc? demanda Lelahel.

- Ce que Phenex disait... Les Déchus ont été châtiés pour avoir aimé ? demanda Mary.

- Ils disent avoir aimé mais les humains n'étaient pas consentant, avoua Lelahel. Enfin je suppose que peut-être certains l'étaient...

- Mais... Et cette ange? demanda Mary.

- Harael a aimé un ange... C'est un péché pour nous, précisa Lelahel.

- Mais... Aimer n'est pas le message de Dieu? demanda Mary.

- Les anges n'ont pas le droit au péché, précisa Lelahel. Et ma mentor était en plus l'ange de la pureté, c'était encore pire.

- Mais son compagnon a été envoyé en enfer pourquoi elle a été détruite ? demanda Mary.

- Car elle a défié le pouvoir du Seigneur, précisa Lelahel. Ils ont discuté mais personne ne sait tellement ce qui s'est dit. Elle avait accepté la punition, pour protéger Cassiel.

- C'est dingue... Être punie pour avoir aimé, précisé Mary choquée.

- Il est interdit pour les anges..., marmonna Lelahel qui comprenait le désarroi de la jeune fille. N'y pense pas..., ce sujet est tabou. Tu es prête à rentrer ?

- Moui, marmonna Mary perdue avant de se figer. Je peux te poser une dernière question quand même ? Après promis, je n'aborde plus le sujet.

- Mary..., marmonna Lelahel avec sévérité. Bon d'accord... Une seule...

- Phenex... Il a dit que cela avait conforté la décision de Samael de se rebeller... Mais pour quelle raison ? demanda Mary.

- Je... Je vais te répondre mais n'en parle jamais... Même avec Raphael d'accord ? demanda Lelahel.

- Oui bien sûr, fit Mary surprise.

- Harael est née au même instant que Samael... Ils étaient les seuls jumeaux parmis les anges. Il était prêt à expier sa faute avec les humains mais la punition de sa sœur... Ça a tout enclenché, fit tristement Lelahel.

- Ho...

Mary était totalement sous le choc. Le plus beau sentiment du monde était devenu la source même d'une éternité de guerre entre Anges et Déchus. Quel gâchis.

- Lel... Je suis désolée pour ton amie... Sincèrement, fit Mary.

- Merci... Maintenant plus un mot sur cela. Rentrons, fit Lelahel en sortant ses ailes.

Mary remarqua qu'effectivement, ses ailes étaient déjà guéries. Elle allait rentrer après avoir mis les pieds dans cette guerre de la plus terrible des façons. Sa vie avait définitivement changé et dès son retour, elle devrait agir normalement. Quelle complexité !


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