L'Ame des Anges: Incarnation

Chapitre 11 : Protéger les âmes

8363 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 05/10/2022 16:59

Chapitre 11

Protéger les âmes


Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur et le père du mensonge.


Evangile selon Saint Jean, Chapitre Huit, Verset Quarante-quatre


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Le retour à Godbless de Dylan, son amie d'enfance, avait mis Mary dans bien des états. Sans dessus dessous serait même mieux adaptés. Elle n'avait pas réussi à comprendre ce qui avait pû transformer sa meilleure amie comme cela et cette inconnue avait perturbé tout son dimanche. Naturellement, elle ne reconnaîtrait jamais devant sa mère n'avoir prêté qu'une oreille distraite à son sermon dominical et avoir à peine écouté les conversations des autres fidèles ensuite. Elle avait espéré revoir Dylan mais comme son père David n'était de toute manière pas le plus fervent des croyants, cela n'arriva pas. Bien évidemment, elle en parla encore avec Carla qui était bien présente et visiblement aussi perdue qu'elle. Cependant, au milieu de tout ça, elle avait tu un sujet plus épineux, celui de son invitation envers Cameron. Après mûre réflexion, Mary se demandait si elle n'avait pas fait n'importe quoi sur ce sujet. En effet, elle ne voulait pas qu'il puisse croire à un message secret et surtout qu'il ne songe même pas à ce que ce soit une vengeance. Toutes ces informations conjuguées l'empêchèrent d'avoir une bonne nuit de sommeil. Un troisième élément perturbateur était d'ailleurs venu l'enquiquiner. Cet élément n'était autre que Melo, tellement fier d'avoir parfaitement obéi à Mary le samedi qu'elle commençait presque à croire devoir faire un rapport au Paradis pour qu'il soit bien vu. C'était cela qui avait accru ses soucis. En effet, elle ignorait encore tout ce qu'elle devait faire et si elle devait d'ailleurs faire des rapports au Paradis. Il lui manquait encore énormément d'informations.

C'était donc ainsi que le lundi matin, Mary se prépara pour le lycée en choisissant des vêtements suffisamment chaud car il faisait assez froid mais surtout pluvieux.

- Melo... Je me demandais... Comment est la météo au Paradis? demanda Mary qui s'était déjà assurée de ne pas être entendue par ses parents.

- En général, il fait un grand soleil... Les habitants du Paradis n'ont pas besoin d'eau, avoua Melo.

- C'est bizarre non? s'étonna Mary.

- Les émanations angéliques et divines font vivre cela... Je ne sais réellement l'expliquer, ce n'est pas dans mes attributions, avoua Melo.

Melo était honnête et elle le savait déjà pour avoir testé sa capacité à mentir. Il ne pouvait lui mentir à elle mais peut-être à d'autres anges sauf si ils étaient ses supérieurs directs et donc archanges. Malheureusement, Melo ne semblait pas non plus pouvoir avoir accès à toutes les réponses dont Mary avait besoin. Tout au plus pouvait-il répondre à des choses basiques mais sa fonction de guide sur Terre était d'aider l'ange et donc de rassemblement ses informations sur le monde des humains. Mary avait tout de même eu quelques doutes, vu son comportement avec la poêle et surtout le matelas mais après tout, ce n'était pas réellement le plus utile pour la vie de l'ange sur Terre. D'ailleurs, quand il lui avait révélé cette information, Mary avait rapidement pû déduire que le genre de pactes passé par Nina, et sans doute elle aussi par ailleurs, devait donc être d'une rareté évidente. Pour elle, si le même pacte était passé, c'était l'hôte qui pouvait guider l'ange.

- Mais je me demandais autre chose... Tu peux détecter les anges? demanda Mary qui aimerait bien être aidée.

- Non, je ne peux pas non plus détecter un déchu même si je me posais directement sur son épaule... Sauf si il use d'attributs comme un ange, répondit honnêtement Melo.

- Tu parles des ailes et des éléments ? demanda Mary.

Mary s'y était à peine entraînée et n'avait même pas la capacité de choc d'un taser bas de gamme. Melo l'avait rassurée en disant simplement que cela viendrait bien au bon moment. Elle lui avait laissé le bénéfice du doute.

- Oui, cela même... Mais à ce moment là, tu le verrais également, précisa Melo.

- Mais donc eux peuvent te voir ? demanda Mary.

- J'essaye au maximum de cacher mes émanations, d'où le fait de me cacher dans votre petit sac à main, fit Melo.

Mary n'avait pas vraiment habitude de faire cela mais elle en avait désormais décidé du contraire. En effet, elle estimait qu'il serait plus facile de cacher Melo à l'intérieur au cas ces fameux déchus seraient dans le coin. Elle n'en avait pas croisé, en tout cas elle le pensait, mais étant donné qu'ils fonctionnaient comme les anges, ce qu'ils étaient à l'origine, elle ne pourrait pas le savoir avant. Elle avait cependant fait des petits trous discrets dans son sac, non pas pour une éventuel besoin de respirer pour une peluche mais bien pour qu'ils puissent observer son environnement.

- Bon... On va bientôt y aller, j'ai déjà pris mon petit déjeuner..., avoua Mary. Mais tu es sûre de ne pas vouloir essayer de manger?

- Je pourrais tour à fait m'attribuer cette fonction mais je n'en ai aucun besoin, précisa Melo. Ceux s'incarnant dans fe petits êtres vivants ou y ressemblant grandement le font.

- Y ressemblant ? demanda Mary surprise.

- Oui... Vous appelez cela... Animaux empaillés je crois ou résine..., hésita Melo.

- Oui ce qui est très ressemblant..., compris Mary.

- Est-ce un problème ? demanda Melo.

- J'aurais voulu te faire goûter mon moelleux au chocolat, ma spécialité, fit Mary avec un sourire.

- C'est très gentil, la remercia presque Melo. Vos amis les aiment?

- Ben Carla les adore... Luis aussi et... Dylan c'était y a longtemps, avoua Mary.

- Et ces Messieurs Cameron et Mark? insista Melo.

- Jamais, avoua Mary un peu rouge. J'ai toujours voulu en offrir à Mark mais j'ai jamais eu le courage.

- Et Monsieur Cameron? insista Melo.

- Pourquoi t'insistes sur Cameron ? demanda Mary soudainement suspicieuse.

- Vous l'avez invité à des noces, lui répondit Melo.

- Oui c'est vrai mais... Attends d'où tu sais ça toi? demanda Mary surprise de l'avoir réalisé.

- J'ai laissé trainer mon ouïe, enfin ce qui en fait fonction, rappela Melo.

- Je l'ai invité en ami... Je n'ai jamais réellement partagé beaucoup de choses avec lui d'ailleurs, remarqua Mary. Je t'avouerai que j'ignore littéralement si il a des allergies... Faudra que je demande par rapport au mariage... Bref...

- Nous y allons, fit Melo en avançant vers le sac.

- Hep hep... Deux secondes... Rappelle moi les consignes, lui demanda Mary.

- Ne pas quitter le sac, ne pas vous parler durant vos cours et éviter de le faire durant vos conversations, énuméra Melo. Sauf urgence.

- Parfait tu peux ent..., commença à lui signifier Mary quand son téléphone sonna.

Un appel de si bonne heure était tellement rare qu'elle se jeta sur son téléphone inquiète. Elle y découvrit le nom de son appelant et se figea avant de décrocher.

- Allo? demanda Mary inquiète.

- Je ne dérange pas? fit la voix de Nina Carmichael.

- Est-ce Nina ? demande Mary.

- Oui, répondit celle-ci. Elle m'a demander de t'appeler moi-même. Elle pense que cela passera mieux.

- D'accord, et tu peux je suis dans ma chambre, fit Mary. Seule avec Melo.

- D'accord... Le seigneur Raphael a contacté Lelahel... Ils estiment que tu peux t'occuper des âmes en cours de damnation, lui avoua Nina.

- D'accord..., marmonna Mary.

- Il y a un soucis ? demanda Nina à l'autre bout du fil.

- Je ne sais pas trop si j'en serai capable... Ni même ce que je dois faire et encore moins ce que cela signifie réellement, avoua Mary gênée.

- Vu que tu es dans un lycée, ce n'est en général rien de trop violent, expliqua Nina.

- Mais...

- Je t'assure, la plupart des jeunes de ton âge que tu verras en proie à une éventuelle damnation sont en général... Fragiles, fit Nina en pesant ses mots.

Mary réfléchit longuement à ce propos et compris ce que cela pouvait signifier.

- Des élèves songeant au suicide? demanda alors Mary.

- En général oui, mais sache que ce n'est pas si compliqué à gérer, je suis passée par là, avoua Nina.

- Mais qu'est-ce que je peux faire ? Si ils y songent, c'est qu'ils ont de bonnes raisons non? demanda Mary extrêmement stressée.

- Tu sais... Parfois une simple oreille attentive peut leur montrer que les gens s'intéressent à eux, expliqua Nina. Naturellement cela ne suffit pas toujours mais certains y songent car ils sont convaincus que personne ne remarquera leur absence ou bien qu'ils s'en moqueront.

- Cela ne doit pas être facile... Y a pas d'autres possibilités ? demanda Mary.

- Mary... Les autres personnes en proie à la damnation... Tu ne voudras pas forcément les approcher même si il y a peu de chances que tu en croises dans un lycée, confirma Nina.

- Eux... Ils veulent faire le mal? demanda Mary en songeant à Karen.

- Oui, une agression physique, sexuelle voir pire... Bien sûr il peut y en avoir mais les passages à l'acte sont assez rares, insista Nina.

- Donc chercher des gens plus tristes... Ce serait plus simple ? demanda Mary.

- Oui... Je sais que c'est peut-être un peu tôt pour toi, avoua Nina. Mais malheureusement, on ne peut te confier que cela.

- Je comprends..., confirma Mary. Je ferai de mon mieux.

- C'est l'essentiel... Au pire demande conseil à ton grigori, il est là pour cela, lui assura Nina.

- Je vais faire tout mon possible pour que Lelahel soit fière de moi, avoua Mary.

- Elle l'est déjà, tu es courageuse... On se voit bientôt, précisa Nina.

- Ha bon ? demanda Mary étonnée.

- Oui, le concours... Il tombe vachement bien celui-là, fit Nina en riant.

- Ce n'était pas une intervention divine ? demanda Mary.

- Non, cela serait trop facile... Les anges choisissent au moment même de la mort de proposer le marché, précisa Nina. Ils ne savent pas à l'avance qui mourra et qui acceptera... À part peut-être l'archange Uriel mais uniquement pour l'heure de la mort...

- Ok... Inutile d'y songer... Merci de veiller sur moi, fit Mary.

- De rien... J'ai toujours voulu une petite sœur, dit-elle dans un rire. Fais attention à toi.

- À la prochaine, ajouta Mary pour conclure la conversation.

Mary raccrocha et regarda attentivement son petit grigori pelucheux et lui toucha la tête.

- Tu es une fille gentille et sociable, avoua Melo. Tu peux y arriver... Il suffit de faire le premier pas pour aider les autres. Je serai là.

- D'accord... Mais si j'interviens chez quelqu'un, tu pourras t'inclure dans la conversation pour me guider? le supplia presque Mary.

- Je suis là pour ça, avoua Melo.

Il était désormais temps de se préparer à partir et Mary ouvrit son sac à main pour que Melo s'y glisse. Elle passa la sangle autour de son épaule et saisit son sac à dos par la poignée avant de descendre. Sa mère l'attendait dans le salon en regardant par la fenêtre. Elle attendait attentivement la personne qui allait venir chercher sa fille car ce jour là, David s'était dévoué.

- Tu es prête ma puce? demanda sa mère.

- Oui, pas encore là ? demanda Mary étonnée.

- Non... Il doit rouler prudemment... Je me demande bien pourquoi il a autant insisté, avoua sa mère.

- Je pense que c'est pour s'assurer que Dylan aille au lycée, précisa Mary.

- Quoi? Dylan? La même Dylan qui prenait presque une semaine d'avance dans un tout petit devoir? s'étonna sa mère.

- Dylan a changé, fit Mary légèrement contrite et se souvenant que sa mère ne l'avait pas encore revue.

Mary remarqua alors que de l'autre côté de la fenêtre, dos à sa mère, une voiture se garait. Elle vit immédiatement une forme jeune descendre de la voiture et foncer vers la porte dans une grosse doudoune. Le bruit caractéristique de la sonnette d'entrée fut le signal pour sa mère de foncer vers la porte.

- Ho Dylan, comme tu as grandi, fit Edith Simms.

- Madame Simms, ça va? demanda Dylan.

- Oui..., fit celle-ci en remarquant soudainement que les jambes de Dylan étaient nues sous sa doudoune. Tu n'as pas froid ?

- Jamais, faut être classe, fit Dylan en ouvrant une doudoune qui dévoila un t-shirt très moulant et une mini-jupe très très courte. Un soucis?

- Euh... Tu as une jolie... Jupe, fit Edith hésitant sur le mot à utiliser.

- Elle était un peu trop longue alors je l'ai raccourcie, fit Dylan fière d'elle-même. T'es prête ma cocotte?

- Euh... Ouais, fit Mary dans un soupir. Salut Maman.

- Je comprends quand tu dis changée, murmura sa mère à son oreille.

Mary se contenta de sourire de manière crispée avant de foncer en compagnie de Dylan vers la voiture de police. Elle ouvrit rapidement la portière de la voiture et se glissa à l'intérieur.

- Fiou.... Quel temps, marmonna Mary. Salut Oncle David.

- Ça va ma grande ? demanda-t-il.

- Oui, merci. Et toi...

- On fait aller..., marmonna David.

- Putain de temps de merde! grommela Dylan. Mon retour au lycée va être chiant je vais pas pouvoir me pavaner dans mes fringues...

- Tu y vas pour suivre les cours, s'énerva très rapidement son père.

- Oui Papa..., fit Dylan sur un ton de défi.

Mary vit le regard las de son oncle David dans le rétroviseur et grimaça un peu. Il conduisit en silence.

- Alors? murmura Dylan à Mary.

- Alors quoi? s'étonna cette dernière.

- Mon petit cadeau..., insista Dylan. T'as apprécié ?

- Il ne s'est rien passé, avoua Mary. Absolument rien.

- Je t'ai mâché tout le boulot, s'offusqua Dylan. T'avais juste à écarter les cuisses.

Mary la regarda sévèrement, essayant de lui intimer le silence. Elle indiqua juste David du regard pour lui faire comprendre le problème. Dylan s'en foutait royalement.

- Je peux pas faire mieux... Sauf si je participe, avoua celle-ci avec un clin d'œil.

- Dylan... T'en parles à personne d'accord? demanda Mary.

- Puis-je savoir quel aide ton amie t'a apportée ? demanda Melo depuis le sac à main.

- Chut, s'offusqua Mary.

- J'ai rien dit, se défendit Dylan.

Décidément, cela allait être plus compliqué que prévu. Heureusement pour Mary, David était passé prendre la troisième membre du trio d'amies et cela permit de passer à autre chose. Mary trouvait que malgré tout, Dylan était capable de garder cela pour elle.

- Je vous dépose près du préau ? Au bout du parking ou près de l'école ? demanda soudainement David.

- Au fond! se dépêcha de répondre Dylan.

- Pourquoi ? demanda alors Carla bien emmitouflée.

- Ben si on me voit descendre de la voiture du shérif, je suis pas prête de me faire un mec! argumenta cette dernière.

Mary put voir la haine, ou plutôt la colère, dans le regard reflété dans le rétroviseur. Visiblement le comportement de sa fille le gênait.

- Tu sais cela n'empêche rien, avoua Mary avec gentillesse pour son oncle.

- Dixit la fille de l'adjoint qui n'a pas de petit copain, assura Dylan sans une once de méchanceté.

- Mais c'est un choix personnel, précisa Mary.

- Tu te fais draguer souvent ? demanda Dylan.

- Parfois..., marmonna Mary.

Dylan la regarda suspicieusement et elle dut donner un coup de coude à Carla qui savait que ce n'était pas réellement le cas. Heureusement que le shérif local se garait déjà car il était évident que Mary n'aurait pas supporté une autre insinuation aussi directe de son amie.

- Fais attention à toi, fit Mary en descendant.

- Merci, au moins certaines s'inquiètent, grommela David.

- Elle va se calmer, assura Mary tout bas. Promis.

C'était vraiment le genre de promesses en l'air que l'on pouvait faire dans ce genre de situations compliquées. Mary regarda attentivement Dylan qui ne prêta absolument aucune attention à son père et avançait déjà vers le lycée.

- Alors ils sont où vos potes? demanda Dylan en enlevant sa doudoune.

- Ho bon sang! s'exclama Carla en découvrant la tenue. Euh... En général près de l'entrée...

Maty comprenait tout à fait, elle pensait pareil: une entrée toute en discrétion pour le lycée. Forcément, elle attirait les regards et, conformément à l'annonce de Carla, elle avança vers l'entrée.

- Hey je vois Cameron! Hey le lâcheur ! hurla Dylan à son encontre.

Mary regarda le dos de son amie sautillante qui partait saluer Cameron. Visiblement, c'était par rapport à ce qu'il s'était passé le jour de son retour. Maty se demandait d'ailleurs si l'inscription n'avait pas été faite dans le lycée durant son absence pour éviter la panique du corps professoral.

- Et ben... Et ça n'a pas commencé, grommela Carla.

- On est dans de beaux draps, grommela Mary.

Elle avançait pour saluer ses amis pendant que Dylan se donnait en spectacle, attirant beaucoup de regards que Mary pourrait qualifier de concupiscents. Elle remarqua une certaine gêne chez Cameron et elle l'interrogea du regard.

- Ça va Cameron? demanda Mary.

- Je peux te parler deux secondes ? demanda-t-il sans chercher midi à quatorze heures.

- Euh... Oui, fit Mary en le suivant doucement à l'écart, ce que personne ne remarqua vraiment d'ailleurs.

- J'ai réfléchi... À ta demande et j'ai un problème, avoua Cameron.

- Ha... C'est pas grave, fit Mary déçue et s'étonnant elle-même de ce fait. Je ferai autrement.

- Hein? s'étonna Cameron. Non je t'accompagne toujours... T'as vraiment cru que je te laissais tomber?

- Non non, fit-elle avec empressement et un certain soulagement également.

- Je... Vous dansez quoi? demanda Cameron.

- Comment ça on danse quoi? Bizarre ta question, fit Mary.

- Je demande parce que euh... Je sais pas valser, avoua Cameron.

- Cameron... On est des croyants pas des nobles... On transe ben... Comme tous le monde en fait, pas forcément lascivement bien évidemment mais... Voilà. Rock, chenille... Slow, osa-t-elle préciser.

- Ho..., fit Cameron avant de rester figé.

- Euh... Tu te sens idiot là ou quoi ? lui demanda Mary.

- Ben... Oui, en fait... J'imaginais cela différemment, avoua Cameron. Mais ça va alors...

- Tu t'inquiétais vraiment de cela? s'étonna encore Mary.

- Je voulais pas te faire honte, assura Cameron.

Mary le regarda extrêmement touchée de sa sollicitude. Il voulait juste avoir l'air de quelqu'un de bien pour le mariage et elle lui sourit en retour.

- Tant que tu te tiens convenablement, je n'aurais pas honte tu sais? insista Mary.

- Bon tant mieux..., fit Cameron visiblement rassuré. Et ben ça va être dur cette journée.

Mary remarqua le regard de Cameron vers quelqu'un et forcément, elle avait déjà compris qu'il parlait d'une certaine adolescente déjà abordée par tout ce que lycée pouvait contenir d'adolescents lubriques.

- Tiens Zoey n'est pas là ? s'étonna Mary en voyant son groupe habituel.

- Rendez-vous médical, précisa Cameron.

- D'où tu sais ça ? s'étonna Mary.

- Disons qu'avec Zoey on discute beaucoup, assura Cameron. En tout bien tout honneur, ajouta-t-il pour la forme.

- Mais... Elle va bien? demanda Mary en ne se souciant pas d'une éventuelle anguille sous roche.

- Juste un rendez-vous de routine, pas de soucis, avoua Cameron. Disons qu'avec son frère pompier, elle a un peu de mal à avoir des rendez-vous hors heures de cours.

- C'est sûr qu'il doit attendre d'être en repos, réalisa Mary dont le propre père avait des horaires assez fluctuants.

Mary retourna rapidement aux côtés de son amie Carla qui discutait avec son frère.

- L'attrait de la nouveauté, avoua Carla avec un sourire contrit.

- Mais cela reste consternant, marmonna Mary en voyant Dylan récupérer des numéros de téléphone.

D'ailleurs, cette dernière finit sa conversation et s'approcha rapidement de ses amies.

- Déjà deux numéros, fit-elle fièrement.

- Tu comptes les appeler ? demanda Tia à côté de Luis et assez surprise.

- Non... Enfin peut-être... Ils ont pas l'air très doué, avoua Dylan. Si c'est pour me faire chier ça sert à rien.

- Dylan, tu devrais faire attention quand même, assura Mary. On ne sait jamais...

- Surtout que si tu as des ennuis, certes il y a moi, Cameron ou Mark mais on sera pas forcément dans le coin, précisa Luis.

- Tu crois franchement que j'ai besoin d'un mec pour exploser les couilles d'un gros naze? demanda Dylan. Je sais me défendre. J'ai pris des cours à Washington.

Les autres échangèrent un regard éloquent, certains se disaient certainement qu'il ne fallait pas l'ennuyer quant aux autres, ils devaient se demander si il y avait une autre raison. Mary faisait plutôt partie de la première catégorie.

- Est-ce que tu as besoin d'aide pour rejoindre les bureaux et récupérer ton casier? demanda Mary.

- T'inquiètes pas Maman je gère, fit Dylan lassée. J'ai une question par contre...

- Vas-y je t'écoute, fit la fameuse Maman légèrement vexée.

- Ils sont comment les profs? demanda Dylan.

- Plutôt compétents, assura Mary avec un sourire et un petit étonnement.

- Heu... Oui bien évidemment... Mais c'est pas de ça que je parlais, avoua Dylan.

- Mais de quoi? demanda Mary surprise.

- Rien d'intéressant, fit Cameron derrière elle.

- Fais chier... Bon j'y vais... Pourvu que je sois en cours avec vous les filles, fit Dylan avant de s'éloigner.

Mary n'avait pas réellement saisi la réponse de Cameron et le regarda attentivement.

- Réfléchis juste un peu, lui fit Cameron.

- Ho mon Dieu..., marmonna Mary choquée quand la pièce tomba. Elle...

- C'est peut-être juste une provocation, assura Carla. Allons-y...

Mary l'espérait mais alors très sincèrement. Elle tapa doucement sur son sac à main pour signifier qu'ils étaient bien dans le lycée.

- Discrétion totale, avoua Melo depuis le sac à main.

Mary sourit, désormais rassurée, et avança vers son casier pour récupérer ses affaires. En même temps qu'elle agissait comme une élève normale, elle cherchait du regard ces petits signes évidents de la damnation. Quelques élèves avaient des petits volutes de fumée mais rien de bien massif. Mary réalisa que même dans une si petite ville, les adolescents restaient aussi mal dans leurs peaux que n'importe où ailleurs. Certains n'avaient sans doute que quelques pensées sombres mais alors qu'elle passait une porte de salle de cours, elle remarqua une fille bien plus entourée au fond du couloir. Elle n'avait pas eu le temps de bien la voir mais elle avait remarqué sa veste noire avec quelques strass, elle pourrait la retrouver. Durant son premier cours, elle suivit attentivement ce dernier en regardant partout dans sa classe. Accessoirement, Dylan n'y était pas ce qui ne signifiait pas forcément qu'elle n'aurait aucun cours en commun avec elle, le système américain étant extrêmement compliqué et changeait l'effectif d'une classe à presque tous les cours. Melo avait discrètement sorti sa tête du sac à main et Mary l'avait laissé observer le cours. Ce dernier semblait s'intéresser à l'histoire humaine en tout cas car il restait extrêmement discret et surtout silencieux. Mary regarda quand même si quelqu'un pouvait la voir et elle glissa la main dans son sac pour caresser la petite tête. Cela lui arrivait parfois et Melo semblait apprécier ce genre de choses. Peut-être était il quelqu'un de tactile après tout. Mary patientait pour les heures de creux avec une certaine agitation. Elle avait trouvé quelqu'un à aider et elle voulait le faire, pour que Lelahel, Nina et même Melo soient fièrs d'elle. Quand la sonnerie de la fin du cours retentit, Mary se hâta de se lever et de remballer ses affaires.

- Dis donc, tu meurs de faim, fit Carla en riant.

- Ho... Pas vraiment, je vais peut-être même rester à la bibliothèque pour travailler, fit Mary.

- Tu veux de la compagnie ? demanda Carla quand même étonnée.

- Non va voir ton chéri, fit Mary avec un clin d'œil. Je veux juste prendre un peu d'avance pour les devoirs de littérature.

- Bonne lecture alors, lui fit Carla.

Mary lui sourit et s'éloigna rapidement dans les couloirs. Elle ouvrit légèrement son sac à main et murmura à celui-ci.

- Melo, je crois que j'ai trouvé une fille à aider, assura Mary.

- Je suis prêt à te guider, fit Melo.

- Je dois juste la retrouver... Je vais pouvoir la chercher rapidement, fit Mary.

Elle tournait à gauche et à droite dans les couloirs, cherchant attentivement la veste avec des strass. Elle se maudissait presque de ne pas avoir été plus observatrice. Elle continuait de chercher en réfléchissant attentivement à comment la trouver plus vite. Elle devait se dépêcher, au cas où cette dernière s'éloigne de l'établissement à la pause de midi. Et puis, au détour d'un couloir, elle repéra la fameuse veste. Elle préféra se cacher un peu pour observer attentivement. La jeune fille qui était d'ailleurs toujours un peu enveloppée de cette étrange fumée semblait quelqu'un de renfermé. En effet, ses longs cheveux auburn semblaient avoir été placés de manière à bien dissimuler son visage qu'elle ne semblait pas désireuse de montrer. De même, ses vêtements semblaient suffisamment larges pour pouvoir cacher des rondeurs évidentes et qui donc devaient la complexer. Mary grimaça un peu, convaincue que cette jeune fille devait subir des moqueries en rapport avec son poids. Elle avait en effet bien souvent remarqué ce genre de comportement désobligeant, elle-même en subissant un peu de la part d'une certaine personne. Elle continua d'observer cette jeune fille occupée à ranger son casier et la vit refermer ce dernier avec empressement. Mary observa la jeune fille qui surveillait visiblement autour d'elle et la vit foncer vers une porte. Mary réalisa qu'il s'agissait d'une des portes servant à la maintenance de l'établissement et, alors que cette porte aurait dû être fermée et verrouillée, elle ne put que remarquer que la jeune fille poussa la porte pour s'engouffrer derrière elle.

- Merde... Je vais la perdre, marmonna Mary avant de se figer.

Des bruits de pas arrivaient depuis le couloir derrière elle, accompagnés d'éclats de voix et de rire qui la firent se figer. Elle se retourna à temps pour découvrir Karen qui menait sa petite troupe.

- Ho tiens, ça c'est amusant, fit Karen. Tu veux te marrer? dit-elle à quelqu'un derrière elle.

Mary ne pouvait discerner combien de ses amies suivaient Karen mais par contre, elle reconnut sans hésitation la personne qui lui répondit.

- Ho putain ouais ! hurla presque en exultant la voix de Dylan.

Mary se figea sous le choc avant de comprendre que, malheureusement, si Dylan ne s'était pas trouvée dans sa classe, elle était forcément dans celle de Karen.

- Je vais te présenter mon petit souffre douleur personnel, annonça Karen en riant.

Mary se contenta de déglutir quand Karen posa ses yeux sur elle et qu'elle vit jaillir du couloir les deux suiveuses habituelles et son amie d'enfance. Celle-ci marqua d'ailleurs un léger temps d'arrêt, sans doute sous la surprise.

- Alors ça, c'est Mary Simms, la soi-disant sainte nitouche du bahut qui se prétend vierge, avoua Karen.

- Ha bon? s'étonna Dylan toujours un peu surprise.

- Ouais, fit Karen en s'avançant vers Mary. Et pourtant on sait tous que cette petite pute se fait fourrer par Powells.

- Mais non! répondit Mary choquée encore une fois.

- Ha ouais? Tu traines pas avec lui? Encore ce matin en train de vous chuchoter des trucs bien dégueux, fit Karen.

Mary regarda celle-ci et surtout son amie Dylan. Celle-ci observait la situation d'un œil bizarre.

- Alors tu portes quoi salope? demanda Karen en fixant Mary.

- Ben ça..., s'étonna Mary en se montrant.

- Et en dessous... Je parie que t'es en string et sans soutif, avoua Karen en saisissant Mary par les vêtements.

- Hey! s'offusqua Mary en essayant de la repousser.

- Je vais te laisser te trimballer dans des fringues déchirées, fit elle avec un sourire diabolique.

- Non! hurla presque Mary.

Elle allait jeter un regard suppliant à Dylan pour la convaincre de l'aider mais elle fut prise de vitesse par un cri de douleur de Karen. Celle-ci avait la tête penchée en arrière.

- Ahhhh!!! hurla presque Karen.

Mary pouvait alors voir une main accrochée dans ses cheveux qui la tiraient pour la faire lâcher prise.

- Lâche ma copine grosse pute !!! grommela Dylan.

Mary fut alors immédiatement relâchée et elle eut juste le temps de reprendre son souffle qu'elle vit Dylan pousser sauvagement Karen contre un casier.

- T'es malade! hurla Karen.

- Personne touche à ma copine ! s'énerva Dylan.

- T'es amie avec ça ? demanda Karen choquant la fameuse"ça".

- Ouais, depuis toujours... Alors pas touche connasse! s'énerva Dylan.

- Va te faire foutre !!! hurla Karen.

Mary vit alors Dylan lever le bras gauche et serrer le poing. Elle n'hésita cependant pas et elle se jeta sur le bras de Dylan.

- Arrête, elle ne vaut pas les ennuis, avoua Mary.

- Ça va calmer cette conne, argumenta Dylan.

- Arrête ! insista Mary.

Dylan lâcha alors Karen qui se dépêcha de rejoindre ses suiveuses qui étrangement n'avaient pas fait grand chose pour l'aider.

- Tu vas me payer ça ! s'énerva Karen.

- Mon père est shérif pauvre conne! précisa Dylan.

- Le mien est maire! se défendit Karen.

- Rien à foutre! Dégage!!! hurla Dylan.

Étrangement, sans doute parce qu'elle était effrayée, Karen obéit et s'enfuit sans demander son reste. Immédiatement, Dylan observa Mary.

- C'est pas la première fois? demanda Dylan.

- Non mais... C'est pas grave, assura Mary.

- Faut te défendre putain! s'énerva Dylan.

- C'est pas important..., marmonna Mary.

- Mais... Et ce qu'elle a dit? demanda Dylan.

- C'est bidon, je sais pas pourquoi elle est convaincue de ça mais il n'y a rien, avoua Mary. On est juste amis.

- J'avais compris ça, avoua Dylan. Mais il s'est vanté d'un truc ou quoi?

- Je pense pas, avoua Mary qui ne s'était jamais réellement posé la question.

- Tu... Tu allais où au fait ? demanda Dylan.

- Bibliothèque, un devoir, avoua Mary en mentant.

- Et je peux te laisser seule ou... Tu veux une garde du corps sexy? demanda son amie avec un sourire.

- Je pense que là, c'est plutôt toi qui risque des représailles, précisa Mary.

- Elle peut venir, elle va être reçue cette conne, fit fièrement son amie.

- Tu n'as qu'à rejoindre Carla et les autres, cela s'était bien passé ce week-end, lui rappela Mary.

- T'es sûre ? Tu vas me laisser avec les garçons ? demanda Dylan avec beaucoup de mesquinerie.

- Tu sais... Cameron m'a dit quelque chose d'important, avoua Mary. Ce n'est pas parce que nous ne partageons plus les mêmes idéaux que notre amitié doit en pâtir et puis tu viens quand même de me défendre.

- Pas faux... Bon conseil, avoua Dylan. Mais on va en reparler de ça.

- Euh d'accord... Je dois aller bosser mon devoir, fit Mary.

- Et tu manges pas? demanda Dylan étonnée.

- Je mangerai là-bas, fit Mary.

- Bon comme tu veux... En cas d'urgence, t'as mon numéro, fit Dylan en s'éloignant. Quand même tous les bahuts se ressemblent.

Mary se demandait surtout si son amie s'était transformée en une vraie teigne dans son ancien lycée. Elle réalisa soudainement qu'elle avait bien autre chose à faire. Elle fonça vers la porte et l'ouvrit après avoir vérifié que personne ne la voyait. Elle la referma derrière elle pour découvrir que celle-ci dissimulait un escalier menant sans doute au toit.

- Puis-je intervenir ? demanda la voix de Melo depuis son sac à main.

Mary l'avait un peu oublié il faut dire et elle ouvrit son sac à main.

- Oui, qu'est-ce qu'il y a? demanda Mary en chuchotant.

- Ton amie a raison, pourquoi ne pas te défendre ? demanda Melo.

- Je ne sais pas me battre, lui répondit Mary toujours en chuchotant. Et puis je ferai comment ?

- Tu as désormais bien plus de force qu'une humaine, assura Melo. Grâce à l'ange en toi.

- Plus de force? C'est-à-dire ? demanda Mary légèrement surprise.

- Tu pourrais très facilement casser le bras d'un humain, précisa Melo.

- Et tu pensais pas à me le dire avant ? demanda Mary choquée. J'aurais pu blesser quelqu'un !

- Tu dois le faire volontairement... Ce n'est pas un accroissement permanent, le corps humain ne le supporterait pas, lui signifia Melo comme si c'était logique.

- Y a d'autres choses que l'on a oublié de me dire? demanda-t-elle méfiante.

- Euh non... Je ne pense pas, avoua Melo.

- Bon on va monter... Comment je peux savoir si ça marche ? demanda Mary intriguée.

- La fumée devrait être légèrement moins épaisse, répondit Melo. Forcément, il y en aura toujours mais ce n'est pas en une seule fois que cela sera terminé.

- Je me doute bien, assura Mary.

- Suis ton cœur, tu es quelqu'un de bon et de gentil, l'aider doit être dans ta nature, précisa Melo.

Mary était bien avancée mais avec tout ça, elle n'avait plus trop le choix. D'un pas décidé, elle leva la jambe et posa son pied sur la première marche, les autres suivant rapidement. Elle pouvait voir la porte qui menait au toit ouverte et doucement elle s'en approcha. Elle regarda par l'entrebâillement de celle-ci découvrant un toit recouvert de cette matière goudronnée imperméable si caractéristique. Et au bout de ce fameux toi, il y avait la fameuse jeune fille.

- C'est elle, fit Melo.

- Merci j'avais pas remarqué, marmonna Mary en sortant sur le toit. Heu... Salut!

La jeune fille recouverte d'ombre se leva d'un bond comme paniquée ou même effrayée.

- Tu me veux quoi? demanda la jeune fille.

- Rien... Je me demandais pourquoi quelq'un utilisait la porte du couloir..., marmonna Mary.

- T'es venue te moquer de la grosse vache? Comme les autres ? demanda celle-ci.

- Moi? Sûrement pas non...

- Alors pourquoi tu me mens? demanda cette dernière énervée.

- Perspicace, marmonna Melo.

- Merci, c'est constructif, murmura Mary.

- De rien, répondit la peluche toujours aussi imperméable à l'ironie.

- Bon... En fait, fit Mary en inspirant profondément. J'ai vu que tu n'allais pas bien.

- Comme si cela intéressait quelqu'un, grommela la jeune fille.

- Moi ça m'intéresse, fit sincèrement Mary. Sérieusement... Je t'ai vue monter sur le toit et j'ai... J'ai eu peur pour toi.

- Tu me connais même pas! s'en défendit la jeune fille.

- Et cela m'empêche de m'inquiéter ? demanda Mary en avançant tout doucement. Au fait moi c'est Mary...

- Je sais comment tu t'appelles... Courtney, répondit alors la jeune fille.

- Et tu viens ici souvent Courtney ? demanda Mary

- J'aime être seule... Ici personne me regarde manger en pensant que je bouffe trop..., marmonna la jeune fille.

- Tu sais que tu peux parler de ce genre de choses, la nouvelle Principale a organisé des choses, précisa Mary avec un petit côté hypocrisie cachée.

- Ça va changer quoi? Tout le monde se moque de moi dans ma classe... Déjà l'année dernière, et la c'est encore pire... Plus personne ne me parle en dehors des cours depuis mes treize ans, avoua Courtney.

- Je suis désolée... Tu mérites pas ça, fit simplement Mary.

- C'est pas ma faute, fit Courtney au bout du rouleau. Quand je suis triste... Je mange et je grossis... Mais c'est parce que je suis grosse que je suis triste... Personne me parle... Aucun garçon ne s'intéresse à moi... Je... J'en ai marre...

Mary n'écouta que son cœur et fonça vers la jeune fille pour l'enlacer avec douceur et sérénité.

- Je suis vraiment désolée de l'entendre..., fit Mary.

- Pourquoi t'es gentille avec moi? Pour te moquer ensuite avec tes copines mannequins? demanda Courtney.

- Mes copines mannequins ? s'étonna Mary.

- Je t'ai vue faire le concours...

- J'accompagnais juste une amie à la base... En fait tu sais juste mon nom, comprit Mary.

- Moui...

- Je suis la fille de la Révérende Simms, confirma Mary.

- Ho... Ma tante Marge est dans ton église, fit Courtney.

- La dame avec son chignon et ses chapeaux anglais? demanda Mary.

- Oui, fit Courtney avec un petit sourire.

Mary réalisa immédiatement et pourtant avec stupéfaction que dès l'instant où la jeune fille s'était rattachée à l'équivalent d'un bon souvenir, l'épaisseur semblait avoir diminué un petit peu.

- Tu comprends, je ne suis pas du tout le genre de fille très populaire et un peu pimbêche, avoua Mary. Et c'est justement pour ça que je me suis inquiétée.

- D'accord..., hésita Courtney. Tu veux t'asseoir ? Il y a un rebord plus large là-bas.

- Pourquoi pas, fit simplement Mary.

Elle avança vers ce petit rebord pour s'y installer et réalisa aisément qu'il devait s'agir d'un havre de paix pour Courtney.

- Tu t'en sors bien, lui fit Melo. Discute encore.

Mary sourit un peu et réfléchit pourtant à ce qu'elle devait dire.

- Tu sais... En fait les gens sont des imbéciles, fit Mary.

- Quoi? s'étonna Courtney.

- Surtout vis à vis de nous les filles, précisa Mary. Que ce soit en termes de physique ou de psychologie, on doit rentrer dans des cases.

- C'est vrai que les autres pensent toujours que si je suis grosse c'est parce-que je mange des saloperies tout le temps..., marmonna Courtney.

- Et c'est ça le problème, même si tu as quelques rondeurs, elles ne sont pas disgracieuses, lui fit Mary.

- Arrête...

- Non je t'assure, tu es très jolie, être ronde n'empêche pas de l'être, avoua Mary. Je suis sûre qu'il y a plein de garçon à qui tu plais.

- C'est ça oui... Ils ne sont jamais manifestés, fit Courtney dans un petit rire.

- C'est peut-être de la timidité, assura Mary.

- C'est juste qu'ils aiment pas les gens différents, avoua Courtney.

- Tu as raison, fit simplement Mary.

- Mary!!! Qu'est-ce que tu fais ? Elle doit avoir tort pour changer ! hurla Melo.

- Comment ça ? s'étonna Courtney.

- Je... Je n'ai pas tes complexes physiques, je serai une menteuse en disant que je les comprends..., fit Mary.

- Y a rien de pire qu'une fille jolie qui dit qu'il faut s'accepter comme on est, comme ces Miss Univers qui te sortent le body positive alors qu'elles sont des bombes, confirma Courtney.

- Mais être différent je connais, avoua Mary. Je suis très pratiquante.

- Et c'est un problème ? demanda Courtney.

- Et bien, crois le ou non, socialement oui, confirma Mary.

- Je comprends pas trop le soucis, ça voit pas comme moi, assura Courtney.

- Non c'est vrai mais beaucoup d'élèves ici savent ce que je pense et franchement à part mes amis, personne ne me parle, avoua Mary.

- Et c'est quoi le rapport ? demandz Courtney un peu perdue.

- Tu vois... Musicalement, je n'écoute que du rock chrétien, au niveau séries, je ne connais ni Game of Thrones, ni Walking Dead, ni euphoria... Rien ne me permet d'engager la conversation, avoua Mary calmement. Et puis pour les garçons c'est pareil.

Elle avait compris que Courtney espérait plaire aux garçons malgré ses rondeurs qui pourtant la rendaient extrêmement belle. Les dictats de la minceur avaient la vie dure alors qu'une fille ronde pouvait largement être sublime.

- Tu n'as pas de petit ami? Toi ? s'étonna Courtney.

- Ben disons que les garçons savent déjà qu'ils ne devront rien attendre de moi, tu comprends ? demanda Mary.

- Ouais... Donc ils essaient même pas, comprit Courtney.

- Voilà... Et pour en revenir à mes amis, les meilleures sont mes amies d'enfants, de bac à sable même. Un autre de mes amis est le frère d'une amie, j'ai noué quelques liens avec sa petite amie... Ensuite les autres sont principalement venus s'ajouter par ces amis... Je ne sais pas m'en faire en fait, réalisa Mary.

- Ouais mais au moins ils sont là, fit froidement Courtney.

- Peut-être mais ça n'empêche pas les gens de ne pas l'accepter et certaines filles de me mener la vie dure, avoua sans hésitation Mary.

- Tu es harcelée aussi? s'étonna Courtney.

- C'est même déjà allé jusque des coups en fait..., fit Mary gênée.

- Waouh... Quand même..., marmonna Courtney.

- Je ne me compare pas à toi pour te dire d'arrêter de te plaindre, précisa Mary. Mais c'est pour te dire que je comprends parfaitement.

- D'accord...

- En fait, je peux te donner qu'un seul conseil..., marmonna Mary.

- Lequel? fit Courtney avec attention.

- Trouve toi une passion pour t'inscrire dans un club et vis la à fond..., fit Mary en souriant. Les gens de ce club te comprendront et tu noueras des liens pour ne plus être seule.

- Je... J'aime beaucoup la poésie... Lire ou écrire, précisa Courtney.

- Ici le club est assez bon, ils font même des concours et je suis sûre que la poésie peut te servir d'exutoire, lui assura Mary.

- Peut-être..., marmonna Courtney.

- Et puis... Tu m'as moi, fit-elle avec un sourire.

- Toi? Tu veux être mon amie? demanda Courtney avec méfiance.

- C'est mesquin de te méfier, fit Mary en riant. La seule chose que tu risques avec moi, c'est que je te parle de la bible et encore j'évite en général.

- Désolée, mais les gens sont mauvais par nature, avoua Courtney.

- Il y en a c'est vrai mais il y aussi des gens bien, fit Mary en sortant son téléphone. Tiens note ton numéro.

Courtney regarda le téléphone et sourit avant de l'attraper. Pendant ce temps, Mary remarqua que l'ombre devenait plus légère. Nina avait raison, cela n'allait forcément pas disparaître en un instant, le mal-être de Courtney étant profond mais au moins, elle aurait une oreille attentive.

- C'est une bonne méthode, fit Melo. Elle semble ouverte à la discussion. Les humains semblent vraiment avoir un besoin de contacts avec leurs semblables.

Mary ignora celui-ci et préféra continuer de parler.

- Comme ça au besoin, tu peux me contacter, je ferai tout pour t'aider, précisa Mary.

- C'est vrai? Tu ne vas pas en avoir ras le bol? demanda Courtney.

- Non..., marmonna Mary. Je... J'ai eu peur quand je t'ai vue te réfugier ici.

- Quoi? s'étonna Courtney en rendant le téléphone.

- Oui... Tu avais l'air très triste et j'ai eu peur que tu ne fasses une bêtise, marmonna Mary.

- Je..., hésita Courtney en voyant la sincérité de Mary. J'y ai déjà songé... Pour être honnête. Mais je me dis aussi que mes parents et mon petit frère seront très malheureux... Ils ne me jugent jamais et passent leur temps à me dire que je suis jolie...

- Ils ne mentent pas... Je connais même des garçons qui ne sont pas aussi idiots que les autres, fit Mary en riant.

Elle aurait pû dire qu'ils n'hésiteraient même pas avec elle mais comme il s'agissait de Cameron, elle n'osait pas le préciser pour la sécurité de Courtney.

- Ils sont peu nombreux, avoua Courtney en riant.

- Tiens, fit Mary en saisissant une carte de visite pour la donner à Courtney. C'est ma mère, elle est toujours à l'écoute. Elle ne juge pas, et elle discute avec les gens qui en ont besoin, religieux ou non d'ailleurs.

- Merci..., fit Courtney. Tu sais si le club de poésie ouvre le midi.

- Je crois..., réfléchit Mary.

Mary vit Courtney se lever et elle fit de même avant d'être attrapée et serrer dans une étreinte par la jeune fille.

- Ça m'a fait du bien de voir que quelqu'un se souciait de moi, merci, fit Courtney.

- Il y a toujours quelqu'un près de soi sur qui on peut compter, fit juste Mary.

Courtney la remercia encore et se dirigea vers la porte pour redescendre et sans doute suivre le conseil. L'ombre vaporeuse était toujours là mais plus fine.

- Elle a juste besoin de soutien, fit Mary pour Melo.

- Est-ce si dur d'être croyant sur Terre? demanda Melo qui avait écouté toute la conversation.

- Oui... Tu as des idiots... Et puis certains que cela amuse, surtout pour te mettre mal à l'aise, avoua Mary.

- Surprenant... Tu as bien travaillé, Lelahel sera fière.

- Tu sais Melo... Je pense que savoir qui a besoin d'aide ne mérite pas d'être appelé travail, avoua Mary.

- Ha bon? s'étonna le petit grigori.

- Oui, c'est un honneur divin qui m'a été accordé, je peux aider ceux qui sont malheureux... Et faire quelque chose à ma petite échelle. Je suis peut-être totalement incapable d'utiliser le don angélique ou les ailes mais pour l'instant je serai utile à ma petite échelle, expliqua Mary.

- Tu es vraiment une jeune fille digne de ce pacte, précisa Melo.

- J'aurais quand même préféré vivre, fit Mary en souriant. Mais je ne t'aurais pas rencontré.

- Je ne suis pas très au fait des sentiments humains mais... Était-ce un compliment ? demanda Melo.

- Oui, idiot va, fit Mary.

Elle attrapa doucement le petit grigori et déposa un baiser sur le sommet de son crâne. Ses ailes se mirent à remuer en tout sens.

- Merci Melo de m'aider, lui fit Mary. Tu es un bon Grigori.

- Techniquement tu n'as aucun élément de comparaison mais c'est vrai que je suis un bon élément, fit fièrement Melo en retournant dans le sac.

- T'as juste besoin d'apprendre l'humilité, fit Mary en riant.

- Je ne fais que constater, assura Melo.

Mary rit encore à ce propos en se dirigeant vers la porte. Elle espérait pouvoir encore être utile à Courtney et que celle-ci n'hésite pas à l'appeler. Elle aurait pû lui proposer de rejoindre son groupe d'amis mais désormais avec Dylan et Cameron, et leurs comportements généralement déplacés, elle craignait un peu leurs réactions. En fait c'était surtout que ceux-ci soient incapables de ne pas faire de blagues stupides sur le poids de la jeune fille qui l'effrayait. Elle se dit alors qu'elle pourrait en fait demander à Cameron si les garçons ne voulaient vraiment que des filles très jolies et très parfaites. Elle aurait effectivement tout le temps pour cela car bientôt, il allait l'accompagner à un mariage. Ce fut au milieu des marches de l'escalier qu'elle se rendit compte que ce fameux mariage ne serait peut-être pas aussi reposant, son cavalier étant effectivement un peu à part. Elle serait sans doute bientôt fixée.


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