L'Ame des Anges: Incarnation

Chapitre 9 : Bureau Paradisiaque de Gestion des Effectifs

9476 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/09/2022 08:59

Chapitre 09

Bureau Paradisiaque de Gestion des Effectifs


Car, si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel, et qui, après s’être regardé, s’en va, et oublie aussitôt comment il était. Mais celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l’oeuvre, celui–là sera heureux dans son activité.


Livre de Jacques, Chapitre Un, Versets Vingt-trois à Vingt-cinq.


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Dormir, Mary aurait bien voulu pouvoir mais malheureusement elle n'était entrée que dans des phases de pseudo sommeil. Jamais elle n'avait passé une si mauvaise nuit. Elle avait appris l'impensable la veille: elle était bien morte dans l'accident. Naturellement, cela l'avait plus que travaillée durant toute la nuit. Elle se posait mille questions sur tout ce qui constituait sa vie et surtout pourquoi le supposé ange en elle, qu'elle pensait déjà être la femme qu'elle avait vue dans ses songes pendant qu'elle était dans le coma, ne se manifestait pas. Elle n'avait en effet aucune notion de sa nouvelle mission, ni même comment l'accomplir et encore moins de notions du fameux pacte. La sonnerie du réveil ne la fit nullement se réveiller mais lui signifia qu'il était totalement l'heure de sortir de son lit. Elle ouvrit les yeux et se redressa en passant sa main dans ses cheveux. Et là elle chercha l'être céleste au nom imprononçable mais qu'elle préférait déjà appeler comme sa peluche. Cette chose avait passer sa soirée à virevolter de façon extrêmement agaçante dans sa chambre sans la quitter jusqu'à ce qu'il ait cru qu'elle dormait.

- Il est où ? demanda Mary en regardant partout.

Il lui avait signifié que vu la nature de son hôte, il n'aurait pas énormément besoin d'entrer en phase de sommeil mais pourtant il n'était nulle part.

- Ho... J'ai du rêver... J'ai trop mangé, marmonna Mary.

Elle s'en voulait de se trouver aussi idiote, elle avait mélangé rêve et réalité. Elle se dirigea vers sa douche pour se laver et encore une fois elle était seule.

- Une peluche qui parle, ma pauvre fille, t'es vraiment encore en état de choc, précisa Mary en s'observant dans le miroir.

Au final, même si c'était un coup de stress, cela la rassurait énormément. Elle croyait en Dieu, aux anges et surtout au Paradis mais imaginer que les anges vivaient parmis les humains était réellement stupide. Elle se demandait même si cette optique des Déchus, qu'elle pensait clairement être les fameux anges déchus de la bible, n'était pas une façon d'extérioriser ses peurs vis à vis de Karen. Elle allait demander à sa mère de voir une psychologue clinicienne pour résoudre ses soucis, en tout cas bientôt. Elle s'habilla rapidement d'un jean et d'un sweat bleu foncé avant de descendre l'escalier.

- Ho ça sent bon ! fit-elle à la cantonnade.

- J'ai fait des gaufres à la confiture, fit sa mère depuis la cuisine.

Elle avança vers la cuisine, réalisant que son père devait être parti au vu de l'absence de sa veste, et soupira. Elle n'arrivait jamais à supporter l'idée de ne pas le voir le matin. Elle passa dans la cuisine.

- Ton père a du remplacer ton oncle, il prépare l'arrivée de Dylan, précisa sa mère.

- Je suis impatiente de la retrouver, elle m'a tellement manqué, fit Mary en entrant dans la cuisine.

Et là, le cauchemar de la veille se rappela à son bon souvenir. Au beau milieu de la cuisine, une espèce de peluche rose fluo volait dans tout les sens.

- Mais...

- Bonjour Madame! fit le petit être. Avez-vous bien dormi?

- Ghh..., fit Mary sous le choc.

Sa mère se retourna rapidement pour l'observer assez dubitative et Mary se jeta immédiatement sur Melo pour l'attraper et le cacher.

- Tu as écrasé un moustique ? demanda sa mère surprise. Assieds-toi ma puce.

Mary regarda sa mère surprise et baissa ses yeux sur la peluche ailée. Comment sa mère pouvait avoir loupé cela?

- Votre génitrice est incapable de me voir, fit la peluche. Seule une personne avec une nature angélique le peut.

- Ho... D'accord, marmonna Mary. C'est rassurant

- Qu'est-ce qui est rassurant? demanda sa mère en posant une gaufre.

- Hein? Ho rien, fit Mary en laissant la petite bestiole voler sans gêne.

Mary fut tout de même gratifiée d'un regard des plus étonné par sa mère. Mary se contenta de lui sourire discrètement. Sa mère finit d'installer le petit déjeuner et se posa tranquillement pour lui tendre les mains. Mary les saisit et patienta pour que sa mère prenne la parole.

- Seigneur, commença sa mère. Bénis ce repas et veille sur tes ouailles. Que jamais...

- Intéressant, une famille digne du Seigneur ! fit Melo interrompant le bénédicité.

Techniquement parlant, il ne dérangea que Mary. Celle-ci avait ouvert un œil plutôt consterné que Melo ait pu interrompre cela.

- Que les humains demandent la bénédiction divine aux repas, c'est devenu si rare, continua Melo. Tu as beaucoup de chance jeune fille et sache que Dieu entend vos prières.. Enfin le service responsable des supplications en tout cas.

Mary le regarda consternée, contente quand même d'apprendre que les prières étaient entendues mais pas forcément que ce ne soit pas par Dieu lui-même.

- Amen..., fit sa mère. Mary?

- Hein? s'étonna la jeune fille.

- Tu es distraite ce matin, fit sa mère.

- J'ai mal dormi, c'est tout, fit Mary en attaquant son petit déjeuner.

- Tu veux voir un médecin pour avoir des somnifères ? demanda sa mère.

- Non merci... Très bonne tes gaufres, fit Mary pour noyer le poisson.

- Chaud! Chaud! Chaud! hurla Melo.

Mary le chercha et le vit posé sur la poêle chaude. Elle s'inquiéta immédiatement et fut surtout consternée. Elle ne pouvait pas s'adresser à lui mais elle avait envie de lui hurler de se tenir à carreaux. Heureusement, il ne fit rien d'autre de consternant et Mary put se préparer pour le lycée. Durant le trajet, elle se souvint de son rendez-vous.

- Est-ce que je peux rentrer tard? demanda Mary alors qu'elles approchaient du lycée.

- Cela dépend de ce que tu appelles tard, avoua sa mère.

- Je dois voir... une amie, mentit Mary. Après les cours.

- Hum hum..., fit sa mère pensive.

- Quoi? s'étonna Mary.

- Est-ce pour ça que tu étais pensive ce matin? demanda sa mère.

- Un peu, marmonna Mary.

- Cette soi-disant amie... Ce serait Mark? demanda sa mère.

- Quoi? Non! se défendit Mary.

- Ho... Ce n'est pas un garçon ? demanda encore sa mère.

- Je t'ai dit une amie, précisa Mary. D'où tu sors ça ?

- Je suis passée chez Madame Monroe hier soir avant de rentrer, précisa sa mère.

- Ça va quand même ? fit Mary avant de voir une grimace de sa mère. Bon d'accord... Mais je vois pas le rapport.

- Elle ne t'espionne pas mais elle t'a vue rentrer hier, précisa sa mère.

- Oui... Normal je passe devant chez... Ho..., réalisa Mary.

- Je pensais que tu m'en parlerai ce matin, je n'ai rien dit à ton père, précisa sa mère.

- Mais de quoi j'aurais dû te parler ? demanda Mary perplexe.

- De ce garçon..., fit sa mère en se garant.

- Attends...

- Je n'ai pas de problème à ce que tu fréquentes un garçon mais nous n'étions pas là hier et nous ne le connaissons pas, je suis plutôt contrariée que tu l'amènes comme ça à la maison... En notre absence, la réprimanda sa mère.

- Maman... Cameron, c'est un ami. Je ne sors pas avec lui, précisa Mary. Il m'a juste ramenée à la maison en voiture parce qu'il ne voulait pas que je rentre toute seule vu que j'ai encore mal à la jambe. C'est tout.

- Je te crois, mais comme Madame Monroe m'a dit qu'il était plutôt beau garçon j'ai pensé..., fit sa mère en regardant sa fille dubitative.

- Cameron? Peut-être..., marmonna Mary. Enfin oui, il est plutôt mignon mais je lui ai juste offert un soda pour le remercier. Il est resté dans la cuisine.

- J'ai confiance en toi, si tu me dis que ce n'est pas ton petit ami, je te fais confiance, lui assura sa mère.

- On est juste amis, fit Mary.

- Et... C'est lequel ? demanda sa mère en regardant les élèves devant le lycée.

Mary soupira et le chercha du regard. Elle avait repéré sa voiture et il était posé dessus, discutant avec Mark.

- C'est le grand à côté de Mark, fit Mary en montrant Cameron de la main.

Forcément, ce fut le moment que celui-ci choisit pour s'allumer une cigarette. Mary haussa les yeux au ciel en espérant que cela ne soit pas un soucis.

- Madame Monroe voit encore très bien, fit sa mère en riant.

- Maman! s'offusqua Mary. C'est un ami.

- Oui, j'ai compris... Pourquoi tu t'énerves? demanda sa mère.

- Parce que le jour où j'aurais un petit ami, je le dirai, inutile d'imaginer des choses, fit-elle en sortant. Bonne journée.

- Et c'est d'accord pour ton amie, en cas de problème appelle moi, lui fit sa mère.

Mary referma derrière elle, complètement consternée. Sa mère et Madame Monroe s'imaginaient des choses et cette dernière devrait cesser de l'espionner. Elle soupira de lassitude quand soudain elle entendit une voix derrière qui l'obligea à se retourner.

- Attendez moi! hurlait Melo.

- Melo? Qu'est-ce que tu fais ici? demanda Mary.

- Je dois vous accompagner... C'est compliqué votre monde, plusieures de ces grosses machines motorisées m'ont percuté, avoua Melo.

- Quoi ? Mais tu vas bien? demanda Mary.

- Oui, je ne peux être détruit comme cela, avoua Melo fièrement.

- Ok... Maintenant rentre à la maison ! fit Mary.

- Je ne le puis, mon devoir est de vous suivre. Personne ne me voit, confirma Melo.

- Mais... Bon mais ne me parle pas, ne fais pas de bêtises et je t'en prie évite de me distraire pendant mes cours, lui demanda Mary.

- Je ferai de mon mieux, fit le petit être volant en regardant le bâtiment. Est-ce donc cela un établissement scolaire ?

- Oui, maintenant tu ne me poses plus de questions, grommela Mary.

Elle se retourna et tomba nez à nez avec Zoey. Cette dernière la regarda surprise et regarda même derrière son épaule.

- Tu parlais à qui? demanda Zoey.

- Toute seule, mentit Mary.

- Euh... Tu vas bien? demanda Zoey inquiète.

- Je... Je réfléchis à comment lui dire ce que je ressens, je veux l'inviter au mariage, précisa Mary pour noyer le poisson.

- T'as l'air un peu folle à t'exciter toute seule, fit Zoey en riant.

- Oui... Je dois être ridicule, marmonna Mary.

Et ainsi, aussi discrètement que possible, elle fit de son mieux pour supporter sa journée de cours. Elle n'en avait jamais connu de pire. Il fallait bien reconnaître que Melo était un être incapable de se taire plus de dix minutes d'affiliées. Et le pire c'était peut-être que les questions de Melo étaient inappropriées et énervantes mais ses commentaires encore plus. Entre les "mais que font ils avec leurs langues?" et les "ce comportement est inapproprié", Mary devenait folle. Quand il posait des questions en classe comme "pourquoi les autres discutent ?" et "mais pourquoi écrire, il faut mémoriser", Mary développait littéralement une migraine. Le pire moment de la journée fut lorsqu'il trouva nécessaire de demander pourquoi un garçon en train de peloter sa copine avait un léger renflement au niveau des membres inférieurs. Mary voulait clairement redevenir normale, et surtout ne plus avoir de grigori. Elle comptait clairement demander à cette Lelahel comment on pouvait l'éteindre. Ce fut avec un énorme soulagement qu'elle accueillit la sonnerie de fin des cours et qu'elle sortit assez rapidement du lycée pour aller se réfugier dans un endroit calme.

- Enfin fini, marmonna Mary.

- J'ai beaucoup appris, avoua Melo.

- Et beaucoup parlé, grommela Mary.

- Hey! l'interpella une voix.

Mary se figea en fermant les yeux et inspirant profondément. Elle l'avait évité au maximum, inquiète de devoir gérer Melo et son comportement à lui.

- Cameron, fit Mary en se retournant.

- T'as eu des ennuis? demanda ce dernier.

- Hein? Non pourquoi ? demanda Mary.

- Tu m'as littéralement évité, précisa Cameron.

- Oui, j'ai évité beaucoup de monde, j'ai... Des choses en tête, tenta Mary.

- Je pensais que tes parents avaient...

- Non ne t'inquiètes pas, précisa Mary.

- Tu veux que je te ramène ? demanda Cameron.

- T'as pas entraînement ? s'étonna Mary.

- Quand on est doué, on n'en a pas besoin, précisa Cameron en riant.

- Ce jeune homme a raison, j'ai souvent dit cela à d'autres grigoris, avoua Melo.

Mary soupira, ça commençait déjà à la gonfler de suivre deux conversations dont une était étrange.

- Si tu le dis, précisa Mary.

- Je prends la tangente ? demanda Cameron amusé.

- Non, j'ai quelqu'un à voir, précisa Mary.

- Ho le veinard, précisa Cameron avec un clin d'œil.

Mary le regarda prête à exploser quand Melo prit la parole.

- Est-ce donc un compagnon ? demanda Melo.

- Hein? fit Mary à l'être angélique.

- Ben ouais le type avec qui t'as un rencard, fit Cameron pensant qu'elle s'adressait à lui.

- C'est pas ça, fit Mary pour les deux en fait.

- Ha bon? Et c'est quoi? demanda Cameron. Parce...

- Ne fera-t-il pas comme ces garçons ? Ces choses bizarres avec sa langue ? insista Melo.

Mary avait déjà perdu le fil de sa conversation avec Cameron mais regardait Melo totalement sous le choc du propos.

- Croyez-vous qu'il subira le même genre d'excroissances si il touche vos appendices mammaires ? demanda Melo en voltigeant sans cesse devant le visage de Cameron.

- Tu vas arrêter de parler oui? s'énerva Mary.

Mary avait crié et tout était devenu silencieux autour d'elle. Elle releva la tête et aperçu la mine surprise de Cameron.

- Je m'inquiète juste pour toi, visiblement je dérange, assura Cameron froidement.

- Attends tu...

- Au cas où t'as mon numéro, fit Cameron vexé en passant à côté d'elle. Méfie toi quand même, on ne sait jamais ce qu'il se cache au plus profond des gens. Désolé j'ai entraînement...

Mary le regarda s'éloigner et se sentit honteuse. Elle avait dû le blesser mais elle ignorait totalement ce qu'il avaient dit. Elle tourna la tête vers Melo.

- Qu'est-ce que tu ne comprends pas quand je te dis s'arrêter de me distraire ? demanda Mary.

- Le principe de distraction peut laisser à interprétation, je m'intéresse à vous et aussi à votre monde après tout, se justifia Melo.

- Et tu me mets dans une situation gênante vis à vis de mes amis, marmonna Mary en regardant Cameron s'éloigner.

Elle se demandait quand même si ses propos était réellement de l'inquiétude. Après tout, avec sa réaction, cela aurait pu ressembler à de la jalousie. Elle s'en voulait quand même un petit peu, convaincue que ce dernier pensera que c'était contre lui qu'elle s'était énervée. Elle espérait déjà qu'il ne lui en veuille pas trop. Elle préféra donc foncer déjà vers son lieu de rendez-vous même si elle aurait de l'avance. Elle ne mit que vingt minutes pour y arriver et s'installa immédiatement à une table en commandant des cafés pour patienter. Elle en avait commandé pas mal, ayant fini ses cours à seize heures trente et n'ayant pas mis une éternité pour rejoindre son lieu de rendez-vous, le tout l'obligeant à aller souvent aux toilettes. Elle s'était arrangée pour conserver Melo assis sur la table devant elle, ayant choisi une table bien au fond de la salle. Selon elle, Lelahel, l'ange qu'elle devait rencontrer, devrait pouvoir remarquer ce petit être et donc être convaincu que c'était elle qu'elle devait rencontrer. Elle passait son temps à observer toutes les personnes entrant dans le petit salon de thé. En fait, au vu de la voix typiquement féminine, elle chercha une femme. Plusieurs entraient mais aucune ne se posait en face d'elle.

- J'espère qu'elle ne nous a pas oubliés, précisa Mary.

- Il y a peu de chance, les anges ont une bonne mémoire en général, logique quand on vit aussi longtemps, précisa Melo.

Mary soupira et but dans sa tasse quand tout à coup une forme apparut devant elle, ayant littéralement traversé la salle pour rejoindre sa table. Elle vit alors une femme portant un gros suite à capuche cachant son visage et des grandes lunettes de soleil masquant ses yeux.

- Mary Simms? demanda la femme rapidement.

- Oui..., fit Mary légèrement étonnée.

Son étonnement provenait de l'apparence de la femme qui malgré ses atours visant à se dissimuler lui était bien familière, comme la voix d'ailleurs.

- Je me nomme Lelahel, Séraphin de l'amour, l'art et la culture, précisa la femme.

- En... Enchantée, marmonna Mary. J'ai l'impression de vous connaître.

- Ha bon? fit donc la Séraphine en enlevant ses lunettes.

Et là, Mary réalisa enfin pourquoi cette femme lui était familiaire. Elle connaissait déjà son visage pour l'avoir rencontrée récemment

- Nina Carmichael ? demanda Mary choquée.

- Vous connaissez mon hôte ? demanda Lelahel tout aussi surpris avant de se figer.

Mary la regarda faire, toujours effarée, et réalisa qu'elle avait comme une absence.

- Mary? fit soudainement la femme en face d'elle.

- Euh... Oui, fit cette dernière un peu perdue.

- Tu... Tu es... Laisse tomber, viens je vais payer tes consommations.

Mary la suivit donc, laissant voler Melo près d'elle tandis que Nina Carmichael payait. Elle était un peu perdue de toute cette situation extraordinairement perturbante. Elle n'arrivait pas à y croire. Elle se retrouva rapidement, traînée par Nina il faut bien dire, dans une allée derrière le salon de thé.

- Vois êtes aussi un ange? demanda Mary.

- Oui, lui répondit Nina. J'ai conclu le pacte comme toi visiblement mais toi il a dû y avoir un soucis. Il nous faudrait un endroit calme...

- Ho euh... Réfléchissons..., marmonna Mary.

- Ho excuse moi, je m'adressais à Lelahel, fit Nina.

- Vous conversez? demanda Mary choquée.

- C'est le pacte que j'ai conclu avec Nina, précisa Lelahel qui avait pris sa place. Elle conserve du libre arbitre et je dispose de son corps au besoin. Certains d'entre nous ne le font pas et prennent totalement possession de leur hôte... Je suppose que tu ne sais pas user de tes ailes?

- Mes ailes? s'étonna Mary. Mais j'en ai?

Et là, quelque chose de majestueux apparût. De l'arrière du dos de Nina jaillirent quatre ailes blanches et lumineuses, duveteuse à souhait et d'une envergure incroyable. Leur seul vision indiquait à Mary la réalité des anges. C'était d'une beauté extrême et elle se dit que les humains n'était pas en état de mériter de telles visions.

- Vous avez quatre ailes? demanda Mary.

- Oui, je sais que nous figurons majoritairement avec deux dans vos représentations mais seuls les chérubins en possèdent deux. Tous les séraphins en possèdent quatre et les archanges, au sommet de notre hiérarchie sont en possession des trois paires, développa Lelahel. Elle ne sont que spirituelles, si tu veux la preuve.

Une des grandes ailes s'approcha d'une Mary toujours épatée et elle sentit immédiatement leur chaleur. Elle leva la main pour la toucher et effectivement, elle n'était pas aussi matérielle qu'elle l'aurait cru. Pourtant, elle pouvait les toucher.

- Si elles sont spirituelles...

- Elles ont une forte densité, fit Lelahel avant de bouger une aile contre un mur.

Celui-ci semblait très légèrement frotté malgré l'ampleur du mouvement.

- Donc elle peuvent toucher mais sont invisibles et ce n'est pas très efficace ? demanda Mary.

- Tout à fait, mais discutons ailleurs... Viens, fit Lelahel en tendant la main. Fais lui confiance, fit soudainement les sonorités bien plus douces de celle de Nina.

Elle prit alors sa main et l'ange l'amena près d'elle. Elle se sentit enveloppée des ailes et vit Melo venir se loger dans ses bras qu'elle serra par prudence.

- Nous allons voler ? demanda Mary intriguée.

- Oui, mais n'ayez pas peur, nous n'allons pas loin, mais fermez les yeux, en général c'est effrayant pour les hôtes, avoua Lelahel avec un sourire qui se voulait rassurant.

- Ho Seigneur..., marmonna Mary en fermant les yeux. Protégez moi durant ce trajet.

Elle sentit les ailes, deux d'entre elles en tout cas, l'envelopper comme pour la rassurer. Et puis tout à couper, ses pieds ne touchaient plus le sol. Elle volait et sentait l'ait la fouetter lourdement durant sept secondes, Mary comptant avec soin chaque seconde qui la séparait du sol. Sept secondes plus tard donc, les pieds de Mary touchèrent le sol et elle fut transie de froid.

- Ça va? demanda Lelahel.

- Oui, fit Mary en ouvrant les yeux et découvrant sa présence sur un tout avec piscine.

- Navrée, le trajet a été plus long, j'ai préféré user de deux de mes ailes pour l'envelopper et te rassurer, précisa Lelahel.

- Je vous remercie de cette attention, précisa Mary.

Elle entendit alors le bruit caractéristique des très grandes villes et elle s'approcha du bord. C'était incroyable pour elle, elle avait volé et visiblement rejoint Austin ou Houston en quelques secondes à peine. Arrivée au bord, elle remarqua tous les gratte-ciels et les hautes tours majestueuses de la grande ville. Au loin elle voyait même un bateau et se figea de surprise. Elle fit le tour du balcon avant de se figer en trouvant un monument historique qui symbolisait bien sa destination.

- Il y a problème ? demanda Lelahel qui avait visiblement préparé du café durant la contemplation de Mary.

- Non... Enfin ke sais pas, avoua Mary. C'est la Statue de la Liberté !!! On est à New York !

- C'est le penthouse de Mademoiselle Carmichael, précisa donc Lelahel.

- Mais on a mis sept secondes, précisa Mary sous le choc.

- Je sais, soupira Lelahel. J'ai précisé avoir préféré te protéger.

- C'était plutôt admiratif, précisa Maty en voyant voler Melo. Vous n'en avez pas?

- Un grigori reste avec un nouvel incarné durant un an pour le guider. Certains d'entre nous ne sont pas incarnés en plusieurs siècles donc ils ont besoin de mises à jour comme dirait un humain, expliqua calmement Lelahel.

- Il a pas l'air très au fait, précisa Mary.

- Je n'ai que des connaissances purement livresques, je n'ai jamais quitté le Paradis, avoua Melo en volant. Puis-je aller voir ce qu'il se passe dans ces tours?

- Vas-y donc Grigori, précisa Lelahel.

- Il s'appelle Melo, fit Mary légèrement étonnée.

- Peu importe, avoua Lelahel. Je vais laisser Nina te parler un peu avant de prendre des dispositions.

Mary vit la stature de la personne en face d'elle comme changer, il n'y avait bien une différence mais elle était assez minime.

- Viens te réchauffer, fit Nina en montrant le café. Et bienvenue chez moi.

- Je suis un peu perplexe... J'ignorais que les anges aimaient la mode, avoua Mary. Et vous êtes mannequin.

- Ils s'adaptent en général à la personnalité de l'hôte, encore plus quand comme moi... Et sans doute toi d'ailleurs, quand le pacte semble plus ouvert et où l'hôte n'est pas envoyé immédiatement au Paradis, expliqua Nina. Et tu peux me tutoyer, on est dans le même bateau.

Mary sourit avant de se figer avec un sentiment d'effroi. Avec tout ça, elle n'avait pas immédiatement réalisé un détail et pourtant ce détail était d'une énorme importance.

- Mais si vous êtes... Enfin si tu es..., se reprit Mary en faisant sourire son interlocutrice. Si tu es une hôte... Tu es... Morte?

- Oui, fit Nina en haussant les épaules. Il y a deux ans et demi, précisa Nina

- C'est assez logique, fit soudainement Melo qui était revenu discrètement. Seul quelqu'un étant mort peut passer le pacte.

- C'est bien ce que je viens de réaliser ! s'énerva Mary.

- C'était un fan légèrement instable, fit Nina en oubliant la présence de Melo qui demandait ce qu'était un fan. Il est entré chez moi, convaincu que nous étions ensemble et comme je l'ai repoussé, il m'a poignardé de douze coups de couteau, dans cette piscine.

Mary grimaça et ne savait pas trop quoi dire. Devait-elle présenter ses condoléances ? Ne serait-ce pas idiot? Et dire qu'elle était désolée n'était guère mieux...

- Mais tu es restée aussi longtemps dans une piscine ? demanda Mary.

- Ha oui, c'est vrai que j'ai lu que tu es restée longtemps dans le coma... En fait je me suis réveillée vingt minutes à peine après être morte, avoua Nina.

- Mais... Vingt minutes ? Comment ça se fait que moi cela ait prit autant de temps? demanda Mary.

- Je n'en sais absolument rien, avoua Nina. Est-ce que ton grigori t'a expliqué des choses?

- Euh... Vite fait, précisa Mary.

- C'est normal, ils ont dû mal à considérer les humains, c'est comme ça, ils doivent servir les anges, précisa Nina.

- J'avais plus ou moins cerné ce détail, précisa Mary en regardant Melo méchamment.

- C'est mon devoir mais si il reste enfoui, je servirai son hôte, précisa Melo. Tu es assez gentille.

Nina eut un petit sourire en coin et Mary comprit que les grigoris devaient tous être un peu étrange, voir beaucoup.

- Et je dois savoir quoi? demanda Mary.

- Pendant que Lelahel essaye d'arranger les choses, précisa Nina. Je dois te signaler quelques changements dans ton corps.

- Des changements? demanda Mary surprise.

- Oui, la nature angélique de ton corps va peu à peu se manifester, précisa Nina.

- Les ailes? demanda Mary complètement ébahie par ce phénomène plusieures minutes plus tard.

- Non, enfin si mais ce n'est pas de ça dont je parlais et visiblement si l'ange reste enfoui, tu n'y auras pas accès, précisa Nina.

- Bon..., marmonna Mary déçue.

- Navrée, fit Nina en lui touchant la main. En fait tous tes sens vont peu à peu être plus précis. Tu verras des détail que tu n'avais jamais remarqués, tu sentiras des odeurs plus précisément, tout ce que tu mangeras aura meilleur goût...

- J'ai déjà remarqué ce genre de détails, précisa Mary.

- Déjà ? s'étonna Nina.

- Oui, à l'hôpital... En plus je vois déjà la fumée sur les gens... Melo a parlé de damnation, avoua Mary.

- Ho d'accord... Tu sais donc que ton but est d'empêcher au maximum les gens d'y céder, ne pas se suicider, ne pas commettre de crime violent..., expliqua Nina.

- Oui... Mais comment je vais savoir quoi faire et qui aider? demanda Mary.

- C'est son travail, fit Nina en montrant Melo. Il te guidera, c'est un peu une boîte mail reliée au Paradis.

- Ha ben il est utile donc, précisa Mary.

- Évidemment, je suis un grigori qui a fait ses preuves... Enfin par sur le terrain humain mais quand même. Je pourrais même vous conseiller sur les Déchus, lança Melo.

Mary le regarda attentivement et fixa Nina ensuite.

- De quoi il parle là ? demanda Mary.

- Je t'explique rapidement, quelqu'un le fera plus tard, expliqua Nina. Tu dois savoir que Lucifer enfin Samael, a été expulsé du paradis avec d'autres anges?

- Évidemment, il a péché vis à vis des humains selon la bible et défié Dieu avant d'être envoyé en enfer, précisa Mary.

- Et bien, d'autres anges ont suivis, par idéaux parfois, par envie de voir autre chose... Et ils sont également ici, précisa Nina.

- Mais... Ils doivent être dangereux ? demanda Mary.

- Naturellement, mais nous le sommes aussi, fit Nina avec un clin d'œil. Eux sont là pour pousser les humains à céder à la tentation et la damnation. Nous sommes un peu l'enjeu de leur guerre ancestrale... C'est un pacte qu'ont conclu Dieu et Samael, afin de ne pas détruire la Terre. En bref, nous les humains devont prouver que Dieu a bien fait d'accord sa confiance.

- Super... On est la récompense, marmonna Mary. Quand on voit la seconde guerre mondiale... On a perdu des points.

- Euh..., hésita Nina.

- Quoi? s'étonna Mary.

- Ils n'interfèrent pas à cette échelle en fait, tout cela était le fait d'humains et uniquement d'humains..., avoua Nina.

- Génial... Vive l'image que doit avoir Dieu de nous, grommela Mary. Et eux? Ils font un pacte? Des humains acceptent ? Et ils ressemblent à quoi?

- Doucement... Eux ne concluent pas de pactes, en théorie car il existe toujours l'éventualité d'un Déchu légèrement différent mais bon... En général, ils prennent le corps d'une âme damnée, avoua Nina. Et la seule différence avec les anges, c'est que leurs ailes sont noires comme les ténèbres.

- Ça fait peur..., marmonna Mary.

- Et on revient au sujet de base, précisa Nina en souriant. Ton corps va devenir une arme, tu deviendras plus forte physiquement lors ce sens sera sollicité mais tu deviendras plus sensibles.

- Sensible ? demanda Mary.

- Oui, au toucher surtout, c'est spécial mais ce n'est qu'un coup à prendre. Quand mon petit frère me chatouille très légèrement, je pars dans un énorme fou rire par exemple.

- Ho ben ça va, précisa Mary.

- Et eux... Tu seras plus sensibles au toucher plus tendre... Si tu vois ce que je veux dire, précisa Nina.

- J'ai pas de petit ami... Si c'est bien le sens du propos..., fit Mary toute rouge.

- Mais tu arriveras à te contrôler... Cependant il faudra faire quand même attention car nous nous battons également physiquement contre les Déchus, en un contre un en général, avoua Nina.

- Mais comment on les reconnaît ? demanda Mary.

- Et bien... Tu ne peux pas et eux non plus en fait... Il faut donc que ton grigori se fasse discret, car si il le reste, un déchu n'y verra que du feu, précisa Nina.

- Parce qu'eux les voient? demanda Mary inquiète.

- Comme tu verras les leurs, précisa Nina. Eux aussi ont des guides, basés sur le même concept.

- Donc faut que j'apprenne à être méfiante, avoua Mary.

- Oui... Déjà ? demanda Nina.

Mary la regarda surprise et se rendit compte qu'elle parlait avec Lelahel.

- Tu parles à voix haute avec elle? demanda Mary. C'est pas gênant ?

- En général je le fais dans ma tête, précisa Nina. C'est perturbant au départ mais tu prends vite le coup de main. Lelahel pensait qu'en tant que personne publique, je méritais de continuer de vivre cette vie en prêchant les preceptes divins. Certains le font quand ils entrent dans un corps jeune, lui laissant faire un peu sa vie et ne prenant place que quand il le faut.

- Ho... Désolée, je te laisse continuer ta conversation avec Lelahel, fit Mary poliment.

- Elle est finie, avoua Nina en riant.

- Quoi? s'étonna Mary.

- Nous discutions pendant que Nina continuait de te parler, avoua Lelahel qui avait pris la place visiblement.

- Ho... C'est perturbant, précisa Mary.

- Navrée Mademoiselle Simms, précisa Lelahel.

- Vous pouvez m'appeler Mary, fit celle-ci poliment.

- Nina m'appelle affectueusement Lel, précisa cette dernière. On va y aller mais tu as peut-être une question ?

- Oui, fit Mary contente de la poser. Vous parlez au féminin et Nina insiste sur le fait que vous êtes une femme... Les anges sont donc sexués ?

- Techniquement nous ne l'étions point mais le Seigneur nous a permis de prendre l'apparence que nous désirions, pour entrer en contact avec les humains. Donc la plupart des hôtes ont un ange du même genre, précisa Lelahel.

- D'accord... Et vous avez de la famille ? demanda Mary.

- Nous sommes tous frères et sœurs, précisa Lelahel. Mais si ce lien n'a aucun rapport avec celui des humains, bien que certains soient plus proches d'autres...

- Vous n'avez pas de mari alors? Ni d'enfants ? demanda Mary.

- Nous naissons grâce à l'essence divine et l'amour charnel nous est interdit, il amène obligatoirement au péché, précisa Lelahel.

- Ho..., fit Mary étonnée. C'est surprenant...

- En quoi ? demanda Lelahel étrangement surprise.

- Dieu prône l'amour, la Bible nous l'indique mais il vous est interdit... Ce n'est pas paradoxal ? demanda Mary.

- Nous ressentons l'amour, mais nous ne pouvons le vivre. Certains de nos frères et sœurs ont voulu découvrir ce sentiment et ses déviances charnelles, ils ont suivi Samael, avoua Lelahel.

- C'est très complexe... Mais au fait... Où devons nous aller? Une autre ville? Je vais encore voler? demanda Mary légèrement inquiète.

- Non, tu n'auras plus à voler et nous allons au Paradis, fit Lelahel en se levant.

- Le Paradis? Sérieusement ? demanda Mary en se levant.

- Évidemment, précisa Lelahel avec un sourire. Donne moi tes mains et ferme tes yeux.

Mary s'exécuta à nouveau, sentant le petit poids de Melo sur son épaule. Il venait donc avec elles. Mary sentit immédiatement de la chaleur dans ses mains et patienta. Quelques ondes à peine plus tard, Lelahel lâcha ses mains.

- Il y a un soucis ? demanda Mary en ouvrant les yeux avant de se figer.

Elle n'était plus sur la terrasse du penthouse. Elle était plutôt sur une sorte de grosse rampe suspendue dans le vide et rattachée à un bâtiment qui brillait. Elle regarda autour d'elle et des collines verdoyantes entouraient bon nombres de bâtiments identiques. Elle s'approcha du bord de la rampe et regarda en bas, découvrant à environ une centaine de mètres plus bas, l'équivalent d'un sol dans la même matière que la rampe et la tour.

- Bienvenue au Paradis... Fais attention malgré la régénération, fit Lelahel.

- Régénération ? demanda Mary surprise.

- Oui, dûe à ta nature... Ho Nina a oublié de te le préciser..., fit Lelahel. Oui, désormais rien de la Terre ne pourra te tuer. Tu pourras même être percutée par un train et survivre... La régénération prendrait énormément de temps mais c'est possible.

- Waouh... C'est dingue..., marmonna Mary en regardant ses mains avant de regarder vers le sol à nouveau.

- Je sais que cette notion est compliquée surtout en sachant que ton ange ne se manifeste pas, précisa Lelahel.

- Ça m'est tellement impensable... Mais pourquoi il n'y a pas de nuages? demanda Mary.

- Des nuages ? fit Lelahel surprise. Ho... Ce n'est qu'une représentation artistique des humains... Cela s'apparente plus à ce que vous appelez une dimension parallèle ou un plan... Multivers ? tenta Lelahel.

- C'est un peu pareil, avoua Mary.

- Tant mieux... Même avec l'accès à l'esprit de Nina, j'ai quelques difficultés à comprendre ces notions, avoua Lelahel.

- Aucun soucis, avoua Mary.

- C'est dans ce bâtiment que nous nous rendons, précisa Lelahel en montrant le plus proche.

- Il contient quoi? demanda rapidement Mary.

- Il s'agit du Bureau Paradisiaque de Gestion des Effectifs, avoua Lelahel. L'administration de nos troupes sur Terre.

- Des bureaux ? demanda Mary choquée. Au Paradis ?

- On a fini par adopter beaucoup de choses du monde des humains, c'est beaucoup plus organisé depuis quelques siècles..., fit Lelahel.

- Vous savez que c'est un calvaire l'administration sur Terre? demanda Mary surprise.

- Je te rassure... Ce n'est guère mieux.

- Quel bonheur de retrouver ce monde! piailla Melo en volant partout.

- Tu l'as quitté récemment, marmonna Mary.

- En fait, le temps s'écoule plus rapidement ici, avoua Lelahel. Il peut se passer une journée sur Terre et un mois ici, parfois plus, parfois moins, selon l'influence et l'activité du Seigneur.

- Mais comment vous gérez cela? s'étonna Mary horrifiée.

- On s'adapte, fit juste Lelahel.

- Ce bâtiment c'est la bibliothèque, lui fit alors Melo. Là-bas le centre de formation des nouveaux anges. Là-bas la zone de détente destinée aux humains en attente...

- En attente? demanda Mary.

- Oui du jugement divin, c'est en quelque sorte le purgatoire... Mais nous en avons fait une ville étant donné que le jugement peut être plus ou moins long selon les humains... Mais on ne va pas t'embrouiller, précisa Lelahel en lui indiquant de la suivre.

- D'accord..., fit Mary en la suivant. Donc on est réellement jugé ?

- Évidemment, précisa Lelahel. Cependant ton grigori ne peut entrer dans ce bâtiment.

- Pourquoi ? demanda Mary.

- Ce bâtiment est réservé aux effectifs combattants, précisa Melo. L'accès des grigoris est plus bas. Dois-je patienter à l'entrée ou vaquer à d'autres occupations ?

- Fais ce que tu veux, tu peux aller voir tes anciens collègues, fit Mary en haussant les épaules.

- Ils seront fier de savoir que je sers sur Terre, et sans doute un peu envieux, fit Melo en s'éloignant.

Mary le regarda voler dans une direction et fixa Lelahel.

- Il ne risque rien? demanda Mary.

- Au Paradis ? s'amusa Lelahel.

- Oui, pardon..., marmonna Mary.

- Je trouve cela intéressant que tu t'inquiètes déjà, avoua Lelahel. Et même que tu prends cela assez bien.

- Je sais pas pourquoi mais bizarrement cela me semble logique, avoua Mary.

- C'est donc qu'inconsciemment tu te souviens de ton pacte..., expliqua Lelahel. Tout cela t'as déjà été expliqué, c'est une sorte de clause obligatoire si tu veux... Bon allons-y.

- D'accord..., fit Mary extrêmement stressée.

Ce fut donc aux côtés de Lelahel que Mary progressa doucement vers le bâtiment et franchit une double porte au bout de ce promontoire et de cette passerelle sur laquelle elles étaient arrivées. Mary pénétra alors dans un immense couloir blanc et aussi propre qu'un couloir d'hôpital, voir peut-être plus. Ce couloir était ouvert sur son côté droit et elle s'approcha d'une sorte d'ouverture pour observer. Plus bas que la passerelle, il y avait une multitude de gens de tous âges et de toutes origines, arpentant des allées et s'asseyant à des bureaux.

- Ce sont tous des anges? demanda Mary étonnée.

- Majoritairement je dirai, les humains ayant déjà accédé au Paradis nous aident également, ils habitent le paradis avec leurs familles, précisa Lelahel en progressant.

- Donc humains et anges cohabitent? demanda Mary.

- Oui, je suppose qu'il est inutile de préciser que cela se fait de manière pacifique, avoua Lelahel en riant.

- Plutôt inutile vu l'endroit, fit Mary avant de remarquer que quelqu'un arrivait dans l'autre sens.

Cette personne, un homme aux très longs cheveux noirs de jais, marchait rapidement vers elles et semblait extrêmement remontés. Vu sa tenue, pantalon noir et blouson en cuir, il devait être un ange en service actif. C'était une chose qu'elle pouvait déjà voir, les anges comme Lelahel avaient des vêtements classiques et bigarrés alors que le personnel en contrebas semblait avoir des vêtements parfaitement blancs. Cette personne avançait encore ruminant sa colère.

- Tiens bonjour Amaliel, fit poliment Lelahel.

- Ouais ouais... Tu parles d'un bon jour, je dois intercepter un déchu au beau milieu du désert saoudien, grommela l'homme.

- Heureusement il n'y aura pas de témoin, marmonna Lelahel.

- T'insinues que je ne suis pas capable d'être discret ? demanda le dénommé Amaliel.

- Je me rappelle de l'époque où tu transportais constamment une hache qu'aucun humain ne pourrait transporter, avoua Lelahel.

- Ouais ben les gens doivent être contents que je ne l'ai plus, marmonna Amaliel en continuant de progresser rapidement sans s'arrêter.

Mary regarda attentivement vers cet ange qui était déjà parti en ouvrant brutalement la double porte. Elle était extrêmement heureuse de ne pas être dans le camp des Déchus.

- Qui était-ce ? demanda Mary intriguée.

- Amaliel, l'ange du châtiment, avoua Lelahel. Pour tout le monde.

- Cela veut dire...

- Qu'il peut tomber sur le dos de tout le monde, avoua Lelahel mal à l'aise. Il vaudrait mieux éviter de le contrarier.

- Je vais éviter, précisa Mary.

Mary et Lelahel arrivèrent devant un comptoir et Mary entendit cette dernière chantonner comme l'avait fait Melo pour la contacter. Cela devait être pour rester discrète. Et comme ce qui pourrait être comparé à un réceptionniste avait fait de même, cela devait être procédural. Lelahel lui indiqua alors des marches.

- Allons-y, fit Lelahel.

- Je cause des ennuis? demanda Mary intriguée.

- Non, c'est que nous allons rencontrer quelqu'un de haut placé, il a fallu prouver mon identité, précisa Lelahel.

- D'accord, marmonna Mary en montant les marches.

Le couloir de l'étage supérieur était aussi blanc que celui du niveau inférieur. Elle croisa alors des gens dans ces tenues blanches et visiblement ils faisaient le travail d'un personnel de bureau.

- Tiens installe toi sur ce banc, lui signifia Lelahel avant d'aller frapper à une porte.

Mary obéit et vit Lelahel s'impatienter. Visiblement la personne qu'elles étaient censées rencontrer était absente.

- Bon... Je vais aller voir où il est... Je peux te laisser là quelques minutes ? demanda Lelahel.

- Aucun soucis, je ne bougerai pas, je n'ai pas envie de me perdre dans les couloirs vu qu'ils ont tous la même tête, avoua Mary.

- Promis je me dépêche..., fit Lelahel en partant.

Mary patienta donc tranquillement sur son siège comme une élève attendant tranquillement de passer dans le bureau du principal. Elle bougea les jambes d'avant en arrière saluant poliment les gens qui passaient près d'elle. Ils étaient tous visiblement débordés et elle se sentait totalement inutile. Au bout d'une dizaine de minutes, elle remarqua au bout du couloir un tout petit garçon, de cinq ans ou six tout au plus. Il semblait pensif et perdu. Il devait être un des humains vivant au Paradis, si le mot vivant était valable. Il observait dehors, par une sorte de fenêtre qui donnait sur d'autres grandes tours. Mary se leva et s'approcha de l'enfant.

- Tu es perdu? demanda Mary.

- Pardon? s'étonna le petit extrêmement poliment en la fixant.

- Tu cherches ta maman? demanda encore Mary. Elle travaille ici.

- Qui es-tu ? demanda le petit garçon.

- Je m'appelle Mary, fit celle-ci en souriant. Tu veux que je t'emmène à l'étage du bas voir le réceptionniste pour trouver ta maman?

- C'est une blague ? demanda soudainement le petit garçon sur un ton plutôt vexé.

- Non, ça ne me gène pas, j'attends quelqu'un qui devait me recevoir mais il n'était pas là, j'ai un peu de temps, avoua Mary.

- C'est une blague d'Uriel? Il n'a vraiment que ça à faire cet idiot? demanda le petit garçon.

- Je ne connais pas ce Ur... Attends tu parles de l'archange Uriel? demanda Mary complètement choquée.

- T'en connais d'autres ? s'énerva le garçonnet. Il m'énerve celui-là à m'envoyer ses assistantes jouer les nourrices... Tu parles d'un juge!!!

Mary regarda vers ce petit garçon et était choquée d'un tel emportement. Le problème était qu'elle ne cernait vraiment pas les raisons de ce comportement choquant. Elle entendit derrière elle des pas précipités, la mère de l'enfant sans doute et elle se retourna. Elle découvrit Nina ou plutôt Lelahel qui approchait rapidement avant de soudainement s'agenouiller.

- Seigneur Raphael, mes hommages, fit Lelahel.

- Séraphin Lelahel, peux-tu me dire qui est cet énergumène, fit soudain le petit garçonnet.

Mary se figea et se retourna vers ce qu'elle venait d'apprendre être l'archange Raphael, le guide des âmes perdues selon la Bible. Ce petit garçon était un archange.

- Voici Mary Simms, fit Lelahel. Le cas particulier.

- Ha... Ce n'était pas une blague stupide d'Uriel? demanda encore le garçon.

- Non Monsieur, fit Lelahel.

Mary regarda alors le petit garçon et imita avec empressement Lelahel en s'agenouillant.

- Excusez moi de mon erreur, fit poliment Mary.

- Relevez vous Mademoiselle, et pardonnez mon énervement, fit poliment l'archange Raphael. Allons dans mon bureau.

Mary regarda ce garçon de cinq ans avancer d'un air impérieux vers la porte du bureau.

- Ho mon Dieu, j'ai gaffé, fit Mary.

- Tu ne pouvais pas savoir, fit Lelahel.

- Mais... L'archange Uriel fait vraiment des blagues ? demanda Mary.

- Disons que quand tu es celui qui décide qui va au Paradis et qui va en Géhenne, l'enfer, tu as besoin de loisirs. Le seigneur Uriel est le juge et le bourreau du Paradis, son bureau est une sorte de passage entre les deux, fit Lelahel.

- Et c'est un imbécile, grommela Raphael en avançant dans son bureau.

Mary s'étonna de la situation mais après tout, après sans doute des millénaires d'existence, les anges devaient avoir développé de sacrée personnalité.

- Installez-vous, fit le garçon en indiquant des chaises.

Mary était plutôt perdue en s'asseyant. Il était tellement étrange d'imaginer un enfant de cet âge être un archange qu'elle restait dubitative. Elle regarda le petit garçon approcher d'un immense casier à dossier et soudain, six ailes apparurent dans le dos de l'enfant le faisant flotter dans l'air. Mary siffla de surprise, les quatre ailes comme Lelahel donnaient déjà un air majestueuse mais les six des archanges brillaient littéralement.

- Mary Simms, fit ce dernier en fouillant dans un gros casier à trois mètres du sol.

Mary regarda vers Lelahel et celle-ci hocha juste la tête pour lui dire que ce n'était rien.

- Par toutes les plumes du Paradis! s'énerva Raphael.

- Qui a-t-il Seigneur Raphael? demanda Lelahel.

- Il n'y a aucun dossier à ce nom, marmonna ce dernier.

- Et cela veut dire? demanda Mary inquiète.

- Que l'ange qui sommeille en vous est incapable de remplir ses dossiers en temps et en heure, grommela Raphael en revenant près du bureau.

- Je... Je m'excuse, marmonna Mary. Mais cela signifie quoi?

- Cela signifie que cet ange devait être un nouvel ange, précisa Lelahel. Une âme humaine fraîchement promue.

- Ça existe ? demanda Mary surprise.

- Et oui, avoua Raphael. La promotion d'une âme humaine particulièrement bonne peut avoir lieu. Celle d'un hôte souvent.

- Ho... Je vais avoir des ennuis ? demanda Mary.

- Cette situation est pour le moins inédite..., grommela Raphael. Un ange ne reste jamais en sommeil même si nous les archanges mettons beaucoup de temps à émerger dans un humain.

- Je suis l'hôte d'un archange ? demanda Mary choquée.

- Aucune chance, les archanges sont déjà tous incarnés... Sauf Uriel vu qu'il est en poste..., grommela Raphael qui avait décidément une dent contre Uriel.

- Mais je fais faire quoi? demanda Mary paniquée. J'ai une vie moi et je me vois pas faire la guerre à un déchu en étant incapable de faire apparaître des ailes.

- Et l'élément angélique ? Vous êtes capable de l'activer ? demanda Raphael.

- Le quoi? s'étonna Mary.

- L'élément angélique, répéta Lelahel. C'est l'arme des anges, la seule émanation du Paradis que nous sommes capables d'invoquer sur Terre. Chaque ange est apparenté à un élément, une création de Dieu, même les Déchus ont conservé cela.

- Et ça marche comment ? demanda Mary.

- Purement instinctif, fit Raphael.

- Puis-je lui montrer? demanda Lelahel avant un accord obtenu d'un mouvement de tête.

Lelahel leva doucement la main et Mary sentit un courant d'air froid.

- Brrr, fit-elle frigorifiée.

- Mon élément est la glace, précisa Lelahel.

- Donc j'en ai un? Et c'est sûr vu que j'ai pas d'ailes? demanda Mary.

- Il se peut qu'elles apparaissent plus tard, elles sont en général plus profondément ancrée dans l'hôte, les anges ont plus de mal à les faire apparaitre après leur incarnation, expliqua Raphael. Mais essayez.

- Ok mais je fais comment ? demanda Mary.

- Laissez votre nature apparaître, c'est comme ne faire qu'un avec son environnement. Ici cela devrait être plus facile, expliqua Raphael.

Mary leva donc la main en la fixant attentivement. Elle serra les dents en regardant sa main espérant clairement faire quelque chose. Elle ne ressentait rien à part un léger picotement dans les doigts. Lelahel, qui l'observait attentivement, toucha le bout des doigts de Mary et soudain il y eut une décharge électrique.

- Ouch, marmonna Lelahel. Électricité.

- Bien on progresse, marmonna Raphael.

- Ça n'aide pas? demanda Mary en regardant ses mains. C'est dangereux ?

- Tu auras encore du mal à le faire sur Terre mais tu pourras t'entrainer, et l'électricité est un élément courant... Plus rare chez les chérubins mais il y en a, avoua Lelahel.

- On évitera cependant de te confier des tâches trop ardues, à peine empêcher la damnation du moins le temps que ton ange se réveille, précisa Raphael.

- Je vais devoir protéger des âmes ? demanda Mary. Et je fais ça comment moi?

- Je t'aiderai, précisera Lelahel.

- Et vous ne pouvez pas découvrir qui est mon ange? demanda Mary. Parce que là je suis un peu dans la merde, si vous me passez l'expression.

- Aucun soucis, fit Raphael. Je pensais que vous seriez dans les dossiers, c'était la raison de cette entrevue. Je vais prendre mon temps libre pour chercher les anges manquants l'appel. Cela sera long.

Cependant, une question brûlait les lèvres de Mary et elle voulait une réponse.

- Seigneur Raphael... Ma famille... Comment je dois gérer cela? demanda Mary.

- Ne rien dire, jamais, lui ordonna presque Raphael. Pour eux, vous devez rester normale.

- Mais comment je peux avoir une vie normale? demanda Mary.

- Rien ne vous empêche de vivre, de faire des études ou d'avoir une vie sentimentale, précisa Raphael. Il n'y a qu'une chose qui est interdite.

- Laquelle ? demanda Mary paniquée.

- Montrer à un humain vos capacités, du moins si il y a d'autres solutions, précisa Raphael.

- Et dans le cas contraire ? demanda Mary.

- Si il vous est impossible de cacher une capacité devant un humain, vous pouvez mais évitez cela au maximum, précisa Raphael. Vous pouvez repartir, je vous recontacterai.

Mary était consternée d'aussi peu de sollicitudes de la part des responsables du Paradis. Elle s'était retrouvée au milieu de tout ça sans avoir la moindre notion de tout ce qu'elle aurait dû connaître. Elle était même un peu en colère en repartant.

- Je ne pensais pas qu'il y avait autant de soucis, avoua Lelahel. Je pensais qu'il saurait quoi faire...

- Vous n'y êtes pour rien, j'aurais juste préféré qu'il soit plus agréable, avoua Mary.

- Je comprends ton désarroi mais il doit gérer presque l'intégralité des demandes des anges, c'est comme un guide, avoua Lelahel.

- Je peux comprendre mais il me renvoie comme ça, sans que je n'en sache plus, grommela Mary.

- Je suis franchement désolée, tout est bouleversé pour toi et tu n'as pas de réponses..., marmonna Lelahel. Nina veillera sur toi, elle me l'a juré.

- Dites lui merci, fit Mary.

- C'est fait, fit Lelahel.

Mary la vit ouvrir la double porte menant à la passerelle et réalisa que son passage au Paradis était déjà terminé. Cependant, quand les portes s'ouvrirent, elle fut choquée. Des dizaines et des dizaines de boules lumineuses dotées d'ailes volaient dans le coin.

- C'est quoi tout ça ? demanda Mary.

- Ce sont mes anciens collègues ! fit fièrement Melo en arrivant devant elle.

- C'est ta véritable apparence ? demanda Mary surprise.

- Et oui... Vous comprenez mes difficultés, avoua Melo.

Mary toucha quelques boules, riant sous l'effet chatouillant ses doigts qu'ils produisaient.

- Vous voyez, c'est elle l'humaine qui m'a accepté à la seconde, fit Melo avec fierté.

Mary sourit à ce propos et avança au milieu des boules.

- Une humaine s'inquiète pour nous, fit une boule.

- Elle se soucie de nous, fit une autre.

- Et elle ne me considère pas comme un domestique ! enchérit Melo. Naturellement, je lui ai montré l'intérêt d'être en ma compagnie !

Mary le regarda consternée de cette phrase. Elle était juste gentille avec lui et le serait avec n'importe lequel d'ailleurs.

- Elle nous fait penser à elle! signifia un grigori.

- À qui? demanda Mary.

Lelahel se racla la gorge bruyamment pour attirer l'attention des grigoris.

- N'oubliez pas qu'elle ne possède pas les connaissances de notre histoire, son ange est en sommeil. Inutile de l'embrouiller avec tout ça, fit Lelahel.

- Mais de qui ils parlent? demanda Mary.

- D'anciens anges auxquels ils étaient affectés ici au Paradis, expliqua Lelahel. Certains sont froids avec les Grigoris mais d'autres sont extrêmement gentils voir maternels ou paternels.

- Ho... C'était donc un souvenir heureux, fit Mary en souriant.

- Bon je vais devoir rentrer avec elle, elle a besoin de moi pour avancer, précisa Melo en se posant sur l'épaule de Mary. Je suis extrêmement important pour elle.

- T'en fais trop, chuchota Mary.

- Je te dépose dans ta chambre en passant, fit Lelahel.

Mary regarda une dernière fois le Paradis devant elle, pas plus avancée qu'avant sur sa situation mais dans une situation encore bien plus compliquée qu'avant en réalité. Décidément, elle préfèrerait que tout cela ne soit qu'un rêve.





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