L'Ame des Anges: Incarnation

Chapitre 8 : Son propre Grigori

8572 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 25/09/2022 10:02

Chapitre 08

Son propre Grigori


Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix, ou que j’aie déjà atteint la perfection ; mais je cours, pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j’ai été saisi par Jésus–Christ. Frères, je ne pense pas l’avoir saisi ; mais je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus–Christ.


Épître aux Philippiens, Chapître Trois, Versets Douze à Quatorze.


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Le week-end qui venait de passer fut extrêmement calme et reposant. En effet, comme ses parents l'avaient demandé, il n'y avait eu que peu de visites. Seules ses deux amies avaient été autorisées et naturellement, elles n'avaient pas eu la moindre hésitation à venir la voir. Carla était encore extrêmement marquée par les évènements et Mary ne pouvait que la rassurer et la comprendre. Dans le cas inverse, elle aurait clairement été dans le même état de stress. Voir son amie d'enfance être renversée par une voiture et se retrouver au sol attendant les secours devait en effet être horrible et Mary se demandait si elle aurait pû se remettre d'une telle image. Elle la rassurait sans cesse et ce fut Zoey qui trouva l'idée de génie pour la rassurer. L'idée fut de ne plus attendre une fête entre amies pour lui offrir leurs cadeaux, sachant que de toute manière, elles auraient été les deux seules invitées. Mary avait alors été extrêmement gâtées, en tout cas elle l'estimait car ses cadeaux semblaient faits pour elle. Zoey avait réussi, Mary ne savait comment, à trouver une sorte de guide de lecture de la Bible. C'était attentionné de sa part, sachant que Zoey ne portait pas forcément la foi en odeur de sainteté. Ce guide était en réalité conçu comme un index, un très gros index même, répertoriant beaucoup de passages bibliques par thème. C'était très pratique aux yeux de Mary, ainsi elle pourrait trouver des passages sur des thèmes qui l'intéressaient à l'instant T. Carla avait ensuite offert son cadeau et Mary avait hésité à l'accepter tant elle estimait sa valeur énorme. Carla avait réussi à obtenir une place de concert pour Jeremy Camp en janvier dans la grande ville d'Odessa. Mary était clairement sur un petit nuage, elle allait pouvoir admirer son chanteur préféré en concert et c'était en plus une place avec des accès backstage, elle pourrait carrément le rencontrer. Mary avait donc été gâtée, même si quelqu'un d'extérieur pourrait dire que cela ressemblait à des cadeaux merdiques. Une fois que ses amies l'avaient laissée seule, elle avait écouté son autre cadeau, celui de Cameron. Il était moins personnel mais tout aussi bien.

Et c'était après ce weekend de repos que Mary reprit la route du lycée, seule ou presque. En effet, pour ses parents, il était désormais hors de question, du moins pour un temps, de retourner au lycée sur la selle de son vélo, que quelqu'un lui avait rapporté d'ailleurs. Mary comprenait tout de même la raison de leur inquiétude mais ses parents semblaient en faire un peu trop. Étant leur enfant unique et si précieuse, il fallait bien reconnaître qu'ils étaient désormais un petit peu à cran. La preuve en était que son moyen de transport du jour était la voiture de shérif de son père.

- J'aurais pû marcher Papa, précisa Mary sur le siège passager avant.

- Tu as encore quelques difficultés, lui signifia son père.

- Ben personnellement, je trouve que depuis hier, je n'ai même plus mal, avoua Mary encore stupéfaite de sa guérison assez rapide.

- C'est ce que tu as dit mais avec ta mère, on pense que c'est pour ne pas nous inquiéter, lui révéla alors son père d'une voix douce.

- Papa, je suis honnête, lui signifia sa fille en réponse. Je n'ai aucune raison de vous mentir.

- Est-ce gênant plutôt ? demanda alors son père.

- Qu'est-ce qui pourrait être gênant ? demanda Mary en fixant son père assez étonnée.

- D'aller au lycée dans la voiture d'un adjoint au shérif, lui expliqua calmement son père.

- Je n'ai aucune honte à avoir... Je devrais? demanda Mary.

- Ben à seize ans, être emmenée au lycée, marmonna son père.

- Je n'ai pas honte de ça, fit sa fille offusquée. Pourquoi j'aurais honte ?

- Je disais ça comme ça, fit son père se sentant un peu idiot d'avoir pensé cela.

Mary savait que ses amis connaissaient le métier de son père, en tout cas les plus proches. Les autres... Elle s'en moquait totalement de ce qu'ils pouvaient bien penser. Il n'empêchait pourtant que faire dévier son père pour pas grand chose la mettait quand même mal à l'aise mais elle n'en dit rien, son père pourrait réellement croire que c'était de la gêne vis à vis des élèves. Elle le laissa se garer tout devant le lycée avant de sortir de la voiture.

- Tu fais attention en rentrant, nous ne serons pas là... J'ai pris assez de temps et ta mère a des obligations, précisa son père.

- Papa... Je sais, lui assura gentillement sa fille. C'est pas un soucis, j'aurais sans doute des devoirs à refaire et des notes à recopier.

- Bon... Ta mère prépara un gratin de macaronis au fromage, tu auras juste à le réchauffer, précisa son père.

- Papa... J'ai mal aux jambes pas au mains, fit alors Mary en riant.

- Ouais bon... Si y a un seul soucis..., commença son père.

- Je vais à l'infirmerie et je vous appelle... Vous me l'avez dit sept fois au petit déjeuner et toi tu me l'as redit trois fois sur le trajet, fit Mary en souriant.

- Tes amis sont où ? demanda son père.

- Euh..., fit Mary en regardant. Là-bas, fit-elle en les indiquant.

Son père regarda attentivement dans leur direction, reconnaissant bien évidemment Carla et Zoey vu le temps qu'elles passaient ensemble. Mary le regarda dévisager clairement les garçons et elle l'observa. Il y avait un petit soucis.

- Qu'est-ce qu'il y a Papa? demanda Mary.

- Tu fréquentes le fils Powells? demanda-t-il rapidement.

- Cameron? Vite fait, on a le même cercle d'amis à cause de Luis... Pourquoi ? s'étonna Mary.

- Je connais son père, précisa Jason Simms.

- Et? insista Mary.

- Comme ça... Fais attention ok? demanda-t-il une dernière fois avant de démarrer.

- Évidemment, fit-elle légèrement étonnée. À ce soir.

Mary se demandait clairement quel était le soucis avec le père de Cameron car elle se doutait bien qu'il devait y en avoir un, sinon le jeune homme ne découcherait pas autant de chez lui. Elle avança doucement, préférant ne pas brusquer ses jambes trop vite et se rendit compte que parfois, en vision périphérique, elle remarquait encore quelques petites fumées. En jeune fille moderne et préférant éviter d'alarmer ses parents, elle avait cherché sur internet et il était possible que ce soit malgré tout une séquelle, peut-être un impact sur la rétine. Il se pouvait aussi que cela soit lié à une simple ecchymose du nerf optique, dans quel cas cela passerait, sinon elle devrait aller voir un ophtalmo. Elle préfèrerait n'inquiéter personne et s'approcha de son groupe d'amis. Avec amusement, ce furent ses deux amies les plus démonstratives.

- Doucement les filles... Vous savez que je vais bien, avoua Mary.

- Désolée, fit Zoey.

- Je m'en moque, assura Carla provoquant un petit rire.

- Et moi j'ai droit à une étreinte ? demanda Luis avec un grand sourire.

- Si ça ne gêne pas Tia, fit Mary en regardant cette dernière avant de se figer.

Tia semblait aux bords des larmes et Mary en était surprise.

- Tia? s'étonna Mary.

- Pardon... C'est juste que je suis contente que tu ailles bien, fit celle-ci en s'approchant.

Mary fut enlacée par cette jeune fille avec qui elle n'avait pas plus de lien que cela, ceux-ci étant principalement liés au fait qu'elle était la copine de Luis.

- Je sais que... On n'est pas proches, assura Tia. Mais j'étais très inquiète...

- Merci, fit Mary. Je vais bien.

- Bon je peux enlacer mon amie ? demanda Luis en riant.

- Évidemment, fit Tia en essuyant ses yeux.

Il l'étreignit alors doucement, avec délicatesse malgré son gabarit. Il lui passa une main dans le dos et elle le regarda en souriant. Elle sentit une main se poser sur son épaule gauche et tourna alors la tête. Mark la regardait, les traits visiblement marqués du stress. Cela fit quelque chose à Mary qui le regarda avant de la prendre dans ses bras.

- Grâce à Dieu, tu vas bien... J'étais inquiet, chuchota Mark. J'ai beaucoup prié pour toi.

- Merci à toi..., fit Mary en profitant de l'étreinte.

- Je peux... Tu veux... Je peux te soulager de ton sac à dos? demanda Mark après quelques hésitations.

- Ho c'est très gentil et très galant, fit Mary touchée en tendant son sac.

Elle le regarda placer le sac sur son épaule et lui faire signe de s'éloigner un peu. Elle le suivit et le regarda ouvrir son propre sac à dos. Il lui tendit rapidement un emballage cadeau.

- Bon anniversaire... En retard donc, fit-il gêné.

- Il a fallu que je rate mon propre anniversaire, fit Mary en riant. Merci!

Elle déballa son cadeau et découvrit un magnifique recueil de cantiques religieux, européens de surcroît.

- Il ne fallait pas, assura Mary.

- Cela te servira à la chorale de l'église, et peut-être pour le mariage de Bree et Tyler, précisa ce dernier.

Mary eut alors un immense espoir, celui d'être invitée comme cavalière par Mark. Elle le regardait presque comme si elle quémandait cette demande mais sans doute était-il trop gêné pour oser immédiatement. Elle le regarda et tenta sa chance pour autre chose.

- Je peux t'embrasser sur la joue pour te remercier pour ce beau cadeau ? demanda Mary.

- Euh... ho... Oui, fit simplement Mark gêné.

Elle fit donc ce pour quoi elle avait demandé l'autorisation et retourna vers le groupe désormais alourdie d'un livre de plus. Il restait une personne dans le groupe qui la salua d'un geste de la main qui tenait sa cigarette.

- Bienvenue parmis les vivants, fit-il essuyant tous les regards mauvais de la bande. T'approche pas de ma bagnole, elle a assez de bosses.

- Tu vois Cameron, je suis tellement contente de tous vous retrouver que je vais rire de ta blague, fit-elle un sourire aux lèvres.

Il la gratifia rapidement d'un clin d'œil et le groupe entier, après quelques discussions normales en tout cas, se dirigea vers le lycée. Mary s'inquiétait des réactions des élèves et elle fut assez gâtée en réalité. Dès l'instant où elle avait passé les doubles portes, un silence s'était emparé du couloir entier. Tout le monde la regardait et elle ne sut plus du tout où se mettre, convaincue qu'elle allait essuyer quelques moqueries. Elle baissa les yeux prête à avancer les yeux quand soudain, elle entendit les gens commencer à applaudir. Elle releva la tête pour mieux se rendre compte qu'elle était littéralement ovationnée.

- Ho Seigneur... C'est gênant, assura Mary tout bas.

- Hey t'as sauvé une enfant, lui fit Carla.

Mary avança donc dans le couloir, se faisant féliciter par des tas d'élèves dont elle ignorait même totalement le nom ou encore leur age et leur classe. Elle se contentait de dire merci à tout le monde. Enfin, quelques personnes n'allaient pas changer leurs comportements pour autant et forcément, il s'agissait du groupe de Karen. Mary était même convaincue que celles-ci devaient clairement se dire qu'elle faisait tout pour attirer l'attention. Elle n'avait clairement pas choisi de le faire mais c'était le cas. En réalité, elle aurait préféré avoir un retour beaucoup plus discret mais dans ce lycée, c'était plutôt peine perdue. Elle avança tranquillement vers son casier et Mark, qui portait son sac avec gentillesse, lui rendit avant de se rendre à son propre casier. Mary remarqua rapidement que les gens regardaient dans sa direction et marmonna de consternation.

- Non mais ils vont me fixer comme ça toute la journée ? demanda Mary tout bas à Zoey.

- Ils vont peut-être même le faire toute la semaine, fit Zoey en réponse.

Mary la regarda totalement horrifiée de ce propos. Elle n'aimait pas attirer l'attention et là, même si elle l'avait attirée pour une bonne raison, cela ne lui plaisait pas plus. Elle aurait même juré que certains élèves la prenaient en photo mais elle ne pouvait en être sûre car après tout, un adolescent avec un téléphone dans la main, c'est comme un oiseau avec des ailes, totalement normal.

- On ne te l'a pas dit pour pas que tu paniques mais on ne parle que de ça depuis que c'est arrivé, assura alors Zoey.

- Quoi? demanda Mary sous le choc.

- Tout le monde est venu nous poser des questions, savoir comment tu allais et tout ça, expliqua Zoey.

- Merde...

- La principale a même dû faire une annonce publique, pour interdire d'aller chez tes parents ou de tous se rendrent à l'hôpital, continua d'expliquer Zoey.

- Ben ça, tu vois, ça me rassure, expliqua Mary.

- N'empêche que même le journal du lycée en a parlé, fit Zoey.

Mary la regarda intriguée car après tout, elle en faisait partie du journal. Elle devrait aller voir sur le site mais elle savait qu'elle n'aurait pas de mauvaises surprises. En effet, les deux autres membres étant Declan et Carla, il était difficilement imaginable qu'il s'agisse d'un article mensonger. Mary referma son casier et inspira profondément. Elle allait devoir traverser les couloirs.

- Allez viens, fit Zoey en mode garde du corps.

Subir tous ces regards et toutes ces messes basses était dérangeant mais elle allait devoir faire avec. Elle se dirigea tranquillement vers la salle de classe et immédiatement, elle approcha du bureau.

- Madame Barrett? fit Mary pour interpeller la professeure.

- Ho Mademoiselle Simms... Vous revenez déjà ? demanda la professeure surprise.

- Oui, je me sens bien, assura Mary.

- Pas de problème, vous vous en doutez, assura Madame Barrett.

- D'accord... Il y a des devoirs à rattraper ? demanda Mary.

- Non, juste des notes de cours... Nous allons attaquer Gettysburg... Enfin, marmonna la prof faisant sourire Mary.

- J'ai compris Madame, fit Mary. Je suis impatiente de reprendre les cours.

Mary se dirigea tranquillement vers sa place, tout en relevant le mot doux prononcé par Karen à savoir lèche-cul. Elle se retourna immédiatement, prête à exploser de colère avant de se ressaisir et d'aller s'asseoir. Elle regarda sa main étonnée, en effet, cette dernière tremblait. C'était peut-être la première fois de sa vie qu'elle perdait le contrôle aussi vite. Peut-être le stress de l'accident restait présent après tout.

- J'ai cru que t'allais la gifler, assura Zoey.

- J'aurais pû je pense..., marmonna Mary.

- Elle vaut pas la retenue que tu vas prendre, assura son amie.

- Je pourrais te piquer tes notes au moins ? demanda Mary.

- Ouais bien sûr, fit Zoey.

- Et tu crois que je pourrais avoir un délai pour le devoir du professeur Stoll? demanda Mary doucement.

- Quel devoir ? l'interrogea Zoey surprise.

- Ben sur l'insecte choisi, précisa Mary.

- Il fallait le rendre pendant que t'étais... Enfin tu vois, murmura Zoey gênée.

- Oui ben justement... Je voudrais pas mettre Cameron en porte-à-faux..., précisa Mary.

- Euh... Il a déjà remis votre devoir... Il te l'a pas dit ? demanda Zoey effarée.

- On a même pas bossé dessus..., avoua Mary.

- Ben tu as reçu un A, précisa Zoey.

- Mais je le mérite pas, précisa la pauvre Mary complètement effarée.

- Arrange toi avec lui, marmonna Zoey en cherchant ses notes des cours précédents. Tiens.

- Merci, marmonna Mary.

Mary était plutôt sur la défensive mais aussi admirative de tant de gentillesse. De ses amis, elle s'y était attendu mais le plus surprenant était sa note. Cameron ne se trimballait pas qu'une réputation de fauteur de trouble mais aussi de mauvais élève. Pourtant, en faisant seul le devoir, il avait réussi à lui donner une bonne note. Elle devrait le remercier. La suite de la journée fut plutôt calme, les professeurs lui demandant évidemment si elle se sentait mieux mais intimant généralement d'agir normalement en classe. Elle avait cependant subit quelques assauts durant la pause déjeuner. Plusieurs élèves étaient en effet venus la voir. Certains voulaient juste savoir si elle allait bien, ce qui était gentil ; d'autres par contre étaient bien moins avenants. Entre les questions gênantes demandant ce que l'on ressentait à deux doigts de la mort et les demandes de selfies de parfaits inconnus, Mary commençait à espérer qu'il se passe rapidement quelque chose dans la ville, de bien tant qu'à faire, de manière à ce que les gens l'oublient rapidement. Ce fut d'ailleurs avec un gros soulagement que Mary accueillit la fin de la journée de cours. Malheureusement, elle comprit qu'elle risquait de rentrer seule. En effet, Zoey avait d'autres choses à faire et Carla avait rencard avec Declan. Carla avait au départ pris la décision de l'annuler pour raccompagner son amie mais Mary lui avait assuré qu'un peu de marche n'allait pas lui faire de mal. Elle avait donc totalement pris son temps dans le lycée, pour récupérer ses affaires entre autres. Inutile de se presser comme elle serait seule. Elle entendit, alors qu'elle récupérait son sac, du bruit dans le couloir.

- Arrête c'est idiot, marmonnait une voix.

- Ta gueule, répondit la voix caractéristique de Karen.

Mary déglutit en tournant la tête. Les trois pom-pom girls qui s'en prenaient à elle étaient là. Bizarrement, Jenny et Hayley essayait de décourager Karen.

- Tiens Miss j'attire les regards, l'interpella Karen.

- Et merde..., marmonna Mary en fermant son casier.

- Alors ça te plaît ta célébrité pétasse ? demanda Karen.

- J'en veux pas ok? Et je veux pas d'ennuis, je dois rentrer, tenta quand même Mary.

- T'es en train de me dire de fermer ma gueule là ? s'énerva Karen en s'approchant.

Mary vit Hayley la saisir par le bras et fut assez surprise d'une telle réaction.

- Karen, elle est déjà blessée, fais pas n'importe quoi! lui intima son amie.

- Je fais ce que je veux, se défendit Karen.

- Écoute, je sais franchement pas ce que t'as contre moi mais..., argumenta Mary avant de se figer.

Mary avait vu une petite fumée autour de Karen, ses yeux lui jouant encore des tours. C'était assez perturbant.

- T'as morflé du cerveau ? Tu sais plus parler ? fit Karen en riant diaboliquement.

- Je... Je ne veux pas d'ennuis, marmonna Mary en reculant.

- Ha ouais? Tu vas..., fit Karen avant de s'arrêter.

Mary continuait de reculer sans détacher son regard de Karen. Elle avait peur de subir d'autres coups surtout avec son état pas forcément au top. Soudain, elle percuta quelque chose avec son dos. Elle se mit alors à craindre qu'il n'y ait d'autres filles avec Karen et tourna doucement la tête. Ce n'était pas une fille mais un garçon, qu'elle connaissait heureusement pour elle.

- T'es encore en train de faire ta princesse ? demanda sèchement Cameron, car il s'agissait bien de lui, à Karen.

- T'as pas une pouffe à baiser? s'énerva Karen.

- T'as pas un entraînement ? lui répondit Cameron.

- Tu la défends encore? s'énerva Karen.

- Et qu'est-ce que ça peut te foutre ? répondit Cameron.

- Connard! s'énerva Karen avant de s'éloigner. Salope! Pétasse ! Gros porc!!!

Mary regarda Karen repartir dans l'autre direction avec ses amies sur les talons. Elle regardait également Cameron avec reconnaissance.

- Merci..., marmonna Mary.

- Quelle chieuse celle-là, fit Cameron.

- J'arrive même pas à comprendre, assura Mary.

- Faut pas chercher avec elle..., fit-il en la regardant en souriant. Le taxi de Madame est avancé.

- Quoi? s'étonna Mary.

- J'ai croisé Declan et Carla, elle avait l'air mal à l'aise de te laisser rentrer, je me suis dit que je pouvais te ramener, précisa Cameron.

- Ho... C'est gentil, lui répondit Mary mal à l'aise.

Elle remarqua immédiatement le regard légèrement stupéfait de Cameron, surtout après l'avoir sortie des ennuis. Mary venait de sentir qu'elle avait été désobligeante sur ce coup là.

- Ne prends pas mal ce que...

- T'as peur d'être seule avec moi? demanda Cameron plus surpris que vexé.

- C'est pas... Je me suis jamais retrouvée seule dans une voiture avec un garçon, avoua Mary en se pinçant les lèvres.

- Et donc..., insista Cameron. Je te propose pas un road trip à travers le pays... Et mon coffre est petit.

- Ton coffre? s'étonna Mary.

- Pour t'enlever, fit-il avec un petit rire.

- Cameron... Je voulais pas..., s'excusa rapidement Mary avant de se faire plaquer une main sur les lèvres.

- Arrête de te justifier pour tout, je suis pas con, je comprends ton hésitation..., grommela Cameron. Tu veux que je t'accompagne à pieds alors ?

- Non... Je veux bien monter avec toi... Mais tu conduis doucement, le supplia Mary.

- Promis je dépasse pas les limitations, en même temps..., grommela Cameron avec un air pensif.

- En même temps quoi? demanda Mary méfiante.

- Je viens de réaliser que me retrouver seul avec toi dans une voiture peut me valoir une balle dans le buffet de la part de l'adjoint du shérif, s'amusa Cameron.

- T'es idiot tu le sais? demanda Mary avec un sourire malgré tout.

- Allez passe moi ton sac, fit-il en le prenant.

- C'est gentil, fit-elle touchée.

C'était assez étrange mais ce n'était pas pareil quand c'était lui qui le faisait. Peut-être était-ce à cause de son comportement habituel mais elle avait une petite gêne de l'image qu'ils devaient refléter. Elle le suivit plutôt silencieuse jusqu'au parking, vérifiant quand même que personne et surtout pas Karen ne puisse les voir. Elle vit alors Cameron la dépasser pour venir lui ouvrir sa portière.

- Depuis quand t'es galant? demanda Mary amusée.

- Depuis quand une fille se plaint de la galanterie ? s'offusque légèrement faussement Cameron. Si c'est comme ça... Pose ton cul sur le siège.

- Là je te reconnais, fit-elle en riant avant de monter.

Elle n'entendit pas le commentaire qui suivit vu qu'il avait refermé la portière mais connaissant le spécimen, cela devait être extrêmement fleuri. Elle bougea doucement ses pieds en s'attachant et percuta quelque chose qui roula dans un bruit de verre. Surprise, elle attrapa ce qu'elle avait touché, une bouteille en verre, et l'observa attentivement. Entre l'odeur et l'étiquette, son contenu passé était évident. Elle attendit qu'il monte et ne mit pas moins d'une seconde pour l'interpeller.

- Cameron...

- Quoi? fit-il avant de la regarder et de visiblement comprendre.

- Tu... Tu as bu? demanda Mary.

- Ben oui, vu qu'elle est vide, marmonna Cameron.

- Je suis sérieuse... Tu as bu aujourd'hui ? demanda-t-elle.

- Euh... Ce matin... Mais pas beaucoup..., assura Cameron. Si je n'étais pas en état, je ne prendrai pas de risques en emmenant quelqu'un.

- D'accord..., fit Mary en glissant la bouteille sous le siège au cas où il y aurait un contrôle.

- T'as confiance ou pas? demanda Cameron en s'attachant.

- C'est pas une question de confiance...

- Mais? fit Cameron en attendant la suite.

- Est-ce que tu bois beaucoup ? demanda Mary sans chercher midi à quatorze heures.

- Tout dépend...

- Cameron, sois franc, s'il-te-plaît, s'énerva Mary.

- Oui. Mais qu'est-ce que ça change? demanda Cameron.

- Tu pourrais avoir un accident... Faire un coma éthylique... T'étais malade lors de la fête, précisa Mary.

- Et donc...

- Cameron... Tu as des problèmes chez toi? demanda Mary.

- Franchement... Qu'est-ce que ça change ? demanda Cameron en démarrant.

- Tu découches souvent non? insista Mary.

Cameron soupira et coupa le moteur avant de la regarder.

- Tu veux savoir quoi en fait? s'offusqua Cameron. Je picole, mais c'est de famille. J'ai un père alcoolique mais alors tellement que dire je t'aime ça se fait avec les poings. Alors oui, dès que je peux je me tire de l'appartement miteux dans lequel je vis et je fonce chez Verena, qui m'héberge et me laisse approcher de son fils comme si j'étais un oncle. Tu veux quoi d'autre ?

Mary le regarda choquée et à deux doigts de le prendre dans ses bras pour le consoler.

- Ton père te bat? demanda Mary choquée.

- Tu vas pas chialer non? demanda Cameron.

- Mais Cameron, c'est grave... Tu... Il pourrait te blesser..., fit Mary sous le choc.

- Je vis avec, marmonna Cameron en démarrant. Mais tu le gardes pour toi, je veux pas de la pitié des gens.

Mary regarda alors Cameron légèrement stupéfaite du principe qu'il préfère ne pas être aidé et resta silencieuse durant le trajet, toujours assez court. Elle fut d'ailleurs quelque peu étonnée qu'il sache où elle habitait mais après tout, avec ce qu'il s'était passé, plein de gens le savaient. Il se gara tranquillement devant la maison et Mary regarda celle-ci légèrement inquiète.

- Je me suis trompé de maison? demanda Cameron surpris.

- Non, c'est pas ça, marmonna Mary.

- Et c'est quoi le soucis alors? demanda Cameron encore plus surpris.

- La politesse voudrait que je t'invite à boire quelque chose mais... Mes parents sont absents, avoua Mary en le regardant.

- Tu n'as pas le droit d'inviter des gens? la questionna Cameron effaré.

- Si..., hésita Mary.

- Tu penses que si tu m'invites je risque de te prendre ta virginité ? demanda-t-il alors extrêmement amusé.

Elle le regarda choquée et outrée d'un tel propos. Il sourit simplement en faisant un clin d'œil et elle soupira en réponse.

- Plus sérieusement... Tu veux boire un truc? demanda Mary en ouvrant sa portière.

- Pourquoi pas, répondit Cameron en descendant.

Elle referma la portière et, comme pour la conduire à sa voiture, Cameron prit son sac à dos. Elle marcha calmement vers sa porte et l'ouvrit avant d'entrer. Elle se retourna surprise que Cameron ne suivait pas. Elle le regarda fixement en train de pousser comme un mur invisible.

- Je peux savoir ce que tu fais? demanda Mary.

- Je ne peux pas entrer sans être invité, fit-il calmement.

- Euh..., s'étonna Mary.

- T'as pas la référence des vampires ? demanda Cameron choqué.

- Je déteste ce genre de films, précisa Mary. Tu comptes entrer ou tu vas faire l'idiot ?

- Bon, si je brûle c'est que l'endroit est trop pur, fit Cameron en riant.

Haussant les yeux au ciel, Mary se contenta de soupirer. Elle se dirigea vers la cuisine, Cameron sur ses talons. Il posa délicatement son sac à dos sur l'îlot central et elle se dirigea vers le frigo.

- Il n'y a pas d'alcool, je précise, fit Mary. Tu préfères un Fanta ou un Dr Peppers ?

- Dr Peppers, merci, fit ce dernier.

Mary lui posa une canette et s'en prit également une. Elle le regarda attentivement avant de se diriger vers le porte document de la cuisine sentant pertinemment le regard de Cameron sur elle. Elle trouva aisément ce qu'elle cherchait et revint vers lui, une petite carte de visite à la main.

- Tu fais de la prospection maintenant ? demanda Cameron étonné. Je ne suis pas croyant.

- C'est la carte du centre d'aide auquel participe ma mère, fit-elle profondément lassée du comportement de son condisciple.

- Et? insista Cameron.

- Si tu as besoin de parler par rapport à ton père..., lui signifia Mary.

Cameron la regarda et elle devait avoir l'air totalement suppliante d'accepter son aide. Il prit la carte sans insister lourdement et la rangea dans sa veste.

- Tu sais... Je fais l'andouille tout ça mais je suis quand même très content de savoir que tu n'as rien, précisa Cameron.

- C'est vrai? demanda-t-elle rapidement.

- Évidemment... Qui je m'emmerderai sinon? demanda-t-il avec humour.

Mary le regarda outrée avant de rigoler malgré tout. Il aimait vraiment faire l'idiot. Cependant, elle restait mal à l'aise durant ces instants. Il finit rapidement sa canette.

- Bon je vais te laisser, au besoin t'as mon numéro, précisa Cameron.

- Ho d'ailleurs... Le bestof est très bien, précisa Mary en se référant à son cadeau.

- Tant mieux, fit-il en avançant vers la porte d'entrée, Mary sur ses talons.

- Merci encore, assura Mary. Pour m'avoir ramenée.

Cameron, désormais sur le pas de la porte, se retourna et la fixa attentivement.

- Rassurée ? demanda Cameron.

- De quoi? s'étonna la jeune fille.

- Je ne t'ai pas soulevée pour te prendre sauvagement sur l'îlot central, annonça Cameron un grand sourire aux lèvres.

Elle le regarda juste méchamment, complètement vexée d'un énième propos.

- Bon salut, fit alors Cameron en de dirigeant vers sa voiture.

Elle patienta quelques instants pour le voir monter et démarrer avant de le saluer une dernière fois. Elle referma la porte et repartit vers la cuisine pour ramasser les canettes. Elle regarda l'îlot central et repensa au dernier propos de Cameron.

- Faire ça là ? Franchement ? Ça doit même pas être confortable, fit-elle en soupirant et ne pensant pas le confort n'était pas le but premier.

Elle jeta les canettes à la poubelle de tri sélectif et ouvrit de nouveau le réfrigérateur pour récupérer le petit Tupperware contenant son repas. Elle ôta le couvercle et se rajouta un peu de fromage râpé avant de le placer dans le micro-ondes.

- Pauvre Cameron... Son père le bât et lui, il fait comme si de rien n'était... Tu m'étonnes qu'il soit si bizarre, marmonna Mary en regardant son plat tourner dans le micro-ondes.

Elle s'inquiétait pour lui désormais, sur sa vie et ses problèmes, se jurant même de ne plus jamais l'oublier dans ses prières. Et puis soudain, elle entendit un gros bruit venant de l'étage. Le bruit de quelque chose qui tombait. Elle regarda vers le plafond extrêmement inquiète. Elle était seule normalement. Elle avança vers le couloir du rez-de-chaussée et appela.

- Maman? demanda Mary sans avoir de réponse. Papa? T'es à la maison ?

Elle n'entendit absolument aucun bruit tout en réalisant que c'était sa chambre au dessus de la cuisine. Elle réfléchit un instant et par méfiance appela de nouveau.

- Cameron ? T'es en train de me faire une mauvaise blague ? demanda Mary. Si c'est le cas, c'est franchement pas drôle !

Cameron aussi était natif de Godbless et devait donc savoir que le parc pour enfants n'était pas loin et qu'il pourrait avoir accès à sa maison si il était capable de l'escalader. Elle réalisa que c'était idiot de penser qu'il s'abaisserait à cela. Inquiète et très intriguée, elle se dirigea vers la cuisine pour récupérer un couteau, on ne savait jamais. Elle sursauta quand son four à micro-ondes fit un petit BING caractéristique et soupira. Elle avança vers l'escalier, laissant le plat à l'intérieur. Elle s'approcha doucement de l'escalier et se mit à grimper les marches.

- Je vous préviens, mon père est adjoint du shérif, précisa Mary.

Elle n'entendit absolument rien d'autre comme bruit suspect. Elle semblait totalement seule en fait. Elle monta toute la marche de la maison et s'arrêta sur le palier, prêtant une oreille très attentive à son environnement. Elle n'entendait rien d'autre. Elle avança doucement vers la porte de sa chambre pour vérifier encore une fois d'où pouvait provenir le bruit. Elle entra donc dans sa chambre, sur ses gardes et elle ne vit rien d'extraordinaire. Il y avait peut-être quelque chose. En effet, sa chaise semblait tombée par terre, sans doute en ayant provoqué le bruit qu'elle avait entendu. Elle regarda cette chaise, se demandant clairement comment elle avait pû tomber. Elle s'en approcha et la releva pour la remettre au bon endroit. Elle remarqua soudainement qu'il manquait une chose sur son bureau : sa petite peluche. Elle se mit à la chercher par terre et découvrit cette peluche si mignonne au bord du lit. Elle se pencha en la soupirant et la posa légèrement violemment sur le bureau avant de regarder le reste de la pièce.

- Aïe ! fit alors une voix.

Mary se figea et se retourna, stressée et effrayée. Elle cherchait d'où provenait le bruit et elle vit Melo se frotter avec une de ses ailes.

- Nom d'un chien ! hurla Mary en tombant au sol.

Elle était totalement devenue folle, les examens étaient erronés, elle avait réellement un soucis. Elle ne pouvait plus voir ce qu'il y avait sur son bureau mais entendit comme des petits pas ridicules dessus. Elle brandit son couteau en tremblant nerveusement alors que la petite tête de la peluche apparaissait.

- Bonjour Madame, fit alors la peluche.

- Mais... Mais... C'est pas possible !!! hurla presque Mary.

- C'est un immense honneur d'avoir été placé à votre service. Je me nomme Melozyctanekis, fit la peluche en penchant la tête dans une référence.

- Quoi? Mais c'est impossible !!! hurla Mary en reculant rapidement.

- Je suis navré, j'ai été chargé de trouver une apparence hôte qui pourrait seoir à ma fonction, j'ai quelques difficultés à m'adapter à cette matière étrange, fit la peluche en agitant les bras.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? fit Mary avant de sentir stupide. Je suis totalement folle, je cause à une peluche...

- Je ne suis plus une peluche appartenant à votre hôte, j'ai dupliqué celle-ci et l'ai caché sous le lit, assura la petite bestiole.

Mary regarda vers cette étrange vision avant de chercher sous le lit, sans pour autant cesser de pointer sa peluche avec son couteau. Rapidement, ses doigts trouvèrent effectivement une peluche. Elle la sortit de sous le lit et elle avait bien deux Melo sous le nez.

- Comment ça dupliqué ? demanda Mary en serrant Melo contre elle.

- Oui Madame, afin de faciliter notre mission, assura le petit être bizarre. D'ailleurs je vous prie de m'excuser encore, je vous nomme Madame à cause de votre apparence.

- Je suis bien une fille, fit Mary avec des yeux ronds.

- Et quel est votre nom? demanda le petit être.

Elle le vit faire apparaître de petites ailes blanches et virevolter vers elle avant de se poser sur son genou, chose qui la fit sursauter.

- Ma... Ma..., bafouilla Mary sous un choc plutôt compréhensif.

- Bonjour Mama, fit le petit être.

- Non... Euh... C'est Mary Simms, fit-elle alors.

- Je voulais dire votre vrai nom..., fit le petit être en arborant une tête trop mignonne.

- C'est mon vrai nom... Mais qu'est-ce que tu es? demanda Mary.

- Je me nomme Melozyctanekis, répéta alors le petit être avec une sacré fierté. Ancien gardien de la bibliothèque sacrée, veilleur durant trois siècles du Livre d'accession, et désormais Grigori d'intervention.

- Mais qu'est ce que c'est que tout ça ? demanda Mary.

- Mes états de service, je peux dire que j'ai toujours fait mon travail efficacement, assura le petit être. Je suis très honoré d'être votre assistant.

- Mon quoi? répéta Mary.

- Votre assistant, hésita le petit être bizarre. Comme tous les Grigoris...

- Grigori... Une seconde... Ce sont des anges? demanda Mary en réalisa que ce terme, elle le connaissait.

- Non Madame, je ne suis guère votre égal, mon essence est certe angélique mais elle n'est point aussi pure que la vôtre, précisa Melozyctanekis.

- Angélique ? fit Mary plutôt perturbée. Comment ça la mienne ?

- Pour défendre les humains de la damnation..., marmonna le petit être.

- Mais je dois être folle... J'ai des séquelles de l'accident... Mon cerveau a dû être touché, marmonna Mary.

- Sûrement Madame mais l'incarnation a guéri le corps avant votre résurrection, précisa le petit être.

- Ma résurrection ? s'étonna Mary. Attends une seconde...

- Votre hôte est décédée, précisa le petit être.

- QUOI????? hurla alors Mary.

Mary avait fait un bond, faisant tomber le petit être sur le dos.

- Ha! Saleté !!! marmonna l'être en se tortillant sur le dos comme une tortue coincée. Ce corps est inadapté...

- Je suis morte??? cria presque Mary.

L'être bizarre continuait de se tortiller et avec un gros soupir, Mary le redressa.

- Merci, marmonna le petit être.

- Comment ça je suis morte? Réponds moi! s'énerva Mary.

- Vous... Vous ne savez pas qui vous êtes ? demanda Melozyctanekis.

- Je suis Mary Simms..., marmonna celle-ci.

- Vous ne savez pas qui vous êtes ? demanda le petit être choqué. C'est un soucis.

- Le soucis c'est que je suis morte ! s'énerva Mary.

- Partiellement, répondit la peluche.

- Comment ça partiellement ? Comment on peut mourir partiellement ? demanda Mary.

- Parce qu'un ange, sans doute un chérubin, vous a proposé un marché, précisa le petit être.

- Un marché ? s'étonna Mary en tombant sur son lit.

- Oui. L'accès au Paradis en échange de votre participation au combat contre les Déchus et en œuvrant en tant qu'hôte de Celestrien, expliqua l'étrange bestiole.

- Le Paradis ? Tu veux dire le royaume de Dieu? demanda Mary choquée.

- Bien évidemment...

Mary n'arrivait pas à croire ce qu'elle entendait, elle était morte et avait ressuscité comme le fils de Dieu. Et elle était un ange, soi-disant.

- Mais c'est impossible... J'ai survécu à l'accident, je..., fit Mary avant de se figer.

- Vous n'avez aucun souvenir de votre pacte ? demanda le petit être.

- Mais tu dois te tromper, je ne suis pas morte! assura Mary.

- Jeune fille de seize ans terrien, pure, croyante et pratiquante. Aucun péché autre que quelques égarement colériques liés aux bouleversements hormonaux de l'évolution humaine... C'est vous? demanda le petit être.

- Oui... Je dirai, précisa Mary.

- Décédée en offrant sa vie pour protéger celle d'un enfant ? demanda le petit être.

- J'ai sauvé une petite fille mais je ne suis pas morte! spécifia Mary.

- Ho non! C'est pas vrai!!!

Le petit être se mit à voler dans tous les sens à travers la pièce.

- Pas après tout ça, j'ai toujours servi le Tout-puissant avec respect et droiture et je me retrouve avec une anomalie d'incarnation. Cela fera mauvais sur mon dossier, précisa le petit être.

- Tu trouves que c'est le seul problème ? demanda Mary énervée.

- Évidemment ! Si vous n'êtes pas incarnée comment je peux exercer ma fonction ? demanda le petit être consterné. Comment pourrions-nous trouver les émanations de la damnation ? Comment vais-je pouvoir vous guider ?

- Arrête de voler partout ! s'énerva Mary.

Le petit machin volant s'arrêta et vola en mode stationnaire devant elle. En tout cas, il lui obéissait.

- C'est quoi une émanation de la damnation ? demanda Mary.

- Les signes qu'un humain doit être sauvé et peut l'être. C'est le devoir d'un chérubin et d'un séraphin que d'empêcher les Déchus de récupérer les âmes. Comment pourrons nous voir ces fumées ? fit le petit être.

- Ça ressemble à de la fumée grise ou noire? demanda Mary choquée.

- Exactement. Comment vous savez? demanda le petit être.

- Je l'ai déjà vu..., hésita Mary.

- Tout espoir n'est pas perdu. Je pourrais montrer que je méritais d'être assigné, précisa le petit être.

Mary regarda cette chose qui semblait visiblement être pétri d'orgueil. C'était plutôt gênant pour une créature censée être angélique.

- Mais je ne suis pas un ange..., marmonna Mary.

- Vous l'êtes. En tout cas vous en hébergé un, c'est obligatoire... Tiens mais en même temps vous me voyez donc vous avez forcément conclu le pacte, réalisa la bestiole.

- Et c'est maintenant que t'y penses ? s'offusqua Mary.

- Oui... Désolé c'est ma première assignation, précisa le petit être.

- En bref... Je suis dans la panade, précisa Mary.

- Ho je sais, je n'ai qu'à contacter un séraphin du secteur, il pourra nous aider, fit le petit être.

- Et en quoi? demanda Mary complètement paumée.

- Les séraphins ont des accréditations et les chérubins sont placés souvent sous leurs ordres..., signifia le petit être.

- D'accord... Ça existe les archanges aussi? demanda Mary en pensant à la Bible.

- Bien sûr, mais ils sont au sommet de la hiérarchie... Nous ne pouvons les déranger pour des choses si futiles, précisa la peluche désormais vivante.

- Ma mort est futile... Tu es sympathique, fit Mary vexée.

- Ho je vous remercie du compliment, précisa le petit être.

Mary le regarda choquée. Cette chose étrange ignorait clairement ce qu'était le sarcasme. Mary était plutôt sous le choc d'apprendre tout ça. Mais après tout cela pourrait expliquer le fait qu'elle se soit totalement remise et aussi vite.

- Bon je... Comment on fait? Je suppose que ce n'est pas sur internet, grommela Mary dépitée.

- Vous auriez un éclat de cristal des Tours du Paradis ? demanda ce petit être.

- Évidemment, fit Mary sarcastiquement. Je l'ai acheté au supermarché.

- C'est quoi un supermarché ? demanda le petit être.

- Tu crois franchement qu'une jeune fille américaine normale a un objet issu du Paradis ? demanda Mary avant de se figer. Le paradis... Ça ressemble à quoi?

- Le paradis ? C'est magnifique, précisa le petit être. Un endroit comme nul autre, des jardins somptueux, des gens purs... Et ces magnifiques Tours de cristal qui les dominent...

Mary se souvint soudainement de son rêve et se dit alors que c'était peut-être un souvenir de l'ange.

- Donc vous n'avez pas un éclat de cristal? insista le petit être.

- Bien sûr que non, fit Mary. C'est compliqué alors?

- Ho... Il y a la solution plus basique. Vous auriez un de ces dispositifs de communication qu'utilisent les êtres humains ? demanda le petit être.

- Un téléphone ? Ben oui, fit Mary en le sortant.

- Posez le, lui ordonna le petit être.

- D'accord, fit Mary en posant son téléphone sur son lit.

Mary vit le petit être volant grâce à ces petites ailes qu'elle trouvait réellement superbes se poser sur le lit avant de se mettre à hurler.

- Ho non! On m'attaque... Un déchu! hurla le petit être.

- Quoi? fit Mary en se levant. Où ça ? À quoi ça ressemble ?

- Sous moi, le sol se dérobe... Je m'enfonce !!! hurla l'être bizarre.

- Tu... C'est un matelas! fit Mary.

- Un matelas? demanda l'être en arrêtant de bouger. Ha oui... Ces choses sur lesquels les humains dorment... Et deviennent moins purs enfin ça je l'ai lu dans la bibliothèque...

- T'es pas censé être un guide? demanda Mary.

- Si... Pourquoi ? demanda cette chose.

- T'as pas l'air très au courant des choses de la Terre, marmonna Mary avec un sourire.

- J'apprendrai... Ce corps est mal fichu, marmonna Melozyctanekis en avançant avec difficulté.

- Tu as fini de critiquer ma peluche ? le réprimanda Mary.

- Je fais comme je peux..., marmonna l'être.

- Dis-moi... Euh...

- Melozyctanekis, lui rappela le petit être.

- C'est compliqué comme nom... Je peux t'appeler Melo? demanda Mary.

- Je suis censé vous obéir... Vous m'appeleriez simplement Grigori que ce serait pareil, avoua Melozyctanekis.

- Va pour Melo, c'était le nom de ma peluche, précisa Mary. Mais tu insinues que les anges peuvent être hautains?

- Je suis un être inférieur, il est normal d'être traité comme tel, précisa Melozyctanekis. Melo? C'est effectivement plus facile.

- Effectivement... Tu pourras m'appeler Mary, précisa la jeune fille.

- D'accord... Sachant que j'ignore votre vrai nom, précisa le nouveau Melo.

- Mary est mon vrai prénom, ho... L'ange? demanda-t-elle comprenant.

- Oui. Bon, admirez la fonction d'un grigori! fit-il fièrement.

Il était clairement trop orgueilleux à son goût. Elle le vit enfin s'approcher de son téléphone et soudain un chant magnifique, tel le bruit d'un oiseau royal s'échappa de lui. Mary trouvait cela sublime et avait l'impression que cela la touchait droit au cœur.

- C'est beau, fit-elle alors.

- Il s'agit de la langue angélique, précisa Melo. Vous la connaissez aussi.

- Enfin l'ange, marmonna Mary.

- Effectivement...

- Et maintenant ? demanda-t-elle.

- On attend la réponse, fit il.

Mary le regarda choquée et soudain son téléphone sonna. Elle le prit et vit apparaître un numéro inconnu. Elle décrocha et porta le téléphone à son oreille.

- Allo? demanda-t-elle surprise.

- Vous m'avez contactée? Avez vous besoin de renforts? demanda une voix féminine.

- Euh non... Il semblerait que j'ai un problème, précisa Mary.

- Lequel? demanda la voix féminine.

- Je... J'ai en face de moi une chose appelée grigori qui m'a annoncé que j'étais morte... Sauf que j'en ai aucune souvenir...

- C'est... Ho... Vous m'en voyez désolée, fit la voix.

- Euh... Merci? fit Mary ne sachant pas quoi dire.

- Je me nomme Lelahel et je suis une séraphine, je gère plusieurs secteurs et récemment on m'a approprié le Texas en plus de l'État de New York. Mon hôte voyage énormément mais je peux me déplacer.

- D'accord...

- Où habite votre hôte... Pardon, où habitez vous? demanda Lelahel.

- Godbless, c'est une petite ville, fit Mary.

- Je connais... Rendez-vous demain vers quatorze heure dans le petit restaurant avec une enseigne rouge, fit la séraphine.

- Euh je suis au lycée... J'ai cours, précisa Mary.

- D'accord... Rendez-vous à dix-huit heures... En attendant ne posez pas trop de questions à votre grigori, ils ont tendance à en dire trop et si je comprends l'ange qui s'est incarné en vous est en sommeil, précisa Lelahel.

- Effectivement... Mais je vois les fumées, précisa Mary.

- Je vous expliquerai mais cela permettra que vous exerciez les fonctions de votre ange, fit Lelahel. À demain.

Mary entendit son interlocutrice raccrocher et fut consternée. Autant le dire la conversation avait été écourtée. Elle regarda le petit grigori sur son lit et fut consternée. Ce petit être était en train de sauter sur le lit en émettant des bruits amusés. Elle était choquée, quelques minutes plus tôt, il était en plein mélodrame et convaincu de mourir.

- C'est si amusant ? demanda Mary.

- Les grigoris n'ont pas de corps physique au paradis, je découvre le sens du toucher, fit Melo.

- Ha d'accord... Tant mieux pour toi, fit Mary en s'asseyant sur le lit.

Elle vit le petit être s'approcher d'elle tout doucement, non pas sans se casser la binette, ce qui fit bien rigoler Mary.

- Vous allez bien? demanda-t-il malgré tout.

- Je viens d'apprendre que je suis morte..., précisa Mary.

- Mais votre accès au paradis est assuré, fit Melo.

- C'est sûr ? demanda Mary surprise.

- Évidemment, cela fait partie du pacte. Votre corps contre le Paradis. Naturellement l'hôte peut continuer sa vie, ce que les anges permettent en général...

- Cela me fait une belle jambe, précisa Mary.

- Je n'ai aucune notion de beauté humaine, précisa Melo.

Mary le regarda et instinctivement lui gratta la tête comme si c'était sa peluche. Le petit être semblait apprécier.

- Au fait... Tu manges quoi? demanda Mary comme si elle parlait à un hamster.

- La même chose que mon corps hôte, précisa Melo.

- Une peluche ne mange pas, fit-elle. C'est bête.

- Je peux essayer mais si ce n'est pas dans l'attribution de mon hôte votre énergie angélique me maintiendra en vie, expliqua l'étrange petit être.

- Moi j'ai faim... C'est dingue pour une morte, marmonna Mary.

Le pire pour Mary, c'était qu'elle se rendait compte qu'elle prenait trop bien la nouvelle alors elle réalisa qu'il n'y avait que deux possibilités. Ou elle était blasée et folle ou alors, elle avait inconsciemment conscience de son pacte. Mary Simms était donc morte et maintenant, elle avait une mission divine. Comme si l'adolescence n'était pas assez compliquée...





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