L'Ame des Anges: Incarnation

Chapitre 7 : Miraculée

7860 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/09/2022 09:01

Chapitre 07

Miraculée


Or, ces choses sont arrivées pour nous servir d’exemples, afin que nous n’ayons pas de

mauvais désirs, comme ils en ont eu. Ne devenez point idolâtres, comme quelques–uns d’entre eux, selon qu’il est écrit, Le peuple s’assit pour manger et pour boire ; puis ils se levèrent pour se divertir. Ne nous livrons point à la débauche, comme quelques–uns d’entre eux s’y livrèrent, de sorte qu’il en tomba vingt–trois mille en un seul jour. Ne tentons point le Seigneur, comme le tentèrent quelques–uns d’entre eux, qui périrent par les serpents. Ne murmurez point, comme murmurèrent quelques–uns d’entre eux, qui périrent par l’exterminateur. Ces choses leur sont arrivées pour servir d’exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles.


Première Épître aux Corinthiens, Chapitre Dix, Versets Six à Onze.


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Il n'y avait rien d'autre que le calme infini autour d'elle. Le vent soufflait doucement dans ses cheveux et des doigts caressaient doucement l'herbe autour d'elle. Elle se sentait bien à cet endroit, comme toujours d'ailleurs et ce, depuis très longtemps. Ce vent était pur, apaisant, la plaçant dans un état de sérénité profond. La seule chose lui rappelant où elle était était cette vue. Les grandes tours de cristal brillait sous la lumière inondant leur environnement de rayons multicolores comme à chaque fois que le soleil se couchait dessus. Elle soupira doucement, sachant déjà que cette sérénité ne serait que passagère. Et comme pour lui confirmer son instinct, elle entendit les pas de la personne qu'elle savait déjà pouvoir y retrouver.

- Je savais que tu serais ici, précisa une voix masculine.

- C'est ici que tout a commencé après tout, précisa-t-elle rapidement.

- Et malheureusement tout devra s'y terminer également, avoua tristement la voix masculine.

- Nous n'avons pas le choix et tu le sais, précisa-t-elle ensuite.

- Je sais..., marmonna la voix masculine. Mais pour combien de temps ?

- L'éternité sans doute, s'empressa-t-elle de préciser.

- Tu...

- Ne rendons pas cela plus dur, fit-elle en se levant. Profite une dernière fois de cette vue.

- Inutile, elle est gravée dans ma mémoire, précisa l'homme.

- Ils sont déjà réunis n'est-ce pas? demanda-t-elle rapidement.

- Oui, il a pris sa décision..., marmonna l'homme.

- Et nous la nôtre, répondit-elle. Allons y...

Et puis, ce fut le noir total. Une obscurité profonde avait effacé ce paysage et rien ne semblait capable de l'illuminer. L'obscurité n'était pas la seule chose oppressante en cet instant, le silence l'était bien plus. Elle ne savait pas où elle était mais il y faisait sombre. Et puis, tout doucement, un bruit commença à lui parvenir doucement. Un bruit très répétitif, à intervalles réguliers et d'une simplicité extrême. Elle commença à réaliser qu'elle entendait également une voix douce, toute douce et décida d'y prêter attention. Petit à petit, elle commença même à discerner les propos de cette voix.

- Je t'en prie Seigneur, ramène la moi, faisait la voix très familière. Elle est trop jeune pour que Tu la rappelle déjà à toi, elle a la vie devant elle. Je t'en supplie Seigneur, j'ai besoin de ma fille.

Mary avait du mal à ouvrir les yeux et elle essayait de repérer le bruit répétitif. Elle réalisa enfin qu'il s'agissait d'un bip très récurrent. Ses paupières commençaient enfin à s'ouvrir et elles papillonnèrent rapidement tandis que le bip s'accéléraient. Elle entendit des pas précipités près d'elle et elle réussit enfin à ouvrir les yeux, tombant sur un plafond blanc, logique quand Mary se rendit compte qu'elle était allongée. Tout à coup une forme apparût devant elle, une tête.

- Ma chérie ? C'est moi..., fit sa mère en pleurant.

- Ma... Maman ? demanda Mary très bas et la gorge extrêmement sèche.

- Ne bouge pas, fit alors une voix près d'elle.

Mary vit apparaître devant elle une femme qu'elle connaissait, la mère de Carla.

- Que...

- Attends ne parle pas, fit-elle en sortant un petit stylo lumineux.

Cet objet lui fit très mal aux yeux et elle dut déjà les refermer. Elle les ouvrit à nouveau.

- Suis la lumière s'il-te-plaît, précisa la mère de Carla.

Elle s'exécuta et réalisa enfin qu'elle ne pouvait être qu'à l'hôpital. Et puis soudain, elle se souvint du choc.

- Elle est réveillée ? demanda sa mère totalement paniquée.

- Oui, fit la mère de Carla.

- C'est un miracle ! fit soudainement sa mère.

- Je vais la redresser, fit la mère de Carla en sortant de son champ de vision.

Peu à peu, Mary sentit un mouvement qui la faisait se redresser et elle réalisa enfin qu'elle était à l'hôpital. Forcément après un tel choc, elle ne pouvait qu'y être. Elle sentit sa mère attraper sa main et l'embrasser de nombreuses fois.

- Mon petit miracle, fit sa mère en pleurant. Mon petit miracle...

- Comment... Comment... Comment va la petite fille? demanda difficilement Mary.

- Attends, fit la mère de Carla. Tiens.

Elle lui tendit doucement un petit gobelet avec une paille et Mary but par ce biais. Cette eau lui fit un bien fou, c'était comme si il s'agissait de la meilleure des eaux du monde.

- La petite fille n'a absolument rien, tu l'as protégée, assura sa mère. Je préviens ton père, il est parti chercher du café.

Mary la regarda sortir son téléphone et biper son père. Mary était surprise d'être assez en forme même si elle avait mal partout. Quand elle avait percuté le sol, elle s'était convaincue qu'elle était en train de vivre ses touts derniers instants. Et pourtant elle n'avait pas l'impression d'être si gravement blessée. En tout cas, elle sentait toutes ses extrémités lui répondre.

- Tu es vraiment une miraculée, précisa la mère de Carla.

- Ha bon? s'étonna Mary.

- Tu n'as que quelques os fêlés ma chérie, précisa sa mère.

- Sérieux ? s'étonna Mary.

- Tu as de la chance, précisa la mère de Carla. Ou le Seigneur a veillé sur toi.

- Je...

- Merci Seigneur, fit sa mère en embrassant encore sa main.

- J'ai pu assister à ça, ma garde allait finir ce matin, fit la mère de Carla avec un sourire.

Mary la regarda surprise, complètement étonnée de l'information. Elle regarda la doctoresse et posa sa question même si elle se doutait de la réponse.

- Je suis inconsciente depuis hier après-midi ? demanda Mary.

Étonnement, elle vit sa mère et celle de Carla se regarder. Sa mère fondit à nouveau en larmes et Mary vit son père entrer. Il bouscula presque la mère de Carla pour venir embrasser sa fille. Il avait les yeux rougis et pas qu'un peu.

- Merci, merci! fit son père en pleurant.

- T'as l'air d'avoir beaucoup pleuré, précisa Mary touchée.

- Tu ne peux pas savoir comment ces neuf jours ont été effrayants, fit son père.

- Neuf jours? J'étais dans le coma? demanda Mary en regardant sa mère.

- Moui..., fit celle-ci en pleurant encore.

- C'était la seule séquelle, précisa la mère de Carla. Tu avais un petit œdème cérébral, mais à chaque examen, il réduisait à vue d'œil.

- J'ai... J'ai des séquelles ? demanda Mary inquiète.

- D'après les examens, aucunes, précisa la mère de Carla. Tu pourrais avoir l'air en forme, si tu n'étais pas restée endormie.

Mary essayait de se redresser un peu et sa mère l'aida doucement.

- Ne bouge pas trop, fit sa mère.

Mary remercia intérieurement Dieu d'avoir veillé sur elle. En tout cas, il avait clairement fait du bon boulot. Aucune blessure grave et aucune séquelle, il l'avait à la bonne. Elle réalisa, entre les étreintes, qu'il y avait plein de fleurs dans sa chambre. Elle avait du provoquer la panique de tout le monde.

- Je vais chercher deux personnes, mais elles ne resteront pas longtemps, précisa la mère de Carla.

Mary la regarda s'éloigner et ses parents fondirent encore en larmes.

- Désolée pour tout ça, précisa Mary gênée d'avoir provoqué toute cette peur chez ses parents.

- Tu as agi en héroïne ma chérie, on sait comment ça s'est passé..., marmonna son père.

- La petite allait passer sous le bus... Je pouvais pas... Kof kof..., fit-elle saisie par une quinte de toux.

- Ça va pas? demanda sa mère en pleine panique.

- J'ai la gorge sèche, avoua Mary.

Son père lui donna encore de l'eau et cela lui faisait du bien. Elle regarda attentivement ses mains et c'était vrai qu'elle n'avait vraiment aucune égratignure. Puis soudain elle réalisa quelque chose.

- Mais si ça fait... Si ça fait neuf jour..., marmonna Mary. J'ai seize ans?

- Tu as raté ton propre anniversaire, fit son père avec un sourire. Mais on le fêtera.

Mary grimaça, ce qui fit sourire sa mère.

- Dieu a vraiment veillé sur toi ma chérie... Quand ton père a reçu l'appel, il a cru... On a cru te perdre...

- Pardon, fit Mary les larmes aux yeux.

- Ne t'excuse pas ma puce, fit sa mère en embrassant sa main. Une fois aux urgences, ils ont fait une radio et tu n'avais pas d'hémorragie, juste l'oedème. Il faudra faire attention à tes jambes à cause des petites fissures.

- D'accord..., fit Mary perdue.

Elle n'avait réellement pas grand chose au vu de la puissance du choc. Elle commençait à se rappeler parfaitement du choc, elle avait violemment percuté la voiture, roulé sur le capot et heurté le sol. Mais elle n'avait réellement que cela? Comment c'était possible ? À part un miracle, elle ne voyait aucune explication. Et pourtant elle aurait juré avoir cessé de respirer mais ce n'était peut-être qu'une impression. Mais elle se souvenait également de son étrange rêve.

- J'ai fait un rêve bizarre, marmonna Mary.

- Comment ça ? demanda sa mère étonnée.

- Je... J'étais dans un parc et je discutais avec quelqu'un mais... Je me rappelle pas franchement de quoi, marmonna Mary.

- Peut-être un souvenir, fit son père en passant sa main dans ses cheveux.

Mary sentit alors la douce odeur des beignets que son père affectionnait tant.

- Tu étais en train de manger? demanda Mary.

- Non... Je n'ai rien mangé depuis hier après-midi et ce n'était qu'un beignet..., avoua son père.

- Tu m'avais promis de manger correctement, le réprimanda sa femme.

- Je n'avais... Pas très faim, fit simplement son mari.

Mary regarda son père fixement, elle avait vraiment senti quelque chose. Peut-être son esprit lui jouait des tours. Elle remarqua enfin trois personnes à l'entrée de la chambre. Il y avait bien la mère de sa meilleure amie mais surtout deux adolescentes. Zoey avait un grand sourire de soulagement en la voyant et Carla à côté d'elle avait les yeux gonflés. Cette dernière fonça vers le lit sous les injonctions de prudence de sa mère.

- Je te demande pardon... Pardon, pardon, pardon, fit Carla.

- De quoi? demanda Mary en sentant sa main être saisie par Carla.

- On était en train de s'engueuler... Si tu... Si tu étais... Je ne me le serai jamais pardonné, précisa Carla.

- Hey je vais bien d'accord..., précisa Mary.

Mary remarqua rapidement que la mère de Carla faisait signe à ses parents de la suivre à l'entrée de la chambre, ce qu'ils firent.

- Putain t'es solide ma grande, précisa Zoey.

- J'aurais pu y rester, marmonna Mary.

- Quand je t'ai vue percuter la voiture... Je..., fit Carla en pleurant.

- Je vais bien, je t'assure... J'ai mal à ma gorge et je crève de soif mais ça va, précisa Mary.

Elle écoutait attentivement ses deux amies qui n'arrêtaient pas de dire que l'on ne parlait plus que de ça au lycée ou en ville. Qu'elle avait risqué sa vie pour une enfant. Elle remarqua rapidement que Carla passait son temps à masser son cou.

- Tu es blessée ? demanda Mary surprise.

- Non..., fit Carla honteuse.

- Elle a passé ses nuits ici, précisa Zoey. Et tout son temps libre. Moi je venais juste après les cours et je repartais à la fin des visites.

- Mais vous êtes dingues? Et le lycée ? demanda Mary.

- On y allait mais bon, marmonna Carla.

- D'autres sont venus ? demanda alors Mary pour savoir qui remercier.

- Luis est venu tous les jours aussi, souvent accompagné de Tia, avoua Carla. Elle semblait très inquiète, comme quoi...

- C'est gentil de sa part, avoua Mary. Il faudra que je la remercie.

- Tim est venu aussi comme Michael, Declan est venu aussi mais il était autant inquiet pour elle, précisa Zoey en riant.

- C'est gentil quand même, fit Mary extrêmement touchée.

- T'as eu la directrice, précisa Carla. Elle a même mis des fleurs de la part de tous le lycée, ajouta-t-elle en montrant un bouquet.

- Ho il est beau, précisa Mary en l'observant.

- Nina Carmichael aussi, précisa Zoey.

- Sérieux ? s'étonna Mary.

- Elle a entendu ce qu'il s'était passé et elle a même prié pendant près d'une heure avec tes parents, ajouta Zoey.

- J'ai vraiment inquiété beaucoup de monde, marmonna Mary. Et euh...

- Mike est venu tous les jours, précisa Carla. Et il m'envoyait des messages quasiment toutes les deux heures.

- Ho, fit Mary très touchée.

- Tu veux rien? demanda Carla.

- Essaye de me trouver quelque chose à boire de sucré, précisa Mary.

Comme si elle se sentait coupable, ce qui était peut-être le cas d'ailleurs, Carla fonça dans le couloir en passant à côté de ses parents. Visiblement, il n'y avait pas de mauvaises nouvelles. Mary regarda dans sa chambre d'hôpital découvrant des bouquets venant de plein de gens de l'Eglise sans doute et puis il y avait un magnifique bouquet de roses. Elle le regarda surprise.

- Il est sublime, précisa Mary en l'observant. C'est de qui?

- Attends je regarde... C'est vrai qu'il est magnifique, précisa Zoey en regardant après la carte. Tiens.

Mary prit la carte et découvrit le petit mot: "J'attends ardemment ton retour, C." Mary regarda ce bouquet encore une fois et fixa Zoey.

- C'est juste signé C, précisa Mary. Mais... à part Carla, je ne connais pas d'autres C sauf...

- Ce... Ce n'est pas Cameron, précisa Zoey.

- Ha bon ? s'étonna Mary.

- Ce... Ce n'est pas son écriture, précisa Zoey.

- Il y a un soucis? demanda Mary en voyant les hésitations répétées de Zoey.

- Ne le prends pas mal mais... Il n'est pas venu... Enfin..., marmonna encore Zoey.

- Ha..., fit-elle un peu déçue qu'il ne soit pas venu.

Elle le trouvait si gentil ces derniers temps qu'elle aurait cru qu'il serait inquiet, comme quoi, on pouvait se tromper.

- Ne lui en veux pas... Il n'a pas pu entrer, précisa Zoey.

- Mes parents l'ont empêchés ? demanda Mary choquée.

- Non... Il était sur le parking mais il n'a pas pu... C'est compliqué, précisa Zoey.

- Ok je demande pas, précisa Mary.

Carla revint avec un soda et une paille, replaçant le drap sur Mary pour qu'elle n'ait pas froid.

- Je vais bien Carla, précisa Mary malgré tout extrêmement touchée. Ta mère a dit que tout allait bien.

- Je sais, elle n'arrêtait pas de me le répéter, précisa Carla. Mais... J'ai eu si peur quand t'étais par terre...

- Je me doute, précisa Mary.

La jeune fille allongée sur son lit d'hôpital vit le retour de ses parents dans la chambre ainsi que l'entrée de la mère de Carla visiblement contrariée.

- Il y a un problème ? demanda Mary inquiète.

- Tes parents veulent signer une décharge..., précisa la doctoresse.

- Je peux rentrer tout de suite? demanda Mary.

- Tu peux avec cette décharge mais j'aimerais que l'on te refasse des examens, précisa la mère de Carla.

- Le Seigneur a veillé sur elle, il continuera encore, précisa la mère de Mary.

- Edith... Je partage ta foi, tu le sais mais je ne peux pas la laisser sortir comme ça, précisa la mère de Carla.

- Je croyais que la décharge suffisait..., marmonna Edith.

- Écoute... Je veux faire une IRM et un scanner, ainsi qu'une prise de sang, si tout est bon, j'accepte que tu signes la décharge, d'accord ? demanda la mère de Carla.

- Maman, c'est plus sûr... J'ai foi en Dieu mais il vaut mieux prendre toutes précautions non? demanda Mary rapidement.

Vu ce qu'il venait de se passer, sa mère n'allait clairement pas lui refuser cela. Elle finit donc par céder aux demandes de la doctoresse et Mary passa ses examens. Inutile de préciser que sa mère fut confortée dans son opinion quand les résultats de ceux-ci leur parvinrent dans l'après-midi. En effet, selon la mère de Carla qui avait choisi de faire quelques heures supplémentaires, elle se portait sans doute bien mieux que si elle n'avait jamais eu d'accident. Ainsi, Mary avait pu s rhabiller, découvrant que neuf jour sans bouger, cela nuisait clairement aux jambes.

- Merci Maman, fit Mary que sa mère avait aidée à enfiler une robe.

- Tu tiens? s'inquiéta sa mère en tenant sa fille debout.

- Je pourrais pas faire la file pour un concert, précisa Mary en riant.

Sa mère la regarda et fondit en larmes. Mary se pencha alors pour la serrer dans ses bras.

- Tu aurais pu ne jamais retourner voir un concert, fit sa mère en serrant sa fille.

- Maman... Tu vas pas pleurer dès que je vais parler quand même ? demanda Mary.

- J'ai eu si peur, fit encore sa mère.

- Je sais... Tu as eu du mal à m'avoir..., murmura Mary en embrassant la tête de sa mère.

Mary vit la tête de son père à l'entrée de la chambre d'hôpital, tirant un fauteuil pour la guider vers la voiture sans doute. Elle lui fit un signe de la main, un signe pour qu'il attende. Elle n'était pas habituée à voir sa mère dans cet état et elle se faisait un devoir de la rassurer.

- Maman... Papa est remonté, précisa Mary au bout de quelques minutes.

- Oui, merci chéri, dit-elle à son mari en s'essuyant les yeux.

Son père avait déjà emmené les fleurs et tous les ballons, les cartes de prompt rétablissement, les chocolats également. Il était évident que bien des membres de l'église avaient pensé à elle. Elle s'assit doucement sur le fauteuil en grimaçant, la plupart des fêlures osseuses se trouvant sur ses jambes, auxquelles elle devrait d'ailleurs faire attention.

- Ça va ma chérie ? demanda sa mère inquiète.

- Maman... Arrête de paniquer, j'ai juste mal, la rassura sa fille.

- Tu veux que j'aille demander...

- Maman, je l'ai dit à la mère de Carla, je ne veux pas d'anti douleurs..., marmonna Mary.

- Je sais... Tu as juste accepté l'ordonnance pour les somnifères, assura sa mère.

- Chérie... Elle va plus que bien, lui assura le père de Mary.

- Mais... Bon..., grommela sa mère.

Mary sourit à sa mère et lui attrapa la main pendant que son père se mettait à la pousser. Elle regarda alors dans le couloir et il faisait très calme, c'était tout de même un hôpital. Et surtout que les deux personnes qui auraient pu être bruyantes étaient rentrées chez elle. Elle n'aimait pas les hôpitaux, comme beaucoup de gens d'ailleurs sauf le personnel du moins en théorie. C'était à ses yeux un endroit où certes certains apprennent de bonnes nouvelles mais malheureusement, dans quatre-vingt-dix pourcents du temps, c'était tout de même de mauvaises nouvelles. Elle regarda sur sa droite, découvrant des gens en train de discuter. Elle regarda ensuite à gauche et se figea sur son fauteuil roulant. Les médecins s'affairaient sur quelqu'un, ce même quelqu'un qui était relié à une machine semblant être devenue folle.

- Seigneur, marmonna sa mère attirée par le bruit.

Mary ne pouvait détacher les yeux de la scène, non pas par curiosité morbide mais bien parce qu'elle voyait quelque chose de particulier. Tout autour du patient ou de la patiente, Mary ignorant ce détail, il y avait comme une fumée grise très pâle. Elle se gratta les yeux pour vérifier. La mère de Carla avait été claire avec Mary, elle pourrait avoir quelques petits problèmes de vue, la luminosité la blessant peut-être ou alors une difficulté à observer les détails mais du repos suffirait.

- Ça va Mary? lui demanda son père.

- Tu sais qui c'est ? demanda Mary en observant toujours cette étrange fumée.

- Je crois que c'est un suicide, j'ai vaguement entendu l'appel, précisa le père de Mary.

- D'accord..., marmonna Mary.

Alors que le personnel essayait toujours de sauver ce patient, les bips de la machine devinrent un long bip continu. La fumée grise se mit alors à disparaitre.

- Il...

- Avançons, fit son père en poussant la chaise.

Mary eut juste le temps de remarquer que la fumée avait totalement disparu et que les médecins annonçaient l'heure du décès que ses parents l'emmenaient déjà à l'autre bout du couloir.

- Qu'est-ce que c'était ? murmura tout bas Mary.

- Tu as dit quoi? demanda sa mère en la regardant.

- Rien d'important, répondit Mary peu désireuse d'inquiéter sa mère.

Mary arriva devant la porte d'ascenseur où une mère et sa fille attendait aussi. Cette mère salua Mary et elle sourit alors que tout le monde montait dans l'ascenseur. Elle regarda la jeune fille bien plus jeune qu'elle et l'observa. Elle semblait très nerveuse.

- Ton père ne sera pas content, grommela la mère tout bas.

- C'est pas mon père, grommela la jeune fille.

- Tu verras ce qu'il va dire, s'énerva la mère tout bas.

Mary regarda la jeune fille et aurait juré la voir trembler. Et puis, le même phénomène que dans le couloir se reproduisit. Une toute petite fumée grise apparût autour de la jeune fille, se déplaçant le long de ses bras pour s'arrêter aux poignets. La jeune fille se gratta d'ailleurs ceux-ci et se mordait la lèvre.

- Au revoir, fit la mère en descendant de l'ascenseur.

Mary regarda la jeune fille s'éloigner, suivie par cette petite fumée grise étrange. Elle ne put suivre les déplacements de celles-ci car ses parents l'emmènerent de l'autre côté. Mary regardait partout dans le hall, se demandant si ce n'était pas lié à sa rétine mais il n'y avait plus rien. Cependant quand son père passa devant le stand de café, toutes les odeurs lui parvinrent à grande vitesse. C'était franchement intéressant toutes ces saveurs. Le fait d'être comme dans le coma avait dû affaiblir ses sens qui étaient en train de se rattraper. Et pour confirmer cela, ses yeux lui firent mal dès l'instant où le soleil se posa sur son visage.

- Aïe..., grommela Mary en cachant ses yeux.

- Pardon, fit son père avant de lui tendre des lunettes de soleil. Tiens.

- C'est normal? demanda Mary.

- Oui, c'est parce que tu étais les yeux fermés, précisa sa mère. Ça va passer durant le week-end.

Son père l'aida à s'installer à l'arrière de la voiture et tout le trajet durant, elle regarda par la fenêtre. Elle avait l'impression que les couleurs étaient plus vives, plus nettes. Elle avait peut-être réellement un soucis aux yeux après tout, elle devrait en parler dans quelques jours quand elle devra revoir un médecin pour vérifier son état. Son père contourna le lycée faisant un grand détour.

- Tu fais quoi? demanda Mary surprise.

- J'arrivais plus à passer devant cette rue, assura son père. Je...

- D'accord, je comprends, assura Mary en posant une main sur son épaule.

- On a eu tellement peur, précisa sa mère.

- Je sais Maman, assura Mary.

Elle se réinstalla au fond de son siège pour être ramenée chez elle confortablement. Godbless n'étant pas devenue une mégapole dans les neuf jours qu'elle avait ratés, le trajet fut tout de même assez court. Sa mère s'était empressée de l'aider à descendre dès que le véhicule se fut arrêté. Elle vit son père aller à la boîte aux lettres et en sortir un sacré paquet de courrier.

- C'est quoi tout ça ? demanda Mary en avançant doucement.

- On reçoit des lettres de solidarité, l'histoire du sauvetage est passée dans la presse, expliqua son père.

- Ho merde..., réalisa Mary.

- Et tu reçois plein de petits colis pour ton réveil, précisa sa mère. Des chocolats ou des choses comme ça en général, on a mis un tas de truc dans ta chambre. Tu as même reçu des cadeaux d'anniversaire.

- C'est complètement dingue..., marmonna Mary.

- Je vais signifier que tu es réveillée sur les réseaux sociaux et que tu les remercies tous, cela va peut-être les calmer, assura sa mère.

- J'espère... Surtout que je vais devoir subir des regards au lycée, marmonna Mary.

- Avance doucement, lui assura sa mère en la guidant.

Mary arriva doucement sur le perron et leva les jambes pour monter les marches. Elle avait déjà moins mal c'était sûr. Elle se demandait comment elle avait pû aller mieux aussi vite. Elle entra chez elle et regarda sa mère.

- Je vais m'allonger dans ma chambre, précisa Mary.

- Appelle au besoin... Tu préfères pas rester en bas? demanda sa mère.

- Je vais charger mon téléphone, fit-elle en montrant le smartphone désormais légèrement cabossé mais surtout déchargé. Et rassurer les autres.

- D'accord... Je passerai voir si ça va, précisa Edith.

- Dis à Papa de se reposer un peu, il a l'air en manque de sommeil, précisa Mary. Et tu as des cernes gigantesques...

- Je sais, fit sa mère en l'embrassant sur le front.

Mary s'aida principalement de la rampe d'escalier pour escalader les marches. Cela prenait du temps, bien plus que d'habitude en réalité. Elle fut sûrement plus qu'heureuse d'arriver en haut de cet escalier et dut malgré tout s'appuyer pour continuer la route. Elle arriva enfin devant la porte de sa chambre et l'ouvrit. Elle fut un peu effarée de découvrir un petit amoncellement de courrier en tout genre, agrémenté de boîtes de chocolats ou de confiseries. Il y avait même des jolies petites peluches. Mary restait choquée en s'approchant de son bureau. Pourtant il manquait clairement quelque chose sur ce bureau et elle se mit à chercher partout.

- Mais... Où est Melo? demanda Mary toute seule.

Bien sûr, cette peluche n'avait pas énormément de valeurs surtout depuis qu'elle était adolescente. Mais en réalité, elle s'était attachée et trouvait sa présence essentielle dans sa chambre. Elle regarda au sol et soupira.

- Avec mes jambes... Il va être tombé du bureau, marmonna Mary en prenant appui sur le lit.

Elle se pencha délicatement en regardant sous son bureau et elle la vit. Sa petite peluche rose en forme d'oiseau si importante. Elle se pencha un peu plus et ramassa cette peluche du bout des doigts avant d'avoir bien des difficultés à se redresser.

- Bon sang..., marmonna Mary en se levant.

Elle reposa sa peluche sur son bureau et la fixa.

- Tu bouges plus, fit-elle en riant.

Elle regarda cette petite peluche en riant encore un peu avant de se décider à attraper le cable pour recharger son téléphone. En attendant que ce dernier ait un peu de batterie quand même, elle se mit à ouvrir les lettres. Beaucoup de personnes de la ville la considéraient comme une héroïne, alors qu'elle n'avait fait que suivre son instinct. Aux yeux de Mary, elle ne méritait réellement pas autant d'honneur, convaincue que n'importe qui aurait fait de même dans sa situation. Cependant, elle regarda quand même les nombreuses boîtes de chocolats, une dizaine tout au plus, et elle sentit poindre une petite envie. Elle s'approcha alors d'une boîte et l'ouvrit avant de saisir la première confiserie chocolatée. Elle la mit dans sa bouche et croqua, sentant la petite crème aux noisettes et se rendit compte que les gens avaient dû dépenser une fortune tant ce chocolat était excellent.

- Les gens sont trop gentils quand même, fit-elle en cherchant une carte avant d'en remarquer l'absence totale. Ha... Je ne pourrai même pas les remercier.

Elle remarqua cependant une boîte assez petite et emballée dans un emballage cadeau. Quelqu'un avait dû penser à son anniversaire et elle le posa sur son lit avant d'attraper son téléphone et de l'allumer. Elle patienta un petit peu et se rendit compte qu'il y avait plein de messages. C'était principalement de ses amis proches évidemment et même récemment, elle en avait reçu de Carla et Zoey. Elle leur assura, avec un grand sourire, que tout allait bien et qu'elle était bien rentrée. Elle regarda la liste des messages et se rendit compte qu'il y en avait de Mark. Immédiatement, et assez enjouée, elle lui envoya un message pour lui dire qu'elle était chez elle. Il semblait assez rassuré dans sa réponse, soulagé qu'elle aille bien désormais. Il lui assura d'être énormément inquiété pour elle et avoir beaucoup prié. Ils discutèrent ainsi longuement mais Mary ne voyait pas apparaître le message qu'elle attendait le plus. Si Mark éprouvait quelque chose, comme elle l'espérait depuis longtemps, il ne trouvait pas le courage de l'avouer. Elle hésitait souvent à prendre les devants pour lui signifier ce qu'elle ressentait mais elle craignait que lui ne la voie que comme une amie qu'il protégeait certes, mais simplement une amie. Au bout de près d'une demi-heure à s'échanger des messages sans jamais rien avouer, Mark décida de prendre congé tout en assurant être impatient de la revoir au lycée et qu'il lui offrirait un cadeau d'anniversaire à ce moment là. Ce fut à cet instant qu'elle réalisa que le cadeau sur le lit n'était pas de Mark. Elle savait déjà que ce n'était ni Zoey ni même Carla, celles-ci préférant lui donner de visu quand ses parents lui permettraient de les accueillir et ça, elle le savait de leur propre aveu.

- Mais alors, c'est de qui? se demanda Mary en attrapant le cadeau.

Elle le tourna dans tous les sens et trouva un petit mot: "De la part de Cameron". Elle se figea surprise que ce dernier lui ait déposé dans la boîte aux lettres.

- Je m'attends au pire connaissant le personnage, marmonna Mary en commençant à l'ouvrir.

Elle ne savait pas vraiment à quoi elle s'attendait mais elle fut agréablement surprise. Le cadeau était tout simplement une compilation en cinq cd de rock chrétien. Elle retourna la boîte pour découvrir les chansons contenues à l'intérieur et fut réellement surprise de cette attention. Elle ouvrit la boite, découvrant les cinq petits disques brillant grâce à leur couleur orangée et elle remarqua immédiatement le tout petit feuillet. Elle se figea en découvrant qu'un papier avait été glissé à l'intérieur.

- Il n'a pas osé ? demanda-t-elle outrée en pensant à ce qu'il avait écrit pour Clara.

Elle déplia le papier et lut le contenu inquiète.

- " Un petit cadeau qui devrait te plaire.", commença à lire Mary. " Je suis sûr que tu espérais le même contenu que Carla!"

Elle soupira en lisant ces mots consternant. Elle s'y était réellement attendue mais elle ne l'avait nullement espéré. Elle remarqua une flèche en dessous et tourna la feuille.

- " Je sais déjà que t'es capable de t'en sortir" lut Mary étonnée. "T'es une fille forte mais si à ce moment là t'as besoin de causer, voici mon numéro. Tiens moi au courant".

Mary regarda le numéro de téléphone et fit très attention à l'écriture. Zoey avait bien raison, ce n'était pas celle de Cameron sur le bouquet de fleur. Il y avait une toute petite ressemblance mais alors extrêmement petite. Elle regarda ensuite les numéros et hésita.

- Ho et puis merde..., marmonna Mary en commençant à le taper. Après tout il m'a fait un cadeau je peux lui dire merci.

Elle appuya sur le bouton d'appel et patienta en entendant la tonalité. Au bout de la seconde, elle se mit à se ronger les ongles ne sachant pas ce qu'elle allait pouvoir dire.

- Allo? fit la voix de Cameron.

- Cameron ? demanda-t-elle quand même malgré le fait qu'elle avait déjà reconnu sa voix.

- Tiens la belle au bois dormant, fit Cameron en chuchotant.

- Très drôle, grommela Mary.

- Tu vas bien? demanda Cameron en chuchotant toujours.

- Un peu mal aux jambes... Mais c'est tout, assura Mary.

- J'espère que tu retiendras la leçon... Percuter une voiture ça fait mal, fit-il chuchotant toujours.

- Est-ce que je te dérange ? demanda Mary réalisant ce dernier détail.

- Non, pourquoi ? demanda Cameron sur le même ton.

- T'arrêtes pas de chuchoter... T'es avec une fille? demanda-t-elle intriguée.

- Non, j'ai Benjamin dans les bras... Sa mère est sous la douche et il arrête pas de pleurer, assura Cameron.

- Tu... Tu es chez Verena? s'étonna Mary.

- Il ne se passe rien entre nous, je squatte son canapé, assura Cameron.

- Tu sais que ça ne me regarde pas en fait? lui demanda Mary en se grattant la joue.

- Tu as l'air jalouse, précisa Cameron.

- Pas du tout, assura Mary vexée.

- Elle est un peu à bout alors on joue aux symbiotes... Je squatte et j'aide, précisa Cameron.

- Tu squattes pour quelle raison ? Et elle... Elle fait un babyblues? l'interrogea Mary.

- Raison personnelle et je sais pas trop..., marmonna Cameron.

Mary entendit chouiner dans le téléphone et Cameron murmurer des paroles réconfortantes au bébé. Elle avait l'impression de pouvoir l'imaginer s'inquiéter pour ce si petit être. Elle trouva cela touchant, ce garçon si irrévérencieux était clairement destiné à devenir un bon père, c'était même certain.

- Je t'appelais pour te remercier pour mon cadeau, avoua alors Mary.

- Il te plaît ? demanda-t-il amusé.

- Oui, comment t'as su? demanda alors Mary.

- Grâce à Zoey, que je n'ai pas séduite d'ailleurs, précisa Cameron avec mesquinerie.

- Ha... Je... Je voulais pas être blessante, précisa Mary se souvenant de ce jour là.

Elle n'en avait pas énormément de difficulté car après tout, pour elle, c'était la veille. C'était donc la raison de leur sortie tous les deux, Cameron voulait lui dégoter un cadeau d'anniversaire qui lui plairait. C'était très attentionné.

- Je comprends, tu t'inquiètes pour ton amie et j'ai pas la meilleure des réputations, murmura Cameron.

- Mais... Tu as des qualités, assura alors rapidement Mary.

- Ho je le sais, tu n'es pas la première à me le dire, assura Cameron.

Elle retira le téléphone de son oreille et le regarda choquée. Il ne pouvait vraiment pas s'en empêcher.

- C'était obligé ? demanda Mary.

- Bon d'accord, j'abuse, y a un moment qu'on ne m'a pas complimenté, précisa Cameron.

- Je te parlais de ta bonté avec ce petit, se vexa Mary consternée.

- Tu vas toujours bien donc, précisa Cameron.

- Hein? s'étonna Mary.

- T'hésites pas à me dire mes quatre vérités, ça me manquait, assura Cameron.

- Ha ha..., fit faussement Mary.

- Et il est clair que bien du monde était en panique, précisa Cameron.

- Quoi ? demanda Mary surprise.

- Mark était incapable de se concentrer aux entraînements, assura Cameron.

- C'est vrai? demanda Mary touchée.

Bien évidemment, Cameron confirma, l'abreuvant ensuite de détails de son incapacité à tenir la longueur à l'entraînement, de faire des passes logiques et d'être précis. Il lui dit ensuite que c'était pareil en classe. À chaque fois cela lui faisait plaisir de l'entendre même si elle s'en voulait d'avoir provoqué tant d'inquiétude à ses proches. Mais plus Cameron parlait des autres, moins il parlait de lui. Et pourtant, Mary savait pertinemment que Cameron s'était inquiété pour elle, Zoey l'avait dit.

- Et... Et toi? demanda Mary l'interrompant.

- Quoi moi? Tu veux savoir si je m'inquiétais? demanda-t-elle amusée. Ainsi donc je suis intriguant...

- Arrête un peu de te la jouer, lui conseilla Mary. Zoey m'a dit t'avoir vu sur le parking de l'hôpital.

- Ha..., marmonna Cameron.

- Tu aurais pu entrer tu sais, mon père ne t'aurait pas jeté hors de la chambre, assura Mary.

- Je déteste les hôpitaux, assura Cameron.

- Qui les aime? Mais pourquoi t'es pas entré ? demanda encore Mary.

Il y eut un silence très lourd et surtout très long. Il avait d'ailleurs été tellement long que Mary vérifia que la conversation était toujours en cours.

- Cameron? demanda Mary.

- Ma mère est morte d'une leucémie quand j'avais quatre ans, précisa Cameron.

Mary écarquilla les yeux de stupeur et s'en voulut de l'avoir obligé à le dire.

- Pardon... Je ne voulais pas t'obliger à me le dire, précisa Mary. Et je suis désolée...

- C'est pas grave, tu es désormais la troisième personne à le savoir, précisa Cameron.

- Quoi? Mais qui...

- Verena et Zoey, précisa Cameron. Elle m'a vu sur le parking comme tu dis.

Mary s'en voulait d'avoir obligé Cameron à en parler, elle avait gaffé.

- Je ne dirai rien à personne, assura Mary. Et si jamais tu as besoin de parler...

- Tu veux que l'on passe du temps seuls pour en parler ? Intéressant, murmura Cameron.

Mary grimaça. Il était revenu à sa personnalité officielle. Elle venait surtout de comprendre que si il se montrait comme ça, c'était une figure public mais en fait, il avait la capacité d'être quelqu'un de bien.

- Et si je te disais oui? le provoqua alors Mary.

- Tiens mon humour ne marche plus, précisa Cameron.

- Il n'a jamais marché, assura Mary en riant.

- Alors soyons sérieux... Je suis vraiment soulagé que tu ailles bien et que tu t'en sois sortie indemne, ajouta Cameron.

Mary se figea étonnée de ce propos, si peu habituée à entendre Cameron parler avec honnêteté.

- Merci, fit-elle touchée. Ça fait plaisir à entendre.

- Parce que je suis le seul peut-être ? demanda-t-il avec un sourire évident.

- Non mais de ta part ça me fait plaisir, assura Mary.

- De ma part ? s'étonna Cameron.

- Ben euh..., marmonna Mary comprenant ce qu'elle avait dit. Je pensais que j'étais juste la fille que t'aimais mettre mal à l'aise par rapport à ses croyances...

- Je vois... Et bien c'est pas le cas, fit Cameron.

- Et donc cela me fait plaisir, précisa Mary. Que tu me dises que tu t'inquiétais...

- T'as passé un scanner ? demanda Cameron.

- Oui... Pourquoi ? s'étonna Mary.

- J'ai l'impression que tu m'apprécies, précisa Cameron.

- Et je devrais avoir un problème au cerveau pour ça ? s'étonna Mary.

- Clairement oui, assura Cameron. Les gens ne s'attachent pas à moi.

- Les gens sont cons, précisa très rapidement Mary. Enfin, faut apprendre à te connaître quand même. Après tout t'essayes de m'aider pour Mark .

- C'est ce qu'on appelle être un peu con, murmura Cameron.

- Comment ça ? s'étonna Mary comprenant qu'il devait déjà se lasser d'aider cette dernière.

- Je me comprends, assura Cameron.

- Je sais qu'on est pas doués avec Mark mais ce que tu fais aide... Merci, lui fit Mary.

- Et maintenant j'ai ton numéro, assura Cameron avec un rire.

Mary grimaça d'inquiétude à ce propos. Elle avait un peu de stress à cette idée.

- Tu ne m'enverras rien de gênant ? demanda Mary méfiante.

- Non, je ne vais même pas t'embêter avec mes messages, assura Cameron. Je te laisserai toujours me contacter en première.

- D'accord... J'avais un peu peur..., précisa Mary.

- Je ne laisserai pas de preuve, précisa Cameron.

- Idiot, fit Mary avec un sourire amusé.

- Je vais te laisser, t'as besoin de repos, précisa Cameron.

- Merci... On se voit lundi, précisa Mary.

- Oui... Je suis content que tu t'en sois sortie, précisa encore Cameron.

- Je sais...

- Et au fait..., fit Cameron avant qu'elle ne décroche.

- Oui? s'étonna Mary.

- Tu es déçue ? demanda Cameron.

- De? insista Mary.

- De ne pas avoir eu le même message que Clara? demanda Cameron.

- Imbécile ! fit Mary en raccrochant vexée.

Elle regarda son téléphone et réalisa qu'elle avait discuté extrêmement normalement avec Cameron et ce, pour une des rares fois dans leur relation amicale. Elle rebrancha son téléphone avant de regarder à nouveau le cd. Cameron pouvait être extrêmement attentionné quand il le voulait et cela lui faisait plaisir. Il avait passé du temps à chercher un cadeau qui allait lui plaire. Secrètement, elle se demanda si, entre l'aveu du décès de sa mère et son propre accident, ils ne pourraient pas réellement devenir amis tous les deux. Elle aimerait tellement qu'il arrête ses provocations envers elle pour agir comme un ami, purement et simplement, en respectant ses opinions et sans faire sans cesse des allusions graveleuses. Peut-être que maintenant qu'il avait réalisé qu'il pouvait perdre une amie, il allait mieux agir. Elle s'allongea sur le lit et regarda son plafond en soupirant.

- En tout cas, ils se sont tous inquiétés pour moi, ça signifie que ce sont de vrais amis, tant mieux, fit Mary pour elle-même.

Elle songeait à remercier Zoey d'avoir aidé Cameron mais se jura de ne pas en parler à Carla. Ce n'était pas par envie de faire des cachotteries mais bien parce que cette dernière avait évoqué une possibilité dérangeante. Elle appréciait Cameron, parfois en tout cas, mais seulement en ami.

- Pourquoi elle a cru ça ? J'avais vraiment l'air jalouse ? demanda Mary choquée. J'étais inquiète pour Zoey...

Elle réalisa que Cameron avait précisé qu'il ne se passait rien mais elle était convaincue que c'était par peur du jugement de sa part. Il n'y avait absolument rien entre eux et ça, elle en était certaine. Et de toute façon, c'était totalement impossible. Plus incompatibles, c'était difficilement imaginable, ils étaient trop différents pour pouvoir envisager ne serait-ce qu'un peu plus que de l'amitié. Il avait bien trop de vice et visiblement, beaucoup de problèmes personnels. Mais dans sa réflexion, elle se demandait surtout pourquoi il squattait si souvent le canapé de Verena. Elle se demandait si il n'avait pas d'autres soucis dont il ne parlait pas. Il faudrait qu'elle le sache, elle devait l'aider si elle pouvait, comme sa mère lui avait toujours appris.

- Bon... Maintenant autant ouvrir tout ce courrier, fit-elle en se redressant.

Elle se leva du lit et avança vers le bureau avant de mettre le pied sur quelque chose. Elle s'arrêta et regarda par terre sous son pied. C'était sa petite peluche qui était au sol.

- Pourquoi t'es retombé toi? s'étonna Mary en se penchant.

Elle le ramassa et le posa sur le bureau. Elle attrapa des lettres et tourna la tête vers sa peluche. Elle aurait juré l'avoir vu bouger légèrement et puis, elle soupira.

- Tout ça, c'est trop de stress et le choc, je dois me reposer. J'ai le weekend au moins... Je me demande quand même ce que Mark m'a acheté..., fit-elle en rougissant.

Mary s'installa sur son lit bien décidée à reprendre des forces. Elle l'ignorait encore, mais sa vie venait de changer de façon extrêmement drastique et ce, pour toujours...





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