L'Ame des Anges: Incarnation

Chapitre 3 : Le sacrement du mariage

8352 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/09/2022 08:58

Chapitre 03

Le sacrement du mariage


Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au–delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles.


Seconde Épître aux Corinthiens, Chapitre Quatre, Versets Dix-sept et Dix-huit



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Déjà une semaine de cours était passée depuis la rentrée et notre jeune Mary restait assidue. Avec ses amis, elle faisait tout pour mettre leur nouvelle amie Zoey à l'aise et l'avait même conviée à observer l'entraînement de basketball. Elle les avait suivies sans hésitation et avait apprécié de regarder les sportifs du groupe donner leur maximum. Mary et Zoey n'avait plus abordé ce qu'il s'était passé dans les toilettes, ce qui rassurait déjà la victime de ces brimades. C'était d'ailleurs Mary qui s'était proposée pour mettre un peu Zoey au niveau du lycée et elle l'avait donc conviée en ce samedi matin pour lui donner ses vieux cours. La jeune invitée avait d'abord hésité avant d'accepter en voyant que c'était réellement un geste de sympathie. Elle était donc venue ce matin-là, assez tôt au vu de l'emploi du temps de la famille Simms et se trouvait désormais assise sur le lit de Mary.

- Et là, tu as les formules de mathématiques, annonça Mary en souriant et posant son cahier de notes.

- Ok..., fit Zoey un peu débordée en sortant son téléphone pour prendre des photos.

- Tu pourras les emmener chez toi tu sais ? insista Mary.

- C'est vrai? C'est gentil, merci, fit Zoey un peu gênée quand même.

- De rien, répondit Mary en riant de la gêne de son amie.

- Toc Toc, fit la voix de la mère de Mary, Edith.

Mary releva la tête et vit sa mère dans l'encadrement de la porte, les mains portant un très grand plateau. Elle se leva du lit er fonça pour ouvrir la porte en grand afin de permettre à sa mère d'entrer.

- Merci ma puce, fit sa mère en posant le plateau sur le bureau de sa fille. Je ne savais pas ce que vous aimiez Zoey alors j'ai préparé du jus d'orange, de l'eau et des gâteaux mais également quelques muffins.

- Il ne fallait pas Madame Simms mais c'est très gentil à vous, lui assura alors Zoey.

- Si tu veux autre chose, n'hésite pas, précisa ensuite Edith.

- Cela ira je vous assure, précisa Zoey.

- Ça fait plaisir de voir de nouvelles têtes, avoua Edith. Ma fille a toujours eu des difficultés à se faire des amis.

Mary regarda sa mère, légèrement gênée du propos. Mais ce n'était pas tellement faux non plus. Elle n'avait certes pas beaucoup d'amis mais il s'agissait d'amis absolument fidèles et en qui elle avait confiance.

- Je vais vous laisser quand même, fit Edith en sortant. Je suis en bas au besoin.

- Merci Maman, lui dit alors Mary.

Mary referma derrière sa mère. Ses parents ne voyaient aucune objection à ce qu'elle le fasse car seules les filles étaient autorisées dans sa chambre. Cela ne changeait pas grand chose à l'affaire, Mary n'aurait jamais invité un garçon dans celle-ci.

- Ta mère est très gentille, lui assura Zoey.

- Tu peux dire envahissante, Carla me l'a déjà affirmé, fit Mary en souriant.

- Disons qu'elle doit croire que j'ai fait un jeûne, assura alors Zoey en riant avant de se lever.

Mary la regarda s'approcher de son bureau et se prendre un petit muffin après s'être servi un verre de jus d'orange.

- Ils sont bien gros ces muffins, avoua Zoey en regardant l'un de ceux-ci.

- Ma mère les fait toujours comme ça, Carla est venue passer une semaine à la maison une fois et elle a pris près de deux kilogrammes, avoua Mary en riant.

- Wahou... C'est génial, fit-elle avant de mordre dedans. Ho putain que c'est bon! Ça change de ces saloperies industrielles qu'achète mon frère.

- Euh Zoey, l'interpella alors Mary hésitante à faire la remontrance. Évite de jurer dans la maison...

- Hein? s'étonna Zoey. Ho... Désolée.

- C'est pas grave, fit Mary. Et tu vis seule avec ton frère ? demanda-t-elle ensuite.

- Ouais... Mes parents sont morts dans un accident de voiture, mon frère était déjà majeur donc il a obtenu ma garde, fit Zoey avant de voir la mine triste de son amie. C'est pas grave... Enfin si, mais je peux en parler.

- Toutes mes condoléances, fit poliment Mary.

- Je suis bien avec mon frère même si niveau cuisine, il a de grosses lacunes, avoua Zoey.

Mary était assez mal à l'aise et Zoey le remarqua rapidement. Comme souvent dans ce genre de situation, elle se contenta de regarder son environnement. Elle observait les photos de Mary et de ses amis, ses dessins et s'arrêta sur la petite peluche en forme d'oiseau rose.

- Ho c'est mignon ! fit Zoey en la regardant.

- C'est Melo... Une peluche de quand j'étais petite, un cadeau de mes grands-parents, avoua Mary en se souvenant de ces temps bénis.

- Tu dors avec? demanda Zoey.

- Non, je suis trop grande, fit Mary.

- Pff, y a pas de honte, fit Zoey en riant. Mais c'est mignon...

Mary la regarda amusée et Zoey observa de nouveau les photos.

- Au fait Carla m'a dit que tu lui avais conseillé de m'inviter à son anniversaire, lui lança Zoey.

- Elle voulait déjà, on a eu la même idée, lui assura Mary en ne mentant nullement.

- C'est sympa... Y aura du monde? demanda Zoey.

- Euh les potes, fit Mary. Mais c'est surtout Luis qui invite du monde, et comme sa copine est cheerleader, ça en fait plus. Mais il y aura aussi le garçon du journal si il vient...

- Declan c'est ça ? Celui sur qui elle a un crush ? demanda Zoey pour être sûre.

- Celui-là même, fit Mary en riant. Et Mark...

- Forcément... Attends une seconde... Les cheerleaders ça signifie... Cette pute? demanda Zoey.

- Zoey!!! grommela Mary.

- Ouais... Bon... Sérieux ? insista quand même Zoey.

- Elles ne font rien en public..., marmonna Mary.

- Tu devrais en parler avec quelqu'un, insista Zoey.

- Je ne veux pas créer des ennuis à quelqu'un, et mes parents ne doivent pas s'inquiéter pour moi, avoua Mary gênée.

- Mais elle allait te gifler, s'énerva un peu Zoey.

- Je sais pas...

- Et le pourquoi du comment ? Tu sais ce qu'elle a contre toi? la questionna Zoey.

- Vraiment pas mais sur Cross ils disent que cela arrive souvent... Tiens regarde, fit Mary en ouvrant son ordinateur.

Elle lança l'explorateur internet et se connecta sur son compte sans se rendre compte que Zoey avait vu son mot de passe. Elle la regarda attentivement et Zoey sourit. Il fallait bien reconnaître que le mot de passe de Mary, à savoir "grendeurdivine111", avait de quoi faire sourire. Elle lui mit rapidement les pages débats sur les agissements subis par les adolescents plus croyants que la moyenne.

- Signaler cela s'apparente à des médisances? C'est débile ! s'offusqua Zoey.

- Tant que je ne subis pas de coups, ce n'est pas grave... Ce ne sont que des mots, avoua Mary.

- Tu devrais te réveiller Mary, lui signifia Zoey.

- Pour? demanda celle-ci surprise.

- Écoute... Je ne suis pas plus croyante que ça, avoua simplement Zoey. Je me moque de tes croyances, tu as le droit de vivre ta foi. Mais se laisser bousculer ne résoudra aucun problème.

- Je sais... Mais imagine qu'elle soit renvoyée ? Ou pire que cela ne change rien et que mon père soit viré? demanda Mary.

- Et imagine que ce n'était pas une provocation ? T'as jamais lu GTO Shonan Days? demanda Zoey.

- Euh non... C'est quoi? demanda Mary.

- Un manga qui... Laisse tomber, fit Zoey se souvenant que tout ce qui était un peu limite moralement n'intéressait pas Mary. Bref, il y a une fille qui le fait vraiment.

- Ho... C'est choquant... Mais elle ne le fera pas, avoua Mary.

Zoey partit s'asseoir sur le lit en regardant Mary qui était donc une victime totalement passive.

- Je garderai l'oeil ouvert sur cette sal... Cette pécheresse ? demanda-t-elle avec un petit sourire.

- Je prends, fit Mary en souriant. Et merci encore.

- En fait votre bahut de merde est pareil que les autres, ajouta Zoey en haussant les épaules.

- Ha bon? s'étonna Mary.

- Ouais, Cameron m'a dit que c'était comme ailleurs, des paris débiles sur le pucelage des filles, des listes de beaux culs et beaux nichons, et le reste, marmonna Zoey en développant.

- Cameron? s'étonna Mary.

- Ouais par texto, confirma Zoey.

- T'as... T'as son numéro ? demanda Mary étonnée.

- Ouais on discute... Il est sympa quand il parle de choses normales, fit Zoey.

- J'ai du mal à le voir agir normalement, fit Mary surprise.

- Faut juste savoir le prendre par le bon bout, fit Zoey en riant.

La réaction de Mary, qui devint donc écarlate, fit rire aux éclats Zoey.

- Non mais façon de parler quoi... Pas ça, fit Zoey en riant.

- Ho... Ok, fit Mary rassurée.

- Et il a compris ce qu'était la surprise de la principale, assura Zoey.

- Et c'est quoi? demanda Mary.

- Viens t'asseoir, je te montre, fit Zoey en sortant son téléphone.

Mary était tout de même légèrement étonnée qu'un véritable lien se soit créé entre Cameron et Zoey. Elle s'inquiétait surtout pour la jeune fille en espérant qu'elle n'espère rien de plus de la part de l'autre énergumène. Elle observa l'écran du téléphone de son amie et celle-ci se rendit sur la page d'un célèbre magazine.

- Ho je connais ce magazine, fit Mary. Carla est fan.

- Ouais, je crois qu'elle me l'a dit, avoua Zoey.

Ce fameux magazine, il s'agissait tour bonnement de Young Natural Look. Ce magazine qui avait un véritable succès depuis quelques années s'était fait une spécialité de décrypter tous les styles à la mode et ensuite comment les adopter avec des budgets plus ou moins gros. Mary avait déjà regardé ce magazine et il existait même des pages pour des looks plus conservateurs comme le sien. En réalité, c'était bien ce qui avait fait le succès de cette revue, sa grande diversité et surtout son respect de l'image féminine car à l'intérieur, aucune pose trop osée et même les pages lingeries restaient assez sobres.

- Je dois voir quoi? demanda Mary intriguée.

- Ça, c'est la page de leur concours et c'est Nina Carmichael qui en parle, avoua Zoey.

- Et c'est qui? demanda Mary perdue.

- C'est juste la mannequin la plus en vogue du moment, vingt-trois ans, première gagnante du concours NewModel il y a cinq ans, expliqua Zoey. Et tu devrais adorer elle revendique le même genre de choses que toi.

- Tu veux dire qu'elle est croyante ? demanda Mary surprise.

- Ouais, et elle est pour une vie respectueuse de son corps... Et la pureté avant le mariage, expliqua Zoey.

- Une mannequin ? C'est une blague ? demanda Mary.

- Pas le moins du monde... Vas-y écoute, fit Zoey en lançant une vidéo.

La vidéo commençait assez simplement, par des images en noir et blanc d'un concours qui devait être daté de la candidature de la mannequin. Plusieurs jeunes filles avec des looks divers et variés défilaient, s'entrainaient à poser et puis, une fille fut déclarée gagnante. Et puis apparut le visage fin et émacié d'un mannequin peu maquillé mais avec une coiffure assez rock'n'roll.

- Salut mes chéris, fit la mannequin. C'est Nina Carmichael qui vient pour vous annoncer une grande nouvelle. C'est le retour du concours New Model!

Mary regarda attentivement son amie ne sachant pas comment réagir. Zoey lui fit juste signe d'attendre.

- Cette fois, ce sera différent, fit la mannequin. Cette année et pour la première fois, ce seront des adolescentes qui participeront à ce concours pour découvrir la prochaine grande mannequin de la décennie. Plus besoin d'avoir un book, plus besoin d'avoir déjà fait des photos professionnelles, ou n'importe quelle expérience. Cette année, il n'y aura que le charme naturel qui fonctionnera, qu'importe la taille que vous faites ou que vous portez, concours sera ouvert à toutes dès quinze ans. Le seul critère sera d'être lycéenne. En plus, cette fois c'est New Model qui se déplace dans les lycées participants. Alors vous êtes prêtes à travailler à mes côtes ? Moi oui! Inscrivez vous.

Mary regarda Zoey qui s'amusait de son effet. Mary se demandait quand même comment Cameron avait compris cela et elle préféra tout compte fait l'ignorer.

- Cool non? demanda Zoey.

- Bof..., avoua Mary.

- Attends sérieux... C'est génial, y aura trois membres dans le jury, Nina Carmichael, en tant que marraine. Y aura aussi Thomas Ambrose, le patron du magazine et surtout Nino Martinez, le styliste à la mode..., fit Zoey très contente de décrire ce concours.

- Tu veux participer ? demanda Mary étonnée.

- Bien sûr que non, t'as vu ma tronche ? répondit alors Zoey en riant. Je... Je veux proposer mes dessins au styliste...

- Tu conçois des vêtements ? s'étonna Mary.

- Ouais... Unisexe... Pour euh... Les non-binaires, avoua Zoey.

- C'est bien... Sérieusement, assura Mary. J'espère que tu pourras le proposer.

- Moi aussi... Tu vas t'inscrire ? demanda Zoey.

- Moi? Non... Aucune chance, je suis banale, avoua Mary. Mais Carla n'hésitera pas.

- Tu pourrais, je t'assure, fit Zoey.

- Merci... Mais c'est pas pour moi, je suis trop timide, assura Mary.

- Je pense qu'ils vont venir dans notre lycée, ça doit être ça, avoua Zoey.

Mary entendit son téléphone sonner et elle l'attrapa avant de découvrir un message de sa mère.

- Un soucis ? demanda Zoey.

- Ma mère... Elle me demande si elle doit partir sans moi, avoua Mary.

- Ho merde... Tu m'avais dit que t'avais des trucs de prévus, réalisa Zoey en s'éloignant du lit.

- C'est pas grave, on peut rester, fit Mary.

- C'était important ? insista Zoey.

- Distribution de nourriture au secours populaire, expliqua Mary. Et plus tard une mariée à rassurer.

- Je vais te laisser aider ta mère... On se voit lundi! lança Zoey.

Elle était rapide pour filer à l'anglaise. Mary n'avait même pas eu le temps de relever qu'elle partait que cette dernière était déjà en bas. Mary la raccompagna quand même à l'extérieur et la salua.

- Songe au concours ! Pour Mark ! fit Zoey en partant.

- Prépare tes dessins! cria Mary amusée.

La jeune Mary referma la porte immédiatement avant de chercher sa mère.

- Maman? demanda Mary.

- Dans la cuisine ma puce ! fit Edith dans un bruit de métal.

- Zoey est partie... Elle s'excuse de nous mettre en retard, avoua Mary.

- C'est pas grave... Elle a l'air gentille, fit sa mère avec un sourire.

- Elle arrive de Washington, c'est différent, fit Mary amusée.

- Mais elle n'a pas chaud avec son chandail ? demanda Edith en préparant des caisses.

- Peut-être frileuse, répondit Mary. Je prends quelles caisses ? demanda-t-elle désireuse d'aider.

- Ces trois là, elles sont pas trop lourdes, la voiture est ouverte, précisa sa mère.

Elles ne mirent pas moins de quinze minutes pour remplir la voiture et Mary s'installa immédiatement sur le siège avant et s'attacha. Étonnement, sa mère avait mis du temps à venir s'installer au volant. Mary la regarda pianoter sur son téléphone et vit de l'inquiétude sur le visage de sa mère.

- Papa va bien? hurla presque Mary en panique.

- Ton père va bien, fit sa mère après avoir sursauté. C'est pour la distribution... On m'a demandé de remplacer des gens pour le quartier de Fallton...

- Ouf..., fit Mary soulagée pour son père. Fallton? Mais c'est...

- Il y a des agents de sécurité, précisé sa mère. Tu veux rester ici?

- Non je t'accompagne, encore plus maintenant, fit Mary.

Sa mère la regarda attentivement et sa fille devait clairement arborer le visage résolu qu'elle avait habituellement. Sa mère s'installa donc au volant et démarra. L'avantage d'une ville de la taille de Godbless, c'était bien que l'on en avait vite fait le grand tour. En effet, malgré quelques embouteillages habituels dans le quartier moins aisé, elles arrivaient déjà en moins de quinze minutes.

- Le maire devrait un peu investir dans le quartier, lança Mary.

- T'as vu l'état des routes? Ce n'est pas parce que ce quartier attire moins de gens qu'il faut le laisser à l'abandon, confirma immédiatement sa mère.

- Je me demande à quoi ressemble l'éclairage la nuit, précisa Mary.

- Selon ton père, c'est plutôt léger, répondit sa mère.

Mary grimaça un peu, elle connaissait certes les risques mais cela ne l'empêchait nullement de passer ses nuits à prier quand il restait dehors toute la nuit. Le centre d'actions sociales était dans le même état que le reste, plutôt délabré donc, mais on pouvait tout de même remarquer que les habitants du quartier tentaient de l'entretenir avec leurs moyens assez ridicules. Un homme, plutôt mal habillé et pas forcément propre, leur faisait signe. Sa mère ralentit doucement et se porta à la hauteur de cet homme.

- Excusez moi de vous déranger, fit l'homme avec une politesse surprenante. Vous êtes la Révérende Simms?

- Oui c'est cela..., hésita sa mère.

- Je fais l'entretien ici, excusez ma tenue. Vous pouvez passer derrière le bâtiment, quelqu'un surveille les voitures des gens venus faire la distribution, expliqua l'homme d'entretien.

- Ho merci, fit sa mère rassurée. Dieu vous bénisse.

Il y avait du monde c'était évident, le quartier n'étant pas des plus aisés. Ce n'était bien sûr qu'une goutte d'eau dans un océan de misère mais cela pouvait aider un petit peu les habitants. Sa mère guida la voiture à l'arrière et Mary put remarquer que beaucoup d'autres personnes déchargeaient des voitures remplies de vivres en tout genre et également de première nécessité. Elle et sa mère firent donc de même avant d'entrer dans la grande salle.

- C'est pas génial, marmonna Mary en regardant le plafond abîmé.

- C'est sûr que notre centre habituel est dans un meilleur état... Je vais demander aux fidèles de faire une collecte, décida sa mère.

- Je donnerai même un peu de mon argent de poche, annonça Mary.

- Ce n'est pas nécessaire ma chérie...

- Mais ce serait gentil, fit une voix derrière.

Mary se retourna en sursaut pour découvrir un homme bien plus âgé et barbu, cheveux et barbe complètement gris. En baissant le regard sous la barbe, Mary repéra le faux col caractéristiques d'un prêtre.

- Père Williams, fit alors sa mère.

- Révérende Simms, merci d'être venue, fit donc le prêtre.

- Ma fille Mary, chérie voici le Père Williams de Sainte Cécile, précisa sa mère.

- Enchantée Mon Père, dit Mary poliment.

- Le même prénom que la mère de notre Seigneur, fit le prêtre. Content de te connaître. Installez vous sur cette table, les gens feront le tour.

Ce n'était pas la première fois que sa mère et le Père Williams opéraient ensemble mais c'était bien la première fois que Mary lui adressait la parole. Il faut bien reconnaître qu'en général, les deux guides spirituels travaillaient ensemble pour trier les collectes de vêtements mais plus rarement lors d'une distribution, chacun gérant son propre centre.

- Ça doit être surprenant pour les gens, avoua Mary avec un sourire.

- C'est sûr, il manque un rabbin et on a une blague, fit Edith en riant.

Sa fille sourit à la petite blague et se mit à vider ses caisses contenant quelques conserves et celles contenant des pains de mies et des brioches. Il y avait même de tout petits jouets, au cas où. Elle releva les yeux pour découvrir des gens de toutes origines, de tous milieux et sans doute de toutes confessions vu qu'elle remarquait même une famille indienne, le père de celle-ci portant la coiffe caractéristique. Tous ces gens étaient simplement unis pour aider leurs semblables en leur donnant tout ce qu'il fallait. En effet, il y avait même une table pour distribuer du matériel scolaire aux familles démunies.

- Comment ça marche ici? demanda Mary intriguée.

- Ils donneront une carte à poinçonner... Voilà la poinçonneuse, fit sa mère en la plaçant. Une conserve de chaque et un pain de mie, une brioche également...

- Qu'est-ce qu'il y a Maman? demanda sa fille intriguée.

- J'ai déjà peur de devoir dire à certains qu'il n'y aura pas assez, marmonna sa mère.

- Il n'y en a jamais assez, assura sa fille. Si on pouvait faire plus...

- Et cela va de mal en pis, à chaque crise économique nous laissons de plus en plus de gens dans la misère..., marmonna de plus belle Edith.

- Et dire que les quelques pourcents plus riches le sont plus que les autres, c'est grave quand même, confirma Mary.

Mary remarqua immédiatement qu'un calme s'installait et elle leva la tête pour repérer le Père Williams au milieu de la salle.

- Je vous remercie tous d'être venus, parfois au pied levé, fit-il pour elle et sa mère entre autres. Ceux qui ne connaissent pas ce centre, sachez que malgré la pauvreté évidente de nos bénéficiaires, ils restent extrêmement reconnaissants. Vous n'aurez aucun problème. Et encore merci.

Mary regarda sa mère et sourit, c'était rassurant. Le centre où elle distribuait de la nourriture n'était clairement pas aussi pauvre et la population sans doute un peu moins pauvre. La grande porte s'ouvrit et Mary jeta un coup d'œil aux bénéficiaires. Ils s'étaient tous parfaitement rangés dans des files distinctes, sans doute pour dispatcher la distribution. En plus, ils étaient tous extrêmement calmes. Mary savait déjà que certains d'entre eux devaient mourir de honte de demander de l'aide mais malheureusement la vie n'était pas parfaite. Elle comprenait parfaitement que certains aient besoin d'aide après tout le système américain était assez mauvais.

- Nous ils viennent par la droite, fit sa mère en regardant dans la direction qu'elle venait d'indiquer.

- Je suis prête, fit Mary en préparant déjà quelques tas distincts.

Mary regarda des bénéficiaires sur lesquels la misère était visible, sans doute des sans abris pour certains mais elle pouvait voir également certaines personnes qui n'osaient pas lever réellement les yeux.

- Voilà pour vous, fit-elle à une dame de l'âge de sa mère. Tenez Monsieur, fit-elle ensuite à un homme jeune.

Mary avait l'habitude et savait également qu'elle ne devait surtout pas parler de religion aux bénéficiaires. Certains n'étaient pas croyants, d'autres devaient avoir d'autres confessions religieuses et elle n'était surtout pas là pour convaincre des gens de prier. C'était une règle tacite des centres de distribution d'aide alimentaire. Elle la connaissait depuis longtemps.

- Vous pourriez m'aider? demanda une dame visiblement très âgée.

- Évidemment, fit Mary en faisant le tour de la table pour aider la dame à mettre ce dont elle avait besoin dans des sacs.

- Dieu vous bénisse, jeune fille, fit la dame en partant.

- Vous aussi, fit-elle sachant que c'était le seul moment où elle pouvait le dire.

Elle regarda partir la dame en se rendant compte qu'à sa façon de se déplacer discrètement, cela devait être la première fois. Se dire qu'une dame de son âge devait avoir besoin d'aide pour la première fois avait tendance à la démoraliser. Elle se ressaisit immédiatement et fit le tour de sa table pour reprendre sa distribution. Il y avait énormément de demandeurs et elle voyait les stocks diminuer. Elle soupira en regardant ses caisses et remarqua que bientôt, elles devraient annoncer de mauvaises nouvelles. Elle fut sortie de sa rêverie par les pleurs d'un tout petit bébé.

- Qu'est-ce qui nous vaut ce chagrin, fit alors Mary en retournant sa tête et adorant vraiment les bébés.

Quand elle vit la mère du bébé, âgé d'à peine cinq ou six mois vu sa taille, Mary se figea de stupeur. La mère du bébé, ou ce qu'elle imaginait être sa mère, avait sans doute son âge ou peut-être même un peu moins. C'était un véritable choc mais elle se ressaisit quand elle lui tendit sa fiche.

- Mon petit Ben a des coliques, fit la jeune fille en massant le ventre du bébé.

- Il est mignon, fit Mary toujours un peu sous le choc en poinçonnant la fiche. Ho une seconde...

Mary se pencha derrière la table et fouilla dans une boîte, celle des petits jouets. Elle en avait déjà distribué quelques-uns mais elle voulait quelque chose qui pouvait être pour un bébé. Elle trouva une peluche en forme d'écureuil tout mignon.

- Pour le petit, fit Mary en le tendant à la mère.

- Ho merci... T'as vu mon cœur ? demanda-t-elle au bébé qui répondit d'un petit borborygme.

- Alors... Les conserves, fit Mary en préparant ce à quoi la fille pouvait bénéficier.

- Tenez, fit la fille en lui tendant un gros sac vide.

- Mais ça ira avec le bébé dans les bras? demanda Mary intriguée.

- Ho oui pas d'inquiétude, je ne suis pas venue seule, fit l'adolescente.

Mary fut rassurée de savoir qu'au moins le père était resté pour l'aider.

- C'est bien, fit Mary ne sachant quoi dire.

- Ça vous choque c'est ça ? demanda la jeune fille. Je suppose que vous ne voyez pas souvent une fille de quinze ans avec un bébé, fit-elle en regardant la main de Mary.

- Je n'ai pas l'habitude non, fit cette dernière en retirant sa main qui arborait une bague de virginité. Mais je ne juge pas.

- Je sais... J'ai l'habitude, fit la fille. Verena.

- Pardon? demanda Mary étonnée.

- C'est mon prénom, fit la jeune fille avec un sourire.

- Ho moi c'est Mary, fit cette dernière sachant à quel point c'était rare de le connaître.

- Alors brioches, fit Mary en reprenant sa liste.

- Euh..., réagit la jeune fille.

- Oui? s'étonna Mary.

- À la place des brioches je peux avoir un second pain de mie? demanda la jeune fille. Je vais lui faire des croque monsieur, il le mérite bien.

Mary regarda discrètement autour d'elle et, sans doute parce qu'elles avaient le même âge, elle décida de mettre un second pain de mie en plus.

- Merci, fit Verena en se penchant au dessus du sac.

- C'est normal, fit Mary.

- Mais c'est gentil quand même, ça ira plus vite vu que je dois faire mes devoirs, fit la jeune fille.

- Tu es au lycée ? demanda Mary. Je ne t'ai jamais vue, fit-elle alors que c'était surtout le fait d'une adolescente avec un enfant dont elle n'avait jamais entendu parler.

- Par correspondance, fit la jeune fille. Et comme je suis logée par une association, c'est obligatoire.

- D'accord... Ça doit être dur de tout gérer, fit quand même Mary avec admiration.

- J'avoue... Mais ça s'apprend, fit Verena dans un petit rire. Bon... Bonne continuation Mary.

- Merci, au revoir, fit Mary.

Elle regarda partir la jeune fille qui avait un peu de mal avec son sac. Elle fit un petit signe au bébé qui agitait son écureuil mais ce dernier semblait totalement s'en moquer. Elle vit enfin Verena rejoindre un jeune homme en le poussant un peu. Et là, elle se figea de stupeur quand le jeune homme se retourna pour toucher la tête du bébé. Elle le connaissait, pas forcément parfaitement mais elle le fréquentait même.

- Ca... Cameron? marmonna Mary sous le choc.

- Quoi? demanda sa mère en la regardant.

- Non, rien, fit Mary comme traumatisée.

Évidemment, elle connaissait sa réputation mais elle ignorait totalement qu'il avait un enfant. C'était plutôt choquant. Et puis, son comportement avec les filles alors que clairement, il vivait avec elle. C'était assez choquant voir honteux. Elle ne devait pas juger mais c'était clair que Cameron baissait encore dans son estime. Ce fut même dans un état assez second qu'elle continua sa distribution durant un moment encore. Elle n'arrivait pas à croire que Cameron avait conservé ce secret si longtemps. C'était ainsi qu'elle avait rangé les affaires après la distribution, comme un robot, toujours perdue et sous le choc.

- Ça va ma chérie ? demanda sa mère en refermant le coffre.

- Hein? réagit à peine Mary.

- Tout va bien? demanda encore sa mère.

- Oui..., marmonna Mary.

- Il ne faut pas juger ma chérie, précisa sa mère.

- Quoi? fit sa fille en regardant fixement sa mère.

- Tu as l'air sous le choc depuis que tu as donné les denrées à cette jeune fille avec le bébé, fit sa mère.

- Oui, ça m'a un peu perturbée, concéda quand même Mary.

- Tu ne sais pas les circonstances, tu ne dois pas juger cette jeune fille. Elle a choisi de donner la vie et visiblement, elle s'en occupe du mieux qu'elle peut, lui signifia alors sa mère.

- Je sais Maman... Ça m'a juste... Choquée, la rassura Mary.

- Tu veux rentrer ou on va ensemble chez Bree? lui demanda sa mère.

- Je viens, ne t'inquiètes pas, confirma Mary.

Bree attendait ses conseils pour les cantiques après tout alors elle se devait d'être présente. Elle monta dans la voiture de sa mère et elles quittèrent le quartier nord. À chaque fois que finissait une distribution, Mary avait le même sentiment étrange. Elle avait le sentiment de ne pas avoir accompli assez. En effet, le soir même, elle rentrerait chez elle, au chaud avec une maison confortable et les technologies modernes alors que les bénéficiaires rentraient peut-être dans des logements insalubres. Elle se demandait même à quoi pouvait ressembler la vie de Cameron. Était-il un bon père ? Elle l'espérait vu que visiblement, c'était un très mauvais compagnon, clairement infidèle. Elle essaya de chasser ces pensées. Ce n'était pas sa vie, elle n'avait pas le droit de juger. Le quartier changeait énormément autour d'elle, perdant son côté délabré pour afficher une propreté et une modernité toute différente. Elle adorait aller chez Bree et à chaque fois elle se souvenait d'elle comme d'une jeune femme aimante. C'était Bree qui gérait les activités pour les petits alors qu'Edith Simms officiait, pour empêcher ceux-ci de déranger le culte mais également pour leur apprendre des chansons et des spectacles. Bree avait commencé à aider là-bas à quatorze ans, alors que Mary n'avait que huit ans. Désormais elle en avait vingt-deux et allait se marier. Mary regardait attentivement la maison devant laquelle se garait sa mère, celle des parents de Bree, presque identique à la leur en fait. Bree vivait toujours ses parents et elle ne déménageait qu'après la noce pour vivre avec son époux. Qu'un couple fiancé vive déjà ensemble n'était pas interdit mais Bree avait voulu le faire à l'ancienne et son futur mari Tyler partageait le même point de vue. Il faisait également partie de leur église et était agent immobilier à Godbless. Leur futur maison commune se trouvait en réalité dans le même quartier, à quelques rues à peine, restant ainsi proches des deux familles.

- Coucou!!! fit une voix sur le perron.

Mary leva la main en voyant la magnifique blonde sculpturale qu'était Bree. Elle était extrêmement grande et magnifique, elle aurait pû être mannequin selon Mary sauf qu'elle préférait être professeure en maternelle comme elle l'était depuis un an.

- Bree! Comment ça va ? fit Mary en descendant de la voiture.

- Je suis trop stressée !!! fit Bree en prenant Mary dans ses bras.

- Vous savez que vous vous voyez tous les dimanches ? demanda sa mère dans un rire.

- Bien sûr, fit Bree. Mais c'est pas assez!

Mary éclata de rire, Bree avait cette capacité à s'émerveiller de tout. Elle les invita à entrer quasiment immédiatement et Mary, dans une maison à la décoration bien plus ancienne, vit immédiatement un grand plateau avec des pâtisseries et des tasses prêtes à être remplies.

- Mes parents sont sortis pour nous laisser de la tranquilité, avoua Bree.

- D'accord pas de soucis, fit Edith.

- Café ? Thé ? Soda ? demanda Bree en bonne maîtresse de maison.

- Café, firent la mère et la fille en chœur.

Bree les serva immédiatement avant de s'asseoir au milieu de tout un tas de papiers qui servaient de préparatifs pour le mariage. Le regard de Mary se posa quant à lui sur un énorme classeur. Elle savait déjà ce que c'était, en ayant un chez elle. Comme beaucoup de jeunes filles américaines, Bree devait imaginer son mariage depuis longtemps et elle avait compilé des images, des photos et des idées depuis l'adolescence. Celui de Mary était quant à lui beaucoup plus fins quand même.

- Dis moi que je peux? demanda Mary en mimant d'attraper le classeur.

- Bien sûr que tu peux ma belle, fit Bree avant de sortir un cahier pour discuter avec Edith.

Mary se mit à feuilleter l'épais classeur comprenant qu'au vu du nombre de pages sur les robes, il n'était pas surprenant qu'il fasse la taille de plusieurs bottins téléphoniques. Elle écoutait d'une oreille distraite les conversations sur les passages de la Bible qui seraient lus, préférant se garder le mystère. Et puis, Bree prit la parole.

- Bon voilà la liste d'invités, fit-elle à Edith. Et le plan de table aussi.

- D'accord... Forcément vos familles..., fit Edith en consultant. Les membres de l'église... Les jeunes... Dis-donc tu es précise, il y a même le numéro des places pour la réception.

- Tyler dit que je suis un peu... Maniaque de l'ordre, avoua Bree en riant.

- Il y avait un doute? demanda Mary amusée.

- Je ne suis pas maniaque, se défendit Bree.

- Qui rangeait les crayons de couleurs par couleur et puis par taille? demanda Mary en riant.

- Bon ok, je suis maniaque, concéda alors Bree en riant.

- Je vous jure, fit Edith en lisant. Les enfants tiendront ta traîne alors... La petite Sarah mettra les pétales... C'est très précis.

- J'ai encore quelques points vides surtout pour les tables, avoua Bree.

- Et comment est-ce possible ? demanda Mary en riant.

- Bah en fait... Surtout pour les plus jeunes, avoua Bree. Veux-tu inviter un cavalier ?

- Un cavalier ? s'étonna Mary.

- Bah oui pour danser, assura Bree.

- Je sais ce qu'est un cavalier, marmonna Mary. Mais pourquoi ?

- Je ne sais pas, je me suis dit que tu viendrais peut-être avec un jeune homme, fit Bree.

- Bah... Je ne pense pas, avoua Mary.

- Tu peux même inviter un simple ami, assura Bree. Luis vient avec sa petite amie et Carla compte inviter quelqu'un.

- Je me doute de qui, assura Mary pas franchement dupe. Mais moi je ne compte inviter personne.

- Je garde une place libre, au cas où, précisa Bree.

Mary haussa les yeux au ciel. C'était inutile car après tout, le seul garçon à qui elle pourrait le proposer était déjà invité. Peut-être devrait-elle alors demander clairement à Mark d'être son cavalier pour le mariage. Mais cela ressemblerait également à demander plus. Et ça, elle ne se sentait pas encore prête.

- Alors ma petite Mary... Tu as sélectionné des chansons pour le mariage ? demanda enfin Bree.

- Oui, j'ai pensé à deux précisément, un cantique pour après l'échange des vœux et un autre pour ton entrée.

- Ho merci! Alors? demanda Bree.

- Bon pour l'échange des vœux j'avais imaginé...

- Mais chante le plutôt, fit Bree. Moi et les cantiques... Et puis tu as une belle voix.

- Je suis juste dans la chorale, marmonna Mary.

- Mais oui, assura Bree. Allez chante.

Mary n'aimait vraiment pas se mettre en avant mais après tout, il ne faut pas contrarier une future mariée. Elle saisit alors son téléphone et chercha le texte de la chanson et une version instrumentale du cantique. Elle se mit alors à chanter.


Aux chants de ma reconnaissance,

Séraphin y melez vos accords;

Suppléez à mon impuissance,

Et prêtez-moi vos saintstransports.


Je veux garder dans ma mémoire,

Vos bien faits, ô Dieu de mon coeur!!

Vous servir est toute ma gloire,

Vous aimer fera mon bonheur,

Vous aimer fera mon bonheur.


Pour Dieu je serais insensible!

Et qui donc pourrait me charmer?

Son amour est Irrésistible :

Comment, comment ne pas l'aimer?


Le monde avec l'enfer conspire

Contre moi dans un même effort ;

Mais la grâce doit me suffire :

L'amour de Dieu me rendra fort.


Ses dons, multipliés sans cesse,

Chaque jour devancent mes vœux ;

Oui, Dieu m'offre dans sa tendresse

Tous ses trésors, si je les veux.

Pour vos bienfaits, ô Père tendre,

Que vous donnerai-je en retour ?

C'en est fait, mon cœur veut vous rendre

Désormais amour pour amour.


J'irai dans votre sanctuaire

Célébrer vos dons immortels ;

Chaque jour mon humble prière

S'exhalera sur vos autels.


Sa voix douce semblait avoir ravi son amie qui était déjà en train de s'imaginer mariée visiblement. Mary la regarda attentivement et attendait la suite. Sa mère était déjà aux anges.

- C'était parfait, avoua Bree.

- Bon j'ai gagné du temps, je n'ai pas répété le refrain mais comme ça tu auras le temps de quitter l'église, précisa Mary. Tout le monde sera en train de vous féliciter.

- C'est vraiment ce que j'imaginais... Maintenant chante moi mon entrée, demanda d'un ton suppliant.

- Je commence à plaindre Tyler moi, marmonna Mary.

- Fais moi plaisir... On ne se marie qu'une fois, précisa Bree.

- Bon allons-y, fit Mary avant de sélectionner la seconde.


La route est courte, ce serait dommage

de se croiser, sans se regarder

La route est courte, ce serait dommage

de se croiser sans se rencontrer


J’ai longtemps marché,

avec les yeux sur mes souliers.

J’étais un étranger,

quand tu m’as dérangé.


Toi, je te connais,

Dis-moi où on s’est rencontré ?

Au bord de quel chemin ?

Au fond de quel jardin ?



Mary n'avait toujours pas répété le refrain, elle n'aimait vraiment pas se mettre en avant. Elle remarqua que Bree versait une petite larme.

- Viens dans mes bras toi, lui demanda Bree.

Mary s'exécuta comprenant ainsi que Bree était satisfaite de sa petite sélection. Il était également évident que c'était aussi le stress de son mariage car après tout, il aurait bientôt lieu. Sa mère patientait calmement que l'étreinte finisse.

- J'ai mis les musiques pour la fête, forcément y aura I Still Belive, avoua Bree.

- Tu sais que je t'aime toi? demanda Mary amusée.

- On a vu combien de fois le film? demanda Bree en riant.

- Ho ben si ça existait encore, vous auriez usé la cassette, avoua Edith.

Mary et même Bree regardèrent alors assez étonnées la Révérende. Aucune des deux ne savait vraiment ce qu'était une cassette vidéo mais qu'importe.

- Je viens de me sentir vieille, marmonna Edith.

- Mais non Edith... Bon reprenons, fit Bree. Mary tu peux feuilleter, tu verras mes choix pour les robes.

Mary attrapa alors le fameux classeur pendant que Bree discutait avec sa mère. Elle tournait les pages avec plaisir découvrant des dizaines de décorations qui la faisaient rêver. Il y avait énormément de dessins de Bree, tantôt de gâteaux, tantôt de tables. Mary se rendit compte que Bree était à fond sur le mariage. Elle arriva alors rapidement sur les pages des robes et se mit à les regarder sans réaliser que sa mère et Bree parlaient tout bas. Des dizaines de robes de mariée plus tard, elle arriva sur les robes des demoiselles d'honneur. Elle vit immédiatement la petite languette qui indiquait le choix final et elle tourna les pages lentement. Elle les trouvait toutes magnifiques et arriva enfin sur le choix. La robe était sublime, mauve et avec de la dentelle, pas trop décolletée mais superbe. Elle remarqua un autre post-it et le lut avant de se figer. Il n'y avait d'écrit que quelques mots mais ils étaient extrêmement incroyables. Il faisait simplement indiqué : "Demander à Mary de m'accompagner pour essayer SA robe de demoiselle d'honneur". Mary se mit à trembler en levant la tête vers Bree. Cette dernière la regardait avec un grand sourire et sa mère, évidemment complice, également.

- Tu... Tu...

- Tu acceptes Mary? demanda rapidement Bree.

- Tu veux vraiment que ce soit moi qui signe pour ton union devant Dieu??? demanda Mary.

- Devine ma belle, lança Bree.

Mary avait failli jeter le classeur pour se jeter sur Bree mais elle le posa délicatement avant de foncer vers Bree et de se jeter dans ses bras.

- Bien sûr !!!! Merci!!!! fit Mary en sautant sur place.

- Tu devras faire une préparation, fit juste Edith.

- Tout ce que tu veux, assura Mary en joie.

- J'avais tellement peur que tu dises non, avoua Bree.

- Quand je vais le dire à Carla!!! Ho Seigneur quel bonheur ! s'excita Mary.

- Et voilà comment ma fille fit une nuit blanche sous l'excitation, fit Edith en riant.

- Bah... Elle dormira après l'office..., fit Bree en riant.

- Mais je dois faire un discours ? Je dois décider de quoi? Je dois t'organiser un enterrement de vie de jeune fille ou pas? demanda Mary en panique.

- Tu devras faire un discours mais je n'organise rien de particulier, juste un repas avec mes copines, précisa Bree.

- J'envoie un texto à Carla ! fit Mary en retournant s'asseoir.

Sa meilleure amie réagit comme elle l'attendait : avec excitation. Elle prévint même Mark qui s'avéra content pour elle. Elle ne savait pas pourquoi mais elle trouva utile de prévenir sa nouvelle amie Zoey. Celle-ci avait mis un petit moment à répondre mais elle demandait surtout qui était Bree. Mary regardait déjà sur internet pour trouver des idées de discours tandis que sa mère et Bree discutaient encore de la préparation du mariage. Elle finit par poser son téléphone en soupirant. Elle devait se calmer. Elle décida d'écouter la conversation tranquillement.

- Donc voilà, à cet instant là, je lirai un dernier passage, Mary et la chorale suivent et tu pars avec Tyler vers la voiture, expliqua Edith.

- Vous suivez assez vite alors ? demanda Bree.

- Je propose juste de signer le livre d'or... À moins que je ne l'emmène à la salle? demanda Edith.

- Ho euh... Je pense qu'on peut l'emmener, ça vous évitera de tarder, précisa Bree.

- D'accord... On l'avait déjà choisi... Et je t'ai dit que je te l'offrai, précisa Edith.

- Vous êtes sûre ? insista Bree.

- Je te l'ai dit non? Déjà que tu veux quand même payer le forfait pour la cérémonie, marmonna Edith.

Mary sourit, les deux allaient finir par se disputer sur un simple cadeau.

- Il nous reste une seule entrevue, précisa Edith. Mais c'est juste une formalité.

- Juste pour tout confirmer oui, avoua Bree.

Mary la trouvait pensive et se redressa intriguée. Bree semblait hésitante. Peut-être doutait elle, c'était assez normal après tout.

- Il y a un soucis Bree? demanda Edith. Tu veux changer une lecture ?

- Euh non..., fit Bree gênée. J'ai euh... Quelques inquiétudes...

- Tout se passera bien, la rassura Edith.

- C'est pour... Enfin je..., hésita Bree.

- La nuit de noce? Demanda Edith comprenant.

Mary se sentit de trop et très gênée, surtout quand Bree vérifia sa présence. Mary ne savait pas si sa mère répondrait à la question mais la réponse l'intéressait.

- Moui..., marmonna Bree.

- Tu veux savoir quoi? demanda Edith en regardant Mary.

- Je dois partir ? demanda Mary intriguée.

- Sauf si Bree veut de l'intimité, je suppose que ce sont des questions basiques, avoua Edith.

- Je voulais savoir... Si... Comment..., marmonna Bree.

- Bree, pose la question que tu veux, je sais grâce à nos précédentes conversations que toi et ton futur époux avaient attendu... Dis moi, précisa Edith.

- Et bien... J'ai honte mais je ne pense qu'à ça, avoua Bree en faisant rougir Mary. Enfin... Je pense à la nuit de noce, cela me stresse...

- Cela est normal, fit doucement Edith. Je comprends parfaitement, moi et Jason étions totalement inexpérimentés également.

- Mais cela se passe comment ? demanda Bree.

- Bree, tu as plus de vingt ans, marmonna Edith.

- Je sais comment on fait... Ça, fit Bree gênant en regardant Mary. Mais... Ça doit être... On a le droit d'éprouver du plaisir... J'ai des copines qui disent que c'est...

Mary se mit à rougir de honte, Bree mettait clairement les pieds dans le plats et ce n'était pas forcément bon pour elle d'entendre cela. Mais sa mère n'avait aucune honte à répondre.

- Bree, et toi aussi Mary, fit-elle en regardant sa fille. Il n'y aucune honte à se poser des questions. Il n'y aucune honte non plus à espérer ressentir du plaisir. J'étais comme toi, on m'avait inculqué que l'on a des relations sexuelles pour procréer. La Bible n'indique nulle part que le plaisir est interdit. Nous pronons la pureté pour le mariage mais je suis bien consciente que certains couples fiancés puissent déjà apprendre à... À se connaître. Il n'est pas un péché de désirer son ou sa partenaire, de les découvrir, de les caresser, c'est totalement normal.

- J'ai toujours peur quand je suis seule avec Tyler, nous nous embrassons bien sûr mais je crains d'aller trop loin, avoua Bree.

- Bree... Tu es à deux mois et encore de ton mariage. Dieu ne verra pas ça d'un mauvais œil, fit-elle en souriant.

- Mais... Est-ce vraiment plaisant ? demanda Bree transformant Mary en feu de signalisation.

- Tout dépend... Mais cela vient naturellement, je t'assure. Et sois assurée que Tyler doit être autant en panique que toi, les hommes ont un petit côté fier qui les fait paniquer quand enfin ils doivent... Se mettre à l'œuvre, fit Edith en réfléchissant à ses propos.

Mary avait sorti son téléphone mais bien écouté quand même. Après tout ces mêmes conseils pourraient lui servir aussi dans quelques années quand elle aussi elle se préparerait à avancer vers l'autel. En tout cas, elle était désormais plus intéressée par son devoir de demoiselle d'honneur que de ses tâches de membre de chorale. Et pourtant, le destin l'attendait déjà au tournant.






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