Wolf Skin: Omega

Chapitre 21 : PRÉPARATIFS

7727 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 07/08/2022 16:12

XXI.

PRÉPARATIFS


Désormais, je savais ce qu'avaient dû ressentir les soldats alliés de la seconde guerre mondiale au début du mois de juin mille neuf cent quarante-quatre. Et ce n'était pas génial à ressentir.

Tout avait commencé dès le soir de la réunion de la meute ou presque. La ferme Wilder deviendrait la dernière ligne de défense vu sa proximité avec le Sephiroth. Moi, j'avais plutôt été décontenancée par cette information pensant à la pauvre petite demeure familiale. Bizarrement, ce fut Eva qui me rassura en me signifiant qu'elle ne servirait sans doute que pour éloigner les blessés sachant que les ombres ne se soucieraient clairement que du Sephiroth. J'étais bien obligée de la croire en même temps, je n'étais nullement une experte et encore moins en guerre ouverte. Selon la décision officielle, la bataille devait avoir lieu deux semaines plus tard. Et nous nous étions donc tous préparés.

De nombreuses décisions furent alors prises. La première décision importante fut la position des humains. Nous devrions être séparés en deux groupes. Un premier prendrait plus de risques et serait constitué de personnes en excellentes conditions physiques. Ce fameux groupe devrait servir d'appât aux ombres, s'assurant que celles-ci se dirigent vers le Sephiroth sans préparer un plan tordu. Ils seraient tous cachés autour de la forêt et s'enfonceraient en passant près de la ferme des Wilder. Cette information me fit comprendre que les loups avaient également une confiance absolue dans les humains qui leur étaient proches. Décision fut quand même prise d'éviter que les frères et sœurs encore enfants ou adolescents restent éloignés de la bataille. J'étais officiellement une des plus jeunes d'ailleurs parmi les humains et pourtant ma fonction serait toute autre. En effet, j'avais été placée dans le second groupe d'humains. Ce dernier aurait une fonction toute aussi essentielle: une sorte de dernier rempart. Placé dans ce groupe, moi et d'autres humains dont Eva, devrions protéger me Sephiroth en cas de besoin. Nous serions les plus proches, la dernière ligne de défense autour de l'arbre, protégés bien évidemment par des loups. J'allais combattre aux côtés des Wilder et des autres. Il était évident que les loups seraient quant à eux chargés de combattre les ombres dans la forêt et aux abords de l'arbre. Tous ces préparatifs étaient compliqués à organiser car nous devions tous faire quand même semblant de vivre normalement dans le monde normal. Il s'agissait donc de continuer à travailler, aller au lycée et aussi payer les factures. J'étais épuisée parce qu'en plus nous préparions également les compétitions de cheerleading, Lana avait bien choisi son moment elle aussi. J'avais failli me disputer avec Matthew le jour où je lui ai dit ça, mon cher petit ami ayant saisi cette occasion pour me décourager de combattre et ça, c'était bien mal me connaître. J'avais eu le soutien de Lacey, merci à elle, et cela avait donc obligé Matthew à me laisser faire. J'avais donc ainsi pû suivre l'entraînement prodigué aux humains. Bon ce n'était rien de très extraordinaire bien évidemment. Cela n'allait pas me rendre capable de massacrer une ombre à la mode Neo dans Matrix mais je pourrais me défendre. En fait, cet entraînement apportés aux humains, toujours sur la ferme des Wilder qui servait au final à beaucoup de choses, consistait à comprendre comment se déplaçaient les ombres et comment les frapper avec des armes en argent dont nous allions clairement être pourvus. Cela n'avait rien de bien sorcier et comme j'en avais déjà vu de près, je savais que cela consistait à faire un maximum de dégâts en très peu de temps. J'avais également participé à la préparation de la forêt. Peut-être la chose la plus étonnante à mes yeux. Nous avions, pas forcément moi bien évidemment, abattus plusieurs arbres soi-disant malades grâce à une fausse enquête fournie par le maire. Cela avait du bon quand même. Bref... En plus, nous avions placés plus de morceaux d'argent pour brûler les ombres sur leurs trajets. Moi cela m'avait intriguée mais plusieurs loups avaient insisté sur le bien fondé de cette préparation et surtout qu'ils étaient capables de remarquer l'argent de toute façon. Il était trop compliqué à mes yeux de comprendre cela car j'étais convaincue que des loups allaient être blessés. Cela apportait quand même bien des complications que les loups et les ombres aient les mêmes faiblesses, ce qui blessait certains blessait également les autres.

Mais en y repensant, il y avait bien quelque chose qui m'agaça plus que toute autre chose : le côté petit chef d'Evan Grayson. Là où je le trouvais déjà extrêmement prétentieux en tant qu'humain était encore plus exacerbé en tant que Beta. Il n'arrêtait pas de se mettre en avant auprès de moi ou pas d'ailleurs et c'était chiant. Si j'avais eu le droit la proposer, j'aurais dit aux loups de voter une motion de censure contre les Grayson. Mais malheureusement, cela ne fonctionnait pas comme ça et cela m'emmerda un bon moment.

Malheureusement, tout passa bien trop vite et nous arrivâmes rapidement à la veille de la bataille et à une idée stupide de ma part.

Honnêtement je ne savais pas ce qui m'avait pris, une idée m'était venue au cas où, bêtement, si jamais la bataille finissait mal. C'était ainsi que je courais partout dans la maison de mes grands-parents, laissant mon grand-père et la grand-mère dans le canapé à me fixer comme si j'étais folle. Bon, il faut bien reconnaître que je n'arrêtais pas de m'activer et même ma mère dans la cuisine semblait effarée.

- Ma puce, cela va bien se passer, m'assura ma mère rapidement.

- J'espère... Tu as mis les sodas au frais Grand-père ? demandai-je un peu sèchement.

- Oui mon général ! répondit ce dernier extrêmement mesquin.

- Je rigole pas! me suis-je offusquée.

- Calme toi, ce n'est pas la première fois que nous recevons des gens chez nous, fit alors ma grand-mère bien plus calme.

- Je me doute mais là c'est différent, dis-je alors vexée.

Ce serait peut-être bien le dernier pour moi et pour nos invités. Je vis ma mère me faire un léger signe de m'approcher. Je l'ai regardée stupéfaite mais je me suis avancée tout en lissant bien ma robe simple mais jolie et distinguée.

- Qu'est-ce qu'il y a? demandai-je étonnée. C'est parce que je m'énerve ?

- Deb... Qu'est-ce qui se passe? demanda ma mère.

- Mais rien, mentis je. Je veux juste que cela se passe bien.

- Chérie... Tu ne voulais pas vraiment que l'on puisse les rencontrer et là, depuis deux semaines tu nous tannes, il y a quelque chose que je dois savoir ? demanda ma mère.

J'avais envie de lui dire la vérité, que c'était peut-être mon dernier repas de famille. Que demain aurait lieu la conclusion d'un combat millénaire qui pourrait se conclure par la mort de beaucoup de gens. J'avais également envie de lui dire que je voulais leur présenter ces gens qui, même si à cause de tout ça je risque ma vie sans leur en vouloir, avait clairement bouleversé ma vie. Jr voulais leur faire rencontrer ces êtres exceptionnels qui vivaient différemment et qui m'avaient acceptée comme l'une des leurs. Je voulais aussi leur présenter la famille de mon petit ami tout simplement car oui, j'avais un peu obligé les Wilder à venir à se repas. Eux aussi je les avais tannés... Cependant cela devait rester secret même si en cas d'échec la ville de Wolfcreek risquait d'être mise à feu et à sang par les ombres.

- Qu'est-ce que tu insinues? demandai-je méfiante.

- Je... Je veux juste que tu me rassures, fit ma mère me surprenant quelque peu.

- Te rassurer ? ai-je répété surprise.

- Oui... Tu n'es pas enceinte au moins? me dit-elle lâchant la bombe.

- Hein? dis-je horrifiée.

- Une façon de l'annoncer et de nous dire que tu le gardes ? demanda encore ma mère.

- Je suis pas enceinte... Je veux un dîner... Pourquoi tu te fais un film pareil bordel ? demandai-je choquée.

- C'est toi! Il fallait absolument que ce soit fait ce soir dernière limite... Je me suis dit que t'avais peut-être un rendez-vous de... dernière limite, m'assura ma mère. Si on n'accepte pas tu peux encore...

- Maman... Je ne suis pas enceinte, dis-je quand j'ai enfin réussi à me ressaisir. Ou alors faut l'appeler Jésus.

- D'accord..., fit-elle dans un sacrément long soupir de soulagement.

Je l'ai regardée totalement consternée et elle semblait s'en rendre compte en plus. Elle fixait tranquillement le plat qu'elle nettoyait comme si elle n'avait pas lâché un truc improbable.

- Attends... C'est ce que t'as cru? demandai-je légèrement outrée quand même.

- On ne sait jamais, se contenta de répondre ma chère mère.

- Mais tu me prends pour qui? dis-je consternée.

- Chérie... Tu te rends compte que depuis qu'on est ici, tu es très différente ? me demanda alors Maman.

- Comment ça ? lui ai-je demandé surprise.

- Oui, au début tu étais comme à Topeka..., avoua ma mère. Et puis, peu à peu tu as changé.

- Mais encore, dis-je en espérant la suite.

- On dirait que tu as... Muri en quelques mois. Bon tu n'étais pas une folle furieuse avant, s'empressa de préciser Maman ce qui me rassurait. Mais oui... Depuis que tu connais les Wilder en fait.

Comment lui dire la vérité ? Je ne pouvais décemment pas lui dire que j'avais découvert que des créatures surnaturelles vivaient parmis nous depuis des siècles et qu'elles défendaient un arbre magique bizarre au beau milieu de la forêt pour éviter que nous les humains soyons exterminés... J'aurais pu mais j'aurais fini avec une camisole de force. J'hésitais un peu quand même et je mettais énormément de temps à répondre quelque chose.

- C'est LE grand amour? demanda alors ma mère qui étonnement était assez fleur bleue.

- J'en sais rien Maman, dis-je honnêtement.

- Étant donné que nous n'avions jamais eu la chance de rencontrer tes ex, me fit ma mère mesquine. J'estime que c'est sérieux...

- Techniquement parlant, je ne te l'ai pas présenté comme mon mec, ai-je tenu à préciser. Quand je t'ai présenté Matthew, nous n'étions qu'ami.

- Un ami qui te dévorait des yeux, précisa alors Maman.

Ma réponse consista en un seul et immense soupir de lassitude. Bon il m'avait dit que c'était un peu le cas pour lui alors elle avait bien dû remarquer quelque chose.

- Je voulais faire ça bien, dis-je alors.

- C'est sympa comme idée, un peu bizarre mais bon, marmonna Maman.

Bizarre... Ce mot, je l'employais tellement depuis quelques temps qu'elle ne pouvait sans doute pas imaginer à quel point il était approprié. Je vérifiai encore ce qui était au four inquiète. L'inquiétude ne concernait pas ce pauvre rôti qui brillait en dégageant une odeur absolument appétissante, elle concernait le cas spécial qui allait débarquer avec sa famille. Les Wilder avaient hésité longuement avant de finir par s'y résoudre. Autant l'avouer, tout le monde croisait les doigts du mieux qu'il pouvait. Et puis, je n'avais plus vraiment le temps pour de telles tergiversations, le bruit de moteur d'un pick-up signifiant l'arrivée des loups. J'ai inspiré profondément avant de lisser ma robe et d'enlever me tablier en filant vers la porte.

- J'y vais! ai-je assuré en réduisant la distance entre la porte d'entrée et moi.

Je connaissais les difficultés à installer Emily dans une voiture et j'avais quelques inquiétudes en plus alors je préfèrerais être méfiante. Je suis donc sortie sur le perron de la petite demeure familiale et j'avais bien fait d'ouvrir moi-même. Matthew se débattait avec Emily pour la faire descendre du pick-up et il faut avouer que le métal autour de la portière se tordait clairement sous la force de la jeune fille qui ne désirait sûrement pas descendre. En même temps, au vu de la fameuse réunion lors de sa dernière sortie, il y avait de quoi. J'ai souri bêtement en voyant la mine déconfite de Lacey et le regard consterné d'Eva qui avait peur de se ridiculiser. À moi de gérer sans doute.

- Houhou!!! dis-je alors en attirant l'attention d'Emily.

Elle avait cessé de lutter pour tourner la tête vers moi, me montrant une jolie robe noire qui s'accordait avec la chemise grise de son frère.

- C'est chez moi que tu viens ma puce, dis-je pour la rassurer.

Admirer cette force de la nature changer de visage pour arborer un sourire et lâcher le pick-up était assez drôle. Preuve en était le petit rire trop mignon de Tammy. Et Emily se débattant désormais pour foncer vers moi était aussi drôle. Prise dans l'étreinte, je me rendis compte que je m'y étais un peu habituée et j'espérais de la discrétion. Je pouvais admirer la famille qui avait fait un joli effort. Tout le monde était bien habillé.

- Nous ne sommes pas trop en avance ? demanda Eva inquiète en vérifiant que son mari replaçait la portière.

- Non, pas de soucis, dis-je pour la rassurer.

Je vis mon petit ami s'approcher de moi et fixer sa sœur avant de se pencher pour un léger baiser. Emily avait enfin la grande bonté de nous laisser faire sans repousser l'un de nous. J'ai salué les autres d'une brève étreinte.

- Mais entrez donc, dis-je alors avant de guider Emily.

J'étais donc entrée la première tenue par Emily et j'ai choisi de la guider vers ma mère qui la regardait avec angoisse.

- Cela doit être Emily, fit simplement ma mère en se penchant. Bonjour.

Première angoisse à l'horizon. Ma mère était en train d'essayer de toucher Emily doucement et je sentais venir les soucis.

- N'aie pas peur Emi, dis-je alors.

- Je peux Madame Wilder? demanda quand même extrêmement poliment ma mère à Eva.

- Bien sûr, si elle veut bien, et appelez moi Eva, fit cette dernière aussi angoissée que moi.

Première sortie d'Emily dans le monde des humains oblige, je crois que nous étions tous légèrement paniqués. Je vis ma mère doucement poser sa main sur le bras d'Emily.

- Bonjour, moi c'est Mandy, fit très doucement ma mère.

- Gne? s'étonna ma chère Emily.

Je la vis se pencher doucement vers le bras de Maman et j'eus l'impression qu'elle la reniflait. Ma mère eut la présence d'esprit de faire comme si c'était normal, pour un humain je veux dire vu que pour des loups c'était bien normal. Bizarrerie à l'horizon : Emily tourna brusquement la tête vers moi en souriant.

- Gne! fit-elle contente.

- Oui oui, dis-je en comprenant que mon odeur et celle de ma mère devaient être proches. Viens voir mes grands-parents.

J'avançais doucement en regardant derrière moi. J'ai quand même eu le temps de voir que les Wilder se présentaient rapidement à ma mère et qu'ils avaient amenés des cadeaux. Tammy avait fait un dessin, Lacey donna une boîte de biscuits maisons tandis que son frère, mon petit ami, offrait les fleurs. Le dernier venait du père de famille, une bouteille de vin. Tous les cadeaux que l'on pouvait offrir en se faisant inviter chez quelqu'un, enfin quand on était éduqué.

- Merci à vous, faisait ma mère tandis que ma grand-mère essayait d'être gentille avec Emily.

Mon grand-père préférait garder ses distances, ce n'était pas plus mal. En même temps j'avais un peu menti en parlant de violence qu'elle avait vécues dans une précédente famille d'accueil. Il fallait ce qu'il fallait quand même. L'apéro se passa très bien, les Wilder ayant prévu des crayons et des feuilles pour Tammy et Emily.

- Elle est quand même calme, fit alors ma mère attirant mon attention alors que je poussais Matthew à gouter ma sauce maison.

- Maman, grommelai-je... Alors ma sauce ?

- Excellente, me fit Matthew après l'avoir goutée. Détends toi.

- Commence pas, ai-je très doucement chuchoté.

- Vous pensiez qu'elle serait difficile ? demanda poliment Eva en buvant son cocktail sans alcool préparé par Maman.

- Ma fille m'a prévenue qu'elle avait certaines réactions surtout avec les étrangers, je suis contente qu'elle se sente bien, fit-elle en la regardant dessiner.

- Il est vrai que grâce à Deb, nous avons beaucoup progressé, avoua Eva.

- Au tout début, elle n'appréciait pas que moi ou Matie nous occupions d'elle, avoua Garrett.

- C'est une magnifique famille que vous avez là, précisa mon grand-père.

- Merci, fit Lacey contente d'être acceptée sachant ses craintes habituelles.

- Si les jeunes veulent monter, fit soudainement ma grand-mère, ils peuvent. Ils ne sont pas obligés de rester avec les "vieux".

- Vous voulez voir ma chambre ? ai-je demandé.

- Ouais, ce serait génial, fit Lacey.

- T'as caché ce qui devait l'être ? demanda Matthew avec un sourire.

- Tu comptes fouiller gros malin? demandai-je mesquine. Emi, Tam... Vous venez aussi mais vous êtes sages.

- Ne touchez à rien, leur ordonna Eva.

J'entendis ma mère rassurer Eva en riant et prétextant qu'il n'y avait que mes affaires. Ben tiens, sans gêne... Nous montâmes tous les cinq à l'étage et j'ai ouvert la porte de ma chambre. Je leur ai donné le droit d'entrée et deux ne se firent pas prier très longtemps. Lacey me sourit avant d'entrer choquée.

- Tammy ne te jette pas sur le lit bon sang! fit-elle en me faisant bien rire.

Je me suis retrouvée devant Matthew qui me fixa avec douceur avant de m'embrasser un peu plus passionnément que précédemment.

- Pas de gêne à me laisser entrer? demanda-t-il tout compte mes lèvres.

- J'ai caché mes dessous sexy et mes sextoys, dis-je le surprenant un peu. Fallait pas jouer au plus malin.

- Je pensais pas à autant de répartie, dit-il amusé quand même.

- Allez entre, lui ai je ordonné.

- Emi! Ici! fit Lacey en courant derrière elle.

Je ris alors de ce moment d'insouciance et j'ai refermé la porte. Je voyais Lacey arriver devant mon dressing où s'était engouffrée Emily.

- Putain... Tu t'emmerdes pas..., me fit Lacey estomaquée.

- Oui .. Euh..., dis-je mal à l'aise. J'ai obtenu la chambre de mes grands-parents en fait, ils avaient transformé l'ancien cabinet après l'accident de Grand-mère.

- Et t'as une salle de bain aussi, cool... Ça va Matie? demanda Lacey.

J'avais été surprise et je me suis rapidement retournée vers le concerné. Si quelqu'un semblait réellement mal à l'aise à cet instant, c'était clairement lui et personne d'autre.

- Matie? demandai-je étonnée. Tu es stressé d'être dans ma chambre ?

Je le vis alors refermer doucement la porte en s'humectant les lèvres. Il semblait plus que mal à l'aise en fait, me poussant à échanger un regard inquiet avec sa sœur.

- Tu penses mourir? demanda-t-il soudainement.

- Quoi? demandai-je surprise.

- Tout ça... C'est quoi? Un ultime repas? demanda-t-il froidement.

- Matie tu crois que c'est le moment ? demanda rapidement Lacey.

- Mais Matie..., me suis-je contentée de marmonner.

- C'est une mauvaise idée, me répondit mon petit ami.

- Non mais t'es sérieux ? On peut pas juste passer un bon moment ? me suis-je offusquée.

- Un repas alors que demain on peut...

- T'es obligé de tout gâcher putain? me suis-je énervée.

- Je...

Je sentis la main de Lacey saisir mon bras et je me suis retournée vers elle. Elle semblait inquiète, plus que de raison.

- Quoi? demandai-je à cette dernière.

- Matie a peur pour toi, il a l'impression que tu voulais comme passer un dernier bon moment avec ta famille, avoua Lacey.

- Bien sûr et avec vous... N'essaye pas de m'éloigner de la bataille, dis-je alors en me retournant vers Matthew méfiante.

- On est assez, tu n'es...

- C'est ma place! me suis-je offusquée. Tu crois que je vais supporter de rester ici alors que je sais ce qu'il sera en train de se passer ? Tu te fous de ma gueule ou quoi?

- À cause de moi tu vas...

- Non... J'ai accepté votre nature et j'ai conscience des risques, dis-je en m'asseyant sur le lit énervée contre lui.

- Deb... Ne le prends pas comme ça, fit Matthew suppliant.

- Oui j'ai peur, dis-je alors. De te perdre, de perdre un des membres de ta famille... De mourir aussi... Mais je voulais que cette soirée soit spéciale...

- Comment ça spéciale ? me demanda Lacey qui me rejoignit sur le lit.

- Que ma famille sache qui sont ces gens devenus si importants pour moi, ai-je précisé.

- C'est gentil, me fit Lacey. Je suis touchée.

- Au moins ils sauront pour qui je me suis battue, dis-je en fixant Matthew du regard.

- Deb... Je ne veux pas que tu sois blessée, me dit-il calmement.

- Je sais... Mais je serai là que tu le veuilles ou non, ok? demandai-je sèchement.

- En bref quoique je dise c'est mort, fit-il en s'avouant vaincu.

- Ouais... Je suis bornée, mais tu le sais déjà, dis-je avec un sourire.

- Suffit de voir comment t'as insisté sur notre secret, me fit Lacey.

- Quand on veut savoir..., dis-je avant d'éclater de rire.

Je vis Lacey s'intéresser à ma salle de bain de son regard et je lui ai fait un signe de tête pour l'autoriser à s'y rendre. J'ai alors regardé attentivement Matthew et parlé à voix haute vu que c'était inutile de chuchoter au vu de mes invités.

- Tu m'en veux? demandai-je quand même.

- Non... Mais j'ai vraiment l'impression que tu penses y rester, avoua Matthew.

- Je pense m'en sortir, j'ai un charmant loup qui veille sur moi, dis-je avec un clin d'œil.

- Je ferai tout pour que tu ne sois pas blessée, dit-il rapidement.

- Matie, dis-je avec douceur. Il ne faut pas que tu t'inquiètes pour moi demain. Tu dois rester concentré où c'est toi qui risque d'être blessé.

- Je ferai gaffe... Maman a très peur pour les filles, dit-il soudain.

- Tammy et Emily resteront près de nous, ai-je précisé. Je veillerai sur tes sœurs.

- Alors elles ne risquent rien, fit-il avec un sourire.

- Te fous pas de moi ! dis-je en lui jetant un oreiller au visage.

Il était désormais plus détendu et je le préférai largement comme cela. Je les ai laissés découvrir mon espace de vie on ne peut plus privé et Lacey adorait ma bibliothèque. Quant à Matthew, c'était surtout ma collection musicale qui l'intéressait, comme quoi on ne se refait pas. Les plus jeunes, du moins psychologiquement pour l'une, s'amusaient tranquillement dans ma salle de bain et mon dressing. Bon elles ne faisaient pas de dégâts et je comptais bien ranger cela le lendemain de la bataille. Je m'étais dit qu'au cas où je ne m'en sortirai pas, autant ne pas se crever le cul à ranger. Entendre rire Tammy et Emily était des plus amusant et je voyais souvent leurs aînés jeter un petit coup d'œil. Au final, Lacey restait assise par terre tandis que je restais allongée sur mon lit près de Matthew qui feuilletait tranquillement un magazine de cinéma.

- Et ben... Encore des suites et toujours des suites..., marmonna Matthew.

- En même temps, t'as déjà trouvé que le cinéma ou les séries avaient de l'imagination ? demandai-je mesquine.

- Mouais... Merci la littérature, fit Matthew en souriant.

- D'ailleurs je ne sais pas si t'es au courant, dis-je fière de mon information, mais il va y avoir une adaptation sud coréenne des Quatre filles du docteur March.

Matthew me regarda surpris et resta figé.

- Tu déconnes? demanda-t-il avant de me voir hocher la tête. Époque ou moderne?

- Tu as l'impression que nous bossons à la télévision coréenne ? demanda Lacey provocatrice avant d'exploser de rire.

- Moderne ce serait cool, j'ai adoré la version d'Anna Todd, dis-je alors.

- Celle d'After? demanda Matthew.

- Mais c'est pas osé... C'est juste très moderne même si elles parlent de cul, dis-je alors en souriant. Et Jo perd sa virginité.

- Moderne ouais..., fit Matthew avant de rire.

Je vis alors Lacey fixer mon dressing avec une mine contrite, ce qui attira mon regard d'ailleurs. J'ai donc observé celui-ci, du peu que je pouvais en voir et j'ai prêté une oreille attentive.

- Non Emi, c'est pas à toi, fit alors Tammy depuis le dressing. Reviens!

Je me suis redressée intriguée avant de voir jaillir Emily complètement décoiffée. Ce n'était pas le problème. Le vrai problème était son aspect. Celle-ci s'était enroulée de trois écharpes autour du cou, ainsi que de gants différents, signe qu'elle avait bien fouillé. Cependant je me suis figée quand j'ai fixé sa tête. J'ai fait un bond nerveux pour foncer sur Emily qui me regarda extrêmement inquiète.

- Ça ne se met pas là ! dis-je en enlevant ce qu'elle avait placé sur sa tête.

Je me demandais d'ailleurs comment cela ne s'était pas décousu. Je me suis empressée de retirer le sous-vêtements gênant, un string violet transparent, sous son regard outré.

- On ne joue pas avec ça ! l'ai-je réprimandé.

- Mais c'est quoi ? demanda alors Tammy qui était sortie de mon dressing.

- C'est une culotte, dis-je rapidement.

- Ha bon? demanda Tammy. Mais pourquoi c'est si petit ?

Sacrée question... Je ne savais que répondre. Et puis j'étais rouge pivoine de honte. Il faut dire que le petit rire de Lacey était bienvenu.

- Parce que c'est une culotte qu'on met quand on a un amoureux, fit alors Lacey. C'est pour les grandes.

Je me suis retournée sur le fameux amoureux qui était complètement gêné et plongé dans son livre.

- T'aimes bien? demanda encore Tammy à son frère.

- Ça ne se demande pas Tam, lui ai-je dit.

J'avais envie de dire à Lacey d'arrêter de se foutre de ma pomme alors je lui ai jeté un regard bien courroucé.

- Quoi? fit-elle faussement innocente.

- Te fous pas de ma tronche comme ça, dis-je énervée.

- Range ton petit linge toi, dit-elle en riant.

- Gneee..., fit alors Emily qui aurait bien aimé que je lui rende.

- On t'en achètera si tu redeviens toi même, dis-je consternée en fonçant vers mon dressing.

J'avais honte et je fus horrifiée. C'était un sacré carnage, il y en avait partout. Elles avaient transformé ce dressing en champ de bataille. Bon il n'était pas non plus l'exemple le plus flagrant de mon côté maniaque mais au moins il était rangé d'habitude. Quel carnage!

- Les enfants ! appela ma mère d'en bas. On passe à table.

- Tam, Emi! On se lave les mains! Les grands aussi! ajouta Eva.

J'ai regardé les fameux grands et j'ai explosé de rire.

- Allez on se lave les mimines, dis-je en riant aux deux adolescents.

- Ha ha... Tordant! me fit Lacey pendant que Matthew obligeait les deux autres à obéir.

- Trop tentant, dis-je alors amusée.

- Et le string que tu portes, il est de quel couleur ? demanda-t-elle désireuse de se venger.

- Arrête et là je n'en porte pas! me suis-je offusquée.

Ce fut le moment précis où Matthew sortit de la salle de bain en guidant les deux miss. Il se figea en me fixant stupéfait.

- Matie... Ne me dis pas que tu viens de te demander si j'avais au moins quelque chose? demandai-je choquée.

- Non... Je... Euh... La salle de bain est libre, fit-il avant de sortir de la chambre avec les petites pendant que je gardais la bouche ouverte.

- Loup ou pas, c'est bien un mec! fit Lacey en riant.

Je n'avais jamais réellement imaginé Matthew en mec normal et là, cela m'était venu en boomerang. Ainsi il devait parfois m'imaginer en tenue légère. Peut-être avait-il même déjà imaginé bien plus. J'étais stupéfaite en me lavant les mains avant de descendre avec Lacey. J'étais légèrement inquiète quand même pour le repas mais étonnement, il se passa sans soucis aucun. Bon, tous les loups et affiliés regardaient toujours méfiants et inquiets Emily s'intéresser à son assiette. On avait clairement peur d'une rediffusion de son coup d'éclat de la dernière fois mais elle restait clairement sage.

- Alors les enfants, fit tout à coup mon grand-père attirant mon regard. Vous avez déjà pensé à l'avenir ?

- Euh Grand-père..., marmonnai-je gênée en regardant Matthew qui s'était plutôt liquéfié.

- Hein? s'étonna t'il. Non pas vous deux, fit-il comprenant notre méprise. Je parlais professionnellement parlant.

- Ouf..., dis-je soulagée.

- J'ai eu un doute, fit alors Garrett qui s'était remis d'un étouffement dissimulé.

- J'aimerais reprendre l'exploitation, fit alors Lacey.

Je l'ai regardée étonnée, remarquant ma mère en train de prêter une attention non dissimulée tout en servant les desserts, des moelleux au chocolat faits maisons. Lacey n'avait jamais parlé de cela et j'avouerai qu'évoquer un avenir en sachant que peut-être dès le lendemain nous n'allions plus en avoir me fit l'impression d'une énorme chappe de béton. Il fallait le dissimuler.

- Et depuis quand? demanda Eva choquée.

- J'y pense, fit Lacey en faisant de la place pour les moelleux.

- Pour quelqu'un qui rechigne devant les corvées, fit alors Garrett en riant.

- Là je serai salariée, fit Lacey extrêmement mesquine.

- Cela change tout, fit Eva en prenant Tammy sur ses genoux.

- Ben ouais, plus que de l'argent de poche, fit Lacey faussement vexée.

- Ce n'est pas trop dur d'ailleurs ? demanda ma mère.

- Cela dépend des mois en fait, fit Garrett. Mais nous ne manquons de rien.

- Ho..., fit ma mère gênée. Je voulais parler du travail... Je ne me serais pas permise.

- Cela dépend également des mois, fit Eva en riant. Ce n'est pas grave. Et toi? me demanda t'elle.

- Moi? dis-je en étant sortie de mon rire devant la gêne de ma mère. Ben... Avec tout le temps passé avec Tammy et Emily... Je pense que j'aimerais être prof. Chez les petits.

- Toi? Prof? demanda ma mère me choquant avec son ton.

- Je suis trop co... Trop bête ? dis je en pensant à la présence de Tammy.

- La patience n'est pas ta spécialité, me fit ma mère avec un sourire. Mais si tu penses en être capable, il faudra essayer. Et le prince charmant ?

J'ai regardé ma mère avec colère, elle me faisait honte là. Mais cela m'intéressait quand même.

- Auteur? demandai-je alors.

- Pourquoi cette proposition ? demanda Lacey.

- Ben il écrit..., dis-je surprise.

- Depuis quand? demanda Eva en regardant son fils.

- Depuis que j'ai appris à l'école, répondit son fils avec son sens de la formule.

Je venais de réaliser que j'étais en fait la seule au courant, une partie de son jardin secret m'était acquise et j'avais plutôt gâché cela

- Hey, c'est pas grave, fit-il pour me rassurer. En fait, il y a peut-être trop de concurrence même si j'aimerais bien essayer mais je me verrai bien bosser dans une maison d'édition.

- Il ose pas tenter mais il va juger, fit Garrett en riant. Au moins j'en ai une qui suit mes traces.

- Et moi! fit alors Tammy.

- Tu sais déjà ma puce? demanda sa mère en la regardant.

- Je serai astronaute! Je serai la première, dit-elle alors.

Je souris de ce rêve particulier. C'était un beau rêve.

- C'est dommage, il y a déjà eu des femmes astronautes, tu ne seras pas la première, fit ma grand-mère en touchant les cheveux de Tammy qu'elle semblait adorer.

- Je serai quand même la première ! insista Tammy.

- Mais oui mais oui, fit sa mère pour l'obliger à se taire.

Je venais de réaliser le sens du propos et je vis la panique chez Lacey et Matthew. Elle voulait être la première louve de l'espace, bizarre à dire... Heureusement, Emily sauva la mise à tout le monde

- Gne..., fit-elle en faisant tomber du moelleux sur sa robe.

- Je vais te nettoyer, dis-je alors en joignant le geste à la parole.

- C'est vrai que tu es plus patiente, fit ma mère.

- Oui, je sais... Je me demande pour elle, dis-je avant de voir le regard de Lacey.

Et merde... Le boulet! Je posais souvent des questions sur Emily quand elle allait bien et les habitudes ont la vie dure. Quelle nouille!

- Il y a des entreprises qui ont des départements où ils peuvent clairement s'épanouir, fit ma mère.

- Ho je pense que pour l'instant elle restera avec nous, son état n'est pas naturel, fit Garrett. Elle a eu un grave accident et il y a toujours une chance qu'elle récupère ses facultés.

- Mais l'assistance sociale n'en est pas sûre ? demanda mon grand-père.

- Malheureusement, les médecins sont restés... sur la retenue, dit alors Eva.

J'ai soupiré de soulagement en entendant ma mère et Eva discuter. J'avais merdé mais on m'avait sauvé la mise.

- Styliste, chuchota Lacey. Elle était très douée.

J'ai souri en entendant cela, sans doute cela expliquait complètement son intérêt pour mon dressing. Le reste de la soirée se passa merveilleusement bien et les Wilder finirent par prendre congé. J'ai agi en fille modèle, aidant ma famille à nettoyer et ranger. J'allais prendre congé de ma famille, pour la dernière fois peut-être quand, alors que j'étais au pied de l'escalier, ma mère me rejoignit.

- Ma puce? m'appela ma mère.

- Quoi? demandai-je étonnée.

- Ça va? Depuis tout à l'heure tu as l'air préoccupée, précisa ma mère.

- Je... J'avais peur que cela de passe mal, ai-je donc menti.

- Sois rassurée, fit ma mère. Je les adore et ton petit ami est plutôt intéressant.

- Quoi ? demandai-je amusée.

- Oui, attentionné tout ça... Bon on est au vingt-et-unième siècle mais tu as clairement mon approbation, fit ma mère.

- Merci Maman, dis-je quand même touchée même si je me demandais si le propos serait identique si elle savait que j'allais risquer ma vie.

- Mais ça veut pas dire que je veux être grand-mère hein, précisa ma mère.

- Maman! dis-je choquée.

- Vous êtes mignons tous les deux, vous allez bien ensemble, ajouta-t-elle.

- Merci Maman... Bonne nuit, dis-je en montant.

- Bonne nuit ma chérie, fit ma mère me poussant à me figer.

- Maman! l'ai-je interpellée. Je... Je t'aime.

- Moi aussi, fit-elle étonnée.

- Vous aussi! dis-je à mes grands-parents.

- Nous aussi! m'ont ils assuré en cœur.

- Nous l'aurions accepté de toute façon, m'assura ma mère.

- Je sais, merci, dis-je à ma mère avant de remonter.

- De rien ma puce, fit ma mère.

- Pour tout, ai-je murmuré avant de monter.

Je crevais à cet instant d'envie de leur faire mes adieux mais je ne pouvais pas. C'était trop compliqué. Je ne pouvais pas. J'ai refermé la porte de ma chambre en m'appuyant le dos dessus en pleurant. J'avais menti à tout le monde, j'avais peur de mourir. Normal après tout... Même ma douche ne me calma pas. Je n'avais aucun moyen... J'avais songé à écrire une lettre mais ne pouvant dire la vérité, cela ne servirait à rien. J'ai juste attrapé mon téléphone et envoyé un message à mon petit ami. Il mettait un temps fou à répondre. Je me suis alors appuyée à la fenêtre dans mon débardeur orange et mon short gris tout délavé.

- Tu te prépares peut-être pour demain..., dis-je tristement en regardant mon téléphone.

Heureusement il sonna enfin. Matthew, dans sa mansuétude, semblait inquiet pour moi. Je l'ai rassuré, disant juste que j'avais peur et qu'il me manquait. Je regardai vers la forêt quand je vis une lueur derrière les arbres.

- Mais... Matie? T'es dans la forêt ? demandai-je avant d'entendre mon téléphone sonner. Oui? dis-je surprise.

C'était bizarre mais amusant.

- Tu veilles sur moi? demandai-je encore.

Forcément, il confirma. Amusant. Mais bon c'était bête de faire comme ça.

- T'as pas envie de sortir de là bas plutôt ? demandai-je alors.

J'ai patienté un instant et il sortit de la forêt en enfilant un t-shirt. Il était donc sous forme de loup. Je savais qu'il devait bien voir et je lui ai alors indiqué la gouttière.

- Reste pas dehors, dis-je alors en murmurant quand même.

Je le vis s'approcher à pas de loup, si l'on peut dire, en évitant les fenêtres de la maison. Cela me faisait bien rire de le voir comme ça, comme le petit copain qui veut se cacher. Un peu de normalité, cela ne faisait pas de mal. La normalité disparu quand, d'un bond suivi d'un appui sur le muret et un nouveau bond, il s'accrocha aisément au rebord de fenêtre sans avoir fait le moindre bruit. J'étais surprise en le voyant entrer dans ma chambre comme un voleur et je fondis dans ses bras pour le serrer. Il m'étreignit immédiatement en caressant mes cheveux.

- Tes parents savent que t'es là ? me suis-je quand même inquiétée.

- Oui, fit-il tout bas.

- Tu devrais rester avec eux... On ne sait jamais, dis-je en le regardant.

- C'était notre idée à Lacey et moi mais ils se sont rendus compte que... Que l'on était pas vraiment là, fit-il alors.

- Tu pensais à moi? demandai-je surprise.

- J'avais peur que tu angoisses, que tu ne sombres dans la mélancolie, avoua Matthew.

- J'ai peur... Beaucoup, de te perdre et de ne plus revoir ma famille..., dis-je quand même.

- Tu n'es pas obligée... Bon on a déjà dit ça, fit-il en voyant mon regard sévère.

- Et comment tu t'es libéré ? demandai-je intriguée malgré tout.

- Papa... Il a dit que moi et Lacey avions passé nos vies avec eux et que... Si jamais nous vivions notre dernière nuit, que nous soyons là où nos cœurs le souhaitent... Je voulais veiller sur toi..., dit-il alors avant que je ne l'embrasse.

- Au fait... T'as oublié la tirade, dis-je avec humour.

- Ha... Euh...

- Viens, mais fais pas trop de bruit, dis-je en le menant au pied du lit.

Nous nous sommes assis par terre, l'un contre l'autre sans bouger plus que pour renforcer notre câlin. Nous avions écouté de la musique et discuté simplement durant près de trois heures. J'aurais tellement voulu que ce moment dure éternellement, ne pas avoir à se soucier du lendemain. Et mon téléphone bippa par manque de batterie. Nous l'avions vidée en écoutant la musique. Il m'embrassa encore avant de se lever.

- Je vais te laisser dormir, fit-il doucement.

Je me suis soudainement mordue la lèvre et j'ai réfléchi quoi ? Deux secondes ?

- Attends, dis-je simplement avant de foncer vers ma porte pour la fermer à clef.

- Deb... Qu'est-ce que tu fais? demanda Matthew surpris.

- Je... Euh..., ai-je soudainement hésité. Je ne veux pas la jouer Arya Stark mais... Dors ici.

Pour ceux qui ignoreraient je conseillerais la dernière saison. Je n'osais pas dire que je ne voulais pas dormir. Matthew me regarda juste mal à l'aise et encore plus gêné. Il avait compris et ne semblait pas partant en fait. Je me suis soudain sentie ridicule. Et pourtant je le vis marcher vers moi.

- Deb... C'est... Je suis flatté... Mais j'aurais l'impression de profiter de la situation, me dit-il simplement.

Je l'ai regardé étonnée et moi j'ai profité de la situation. J'ai attrapé son visage pour l'embrasser avec passion.

- Matie... J'avais déjà envie d'aller plus loin... Qu'importe ce qu'il se passe demain et même si il n'y avait pas de bataille... J'ai envie de le faire, dis-je sans prendre de chemin détourné.

- Deb... Je...

- Tu n'as pas envie toi? demandai-je surprise mais sachant bien que d'autres préoccupations étaient sans doute dans son esprit.

Et il m'embrassa alors avec une tendresse incroyable. Je ne quittais pas ses lèvres mais bien désireuse d'aller jusqu'au bout, je nous ai lentement dirigé vers le lit en marchant à reculons. Je ne m'en étais même pas rendue compte que déjà, je lui enlevais son t-shirt. Alors que je caressais ses cheveux, je sentis ses mains sur le bas de mon débardeur et il rejoignit son t-shirt au sol alors qu'il m'allongeait sur le dos. Il me surplombait complètement, par sa taille et sa corpulence mais je n'avais nullement peur. Je voulais cela et il le voulait aussi, je ne me forçais pas dans l'optique de ne pas mourir vierge comme une petite cruche mais bien parce que je voulais depuis un moment aller bien plus loin. Depuis avant Noël même. Et j'étais franchement contente qu'il soit partant. Je l'embrassais encore avant de m'enhardir quelque peu et fe détacher sa ceinture. Il n'était pas le premier garçon que je touchais et je me disais bien qu'il allait apprécier, ses gémissements confirmant d'ailleurs ma pensée. Lui, je devais un peu le guider pour qu'il ose me caresser et je le fis. Quand nos regards se croisèrent au moment où je le guidai sous mon short, je me suis mise à rougir. Cela le fit sourire et il osa me caresser. J'en profitai bien mais j'ai tendu mon bras en travers du lit sans quitter ses lèvres pour éviter des bruits trop peu discrets. Je bougeais ma main en vain et il s'écarta un peu pour m'observer.

- Tu peux attraper mon sac à main sous le lit? ai-je chuchoté.

Il était un peu surpris mais s'exécuta. Il posa mon sac sur le lit et je l'ai embrassé de nouveau en fouillant d'une main. Pas besoin du mascara, ni de mes clefs d'ailleurs mais enfin je sentis ce que je cherchais et j'ai rejeté mon sac hors du lit avant de passer mes bras autour de son cou. Il finit par se détacher un peu et j'ai ramené ma main devant lui en tendant un préservatif.

- Je compte survivre et éviter le planning familial, dis-je en souriant.

- Évidemment, dit-il en prenant l'emballage.

Il se redressa un peu et d'un mouvement rapide, j'étais déjà nue. Je n'attendais plus que lui. Il me regarda attentivement et je vis à quel point je lui plaisais, c'était gratifiant. Il était désormais nu et plutôt prêt pour la suite, plutôt deux fois qu'une même. Très intéressant. L'emballage finit part terre et je l'ai regardé enfiler le petit bout de latex.

- Je...

- Quoi? demandai-je intriguée et inquiète qu'il ne veuille plus.

- Si je te fais mal...

- Je te dirai d'y aller doucement promis, dis-je contente qu'il s'inquiétait pour moi.

Il me surplomba alors et j'ai ramené un peu mes jambes vers moi pour le laisser se glisser là où il devait aller. Nous allions le faire et juste avant qu'il ne commence, je l'ai approché pour l'embrasser à cet instant fatidique. Je n'eus qu'un léger soubresaut, une très légère douleur mais sans plus. J'aurais aimé que cet instant où nous ne faisions enfin qu'un dure éternellement, comme un moment hors du temps...


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