Wolf Skin: Omega

Chapitre 18 : DRÔLE DE FIN D'ANNÉE

8190 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 26/06/2022 09:15

XVIII.

DRÔLE DE FIN D'ANNÉE


Je n'avais jamais imaginé que le temps pouvait passer si vite quand on avait trop de choses à faire. Je savais désormais à quoi pouvait ressembler un emploi du temps de vacataire de la Maison Blanche. D'abord les cours qui se compliquaient de plus en plus à l'approche des examens de fin d'année, juste avant Noël forcément pour se mettre dans l'ambiance. Heureusement, j'avais toujours été bonne élève et cela m'aidait largement. Ensuite, il y avait les cheerleaders et tout un tas de nouvelles chorégraphies à apprendre, ce qui compliquait également la vie de Lacey d'ailleurs. Lana semblait de transformer en sergent instructeur sorti tout droit de Full Metal Jacket. Elle nous mettait une pression de malades tout ça parce qu'elle espérait que l'on puisse s'inscrire pour les championnats régionaux. On avait nos chances, surtout avec l'acrobate complètement dingue qu'était Lacey. Après ça, il y avait aussi ma famille... Ça allait encore mais la corvée de revoir mon père m'avait épuisée. Il avait voulu passer une journée shopping et restaurant avec sa gentille fille. Quel con! C'était bien la première fois de ma vie qu'il voulait faire du shopping avec moi. J'en ai profité, surtout dans les magasins onéreux de Fort Collins. Il semblait clairement mordre dans sa chique pour ne pas craquer avec mes dépenses mais visiblement, il croyait m'acheter. J'en étais venue au point de me demander comment il se démerdait autant dans un procès alors qu'il était incapable de voir que je le pigeonnais. Je crois que le coup de grâce était venu quand j'avais voulu aller dans une boutique de lingeries assez sexy. Il avait été assez surpris, avant d'être catastrophé quand je lui avais révélé que c'était pour mon petit ami. Le coup de grâce littéralement. Mais il semblait content que je lui ai laissé une chance de me voir. J'escomptais bien remettre cela mais sans en profiter cette fois, pour voir si il était sincère. J'avais aussi mes rendez-vous avec Matthew, ceux-ci ils ne me dérangeaient pas dans mon emploi du temps, bien au contraire. On commençait à se connaître bien plus d'une manière normale pour des adolescents. Des fastfoods, quelques séances de cinéma, quelques expositions tranquilles... Une vie normale quand on était loin de la ferme Wilder. C'était bien cela qui me prenait le plus de temps mais après tout, je le voulais. Ils étaient plutôt débordés par Emily. Les femmes de la maison étaient désormais appréciées même si j'étais officiellement la préférée d'Emily. Dès que j'y étais, elle était collée à moi et ne me lâchait que quand je partais. D'ailleurs, c'était toujours dans des gémissements de tristesse de la part d'Emily que se faisaient mes départs. Je n'y avais plus dormi depuis, pour éviter qu'Emily ne reste fixée à moi. Ils avaient bien tenté de la coincer dans la chambre de Matthew mais elle avait fini par rejoindre d'elle-même les filles. Avec Garrett c'était un peu différent. En effet, Emily restait extrêmement méfiante mais le laissait de plus en plus s'approcher, même si je me demandais si elle comprenait qu'il était son père. Le seul qui n'était encore que toléré était Matthew. Étonnamment, elle ne l'aimait pas beaucoup. Je voyais bien que cela l'attristait énormément mais je ne pouvais que lui dire d'être patient. Je pensais aussi que c'était le fait qu'il me volait un peu à elle aussi, sachant qu'après tout nous étions un couple. Mais c'étaient les progrès d'Emily qui ne rassuraient personne. Ils étaient lents, très lents en fait. Elle grommelait toujours ses incompréhensibles "gne" à tout bout de champs. Impossible de converser avec elle même si elle semblait au moins saisir ce que l'on disait. Elle restait avec le comportement à caractère autistique du début, se contentant de jouer et de dessiner, et surtout de s'énerver quand on essayait de l'en détacher. Elle avait déjà détruit trois chaises et deux assiettes avec sa force, sans compter la quantité de vêtements qu'elle avait pû déchirer en tirant dessus. Au final, ils la laissaient majoritairement en chemise de nuit, vu que cela ne la gênait pas et qu'elle pouvait bouger comme elle voulait. Vestimentairement parlant, il y avait eu une énorme victoire, nous avions enfin réussi à lui faire porter des culottes et ça s'était tant mieux quand elle levait sa chemise de nuit.

Ce dimanche soir là, alors que j'étais chez eux, moi et Eva nous étions attelées à la plus grosse difficulté en général : le bain. Elle avait passé la première semaine loin de la salle de bain et au final, les hommes et Lacey avaient dû se battre avec elle pour la plonger dans l'eau. Depuis elle commençait à s'y faire mais c'était Eva qui devait lui donner le bain, souvent en compagnie de Tammy ce qui la calmait.

- Gneeee!!! hurla presque en riant Emily en tapant dans l'eau.

- Bouarf..., grommelai-je en me faisant tremper de la tête au pied.

- Emi... Je t'en prie arrête de faire ça, lui fit Eva déjà plus trempée que moi.

En fait, depuis un moment, après avoir poussé le chauffage, nous restions toutes les deux en haut de maillot de bain, bien moins gênant pour la lessive.

- Pffff... C'est épuisant, dis-je en regardant Emily jouer avec la mousse.

- Moi aussi, fit Tammy en m'arrosant.

- Dis-donc toi, dis-je en riant. Tu crois pas qu'il y a assez d'eau par terre ?

- Ben non! me répondit Tammy fière d'elle.

Eva me regarda en soupirant de lassitude.

- Je suis vraiment désolée qu'on t'inflige tout ça, me fit Eva.

- Bah ça me fait une pause dans mes révisions, dis-je alors en pensant à Matthew qui devait avoir continué dans sa chambre.

- On est un peu la tête sous l'eau... Enfin façon de parler, me fit Eva en riant et s'épongeant avant de me tendre une serviette.

- Merci, dis-je en riant et m'essuyant. Comment s'est passée la dernière pleine lune au fait ?

C'était bien la seule chose que je n'avais pas encore vue: leur aspect particulier. Matthew ne voulait toujours pas de peur de m'effrayer sans doute. J'ignorais donc encore cet aspect là des loups.

- C'est peut-être dingue mais cela s'est passé exactement comme la précédente, m'avoua Eva.

- Elle restait toujours calme? dis-je en me remémorant les récits de la précédente.

- Dans son coin avec sa peluche, elle est même restée avec moi cette fois, comme Tammy, dit-elle contente.

- Ils sont vraiment si nerveux ? demandai-je en repensant à mes conversations avec Matthew.

- Oui, et plutôt à fleur de peau... Et ils ont du mal à contrôler leur force, confirma Eva. Étrangement pas elle.

- Tammy reste calme parce que c'est une louve complète, dis-je alors. Ce serait parce qu'elle est restée plusieures années comme ça ?

- Sans doute, fit Eva attirée par les marmonnements d'Emily.

- Gne, gne, gne, faisait Emily en poussant Tammy.

- Je peux? Je peux? demandait Tammy.

- Non c'est pas le moment, fit Eva dans un soupir. Tu vas mettre de l'eau partout.

- J'ai pas fait attention, dis-je en m'excusant.

C'était le détail le plus bizarre, un mot d'usage courant pour moi désormais. Comme cela lui arrivait parfois, Tammy s'était transformée devant Emily, qui elle ne s'était toujours pas retransformée devrais-je préciser. Et Emily était devenue complètement gateuse, prenant Tammy comme on prendrait un chiot, la câlinant des heures durant. Depuis, dès qu'elle entendait le mot loup, elle semblait réclamer la transformation de Tammy et boudait si on lui faisait pas plaisir.

- Et voilà qu'elle fait du boudin, marmonna Eva en arrosant sa fille aînée.

- C'est vraiment un comportement enfantin en fait..., ai-je réalisé.

- Je ne te le fais pas dire... Prête pour l'action ? me demanda Eva.

- Prête... Il faut le dire vite, dis-je en regardant Emily.

- Tu lui fais ? Ou tu préfères Tammy? demanda Eva.

- Emily semble plus calme quand c'est moi alors..., ai-je dit en haussant les épaules.

Nous avons alors interverti nos places et sortit le problème du bain: le shampooing. Emily regarda immédiatement le flacon sachant que ce produit qui sentait bon la fraise piquait les yeux.

- Gneeeeee...., marmonna Emily en me fixant d'un air qui se voulait suppliant.

- Tu ne vas pas y couper, dis-je tout doucement.

Emily me regarda alors avec ce que j'appelais désormais le regard blessé. C'était le genre de regard qu'un enfant lançait à sa mère qui la privait de bonbons. C'était bizarre de penser comme cela mais j'avais l'impression d'être autant une maman pour elle qu'Eva. Il suffisait de me voir la border le soir, en même temps qu'Eva bordait Tammy car après tout une enfant de quatre ans avait réellement besoin de ces moments avec sa mère. Eva m'avait dit qu'elle en était assez perturbée de devoir autant s'occuper d'Emily alors qu'elle avait Tammy. Je l'avais rassurée en lui disant qu'elle était une mère exceptionnelle pour les deux et franchement, Tammy semblait contente d'avoir une grande sœur qui jouait avec elle. On la voyait même souvent essayer d'apprendre des mots à Emily, sans plus de succès.

- Gne? sembla insister Emily quand Eva me donna le flacon.

- Tu ne me refais pas le coup de la dernière fois hein? dis-je méfiante.

Vu comment elle souriait, je me suis demandée si j'allais encore finir la tête dans la baignoire et trempée jusqu'à l'os. C'était ce fameux soir là qu'Eva et moi avions adopté les maillots de bain.

- Sage Emi, lui fit Eva. Deb est gentille...

- Et humaine, ajoutai-je pour la forme en versant du shampooing dans mes mains.

Emily se plaça contre le fond de la baignoire, méfiante et stressée. Elle détestait être victime d'un horrible shampooing mais vu sa tendance à se fourrer partout, ils étaient assez sales. Je me suis levée et Emily s'éloigna rapidement.

- Ici, dis-je avec sévérité en lui montrant un recoin.

- Gneee..., marmonna tristement Emily en se déplaçant.

- Tu vas être toute propre, dis-je en posant mes mains sur sa tête.

Et j'ai commencé à lui faire son shampooing tranquillement même si elle se débattit quelque peu. J'allais sans doute encore avoir besoin du baume sur les poignets, Emily ne sentant jamais sa force. J'ai chantonné quelques comptines pour la calmer, des grands classiques comme Brille Brille Petite Étoile, qu'elle appréciait en général. Je vis le regard attendri d'Eva.

- Tu seras vraiment une super maman, dit-elle en me choquant.

- P... Pardon? demandai-je suprise.

- Je ne voulais pas dire par rapport à d'éventuels enfants avec Matie, s'empressa de préciser Eva. J'espère que vous en êtes loin, rajouta-t-elle. Mais je voulais dire en général.

- Ouf, dis-je en soupirant. J'ai eu peur de la pression, ai-je ajouté en riant.

- C'est amusant à voir avec une enfant unique, précisa Eva.

- Ho j'avais déjà fait du babysitting, c'est un peu pareil... Même si les enfants que j'aie pu garder ne pouvait pas m'arracher la tête de colère, ai-je précisé en riant.

- Et je suppose que tu n'avais jamais eu un si grand enfant, ajouta Eva avec un sourire.

- Heureusement qu'elle est propre, dis-je en riant.

- C'est peut-être la seule chose qui ne correspond pas, me fit Eva. Bon d'accord elle tire sur mon bras ou le tien, voir celui de Lacey pour que l'on l'emmène aux toilettes mais elle réclame pour y aller.

- C'est bon signe au moins, dis-je alors.

- Et en fait je m'attendais à pire, dit Eva. Je l'imaginais faire ça où elle était.

- Une victoire est une victoire... Ne serrre pas, dis-je quand elle dû sentir du shampooing sur son front.

Emily attrapa alors la mousse sur son front et la regarda avant de me la souffler dessus. Vu le rire de la petite voisine, j'avais découvert la coupable de ce comportement.

- Ne lui apprends pas ça, fit Eva en lavant les cheveux de la petite blonde.

- Mais c'est marrant ! se justifia la petite Tammy.

- On se demande pour qui..., dis-je amusée en attrapant le pommeau. Attention les yeux, dis-je alors. Il va pleuvoir !

- Gne!!!! fit alors Emily en fermant les yeux mais en souriant.

Et je l'ai enfin rincée. Elle en était contente car la torture était finie. Eva faisait de même et on les a laissée jouer un peu avec leurs petites baleines en plastique. Emily regardait également un livre d'images conçu pour aller dans l'eau et riait des animaux.

- Mentalement, elle ne grandit pas, me fit Eva tout bas pour ne pas les déranger.

- Je sais... Et avec Matie c'est toujours le même cirque ? demandai-je.

- Oui... Elle accepte sa présence mais elle semble essayer de rester loin, fit Eva avec une grimace.

- Matie m'a dit qu'il avait le potentiel d'être un alpha... Ça peut jouer vu son temps passé en... En vous savez quoi, dis-je alors.

- Garrett le pense en tout cas... Cela le gène ? demanda Eva.

- Il dit que non mais... Je vois que c'est le contraire..., dis-je quand même. Au début j'étais un peu jalouse mais j'ai réalisé qu'il avait juste besoin de la grande sœur géniale qu'il avait eue.

- Tu n'as pas à t'inquiéter, me fit Eva. C'est très différent et je le dis avec un regard extérieur.

- Pas de soucis, je le crois ne vous inquiétez pas, dis-je quand même.

- Je n'aurais jamais cru qu'un de mes enfants puissent rencontrer quelqu'un qui accepterait ce qu'ils sont par amour... En tout cas pas aussi jeune, me fit Eva.

- Techniquement parlant, l'amour est venu après, dis-je alors en souriant.

- Je sais, me fit Eva. Mais c'est encore plus impressionnant... Tu es une fille surprenante. Et te voir gérer Emi comme ça...

- Ça ne me gène pas, dis-je déjà épuisée. Franchement je n'ai aucun soucis à vous aider.

- Regarde les... Elles sont mignonnes, me fit Eva attendrie.

J'ai regardé les deux louves dans la baignoire et elles semblaient jouer ensemble comme deux enfants de quatre ans. Je fus soudainement saisie d'un doute.

- Eva... Vous n'avez jamais eu d'ennui de justice? demandai-je alors.

- Ho... C'est vrai que nous devons donner l'air de ne pas nous soucier d'Emmett... Il s'appelait comme ça, me précisa Eva. La meute de là où cela s'est passé a brouillé les pistes... Je m'en suis voulue si longuement... J'aurais dû l'empêcher de lui dire, lui faire comprendre qu'aimer ne signifie pas accepter... À cause de cette décision, des parents ont dû enterrer leur enfant... J'ai déjà eu du mal à me remettre de la perte d'Emily en humaine... Je les plains.

- Il a vraiment essayé de la tuer? demandai-je alors.

- Oui... La pierre remplie du sang d'Emi nous l'a confirmé, fit Eva. Mais ce n'est pas une raison...

- Comment il a pu... Penser ça... J'avais pris un collier en argent, bon de mauvaise qualité, mais c'était juste au cas où, ai-je précisé.

- Matie me l'avait dit, précisa Eva. Je n'ai toujours pas compris une telle réaction non plus.

- C'est dommage, dis-je mal à l'aise. Elle a perdu tellement...

- Ne te dis pas ça... Profitez avec Matie, on ne sait jamais de quoi l'avenir sera fait, fit Eva pensive.

Je l'ai regardée légèrement étonnée et je me demandais clairement de quoi elle parlait. Qu'est-ce qui pourrait tout chambouler ? Une nouvelle attaque sans doute. Cela me fit réaliser immédiatement quelque chose.

- La... La meute de Fort Collins... Ils savent pour les ombres? Je veux dire celles qui nous ont attaqués..., ai-je demandé.

- Oui... Garrett les a quand même prévenu de cela, dit-elle.

- Vous... Ils ne savent pas pour elle? demandai-je choquée.

- Non, on a préféré garder le secret, me précisa Eva. On a un peu peur de leur réaction, qu'ils veuillent l'étudier ou l'éloigner de nous.

- Je comprends même si peut-être qu'ils pourraient comprendre..., ai-je proposé.

- D'ailleurs ils ne savent même pas pour toi, fit soudainement Eva.

- Euh... Pourquoi ils devraient savoir pour moi? demandai-je étonné. Et que doivent-ils savoir surtout ?

- Que tu es au courant de leurs existences... Matie a enfreint les règles... Il n'a demandé aucune autorisation pour te le dire, me fit Eva.

- Il... Il est en danger ? demandai-je en panique.

- Non... En tant qu'omega, ils n'ont pas beaucoup de pouvoir sur lui mais ils pourraient nous demander de quitter Wolfcreek, précisa Eva. Car nous sommes une menace pour le secret.

- Mais il... Il ne m'a rien dit, dis-je alors.

- Les loups sont extrêmement bornés, et avec en général un sale caractère... Les alphas sont tellement accrochés à leurs trônes qu'ils sont capables de tout, me fit Eva. J'ai vu des loups être bannis d'un territoire pour moins que ça.

- Je vous ai foutu dans la merde... Je suis désolée, me suis-je empressée de préciser.

- Ne t'inquiètes pas, ce ne sera pas la première ville que nous quittons, deux n'ont plus voulu de nous quand ils ont compris pour Tammy, ajouta Eva.

- Je ne veux pas que vous partiez, dis-je alors. Ni Matie, ni vous tous.

- Merci, me fit Eva. Je t'assure que ça ira... On attend surtout qu'elle aille un peu mieux en espérant qu'elle puisse parler.

- Mais pour l'instant cela reste brouillon... Hein? fis-je alors étonnée.

Une tête brune était appuyée sur le bord de la baignoire et nous fixait. Il s'agissait bien évidemment d'Emily qui semblait bien comprendre que l'on parlait d'elle.

- Gne? demanda-t-elle en tournant la tête.

- Mais oui c'est bien de toi qu'on parle... Allez assez barboté dans l'eau, dis-je ensuite en me levant.

Emily m'observa attentivement attraper une serviette et j'étais sur mes gardes. La dernière fois je m'étais retrouvée à courir derrière une Emily à poil qui s'était réfugiée dans la cuisine en mettant de l'eau partout. Elle ne m'aurait plus.

- Non Emi... Tu restes là, dis-je en dépliant la serviette. Allez viens me voir.

Emily me fixa attentivement et sortit d'elle même de la baignoire. Je l'ai observée avec sérieux, alors que j'avais envie de rire pourtant. Je pouvais voir qu'Eva aussi avait bien envie de se marrer. Je me suis retrouvée à essuyer énergiquement une adolescente qui se débattait par dessus le marché. Heureusement, elle ne me faisait pas trop de mal même si mes avant-bras allaient avoir droit à un peu de baume.

- Alors maintenant lève le pied droit, dis-je alors après avoir attrapé une culotte. Enfin lève...

Et là, je vis avec étonnement Emily lever le pied droit. J'ai été prise d'un doute mais j'ai fini de lui mettre sa culotte en attrapant une chemise de nuit.

- Hmmm... Emi le bras gauche, ai-je tenté.

Et effectivement elle leva le gauche en me regardant avec un air tout bête, comme si je la prenais pour une idiote. Je lui ai mis sa chemise de nuit avant de regarder Eva.

- Il s'est bien passé ce que j'ai vu? demanda la mère de famille.

- Je crois qu'elle reconnait sa gauche de sa droite, dis-je alors étonnée.

- C'est un progrès au moins, me fit Eva. Les filles vous pouvez allez jouer.

Et avec amusement nous vîmes Tammy emmener Emily par la main, sans doute dans sa chambre. J'ai regardé le carnage dans la salle de bain et j'ai attrapé de quoi nettoyer.

- Tu peux aller réviser, me fit Eva. Je vais nettoyer.

- Je vais pas vous laisser ce... Ce véritable tsunami, ai-je précisé.

- Tu en fais assez, vas-y cela ne me gène pas, m'assura Eva.

J'ai quand même embarqué une serviette avant d'aller jusque la chambre de Matthew et d'y entrer avant de refermer derrière moi.

- Salut, dis-je avant de me jeter sur le lit.

- En bikini en plein mois de décembre, fit Matthew amusé.

- Faut attirer le chaland, dis-je en riant avant de l'embrasser.

Ça me faisait un bien fou de passer un peu de temps tranquille en amoureux. D'ailleurs il y répondit avec un peu d'ardeur et je me suis allongée pour continuer de l'embrasser. Sa main brûlante caressait mon ventre avec douceur. Je pourrais dire que j'étais une fille sage mais en fait j'aimerais tellement avoir plus. Cependant je n'étais pas complètement dingue non plus, je savais qu'il y avait du monde de l'autre côté du couloir.

- Matie..., ai-je murmuré contre ses lèvres.

- Quoi? demanda-t-il surpris.

- J'aimerais bien que l'on remette cela une fois chez moi, dis-je en souriant.

- Ho je..., hésita Matthew.

- Tu ne me feras pas de mal, mais je peux attendre si tu as peur... J'aimerais juste être plus tactile... Tu vois? demandai-je.

- Oui... Je comprends...

- Mais tu as peur de ne pas pouvoir te retenir? Cela ne me choquera pas, dis-je pour le rassurer.

- D'accord, fit-il simplement.

Je savais qu'il était surtout inquiet et que c'était bien cela qui le freinait en réalité. Je voulais cesser de le voir gêné et j'ai changé de sujet.

- Tu me passes du baume? dis-je en passant la main dans ses cheveux.

- Elle t'a blessée ? demanda-t-il inquiet.

- Légèrement, ai-je précisé en montrant mes poignets.

Matthew se redressa et ouvrit son tiroir pour en sortir du baume. Comme souvent je le laissais me le mettre tranquillement. Il y tenait.

- Alors t'as avancé sur les fiches des fleuves des États-Unis ? demandai-je.

- J'ai tout noté, précisa Matthew. On a juste à s'y mettre.

- Tant mieux... Merci de m'avancer quand même, dis-je en l'embrassant.

- Je sais que tu passes énormément de temps à gérer Emi, je te dois bien cela, me précisa Matthew.

- Tu ne me dois rien Matie, cela ne me gène pas... Et puis je passe du temps avec ta mère, c'est bien pour le rapprochement, dis-je en riant.

- Elle t'adore mais je suppose que tu le sais, me fit Matthew amusé.

- Ho et elle pense que je ferai une bonne mère, dis-je avec mesquinerie.

Je le vis se décomposer et je lui ai alors précisé ce que sa mère avait précisé auparavant. Ce petit moment passé, nous nous sommes mis à travailler. Se souvenir de quel fleuve traversait quels états n'était pas des plus simples, surtout que certains étaient extrêmement compliqués à mémoriser. Heureusement, je prenais mes propres notes également. Et puis forcément, nous fûmes dérangés. En effet, j'entendis au bout d'une heure un petit grattement à la porte. Je vis sa mine déconfite et j'ai hésité, n'étant pas chez moi.

- Tu veux la faire entrer? demanda Matthew sachant qu'Emily avait enfin appris à ne pas entrer sans y être invité.

- Je sais que tu veux réviser..., dis-je simplement.

- Si elle reste dans son coin, c'est bon, fit Matthew.

Je me suis levée et j'ai quand même enfilé un t-shirt avant d'aller ouvrir. Emily, c'était bien elle mais en même temps je n'en doutais nullement, me regarda comme suppliante.

- Allez entre mais sois sage, lui ai-je dit fermement.

Je l'ai regardée entrer et se poser dans un coin, tenant fermement Polochon. Je pus me rasseoir sur le lit et je jetais certes quelques coups d'œil vers elle mais je pus continuer à travailler. Pendant que je répétais mes leçons les yeux fermés, j'ai posé ma tête sur son épaule pour en même temps me reposer.

- Tu veux une pause? demanda Matthew près de mon visage.

- Ça dépend de la pause, dis-je amusée.

J'ai alors senti ses lèvres sur les miennes et c'était précisément le genre de pause que je voulais. J'ai posé ma main sur sa joue pour accentuer le baiser avant de détecter un mouvement.

- Gne!!!! gronda Emily en nous séparant.

- Emi..., ai-je râlé.

Je la vis me pousser comme pour me garder pour elle. Elle regardait très méchamment Matthew. Ça n'allait franchement pas mieux.

- Emi... Pourquoi tu as peur de Matie hein? lui ai-je demandé.

- Gne! marmonna Emily en serrant mon bras.

- Tu ne me reconnais toujours pas ou quoi? demanda Matthew en la fixant.

Le regard d'Emily était plutôt colérique, poussant Matthew à soupirer. J'ai essayé de rassurer Emily en répétant qu'il était gentil mais depuis le temps, cela ne changeait pas grand chose à la situation.

- J'aurais dû la laisser dehors, dis-je alors navrée d'avoir gâché notre intimité.

- Heureusement, elle ne vient pas au lycée, fit Matthew froidement.

- Matie... Je comprends que ça doit être dur mais laisse lui du temps, lui ai-je précisé.

- Je lui en laisse mais c'est avec toi que je veux le passer ce fameux temps... Désolé, c'est un peu égoïste là..., marmonna Matthew.

- Non je comprends... Elle est un peu envahissante, dis-je en la berçant un peu.

- C'est surtout qu'elle ne te laisse pas tranquille, se vexa Matthew.

- Ça ne me gène pas, je t'assure, dis-je quand même.

- Oui mais elle t'empêche de bosser aussi..., fit Matthew en me fixant.

- T'inquiètes pas, j'ai des bonnes notes, dis-je un peu navrée.

J'ai fini de la bercer avant de me rendre compte du regard doux de Matthew. Je lui ai souris et l'ai un peu interrogé du regard.

- Tu ferais franchement une bonne mère, t'as un instinct maternel ça se sent, fit-il amusé.

- C'est une demande en mariage ? demandai-je amusée également.

- Très drôle, marmonna Matthew. Mais je suis sincère, entre Tammy et elle, je suis sûr que tu seras parfaite.

- Merci, ça me touche, dis-je extrêmement attendrie.

- En espérant que d'ici là, tu n'ais plus à la gérer, dit-il en plus.

- J'espère mais surtout pour elle... Surtout que je ne m'imagine pas avoir des enfants avant trente ans, je préfère travailler quand même avant... Mais on ne sait jamais, dis-je quand même.

- Non mais t'as raison, Maman a choisi d'être mère au foyer mais elle aurait pû travailler... Les enfants comme nous demandent beaucoup de temps, précisa Matthew.

- Mais elle est une mère exceptionnelle, dis-je avec un sourire.

- C'est clair, dit-il alors. Mais on lui bouffe du temps c'est dingue... Surtout les deux en bas âge.

- C'est un peu ça oui, dis-je en regardant Emily qui somnolait contre moi.

C'était bien la chose la plus particulière, je m'attendais presque à la surprendre en train de sucer son pouce. Elle était en général très sage dans ces moments là. J'ai alors tourné la tête vers le réveil de Matthew pour vérifier l'heure.

- Ho bon sang... Je vais devoir rentrer, dis-je alors.

Emily releva immédiatement la tête et je savais que cela allait encore recommencer.

- Gneeeeee, fit-elle en chouinant.

- Pas de caprice, dis-je en la regardant avant d'embrasser son front. Moi aussi je dois aller voir ma maman.

- Elle va encore essayer de te retenir, fit Matthew en attrapant ma veste.

- Tu me ramènes toujours ? demandai-je alors.

- Bien sûr, tu ne vas pas rentrer à pied, dit-il.

- Un peu de tranquillité en amoureux, dis-je alors.

- Et oui..., fit-il en regardant Emily s'accrocher à moi.

- Bon ça recommence..., ai-je réalisé en avançant vers la porte. Tammy! Lass! Je rentre!

Tammy sortit de la chambre et me fit un câlin en fixant Emily. Même elle savait que cela allait recommencer. Lacey me regarda sur le pas de sa porte de chambre.

- Je vois que la moule est toujours accrochée, dit-elle en riant.

- Je te jure... À chaque fois que je m'apprête à partir, dis-je en riant. On se voit au lycée, demain je passe la journée avec mon grand-père.

- Ok! J'espère que Lana sera calme sur son entraînement.

- Pareil! Au fait bonne révision ! ai-je lancé en me traînant ma moule. Attention, on arrive à l'escalier.

Descendre les marches était toujours compliqué mais je commençais franchement à avoir le coup de main.

- Ha je vois que ça recommence, fit Eva en riant. Merci de ton aide.

- De rien... En parlant d'aide..., dis-je en la fixant.

Eva m'aida un peu en détachant Emily qui me regardait tristement. C'était aussi un petit pincement au cœur pour moi mais quand même, je devais bien rentrer.

- On se revoit bientôt ma belle, dis-je en touchant sa joue. Garrett s'occupe des bêtes ? Dites lui au revoir de ma part.

- Pas de soucis... Filez tant qu'elle est calme, assura Eva. Attention sur la route !

Effectivement, il valait mieux filer avant qu'Emily ne change d'avis. J'avais déjà envisagé de l'amener une fois à la maison mais j'avais quelques craintes vis à vis de son comportement et de sa force. Cela n'aurait pas gêné ma famille qui me l'avait déjà précisé, croyant qu'Emily était simplement autiste, si les troubles autistiques pouvaient être simples... Mais ce n'était pas encore le moment d'y penser. Avec Matthew, nous nous sommes dépêchés de sortir et de refermer. En me dirigeant vers le pick-up, j'ai levé la tête afin de saluer Tammy et Lacey qui voulaient éviter une crise chez Emily.

- Reviens vite ! fit Tammy à la fenêtre. Je vais te faire des dessins.

- Super! Je suis impatiente, dis-je amusée en montant dans le pick-up.

Matthew s'empressa de monter et de démarrer avant qu'Emily ne sorte par la force. Ce n'était arrivé qu'une fois mais cela avait pris près d'un quart d'heure pour la ramener. Désormais, il filait de chez lui à tombeaux ouverts avant de ralentir dès que nous étions sur la route. J'enfilai ma veste qu'il avait prise et j'ai placé mon sac à dos à mes pieds.

- À chaque fois tu dois tout porter, dis-je gênée.

- C'est léger pour moi, dit-il simplement.

- Je sais mais ça fait bordélique, ai-je précisé en riant.

- Bah, avec Tammy je suis habitué, me dit-il.

- Non mais genre..., dis-je faussement outrée.

- Tu seras enfin tranquille, me fit soudainement Matthew.

- Bah... C'est pas grave, dis-je en haussant les épaules. Mais je comprends pas pourquoi elle te repousse.

J'ai tourné la tête vers lui quand j'ai remarqué son silence extrêmement lourd. Et en plus, il semblait crispé.

- Matie... Ça va? ai-je demandé inquiète.

- Je..., hésita Matthew avant de se garer et de soupirer.

- J'ai dit une bêtise ? ai-je préféré demander.

- Je crois que je sais, fit Matthew.

- Hein? ai-je fait stupéfaite. Je croyais que personne ne comprenait...

- Je ne l'ai dit à personne en réalité... Parce que j'ai toujours eu honte de ce qu'il s'est passé..., m'avoua Matthew.

- Le jour où elle s'est retrouvée bloquée ? demandai-je surprise.

- Ce jour là oui..., marmonna Matthew.

- Si tu veux en parler je suis là, ai-je précisé. Je crois que tu veux en parler d'ailleurs vu que tu me l'as dit.

- Oui et j'espère que tu ne me jugeras pas, fit-il en me regardant avec honte.

- Il s'est passé quoi? demandai-je intriguée.

- J'avais réalisé qu'elle allait lui dire et j'ai tout fait pour l'en empêcher, dit-il alors.

- Comment ça ? ai-je insisté.

- J'arrêtais pas de lui dire qu'il n'allait pas accepter, qu'elle devait réfléchir... Et j'ai dit pire, me fit Matthew.

- Comment ça pire? ai-je demandé soudainement très inquiète.

- Je lui ai dit que..., fit-il mal à l'aise.

- Je t'écoute, ai-je insisté.

- Je lui ai dit que si il la repoussait c'était bien fait pour elle mais que moi, je ne la considérerai plus comme une sœur parce qu'elle nous mettait en danger... Que je la reniais..., fit-il en se massant le front.

- Matie...

- Je sais... C'est horrible... Je..., fit-il visiblement en colère contre lui-même.

J'ai alors passé ma main sur son cou et je lui ai caressé tendrement.

- Matie... Tu étais un enfant, dis-je alors. Tu avais peur pour elle... C'est tout.

- Et si elle s'en souvenait ? me demanda t'il soudainement. Si pour elle j'étais juste celui qui l'avait reniée ?

- Matie... Je n'ai pas de réponse... Mais c'est ce que tu crois ? demandai-je à mon petit ami perdu.

- Oui... Je suis certain que tout ça c'était ma faute... Je m'en veux encore... Je me dis que j'aurai voulu avoir tort et garder ma sœur, dit-il soudainement et assez fragilement.

Je me suis approchée et je l'ai serré dans mes bras en passant ma main dans ses cheveux. Il était évident qu'il avait gardé cela pour lui durant des années. J'étais sans doute la première personne à qui il le disait. Je devais le rassurer.

- Matie... Même si tu l'avais encouragée... Cela ne serait pas mieux passé, dis-je alors. Ce mec a eu peur...

- Oui mais je m'en veux... J'ai souhaité qu'elle se plante tu comprends ? dit-il en colère contre lui-même.

- Écoute... Tu n'y es pour rien...

- Mais son comportement avec moi... Elle devait encore être en colère contre moi quand elle s'est transformée..., dit-il.

- Peut-être... Mais c'est peut-être aussi parce que l'on est ensemble... Elle s'est attachée à moi et elle sait qu'on passe du temps ensemble, ai-je avancé. Alors peut-être est-elle jalouse tout simplement.

- J'ai parfois envie de lui hurler dessus, avoua Matthew. Lui hurler de redevenir elle-même, de me pardonner... D'arrêter d'être aussi fragile...

- Elle était un symbole de force pour toi je suppose ? demandai-je.

- Oui... La voir comme ça c'est horrible... Je sais que Papa a dû mal à la voir aussi perturbée mais..., hésita Matthew.

- Elle va de mieux en mieux tu sais? Tout à l'heure elle a différencié sa gauche de sa droite, lui ai-je annoncé. C'est un progrès...

- Mouais...

- Matie, on ne doit sans doute pas guérir de plusieures années en louve en quelques minutes... Elle a perdu la faculté de parler, les codes humains..., ai-je marmonné.

- Sans doute... Je comprends toujours pas comment elle a pu revenir, fit-il. Je suis sûr que c'est parce que tu voulais la protéger.

- Merci mais tu me donnes trop de valeur, dis-je touchée malgré tout.

- J'en suis convaincu, fit-il avant de m'embrasser doucement.

J'ai rendu le baiser étant donné que pour une fois, nous étions seul. Cela faisait partie de nos rares moments désormais, trop de choses à faire. Une fois ce tendre moment si rare passé, Matthew reprit la route. Je jetais de temps en temps des coups d'œil à mon petit ami. En effet, c'était bien la première fois qu'il laissait réellement tomber la carapace. Certes je savais qu'il n'était pas toujours à l'aise dans nos moments d'intimité mais sa personnalité pourtant troublée, ça c'était bien la première fois. Cela ne me dérangeait pas outre mesure mais pour moi, le fait d'avoir enfin entraperçu une fissure était la preuve que j'étais importante à ses yeux.

- Et..., hésita Matthew.

- Oui ? demandai-je intriguée.

- Tu as prévu quoi pour Noël ? me demanda Matthew.

- Si tu voulais m'inviter cela sera non, dis-je rapidement. Ne m'en veux pas mais je vais le passer en famille.

- Ok pas de soucis, dit-il simplement.

Je souris en le voyant toujours un petit peu galérer quand il essayait d'être comme tous les autres adolescents. Mais je m'en voulais un peu alors autant proposer quelque chose d'autre.

- Par contre, si tu veux, je peux m'arranger pour le nouvel an, dis-je ensuite.

- Ce serait sympa, fit-il simplement.

- Mais tu pourrais aussi le passer chez moi et venir me voir à Noël, dis-je quand même.

- Malgré ta famille ? demanda Matthew.

- Honnêtement, je n'aurais aucun problème, dis-je alors. J'ai pas honte moi.

Il me regarda et me sourit, visiblement touché. Je regardai attentivement la route et nous approchions déjà de chez mes grands-parents. Cependant, alors que nous nous engagions dans la rue, j'ai repéré la voiture de luxe placée devant chez mes grands-parents.

- Ho putain..., ai-je grommelé.

- Quoi? me fit Matthew surpris.

- Tu vois la Lexus? demandai-je.

- Euh ouais... Sacrée bagnole d'ailleurs, me fit Matthew.

- C'est celle de mon père, ai-je marmonné.

- Ho...

- Comme tu dis, gare-toi, lui ai-je conseillé.

Il le fit, un peu loin mais c'était mieux. Je regardai vers la voiture et il était évident que mon père était à l'intérieur. Je regardai celui-ci en soupirant de nervosité.

- Ça se passe toujours aussi mal ? demanda Matthew.

- Il ne sait pas pour toi, j'estimais que cela ne le regardait pas, ai-je expliqué. Enfin il sait qu'il y a un garçon mais rien de plus.

Je vis mon père sortir de la voiture et visiblement regarder dans notre direction. Il semblait assez interpellé de ma présence.

- Il va me faire chier, marmonnai-je.

- Navré, me fit Matthew.

- Tu... Tu vexerais si j'en rajoutais ? demandai-je intriguée.

- En rajouter ? demanda Matthew étonné.

J'ai alors détaché ma ceinture et j'ai commencé à l'embrasser extrêmement passionnément, comme je le faisais uniquement en privé.

- Alors ? demandai-je collée à ses lèvres.

- Si c'est pour ça, tu peux en rajouter autant que tu veux, me fit Matthew.

Ha ben si j'y étais invitée, je n'allais pas me priver. Il y avait assez de place dans son pick-up, enfin celui de son père, pour que je puisse passer à califourchon sur lui. J'ai commencé à l'embrasser extrêmement doucement, bien décider à choquer mon père mais surtout à en profiter à mort. Je pouvais sentir ses mains sur mes hanches qui me seraient comme pour m'empêcher de fuir si j'en avais envie, ce qui était loin d'être le cas. J'ai profité de chaque instant, de chaque parcelle de ses lèvres, oubliant presque totalement la présence de mon père en fait. J'avais juste envie d'être contre lui et de l'embrasser, comme si le monde cessait totalement de tourner. Je sentis avec un tout petit peu de surprise ses mains glisser sous mon t-shirt et je l'ai regardé avec un certain amusement.

- C'est d'être surveillé qui te donne de l'ardeur? demandai-je amusée.

- Désolé..., fit-il en retirant doucement ses mains.

- Qui t'as dit d'arrêter ? dis-je avec un sourire avant de l'embrasser à nouveau.

Cette fois, ce furent mes mains qui passèrent sous son t-shirt pour caresser son torse. Au final, je commençais vraiment à me dire que la présence de mon père était de trop. J'étais en réalité convaincue que si nous étions vraiment à l'écart, il prendrait peut-être enfin le pli d'aller plus loin.

- Tu es doux tu sais? lui dis-je amusée.

- Je n'abuse pas au moins? dit-il en caressant mon dos.

- Hmmm laisse moi réfléchir, dis-je en l'embrassant un peu plus brusquement.

Placée comme ça, je sentais ma température interne grimper en flèche, je commençais peut-être à en vouloir plus et ce n'était pas bien. Pas comme ça, pas juste pour faire chier mon père.

- On remettra ça ? demandai-je en rompant le baiser.

- Quand tu veux, me fit Matthew.

- Ne me tente pas, dis-je en riant. Bon... Je vais y aller quand même.

- Bonne soirée, me fit Matthew.

- Et bonne révision, dis-je avant d'ouvrir ma portière. Et fais gaffe sur la route... Donne moi des nouvelles d'Emi.

- Ok... Courage..., me fit Matthew en regardant mon père.

J'ai refermé la portière en soupirant, déçue que ce soit déjà terminé. J'ai patiemment attendu qu'il reparte en lui faisant signe de la main. Je me suis ensuite retournée pour prendre la direction de la maison. Mon père était resté figé dans son costume trois pièces bien onéreux, se grattant des cheveux courts et noirs, sans doute de gêne. J'ai juste avancé vers lui et il me regarda fixement.

- Bonsoir, me fit mon père mal à l'aise.

- Tu fous quoi ici? demandai-je sans gêne.

- Je voulais te voir, me fit mon père en regardant la route. C'était qui?

- Je sais pas, je le connais pas, dis-je mesquine. Il m'a prise en auto-stop alors je me devais d'être gentille.

- Pardon? demanda mon père choqué.

- C'est mon mec putain... Réfléchis, ai-je grommelé.

- Et il...

- Quoi? demandai-je déjà énervée.

- Son pickup n'est pas tout jeune..., marmonna mon père.

- Et c'est un soucis ? demandai-je choquée. Il est fils de fermier si tu veux savoir à quel point il ne roule pas sur l'or.

- Tu pourrais trouver mieux..., me fit mon père.

- Ne te permets pas de le juger! ai-je presque hurlé en pleine rue. T'as pas intérêt !

- Mais, ma chérie...

- Y a pas de chérie qui tienne d'accord ? me suis-je énervée de plus belle. C'est mon mec, point final.

- Mais il a les mains baladeuses non? demanda mon père.

- Il baise pas une pouf d'assistante lui! ai-je répliqué.

- Haley...

- Rien à foutre d'Haley! me suis-je énervée. Tu voulais quoi?

- Je... J'ai gagné un gros procès, je voulais fêter cela avec toi, dit-il simplement.

- Désolée mais je suis en pleine révision moi, ai-je répliqué. J'ai autre chose à faire... Et on devait se voir durant les vacances de Noël.

- Et cela te gêne de me voir si ce n'est pas prévu ? demanda mon père choqué.

- Franchement... Oui, dis-je alors. Tu joues au père modèle dans quel but?

- J'ai besoin d'une raison pour vouloir passer du temps avec ma fille ? demanda mon père complètement choqué.

- Tu as eu seize ans Papa, dis-je simplement. C'est pas maintenant que tu as détruit notre famille qu'il faut la jouer comme ça.

- Je n'ai pas...

- Ne te défends pas, dis-je rapidement. Je ne t'ai pas pardonné et cela n'est pas prêt d'arriver. Encore moins maintenant que t'as critiqué Matie.

- Écoute je m'inquiète pour toi, tu as eu des soucis et...

- Arrête bon sang tu m'énerves..., ai-je marmonné. Tu ne t'es quasiment pas soucié de nous depuis la séparation, là tu veux jouer au gentil Papa... C'est totalement hypocrite. Maman souffre encore de ce que tu as fais putain de merde !

- Je suis désolé... C'est arrivé comme...

- Stop! dis-je en levant mon index. Je me fous de tes justifications, tu as trompé Maman, avec une fille à peine plus âgée que moi! Tu sais ce que ça fait ? C'est horrible ! Je me dis que t'as fantasmé sur toutes mes copines !

C'était sorti... Je n'arrêtais plus d'imaginer mon père comme un pervers attiré par les gamines. Je n'étais pas dupe, il était toujours avec Haley donc ce n'était pas qu'un plan cul mais cela me faisait quand même mal.

- J'ai jamais pensé ça de tes amies, m'expliqua mon père.

- Alors agis comme un père et arrête de débarquer comme une fleur ! ai-je répliqué énervée. Préviens moi.... Préviens Maman... Tu crois que c'est appréciable ce que tu fais?

- Je n'avais pas imaginé que..., tenta de se justifier mon père.

- Justement... Tu ne penses qu'à toi! me suis-je énervée. Tu débarques sans prévenir sans te soucier de ce que l'on ressent. Je suis contente pour ton procès mais franchement... J'ai des examens.

- Je l'ignorais totalement..., se défendit mon père.

- Parce que tu n'as rien à foutre de nos vies! ai-je explosé. Maman a dû revenir parce qu'elle n'avait pas d'argent ! Tu te rends compte qu'elle a dû prendre le premier job de serveuse qui passait ?

- Deb, je... Tu as raison, abandonna mon père. J'aurais dû te prévenir... En plus je t'ai dérangée avec ce... Euh...

- Matthew !!! Tu vois que t'écoute même pas ce que je dis, me suis-je offusquée.

- Désolé, je... Je ferai des efforts, me fit mon père.

- Du genre ? ai-je demandé méfiante.

- Je ne débarquerai plus comme ça, pas sans te prévenir... Et je vais m'arranger avec ta mère pour une pension..., tenta mon père.

- Tant mieux...

- Et j'aimerais bien discuter avec ce garçon, dit-il soudainement.

- Non, dis-je alors.

- Comment ça non? demanda mon père choqué.

- Si tu veux jouer au père protecteur avec Matie, je te l'interdis. Il n'a pas une vie facile alors tu lui fous la paix, dis-je extrêmement sérieusement.

- Mais... Je m'inquiète pour toi, dit alors mon père.

- Matie... J'aurais beaucoup de mal à trouver un meilleur mec que lui, ai-je avoué. Il est tendre, gentil, attentionné, pas pressant... Je suis bien avec lui.

- J'ai l'impression que ma petite fille est amoureuse, dit mon père avec un sourire en coin.

- Oui, c'est le cas... T'es content? ai-je dit consternée.

- Mais quand tu dis qu'il n'est pas pressant...

- Papa... Tu veux franchement parler de la vie sexuelle de ta fille? demandai-je surprise.

Vu qu'il se décomposait littéralement devant moi, j'avais ma réponse. Je n'allais clairement pas en parler avec lui et avec personne d'autre que le concerné d'ailleurs.

- Et... Tu ne veux vraiment pas passer un peu de temps avec moi? me demanda mon père suppliant.

- Bon..., dis-je en baissant les bras. Tu me laisses me changer et me rafraîchir un peu, je préviens Maman...

- Tu avais entraînement ? demanda mon père.

- Non mais sa famille a accueilli une nouvelle fille, un peu autiste et qui s'est attachée à moi, donc je les aide, ai-je développé.

- Et on pourra discuter de lui? demanda mon père.

- Je te parlerai de nous, ai-je répondu.

Cela allait être compliqué, j'en parlais avec Maman bien sûr mais j'avais toujours peur de lâcher une bêtise en rapport avec les loups. Je devrais faire de même avec mon père. Être en couple avec un être fantastique, c'était franchement compliqué à gérer surtout avec les gens ignorant leur existence... Pas facile d'aimer un loup.


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