Wolf Skin: Omega

XV.

L'ADOLESCENCE TOUT SIMPLEMENT

Depuis notre premier baiser, et malgré sa petite conséquence gênante, j'étais sur un petit nuage. Cela me faisait du bien d'être avec un garçon qui n'était franchement pas pressant. Matthew était franchement différent des autres, et pas que sur sa nature. Nous essayions de nous voir aussi souvent que possible, que ce soit chez lui ou en ville, mais toujours avec discrétion. J'avais totalement compris qu'il en avait besoin même si ça m'avait rapidement gonflé. Il avait une peur étrange en fait, celle que je sois totalement blacklistée au lycée. Je n'aimais pas obéir au mec et franchement cela me faisait plutôt bien chier de lui concéder cela. Certes j'avais bien remarqué que cela semblait intriguer pas mal de gens comme Lana et Nicole mais personnellement je m'en moquais. J'étais à deux doigts de n'en faire qu'à ma tête au bout de ces trois semaines. Moi je voulais revendiquer mon mec ailleurs que dans nos familles. Sa famille semblait m'apprécier de plus en plus, et quand j'avoue cela c'est surtout pour Lacey. De mon côté, ma mère ne posait pas vraiment de questions alors que je m'y attendais pourtant...

Ce vendredi là, jour de match comme toujours, je n'avais pas revêtu ma tenue de cheerleader pour aller au lycée, la plaçant cependant soigneusement dans mon sac. En effet, le mois de décembre avait montré son nez de sa manière habituelle au Colorado. Pour être plus précise, le temps de merde d'octobre et novembre, etqui avait apporté bien des giboulées, avait laissé la place à un temps bien plus merdique à savoir la neige. Il neigeait beaucoup au Colorado et souvent et, même si ça amusait beaucoup les gosses et leurs bonhommes de neige, ça me faisait chier parce que je n'avais plus d'indépendance. Ma vespa aurait plutôt du mal à gérer la neige et je devais donc demander aux gens de m'emmener au lycée. Naturellement, mon beau chevalier servant capable de se métamorphoser s'était dévoué mais je me sentais mal à l'aise quand je me retrouvais dans le pick-up familial, surtout parce que je sentais un regard insistant de sa sœur. Leur père était gentil et s'arrangeait pour organiser son travail sans son pick-up. En réalité, il en avait un second bien plus vieux qu'il gardait pour lui préférant laisser le plus récent à ses enfants, non pas qu'ils risquaient leurs vies mais sa femme semblait quand même l'oublier. D'autres fois, c'était ma mère ou mon grand-père et, ce jour-là, c'était le tour de ma mère.

Je m'étais donc préparée soigneusement pour braver ce temps de merde, planquée sous un gros bonnet et une écharpe, ainsi qu'une grosse veste marron et des bottes. Je n'avais pas franchement besoin de gants mais j'en avais placé dans mon sac, comme des collants pour le match. Inutile de mourir de froid après tout. Parée de mes atouts les plus séduisants, me donnant l'impression d'être le cousin Machin de la Famille Adams, je suis descendue dans la cuisine, découvrant ma grand-mère et sa désormais inévitable écharpe tant elle avait toujours froid et ma mère. Mon grand-père était parti à pied en centre ville pour faire quelques courses, inutile pour lui de prendre des risques avec un véhicule sachant que tout le monde s'occupait bien du déblayage de leurs allées. Ma mère gardait sa voiture pour les plus longs trajets et les plus grosses sessions d'achats en grande surface après le travail. Elles étaient tranquillement en train de discuter quand elles me virent débarquer.

- Et ben... Et je suis frileuse, dit ma grand-mère amusée.

- Je meurs de froid..., dis-je simplement. La nuit ça va mais dès que je mets le nez dehors brrrrr....

- Ça ma rappelle comment tu étais couverte quand c'était la période des grands vents au Kansas, m'assura ma mère.

- Ouais ben c'est pareil..., marmonnai-je en m'enfilant un énorme mug de café.

- J'ai préparé un thermos pour toi, me fit ma grand-mère.

- Je t'adore Grand-mère ! lançai-je en le trouvant pour le placer dans mon sac.

- Je ne sais même pas si c'est parce que tu es accroc au café ou juste pour le froid, fit ma mère mesquine.

- Les deux..., ai-je assuré en fixant ma mère.

Ma grand-mère me regardait plutôt intriguée, je venais de le remarquer. Inutile de demander pourquoi, je le savais déjà. En effet, depuis deux semaines, mon père m'appelait chaque jeudi. Il devait s'être souvenu qu'il avait une fille. Cependant, je n'avais pas pardonné moi et, avec ma finesse habituelle, il était reçu avec les honneurs. En général, je finissais en rage totale en m'énervant sur tout et tous le monde. Il avait osé me demander de passer Noël avec lui à Topeka. Pour qui se prenait il ? Certes il était mon père mais à part quelques nouvelles de temps en temps, il ne m'avait pas plus contactée que cela. À croire que je ne lui manquais pas. La semaine précédente, j'avais été tellement énervée que même Matthew avait subi ma colère, osant me dire que si j'étais comme lui, je me serai défoulée dans la forêt sous forme de loup. Cela m'avait juste fait comprendre qu'il faudrait que je me calme un peu quand même. Ma grand-mère, sans franchement prendre sa défense, aimait tout de même me rappeler que c'était toujours mon père. Même ma mère semblait vouloir que je fasse des efforts.

- Je suis calmée, dis-je en voyant les regards lourds de sens.

- Tu as hurlé pendant près d'une demi-heure hier, me fit ma mère.

- Quoi? J'ai raison non? Il fait même pas la route pour me voir mais moi je dois me taper un car pour Noël ? Il se fout de ma gueule ! dis-je en m'énervant de nouveau.

- Il veut te voir, me fit ma grand-mère.

- Et ben il bouge son cul et prend une chambre d'hôtel à Fort Collins. Cela ne le gênait pas pour baiser sa pute, ai-je répliqué.

- Chérie... Ne sois pas aussi vulgaire, me réprimanda ma mère.

- Quoi? J'ai raison non? me suis-je défendue.

- Mais... Il ne te manque pas? me demanda ma mère assez soudainement.

Je l'ai regardée légèrement stupéfaite. C'était peut-être bien la première fois qu'elle me demandait cela.

- Bien sûr que si, c'est quand même mon père, ai-je avoué.

- Mais tu ne veux pas le voir? me demanda ma grand-mère.

C'était peut-être une impression mais je me croyais dans une thérapie. Elles essayaient de me faire parler et je n'allais pas hésiter à répondre.

- Si, à condition qu'il vienne à Fort Collins et seul, ai-je alors précisé.

- C'est pour ça que tu ne veux pas aller à Topeka, comprit ma mère.

- Évidemment ! me suis-je offusquée. Tu me vois faire mes devoirs de vacances avec cette salope?

- Chérie...

- Ho c'est bon hein! me suis-je énervée. Elle savait qu'il était marié et qu'il avait une gosse à peine plus jeune qu'elle. C'est une salope... Point final.

- Donc... Si je lui donne tes conditions..., hésita ma mère.

- Je veux bien faire l'effort, je n'irai pas à Topeka mais je serai sage... Mais il a intérêt de la laisser là-bas, ai-je assuré.

- D'accord... Je lui dirai, fit ma mère.

- Il te fait chier pour ma garde ? demandai-je alors.

- Il aimerait te voir, fit ma mère tout bas craignant un nouvel esclandre.

- Et donc..., ai-je insisté.

- Il sera content, il voudrait qu'on gère cela sans passer devant un juge, me fit ma mère.

- On se demande bien pourquoi, marmonnai-je. Et dis-lui que c'est inutile de m'offrir des tonnes de cadeaux, on ne m'achète pas. Mon choix, c'est vivre ici, ai-je assuré.

- Ça, il le sait ma puce, me fit ma mère.

- Mouais ben il a pas intérêt de me les briser, ai-je alors conclu. Bon... T'es prête ?

- Je ne suis pas un Uber hein? s'offusqua ma mère.

- Je sais..., ai-je grommelé. Mais t'es prête ?

- Oui oui, je mets ma veste et on y va, dit ma mère.

Je savais, par expérience désormais, que beaucoup de parents emmenaient leurs enfants, même ceux qui avaient des voitures. Ils devaient avoir peur pour leurs assurances tous risques. Mais il fallait bien reconnaître que la plupart des élèves n'avaient pas des véhicules de premières jeunesses, ce qui n'aiderait nullement les adolescents à apprendre à conduire l'hiver. Moi c'était encore pire mais bon... Je n'allais pas me plaindre.

- Le carrosse de Mademoiselle la duchesse est prêt, fit ma mère en enfilant sa veste.

- Ha ha... T'es tordante, marmonnai-je avant d'embrasser ma grand-mère sur la joue. À toute...

Mais qu'est-ce qu'il faisait froid quand je suis sortie de la maison, fonçant sous la neige pour grimper dans la voiture.

- Putain il caille ! dis-je en soufflant dans mes mains.

- C'était pire quand j'étais petite, à cette période on avait de la neige jusqu'aux genoux... À Noël les gens étaient parfois coincés chez eux, me fit ma mère.

- Réchauffement climatique... Ce qui n'empêche pas de me les geler..., marmonnai-je.

- C'est sûr... Y a bien dix degrés de différence avec le Kansas à cette époque, ajouta ma chère mère.

- C'est clair..., dis-je en mettant le chauffage.

- Ça n'aidera pas le réchauffement, fit ma mère en riant.

- Ouais mais ça aidera mes orteils... J'ai toujours froid aux pieds, marmonnai-je. Je les planque sous un plaid tout le temps.

- Ben pourquoi pas sous ta couette ? demanda ma mère en démarrant.

- Euh..., dis-je en réalisant ce que j'avais dit.

Ce n'était pas chez moi que mes pieds restaient planqués sous le plaid mais bien chez Matthew. J'aurais préféré plus d'une fois que ce soit lui qui me les réchauffe mais il n'osait pas, sachant que la porte de sa chambre devait rester majoritairement ouverte.

- Ho... Je comprends mieux, dit ma mère en souriant.

- Oui bon..., dis-je gênée.

- Ça se passe bien avec lui? demanda alors ma mère en roulant prudemment.

- Plutôt oui, dis-je en réponse.

Je regardai attentivement ma mère et je sentais déjà venir les questions gênantes. Forcément, elles ne se firent pas attendre.

- Et vous... Vous en êtes où ? demanda ma mère qui attaquait fort.

- Tu... Tu veux que je te parle de ça ? demandai-je choquée.

- Non pas en détails mais j'aimerais savoir comment ça se passe..., hésita ma mère.

Je regardai ma mère fixement, me demandant clairement ce qu'elle voulait savoir.

- On ne fait que s'embrasser..., dis-je alors honnêtement.

- Tu n'as pas l'air sûre, marmonna ma mère.

- C'est pas ça..., dis-je gênée. Matie veut... Il est plus du genre à prendre son temps.

- Il n'est pas pressant, en bref, comprit ma mère.

- Voilà..., dis-je en m'avouant vaincue.

- Et c'est dommage ? fit-elle en s'engageant dans la rue du lycée.

- Je ne sais même pas... Mes ex étaient... Non Maman je n'ai jamais couché, dis-je en voyant sa tête. Mais ils aimaient me peloter... Lui il n'ose même pas se montrer au lycée.

- Il est timide ? demanda ma mère.

- Très... Et il ne veut pas me faire honte, dis-je en haussant les épaules.

- Et tu en as déjà marre? me demanda ma mère.

- Évidemment ! Je m'en fous des autres moi... Je n'ai pas honte de lui..., marmonnai-je.

- Et pourquoi tu ne prendrais pas les devants ? Le mettre un peu au pied du mur au lycée, dit alors ma mère.

Je l'ai regardée légèrement choquée avant de me dire que c'était une putain de bonne idée.

- J'achète... Après tout..., marmonnai-je.

- Après tout? s'étonna ma mère.

- C'est moi qui l'ai embrassé, avouai-je. Le soir du concert... Il n'osait pas alors..., dis-je avec un grand sourire.

- Et ben..., fit ma mère avec un sourire.

- Il... Il n'avait jamais embrassé de filles, dis-je alors. Donc il n'osait pas...

- Et bien il est servi, fit ma mère en riant avant de se garer. Et bonne journée, dit-elle en riant. J'aimerais être une petite souris.

- Et tu me vois rassurée que tu ne le sois pas, dis-je en réponse pendant que je descendais.

J'ai attendu que ma mère parte pour faire ce qu'elle avait dit. J'avais simplement traversé le parking pour voir si le pick-up des Wilder était déjà là mais ce n'était pas le cas. Par contre, près des marches du lycée, je pus remarquer les filles de l'équipe. Je leur fis simplement un signe de main parce que je désirais attendre. Je vis l'étonnement de Lana mais je fus plutôt surprise par le comportement de Meghan. Celle-ci avait foncé vers moi, échappant de peu à une magnifique glissade d'ailleurs, pour me saluer.

- Tu ne viens pas? me demanda Meghan.

- J'attends quelqu'un, avouai-je alors.

- Tu as de nouvelles idées de chorégraphie pour Lacey? demanda Meghan. Rien de trop compliqué ?

- Des idées j'en ai souvent mais ce n'est pas... Ce n'est pas la Wilder que j'attends, dis-je alors.

- Donc j'avais raison... J'avais cru en voyant que vous étiez allés au concert ensemble, dit-elle toute contente.

- On n'y est pas allé en couple, dis-je alors simplement.

- Ha...

- Mais on s'est embrassés après, dis-je amusée.

Meghan eut un sourire magistral, jusqu'aux oreilles. Elle semblait contente pour moi.

- Et pourquoi tu... Tu faisais semblant de rien? dit-elle.

- Devine, dis-je en regardant Lana discrètement. Mais c'était lui...

- Qui voulait être discret ? C'est con t'es une fille déjà très populaire... Bon je te laisse de l'intimité, fit-elle en s'éloignant vers les filles.

Je voyais les autres s'impatienter. Lana devait avoir un briefing à faire. Mais bon, il manquait Lacey de toute façon. Lana me fixait comme perdue et me fit un signe de me grouiller. J'ai tapé du pied pour essayer de lui faire comprendre de me lâcher quand j'entendis le bruit caractéristique du pick-up. J'ai alors rapidement avancé vers la place libre où Matthew au volant se gara. Il sortit de la voiture, comme sa sœur qui avançait déjà vers moi.

- La cheffe pète son cable habituel de jour de match? demanda Lacey en me regardant.

- J'en sais rien, dis-je en souriant.

- Je vais me faire engueuler et t'es venue me prévenir ? demanda-t-elle ensuite.

- Euh... C'est pas toi que j'attendais, dis-je alors.

Je la vis sourire de manière mesquine et s'éloigner rapidement. Son frère, mon mec, semblait plutôt perdu. Il n'avançait pas vraiment alors c'est moi qui me suis avancée.

- Salut, me fit il aussi discrètement qu'à l'accoutumée.

- Juste salut? demandai-je légèrement vexée.

- Ben..., fit-il en regardant vers l'escalier.

- J'en ai rien à foutre, dis-je en attrapant sa veste qui était ouverte.

- Mais.... T'as pas...

- Tu comptes m'embrasser oui ou merde? demandai-je complètement lassée. Je veux montrer que je suis bien avec mon mec. Rien à foutre si il y a des rumeurs ensuite, c'est clair?

- Oui... Si tu es sûre..., fit-il mal à l'aise.

- Embrasse moi et ne réfléchis pas, dis-je en tirant sur sa veste.

Moi, je n'ai pas hésité pour l'embrasser franchement et tendrement. Ça me faisait bizarre de l'embrasser en public vu qu'il préférait le cacher mais j'étais contente quand même de moi.

- Et tu vas bien ? demanda-t-il un peu mal à l'aise.

- Ça... C'est plus compliqué, dis-je en passant son bras autour de mon épaule. Je t'explique après.

Je l'ai un peu forcé à avancer, me rendant compte que dans trois minutes chrono, même à Fort Collins les gens seraient au courant. Comme quoi les ragots avaient la vie dure. Je regardai fixement Lana qui semblait me fixer comme si je sortais d'un film. Les autres semblaient s'en foutre littéralement.

- Y a un problème ? demandai-je.

- J'ai rien dit, me fit Lana. Chacun son genre...

Je l'ai regardée d'un air mauvais tandis qu'elle avançait. J'avais bien senti l'autre timide se crisper et j'avais serré sa main pour le rassurer. Ce fut Tina qui me choqua le plus.

- Vous êtes mignons, dit-elle simplement. Laisse tomber, elle va s'y faire.

- Mais ça change rien, dis-je alors. Y en a marre du cliché cheerleader-sportif.

- Je m'en fous moi, tant que tu veux pas juste la fille populaire du moment, dit-elle en fixant Matthew.

- Ben... C'est pas le cas, se défendit Matthew.

- Et tant qu'elle s'entraîne, ajouta Nicole en poussant Tina.

J'ai regardé mes équipières avec stupeur quand Lizzie s'approcha. Je me demandais bien ce qu'elle allait lâcher mais étonnement je ne m'étais pas attendue à son propos.

- Je sais pas pourquoi mais je l'ai toujours su qu'il allait se passer un truc. J'envoie un texto à Madie pour lui dire.

- Tiens c'est vrai ça... Elle n'est toujours pas là ? demandai-je.

- Non, fit simplement Lizzie. Toujours trente neuf de fièvre, je crois qu'elle a choppé la grippe. On se voit en cours les amoureux !!!

Et là elle partit en sautillant, me laissant suffisamment de stupeur pour mettre trois secondes à bouger. J'avais juste attrapé mon téléphone pour prendre des nouvelles de Madison. Le message était drôle avec son explication que seule le mal de crâne et la toux l'empêchait de croire qu'elle était morte. En même temps cela faisait déjà trois jours qu'on ne la voyait pas. J'avais déjà pris des nouvelles la veille mais elle avait juste répondu qu'elle préférait dormir.

- Ton amie va bien ? demanda Matthew.

- Grippe, dis-je alors en serrant son bras. Un des nombreux virus qui te sont inconnus.

- Un point pour toi, fit Matthew.

- J'aimerais bien un autre baiser, dis-je alors.

Il m'embrassa, encore heureux, et nous pûmes arpenter les couloirs. Il n'était vraiment pas habitué à s'afficher et à attirer les regards. Les rumeurs, il s'en moquait mais là, cela n'en serait pas. Je l'ai quand même emmené près de mon casier, voyant la mine déconfite de Lana. Je souris quand même et elle prit la parole.

- Viens aux toilettes, m'ordonna presque Lana.

- Je reviens, dis-je à Matthew. Prends pas la fuite.

J'ai suivi Lana dans les toilettes et je l'ai regardée froidement. Elle ne parlait pas mais cela n'allait pas tarder alors je l'ai devancée.

- T'as un problème ? demandai-je.

- Wilder... Sérieux ? me questionna Lana.

- Mais qu'est-ce que ça peut te foutre? ai-je répliqué.

- T'es débile ou quoi? T'as Evan qui te tourne autour, me dit-elle.

- Je sais, dis-je alors.

- C'est pour le pousser ? demanda soudainement Lana me choquant un peu.

- Tu me prends pour qui? me suis-je vexée.

- Merde... T'as le mec populaire, sexy, plein aux as, qui peut te faire entrer où tu veux et toi tu préfères... Ce plouc? demanda alors Lana.

Je me suis avancée vers elle un peu méchamment, tout le monde me poussait à bout en même temps.

- Alors tu vas m'écouter, dis-je sèchement. J'ai assez de merde dans ma famille pour qu'on me foute la paix avec mon mec. Je suis avec Matie parce qu'il me plaît. Evan n'avait pas vraiment de chance car à part montrer ostensiblement qu'il avait du fric, je l'ai pas trouvé très intéressant. Et pour ta gouverne, Matie est extrêmement sexy... T'as pas idée. C'est clair?

- Tu..., hésita Lana.

- Quoi? Je suis virée de l'équipe si je reste avec Matie? demandai-je outrée. Et ben tant pis... Et je n'ai pas fait en sorte que Lacey fasse partie de l'équipe pour me faire son frangin. C'est clair?

- Et ben..., marmonna Lana. Tu dois vraiment être à fond...

- Parce que je le défends ? Tu défendrais pas Casey peut-être ? demandai-je alors.

- Si mais... C'est pas un pervers ? demanda Lana.

- Tu crois que je vais te répondre ? demandai-je extrêmement choquée.

- Ho et puis merde... Sors avec ton fermier, grommela Lana. T'es bizarre en fait...

- T'en dis des conneries parfois... Tu peux pas juste être contente pour moi? J'ai juste un mec, je t'ai pas annoncé avoir une tumeur au cerveau ! me suis-je énervée.

- Tu l'as vu? C'est un violent... Il pourrait..., hésita Lana.

J'ai regardé attentivement Lana et vu sa tête, je venais de comprendre le sens de ses propos. Ce n'était pas de la simple répulsion à l'idée mais plutôt de la peur.

- Tu crois qu'il va me cogner? demandai-je. Il a défendu Meghan parce qu'un mec voulait la peloter bordel!

- Il s'est battu plusieurs fois avant, dit-elle alors.

- Et pourquoi ? Défendre sa sœur je parie... C'est ça ? dis-je alors.

- Ouais... Mais il menace toujours et ça se voit ce qu'il pourrait le faire, m'assura Lana.

- Écoute... Je ne sais pas si c'est toi, ta mère ou quelqu'un de ta famille mais je comprends très bien que ta crainte sent le vécu, dis-je calmement.

- Ma tante... Son premier mari, m'expliqua rapidement Lana. Mais sérieux...

- Tu te rends compte que ça pourrait être pareil avec n'importe quel mec? demandai-je.

- Evan, je le connais depuis que je suis gosse... J'aurais pas insisté si je savais des choses, dit-elle simplement comme si ça valait quelque chose.

- Lana... Je suis pas du genre à me laisser faire et encore moins par un mec, dis-je alors. Je sais que les femmes qui vivent ça ne le choisissent pas mais je te jure que j'ai confiance en lui. Il n'osait même pas se montrer parce qu'il avait peur que tu réagisses mal avec moi. Visiblement...

- Écoute... Il m'inspire pas confiance... Sa sœur passe encore mais lui il a quelque chose dans le regard qui me fout la trouille, dit-elle. On dirait qu'il... Qu'il est dangereux. Je m'inquiète pour toi c'est tout.

J'ai regardé celle que j'estimais être ma nouvelle meilleure amie depuis mon arrivée et je n'ai pas pû m'empêcher de me dire que techniquement parlant, Matthew était bien quelqu'un de dangereux. Je devais la rassurer du mieux que je pouvais.

- Lana... Matie est franchement quelqu'un de gentil, ce n'est pas qu'une impression... Il n'est pas très à l'aise en société mais je te jure que c'est un ange, dis-je alors.

- Et si... Si c'était le contraire? insista Lana.

- Promis je te demanderai ton aide, dis-je enfin. Je te jure que ça va.

- Bon... Je suppose que tu le sais... Evan sera déçu, me fit Lana.

- Peut-être mais je te jure que je n'avais pas le déclic pour lui, dis-je alors. Tu vas faire un effort ?

- Bon bon... D'accord, marmonna Lana. Je vais essayer de passer outre de mes impressions.

- Je te remercie, et tu verras c'est un mec bien, je sais les choisir, dis-je avant de grimacer et de la prendre dans mes bras. Désolée pour ta tante.

- Ho c'est vieux, me rassura Lana. Et tu as dit ta famille... Tes grands-parents vont bien?

- Oui, c'est juste mon connard de paternel qui se souvient qu'il a une fille, ai-je grommelé.

- Les joies du divorce, avoua Lana en me caressant le dos. Bon j'espère qu'on va gagner, on est nul sous ce temps.

- Bah on verra... Bon j'y retourne, dis-je alors. Sois gentille.

- Promis, me jura Lana.

Ce fut ensemble que nous retournâmes dans le couloir. Mon cher petit ami était appuyé contre les casiers et je vis Lana passer près de lui en murmurant quelque chose. Je me demandais bien quoi en avançant vers le mien après avoir carressé le bras de Matthew.

- Je t'attends en cours, dit alors Lana. À plus.

Je l'ai regardée partir avant de fixer Matthew tout en ouvrant la porte du casier.

- Elle t'a dit quoi? demandai-je intriguée.

- Que je risquais de me faire arracher les yeux par ses soins si je te faisais du mal, fit-il en s'appuyant.

- Elle veut juste mon bien, ne lui en veux pas, dis-je avec gentillesse.

- Ho je sais, dit-il simplement.

Je l'ai alors fixé attentivement et il ne me fallut pas longtemps pour comprendre.

- T'as écouté ? demandai-je choquée.

- Juste au cas où elle t'aurait fait quelque chose, me fit Matthew.

- J'aimerais quand même que mes conversations avec mes amies restent privées, d'accord ? dis-je un peu outrée.

- Excuse moi... Mais tu n'as pas à t'inquiéter..., fit-il mal à l'aise.

- Je le sais idiot, dis-je en l'embrassant rapidement. Et pour information, tu n'as pas à t'inquiéter d'Evan. Je le trouvais gentil mais sans plus.

- Pas de soucis... Ça va avec ton père ? demanda Matthew.

Je l'ai fixé attentivement, hésitant à en parler.

- Il veut me voir, dis-je soudainement. Mais c'est compliqué... Je t'expliquerai plus tard... En privé, dis-je ensuite peut-être un peu sèchement.

- Comme tu veux. Tu as quoi ce matin? demanda Matthew.

- Je suis juste énervée à cause de mon père, ai-je répondu légèrement navrée de mon ton avant de le regarder bizarrement tant il était bizarre. Quoi?

- Je parlais de cours, me dit-il avec un sourire. Cet aprèm tu as biologie mais...

- Histoire, dis-je simplement. Sécession... C'est chiant...

- Ok, moi j'ai mathématiques..., me fit Matthew.

- On mange ensemble ? demandai-je alors.

- Tu manges pas avec tes copines ? demanda rapidement Matthew.

- Si mais parfois les mecs sont là alors... Et puis y aura Lacey comme ça, ai-je argumenté. Ou tu préfères qu'on soit seuls?

- C'est comme tu veux, bon j'y vais, dit-il en s'éloignant.

- Hep hep, dis-je en attrapant sa veste. T'oublie rien ?

- Désolé, me fit il avant de m'embrasser. Contente ?

- Ouais... J'aime revendiquer, dis-je alors satisfaite.

Je le vis s'éloigner et j'ai simplement souri. J'avais mes victoires. J'espérais quand même qu'il ne se vexerait pas pour autant. Le cours d'Histoire fut chiant à mourir, toujours plus de dates, de chiffres de victimes, de lieux de conflits... Je n'avais aucune affinité avec cette matière même si je n'ignorais pas son importance pour éviter de nouvelles erreurs. Cependant, j'étais impatiente d'aller manger, non par faim mais pour être avec Matthew. Comme chaque midi, j'avais rejoint mes copines à la table, même si il y avait les mecs habituels à savoir Casey, Evan et Dixon. Je fixais attentivement la porte et quand Matthew passa celle-ci avec sa sœur, je l'ai fixé attentivement. Il était résigné et vint s'asseoir près de moi. Je fixais attentivement les autres avec méfiance mais seul Evan faisait une tronche de dix pieds de long. Dixon tentait de briser la glace, son mec lui ayant quelque peu vanté le mien. Casey était un peu trop occupé pour s'en soucier. Je relevais extrêmement amusée les conseils de Dixon qui disait à Matthew qu'il devrait tenter un sport. Si il savait qu'ils pourraient tous y perdre leur place vu ses capacités, il n'en ferait pas autant. J'ai quand même surpris l'air pensif de Lizzie qui nous fixait attentivement. Je me demandais si une connerie allait sortir quand j'ai remarqué la tête de Lacey juste à côté de Lizzie et entourée de l'autre côté par Meghan. Lacey regardait dans un coin précis et j'ai laissé mon regard dériver dans la même direction. Elle observait le frère de Meghan.

- Vous iriez bien ensemble, dit alors Meghan qui n'était pas dupe.

- On est juste amis, on discute, fit Lacey.

Je regardai celle-ci avec un peu de stupeur. J'avais clairement raté des choses. J'ai tourné la tête vers Matthew qui fixait sa sœur.

- T'as un truc à dire? lui fit sèchement sa sœur.

- T'es assez grande pour savoir ce que je vais dire, lui fit Matthew.

- Occupe toi de ton cul alors, ou du sien, fit-elle en me montrant et me vexant un peu.

- Mais... Euh... Il va à la fac l'année prochaine donc ne traîne pas, lui conseilla Meghan.

- Je suis au courant, fit juste Lacey.

- Mais il sera à Fort Collins, assura Meghan.

- Je sais... Il ne peut pas s'éloigner, dit simplement Lacey.

Et ben, c'était plus en bonne voie que je ne l'imaginais si ils en étaient à parler de l'avenir de Rob.

- Ha... Il... Ok, fit simplement Meghan étonnement surprise. Je savais pas que... Bref.

- Maintenant tu n'as qu'à lui demander, fit Lacey.

J'ai regardé ces dernières légèrement perdues. J'ignorais totalement si la famille de Meghan avait de gros moyens pour l'université de leurs enfants. Peut-être avait-il besoin d'une bourse... Meghan regarda alors Matthew et lui sourit poliment. Ou j'avais manqué plus d'un épisode ou elle était encore reconnaissante de son sauvetage. Je posai alors ma main sur la jambe de Matthew pour lui sourire quand Lizzie sortit ses spécialités.

- Et ben y en a des couples qui se forment hein ? fit-elle assez lunaire. Et faudrait trouver quelqu'un à Evan.

- Hein? s'étonna la plupart des membres de l'assemblée.

- Ben ouais, il tire une gueule de dix pieds de long parce que Deb lui a préféré Matthew, assura celle-ci. C'est évident !

- Occupe toi de ce qui te regarde, lui fit ce dernier.

- Parle lui autrement, la défendit Lana.

- Ouais je suis au courant, fit il en mimant l'acte de suicider avec une arme.

Je l'ai regardé très méchamment. Il pouvait être déçu, m'en vouloir à moi ou à Matthew mais ce n'était pas une raison pour être méchant avec Lizzie.

- Moi je l'ai toujours trouvé beau donc y a moyen de trouver quelqu'un, fit Lizzie. Déjà petit il était trognon.

- Vous êtes amis depuis longtemps ? demandai-je surprise.

- Depuis tout petit... Mais une fois ados... Ben il m'a zappée, fit alors Lizzie.

- Et elle recommence... On... Pourquoi je me justifie? s'énerva Evan.

- Ben c'est vrai... Je me suis toujours dit que c'était parce que j'avais eu les seins qui poussent, assura Lizzie.

Comment une situation pouvait devenir aussi gênante ? Je crois que personne n'en avait réellement d'idée.

- Ha ben on dirait qu'elle a raison ! fit Dixon en fixant Evan. T'as peur des seins?

- Vous arrêtez de me faire chier? s'énerva Evan.

- Quel caractère, grommela Matthew près de moi que j'ai bousculé.

- Ton avis, on s'en branle! lui répliqua Evan.

- J'aurais peut-être pas dû m'asseoir ici, fit Matthew.

- T'aurais dû rester dans ton coin avec ta famille ! lui répliqua méchamment Evan. Ho et puis ça me coupe l'appétit certaines tronches... Je me casse!

- Le prends pas comme ça ! lui fit Casey.

- Ta gueule ! s'énerva Evan en partant.

Et ben... Si c'était de la colère par rapport à moi, cela ressemblait à un putain de caprice d'enfant gaté.

- Il ne le pensait pas, le défendit Meghan envers Matthew et Lacey.

- Si il le pense, assura Lacey. L'égo de certains...

- C'est pas..., hésita Meghan.

- Inutile de te justifier, lui assura Matthew. Laisse le à sa rage. Ça passera.

Je l'ai regardé surprise mais contente. Lui, il était resté calme par rapport à la situation. J'avais eu une petite crainte avec le propos précédent.

- Bon... Super ambiance..., marmonna Nicole.

- Il devrait se branler pour se détendre, grommela Dixon.

Là c'était très gênant mais le pire était à venir.

- Ça soulage il faut bien l'avouer, fit Lizzie. Moi quand je stresse ça...

- Liz..., l'interrompit Lana. On a pigé. Garde ça pour toi.

- Ho pour ce que j'en disais... C'est pas votre cas? demanda Lizzie en fixant les filles et moi en particulier.

Putain que c'était gênant... Elle attendait peut-être réellement une réponse mais la sonnerie retentit. Sauvés par le gong, voilà ce que nous étions. Je me suis levée avec Matthew et nous avons avancé vers le couloir.

- Ça c'est presque bien passé, ai-je marmonné déçue.

- Prévisible avec un gars comme lui, fit simplement Matthew. Certains estiment qu'ils ont tous les droits... Simple éducation.

- Il n'avait pas à vous parler comme ça, dis-je légèrement en colère.

- Je te l'ai dit, je m'en fous, précisa Matthew. J'ai aucun compte à lui rendre.

- C'est sûr mais je suis un peu déçue quand même, dis-je avec honnêteté.

- Tu t'attendais à mieux de sa part ? Franchement ? dit alors Matthew.

- Je pensais que son éducation... Bref, ai-je juste grommelé.

- Enfant pourri gâté, répondit avec raison Matthew.

- Et désolée pour Liz... Toujours un peu..., ai-je hésité.

- Sans filtre, j'avais remarqué, dit-il gêné.

Je l'ai regardé en grimaçant tandis que nous entrions dans la classe. Bêtement sans doute, j'avais cru qu'il me demanderait ce que j'allais répondre. Ce n'était pas le cas et c'était tant mieux. En effet, nous avions cours. D'ailleurs le cours fit partie des plus intéressants car désormais, je n'avais pas honte de laisser mes doigts toucher les siens en classe durant le cours. Naturellement, j'essayais d'être discrète pour éviter un commentaire professoral. Au final, le cours passa bien trop vite à mon goût. En effet, je devais déjà aller me préparer pour le match, en laissant mon mec rejoindre les gradins. Cela allait nous prendre un peu de temps pour nous changer et, comme j'étais près de Lacey, j'en ai profité.

- Rob et toi..., ai-je hésité.

- Laisse tomber, c'est pas parce que tu es avec Matie que je vais répondre à tes questions, me dit-elle avec une certaine douceur malgré tout.

- Je ne juge pas mais... Il a l'air sympa, dis-je quand même.

- On discute bien, me fit Lacey.

- Hey! fit alors Lizzie attirant tous les regards.

- Quoi? demanda Lana. T'as oublié tes collants?

- Non mais aucune de vous ne m'a répondu, fit simplement Lizzie.

- Mais t'attendais vraiment des réponses? fit Meghan sous le choc.

- Bah ouais... Ça ne vous fait pas comme un soulagement ? demanda Lizzie choquant tout le monde.

- On s'en fout putain! On va pas discuter pour savoir qui se doigte, qui se caresse et qui utilise un sextoy ! s'offusqua quand même Lana.

- Ha bon? Entre copines..., marmonna Lizzie.

- Non mais franchement..., grommela Lana dépassée.

J'ai regardé Lacey qui soupira de soulagement. J'étais comme elle, bien contente que le sujet soit oublié. Visiblement c'était bien le cas de Meghan et Tina également. Nicole regardait tout le monde attentivement et visiblement déçue de ne pas avoir la vraie réponse. Je vous jure... Quel groupe de folles!

- Allez les filles, en piste!!!! hurla Lana.

- Et laissez vos doigts visibles!!! ajouta Nicole en plein fou rire.

Consternant... Dire que ce comportement de Lizzie était dû aux loups... C'était bien choquant. Il faisait quand même froid sur le terrain enneigé. Malgré nos chorégraphies simplifiées, à cause du temps bien sûr, j'avais dû mal à me réchauffer. Cependant je n'hésitais pas à faire des signes à Matthew qui pour une fois était seul dans les gradins. L'équipe était en grosse difficulté et visiblement, Evan était littéralement en train de sucrer les fraises. Ses passes étaient imprécises en plus, comme ses tirs vraiment très peu nombreux. Et en plus, il s'énervait littéralement sur tout le monde. Le pire fut une insulte légèrement homophobe à Dixon lui disant qu'il courrait plus vite si il ne prenait pas des bites dans son cul. C'était franchement déplacé et consternant, choquant même Lana. Visiblement, son ami d'enfance, elle ne le connaissait pas si bien que ça. J'avais donc eu raison, Evan n'avait aucune des qualités que je recherchais à part être mignon et populaire. Comme quoi, c'était bien une fois vexé que l'on se rendait compte de la personnalité des gens. Le résultat fut décevant : une grosse défaite.

- Et ben merde... Ma soirée cinéma avec Casey est foutue, grommela Lana.

- Pourquoi ? demandai-je surprise.

- Ben... Le coach va les faire bosser parce que c'était assez merdique, avoua Lana. Fais chier...

Et donc, on pouvait oublier la tradition habituelle. Lana attendrait quand même de savoir si elle pourrait voir Casey et les autres allaient rentrer chez elles.

- Tu passes à la maison? me demanda Lacey.

- Je ne veux pas déranger, ai-je précisé.

- T'es toujours la bienvenue, ni Tammy et encore moins Matthew s'en plaindront, m'avoua Lacey.

- J'envoie un texto à ma mère, dis-je quand même.

Elle avait dû être bloquée au boulot aussi et, tandis que je sortais du vestiaire en compagnie de Lacey, je lui ai demandé la permission. Elle m'a confirmé que oui et de ne pas rentrer trop tard. Une fois sur le parking, Matthew me regarda amusé.

- Prête à supporter le coloriage ? demanda-t-il mesquin.

- Et ton humour nul, ai-je répliqué en me préparant à monter.

J'allais poser ma main sur la portière arrière quand Lacey me poussa vers celle de l'avant. Je l'ai regardée monter sans se soucier de ma réaction et j'ai juste haussé les épaules avant de m'exécuter. Le trajet fut un peu plus long qu'habituellement mais nous arrivâmes en un syl morceau. Lorsque je descendis du pick-up des Wilder, je souris en voyant Tammy enveloppée dans un gros pyjama à capuche à l'effigie de Simba du Roi Lion. Elle était vraiment mignonne comme ça.

- Deb!!! m'appela Tammy depuis le perron.

J'étais un peu gâteuse, comme l'attestait ma façon de me dépêcher d'aller la prendre dans mes bras.

- Bonsoir Madame Wilder, ai-je dit en regardant la mère de famille.

- Je t'ai déjà dit de m'appeler Eva, me corrigea celle-ci. Tu aimes le hachis parmentier ?

- Vous n'êtes pas obligée de me donner à manger, dis-je alors.

- Mais y en a pour un régiment, dit-elle amusée. Entre te réchauffer, on en a besoin nous.

Je suis entrée avec la petite dans les bras tout en saluant Garrett qui lisait le journal.

- Bonsoir, me fit il surpris. L'équipe a perdu donc...

- Ils se sont pris une branlée, fit Matthew derrière moi.

- Je ne dirai pas cela, avouai-je en cachant les oreilles de Tammy, chose inutile.

- Disons que certains ont faibli, lança Lacey en s'approchant de la cuisine pour sortir de quoi boire.

Je la vis sortir des bières et je souris immédiatement en voyant qu'il s'agissait des fameuses bierraubeurre inspirée de l'univers d'Harry Potter.

- Commandée sur Amazon, me précisa Lacey.

- J'en ai déjà goutté une, dis-je alors. Très sucrée.

- Ha les moldues! fit Lacey en riant.

Une petite tape derrière sa tête par sa mère me fit sourire, mais moins que le commentaire.

- T'as fini de nous traiter de moldues... Et une seule, y a quand même de l'alcool dedans.

- À peine, assura Matthew. Tu en veux une quand même ou tu préfères un soda ?

- Je vais en prendre une mais après de l'eau, ai-je dit en souriant. Vous avez besoin d'aide Eva?

- Ho c'est déjà au four mais c'est gentil, installe toi ma grande.

Je me suis donc installée sur le canapé, à côté de Garrett et surtout de Matthew.

- Qu'est-ce qu'on regarde ce soir? demanda mon mec en passant son bras autour de moi.

On voyait que nous étions chez lui, il se le permettait mais sans montrer plus de signes d'affection qui pourraient être gênants.

- Ta sœur veut voir la saison quatre de Stranger Things... C'est quoi encore ? demanda Garrett.

- La série avec Onze, la fille avec des pouvoirs... Ça se passe dans les années quatre-vingt, ai-je répondu en m'installant contre mon petit ami tandis qu'Eva prenait sa fille sur ses genoux et que la plus grande s'installait dans le fauteuil individuel et qui s'étendait en relax.

- Tu regardes aussi? me demanda Eva.

- J'ai regardée les autres avec Maman, dis-je rapidement. Mais je n'ai pas commencé la nouvelle.

- Ça tombe bien on doit voir le premier... Mais faut attendre que le vermisseau soit au lit, fit Lacey.

- C'est pas juste... Y a Debrah, se défendit la petite.

- Toi tu te couches tôt, dit alors Matthew.

- Tout ça pour vous faire des bisous... Beurk..., lui répondit Tammy.

J'ai alors rougi et encore plus quand les autres membres de la famille, à part Matthew, se mirent à bien rire à nos dépens. La honte...

- C'est normal ma chérie... Toi aussi tu feras des bisous à ton amoureux, lui assura sa mère me gênant un peu.

- Beurk... Je devrais faire ça quand ? demanda-t-elle totalement dégoûtée.

- Ho quand tu seras grande, fit son père. Dans vingt ou vingt-cinq ans.

- Genre, marmonna Lacey. Papa poule va!

- Déjà que j'y comprends rien à vos séries alors la vie est déjà assez compliquée, fit Garrett.

- Vous lui faites regarder beaucoup de séries ? demandai-je intriguée.

- Ils m'ont tout fait regarder, d'où les abonnements, grommela Garrett. Les Marvel avec Daredevil, Jessica Jones... Je me suis tapé l'intégralité de Gotham, Stranger Things, The Boys, Sex Éducation... Le traumatisme, fit Garrett dont je comprenais le traumatisme avec cette dernière.

- Et puis..., marmonna Eva.

- Quelque chose de plus choquant ? demandai-je encore plus intéressée. Euphoria?

- C'est quoi ça encore ? demanda Garrett.

- C'est rien Papa, fit Lacey en riant.

- Nous avons eu droit à l'intégralité de Teen Wolf, fit alors Eva en riant.

J'ai écarquillé les yeux et regardé Matthew pour vérifier la véracité de l'information. Vu son rire, c'était vrai et le commentaire de Lacey confirma.

- Tyler Hoechlin, miam miam, fit Lacey en riant.

- Je confirme, dis-je alors. Canon!

J'ai vu le regard de Matthew vers moi et je lui ai fait un clin d'œil. Et oui, j'avais un faible pour les loups-garous mais ça, il le savait déjà.

- Désolée... T'es pas le premier loup à me faire craquer, dis-je amusée.

J'entendis le fou rire puissant et cristallin d'Eva. Visiblement, je lui avais fait sa soirée.

- Ils ont de l'autodérision, me fit Eva. Allez à table les jeunes !

Et un repas empli de rire et d'amusement plus tard, et surtout avec une belle discussion intéressante avec Garrett sur ses animaux, j'aidais à la vaisselle avec Matthew.

- Tu te plais avec nous? demanda Matthew.

- Ben oui, dis-je surprise. Pourquoi ?

- Euh... Pour rien, dit-il simplement.

- Tu ne t'apprêtes pas à me faire une demande en mariage au moins? demandai-je en riant avant d'entendre Garrett s'étouffer. C'était une blague Monsieur Wilder.

- Quelque fois que tu aurais peur, dit-il simplement.

- De vous? Sûrement pas, non... Des ombres, vous êtes là, ai-je précisé.

- Ok d'accord, dit-il.

Je l'ai embrassé rapidement pour le rassurer. Il en avait beaucoup besoin visiblement. À cet instant, j'entendis les pas d'Eva dans l'escalier vu qu'elle avait couché le petit vermisseau.

- Debrah? m'interpella Eva.

- Oui quoi? demandai-je surprise.

- Appelle ta mère, je dois lui parler, me fit Eva.

- J'ai fait ou dit quelque chose de mal? demandai-je inquiète.

- Non, mais regarde par la fenêtre, dit-elle simplement.

M'exécutant, et grâce au fait que Matthew ait allumé la lumière extérieure, je me suis rendue compte que c'était un véritable blizzard à l'extérieur. Un vrai carnage.

- Ho bon sang, dis-je en prenant mon téléphone.

J'ai alors téléphoné à ma mère qui s'était empressée de décrocher.

- Ma chérie ? T'es à l'abri ? demanda ma mère légèrement inquiète.

- Oui, j'étais chez les Wilder, la mère de Matie veut te parler, dis-je en tendant mon téléphone.

Eva prit le téléphone et inspira profondément. Je me demandais ce qu'elle voulait lui dire et j'ai prêté attention à la conversation.

- Bonsoir Madame, fit alors Eva. Non non elle ne nous gêne pas... Je vous téléphone pour vous demander l'autorisation de faire dormir votre fille chez nous, la route doit être extrêmement dangereuse... Hein? Non pas avec mon fils...

J'ai regardé Eva horrifiée du propos bizarre qu'avait dû tenir ma mère. Elle me prenait pour qui? Et maintenant Matthew était encore plus gêné que moi, surtout quand sa mère le fixa.

- Bien sûr elle dormira avec mes filles, je ne laisserai pas deux adolescents en couple seuls dans une chambre, fit-elle en réponse à quelqu'un qui voulait me mettre la honte. Ho je vous assure que je vais les surveiller, il a pas intérêt. Ne vous inquiétez pas, mon aînée lui donnera des vêtements... Inutile Madame, c'est pour sa sécurité, et puis je ne tiens pas une chambre d'hôte.

Je me suis tapée le front de honte, voilà que ma mère proposait de l'argent. J'ai regardé Lacey un peu gênée et je la vis foncer dans l'escalier pendant que ma mère semblait faire un monologue.

- Moui... Oui... Non bien sûr... Je ne les laisserai pas seuls dans la salle de bain..., marmonna Eva un peu choquée quand même en me regardant. Ho ce ne sera pas la fête non plus, il y a une enfant de quatre ans dans la même chambre. Je vous la passe...

J'ai immédiatement pris le téléphone pour me réfugier dans un coin. J'étais légèrement outrée.

- Mais pour qui tu me fais passer bon sang? Tu crois que je vais filer dans sa chambre pour écarter les cuisses? marmonnai-je avant de me rappeler qu'ils m'entendaient.

- C'est normal de s'inquiéter, me fit ma mère outrée. Et puis c'est de votre âge...

- Tu crois que je ferai ça avec une enfant de quatre ans à côté ? demandai-je choquée.

- J'espère que non, marmonna ma mère me mettant en colère. Ne fais pas trop de bruit et ne fais pas la grâce matinée, dit-elle.

Je vis Lacey descendre les marches et me déposer une longue chemise de nuit à l'effigie du logo Stranger Things. Je lui ai souri pour la remercier avant de reprendre la parole.

- Maman... C'est une ferme, tout le monde se lève tôt bon sang, me suis-je offusquée.

- Bon je te fais confiance, sois gentille et polie... Et pas trop tactile devant sa famille..., me conseilla ma mère.

- Bonne nuit Maman... Si c'est praticable je rentre demain, dis-je alors.

- D'accord ma puce, appelle moi si tu veux rester la journée... À condition de ne pas les déranger... Et rien dans bottes de paille non plus!

J'ai raccroché gênée avant de tourner la tête. Lacey réprimait un rire et Garrett s'intéressait incroyablement intensément à sa grille de sudoku dans le journal. J'ai tourné la tête vers Matthew et lui était rouge pivoine.

- Vu leurs têtes... C'était gênant, dit alors Eva en me regardant.

- Du même acabit... Vous n'avez pas de vie privée du tout? demandai-je à Eva.

- Je te laisse deviner la difficulté de préparer un anniversaire surprise dans cette maison, fit-elle en riant.

- Je me doute... Merci Lacey, dis-je alors.

- Elle sera plus longue sur toi, tu peux prendre la salle de bain en première, sans mon frère, fit-elle narquoise. Ha ha!

Je l'ai regardée rouge comme une tomate avant de filer dans l'escalier. Arrivée en haut, ce fut sur la pointe des pieds que je me suis déplacée pour ne pas réveiller Tammy. C'était assez assez étroit mais il y avait ce qu'il fallait. J'ai même réussi à trouver du fil dentaire, n'ayant pas de brosse à dents. J'avais enfilé quand même ma culotte sous la chemise de nuit avant de redescendre.

- Encore merci, ai-je chuchoté arrivée en bas.

- Si tu chuchotes pour Tammy, c'est inutile, fit Eva.

- Mais leur ouïe..., ai-je dit en murmurant encore.

- Ma fille n'entendrait pas une moissoneuse batteuse qui défoncerait la maison, dit alors Eva.

- Ho tant mieux, dis-je alors.

- Je vais poser un matelas par terre, dit alors Lacey. Tu prendras...

- Le matelas m'ira, garde ton lit, dis-je alors.

- Comme tu veux, marmonna Lacey.

Je vis alors Eva s'approcher doucement de moi pour poser sa main sur mon épaule.

- Si vous voulez un peu d'intimité, vous pouvez aller dans sa chambre, me fit doucement Eva. La porte ouverte bien sûr.

Je souris en remerciant Eva d'un simple signe de tête avant de me diriger en compagnie de Matthew vers l'escalier. Sachant pertinemment ce que je portais, il passa premier avant de m'ouvrir la porte de sa chambre. Je m'y suis glissée rapidement et je l'ai regardé fermer doucement la porte pour réduire l'espace sans pour autant la fermer totalement. Il se figea alors et semblait écouter.

- Qui est-ce ? demandai-je en comprenant qu'il devait entendre quelqu'un.

- Ma mère, fit simplement Matthew.

- Un dernier conseil? demandai-je amusée.

- Elle a dit que tu étais une fille bien et de ne rien faire de totalement inconsidéré, me dit-il avec un sourire gêné.

- J'ai confiance, dis-je en m'allongeant sur le lit.

Nous échangeâmes alors quelques câlins et baisers assez chastes avant que je je parle de mon père comme je lui avais promis. Matthew essayait de me donner des conseils pour mettre de l'eau dans mon vin afin de ne pas rembarrer mon père à la seconde. Cependant, malgré les conversations, peu à peu nos baisers étaient plus intenses et ma position plus passionnée. J'étais en effet à califourchon sur lui pour l'embrasser tandis qu'il avait le dos appuyé sur un mur. J'adorais être aussi proche sans personne pour nous surveiller. J'avais souvent l'impression que son regard était un peu plus intense.

- Dur, dis-je alors.

- Quoi? demanda-t-il légèrement gêné.

- Non euh, dis-je hésitante. Je veux dire que c'est dur de ne pas rester collée comme ça.

- Ho... Oui, dit-il en riant.

J'ai attrapé son casque audio et connecté mon téléphone, sélectionnant la première musique qui passait à savoir Supermodel de Maneskin. Matthew m'avait en effet précisé la semaine précédente que si je plaçais ce casque près de ma bouche et de son oreille, personne ne pouvait entendre mes propos à cause de l'interférence.

- Tu sais que tu as le droit de me toucher ? demandai-je intriguée.

- Quoi? s'étonna Matthew.

- Je ne t'ai pas dit pour des choses comme ça, dis-je alors en comprenant le lapsus. Mais ma peau...

Je voyais bien qu'il gardait les mains à plats sur le matelas sans me toucher réellement. J'avais envie d'être tactile moi et je ne comptais pas me gêner. J'ai glissé mes mains sous son t-shirt pour toucher ses abdominaux si musclés. Sa peau était brûlante et bon dieu ce que c'était intéressant. Je l'ai encore embrassé, un peu plus sauvagement.

- Tu as peur de ne pas tenir? demandai-je en plaçant bien le casque.

- Je...

- Tu peux placer tes mains sous la chemise de nuit, ai-je insisté.

Je lui ai fait un clin d'œil et légèrement gêné, il plaça ses mains sur mes jambes en se dirigeant doucement sous la chemise de nuit. Je me demandais vraiment quel type de garçon il était en me décalant un peu pour le laisser faire. Serait-il du genre à foncer vers les seins ou sur les fesses ? Je n'en savais rien du tout mais je me demandais bien quand même. Doucement, je sentis ses doigts remonter vers ma culotte et j'ai été prise d'un léger doute quand même, espérant qu'il ne soit pas trop empressé. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque ses doigts s'écartèrent pour ne pas la toucher et je sentis ensuite ses mains se plaquer délicatement sur mon dos pour me pousser à venir l'embrasser. Matthew n'était donc vraiment pas quelqu'un qui n'hésiterait pas à me peloter, il était plutôt du genre à résister. Nos baisers étaient sans doute bien plus tendres que jamais et ce n'était pas pour me déplaire. Ce qui me déplaisait bien plus était cependant de devoir y mettre un terme.

- Je vais devoir aller me coucher, dis-je alors.

- Dommage, fit simplement Matthew.

- Mais je ne peux pas dormir ici tu t'en doutes, dis-je alors en l'embrassant. Dors bien.

Je suis descendue de lui et j'ai récupéré mon téléphone. J'étais bien là mais malheureusement je devais aller me coucher, je me suis donc dirigée vers la porte en lui faisant un dernier signe de main. Il me regarda en souriant et je quittai sa chambre, sans avoir enfreint ma promesse faite à Eva. J'ai doucement ouvert la porte d'en face en utilisant mon téléphone comme seule lumière. Je vis alors que Lacey ne dormait pas, allongée sur son lit en lisant sur son téléphone. J'ai jeté un petit coup d'œil à Tammy et j'ai souris en voyant la petite complètement enfouie en boule sous sa couette. J'ai pû accéder au matelas aisément et me suis allongée dessus. Immédiatement la tête de Lacey me surplomba.

- Il t'a dit comment éviter qu'on vous entende? demanda Lacey en chuchotant.

- Oui, dis-je un peu gênée.

- Il n'a pas profité de la situation ? demanda encore Lacey.

- Non c'est pas son genre, dis-je en la rassurant.

- Tant mieux... Je suis contente pour vous deux, dit-elle alors.

- Merci, dis-je reconnaissante.

- C'est sincère... Tant que vous êtes sages, dit-elle avec mesquinerie.

- On l'est restés, dis-je amusée.

- Bonne nuit, me fit Lacey.

- Euh... Me laisse pas dormir trop tard, je veux aider au besoin, ai-je précisé.

- Tu crois qu'elle te laissera dormir? demanda Lacey en fixant sa petite sœur. Rêve...

- Je me demande sa réaction, dis-je amusée.

- Elle sera contente... Et pas de visite nocturne, fit-elle encore plus mesquine.

- C'est pas mon genre, dis-je faussement outrée.

- Tant mieux... Bon, fit-elle en posant son téléphone. À demain ! Et bienvenue chez nous.

- Merci, dis-je en souriant.

J'étais contente d'être là et de vivre normalement alors qu'ils étaient différents. J'ignorais encore à quel point mes certitudes allaient être perturbées surtout que les Wilder ne m'avaient pas tout dit.