Wolf Skin: Omega

Chapitre 10 : OMEGA

7497 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 31/05/2022 09:20

X.

OMEGA


J'étais encore un peu sous le choc de l'annonce et de ma découverte tandis que nous marchions côte à côte, Matthew poussant toujours ma vespa. Je n'arrivais toujours pas à croire qu'un tel être existait et surtout de l'avoir rencontré. J'étais aussi assez inquiète de la réaction de sa famille quand il annoncerait m'avoir dit la vérité, peut-être cela les soulagerait de savoir que quelqu'un d'extérieur connait le secret de Matthew et était prête à le garder. J'avouerai non sans gêne que par contre, je ne cessais de le questionner sur ce qu'il pouvait faire et, alors que nous étions encore à quelques minutes de la ferme, j'essayais de résumer.

- Donc, si j'ai bien tout mémorisé, tu es plus fort physiquement, plus rapide aussi, commençai-je à résumer. Tu ne changes pas à la pleine lune mais tu peux quand tu veux... Même si tu as précisé qu'il y avait un risque... Ton ouïe est aussi plus développée... Autre chose ?

- Oui, fit-il visiblement assez amusé de mon résumé. Ma vue est normale comme mon toucher d'ailleurs, le goût aussi... J'ai un excellent équilibre, mais c'est principalement l'odorat qui pose problème.

- L'odorat ? Tu veux dire qu'il est très développé ? demandai-je intriguée.

- Oui, c'est assez compliqué à gérer d'ailleurs, dit-il calmement.

- Mais à quel point développé ? demandai-je méfiante.

- Je peux sentir les phéromones et hormones naturelles, les odeurs de transpiration, de tabac ou d'alcool, entre autres choses... Compliqué dans un lycée, dit-il mal à l'aise.

- Je me doute vu les bombes hormonales adolescentes... Un instant, dis-je alors en me figeant.

Je le regardai intriguée et gênée surtout. Si il pouvait tout sentir, une chose très gênante était forcément perceptible pour lui.

- Quoi? m'interrogea alors Matthew surpris.

- Tu sens les vagues d'hormones, on est d'accord ? demandai-je tandis qu'il hochait la tête. Donc... Tu sens aussi quand les filles...

- Euh... Oui, fit-il me choquant totalement.

- Donc chez toi... Tu savais déjà ce que ta sœur cherchait ? l'ai-je questionné extrêmement gênée.

- Oui... Mais ne t'inquiètes, j'ai appris à ignorer cela, même si c'est naturel, dit-il calmement pour me rassurer.

- Merde..., grommelai-je gênée.

- C'était plus compliqué quand Tammy était bébé, fit-il en riant.

- Je te plains... Mais ça devait soulager tes parents, dis-je alors comprenant. Au moins tu peux être aux petits soins de tes copines en certaines périodes.

- Mes copines ? me demanda t'il surpris.

- Pas en même temps bien-sûr, dis-je en riant. Mais une à la fois.

- Euh... Peut-être..., marmonna Matthew.

- Quoi? Tu es une brute avec les filles ? J'ai dû mal à le croire, avouai-je calmement.

- Non c'est pas ça, je..., me dit-il d'un ton hésitant.

- Ho... Tu es gay? Pardon, je ne savais pas, me suis-je excusée en réalisant que forcément je n'étais pas assez proche de lui pour connaître cette information.

- Non, dit-il en riant. Au moins tu es ouverte... Je suis hétéro c'est juste que je n'ai jamais eu de copine.

Cette information me surpris et cela devait se voir sur ma tête car il n'osa pas vraiment me regarder.

- Tu n'as jamais embrassé de filles ? demandai-je choquée.

- Non, fit-il mal à l'aise. C'est un peu naze mais j'ai de bonnes raisons...

- Par rapport à... ta spécificité? proposai-je alors.

- Oui, je suis capable de changer depuis l'âge de dix ans et en cas d'émotions fortes ça peut arriver, m'expliqua Matthew.

- Euh... Émotions fortes? demandai-je interloquée et prise comme d'un doute.

- Pas forcément sexuelles, mais la colère, la joie aussi... C'est pas toujours joyeux quoi, m'expliqua Matthew.

- Je suis désolée... Je ne savais pas... Enfin tu t'en doutes, ai-je assuré en réalisant.

- Évidemment, me répondit-il simplement.

- Cela fait cependant plaisir de savoir que tu peux parler, dis-je en riant.

- Merci, fit-il simplement.

Nous arrivâmes rapidement à la ferme, surtout que je ne devais pas trimballer moi-même la vespa. Il la bloqua alors près de l'entrée et nous continuâmes d'avancer vers le corps de ferme.

- J'espère ne pas déranger, dis-je alors poliment.

- Je pense pas, me fit simplement Matthew en me rassurant un peu.

- Et puis je me demande comment ils ont appris à gérer cela, dis-je alors en le regardant.

Matthew me regarda alors légèrement surpris. Il me fixait bizarrement et je me demandais si il n'avait pas un peu peur de la situation.

- Debrah... Je crois que..., commença t'il alors avant de s'interrompre.

J'entendis au loin la porte de la ferme s'ouvrir et j'ai tourné la tête. Soudain, un énorme poids me percuta violemment et me fit tomber au sol. J'étais légèrement paniquée en me débattant, sentant uniquement des poils sous mes doigts.

- Matthew ! Qu'est-ce que..., marmonnai-je difficilement avant de sentir quelque chose sur ma joue.

Je sentis un contact râpeux et humide, que j'estimais être celui d'une langue. J'étais sous le choc et j'essayais de repousser ce qui pesait de tout son poids sur moi quand enfin remis de sa surprise, Matthew aggripa le tas de poils.

- Arrête !!! fit-il en se débattant.

- Aide moi !!! dis-je alors encore paniquée.

- Lâche la vermisseau !! s'énerva un peu Matthew.

Le poids disparut de ma poitrine mais je ne m'en étais pas rendue compte, trop occupée à me redresser brusquement en fixant Matthew. J'avais clairement bien entendu et en y regardant bien, Matthew tenait quelque chose qui ressemblait à un chiot ou, dans ce cas précis, un louveteau.

- Vermisseau ???? hurlai-je presque. C'est... C'est Tammy?

- C'est ce que j'allais..., marmonna Matthew.

À cet instant précis, la boule de poils clairs trembla et de la même manière que Matthew quelques dizaines de minutes plus tôt, je vis des cheveux et de la peau apparaître me dévoilant une enfant de quatre ans à peine qui bondit au sol.

- Debrah!!!! hurla la petite tête blonde et surtout nue en se jetant à mon cou. T'es revenue!!!

Je fus saisie brutalement par cette étreinte et je devais être encore sous le choc car je fixais Matthew.

- Attends... Elle aussi? demandai-je choquée en voyant Matthew enlever sa chemise.

- Je viens de réaliser que tu ne savais pas tout... Tammy bon sang tu es toute nue, s'énerva Matthew.

J'étais toujours entourée des bras de la petite fille et inconsciemment j'ai caressé son dos. J'ai même aidé Matthew à l'entourer de sa chemise avant de me redresser, la petite dans les bras.

- Je suis trop contente !!!! dit alors Tammy en me regardant avec un sourire lumineux et dans un petit rire.

- Oui... Moi aussi..., dis-je en regardant Matthew attentivement. Enlève moi d'un doute...

- Oui, je ne suis pas le seul, fit Matthew quand la porte s'ouvrit à nouveau.

- TAMMY !!! hurla alors une Lacey énervée.

- Oups..., marmonna la petite.

- On t'a déjà de ne pas te chang..., commença Lacey en se figeant quand elle me vit. De pas te promener sans vêtements ! tenta celle-ci pour noyer le poisson.

Je regardai chacune des personnes présentes, complètement abasourdie. C'était clair que sa famille avait parfaitement accepté cela, ils en étaient en réalité sans doute tous capable. Je ne pensais pas que c'était le cas, j'imaginais Matthew en cas unique moi. J'avais été un peu idiote sur ce coup là. Je vis alors Lacey me fixer attentivement, puis Tammy toujours nue malgré la chemise. Je me demandais ce qui lui trottait dans la tête quand je la vis se précipiter vers nous. Je fus soudainement prise de panique.

- Attends, dis-je en panique. Je ne suis...

- Pauvre débile !!! Je peux savoir ce qui t'a pris ? demanda-t-elle.

- Elle m'a fait un câlin, dis-je pour me défendre.

Soudain, je vis Lacey fondre non pas sur moi mais bien sur son frère et d'un coup violent le pousser plusieurs mètres en arrière. Quelle force! J'étais estomaquée. Et en panique surtout quand elle me regarda.

- Je... Je... Je..., ai-je bafouillé.

- Donne moi Tammy, me dit-elle extrêmement sèchement.

- Prends la, dis-je rapidement.

- Non!!! Veux pas!!! grommela Tammy.

- Calme toi, fit la voix de Matthew plusieurs mètres derrière moi.

- Comment t'as pû enfreindre les règles ! s'énerva Lacey. Et surtout avec cette...

- Cette quoi? demandai-je choquée et un peu en colère.

- Arrêtez tous les trois! fit une grosse voix sur le porche, leur père. Tam, lâche la demoiselle. Lass, calme toi. Mati... Venez tous ici.

Tammy obéit immédiatement tandis que sa sœur la prit dans ses bras. Je voyais la mère de famille rejoindre son époux visiblement inquiète. Ça commençait vachement mal dis-donc... Matthew s'approcha discrètement et posa sa main sur mon épaule.

- N'aie pas peur..., me fit il tout bas.

- Mais... Tous? demandai-je bêtement en avançant.

- C'est compliqué, me répondit-il.

- Tu parles que c'est compliqué ! s'énerva Lacey. Pauvre con!!! Maman, où sont les valises ? Il faut partir.

- Attends Lass, fit Matthew.

- Ta gueule toi! Débile profond !!! s'énerva Lacey.

- J'ai compris toute seule, suis-je alors intervenue.

- On t'a pas sonnée!!! s'énerva Lacey.

- Lacey Kirsten Wilder! fit la voix forte de la mère de famille. Sois respectueuse.

Autant dire que la décence m'empêche de retransmettre les jurons de Lacey. Je ne pouvais que regarder Matthew gênée.

- Je... Je vais mourir ? demandai-je inquiète.

- Disons que c'est moi qui doit frôler les murs, dit-il en essuyant un regard meurtrier de sa sœur.

- Lacey, calme toi, lui intima son père.

- Mais il a...

- Plus un mot... Dans la maison, fit simplement le père en regardant partout.

Suivant une Lacey en colère, je me suis retrouvée près du porche et j'ai regardé les parents Wilder. La mère s'avança vers moi tandis que le père intima à ses enfants d'entrer. La mère Wilder, Eva selon mes souvenirs, était là en me regardant fixement.

- Je suis désolée de vous causer des ennuis Madame Wilder mais je vous jure que Matthew a juste répondu à mes questions, dis-je pour essayer de lui sauver la mise.

- Ne t'inquiètes pas, ce n'est pas aussi grave que la réaction de Lacey te le laisse penser, me dit-elle doucement et avec gentillesse.

Je vis revenir sur le porche la petite tête blonde à moitié nue et toujours habillée de la chemise de son frère. Sa mère la prit dans ses bras.

- Ils se disputent, fit la petite rapporteuse avec tristesse.

- Et ben cela aura été rapide, viens, me fit la mère Wilder.

Je la suivis, honteuse de causer autant de problème, jusque dans la maison et immédiatement j'entendis les cris de Lacey.

- T'es vraiment un putain de crétin ! hurlait Lacey.

- Arrête de gueuler!!! À quoi ça sert? demanda Matthew.

- Je gueule parce que tu as été assez con pour le dire à cette pouf, dit-elle me vexant un bon gros coup d'ailleurs. Tu crois qu'elle va la fermer? Elle le dira à sa bande de garces qui nous font passer pour des tarés!!!

- Mais non!!! s'offusqua Matthew qui aurait pu me défendre mieux que ça selon moi.

- Ha ouais? Dès demain tout le monde le saura ! hurla Lacey. Papa faut s'en aller!

- Mais putain tu crois qu'ils vont se ramener avec des fourches et des torches ? Arrête... Merde!!!

- Lacey Kirsten Wilder! Matthew Wyatt Wilder! Si ne serait ce qu'un seul d'entre vous prononce encore une grossièreté devant la petite et je vous jure que vous allez le payer chèrement, les menaça leur mère.

- Tu l'as laissée entrer? demanda Lacey.

- J'ai dit stop... Maintenant assis! fit froidement le père de famille. J'ai dit ASSIS!

Étonnement, les deux adolescents obéirent à la seconde, Lacey me dévisageant énormément. Poliment, le père me tira une chaise.

- Merci Monsieur Wilder, dis-je désireuse de ne pas en rajouter.

Je n'entendis pas les propos de Lacey mais il ne devaient pas être des plus sympathiques.

- Lacey, j'ai plusieures choses à te dire, me suis-je empressée de dire.

- J'en ai rien à br...

- Lacey! la réprimanda sa mère en montrant la plus petite.

- De un, je ne suis pas une pouf, je te rassure, dis-je alors. De deux, il faut que tu saches que je ne colporte aucune des rumeurs, je te le promets. De trois, j'ai découvert par hasard pour ton frère. Et enfin de quatre, je ne dirai rien parceque j'ai appris à fermer ma g..., dis-je avant de voir le sourcil gauche de la mère Wilder se dresser. J'ai appris à garder un secret et de toute façon on me prend déjà pour une folle.

- Comment ça ? demanda soudain le père Wilder, Garrett.

- En partie grâce à vous, dis-je alors sans être accusatrice. L'ours, les gens ont déjà du mal à y croire mais le loup, sûrement pas alors là... Déjà que cette ombre que j'ai crue voir devant le lycée m'a faite passer pour une dingue...

Je vis soudainement Lacey se figer comme son père et sa mère également. La même réaction étonnante que Matthew.

- J'ai dit une bêtise ? demandai-je alors.

- Dis moi... Tu vois ces ombres depuis longtemps ? me demanda le père Wilder.

- Je n'en ai vue qu'une le soir de l'incendie... Avant peut-être une fois..., avouai-je.

Le regard que s'échangèrent les parents étaient le genre de regards qui ne rassuraient pas.

- Elle répète peut-être ce que lui a dit Matie, fit juste Lacey.

- Rhooo... Ça suffit..., s'énerva la mère Wilder. Garrett emmène les dans la forêt, changez vous, énervez vous dehors je ne veux pas le savoir... Mais ils ne reviennent pas tant qu'ils ne sont pas prêts à s'asseoir sagement.

- Vous avez entendu votre mère, fit Garrett.

Je vis Lacey passer près de moi extrêmement énervée à l'inverse de son frère qui me fit juste signe que cela aller bien se passer. Le père me passa juste devant en haussant les épaules.

- Navrée, dis-je quand je fus seule avec la mère Wilder et Tammy.

- Ne t'excuse pas, me fit Eva Wilder poliment. Tu veux un peu de café ?

- Ho je veux bien, dis-je en voyant Tammy m'observer avec un grand sourire.

- Dis donc toi, tu n'as pas envie de remettre tes vêtements ? lui fit sa mère en posant un mug devant moi et s'asseyant.

- Non! fit la petite avec fierté.

- Mon dieu, cette famille va me rendre folle, dit-elle en me faisant sourire.

- Je pensais que ce n'était que Matthew, dis-je alors avec franchise. Il parlait toujours au singulier. J'ignorais que la famille étaient des...

- Tu peux dire simplement loups, me précisa Eva Wilder. Le connaissant, ce n'est guère surprenant. Mais comment l'as tu découvert ?

- Ho..., dis-je avant d'expliquer.

Je suis entrée dans tous les détails, parlant de quelques choses étranges comme la soirée, les regards bizarres, l'incendie avant d'enchaîner sur le cours de sciences à l'Université et mes recherches. Sa mère m'écoutait religieusement en buvant, sans m'interrompre jusque la fin de mon récit.

- Et il s'est changé en humain, ai-je alors enfin conclu.

- Devant toi? demanda la mère étonnée. Et tu vas bien?

- Vous êtes la deuxième à me demander cela... C'est si dangereux ? demandai-je inquiète.

- En fait, pour faire simple, lorsque les loups se transforment devant un humain, il y a comme une sécurité qui peut pousser les humains à croire qu'ils ont rêvés, à s'évanouir ou parfois bien pire, ça peut apporter de graves séquelles, m'expliqua la mère.

- Matthew a pris un gros risque alors? demandai-je paniquée.

- Je pense qu'il l'a calculé... En fait, cela ne marche vraiment que quand un humain ignore totalement l'existence des loups... Tu avais conclu à cette éventualité donc cela ne devait rien te faire comme pour Tammy visiblement, me dit-elle avec un sourire.

- Pardon, j'ai pas fait attention, s'excusa la petite toute honteuse.

- C'est pas grave, dis-je en touchant sa joue. Mais Matthew a dit qu'il avait changé à dix ans... Pourquoi elle peut aussi jeune ?

- Tammy est un cas particulier, mon mari t'expliquera sans doute à son retour... Normalement Matthew aurait dû demander l'autorisation... Mais bon, ce qui est fait est fait, fit simplement Eva.

- Donc Lacey et Matthew ont changé plus vieux ? demandai-je.

- Normalement c'est dans l'adolescence, on dit souvent que les filles changent dans l'année de leurs premières menstruations, me fit Eva.

- Normalement ? Il y a beaucoup de loups ? demandai-je choquée.

- Euh..., hésita la mère gênée. Pas des milliers mais y en a un peu partout.

- Ho... Sans doute... Je suppose, dis-je en regardant mon mug avant d'être saisie d'un doute. Mais vous dîtes qu'il n'y a rien si on a compris la réalité... Pourtant j'étais un peu...

- Tu as subi un contrecoup ? demanda la mère de famille étonnée.

- Oui... J'avais chaud, mes jambes avaient du mal à me soutenir, ai-je expliqué en voyant sourire la mère en coin.

Je me demandais pourquoi elle souriait comme ça, c'était limite gênant. Mais j'entendis la porte s'ouvrir et je vis passer Lacey qui finissait d'enfiler un t-shirt. J'ai baissé les yeux pour ne pas la gêner, celle-ci étant entrée presque seins nus.

- Lass... Tu aurais pu l'enfiler avant, lui fit sa mère.

- Ça va... Elle en a aussi, holala... marmonna Lacey en s'asseyant.

- Vous êtes calmés ? demanda Eva à sa fille.

- Mouais... Je suis toujours contre, grommela Lacey en attrapant sa sœur.

- Ce qui est fait est fait, fit la mère. Ton père et ton frère sont encore là-bas ?

- Non, ils s'habillent complètement, fit-elle en me fixant.

- Je ne veux pas vous causer des ennuis Lacey, je t'assure, précisai-je quand même.

- C'est ce qu'il dit..., grommela Lacey.

- Moi je la trouve gentille, fit Tammy.

- Toi, t'as pas droit au vote, marmonna Lacey.

- C'est pas juste! grommela la petite.

- Ne commencez pas, soupira la mère de famille en entendant son mari et son fils entrer. Vous êtes calmés ?

- Oui, nous sommes d'accord, fit son mari en s'asseyant.

- Pas moi, marmonna Lacey.

- Recommence pas, lui fit Matthew.

Je regardai cette famille qui était au final si étrange avec une légère appréhension. Je n'osais même pas regarder Lacey mais je pus me rendre compte qu'Eva regardait son fils avec un sourire mesquin.

- Bien, Debrah? C'est cela? me demanda Garrett Wilder.

- Oui Monsieur... Mais vous pouvez m'appeler Deb, ai-je assuré.

- En temps que chef de famille, j'estime que techniquement Matthew n'a pas réellement enfreint les règles vu que tu as compris toute seule, fit Garrett.

- Vu qu'il fait pas attention, marmonna Lacey avant de subir un regard de son père. Ok je me la ferme...

- Monsieur, je vous assure que je ne dirai rien sur vous cinq, je ne dirai pas ce que vous êtes, me suis-je empressée de dire.

- Cinq? s'étonna Garrett.

- Je crois qu'il y a une toute petite méprise, me fit Eva Wilder. Je suis comme toi.

- Pardon ? me suis-je étonnée.

- Moi aussi j'ai découvert pour Garrett, je suis aussi humaine que toi, me précisa enfin Eva.

- Ho... D'accord..., dis-je surprise.

Un petit silence gêné eut lieu et tout le monde semblait mal à l'aise. Au final, après un soupir de lassitude, Eva Wilder reprit la parole.

- En tant qu'humaine, je veux tout de même te prévenir qu'être en couple avec un loup n'est jamais simple, fit la mère de famille.

- Pardon? dis-je choquée avant de voir Matthew s'étouffer.

- Maman... On n'est pas ensemble... C'est tout juste si on discute, marmonna Matthew.

- Ha bon? Mais elle..., fit-elle en me regardant surprise.

- S'il-te-plaît..., marmonna Matthew me faisant comprendre que je venais peut-être de rater un truc.

- On n'est pas ensemble... J'ai cherché cela par curiosité... Mal placée, marmonnai-je gênée en fixant ma tasse.

- Bon, ce n'est qu'un détail, fit alors Garrett.

Un détail peut-être mais un détail gênant. Ils s'étaient visiblement mépris sur moi. C'était sans doute encore pire. Je me suis soudainement demandée si d'autres personnes que les éventuels conjoints avaient le droit de savoir.

- Ce n'est pas grave, dis-je alors. Je suppose que c'est plus rare?

- Effectivement, me fit poliment Garrett. As-tu des questions peut-être ? Ou tu préfères que je soliloque ?

- Ben j'ai bien quelques questions mais j'ai un peu peur de dire quelque chose de vexant, ai-je avoué juste avant un soupir de Lacey.

- N'hésite pas, me conseilla Eva. Je suis passée par là et j'ai posé plus d'une question à mon mari.

- Ho d'accord... Vous vous considérez plus comme une famille ou une meute? Et cela fait de vous un alpha comme dans la nature et les vrais loups enfin..., ai-je hésité paniquée.

- Ne t'inquiètes pas, fit Garrett avec un sourire rassurant. Ma famille est ma meute, mais une meute ne comporte pas que des membres de la même famille, plutôt l'inverse. Normalement un chef est un alpha comme dans la nature mais nous sommes différents, nous sommes des omégas.

- Euh... Imaginez que je ne sache pas vraiment..., avouai-je gênée.

- Oui pardon... Dans la nature, il s'agit d'un loup sans meute, m'expliqua Garrett. Nous n'apartenons pas à une meute au sens classique du terme même si je rends des comptes quand même à la meute de Fort Collins.

- Fort... Vous êtes en train de me dire que vous n'êtes pas les seuls du coin? demandai-je choquée.

- Tu ne lui as rien expliqué ? demanda-t-il à son fils qui confirma d'un hochement de tête. Bref.. Il y a toujours eu une meute dans la région. Mais ils ont appris à se cacher.

- D'accord..., marmonnai-je.

- Comme nous voyageons sans cesse et que volontairement nous adoptons des enfants comme moi, je ne peux être lié à une meute car je prends des risques, m'expliqua Garrett.

- Est-ce que cela signifie que les autres, enfin leurs familles, ne sont pas tous des loups? demandai-je surprise.

- Oui, les loups ne se marient pas entre eux et donc il se peut que les enfants échappent au patrimoine génétique, m'expliqua Garrett pendant que je l'écoutais attentivement. Il y a une raison simple, c'est parceque si jamais deux loups ont un enfant ensemble, il est capable de se transformer très jeune et cela complique énormément la vie et la discrétion.

J'enregistrais cette information étonnante avant de réaliser un détail. Ma tête pivota vers la petite fille de quatre ans.

- Tu as compris, c'est le cas de Tammy, confirma Garrett. Étant donné que des émotions très fortes peuvent enclencher la transformation, chez des enfants aussi jeunes cela devient dangereux.

- Mais... Pardon de vous interrompre... Les familles où il y a des loups... Ils le savent ? demandai-je quand même.

- Oui, nous devons forcément prévenir nos conjoints humains, tu comprends pourquoi je suppose, dit-il avec un sourire.

- Effectivement, répondis-je simplement. Mais vous avez beaucoup de règles ?

- Assez nombreuses oui, et normalement avouer notre nature en est une... Mais techniquement tu l'as découvert donc..., avoua Garrett poliment.

- Encore navrée, me suis-je une énième fois excusée.

- Ce n'est rien..., me fit Matthew.

- Enfin on aurait pu éviter..., grommela Lacey.

- Mais... J'ai appris dans l'histoire du coin qu'il y avait un loup... Vous existez depuis longtemps ? demandai-je alors.

- Que depuis quarante ans dans mon cas, fit Garrett avec mesquinerie. Désolé... Pour information notre espérance de vie est celle d'un humain normal. D'ailleurs, nous tombons extrêmement rarement malade, quasiment jamais même.

- C'est pratique, avouai-je en souriant.

- Plutôt oui, fit Eva en riant. Pas besoin de s'inquiéter pour un pull.

- Et pour répondre à ta véritable question, reprit Garrett, nous existons depuis près de douze mille ans.

- Wahou... C'est dingue que votre existence ne soit pas connue, dis-je estomaquée.

- Oui... D'ailleurs j'aimerais que tu éteignes ton téléphone, me fit Garrett.

- D'accord, dis-je en le sortant. Mais pourquoi ?

- Je ne veux pas que cela soit enregistré... Tu comprends ? demanda Garrett.

- Oui bien sûr, dis-je en éteignant mon téléphone. Je ne comptais pas le faire.

- Il faudrait aussi que tu effaces tes recherches sur ton ordinateur, me précisa Matthew.

- Ok pas de soucis, dis-je en me voulant rassurante.

- Parfait..., fit alors Garrett. Tu connais la mythologie ?

- Grecque... Un peu... Pourquoi ? demandai-je.

- Cela te sera utile..., fit Garrett en inspirant profondément. Il y a donc des milliers d'années, les hommes se faisaient la guerre jours et nuits, ce qui en soit n'a pas beaucoup changé... Cependant, ces colères, ces rages, ces remords qui perduraient par delà la mort finirent pas se manifester dans notre propre monde.

- Se manifester ? ai-je demandé.

- Sous la forme que tu as déjà vue... Les ombres, me fit Garrett me poussant ainsi à me taire. Nous les appelions les émissaires, car ils apportent la mort. Leur influence se fait principalement sur l'environnement, provoquant séismes, inondations, incendies,... De nos jours, ils peuvent même créer des accidents de voitures ou de train...

- Ho bon sang! dis-je choquée.

- Et ce n'est pas le pire..., fit-il en regardant ses enfants qui clairement connaissaient cela. Parfois, dans de rares cas, ils trouvent un hôte humain et le possède. Sa force égale alors la nôtre mais il ne peut désormais que faire le mal... Certains d'entre nous pensent que Klaus Barbie a hébergé un émissaire par exemple, ou même Adolf Hitler... Mais nous n'en avons pas la preuve... Mais le pouvoir le plus horrible qu'ils possèdent est d'aspirer l'énergie vitale des humains.

- Mais... C'est horrible, marmonnai-je surprise.

- Ces êtres ont, comme nous qui avons entretenu le mythe du loup-garou, engendré un mythe, celui du vampire même si ils ne boivent pas de sang. Un contact physique suffit.

- Ce serait cela qui a engendré les légendes de guerre entre vampires et loups-garous ? demandai-je choquée.

- Les humains qui ont assisté à cela ont souvent extrapolé mais oui... Seuls les loups peuvent les affronter mais si un humain est possédé, il est très dur de le libérer, fit Garrett.

- Compris, ai-je confirmé en écoutant.

- Donc comme je disais, à cette époque, les ombres ont commencé à apparaître et à arpenter les champs de bataille, reprit Garrett. Dans ce qui était le Danemark de l'époque, un sage et shaman a décidé qu'il fallait stopper cela. Il s'est rendu pendant trois mois dans une forêt pour entrer en contact avec les représentants des dieux au sein de la nature. Connais-tu les dryades?

- Ben à part les fictions qui disent que ce sont des esprits de la forêt... Non, avouai-je.

- C'était ce qu'elles étaient, des esprits protecteurs de la forêt, confirma Garrett. C'était une époque où les légendes et la réalité se mélangeaient, mais elles existaient réellement. Celles-ci proposèrent au shaman un marché car elles étaient les cibles privilégiées des ombres à cause de leur nature magique. Il devait offrir douze guerriers aux dryades avant la prochaine pleine lune.

- Douze? Pour affronter beaucoup d'ennemis ? N'est-ce pas peu? demandai-je alors.

- Forcément, beaucoup de détails du récit sont des légendes mais il semble que le nombre soit correct, précisa Garrett. La contrepartie était que les guerriers devraient jurer fidélité aux dryades et toujours les protéger. Le shaman réunit effectivement les douze plus puissants guerriers des clans de la région et le contrat fut conclu. Dès lors, les douze guerriers devinrent capable de se transformer en loups à volonté, sans danger pour eux ou leur entourage.

- Pardon mais... Pourquoi Eva m'a dit que c'était dangereux de changer devant un humain ? Et cela l'est pour vous? demandai-je perdue.

- J'y venais, précisa Garrett. Quelle soif d'informations... Je vais t'éviter les dizaines et dizaines de légendes de combats épiques pour arriver au jour du péché. C'est ce jour là que nous, les loups, avons enfreint les règles et avons payé le prix de ce péché.

J'ai regardé la famille entière et j'ai commencé à m'inquiéter sérieusement. Quiconque entendrait cette histoire pourrait se dire que ce n'étaient que des histoires à dormir debout mais après avoir vu des gens se transformer, je ne pus qu'y croire.

- Un guerrier, provenant de clans de l'époque et donc pas foncièrement civilisé, eut envie d'une dryade..., marmonna Garrett. Je te laisse deviner en quoi... Les dryades étaient totalement pacifiques et physiquement beaucoup plus faibles et donc la pauvre dryade ne put se défendre. Le guerrier loup la viola mais fut surpris par d'autres. Leur colère fut titanesque et elles modifièrent notre nature. À cause du péché, nous changer devant quelqu'un peut devenir dangereux mais le plus grand danger est pour nous. En cas d'énorme trouble émotionnel, nous pouvons... Rester définitivement sous la forme de loup.

- Une seconde... Vous pourriez ne jamais redevenir humain? demandai-je choquée.

- Oui, et... C'est avéré, fit-il mal à l'aise.

J'ai regardé les autres et visiblement le malaise était partagé. Je me suis demandée si ils connaissaient une personne dans ce cas.

- Les dryades quant à elles, disparurent à jamais rejoignant leur plan d'origine, celui des légendes, précisa Garrett. Même si la légende est fausse, pour peu que l'idée de dryades puissent la rendre folle, nous subissons bien ces risques.

- Votre vie n'est pas facile..., marmonnai-je. Donc vous affrontez ces ombres Monsieur Wilder?

- Oui... Avec mes deux aînés maintenant, avoua-t-il.

- Quoi? dis-je en les regardant. Mais...

- Et il y a une chose que tu dois savoir, précisa Eva. Une chose très importante... Être proche des loups, en tant que famille, amis ou conjoint, te mettra toujours en danger.

- Pardon? demandai-je effrayée.

- Leur présence, sans doute liée à la même magie qui les transforme, à défaut d'autres mots, nous influence, me fit alors Eva. Tu ne les fréquentes pas depuis longtemps donc leur présence ne t'a pas encore influencée mais cela arrivera. Les ombres seront attirées par toi... Je te parle d'expérience, j'ai déjà vu plus de choses que je n'aurai crues...

- Je suis en danger si je reste en contact avec vous? demandai-je surprise.

- Cela n'arrivera pas immédiatement, me rassura légèrement Garrett. Mais cela arrivera... C'est la raison pour laquelle la plupart évite les contacts. Certes nos adolescents doivent aller au lycée, à l'Université, ce genre de choses mais après nous essayons d'éviter. Certains s'en moquent bien sûr mais il faut que tu le saches.

- Ça veut dire que tu peux encore te casser tant que tu peux, me fit Lacey.

- C'est la raison pour laquelle toi et ton frère évitez d'être proches des gens? demandai-je à celle qui commençait à me titiller depuis trop longtemps.

- Ouais... Tu comprends ou pas? me fit Lacey. Casse toi ou tu seras dans la merde.

- Lass... S'il-te-plaît, la réprimanda sa mère.

Je les ai tous regardé, comprenant bien des choses. Ils étaient dangereux pour leur entourage, pour toujours, compliquant leur relation sociale. Si la légende était vraie, leur ancêtre avait été monstrueux mais ses descendants payaient clairement cet affront. Les dryades, si elles avaient existé, s'étaient forgées une armée personnelle sans se soucier des conséquences et des risques. Je ne pouvais savoir la véracité de cette histoire mais j'avais bien compris une chose.

- Vous n'avez jamais eu de vrais amis alors? demandai-je comprenant le comportement de la plus jeune. À chaque fois vous essayez de les éloigner ?

- Oui, me répondit Matthew. C'est pour ça que j'essayais de te faire peur. Pour que tu ne sois pas en danger plus que nécessaire.

- Et si j'accepte ce risque ? demandai-je.

Je vis la surprise sur leurs visages, visiblement, ils ne s'y étaient pas attendu. Je ne pouvais désormais plus vraiment faire comme si de rien n'était, j'étais au courant.

- Tu voudrais rester en contact avec nous? demanda Lacey choquée.

- Je suis au courant non? demandai-je vexée. Je suppose que vous serez moins... Renfermés. Et puis..., dis-je en regardant la plus jeune. Elle est craquante.

- Youpie!!! hurla Tammy qui était restée silencieuse.

- Debrah, me fit soudainement Eva en retenant sa fille. Je ne plaisante pas quand je te parle de dangerosité, je dois réellement t'avertir. J'ai accepté cette vie parce que j'aime mon mari mais... J'ai été plus que de raison en danger.

- C'est à dire ? demandai-je méfiante.

- Ma femme a eu plusieurs accident de voiture, quelques incidents domestiques aussi, tout ça à cause des ombres. Elle en est au point d'éviter les situations à risques, me fit alors Garrett.

- Mais cela arrive par période pour être honnête, précisa Eva. Je peux passer un an sans être en danger, mais les ombres essayeront quand même.

- Je..., ai-je hésité un instant. Je veux être amie avec votre famille, je suis prête à courir le risque...

Je n'avais qu'à peine fini ma phrase que la petite Tammy avait fait le tour de la table pour venir me réclamer un câlin. Je la pris sur mes genoux et j'ai regardé Lacey.

- Je suis une fille honnête et bornée, avouai-je à celle-ci. Et je n'ai absolument jamais trahi un secret, et le vôtre, je vais le garder précieusement. Je veux que toi aussi tu le comprennes et que tu me fasses confiance. Tu veux bien me laisser une chance ?

J'ai penché doucement la tête vers la petite fille qui semblait supplier sa grande sœur. J'avais une alliée déjà et, après avoir regardé vers Matthew, je réalisai qu'il était de mon côté.

- Papa... Maman... Soyez honnêtes..., marmonna Lacey. Vous croyez vraiment qu'elle restera fiable? Que jamais elle ne nous trahira ? Qu'elle sera différente de... Qu'elle sera différente?

Je regardai attentivement Lacey et vu sa reprise sur ses propos, ils avaient déjà dû être trahis. Je n'étais pas forcément en odeur de sainteté auprès de Lacey mais j'espérais la convaincre.

- Elle a découvert par elle-même, avoua Garrett. Et elle semble l'accepter... Je ne ressens pas beaucoup de peur de nous chez elle...

- Parce que je n'ai pas peur, avouai-je alors. Par deux fois Matthew m'a aidée, cela me prouve que vous n'êtes pas des monstres.

- Maman? demanda Lacey.

- J'aimerais beaucoup que vous fréquentiez des gens de votre âge, avoua celle-ci. Mais tu as le droit d'avoir ton propre avis.

- D'accord..., grommela Lacey. Debrah? Je suis prête à t'accorder ma confiance mais au moindre signe de trahison, ce ne sera pas des ombres dont tu devras avoir peur... Je suis claire ?

- Oui, mais ne t'inquiètes pas, avouai-je. Je suis fiable... Et tu peux m'appeler Deb. Si tu veux...

- Parfait ! fit alors la mère de famille. Tu veux manger avec nous?

- Ho je ne veux pas déranger, dis-je alors.

- Je suis obligée de cuisiner pour un régiment de toute manière... Les garçons, pour la troisième fois en deux jours j'aimerais que vous alliez faire le stock de bois, je tiens à vous rappeler que moi je sens le froid, et Debrah aussi. Merci de penser aux frêles humaines, fit Eva en regardant les concernés.

- Je veux bien alors, avouai-je. Mais j'aide.

Je vis Matthew se pencher vers moi et murmurer à mon oreille.

- Ça va passer, elle va se calmer, me fit Matthew.

- Les filles en cuisine, fit alors Eva. Ce n'est pas sexiste mais je veux éviter le capharnaüm.

Je me suis levée en tenant la petite dans les bras et j'ai suivi Lacey dans la cuisine tranquillement. Je pus entendre Matthew et son père sortir juste au moment où je posais la petite sur un bord de meuble.

- Alors..., marmonna Eva en attrapant son tablier. J'espère que tu aimes la viande crue, cela leur rappelle l'époque où les loups dévoraient les enfants.

J'ai regardé Eva sous le choc, remarquant un sourire diabolique sur le visage de Lacey. Je ne savais pas forcément quelle information était la plus gênante.

- Euh... Je..., ai-je simplement hésité.

- Je plaisante, me fit Eva. Ce sera des lasagnes ma spécialité, ils ont une alimentation normale même si ils ont une préférence pour la viande quand même.

- On en a besoin, nos métabolismes sont toujours à rudes épreuves, me fit Lacey.

- Ok, bon à savoir, dis-je alors poliment.

- Veux des nuggets !!! fit simplement Tammy me surprenant.

- Tu sais que tu es chiante avec tes nuggets ? demanda Lacey.

- Ça me fait penser à une autre, fit simplement Eva.

- Je crois que j'étais pareille, ai-je avoué en riant.

- Alors? Nuggets ? demanda Tammy.

- Sûrement pas... Je peux vous laisser seule ? nous demanda Eva à moi et Lacey.

- Ben ouais, marmonna Lacey.

- Parce que je commence à en avoir marre de voir ma fille dans une chemise, fit-elle en attrapant Tammy. Viens là...

- À tout de suite Deb! me fit Tammy.

Je l'ai regardée toujours aussi attendrie pendant que sa mère prenait la direction des escaliers. J'ai doucement tourné la tête vers Lacey qui me fixait.

- Hmmm, grommelai-je en me grattant la gorge.

- Elle t'apprécie, fit Lacey simplement. C'est pour ça que je veux bien faire un effort.

- Je te remercie, sincèrement, dis-je alors avec honnêteté.

- Elle n'a aucun ami, tu t'en doutes, elle pourrait se transformer à tout moment, me fit Lacey en sortant les couteaux.

- Je comprends oui, dis-je alors en me lavant les mains.

- Tu as pensé quoi de notre histoire ? me demanda Lacey en s'occupant de la viande.

- Je suis assez paumée en fait..., avouai-je.

- Tu sais qu'elle existe aussi sous une autre version ? demanda Lacey.

- Une autre version ? demandai-je surprise en préparant malgré tout l'eau pour les feuilles de lasagnes.

- Selon une version qui circule aussi parmis nous, ce n'était pas un viol, me fit Lacey.

- Ha bon ? demandai-je.

- Non, on dit que c'était de l'amour et que les deux furent bannis, je préfère imaginer cela, me fit Lacey.

- Parce que c'est moins horrible ? demandai-je quand même.

- Non, parce que c'est plus romantique, répondit-elle simplement.

Je l'ai regardée attentivement et elle sourit. Je ne l'imaginais pas en romantique dans l'âme, surtout avec une telle personnalité mais je trouvais qu'elle avait raison.

- Lacey... Ton frère t'a parlé d'un truc? demandai-je soudainement.

- Ça dépend... Je dois savoir quelque chose de particulier ? demanda-t-elle suspicieuse.

- Je... Je voulais que tu intègres l'équipe, ai-je précisé.

- Hein ? s'étonna Lacey.

- Je sais que tu as voulu passer les essais, et on a besoin d'une fille de plus, avouai-je.

- Je... Je sais pas trop..., marmonna Lacey.

- Et pourquoi pas? lui ai-je répondu. Tu pourrais, moi ça ne me gène pas.

- Ouais peut-être... Mais les autres ? demanda Lacey.

- Elles sont d'accord, même Lana et je lui ai déjà fait remarquer que les rumeurs devaient cesser, avouai-je.

- Je vais y réfléchir..., me fit Lacey.

- Tant mieux, dis-je alors contente de moi.

La mère de famille nous rejoignit, la petite Tammy arborant des vêtements qui lui appartenaient. Eva semblait contente de me retrouver vivante. Pendant la préparation, les hommes de la famille revinrent et je découvris leur mode de vie. Bizarrement, il était normal. Ils parlaient séries et films, musique, lycée, informations... Je me rendis compte qu'en même temps, leur nature n'était qu'un détail pour eux. Cependant, je les voyais parfois se figer et écouter ce qu'il se passait. Je me demandais si c'était assez normal mais visiblement Eva ne réagissait pas.

- Il se passe quelque chose ? demandai-je méfiante à Lacey.

- Hein ? fit celle-ci surprise avant de réaliser que je n'étais pas encore habituée. On écoute les animaux, si ils vont bien... Si ils s'excitent énormément, c'est qu'une ombre est à proximité.

- Ha d'accord, dis-je heureuse qu'elle me réponde.

- Ça t'a fait un choc la transformation ? demanda soudainement Lacey.

- Oui, un peu quand même faut bien dire... Quoique beaucoup serait plus à propos, dis-je en riant. En plus j'ai senti la vague de chaleur et mes jambes tremblaient... J'ai pas eu ça avec Tammy.

Lacey me fixa alors et regarda sa mère. Je me demandais clairement à quoi ça rimait.

- Je ne risque rien? demandai-je tout bas.

- Ho non... Ne t'inquiètes pas, c'est plutôt bien même, dit-elle calmement.

- En quoi? l'ai-je interrogée.

- Je me comprends, fit Lacey en emmenant de la salade à table.

- Eva... En quoi c'est bon? demandai-je encore.

- J'ai eu les mêmes réactions et sensations, avoua Eva. Cela doit être bon signe à leurs yeux.

- Ho parce que vous avez totalement accepté, d'accord..., ai-je enfin compris.

Franchement j'étais consternée. D'accord ils trouvaient que c'était un bon signe mais pourquoi autant tourner autour du pot? Je n'allais pas trouver cela très choquant que cette famille apprécie ma réaction.

- À table les garçons, vous ferez la vaisselle je préviens, fit Eva en m'indiquant d'aller m'installer.

Je me suis alors assise à table et ils me servirent en plus. J'étais vraiment touchée de tant de sollicitude.

- Je..., ai-je soudainement hésité.

- Oui? Tu veux autre chose ? demanda Eva. Si c'est de l'alcool c'est non.

- Non pas d'alcool, précisai-je en la voyant montrer la bière de son mari.

- Tout va bien? me demanda Matthew.

- Oui... Je voulais juste vous remercier de m'acceuillir dans votre famille, et de partager votre secret, dis-je alors avec un sourire. Je ne vous trahirai jamais, soyez en assuré.

- Amen! fit alors Eva en riant.

- Manque que des nuggets ! lança alors Tammy.

Ce fut un magnifique fou rire autour de cette table, je n'arrivais pas à croire que je prenais un repas avec des créatures surnaturelles. Mais je ne m'attendais pas non plus à ce que ma vie soit aussi transformée par cette rencontre...


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