Wolf Skin: Omega
IX.
LE SECRET DE MATTHEW
Dormir... C'était désormais quelque chose que j'avais évité de faire. Bon d'accord, je n'avais passé qu'une seule et unique nuit blanche. Je n'avais littéralement pas dormi tant cette étrange situation était perturbante. Je ne comprenais rien à ce qu'il s'était passé. Comment la machine avait bien pû afficher autant de chromosomes ? Et surtout pourquoi Matthew avait tout fait pour éviter de passer ce fichu test. Il était au courant de ce que j'allais découvrir, c'était bien obligé sinon il n'aurait pas pris le temps de tout nettoyer. Peut-être avait-il une anomalie, en même temps vu ce que j'avais vu, c'était même une évidence. Moi la seule chose dont j'étais devenue absolument sûre, c'était bien le goût du café. J'en avais descendu près de deux litres entier, bien noir et bien corsé. J'espérais secrètement ne pas avoir fait trop de bruit dans la cuisine d'ailleurs, espérant ne pas avoir éveillé l'attention des habitants de ma maison.
Mes recherches, je les avais tout de même commencées après avoir fait mes devoirs, préférant être totalement débarrassée de cela afin de m'occuper du cas Matthew Wilder. Des heures durant, j'avais arpenté les encyclopédies médicales que je trouvais sur internet et également Wikipédia. J'avais entré et cherché des dizaines et des dizaines d'entrées plus diverses les unes que les autres : trop de chomosomes, vivre avec des chromosomes en plus, anomalie d'analyse chromosomique, humain mutant... Bon je dois bien reconnaître que certaines me menèrent carrément dans les comics des écuries Marvel et DC, chose qui ne m'apporta pas grand chose hormis si j'escomptais que Matthew était une incarnation réelle de Wolverine. Naturellement, sur des sites bien plus sérieux et donc médicaux, je suis tombée sur des cas de personnes possédant effectivement des chromosomes en plus. Ce genre d'anomalies ne concernaient cependant qu'un seul chromosome, voir deux peut-être. En plus, les cas possédant ces fameuses anomalies ne vivaient guère longtemps ou alors avec des problèmes médicaux extrêmes. Au bout de mes neuf premières heures de recherche, j'ai soupiré de colère en m'allongeant sur le dos. Le matelas me soulagea un petit peu.
- Bordel... Je trouve rien..., grommelai-je en saisissant mon téléphone.
Je suis retournée tour simplement sur ses pages de réseaux sociaux, cherchant si je voyais quelque chose de surprenant. C'était toujours vain, j'avais oublié qu'il ne postait pas grand chose de personnel. C'était plutôt consternant. J'en avais tellement marre que j'ai laissé retomber mon téléphone sur le lit pour me frotter les yeux. Tout à coup, quelqu'un frappa à ma porte et je me suis redressée du mieux que je pus.
- Oui? répondis-je me doutant que vu qu'il n'était que neuf heures du matin, c'était quelqu'un de ma famille.
- Coucou ma puce, fit alors ma mère en ouvrant ma porte. Je peux entrer?
- Oui, bien-sûr, dis-je en refermant mon ordinateur et le déplaçant. Assieds-toi.
Ma mère avança doucement vers mon lit et se posa dessus avant de m'observer attentivement. Moi je la regardais assez méfiante, m'inquiétant de la suite.
- Tout va bien? demanda ma mère inquiète.
- Oui..., répondis je en baillant. Pourquoi ?
- J'ai l'impression que tu n'as pas beaucoup dormi... Je suis allée à la salle de bain cette nuit et il y avait de la lumière sous ta porte, m'expliqua ma mère.
- Je trouvais pas le sommeil, dis-je calmement. Alors j'ai bossé sur mes devoirs.
- Est-ce que c'est par rapport à l'incendie ? me demanda ma mère.
Évidemment, c'était à ça qu'elle pensait. C'était en soit assez logique, je pourrais vraiment être traumatisée par cela, et je lui étais assez reconnaissante d'y penser.
- Non Maman je t'assure, dis-je alors pour la rassurer.
- Je suis là si tu as besoin d'accord ? me fit alors Maman.
- Mais je le sais, dis-je alors poliment. Je suis un peu préoccupée...
- Il t'est arrivé quelque chose ? demanda ma mère décidément aussi curieuse que moi.
- Non tout va bien, je n'avais pas envie de dormir, je savais que j'avais beaucoup de boulot alors..., dis-je en haussant les épaules.
- Mais tu sais que tu as besoin de sommeil, avec ce qu'il s'est passé, il faut te reposer, me fit ma mère.
- Maman je le sais... J'ai juste travaillé toute la nuit, ce n'est pas pire qu'en période d'examens, me suis-je alors justifiée.
- Chérie... Ce n'est que le début de l'année et il s'est passé beaucoup de choses, entre le divorce, le déménagement, la forêt et l'incendie, j'ai un peu peur, me fit ma mère légèrement stressée.
- Mais tu as peur de quoi exactement ? demandai-je méfiante.
- Avec tout ça... Tu pourrais être tentée de faire des bêtises, me fit ma mère.
J'ai regardé ma mère avec quelques difficultés à comprendre ses propos, en même temps vu le manque de sommeil, c'était compréhensible. Et puis j'ai compris ce qu'elle entendait par faire des bêtises.
- Tu me demandes si je prends de la drogue ? demandai-je méfiante.
- J'ai confiance en toi mais avec le stress peut-être as-tu eu besoin de médicaments par exemple, me fit ma mère.
- Maman, je n'ai même jamais touché un joint alors des pilules sûrement pas... À part un antalgique si j'ai une migraine bien-sûr, avouai-je quand même.
- Parce que le stress, le manque de sommeil... Ce sont des signes tu sais? me demanda ma mère.
- La vraie question c'est comment toi tu le sais? dis-je alors en réponse.
- J'ai un peu honte de le dire, marmonna ma mère en me regardant.
- J'écoute, dis-je calmement.
- Je m'étais beaucoup renseignée à cause du divorce, je me disais que peut-être tu allais faire ce genre de choses... Pour te rebeller, exprimer un mal-être... Tu vois? me demanda ma mère.
- Maman, c'est pas parce que j'ai tout quitté en partant de Topeka que je vais faire toutes les conneries possibles et imaginables, en plus c'est toi qui a eu raison de quitter Papa, je n'allais pas te le faire payer, avouai-je calmement.
- Mais tu me le dirais? me demanda t-elle quand même.
- Tu veux que je fasse une prise de sang? demandai-je un petit peu provocatrice. Je n'ai rien à cacher.
- Ok je te crois, me répondit Maman. Et le lycée ?
- Ça va aussi... Et non je ne subis pas de brimades et je ne me fais pas harceler, je me suis même plutôt bien intégrée je dirai, fis-je alors pensive.
- Ça c'est vrai, me fit ma mère en jouant avec mes cheveux.
- Je vais bien je te le jure, ai-je surenchéri.
- Et est-ce que cela pourrait être...
- Un mec ? demandai-je étonnée. Je ne suis pas du genre à me rendre malade pour un mec, dis-je alors choquée.
- Tu sais qu'une fois amoureuse...
- Je ne le suis pas... J'ai aucun mec en vue, dis-je alors.
- Mais tu pourrais être obsédée par un d'entre eux... J'étais comme ça à ton âge, je voulais tout savoir d'un garçon qui me plaisait, et capable de faire n'importe quoi... J'ai même filé discrètement à un concert en espérant le voir, avoua alors ma mère.
Techniquement parlant, j'étais bien obsédée par un mec. Cependant, ce n'était pas parce que j'étais une amoureuse transie voir une adepte du stalking comme avait dû l'être Maman visiblement. Quoique... Observer en boucle quelqu'un pour découvrir son secret c'était peut-être pareil. Je me suis alors rendue compte que je réfléchissais trop longuement à ce sujet et ma mère m'observait.
- Maman... Je vais parfaitement bien, je te le jure. Je ne sais pas comment te convaincre que je ne prends rien, que je ne cache rien à part mes petits secrets personnels qui ne sont pas dangereux et que surtout je ne suis pas folle d'amour pour un mec au point de me foutre en l'air si je prends un vent, dis-je alors pour éliminer toutes les possibilités. J'avais juste une insomnie... Ça arrive à tout le monde. En fait c'était peut-être parce que l'exercice à l'Université était tellement intéressant que j'aimerais vraiment en refaire.
- À ce point là ? demanda ma mère étonnée.
- Franchement ? Oui, c'était génial... Découvrir mes chromosomes avec du matériel scientifique... Je ne suis pas trop une adepte des sciences mais là..., avouai-je alors.
- Tu vas chercher à faire des études scientifiques ? demanda ma mère. Tu abandonnes la littérature ?
- Non, mais c'était cool... C'est de l'excitation... Comme pour le concert de Justin Bieber quand j'avais onze ans... Tu te souviens que je n'avais pas dormi après être rentrée ? demandai-je alors.
- Oui... Par contre tu t'es endormie devant ton bol de céréales, fit-elle en riant à l'évocation du souvenir.
- Tu vois... C'est juste ça, dis-je alors. Et puis on est samedi alors j'ai le temps de m'en remettre d'ici le lycée.
- D'accord..., fit ma mère en se levant. Mais je veux que t'essayes de dormir maintenant.
- Bon... Je vais essayer, dis-je vaincue non par les arguments mais par le sommeil.
- Moi je vais travailler alors tu laisses cet ordi et ton téléphone et tu te reposes... Promets le moi, me supplia presque Maman.
- Regarde... Je les pose par terre et je dors... Ça te va? demandai-je.
- Parfait, fit-elle en m'embrassant sur le front.
- Travaille bien, dis-je alors.
- Merci... Fais de beaux rêves, dit-elle en quittant ma chambre.
Au final, je m'étais dit que ce n'était pas une si mauvaise idée que cela que d'essayer de dormir. Je pensais que j'aurai de nouvelles idées de recherche après une ou deux heures à dormir. J'ai d'ailleurs réussi à dormir pendant trois heures mais je me souviens de mes rêves, je n'ai rêvé que de l'image de l'écran, constamment. C'était vraiment comme une image fixe. Lorsque je me suis réveillée, j'ai rechargé mon téléphone avant de descendre pour prendre des croissants.
- Coucou ma chérie, me fit Grand-mère devant son journal.
- Bonjour, dis-je en l'enlaçant. Grand-père n'est pas là ?
- Partis acheter des légumes chez les Wilder, dit-elle calmement.
Et après on osera me dire que je suis obsédée... Il faut quand même le faire exprès.
- Donc cela signifie une de tes soupes maison? demandai-je alors intéressée.
- Ou un gratin de courges, me précisa ma grand-mère.
- Tant mieux...
- C'était toi dans la cuisine cette nuit? demanda ma grand-mère.
- Désolée... Je t'ai réveillée ? demandai-je inquiète.
- Non, à mon âge on dort peu, fit-elle avec un sourire. Tu t'es fait du café ?
- Oui, dis-je alors avec un sourire. Je faisais des recherches pour un devoir, j'arrivais pas à dormir.
- C'est sûr que le café ça aide, me fit ma grand-mère.
- Ben quand je suis sur ma lancée, j'aime pas m'arrêter, ai-je avoué. D'ailleurs après j'y retourne, je trouve pas les informations que je veux. Devoir de sciences, mentis je.
- Au moins de nos jours, vous ne devez plus vous enfermer à la bibliothèque, fit ma grand-mère. C'est dommage...
- Je te dérange ? demandai-je avec un grand sourire.
- On y fait des rencontres, me répondit ma grand-mère avec le même genre de sourire.
- Hein? Attends... T'as rencontré Grand-père à la bibliothèque ? demandai-je surprise.
- Et oui, on faisait des recherches sur la Guerre de Sécession, avoua-t-elle avec clairement un sourire ému. Et il m'a invitée à prendre un soda...
- Et tu as dit oui? demandai-je interressée.
- Non, ton arrière grand-père était capable de m'attendre devant la bibliothèque, avoua Grand-mère en riant. On s'est rapproché au lycée.
- Intéressant, dis-je en buvant du jus d'orange. Il a ramé?
- Pas vraiment... Je craquais dessus tu vois..., dit-elle.
- Et à quel point ? demandai-je de plus en plus intéressée.
- J'essayais de savoir ce qu'il aimait... Pour discuter avec lui si je trouvais le courage, tu vois? me fit ma grand-mère gênée.
- Je vois... Bon je vais retourner bosser, j'ai dormi si Maman le demande, ai-je quand même précisé.
- Si tu veux d'autres anecdotes n'hésite pas, me précisa ma grand-mère.
- Promis, dis-je en remontant.
Ce serait pour plus tard en fait mais je ne pouvais pas m'empêcher de rire intérieurement. Maman et Grand-mère semblait du genre à vouloir étudier l'élu de leur cœur. Ce n'était pas mon cas. Moi j'étais surtout obsédée par un mystère qui m'attendait patiemment. Mais je devais reconnaître que cela devait être aussi dérangeant avec un regard extérieur. Je refermai la porte derrière moi en tournant la clef.
- À nous deux Matthew, marmonnai-je en attrapant mon ordinateur.
Je regardai fixement ma barre de recherche en réfléchissant longuement.
- Alors... Ho j'ai une idée... Sens développé, chromosomes..., dis-je à voix haute en écrivant.
Forcément, ce fut à nouveau vain, visiblement les sens et l'ADN n'avaient rien à voir. C'était encore et encore une mauvaise piste. Je me demandais même ce que les gens penseraient si ils trouvaient mon historique de navigation, sans doute que j'étais tarée. J'ai encore écrit des dizaines et des dizaines de possibilités avant de m'effondrer sur mon lit.
- Tu m'étonnes qu'il garde ça secret... Je trouve rien..., grommelai-je.
Je sortis mon téléphone et une nouvelle fois j'ai regardé cette étrange photo de l'écran. Ces chromosomes qui brillaient totalement semblaient littéralement me narguer en me disant que j'étais trop conne pour comprendre. Si je pouvais montrer cela à quelqu'un comme le professeur Togashi, ce serait si simple. Forcément c'était trop risqué pour être fait, je pouvais déjà être considérée comme une folle. Une personne ouverte pourrait clairement me dire si il a déjà vu soixante-dix-huit chromosomes. C'était en pensant cela que j'avais eu la plus brillante des idées.
- Mais oui! dis-je victorieuse. Je tape toujours plus de chromosomes... Des anomalies tour ça... Mais il suffit de taper le nombre de chromosomes, je voulais tellement savoir ce que cela pouvait faire tout de suite que je n'ai pas pensé à la simplicité, marmonnai-je pour moi-même.
Je regardai attentivement mon écran tandis que je tapais les mots "SOIXANTE-DIX-HUIT CHROMOSOMES" et je vis alors une entrée apparaître juste à côté.
- Canis Lupus? dis-je bêtement interpellée.
J'ai forcément appuyé sur Enter et dès la première réponse, j'avais quelque chose. J'ai cliqué pour trouver immédiatement le passage m'intéressant.
- Le génome de l'espèce est composé de soixante-dix-huit chromosomes. Le premier génome... Soixante-dix-huit.. Une seconde, dis-je en remontant pour lire la première page.
J'étais totalement perdue en arpentant la page, et surtout les images qui défilaient. Je n'arrivais pas du tout à comprendre ce que je voyais alors je me suis contentée de lire les premières lignes.
- Canis lupus est une espèce de canidés comprenant plusieurs sous-espèces sauvages, domestiques ou férales, toutes parfaitement interfécondes, comme le Loup gris commun (Canis lupus lupus), le Loup arctique (Canis lupus arctos), le Chien (Canis lupus familiaris), le Dingo (Canis lupus dingo) ou encore le Chien chanteur (Canis lupus hallstromi). Si les formes sauvages sont d'origine holarctique, la domestication et le marronnage ont permis à l'espèce de coloniser l'ensemble des écozones terrestres... UN LOUP?????? dis-je alors complètement interpellée.
Matthew avait le même nombre de chromosomes qu'un loup normal, ce qui était d'ailleurs assez anormal à mes yeux. Je regardai l'écran totalement figée, le doigt en équilibre au-dessus du pad tactile.
- Ho... Je me suis plantée... C'était pas du sang humain... Quelle conne! me suis-je dit à moi-même en refermant l'écran.
Tout ça, c'était pour rien, du temps perdu pour ne trouver que les traces d'une expérience précédente. Quelle merde!
- Fais chier putain! me suis-je exclamée en m'allongeant et fixant le plafond.
Comment j'avais pû croire qu'il était bizarre ? Il était juste taciturne après tout et moi j'en avais fait une histoire invraisemblable. Quelle idiote!
- Matthew... Si tu savais ce que je faisais, je te présenterai bien des excuses... Merde, marmonnai-je consternée. T'es juste un mec renfermé. Moi je suis vraiment une idiote... Tu m'as peut-être sauvée de la pièce mais ça ne prouve rien, tu as dû utiliser un outil...
Je ne sus pourquoi exactement mais à cet instant, je fus prise d'un léger doute et je me suis assise.
- C'est capable de quoi un loup? demandai-je alors en ouvrant l'ordinateur.
Quitte à chercher autant le faire sur cette bête dans la forêt.
- Alors... La morsure du Loup gris peut atteindre une pression de cent-cinquante kilogrammes par centimètre carré contre soixante à soixante cinq chez un Labrador. Le Bite Force Quotient du loup gris est de cent trente six, l'un des plus élevés parmi les carnivores actuels. La vache ! Ça pourrait blesser l'ours et pas qu'un peu... Ou une barre en métal..., dis-je soudainement
Non... C'était impossible. Cela ne se pouvait pas... J'ai continué à lire la description en arrivant sur les sens du loup.
- L'audition du loup lui permet d'entendre des sons jusqu'à quarante kHz ( seulement de vingt kHz chez l'homme), il perçoit notamment d'autres loups hurler jusqu'à une distance de six kilomètres quatre cent à neuf kilomètres six cent... Mais c'est pour ça qu'il a entendu Meghan? demandai-je pour moi-même.
J'étais de plus en plus dubitative en lisant toute la page. Je me faisais des films c'était sûr même. Et puis tout en bas de la page, dans les articles proposés dans la section "Voir aussi" mon regard fut attiré par la lycanthropie.
- Un loup-garou ? dis-je en ne me faisant pas de grosses idées. Et si..., ajoutai-je avant de cliquer.
Mon regard fut immédiatement attiré par la gravure d'un loup-garou bipède dévorant une jeune femme et j'ai déglutis nerveusement avant de lire. Certains détails étaient clairement du folklore et pourtant une partie du texte attira mon attention.
- Le débat sur l'origine des lycanthropes dure depuis des centaines d'années et voit s'affronter des théories très diverses qui impliquent à la fois des théologiens, des anthropologues, des enquêteurs, des médecins, des occultistes et des spécialistes du loup. Bien que les attaques de loups, les berserkers, les symptômes de maladies, de troubles psychiatriques et d'abus de drogues expliquent largement les légendes de lycanthropes, il reste une part de mystère dans leur universalité, et dans le fait que la croyance dans la métamorphose physique et la possession demeure largement répandue... Donc un simple folklore existe partout... Ça ressemble à une putain de théorie de complots..., marmonnai-je.
Il y avait tellement d'information contradictoires qui passaient du folklore à la maladie clinique que je ne savais que croire. Le pire était l'histoire de cette femme de quarante-neuf ans qui se prenait pour une louve et en adoptait le comportement. Elle faisait des rêves érotiques où elle se livrait à des orgies avec d'autres femmes, accompagnée d'un loup dont elle sentait "le fascinant regard rivé sur elle et le souffle tiède sur sa nuque la nuit". Elle ne put résister longtemps à ses pulsions et lors d'une réunion de famille, elle se déshabilla complètement et se mit à quatre pattes devant sa propre mère, dans la position d'une louve en chaleur. Ce qui me travaillait dans cette histoire c'était la description du regard. Un regard fasciné et une sensation de souffle sur la nuque. Je me suis souvenue de cette étrange impression quand j'ai croisé le regard de Matthew la première fois, l'étrange sensation dans ma nuque... C'était totalement invraisemblable. Plus je lisais plus j'essayais de faire le lien.
- Quand j'étais à la ferme... Lacey a bien dit que le soir là était difficile... Et Tammy a insisté qu'il fallait être sage ce soir là... Est-ce que la famille sait pour Matthew ? Est-ce qu'il le cache? marmonnai-je avant de réaliser une chose. Mon dieu... Tammy...
Je me suis alors souvenue d'un petit détail sur la petite fille. Elle m'avait montré sa peluche toute heureuse et m'avait dit : "c'est mon frère". J'avais conclu qu'elle voulait me dire que son frère lui avait achetée mais si c'était à prendre au pied de la lettre.
- Alors... Cycle pleine lune, dis-je en tapant ces mots dans le navigateur. Ho merde...
Le soir de mon passage à la ferme était bien un soir de pleine lune, cela correspondait. Et même le jour de la rentrée alors qu'il semblait fatigué, était également un jour de pleine lune.
- Matthew est un loup-garou..., répétai-je pour me convaincre. Vite... "Histoire de Wolfcreek, Colorado"...
Je n'avais jamais envisagé ce détail, qui n'avait aucun intérêt d'ailleurs jusqu'à ce jour là. L'histoire était quelconque, quelques colons tout au plus. Cependant, ils nommèrent cet endroit de cette manière parce qu'ils découvraient un loup dans la région, rarement et peu souvent. Cependant à chaque fois que les habitants voyaient ce loup, des évènements inexplicables avaient lieu comme des inondations, des incendies de forêt...
- Incendie de forêt ? Comme le gymnase ? Non c'était la foudre... Mais j'ai lu que les loups-garous étaient parfois issu de malédictions, ils apporteraient le mal et la mort... C'est pour cela qu'ils déménagent souvent ? marmonnai-je encore.
Et effectivement, le loup disparut et plus aucun drame marquant n'eût lieu.
- Merde... Merde... Merde..., ça existe... C'est pas possible... Matthew..., marmonnai-je perdue.
J'ai jeté un coup d'œil à mon téléphone, me disant clairement que je voulais savoir la vérité et l'entendre de sa propre bouche. Mais je me demandais si c'était surtout prendre un énorme risque, de quoi serait capable Matthew pour défendre son secret ? Je suis retournée sur la page des lycanthropes et j'ai lu ce que les folklores disaient sur leurs faiblesses supposées.
- La foi? Ok c'est pas bon, marmonnai-je me sachant totalement athée. Belladone? Aconit? Je trouve ça au fleuriste du coin? Alors... Argent... Comme dans les films? Ça vient du folklore ? Ça doit être vrai...
J'ai attrapé ma boîte à bijoux, sachant que je ne possédais clairement pas de balles ou couteaux en argent, et j'ai fouiné à l'intérieur. J'ai trouvé une chaîne en argent à l'intérieur avec un médaillon en forme de feuille. Je ne sais même plus d'où il venait, peut-être de mes grands-parents paternels mais bon, cela ferait l'affaire.
- J'espère que ça marche parce que si il veut me tuer pour ça, je suis foutue, marmonnai-je en attrapant mon téléphone.
J'espérais en réalité passer pour une folle, c'était limite mieux que la vérité que j'imaginais. Comment je pouvais aborder le sujet ? Aucune idée mais j'allais improviser. Je récupérai immédiatement son numéro grâce au message que je m'étais envoyé et je l'ai ajouté à mon répertoire. J'ai inspiré profondément avant d'appuyer sur le bouton d'appel et de poser mon téléphone contre mon oreille. Une sonnerie... Deuxième sonnerie..., faisant que je me trouvais bête. Troisième sonnerie...
- Allô ? fit la voix de Matthew.
- Matthew? dis-je doucement. C'est Debrah...
- Ha... Salut, je lui ai pas encore demandé, me fit Matthew.
- C'est pas grave... C'est à toi que je voulais parler, dis-je alors calmement.
- Ha..., fit-il visiblement très étonné.
- Euh... J'aimerais te voir dans un endroit privé, dis-je sans foncièrement réfléchir avant.
- Pardon? dit-il encore plus étonné.
- Pas un rencard, dis-je comprenant l'erreur évidente. Je veux juste te parler.
- Tu peux le faire au téléphone, dit-il visiblement amusé.
- Je dois te rendre un truc, dis-je ensuite en voyant sa carte d'étudiant sur le lit.
- Ça peut attendre lundi? demanda-t-il soudainement.
- Non... C'est ta carte étudiant, dis-je pour le pousser à accepter.
- Ho c'est pas grave, merci quand même mais j'en ai une nouvelle, dit-il calmement.
- Matthew... Je l'ai trouvée devant la salle qui a pris feu, dis-je alors calmement.
- J'ai dû la faire tomber, me dit-il visiblement en cherchant une excuse.
- Matthew... Je crois que je sais ce que tu es, dis-je alors directement.
- Ce que je suis? Je comprends pas trop..., me dit-il visiblement assez hésitant.
- Tu... Tu es comme la peluche de Tammy, dis-je préférant éviter de dire tout haut ce que je pensais tant c'était invraisemblable.
Ce fut le silence le plus total au bout du fil. J'ai regardé mon téléphone attentivement au cas où il avait raccroché mais il était juste silencieux.
- Tu sais où est la Colline au Loup ? demanda-t-il d'une froideur extrême.
- Euh... C'est près de chez toi c'est ça ? On prend à droite au croisement ? ai-je demandé extrêmement inquiète.
- Dans une heure, j'essaye de me libérer, fit-il alors.
- Matt..., commençai-je surprise avant de voir qu'il avait raccroché.
Je me suis dit que je venais de signer mon arrêt de mort. Il allait m'arracher la gorge c'était une évidence. J'ai alors attrapé ma veste et j'ai bien placé mon téléphone, mon collier et sa carte dans mes poches. Rapidement, je suis sortie de ma chambre avant de descendre. J'ai cherché ma grand-mère et celle-ci avait juste changé de pièce pour s'installer devant la télévision. La pauvre n'avait pas beaucoup de liberté à cause de sa hanche mais cela allait de mieux en mieux.
- Grand-mère, je sors, dis-je alors en m'approchant d'elle.
Je vis ma grand-mère me fixer attentivement avant de réfléchir un instant. Elle prit tout de même la parole assez vite.
- Tu vas voir les filles de l'équipe ? me demanda ma grand-mère.
- Non, un ami, ai-je précisé rapidement.
- Ha bon, dit-elle légèrement surprise.
- Comment ça "ha bon"? demandai-je légèrement effarée.
- Je pensais que pour un garçon tu t'habillerais autrement, dit-elle avec un sorcier.
- C'est juste un ami Grand-mère, précisai-je rapidement. Et pour un devoir.
- Ho d'accord, fais attention, me dit-elle alors.
- Promis, dis-je en réfléchissant un instant avant de l'enlacer. Je t'aime.
- Moi aussi... On dirait que tu ne vas pas rentrer, dit-elle légèrement surprise.
- Mais non, mais non, dis-je en attrapant mes clefs de vespa. À tout à l'heure !
En fait, je me disais que c'était peut-être dangereux après tout et j'avais préféré lui dire quand même. Je me suis empressée de me diriger vers le bâtiment qui servait de garage et j'ai enfourché mon destrier ridicule. J'ai démarré rapidement et j'ai rejoint la route. Je me demandais surtout si je devais envoyer un message parce que le ton employé par Matthew était loin d'être rassurant. Chaque arbre que je dépassais me donnait l'impression de me jeter dans la gueule du loup, enfin... Façon de parler quoi... Je ne savais pas du tout comment Matthew Wilder allait gérer le fait que je sache tout et cela n'aidait pas ma confiance. En un petit quart d'heure, j'étais déjà presque arrivée au fameux croisement. J'ai regardé attentivement dans la direction de la ferme et j'ai fermé les yeux.
- Allez Deb... C'est toi qui a voulu savoir, dis-je en redémarrant.
Je pris doucement le petit chemin menant à la fameuse Colline du Loup, pour y rencontrer ce que je pensais être un loup-garou. Autant dire que le destin avait de l'humour et franchement pas un bon humour. Le chemin était difficile pour ma petite vespa d'un autre âge et je ne pus progresser plus longuement. Je descendis en soupirant et j'ai coupé le moteur.
- Bon plus qu'à le pousser, grommelai-je en maudissant presque mon grand-père pour ce cadeau.
Et j'ai commencé à pousser le scooter après avoir accroché mon casque au guidon. Il faisait quand même froid mais mes frissons tenaient peut-être leur origine de la peur grandissante qui m'habitait. J'espérais qu'il ne soit pas en colère et arriver assez vite en haut. C'était peut-être léger comme véhicule mais le chemin était assez accidenté. Dieu soit loué, si j'étais croyante, j'étais enfin arrivée tout en haut du chemin. Celui m'avait menée à une petite clairière qui surplombait littéralement la vallée forestière. C'était en soit un endroit plutôt magnifique, parfait pour mourir. Oui, j'étais un peu pessimiste. J'ai posé mon scooter dans un coin avec délicatesse et j'ai observé la vue. Je comprenais clairement pourquoi cet endroit était chéri par les jeunes du coin, il avait un côté apaisant. Je serrai nerveusement mon collier avant de l'enrouler autour de ma main, espérant que les légendes soient vraies et que l'argent soit efficace en cas de besoin. J'étais très nerveuse et je regardai sans cesse mon téléphone pour voir si l'heure défilait. Soudain, j'ai sursauté en sentant la vibration de ce dernier et j'ai regardé l'écran. Il s'agissait d'un appel de celui qui m'avait donné rendez-vous.
- Matthew ? demandai-je quand même.
- À ton avis ? me fit il froidement.
- Je suis déjà arrivée à la Colline, ai-je précisé pour la forme.
- J'aurais un peu de retard, me répondit Matthew sur le même ton.
- Ha... D'accord, je t'attends de toute façon, dis-je alors inquiète.
- Méfie toi, il y a des choses dangereuses dans la forêt, fit-il avant de raccrocher.
Il se foutait de moi sans doute, la chose dangereuse, à mes yeux en tout cas, cela risquait d'être lui. Je fus donc laissée à mes solitude et je patientais tranquillement.
- Dépêche toi..., ai-je grommelé toute seule.
Toute à mes rouspétances, j'ai alors cru entendre un bruit. Je me suis immédiatement retournée, sur mes gardes, pour chercher l'origine.
- Y a quelqu'un ? demandai-je. Matthew ?
J'espérais que c'était lui en tout cas, cela m'empêchait d'attendre durant des heures. J'entendis un froissement dans le buisson et je m'en suis approchée.
- Matthew... Je veux juste parler, dis-je pour la forme en écartant le buisson.
Je fus soudainement accueillie par un grognement sourd et je me suis empressée de me reculer. Ce fut malheureusement trop vite que je me reculai et mes pieds heurtèrent un petit rocher.
- Aahhhh, fis-je en tombant sur les fesses.
Immédiatement j'ai quand même reporté mon attention sur le buisson et de celui-ci jaillit une grosse tête. C'était un animal sauvage, un loup, encore un. Pour un endroit qui n'avait de Wolfcreek que le nom, cela faisait déjà beaucoup. Mue par ma peur, je me suis reculée rapidement avant de percuter un arbre.
- Aïe, ai-je grommelé en le percutant avant de regarder le loup. À l'aide ! Matthew ! ai-je appelé en espérant qu'il puisse m'entendre comme il l'avait fait avec Meghan.
Il avançait calmement vers moi en grognant de plus belle, devant me prendre pour son petit déjeuner livré par Uber Eats. Il grognait toujours et je pus parfaitement l'observer en plein jour. Il était massif et possédait une robe grise. Il me fixait de ses yeux gris et j'ai réalisé soudainement qu'il ne pouvait être que le même loup qui m'avait défendue contre l'ours.
- Tout doux... Tout doux, marmonnai-je en le regardant. Je ne vais rien te faire.
Il grognait toujours en me fixant, se demandant sans doute si il allait dévorer un bras en premier ou préférer une jambe.
- Je ne veux pas te faire du mal... Tout doux, dis-je en essayant de me redresser en prenant appui sur l'arbre.
Il grognait de plus belle tandis que je me redressais, ce qui n'était pas fait pour me rassurer. Pourtant je le regardai tellement attentivement que je me suis souvenue d'un détail sur la page wikipédia. Quand un loup devenait agressif, ses oreilles devaient se dresser et s'avancer vers l'avant, ses poils se hérisser et la queue devait être portée haute; pourtant, il n'y avait rien de tout ça. Il grognait, certes, mais il n'avait aucune des caractéristiques de l'agressivité. Je me suis demandée quand même si j'avais bien lu avant de fixer ses yeux. Cette profondeur était intriguante, leur couleur grise semblant briller en me fixant attentivement. Cette façon étrange de me fixer me rappela immédiatement quelqu'un et je fus saisie d'un doute. C'était impossible, nous étions en plein jour, normalement il fallait une pleine lune. Et pourtant j'avais l'impression étrange que c'était bien ça.
- Tu... Tu m'as défendue contre l'ours, dis-je alors méfiante.
Il continua de me fixer en grognant et je ne quittai nullement ses yeux.
- Matthew ? demandai-je légèrement prise d'un doute qui pourtant diminuait.
Le loup cessa d'un coup de grogner et me fixa attentivement comme si il était surpris.
- Est-ce que c'est toi? demandai-je alors choquée il faut bien l'avouer.
Le loup baissa alors la tête en la secouant dans un geste extrêmement humain. J'eus presque l'impression que le loup avait poussé un soupir. Soudain, je le vis trembler légèrement et je me suis inquiétée. Je l'ai alors vu se recroqueviller légèrement avant de grossir. J'ai écarquillé les yeux quand j'ai compris que les poils semblaient rétrécir en même temps qu'il grossissait. Le gris du sommet du crâne de loup laissa place à un pelage noir, que dis-je, des cheveux. J'ai alors ouvert la bouche, sidérée de ce que je voyais, lorsque les pattes avant devenaient des mains et des doigts. Je fus saisie par une chaleur en plein visage, une vague incroyable tandis que je croyais être en plein rêve. Peu à peu, l'être en face de moi se redressait et me surplomba légèrement, dévoilant un torse imberbe et musclé, incroyablement musclé même et je dirai capable de faire rougir de honte une statue de dieu grec. Le sommet du crâne aux cheveux noirs laissa place à un regard froid et dur porté par des yeux gris. Je me sentais tremblante et en sueur, la vague de chaleur ne cessant pas réellement. Ma bouche ne voulait pas se fermer tandis que Matthew Wilder me fixait. Il posa sa main sur l'arbre au dessus de moi et approcha ses yeux des miens alors que je laissai mon dos reposer sur l'arbre. J'étais à sa merci, c'était une évidence. J'entendis l'arbre craqueler au-dessus de moi et je savais qu'il était clairement en train de le broyer. Je ne pouvais cependant pas quitter ses yeux gris qui me fixaient comme si j'étais une proie. Sa main quitta alors l'arbre et je sentis ses doigts sous mon menton.
- Ferme la bouche, fit-il d'une voix calme et profonde en poussant ma mâchoire inférieure.
J'ai refermé la bouche et dégluti, tout en essayant d'enregistrer ce que je venais de voir. Il était difficile de croire que je venais d'assister à la transformation d'un loup en jeune homme. Je sentis sa main se placer sous ma gorge et je fus sortie de ma stupeur.
- Non! Arrête! Je dirai rien! dis-je en saisissant sa main de la mienne totalement apeurée et fermant les yeux.
Je l'ai senti éloigner légèrement sa main mais la distance restait extrêmement courte et dangereuse.
- Il n'est pas assez pur, me fit alors Matthew.
- Quoi? dis-je en ouvrant les yeux pour retrouver le contact des siens.
- L'argent... Il faut qu'il soit plus pur, me fit-il alors.
J'ai immédiatement lâché sa main en remarquant au passage qu'elle était à peine rougie.
- Je... Je... Désolée, dis-je méfiante.
- Tu avais donc compris... T'es insistante comme fille, me dit-il. Je devrais t'arracher la gorge.
Je l'ai regardée choquée et apeurée, je ne savais pas à quel point il était sérieux mais je n'allais pas attendre de le savoir.
- Tu ne le feras pas, dis-je alors.
- Tu crois ? demanda-t-il sur un ton visiblement sadique comme son sourire tandis qu'il approchait à nouveau sa main.
- Alors pourquoi me sauver deux fois ? demandai-je sûre de moi.
- Deux fois? demanda-t-il. Je croyais que je t'avais juste sauvée de l'incendie.
- Et de l'ours... C'était toi... N'est-ce pas? demandai-je alors.
- Et si c'était moi? demanda-t-il provocateur.
- Je te dirai merci, dis-je avant de me souvenir d'un truc. Ta blessure ?
J'avais demandé cela avant de baisser les yeux sur son ventre mais il n'y avait rien.
- Je cicatrise très vite, me précisa Matthew alors que je relevais immédiatement la tête pour regarder ailleurs.
Je devais être rouge pivoine, je n'étais pas totalement sûre mais j'étais prise d'un doute.
- Qu'est-ce qu'il y a? demanda-t-il soudainement inquiet je dirai.
- Tu... Tu... Hmmm, ai-je hésité honteuse avant de faire un signe de main. Tu es à poil...
J'ai tourné la tête pour le regarder, les joues rouges sans doute, et il se figea avant de se regarder.
- Ex... Excuse moi, fit-il se rendant compte de la situation. Je... Je reviens...
Soudain, il s'éloigna en me tournant le dos et je dus me retenir à l'arbre tant mes jambes tremblaient. Ce fut un jeune homme nu que je vis s'éloigner et inconsciemment mon regard descendit. J'ai immédiatement détourné le regard tout en enregistrant la forme très musclée de son fondement. J'avais honte, j'avais regardé ses fesses nues mais en même temps, je restais une adolescente qui pouvait aimer regarder. Je me suis grattée la joue avant de sentir le contact du métal de mon collier toujours présent dans ma main contre ma joue. Visiblement il avait chauffé mais il était totalement inutile. Je l'ai retiré de ma main pour le ranger dans une poche avant de lever les yeux. Il était toujours nu, me dévoilant un dos musclé mais je le vis récupérer son jean pour l'enfiler. Je n'ai pas pû m'empêcher de me dire qu'il serait nu sous son jean avant de me pousser à penser à autre chose. Quand il fut mis, je quittai l'arbre alors qu'il attrapait un t-shirt.
- Pourquoi faire ça ? demandai-je alors.
- Faire quoi? fit-il en passant la tête dans son t-shirt.
- Vouloir me faire peur? Je... Je n'étais pas sûre tu sais? dis-je alors.
- Comment tu as su? demanda-t-il en s'approchant de nouveau.
- Je m'excuse Matthew... Mais après que je t'ai coupé, j'ai trouvé une trace de sang et je l'ai passée dans la machine..., avouai-je honteuse.
- Plus de chromosomes ? Quel con! fit-il pour lui même.
- Je peux garder un secret, dis-je alors.
Matthew me regarda surpris et je me demandais bien de quoi. Peut-être pensait-il que j'allais crier cela sur les toits mais qui pourrait croire qu'un adolescent se transformait en loup? Personne sans doute surtout que moi-même je n'arrivais toujours pas à y croire alors que je l'avais vu de mes propres yeux.
- T'es pas plus choquée que ça ? demanda-t-il me choquant un peu.
- Ben... Si... Je pense, avouai-je. Mais...
- Mais quoi? demanda-t-il effaré.
- Comment c'est possible ? demandai-je en regardant le ciel. On est en plein jour.
- Tu crois que je suis un loup-garou en fait ? demanda-t-il.
- Euh... C'est ce que j'avais conclu oui..., marmonnai-je en regardant mes pieds.
- C'est pas vraiment pareil, me dit-il calmement. Cela s'appelle une peau éveillée.
Une peau éveillée ? Je n'y comprenais rien, chose normale en soit.
- C'est différent? demandai-je.
- Oui, la lune a un effet, mais je peux changer à volonté... Ou presque..., fit-il légèrement pensif.
- C'est comme Jacob dans Twilight ? demandai-je alors.
Il me regarda choqué et plissa les yeux d'un air mauvais. Visiblement la comparaison n'était pas faite pour lui plaire.
- Je ne suis pas amérindien... Mais on en est pas vraiment loin, dit-il calmement.
- Ok... Matthew ? appelai-je alors.
- Oui? demanda-t-il.
- Je garderai le secret je te le jure, dis-je alors. Mais tu comptais me faire du mal?
- Non... J'ai voulu te faire peur... Pour que tu prennes la fuite, personne ne t'aurait crue après le coup du loup dans la forêt, m'expliqua Matthew.
- Forcément... Alors c'était vraiment toi... Je te remercie, dis-je encore avec gratitude.
- De rien, me dit-il calmement en enfilant sa chemise sur son t-shirt.
Je ne savais pas par quoi commencer, j'avais des dizaines, non des centaines voir des milliers de questions à poser.
- Tu peux mordre? demandai-je inquiète de poser des questions.
- Ben oui... Je me change en loup, dit-il surpris.
- Non... Je voulais dire... Ta morsure transforme ? demandai-je encore.
- Ho... Non, imaginaire populaire, répondit-il en souriant.
Le voir sourire me fit me rendre compte qu'il semblait plus détendus. J'ai alors sorti sa carte de ma poche pour lui tendre.
- Merci..., fit-il en la prenant.
- C'est faux alors? Comment tu es devenu un loup-garou ? Enfin... Ce que tu as dit, dis-je ayant déjà oublié le nom vu que j'étais perdue et que j'avais la tête qui tournait.
- Le concept de la morsure est une invention du cinéma pour approcher le loup-garou du mythe du vampire, dit-il calmement. Je suis né comme ça... Enfin ça s'est éveillé.
- Ha..., dis-je en frottant mon front.
- Tu vas bien? demanda-t-il inquiet.
- J'ai la tête qui tourne... Je crois que c'est la descente d'adrénaline, dis-je alors.
- Non, c'est ma faute, dit-il alors.
- Quoi ? répondis-je étonnée.
- La transformation en être humain a des effets néfastes sur l'entourage, c'est un contrecoup si tu veux, une sécurité, m'expliqua Matthew.
- C'est dangereux ? demandai-je inquiète.
- Ça peut mais tu aurais déjà souffert, me dit-il énigmatiquement.
- C'est censé me rassurer ? demandai-je.
- Désolé... Je t'emmène chez moi, dit-il alors.
- Hein? ai-je rétorqué surprise.
- T'as besoin de te poser le temps que ça passe... Et je suppose que tu as des questions, me dit-il alors.
- Oui... Beaucoup même, avouai-je.
- Je vais prendre la vespa, dit-il en s'approchant doucement de moi.
J'ai tourné la tête vers ma vespa et saisie d'un doute, j'ai regardé l'arbre. On voyait largement bien l'endroit où il avait broyé l'arbre.
- Tu es plus fort qu'un humain ? demandai-je alors.
- En partie, me dit-il alors.
- À quel point ? l'ai-je alors interrogé.
Matthew s'approcha de moi et me regarda avec un sourire amusé. Je fus alors étonnée quand il attrapa doucement ma hanche et me souleva d'un simple mouvement de main.
- Hey !!!! ai-je presque hurlé alors que j'étais à près de deux mètres du sol.
- Tu as peur ? demanda-t-il.
- Oui!!! Lâche moi!!! dis-je en panique.
Il me lâcha immédiatement, obéissant à mes invectives, me laissant retomber sur mes pieds. Cependant, mes jambes étaient encore ankylosées et je dus me rattraper à lui. Je me suis retenue à son torse et vexée, j'ai tapé dessus.
- Aïe... Merde! grommelai-je en frottant ma main.
- Ma force et mon endurance sont plus élevées que pour un être humain et cela augmente encore la semaine d'une pleine lune. C'est le seul rapport à la lune que je possède... Ou presque, fit-il en me regardant.
- Presque ? demandai-je intriguée. C'est à dire ?
- Mes sens sont encore plus développés et... Les soirs de pleines lunes je ne ressemble pas vraiment à un être normal..., avoua Matthew comme honteux.
- Tu ressembles plus à un loup? demandai-je pensant à la culture populaire.
- Je prends quelques centimètres, mes cheveux s'allongent un tout petit peu et j'ai des crocs plus visibles... C'est moche, avoua Matthew.
- D'accord, dis-je en le voyant s'approcher de la vespa.
Il ne la souleva pas mais fit comme moi précédemment et se contenta de le pousser. Je le regardai étonnée de faire comme ça et, quand il fut près de moi, il me précisa les raisons de son comportement.
- Imagine qu'on croise quelqu'un, me dit-il simplement.
- Oui, bien sûr..., dis-je compréhensive.
On s'est alors mis à marcher côte à côte pour rejoindre un chemin qui menait près de la ferme. Cependant, j'avais encore bien des questions et surtout une qui allait me faire passer pour plus folle encore.
- Matthew? l'ai-je interpellé.
- Oui... Quoi? demanda-t-il.
- Je peux te poser une question mais tu vas me trouver bizarre, dis-je gênée.
Il fut pris soudainement d'un fou rire et je l'ai regardé étonnée. Son rire était doux et changeait un peu de l'habitude.
- Je te fais rire? demandai-je vexée.
- Te trouver bizarre ? Je trouve déjà bizarre que tu réagisse aussi normalement à l'annonce d'un mec qui se transforme en loup que si j'avais dit que j'étais vegan, dit-il alors en souriant.
- En même temps, avouai-je. Je l'ai vu donc... Plus sérieusement... Tu as déjà entendu parler d'une ombre?
Il me regarda beaucoup plus sérieusement et je compris que je n'étais pas folle.
- Tu as déjà vu une ombre alors... Elles sont la raison de mon existence, dit-il simplement. Elles sont dangereuses mais je t'expliquerai au calme.
- Ok d'accord, dis-je notant pour plus tard.
Nous contiuâmes de marcher côte à côte et j'eus une autre question en tête.
- Tu te retrouves toujours nu? demandai-je alors.
- Malheureusement oui... Pourquoi cette question ? demanda-t-il légèrement stupéfait.
- Ben j'ai tout vu... Non pas que j'ai regardé... J'ai évité même... Mais ça se voit... Enfin je... J'ai pas cherché à la voir... J'aurais pu..., marmonnai-je honteuse.
- Désolé de ne pas y avoir pensé, dit-il alors. Mais c'est pour ça que je ne me transforme pas n'importe où.
- Oui... Ce serait un attentat à la pudeur..., dis-je en regardant vers son jean me souvenant qu'il n'avait rien en dessous avant de rougir.
Je vis son regard tourner vers moi et bizarrement, je n'avais jamais trouvé les arbres aussi intéressant. Tout était bon pour qu'il ne remarque pas ma gêne de l'avoir vu nu ou presque. Je n'avais pas cherché à voir si il était bien membré mais il pouvait le penser.
- Tu es la première personne à qui je le dis, me dit-il alors.
- Ha bon? dis-je surprise en le regardant de nouveau.
- Oui... Tu te doutes pourquoi, précisa-t-il alors.
- Merci de ta confiance, je ne la trahirai pas, dis-je honnêtement.
Je l'ai regardé attentivement comprenant qu'à part sa famille, je serai la première à le savoir. C'était sans doute important. J'étais impatiente de savoir comment sa famille vivait la spécificité de Matthew et comment ils géraient tout ça. Alors que nous nous approchâmes de la ferme, je souris en repensant à la question idiote sur Twilight. La raison pour laquelle j'y pensais était extrêmement simple en réalité. Moi, je faisais partie de la Team Jacob à l'inverse de toutes mes amies et, par un heureux hasard, je connaissais désormais un être humain qui se changeait en loup. Wolfcreek portait donc bien son nom, un loup figurait parmis ses habitants même si il était officiellement un humain. J'étais devenue malgré moi la première humaine extérieure à sa famille à être au courant, je le prenais même pour un immense honneur. Je n'avais pas réalisé encore tout ce que cette information pouvait impliquer.