Wolf Skin: Omega

Chapitre 8 : CHROMOSOMES

7387 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/05/2022 09:25

VIII.

CHROMOSOMES


Ce fut une étrange semaine pour moi, une semaine où j'étais un peu piégée de mes pensées et de mes raisonnements. Je ne comprenais toujours pas pourquoi, dans l'éventualité où je ne faisais pas erreur et que c'était bien Matthew qui avait ouvert la porte, il avait pris la fuite. Cela aurait totalement changé la vision des élèves du lycée pourtant, ils ne les auraient plus jugés bêtement sans les connaître. Matthew aurait pu avoir son petit moment de célébrité pour son héroïsme et il l'aurait clairement mérité. Il nous avait toutes sauvées pourtant, sans lui nous serions toutes mortes asphyxiées. Il était évident pour moi que je lui devais la vie. Puis, j'ai commencé à me poser des questions existentielles. Je me suis demandée si sa famille et lui n'étaient pas sous protection de témoins. Dans cette éventualité, il était logique qu'ils ne nouent aucun lien avec personne et que forcément il évite la médiatisation de son sauvetage. Un peu honteuse, j'ai également envisagé une éventualité bien plus sombre et gênante. Il m'était déjà arrivé de lire des livres spécialisés sur les faits divers et dans ceux-ci, la plupart des pyromanes mettaient le feu pour sauver les victimes. Certains cherchaient la notoriété mais d'autres ne cherchait que le sentiment d'être des héros. En bref, j'étais plutôt en train de créer une liste d'éventualités que de réellement trouver des solutions. Il faut bien reconnaître que la quasi absence totale de ceux-ci sur les réseaux sociaux n'aidaient pas vraiment. Leurs parents avaient une page pour la vente de leurs produits fermiers mais n'en possédaient aucune de personnelle. Leurs enfants en avaient bien une chacun, sauf Tammy bien trop jeune bien sûr. Mais eux, c'était un peu pareil. J'étais convaincue que si ils en avaient, c'était uniquement pour recevoir des alertes sur des groupes ou des auteurs, histoire de se tenir au courant. Ils ne postaient aucune photo personnelle ou message d'activités. La seule chose que faisaient ces deux là, c'était suivre assidûment un groupe de rock de Fort Collins: The Rewind. Perdue dans mes élucubrations, je m'y suis intéressée pour la forme et c'était en réalité un groupe de reprise de rock, de vieilles chansons même. Ils reprenaient les Rollings Stones, The Runaway, Police, Queen, ZZ Top, et bien d'autres encore. Intéressant mais franchement pas probant à mes yeux. Ils aimaient le rock et principalement le punk rock ou le glam rock, incroyable information avec une valeur ajoutée avoisinant le zéro absolu.

Tout cela pour dire que j'avais simplement repris le chemin du lycée en y réfléchissant mais sans jamais n'effleurer que le début d'une piste. Je me concentrais simplement sur mes cours mais je ne pouvais m'empêcher de les observer. J'avais compris que malgré leurs côtés réservés, ils étaient assez sociables. Il suffisait de voir à quel point Lacey avait pu partager un moment avec moi. Je n'étais pas stupide et j'avais bien compris que c'était principalement parce que la petite Tammy m'avait littéralement adoptée mais c'était quand même un premier pas. J'ai donc réfléchi toute la semaine à un moyen de me rapprocher pour comprendre et une idée me traversa l'esprit lorsque le vendredi midi, nous discutions en plein milieu du réfectoire avec les filles. Je les observais toujours la paire Wilder et je me suis souvenu d'une chose. Peut-être allai-je m'approcher d'eux par la grande sœur.

- Dites les filles, ai-je alors interpellé les filles qui discutaient mode.

- Désolée, me fit alors Lana.

- Hein? dis-je surprise. Mais de quoi?

- Je parle d'argent et tout, je sais que tu ne roules pas sur l'or, on pourrait faire des enseignes abordables, se justifia Lana.

J'ai regardé celle-ci attentivement et j'ai compris que j'avais totalement zappé une partie de la conversation. Par chance, j'avais quand même écouté le début et je savais que les filles voudraient bien faire une journée entière de shopping à Fort Collins et qu'en fait elles essayaient de trouver une journée de libre pour toutes.

- Et ça m'arrangerait aussi, avoua Meghan un peu gênée.

- Les filles, rassurez-vous, on n'est pas non plus à Beverly Hills, fit Madison. J'ai rarement dépensé deux cent dollars dans des chaussures.

- Moi juste pour un sac à main, précisa Lizzie. Une fois et Papa a hurlé que j'étais débile de claquer autant.

- Moi je préfère me payer des sorties culturelles alors je dépense pas vraiment, avoua Nicole.

- Moi ça dépend, fit simplement Tina.

- Mais arrêtez, grommela Lana. J'ai l'impression d'être une grosse bourgeoise dépensière.

- Et c'est quoi ton budget shopping ? demanda Madison sur un ton mesquin.

- Ok... Quatre cent dollars par mois c'est peut-être beaucoup, marmonna Lana. Mais j'aime bien.

- Euh... Les filles je parlais d'autres choses, ai-je osé avouer.

C'était un peu gênant. En effet j'avais l'impression que je leur disais clairement que j'en avais rien à foutre de leur sortie shopping. Vu les regards légèrement étonné qu'elles me lançaient, elles devaient peut-être le penser.

- Et tu parlais de quoi? me demanda alors Tina.

- Au dernier entraînement, avouai-je alors cherchant une excuse.

- Bah on était au point, assura Madison.

- J'étais un peu en dessous, avoua Meghan.

- Non ça allait tout ça, l'ai-je alors rassurée. C'était ce que tu m'as dit Lana.

- Je dis énormément de choses, précisa-t-elle avec un rire. J'ai dit quoi pour te perturber autant?

- Tu m'as dit que tu aimerais des conseils pour faire des championnats, ai-je alors rappelé.

Elle avait très peu abordé le sujet en réalité, juste comme ça je dirai même. Mais effectivement l'idée n'était pas mauvaise et en fait, j'y avais à peine réfléchi.

- C'est vrai? On va être championne? demanda Lizzie.

- Du calme mémère, on doit participer d'abord, lui fit Nicole épuisée de l'engouement.

- Et donc... Tu as eu des idées? me demanda Lana soudainement intéressée.

Cela ferait très joli d'être bien classée dans un championnat sur son formulaire d'inscription universitaire, c'était sans doute son idée de base, prouver qu'elle était capable d'être une cheffe. J'avais un peu honte de me servir de ça mais bon.

- J'y ai réfléchi longuement et il est clair qu'il nous faut une fille de plus, dis-je alors légèrement manipulatrice.

- D'accord... On doit être en chiffre pair? demanda-t-elle.

- Non pas forcément, ai-je assuré.

- Bah pourquoi ? demanda alors Lizzie.

- Parce que si nous voulons impressionner les juges, il le faut, ai-je dit simplement.

- M'en veux pas hein? demanda Nicole. Mais même moi je ne te suis pas.

- En quoi on doit être huit? demanda Tina.

- Bon je m'explique, dis-je calmement. Pour lancer une fille avant le début de ses figures, on le fait à deux ou trois, vous me suivez?

- Ben oui, on n'est pas conne! me fit Lizzie.

Je crois que j'avais eu un petit doute mais bon, je n'allais pas commencer à être méchante.

- Donc si elles sont deux pour la lancer, cela fait que nous restons à quatre hors de la figure, on peut donc se placer aux quatre coins et faire le show... Ce n'est pas le cas si elles sont trois, dis-je simplement.

- Et on ne peut pas se placer en triangle inversé par rapport aux lanceuses? me demanda Meghan très sérieusement.

- Ça n'attire que rarement le regard des juges, je suis honnête, dis-je alors avec une véritable honnêteté.

- Tant mieux, je sais pas si j'arriverai à faire un triangle, lança Lizzie.

Toutes les filles la regardèrent pour essayer de décrypter ce propos bizarre. J'avais également activé mon traducteur Anglais/Lizzie mais même moi je ne pigeais pas.

- Il suffit de te placer, fit alors Nicole visiblement aussi paumée que les autres.

- Oui mais après... Tu le fais comment le triangle ? demanda Lizzie.

Ho... Une illumination... Je venais de comprendre. Elle imaginait clairement devoir prendre elle-même la forme de triangle. Tout n'était pas toujours simple avec elle.

- Mais tu fais pas un triangle banane, s'énerva un peu Lana. Tu prends la forme vu du haut !

- Bah j'en sais rien moi..., s'offusqua Lizzie. On fait bien des lettres.

J'ai regardé Lizzie en essayant de me mettre à sa place et surtout de ne pas rire tant c'était improbable. Ce n'était pas simple mais bon.

- Argument valable, fit alors Madison. Je comprends l'erreur.

- Toi non plus tu n'avais pas compris ? fit Lizzie rassurée. Tant mieux.

- Mouais... Disons cela, fit Madison en haussant les yeux au ciel.

- Bref... Et donc le triangle c'est de la merde pour les juges? demanda enfin Lana.

- La merde non mais c'est moins impressionnant, ai-je avoué.

- Et tu proposes quoi à la place ? demanda Lana très intéressée.

- On lance une deuxième fille et elles font la même figure, j'ai déjà vu ça chez les professionnelles et franchement ça claque, ai-je assuré.

- D'où l'idée d'être huit, au pire on est toujours en carré... C'était bien cela que je devais comprendre ? me demanda Lana qui m'avait écoutée religieusement.

- Tout à fait, bien sûr c'est juste une proposition, dis-je préférant la jouer fine.

- Et ça ne va pas être facile, assura Nicole.

- Pourquoi ? demandai-je étonnée.

- Parce qu'à part toi et Meghan, fit alors Tina en prenant la parole ; les autres c'était un peu naze...

- Et vu comment je les ai rembarrées, elles ne reviendront pas, fit soudainement Lana assez honteusement.

- C'est à dire? demanda Madison.

- J'ai dit qu'elles avaient franchement pas assez de talents, avoua Lana gênée.

- Bravo, fit Madison en applaudissant. Belle mentalité... Et si l'une de nous se blessait ?

- Ouais ouais... C'est bon je suis désolée... Ça va? demanda Lana outrée.

- Et maintenant l'idée de Deb est foutue, génial Lana, grommela Tina.

- Y a toujours moyen..., hésita Lana.

- Et tu vas faire quoi? demanda alors Nicole. T'as pas de talents mais viens quand même ? proposa-t-elle avec beaucoup de mesquineries.

- Je vais en prendre plein la gueule ? On a qu'à trouver une fille et lui proposer non? demanda Lana. N'importe laquelle tant qu'elle s'applique.

Les filles la regardèrent légèrement choquées. Lana avait dû oublier ce qui s'appelait le savoir vivre. Dire à quelqu'un qu'il n'a pas de talent, faut espérer que cette personne n'ait pas de tendances suicidaires. Quel manque de tact! Mais bon, c'était une solution de facilité.

- Bah en fait, dis-je faussement pensive. Y avait une autre fille aux essais.

- Qui ça ? demanda Meghan.

Je me suis simplement retournée vers la table des Wilder pour regarder la concernée. J'espérais que cela passerait.

- T'es malade? demanda Lana.

- Bah non, dis-je tout simplement.

- Elle a pas le temps, elle a sa fille à gérer, fit Lana en riant.

- Lana, je t'assure que c'est sa sœur, dis-je alors.

- Et comment tu peux en être aussi sûre ? demanda Lana amusée.

- Je l'ai bien compris quand j'étais chez eux, dis-je alors.

Les filles tournèrent toutes ensemble la tête vers moi. J'avais l'impression d'avoir annoncé avoir tué quelqu'un.

- T'es allée chez eux? demanda Tina étonnée.

- Ben oui..., dis-je simplement surprise.

- De ton plein gré ? demanda Nicole.

- Mon grand-père était vétérinaire, ils l'ont appelé au secours et j'étais avec lui, expliquai-je rapidement.

- Ha oui... Ma voisine a perdu son cheval, fit alors Tina.

- Super! Ils tuent les chevaux en plus, grommela Lana.

- Dis pas ça, fit alors Tina. Le cheval avait une anomalie cardiaque. Il serait mort n'importe où.

- Ça me rassure, marmonnai-je.

Au moins ils n'auraient pas d'ennuis avec la propriétaire du cheval, c'était déjà cela. Ils n'en avaient pas besoin.

- Bref... Et donc ? demanda Lana peu convaincue.

- Je crois qu'elle a du temps libre une fois hors de la ferme, dis-je calmement. Elle n'est dans aucun club je crois...

- C'est clair, ils en veulent pas non plus, fit Nicole qui devait être en cours avec elle.

- Et tu crois que cette folle furieuse va accepter ? demanda Lana.

- Parce que tu crois qu'elle irait passer les essais par amusement ? demandai-je choquée. Elle a juste stressé je suppose.

- Franchement... T'as du bol d'avoir de l'expérience, me fit alors Lana.

- T'es en train de me dire que tu m'aurais virée sinon? demandai-je choquée.

- Bien sûr que non, on est quand même amies, je t'aurais juste dit que t'étais tarée et de garder tes idées pour toi. Je suppose que tu dois cerner le potentiel, m'expliqua Lana.

- Mouais... Vexant mais bon... Ça tient la route, ai-je grommelé.

- Te vexe pas, c'est pas méchant, me fit Lana. Mais tu te démerdes.

- C'est à dire ? demandai-je étonnée.

- Pour la recruter... C'est ton idée et je te laisse aller te faire envoyer sur les roses, fit Lana en riant.

- Ça j'avoue que je ne suis pas à l'abri, dis-je alors en riant.

Et bizarrement, les filles se sont mises d'accord pour approuver l'idée. J'étais contente du résultat mais j'ai commencé à me demander si c'était une si bonne idée. En fait, je risquais clairement de me faire dégager à coups de pieds au cul. Si Matthew n'était pas très sociable, sa sœur était plutôt caractérielle et capable de se braquer au moindre propos. Je l'avais vu dans sa chambre ce petit détail, elle était convaincue que j'allais la piéger. Cela n'allait pas être aussi simple. Mon idée était bonne pour m'en approcher mais en même temps, c'était le meilleur moyen de me la mettre à dos. Je m'étais clairement imaginée sympathiser avec elle et réussir à la faire parler de son frère mais c'était peut-être tirer des plans sur la comète.

- Alors sinon, prête à voir l'Université de Fort Collins? demanda Lana.

- J'espère qu'elle est bien oui, dis-je intriguée.

- Ils ont un bon département de sciences, expliqua Tina. Tu verras ça va t'intéresser, dit-elle en plus.

C'était vrai que les autres filles avaient déjà eu ce cours spécial en direct à l'université. Le professeur leur avait demandé de ne pas expliquer l'exercice aux autres classes pour qu'elles gardent la surprise. Je me demandais ce qu'on allait faire.

- Vous avez de la chance, moi ce sera que l'année prochaine, grommela Meghan.

- T'as le temps ma belle, fit Lana. On y va chaque année en sciences... L'année dernière on est allé voir les planaires et leurs capacités à créer un double d'eux même avec un petit morceau... C'était spécial.

- Donc je verrai les planaires ? Cool! fit Meghan.

- Et profites, ce sera peut-être comme moi ta seule chance d'aller à l'Université, fit alors Lizzie en riant toute seule.

Si ça, cela ne s'appelait pas plomber l'ambiance, je ne savais pas ce que cela pouvait être. J'ai regardé vers Lizzie assez gênée. Elle n'était pas totalement loufoque, elle se rendait bien compte qu'elle était incapable de suivre des cours universitaires. Plus aucune des filles ne savait où se mettre.

- Tu sais... Je pense qu'en bossant bien tes examens, tu peux viser une université d'état, lui fit Lana.

- Et ru pourrais être recrutée comme cheerleader aussi, ça donne des bourses, dis-je alors.

- Ou en cours du soir, c'est bien aussi, plus accessible, fit Madison.

- Hey calmez vous... Je sais que j'en suis pas capable mais je m'en fous, dit-elle alors.

- Tu as d'autres idées de carrière ? demandai-je alors.

- Ouais, couturière... Lana achètera les fringues que j'aurai dessinées, fit-elle en riant. Y a des formations dans les grandes maisons à New York. J'ai déjà envoyé quelques dessins...

- Tu dessines des fringues ? demanda Lana étonnée. Depuis le nombre d'années que l'on se connait tu l'as jamais dit, fit-elle très choquée.

- Je voulais pas que l'on se moque... J'ai compris que j'aimais dessiner durant les arts plastiques mais surtout des vêtements..., marmonna Lizzie.

- T'as des dessins sur toi? demanda Nicole intéressée.

- Oui sur mon téléphone..., fit Lizzie étonnée.

- Allez envoie qu'on regarde, fit Lana.

Je me suis levée pour m'approcher derrière Lizzie et regarder par dessus son épaule. Cette fille si loufoque avait un putain de vrai don. Ses robes et ses tailleurs pourraient faire pâlir les plus grands stylistes. Tout était beau et distingué mais surtout extrêmement portable. En plus, elle récréait chaque dessin deux fois car elle voulait le modifier en fonction des morphologies. Elle pensait littéralement à tout le monde. On était toutes totalement surexcitées.

- J'ai commencé mes robes de bal l'année dernière, avoua Lizzie fière d'elle.

- Attends la robe blanche et noire... Tu l'as faites toi même ? demanda Lana.

- Oui... Ça m'a pris beaucoup de temps, dit alors Lizzie.

- Mais t'étais une bombe... Putain je vais te commander des fringues moi, dit alors Lana amusée.

- Ben pourquoi pas... Je pourrais essayer de vous faire des fringues, proposa Lizzie. La prochaine fois faudrait qu'on aille chez moi.

Rendez-vous fut pris. Meghan et moi eûmes tout de même le droit de voir cette fameuse robe et effectivement, Lizzie aurait pû faire chavirer tous les Bachelor du monde. Cette fille était extrêmement douée. Soudain, nous rappelant sans se gêner où nous étions, la voix du principal se rappela à notre bon souvenir via les hauts-parleurs.

- Ici le Principal Wood, je tiens à rappeler aux élèves ayant cours cet après-midi avec les professeur Marshall et Barnes que vous devez vous rendre sur le parking. Pensez à prendre de quoi vous désaltérer avec vous, un embouteillage suite à un accident de la circulation ralentira le trajet, prévint alors le proviseur.

- Bon ben les filles on y va, fit Lana aux autres. Bon cours.

- À toutes!!! dis-je en saluant les miss.

- Envoie nous tes chefs-d'œuvre Liz! hurla Tina depuis la table.

- Promis!!!

Il ne nous resta qu'à nous rendre bien patiemment sur le parking du lycée où attendait un car scolaire. Vu le nombre des élèves, sachant que les élèves du professeur Barnes d'un an plus vieux que nous allaient assister à des cours d'astronomie dans un grand planétarium en rapport avec les grandes découvertes de l'histoire, ce n'était pas du luxe. Je suivis patiemment mes deux copines à l'intérieur et nous nous sommes arrangées pour que je puisse m'asseoir sur le siège juste devant elles pour discuter.

- Mais Liz... T'es une surdouée, la future Karl Lagerfeld, dis-je alors.

- J'adorerais bosser pour Channel, avoua celle-ci.

- J'adorerais acheter tes créations, fit Lana en riant.

- Moi je me contenterai de les admirer en vitrine, dis-je en plaisantant.

- Si on est toujours copines je vous ferai envoyer des exemplaires numérotés, nous fit extrêmement fièrement Lizzie.

- On restera amie alors! assura Lana.

C'était une boutade mais c'était extrêmement drôle. Nous discutâmes encore un peu plus longuement quand mon regard se porta sur mon fameux binôme de sciences. Il était tout au fond du bus et regardait un livre en écoutant de la musique, seul comme toujours. Je me suis mordillé la lèvre en le regardant, me demandant si c'était le bon moment.

- Vas-y, me fit soudain Lizzie.

- Non .. Il va gueuler, dis-je alors.

- Surtout que je ne suis pas sûre qu'il soit du genre à nous aider à convaincre sa sœur, fit alors Lana.

- Hein? s'étonna Lizzie.

- Tu parlais de quoi ? demandai-je alors légèrement effarée de sa réaction.

- Ben... De tenter une approche, m'assura Lizzie.

- T'es grave toi... Je vous jure, ai-je alors marmonné.

Je regardai toujours dans sa réaction et je me suis dit qu'après tout il ne pourrait pas me dégager, j'étais dans le bus et lui aussi. Sauf si bien sûr il était capable de me jeter par la fenêtre, là j'aurais du soucis à me faire. Je me suis alors levée et j'ai avancé vers le fond du bus. Chacun de mes pas semblait me mener vers une crise de colère plutôt violente. J'avais un peu peur de sa réaction et, tandis que le bus ralentissait à cause des bouchons, je me suis postée juste à côté de son siège. Il mit à peine quelque seconde à réaliser ma présence et posa son livre sur sa jambe avant d'enlever une oreillette de son casque.

- Excuse moi de te déranger, dis-je alors rapidement. Je peux m'asseoir un instant ?

- Euh... Ouais, dit-il quelque peu étonné.

- Qu'est-ce que tu lisais? demandai-je alors.

Il releva le livre doucement et je pus découvrir qu'il dévorait l'Attrape Cœur de Salinger, un très grand classique américain.

- Cool... J'adore, dis-je poliment. Et toi? Tu aimes les aventures d'Holden Caulfield?

- Je le relis en fait, me dit-il calmement.

- Et... Tu écoutais quoi? demandai-je ensuite.

Il me tendit l'oreillette et j'ai écouté attentivement. Étant donné que je m'étais déjà renseignée, je reconnus Rewind.

- Ho c'est Rewind non? demandai-je. Ils reprennent I Love Rock'n'roll...

Il me fixa attentivement et je compris qu'il n'était nullement dupe de ma stratégie. Il fallait bien reconnaître que la phrase qu'il prononça ensuite était claire et nette.

- Qu'est-ce que tu veux? Parce que si tu comptes tourner autour du pot ça va me lasser, me dit-il froidement.

- Bon..., dis-je légèrement vexée du ton. Déjà je voulais te dire que j'étais contente que ta famille n'ait pas d'ennuis par rapport à Artémis.

- D'accord... Et ensuite ? fit-il froidement.

- Je voulais te parler de Lacey, avouai-je alors.

- Elle a fait quoi? demanda Matthew.

- Rien rassure toi, dis-je alors avec empressement. On avait bien discuté... Je voulais que tu lui proposes de rejoindre les cheerleaders si elle voulait toujours.

- Quoi? s'étonna Matthew. Tes copines veulent d'elle?

Il était clairement méfiant, une fois de plus. Ils n'étaient définitivement pas du genre à faire confiance.

- On aurait besoin d'une fille de plus et elle voulait passer les essais je l'ai vue... Je ne sais pas pourquoi elle est partie mais...

- À ton avis? me demanda t'il en me fixant.

- Je sais pourquoi... T'as raison... Mais elle pourrait se faire des amies... Tu crois pas? demandai-je.

- Surveille tes ennemis de près et tes amis d'encore plus près, me dit-il froidement.

- Écoute moi sérieusement, on ne va pas lui en faire baver, on aimerait qu'elle essaye... C'est moi qui l'ai proposé, dis-je ensuite. Et... Je veillerai sur elle.

- Écoute Debrah... Je sais pas ce que tu cherches, dit-il en me vexant. Si tu veux jouer les bonnes samaritaines, c'est toi que ça regarde mais ne mêle pas Lacey à ça.

- Tu trouves que je me donne un rôle ? T'es sérieux là ? me suis-je légèrement énervée.

- Tu serais pas la première à se foutre de sa gueule, me dit-il soudainement.

- Mais je me fous pas d'elle putain, t'es borné ! Je t'assure que si une des filles lui fait une remarque méchante sur quoique ce soit d'autre que le cheerleading, je la défendrai, ai-je alors tenté.

- Elle a pas besoin de toi, dit-il en réfléchissant un instant.

- Matthew...

- Par contre..., m'interrompit encore une fois Matthew et qui commençait à m'énerver d'ailleurs. Je te remercie pour son devoir, elle a eu un A.

- Tant mieux, dis-je en essayant de sourire. Alors?

- Tu ne me vas pas me lâcher tant que je ne promettrai pas de lui dire c'est ça ? demanda alors Matthew qui se révéla extrêmement lucide.

- Gagné, dis-je avec un sourire.

- Bon je lui dirai, se résigna Matthew.

- Passe moi ton téléphone, lui ai-je presque ordonné.

Il m'a regardé fixement et j'ai attrapé son téléphone pour m'envoyer un texto. J'étais fière de mon piège.

- Maintenant, je pourrais m'assurer que tu lui parles réellement, et je vais insister, dis-je extrêmement victorieuse.

- Du genre chiante, grommela Matthew en rangeant son téléphone.

- Merci du compliment, bon on se retrouve pour le cours, dis-je alors en me relevant. Bonne lecture.

Je me suis éloignée de son siège en retournant vers mes amies. Celles-ci me firent rire durant le cours chemin qui me mena à mon siège, elles étaient en effet en train de m'observer par dessus le dossier. Je me suis laissée retomber sur le siège devant elle avec l'air le plus victorieux dont j'étais capable.

- Et voilà, il va en parler à Lacey, dis-je avant de me figer.

Les deux me regardaient avec un sourire mesquin qui me surpris plutôt deux fois qu'une.

- Quoi? demandai-je étonnée.

- Je mémorise la technique, me fit Lizzie.

- Plutôt directe, fit alors Lana.

- Je ne comprends pas là..., ai-je avoué.

- Tu lui as filé ton numéro, me fit alors Lizzie.

Bizarrement, je venais de réaliser que oui, j'avais donné mon numéro à Matthew. Il n'y avait aucune arrière pensée ou technique d'approche et j'ai dévisagé mes deux complices.

- Vous êtes lourdes, ai-je grommelé.

- Ça va, on plaisante, me fit Lana. Il va lui dire?

- Oui mais j'ai promis que l'on ne ferait aucune remarque désobligeante, c'est clair? ai-je rétorqué.

- Comme si c'était mon genre..., fit Lana en haussant les yeux au ciel.

- Promis juré, craché, fit Lizzie en joignant le geste à la parole.

- T'étais obligée ? demandai-je choquée.

- Ben... On doit le faire non? demanda Lizzie.

Inutile de lutter... Et puis surtout nous arrivâmes enfin à l'Université de Fort Collins et, suivant le troupeau, je suis descendue. Il y avait beaucoup d'étudiants et je préférais rester près de mes amies au cas où.

- On va se trouver des étudiants, fit Lana en riant.

- T'as pas déjà un mec ? demandai-je gênée.

- Bah si... Pour vous deux, fit-elle en riant. Enfin toi t'as filé ton numéro à un mec donc...

Je n'en pouvais plus de cette journée... J'allais sans doute encore en entendre parler pendant un bon moment. Les élèves de l'autre classe partirent dans leurs coins et notre professeur s'adressa à nous.

- S'il-vous-plaît ! nous a interpellé le professeur Marshall. On reste groupé... On ne cours pas et surtout on reste calme. Restez déjà en binômes et suivez moi... Ha oui... Évitez de vous faire remarquer.

En binôme... Ben tiens... Je devais chercher Matthew et il enlevait son casque dans un coin du groupe. Je l'ai rejoint en contournant le troupeau de moutons et je me suis postée à côté de lui.

- Désolée si c'était trop insistant, dis-je quand même.

- Visiblement tu sais ce que tu veux... Et sache que je ne vais pas t'emmerder avec ton numéro, je le passerai juste à Lacey, me dit-il calmement.

- Tu peux le garder, je demanderai des nouvelles de Tammy, dis-je en pensant à la petite.

- Ça lui fera plaisir... J'espère que tu as tes soirées de libre, dit-il ensuite.

- Euh... Pourquoi ? demandai-je méfiante.

- Parce qu'elle nous rend chèvre, dit-il avec un sourire. Debrah vient? On peut aller voir Debrah? Etc.

- Ho c'est mignon, dis-je attendrie. Désolée pour vous.

- Elle ne s'attache pas d'habitude, dit-il calmement.

- Je sais, ta sœur me l'a dit, ai-je précisé. Mais je la trouve mignonne. Au fait... J'ai une question sur elle...

Hou... Le regard méfiant fut brutal, il était clair qu'il s'attendait à la même que tout le monde alors je l'ai rapidement rassuré tandis que le groupe progressait dans les couloirs de l'Université.

- Me regarde pas comme ça bon sang... Je t'ai dit que je n'y croyais pas... T'es chiant, marmonnai-je.

- Bon pose ta question, se résigna Matthew.

- Tammy, c'est la fille biologique de tes parents ? demandai-je alors.

- Non, elle est comme moi et Lacey, une enfant placée, m'expliqua Matthew.

- Ha... D'accord... Je demandais parce qu'elles se ressemblent beaucoup avec ta mère, dis-je alors.

- Sa mère est morte en la mettant au monde, m'avoua Matthew. C'était une amie de mes parents et ils l'ont receuillies. Adoptée même. Mais elle ne le sait pas.

- Elle est encore jeune après tout, dis-je alors comprenant la situation.

- C'est pour ça que Lacey se teint en blonde, me dit-il soudainement.

- C'est sympa, dis-je en continuant d'avancer.

l'Université était gigantesque et on a bien marché dix minutes dans les couloirs. Les étudiants se déplaçaient avec aisance au sein de celle-ci et je m'imaginais très bien à leur place dans près de deux ans. Je regardai les élèves discuter de droit, de commerce équitable, de littérature... C'était réellement un autre monde que le lycée. Et pourtant pas tant que ça. Je m'en suis rendue compte quand j'ai remarqué certaines jeunes femmes qui regardaient notre groupe. En fait certains regards allaient directement vers mon binôme. Je fus un peu étonnée en tournant la tête vers lui et puis je me suis rendue compte qu'avec sa taille et son physique, il était assez loin du lycéen moyen. Il devait vraiment plaire en fait. Moi je trouvais que c'étaient ses yeux qui étaient magnétiques.

- Je n'ai rien dit, me dit-il froidement.

- Hein? me suis-je étonnée sortant de ma rêverie et de mon étrange remarque mentale.

- Tu me fixes comme si j'avais fait un truc, m'assura Matthew.

- Mais non, me suis-je justifiée.

- Bah on dirait, dit il me faisant comprendre que son caractère en rebuterait plus d'une.

- Je... Je me faisais juste une remarque..., dis-je mal à l'aise.

- Laquelle ? demanda-t-il en me fixant de ses fameux yeux gris.

- Laisse tomber, c'est pas important, dis-je alors.

Et puis, nous étions enfin arrivés. Nous sommes alors tous entré dans un laboratoire de sciences et nous eûmes même le droit de porter une veste blanche. Je pus remarquer la présence d'un professeur au bout de la pièce, d'origine asiatique clairement.

- Bonjour à tous, fit-il en s'approchant. Je suis le professeur Togashi, enseignants la biologie et la génétique dans cette université depuis dix-sept ans.

Toute la classe le salua et l'écouta religieusement. Il était petit mais extrêmement calme et flegmatique. Il avait une certaine présence évidente. Je vis alors notre propre professeur aller s'installer dans un coin de la salle, préférant laisser le professeur à son travail.

- Monsieur Marshall m'a fait une demande particulière et je fus ravi d'y accéder, fit alors le professeur de l'Université. Comme vous le voyez sans doute, cette salle de classe est très bien équipée.

Effectivement, chaque plan de travail était équipé d'une assez grosse machine. Je ne la connaissais pas mais au vu du matériel, cela ressemblait clairement à des microscopes high-tech, presque futuristes. J'étais un peu épatée il faut bien le reconnaître.

- J'invite chaque binôme à prendre place devant une machine et à appuyer sur la touche espace du clavier, nous conseilla le professeur Togashi.

Je suivis rapidement mon binôme et nous prîmes place au fond de la classe. Il y avait assez de places pour tout le monde mais elles étaient quand même extrêmement éloignées. Matthew me laissa appuyer sur la touche et je le fis avec une certaine joie, la même que celle d'un enfant qui appuie sur le bouton d'un ascenseur. Je vis apparaître sur l'écran de la machine les deux mots "Analyseur Chromosomique". C'était clairement au delà de notre niveau.

- Vous l'aurez compris, vous allez avoir droit à un petit cours de niveau universitaire sur les chromosomes, nous fit le professeur. Vous aurez un petit fascicule à la fin alors écoutez sans prendre de notes, vous n'êtes pas mes élèves.

La classe réagit en riant à ce propos, il était donc moins sympa avec ses élèves. Moi j'écoutais religieusement.

- Commençons par la base, fit le professeur. Un chromosome représente chacun des éléments essentiels du noyau cellulaire visibles lors de la mitose sous forme de bâtonnets. La capacité de coloration des chromosomes est due à la chromatine dont ils sont formés. Chaque chromosome se divise de façon longitudinale, donnant naissance à deux filaments jumeaux parfaitement égaux. Le nombre des chromosomes est constant pour une espèce déterminée. Quarante-six pour l'homme dont quarante-quatre sont autosomes et deux sont gonosomes. Ils sont constitués essentiellement d’une double chaîne d’acide désoxyribonucléique et sont les supports des gènes, facteurs déterminants de l’hérédité.

J'étais perdue même si c'était clair pourtant. En fait il parlait sans doute beaucoup trop vite. Heureusement que je ne devais pas prendre de notes, je n'aurais noté que la moitié.

- Pour faire plus clair, chacun d'entre vous possède un ADN unique... Sauf si vous faites partie d'une paire de jumeaux monozygotes, fit le professeur. Pendant très longtemps l'étude de l'ADN fut compliqué mais est désormais tellement démocratisée que même la police scientifique s'en sert mais vous devez le savoir, merci la télévision, fit le professeur en riant.

Et oui, nous le savions tous et même Lizzie hochait la tête. C'était une évidence je dirai même.

- Les machines que vous avez devant vous sont le fleuron de la recherche scientifique sur les chromosomes. Elles permettent l'affichage de ces fameux chromosomes. Elles sont programmées pour une démonstration, nous expliqua le professeur.

Pendant près d'une heure, nous eûmes alors droit à un cours complet sur les chromosomes. Ils nous étaient tous décrits ainsi que ceux qui pouvaient être altérés par des maladies génétiques. Ce cours magistral était un des meilleurs cours que j'avais pu suivre même si il restait technique. Étudier le génome humain devait être incroyablement intéressant. Cependant, il était évident que certains semblaient s'ennuyer, ce qui risquait d'arriver forcément. Moi j'adorais quand même, adoptant presque cette machine. Le professeur avait fini son exposé et je crus entendre certains soupirer de soulagement.

- Bon... Je vous ai sans doute lassé et je m'en excuse, fit le professeur en riant. Pour me faire pardonner, je vous propose un petit exercice pratique.

J'ai relevé la tête avec un vif intérêt, j'allais faire joujou avec cette machine incroyable. J'étais au paradis. J'attendais même la suite avec impatience.

- Vous avez dans les tiroirs juste à côté des machines du matériel de prélèvement sanguin, fit alors le professeur.

J'ai ouvert très rapidement le tiroir et sortit deux kits de prélèvement. J'étais impatiente de connaître la procédure. J'ai jeté un coup d'œil à mon binôme qui était resté religieusement silencieux et avait écouté le cours avec un grand intérêt. Il n'était pas très à l'aise tout à coup.

- Ça va? demandai-je tout bas.

- J'aime pas l'idée, me répondit Matthew.

- Tu as peur du sang? demandai-je.

- De le voir en fait, dit-il ensuite.

- Je suis en danger ? demandai-je avec un sourire.

- Hein? s'étonna Matthew.

- T'es pas un vampire au moins ? dis-je mesquinement.

- Tu vois trop de films et de séries pour adolescentes, m'assura Matthew. Ça m'angoisse c'est tout.

- Je commencerai alors, ai-je assuré.

J'ai reporté mon attention sur le professeur, légèrement amusée qu'un mec capable de charcuter Kermit la grenouille avec froideur flippait devant son propre sang. C'était spécial. Suivant les consignes précises, j'ai déballé le kit de prélèvement qui consistait en un petit scalpel et des lames pour microscope ainsi qu'une lotion réactive sans doute, sans oublier la compresse.

- Bien, enfoncez délicatement la pointe du scalpel dans votre doigt et laissez couler une ou deux gouttes sur la lame d'examen, nous demanda le professeur. Ensuite une goutte de lotion réactive et la seconde lame. Puis placez le tout dans la machine.

J'avais obéi et franchement cela ne faisait pas mal du tout. Je pressai la compresse sur mon doigt tandis que la machine faisait son travail. Elle afficha rapidement mon magnifique ADN et ses quarante-six chromosomes et plus particulièrement leur caryotype. C'était impressionnant mais rassurant, je n'avais aucune anomalie.

- C'est dingue, j'ai l'impression d'être une scientifique prête à faire une grande découverte, dis-je en regardant les caryotypes colorés par cette fameuse machine.

- Hmmm, grommela Matthew à côté de moi.

Je l'ai observé et il était totalement paniqué, comme si il allait faire une crise d'angoisse. Je le voyais se gratter nerveusement la main.

- Calme toi, dis-je alors pour le rassurer.

- Mouais..., grommela Matthew de plus belle.

- Passez au second, fit le professeur Togashi.

Je regardai alors Matthew et il était en panique. Je voulais le faire participer quand même et j'ai commencé à déballer son kit.

- Je vais le faire d'accord ? dis-je pour le rassurer.

- C'est pas une bonne idée, me fit Matthew.

- Respire Matthew... Je te jure que ça ne fait pas mal, dis-je ensuite pour le calmer.

Je pris doucement le scalpel et j'ai approché celui-ci du doigt de Matthew. Il était très nerveux et j'ai serré doucement sa main.

- Fais moi confiance d'accord ? demandai-je.

- Je préfère éviter, c'est pas grave, dit-il calmement.

Et là, ce fut le drame... Matthew avait brusquement retiré sa main et son doigt fut lacéré par le scalpel.

- Merde... Pardon! dis-je alors choquée.

Le professeur s'approcha rapidement pour voir ce qu'il se passait.

- J'avais dit doucement, fit le professeur froidement.

- Mais j'ai..., commençai-je.

- C'est ma faute, je suis phobique, me défendit Matthew.

- Ho d'accord... Allez à l'infirmerie, y a un bureau au fond du couloir, fit le professeur.

- Et retourne au car, c'est pas grave, lui intima le professeur Marshall.

Étrangement, Matthew prit le temps de frotter le sang du scalpel et du plan de travail.

- Laisse je m'en occupe, dis-je alors poliment.

- Laisse moi nettoyer ok? me répondit-il nerveusement.

- Ok... C'est bon, dis-je choquée en levant les mains.

Il frotta rapidement, ne laissant aucune trace de l'incident. C'était bizarre pour un phobique de préférer nettoyer. Peut-être ne voulait-il pas m'imposer ce même nettoyage. Je le vis partir choquée et je m'en voulais de l'avoir blessé.

- Vous pouvez consulter le fichier d'archives, vu que vous aviez déjà fait le vôtre, pour comparer, me fit le professeur Togashi.

- Merci Monsieur, dis-je alors.

Je regardai alors le plan de travail et je vis le scalpel désormais propre. Le bouchon plastique n'avait pas été reposé et je l'ai cherché. Matthew avait vraiment bien nettoyé le plan de travail alors j'eus quelques difficultés à le trouver. Et puis je me suis dis qu'il pouvait être par terre. Je me suis penchée et effectivement, il était bien là. Je vis alors une petite tache rouge à côté, la seule preuve de l'incident sans doute. Je pris une compresse pour nettoyer la tâche après avoir ramassé le capuchon. J'ai alors regardé la compresse et me suis simplement demandée ce que cela changerait. J'ai alors pressé la compresse au-dessus d'une lame d'analyse pour faire retomber le sang. Cela ne ferait pas grand chose et j'espérais qu'avec le réactif cela marcherait quand même. Je me disais que je verrai ainsi la fameuse différence sur le chromosome sexuel. J'ai doucement placé la lame et appuyé sur le bouton pour lancer l'analyse. L'analyse fut plus longue que pour moi et j'en avais conclu que c'était parce qu'il y avait trop peu de sang. Et puis enfin l'écran s'alluma.

- Ha... Y avait assez, dis-je en regardant l'écran avant d'écarquiller les yeux.

L'écran affichait beaucoup plus de choses que pour moi. C'était vraiment pas normal. Cela ne devait pas être le sang de Matthew après tout. Je regardai toujours l'écran quand j'ai réalisé que c'était obligatoirement son sang vu qu'il était frais. Mais pourquoi donc l'écran affichait cela. C'était anormal. Je regardai partout autour de moi et personne ne remarqua ma surprise. Je continuais de fixer l'écran avant de me décider à compter. Il y avait beaucoup plus de chromosomes que pour moi.

- Soixante-dix-huit..., murmurai-je. Soixante-dix-huit chromosomes... C'est quoi ce bordel ?

Matthew n'était pas normal, son sang n'était pas normal et son ADN encore moins. J'ai alors attrapé mon téléphone et pris cet écran si étrange en photo. J'aurais une preuve. Après avoir ressorti l'échantillon, j'ai quitté la classe comme les autres mais en restant perdue. Ce que j'avais vu n'était vraiment pas normal, comment cela aurait il pu l'être. Il avait près de seize paires de chromosomes en plus. Pourquoi ? Je n'en savais rien du tout. Lorsque je suis remontée dans le car, mon regard s'était immédiatement porté vers lui et il me fit juste un signe de la main pour me rassurer. Étonnamment, c'était lui qui avait l'air le plus rassuré. Il savait qu'il était différent et tout son cinéma n'avait qu'un seul but: éviter que je ne le sache. Il cachait quelque chose c'était une évidence. Matthew Wilder était différent et j'en avais désormais la preuve. Il ne me restait désormais qu'une chose à faire: découvrir la réalité. Il était clair pour moi que le week-end qui arrivait, j'allais chercher comment cela pouvait être possible. Je devais savoir, je voulais savoir. Il cachait quelque chose au monde et j'allais découvrir quoi. Je ne cesserai mes recherches que quand je découvrirai pourquoi ses chromosomes étaient comme ça. Matthew Wilder avait un secret et je voulais savoir ce que c'était. Cela allait devenir ma seule obsession...


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