Divalis : l'éveil

Chapitre 40 : Mécanisme

1210 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 14/06/2024 21:15

Le mois de novembre est passé, Vlase et les autres ont finalement bien adhéré à la façon de vivre d’Aziel, et celui-ci arrive à suivre le groupe dans ses déplacements, ainsi qu’à chasser. Noël approche, ce qui veut dire qu’ils sont à la moitié de l’hiver et que d’ici à un mois, ils quitteront Ecolyne.

Aziel ausculte son patient, un vieux chien de berger appartenant à une jeune femme de son âge. Celle-ci secoue la jambe de nervosité, se tracassant pour son animal. Le bicolore se redresse tout en enlevant le stéthoscope de ses oreilles.

 

— Il n’y a rien d’anormal, l’examen est correct, dit Aziel en regardant la jeune blonde.

— Il va encore vivre longtemps ? demande-t-elle, inquiète.

— Je ne peux pas prévoir ce genre de chose, Alexie. Il peut avoir un gros coup de fatigue dans un mois, comme il peut être encore avec nous dans cinq ans, explique Aziel.

— D’accord, répond la blonde, peu rassurée.

— Si tu as l’impression qu’il va mal, tu peux m’appeler, je viendrai directement chez toi pour le voir, dit Aziel, bien qu’il doute d’être appelé.

— Ça ne te dérange pas ? Je peux demander Ulrick ? dit Alexie, dont la jambe ne tremble plus.

— Ce n’est pas un problème, appelle-moi si ça peut te rassurer, dit-il en lui souriant.

 

Elle acquiesce, apaisée pour son vieux compagnon qui les suit d’un pas tranquille. Aziel les accompagne jusque dans le hall, puisqu’elle est la dernière visite qu’il devait avoir, et attend l’arrivée d’Ulrick auprès d’Irina.

 

— Tu as l’air pressé de partir ? déclare la jeune femme en lui souriant.

— La prothèse d’Aéon est arrivée, ma première création, j’ai hâte de voir ce qu’elle donne, répond Aziel avec entrain.

— La prothèse pour son pied n’est pas suffisante ? demande Irina, confuse.

— C’est celle pour sa forme animale, une version motorisée pour qu’elle puisse retrouver le plus fidèlement sa mobilité. Si j’y arrive avec elle, ce ne sera pas plus compliqué de reproduire la même chose pour les drakes, explique-t-il, souriant.

— Tu continues ton projet, bien que tu partes ? dit-elle, étonnée.

— On ne part que l’été pour chercher les autres divalis, une fois que nous les aurons trouvés, nous n’aurons plus besoin de nous déplacer, déclare Aziel.

— Tu vas ramener tous les autres ici, à Ecolyne ?

— Je ne sais pas, même si le village m’accepte mieux et qu’ils ne sont pas plus dérangés que cela par la présence d’Aéon et les siens. Nous nous établirons dans la montagne pour que je puisse tout de même venir donner un coup de main ici à la clinique, répond le bicolore.

— Je pensais plutôt au fait que ta maison risque d’être juste, plaisante Irina.

— Il n’est pas dit que les autres divalis soient nombreux, ni même qu’ils accepteront de nous suivre, explique Aziel en s’appuyant contre le bureau.

— Et vous devez absolument aller les chercher ? demande la secrétaire.

— C’est instinctif pour Aéon et j’ai envie de la suivre, dit Aziel.

— Ah, l’amour ! répond Irina, narquoise. Au fait, tu comptes la demander en mariage lors du Dragobete ou du Martisor ?

 

Aziel en a un hoquet, devenant rouge comme une tomate tout en faisant non de la tête. Pour explication, la Dragobete est l’équivalent en Roumanie de la fête des amoureux et le Martisor est une fête pour célébrer l’arrivée du printemps.

 

— Pourquoi ? demande Irina, penaude.

— Aéon n’est pas intéressée par la romance, dit Aziel tout en regardant Ulrick qui vient d’entrer.

— Alors, les jeunes ? On s’ennuie ? réplique Ulrick, plaisantin.

— J’attendais que tu arrives pour aller à La Poste, déclare Aziel tout en s’étirant.

— La prothèse est arrivée ? Pressé de voir ce qu’elle va donner ? réplique l’homme.

— Évidemment, c’est mon premier concept, déclare Aziel avec une certaine fierté.

 

Le bicolore salue les deux autres et va rejoindre les drakes et Aéon qui l’attendent avec les autres au snack. Une fois qu’ils ont fini de manger, ils retrouvent Fafnir pour se rendre au point de poste et retourner par la suite chez le bicolore.

La prothèse sortie de son emballage, Aziel observe avec attention chaque détail, toujours aussi fasciné par le fonctionnement des mécanismes qui permettent à la prothèse une mobilité le plus naturelle possible, grâce aux moteurs qui fonctionnent par système d’engrenage, ainsi que le mouvement même d’Aéon, sans recourir à des capteurs ou de la faire fonctionner grâce aux impulsions du système nerveux. Aéon a donc pris sa forme animale pour laisser Aziel installer la prothèse qui se ferme avec un système de sangle pour la maintenir en place. Comme elle a la patte pliée, la prothèse en prend de ce fait la même position. Attachée, Aéon étend son membre, le mécanisme répondant au mouvement, pour s’étirer comme une patte saine le ferait. Elle ne sait pas bouger les doigts, mais le pied se rétracte et s’ouvre quand elle le replie ou l’allonge.

 

— Je ne m’attendais pas à ce que ça réagisse aussi bien, dit Aéon, choquée.

— Maintenant, voyons si tous les mouvements sont parfaits, sa résistance et son confort aussi, dit Aziel en se relevant.

 

Aéon descend du fauteuil, la patte est au sol et elle exerce une pression de droite à gauche, comme le lui demande Aziel. Les doigts exercent bien une pression indépendante des uns des autres et la cheville semble flexible. Elle marche, la patte artificielle imitant assez bien la saine. Aziel, les yeux sur sa camarade, analyse dans les moindres détails la prothèse.

 

— Elle est raide sur l’arrière, j’aurais dû rajouter d’autres moteurs, appuie-la sur le sol, demande le bicolore à la divalis.

 

Aéon s’exécute, quand elle le fait avec force, les tendons artificiels se replient vers le haut et non vers le bas comme ils devraient le faire. Au lieu de s’opposer à la résistance, ils y cèdent directement, ce qui veut dire qu’elle va être ennuyée quand elle va courir et sauter. Aéon remonte sur le fauteuil et s’allonge pour qu’Aziel reprenne l’artifice. Il avait anticipé en prenant des éléments en plus, il ne lui reste plus qu’à arranger les derniers détails, et Aéon pourra enfin se déplacer comme elle le faisait avant.

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