Divalis : l'éveil

Chapitre 39 : Humains et cryptides

3951 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/06/2024 21:13

Plusieurs jours se sont écoulés depuis que le clan est devenu humain. Le début fut éprouvant. Ne plus marcher sur ces quatre pattes, s’habiller, boire dans un verre, tenir et manger avec des couverts. Apprendre à se comporter comme l’un d’eux et éviter, par exemple, de se renifler.

Aujourd’hui, c’est corvée de vêtements, pour cela, Aziel se rend à la laverie du village en compagnie de la dorée.

Hector, Jillian, Mathias, Valérie et Nathalie, une amie de cette dernière, ont eu la même idée. Hector et Jillian, habitant l’un en face de l’autre, y vont ensemble, Mathias accompagne, et les filles sont de pair. C’est un hasard que tout le monde s’y retrouve en même temps. Aziel se penche devant le hublot et entasse le linge, sous le regard de Jillian, Aéon remplissant la machine à côté.

 

— Tu as oublié de faire tourner tes machines la semaine passée ? demande Jillian en remarquant qu’il y a bien plus de linge qu’à l’accoutumée.

— Des amis d’Aéon sont à la maison, répond celui-ci en tassant tellement le linge qu’il manque de rentrer dans la machine.

— Je n’ai pas vu de navettes, dit Valérie, étonnée. Ce sont aussi des cryptides ?

— Ceux de mon clan ont pris leur apparence humaine pour s’adapter au mode de vie d’Aziel et l’aider dans la maison, explique Aéon.

— Les lisiis et la coïste ? Oh, on ne verra plus sa petite bouille toute mignonne ! réplique Jillian.

— Il y a une coïste ? interviennent en chœur Valérie et Nathalie.

— Vous aimez tous les cryptides de la famille des drakes ? plaisante Aéon.

— Hormis les ecolyns et les coureurs d’Amérique, les coïstes sont les seuls autres drakes encore vivants, explique Jillian. Et ils sont mignons, ce qui leur a valu à un moment d’être capturés en masse pour les domestiquer… Enfin, de votre point de vue, cela doit ressembler à de l’esclavage, non ?

— Ouais, répond Aziel d’un ton sec.

 

Mathias racle sa gorge tout en donnant un coup de coude au blond pour qu’il arrête avec ses questions indiscrètes.

 

— Au fait, Aziel et Aéon, ça vous dit de venir à la chasse cette année ? mentionne le brun.

— La chasse ? demande Aéon en regardant autant Aziel que les autres.

— Tout le village mange ensemble à Noël, donc les tâches sont réparties. Vous devez avoir l’habitude de traquer des proies, dit Mathias.

— Je ne suis pas très bon chasseur, répond Aziel en raclant sa gorge.

— Ce sera l’occasion de t’améliorer, je suppose que vous ne vous servez pas de vos drakes ? intervient Aéon.

— Non, les animaux les entendent approcher, ils fuient bien avant que l’on ne puisse les voir, explique Hector.

— Autant nous rendre utiles, dit Aéon à Aziel tout en lui souriant.

— Mouais… répond le bicolore qui s’assoit sur la machine à laver.

— Ça va, les cerfs sont plus gros que les lapins, ils ne passeront pas entre tes pattes, plaisante Aéon en regardant ce dernier.

— Tu ne sais pas attraper de lapins ? déclare Jillian en riant.

— Les lapins sauvages ne vivent pas en clapier, Jillian. Ils partent dans tous les sens, réplique Aziel, boudeur.

— Ils ne se transforment pas en boule de neige non plus, ricane Aéon.

— T’as fini de me narguer ! réplique Aziel en poussant la jeune, qui lui tire la langue.

— Alors, vous venez ou pas ? grogne Hector.

— Ouais, on viendra, répond Aziel tandis qu’Aéon se dandine devant lui.

 

Leur machine faite, Aziel et Aéon font un détour à la clinique pour aller saluer Ulrick et Irina avant de rentrer.

 

Aéon sort de la douche et s’assoit sur le canapé à côté de Dagan, qui regarde la télé. Aziel nourrit les drakes, Abysse et Buntar sont allés se laver, et Vlase, qui arrive à mieux enchaîner les transformations, est parti courir.

Ils regardent l’émission, un quiz à choix multiple où le joueur doit donner les bonnes réponses.

 

— D’où il connaît toujours les réponses, Aziel ? C’est impossible d’avoir autant de connaissances ! Même les humains ne sont pas toujours sûrs, réplique Dagan.

— Il a peut-être une bonne mémoire ? Je ne connais pas tout non plus, surtout que mon éducation humaine s’arrête à dix ans, tout ce qui touche les lois et la politique me dépasse totalement, répond Aéon.

— Pourquoi les humains se compliquent autant la vie ? avance Dagan.

— Ils ont grandi avec, ils y sont habitués, répond la dorée.

— Un gars disait que l’humain aime se compliquer la vie, rétorque Dagan.

— Je trouve que notre vie de cryptide l’est tout autant, répond Aéon en se grattant l’oreille.

 

Dagan l’observe un instant, alors qu’elle vient à dévier les yeux pour regarder ailleurs.

 

— Je trouvais anormal que tu refoules autant ta nature, mais finalement, je pense qu’elle refait vraiment surface. J’ai pensé de façon étroite. Pour moi, tu devais être notre cheffe, mais je ne te considérais pas apte à l’être. Tu as une façon d’agir à laquelle je ne m’attendais pas, mais je commence à comprendre pourquoi tu agis ainsi. Je ne sais pas si c’est la bonne chose à faire, tu en sembles convaincue et pour l’instant, cela fonctionne.

— Dagan, tu te penses plus faible ou plus fort qu’Aziel ? déclare soudain Aéon en le regardant dans les yeux.

 

Dagan reste ahuri devant la question, puis il détourne les yeux, cherchant ses mots.

 

— Je ne sais pas, il est moins massif que moi, peut-être que nous nous équivalons, répond le rouge en baissant les yeux sur Aéon.

— Tu as parfois envie de le défier, je l’ai déjà senti. Pourquoi te retiens-tu de le faire ?

— Tu veux que je le fasse ? dit-il, perplexe.

— Non, mais vu ta façon de penser, je me demande pourquoi tu ne l’as jamais tenté, demande Aéon.

— Cela serait inutile, même si je le domine, je ne te gagnerai pas pour autant, déclare le rouge avant de se figer en raclant sa gorge.

 

Dagan n’a pas entendu le bicolore rentrer, il ne sait donc pas ce qu’il a pu percevoir. Enfin, il n’a rien dit qui pourrait être pris comme une menace, du moins, il l’espère. Aziel vient s’asseoir à la gauche d’Aéon.

 

— Je doute fortement que tu puisses me dominer, rétorque Aziel.

— Ouais… moi aussi, réplique Dagan en détournant les yeux.

 

Il peine à comprendre en quoi le bicolore est-il plus rassurant que lui ? Même Abysse était impressionnée au début. Tout n’est pas clair dans sa tête, il essaie de percevoir les détails qu’il ne capte pas… Le divalis se met alors à trembler, la boule dans son estomac devenant plus forte. Il renifle pour retenir ses larmes, son visage devenant rouge. Aziel et Aéon le regardent, confus, et se penchent alors sur lui, tandis qu’il s’essuie les joues.

 

— Ça aussi, je ne comprends pas. Avant, je ne me le reprochais pas et maintenant, je revois ton regard et je me sens mal. Quand tu me parles comme tu le fais là, je me sens mal, avoue le rouge.

 

Aéon écarquille les yeux, abasourdie, le regard d’Aziel se fait moins dur également. Le bicolore se redresse pour se rendre dans la cuisine et aller prendre des sodas dans le réfrigérateur, puis revient vers Dagan et Aéon, mû dans le silence. Abysse et Buntar ont fini leur douche, ils reviennent dans le salon pour s’asseoir sur le canapé d’en face. Abysse surprend les joues rougies de Dagan et en penche la tête de confusion.

 

— Vous vous êtes disputés ? demande la jeune, inquiète.

— Pas du tout, Abysse, ne t’en fais pas, répond Aéon en lui souriant.

— D’accord, dit Abysse, qui n’a pas tout suivi.

 

Elle regarde Buntar qui en hausse les épaules, Aziel prépare les tasses de chocolat chaud pour les jeunes. En relevant les yeux, il aperçoit Vlase, devant la baie vitrée, changer de forme avant de rentrer. Aéon relève la tête vers lui en entendant la porte coulisser, puis détourne bien vite les yeux, faisant comme si elle n’avait rien vu. Le renard tremble de froid et c’est avec des pas précipités qu’il se rend jusqu’à la salle de bains.

 

— Mon père a les fesses gelées, ricane Buntar.

 

Le temps que Vlase se douche, les autres préparent le repas : Abysse et Buntar s’occupent des légumes, Aéon met l’eau à chauffer et Aziel et Dagan coupent la viande en morceaux. Puisqu’ils ont tous besoin de viandes crues en certaine quantité malgré les repas chauds, une partie de la viande est gardée sur le côté.

Abysse donne les légumes qu’elle a coupés à Aéon, puis retourne dans le salon avec Buntar pour se chamailler dans le fauteuil. 

Dagan se retourne pour aller mettre son plat au réfrigérateur, Aziel s’écartant pour lui laisser la place. Une fois cela fait, le rouge rejoint les plus jeunes pour aller les calmer avant qu’ils ne retournent les meubles. Il ne reste plus que le plat d’Aziel à ajouter dans la marmite et à laisser mijoter le pot-au-feu. Dagan peine à gérer Abysse et Buntar, qui sont bien remontés. Ils attendent le retour de Vlase pour lui parler, ainsi qu’à Dagan, de la fameuse chasse, dans l’espoir qu’ils y participent également. Bien que surpris à l’idée de chasser des proies qu’ils ne pourront pas consommer, les deux finissent par comprendre l’importance de la démarche et acceptent de donner un coup de main. Vlase, pas de problème, mais Dagan ainsi qu’Aziel sont peu doués, et Aéon n’est pas une grande chasseresse non plus.

Quelques jours s’écoulent encore et voici venir le grand jour. Dagan et Vlase accompagnent Aéon et Aziel, tandis qu’Abysse et Buntar restent à la maison. Avant l’arrivée du trio, ils ont changé leur apparence et les attendent juste devant le chemin enneigé menant chez Aziel. Hector, Jillian et Mathias se joignent à eux, chacun accompagné de son drake, armés d’arcs et de flèches.

 

— Vous chassez à l’arc ? demande Aéon une fois qu’ils posent le pied au sol.

— On ne va pas mordre les animaux avec nos dents, rétorque Hector, narquois.

— Prends-moi pour une bête ! Il faudrait que tu en aies de vrais pour ça, dit-elle en souriant à pleins crocs.

— Hilarant, la naine, prends garde dans la neige, tu risques de te perdre, répond-il en appuyant sur sa tête pour la narguer.

— C’est vrai ça ! Aziel, va chercher une clochette au cas où ! ricane Vlase, ce qui décroche des sourires aux autres.

— Vous êtes trop drôles, les gars… ronchonne la dorée, qui passe en tête de file.

 

Le groupe se met en mouvement derrière elle.

 

— On aurait dû prendre les drakes pour au moins aller jusqu’au plateau, dit Jillian en se tournant sur Mathias.

 

Hector est devant eux, motivé à suivre le rythme rapide des cryptides tout en faisant de grands pas dans l’épaisse neige.

 

— Le plateau est découvert, les animaux nous verraient arriver, mais j’avoue qu’à notre rythme, on va y passer la nuit, réplique Mathias.

— Vous arrêtez de vous plaindre ! Vous avez voulu partir à la chasse. Mathias, pour impressionner Valérie, et Jillian, bah toi, t’es un suiveur, déclare Hector.

— Vous aussi, vous apportez des proies aux femelles pour les charmer ? demande Vlase en tournant la tête vers les garçons.

— Mais rien à voir ! Je ne cherche ni à impressionner ni à charmer Valérie ! ronchonne Mathias, qui se cache dans sa capuche.

— C’est commun aux humains de ne plus savoir parader ? Comment faites-vous pour vous reproduire autant ? ajoute Vlase d’un ton narquois.

— On n’est pas des animaux, heu… J’ai oublié ton nom, le lisii. J’aime bien Valérie, mais ce n’est peut-être pas le cas pour elle. La courtiser ne servirait à rien, à part la faire fuir, et je préfère garder notre amitié que de risquer un froid en la draguant, explique Mathias.

 

Vlase et Dagan penchent leur tête, synchros encore une fois, les concepts d’attachement du point de vue d’un humain leur échappent.

 

— Pourquoi te fuirait-elle ? Parce que tu tentes ta chance ? Ça ne fonctionne pas toujours quand on courtise une femelle, n’est-ce pas, Dagan ? dit le renard au divalis, qui lui répond par une grimace. Si tu ne te montres pas, elle ne saura pas non plus que tu es intéressé. Certaines femelles mettent parfois du temps à se décider, il faut aussi se montrer têtu.

— Sans vouloir être offensant, les cryptides ne ressentent pas d’amour. Vous répondez à vos instincts, déclare Mathias.

— On les protège, on les nourrit, on prend soin d’elles aussi, dit Vlase, son regard sur le brun.

— Mais de façon détachée, tes femelles avaient-elles des particularités ? demande Hector.

 

Vlase les regarde toujours, baisse la tête face à la question d’Hector, puis sur un ton monotone répond :

 

— Reki, plus que les autres, rêvait d’être mère, au point qu’elle est tombée malade quand elle a porté mes fils. Tucha était sensible et câline. Tsveta avait un sacré caractère et elle savait se faire comprendre. Molnii n’aimait pas être ennuyée… ni touchée, dit-il d’un ton sérieux au souvenir des quelques coups de dents que son frère et lui se sont pris. Luna m’agaçait un peu, mais elle était très proche de mon frère. On les connaissait et l’on savait comment leur faire plaisir. Ce n’est peut-être pas la même façon d’aimer que vous, mais j’étais attaché à elles, à mon frère, mes fils et mes nièces.

 

Les garçons deviennent silencieux, ils ignorent que sa meute a été infectée par la rage. Le ton du renard a été si sec qu’Hector en vient à grimacer. Il fixe Mathias et Jillian, qui tirent la même tête. Les mœurs, leur hiérarchie, le fait qu’ils se dominent l’un l’autre… Il ne s’attendait pas à ce qu’un lisii puisse avoir un côté affectif. Il regarde les créatures, Aéon discute avec Vlase, elle a les oreilles basses et sa queue contre elle. C’est de la soumission, ça, non ? Il entend ses paroles, elle demande au renard comment il se sent. Quand elle se tourne sur Aziel, elle s’aplatit encore plus, toutefois, elle ne le fait absolument pas avec le rouge sans poils… Le comportement des animaux est plus simple que le leur. Chez les humains, on parle de langage non verbal, est-ce que ces signes de soumissions seraient proches de cela ? Fait-elle ça non pas pour se placer sous eux, mais par compassion ? Hector ne pensait pas les cryptides si différents et si proches d’eux.

Aéon continue à avancer, Vlase la rattrapant alors qu’elle s’enfonce de plus en plus dans la poudreuse. Aziel, derrière elle, l’observe avec un petit sourire en coin. Il lui avait dit que la neige serait presque aussi haute qu’elle. Mais la tête brûlée n’a pas voulu écouter et la voici dans une situation qu’elle aurait pu éviter.

Hector, derrière Aziel et Dagan, pince ses lèvres pour se retenir de la narguer encore une fois…

 

— Aéon, tu veux que je te prenne sur mon dos ? Tu vas vraiment finir par disparaître, plaisante le brun.

 

Elle se tourne sur Hector, les oreilles plaquées sur son crâne, puis les redresse tout en s’exclamant :

 

— Disparition !

 

Elle se laisse alors tomber dans l’épais manteau blanc sous le regard sceptique des autres.

 

— Je crois que le froid lui monte à la tête, réplique Mathias, à bout de souffle, qui vient de rattraper Hector.

— Ben alors, vous attendez quoi ? dit-elle, ressurgie d’un peu plus haut sur le chemin.

 

Vlase ricane, Dagan, lui, écarquille les yeux et regarde là où elle s’est enfoncée… Elle est passée au travers de la neige sans rien soulever dans son sillage ?

Si, mais tu ne regardais pas au bon endroit pour le voir.

Le groupe se remet en route. Après quelques minutes de marche, Jillian vient à se laisser tomber dans la poudreuse à son tour.

 

— Eh, les gars, je ne sais pas comment vous faites pour ne pas être épuisés, mais c’est chiant de marcher avec autant de neige, on n’attrapera rien, râle le blond.

— Je ne m’attendais pas à ce qu’il y en ait autant, réplique Hector en regardant les cryptides.

— J’ai bien une idée pour aller plus vite et vous aider. En revanche, j’ignore si les autres approuveront, dit Aziel. On les porte.

 

Dagan et Vlase se regardent, Aéon, elle, grimace…

 

— Heu, je ne serais pas contre, mais je doute d’y arriver, dit la dorée.

— Je ne pensais pas à toi, rétorque Aziel en se tournant vers la divalis.

— Dis que je suis inutile ! répond la jeune, vexée.

— Je n’ai pas dit ça, tu es la plus petite, et Dagan, Vlase et moi faisons presque la même taille, c’est logique que nous les portions, répond Aziel.

 

Dagan et Vlase approuvent, le rouge rejoint Jillian, à reculons, Vlase, lui, se place à côté de Mathias et, de ce fait, Aziel regarde Hector et pivote le dos vers lui. Le brun sourit d’ironie et se lance pour monter sur le bicolore, sauf qu’il s’en retrouve de l’autre côté, étalé dans la neige. Il se redresse, pris d’un rire nerveux, Aziel, penché sur lui, retenant le sien.

 

— Je ne suis pas aussi haut que Danseuse, plaisante Aziel.

 

Il se lance cette fois, avec moins de force, et le voilà sur une colonne étroite et pointue qui lui rentre bien dans les fesses… La chevauchée va être horrible. Jillian est sur Dagan, qui est plus large qu’Aziel, et Mathias sur Vlase, qui est tout aussi peu confortable qu’Aziel.

Ils reprennent leur marche, les cavaliers se trouvant un peu idiots sur leurs poneys improvisés.

 

— Si je me tiens à ta crinière, ça va ? demande Mathias à Vlase.

— Ouais, tant que tu ne me l’arraches pas, je ne te mordrai pas, plaisante le renard en se tournant sur le brun, qui rit, peu rassuré.

 

Ils peuvent donc accélérer le pas. Ils rejoignent le plateau, d’où ils entendent le bruit de fracas causé par les bouquetins qui se battent, ainsi que l’aboiement de chevreuils, cherchant de l’herbe sur la prairie enneigée. Ils se glissent derrière les arbres qui les cachent à peine et observent les quelques animaux présents.

 

— Comment s’organise-t-on ? demande alors Vlase.

— On s’avance et on tire dessus, dit Jillian.

— Ils sont trop loin pour réussir à percer leur cuir avec de simples flèches, il faut les approcher, dit Hector.

— Les chevreuils et bouquetins sont rapides, mais plutôt fragiles, enfin les chevreuils, le cou des bouquetins est musclé, même mes crocs ne sont pas assez forts pour les tuer rapidement, dit Vlase.

— Il y en a un qui est isolé, là-bas, remarque Mathias. On peut le contourner ?

— Nous pouvons les ramener sur vous. Dagan, tu restes avec moi, Aéon et Aziel rabattez-les en allant derrière eux. Dagan, va te placer sur le flanc droit, je vais à gauche, vous tirez sur ceux de devant. On mettra à mort ceux qui tomberont, dirige le renard.

 

Les cryptides s’éloignent et se placent en position, le temps qu’Aziel et Aéon fassent le tour pour effrayer et forcer les animaux à aller vers l’embuscade. Vlase et Dagan surgissent à leur tour pour qu’ils ne s’éparpillent pas… Jillian panique un peu en voyant les bêtes approcher, mais Mathias et Hector tirent en essayant de viser la gorge des animaux. Les archers se cachent derrière les arbres pour laisser passer le troupeau en panique, tandis qu’ils regardent Jillian prendre la poudre d’escampette…

Vlase et Dagan se sont jetés sur les chevreuils que les garçons ont touchés, pour un dans la patte et l’autre un peu au-dessus du poitrail.

 

— Vous devez rapporter combien de proies ? demande Vlase.

— Nous avons une liste avec ce que nous pouvons chasser, dit Hector en prenant la feuille.

— Vous avez des listes ? demande Aéon, étonnée.

— Ouais, pour éviter la surchasse, explique Mathias. Chaque groupe à un nombre de proies autorisé. Par exemple, on peut attraper jusqu’à dix chevreuils, mais nous ne pouvons tuer que deux bouquetins, on peut chasser un à deux rennes, pas de limite pour les sangliers et nous ne pouvons pas tuer de cerf du tout cette année.

— Donc vous surveillez aussi les troupeaux ? J’ai remarqué qu’il n’y avait pas beaucoup de cerfs, on attrape plutôt les sangliers, réplique Vlase.

— Vous avez conscience de la biodiversité ? réplique Hector en déviant sa feuille de route pour regarder Vlase.

 

Le lisii lui sourit, comme si la réponse devait être logique pour un humain. Bien sûr, la chasse ne se fait pas en un seul jour, ils ont tout le mois de novembre pour la faire. Les prises d’aujourd’hui sont suffisantes, ils vont rentrer. Hector et les deux autres vont apporter les proies au boucher afin qu’il les prépare pour le festin qu’ils organisent à Noël, et ils en profiteront pour ajouter la famille d’Aéon à leur table.


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