Jeune pousse
- Marchons un peu, qui sait ce que nous trouverons dans les bois dit Alaois en sortant de la cabane.
Dehors, les feuilles continuent de tourner autour de nous et de virevolté sur notre passage, à chacun de nos pas j'entends l'écho encore présent de la musique.
- C'était magique de voir votre musique prendre vie sous vos doigts, dis-je émus.
- Et sous nos yeux rajout-il.
- Mmm mmm, c'est comme si la musique vous obéissez.
- La nature s'est réveillée.
- Elle bouger au rythme de votre musique vous la faisiez dansait.
- Non c'est pas moi, c'était le vent moi je me suis trouvais là par hasard.
- J'ai vu votre façon de jouer, cela n'a rien à voir avec le hasard.
- Ah bon et je joue pour quoi, selon vous ?
- Vous ne pouvez pas faire autrement, la musique vous habite, c'est l'air que vous respirez.
Il me fixe un moment tout en continuant à marcher à travers les bois avant de reprendre.
- Depuis que j'ai cinq ans je me sens en effet habité, par la musique vous l'avais bien dit, mais je suis comme envahie par une chose qui fait que mon corps ne m'appartiens pas complètement. Cette chose c'est la mucoviscidose, cette putain de maladie je la combats depuis ma tendre enfance, elle a fait fuir des amis, les filles aussi et malgré mon jeune age elle va bientôt me mettre KO. Même avec mes poumons tout pourris j'ai bien vécu, j'ai fait le tour du monde avec les meilleurs musiciens classiques du monde. J'ai pratiqué les quelques sports, qui ne risquait pas de me tuer, je suis tombé amoureux et j'ai eu le coeur brisé. Il y a quelques mois mon médecin a dit qu'il fallait que je m'accroche encore un peu en attendant une greffe, mais j'en ai marre de devoir me battre, comme plus rien ne me retenait à Vancouver je suis parti et je suis venu dans une petite ville de Colombie-Britannique. C'est dans mes balades quotidiennes que j'ai vu cette cabane et ce piano. Je me suis dit que peut être quelqu'un quelque part me donner un dernier lieu où je pourrais encore jouer quelques musiques avant de m'envoler comme elle au creux de la forêt.
- Quel vie difficile, il y a sûrement encore de l'espoir pour qu'elle soit plus longue, parce que vous êtes jeune.
- J'ai 23 ans et c'est déjà un miracle, si vous regardez la définition de mucoviscidose dans le dictionnaire vous verriez qu'une personne atteinte de cette maladie n'a pas beaucoup de chance d'atteindre ces trente ans.
- Mmm c'est triste, mais je pense que ce n'est pas un hasard que l'on ce soit croisé dans l'immensité de ces bois.
- Vous pensez que c'est un signe.
- Pas vous, combien de chance nous avions de tomber l'un sur l'autre alors que cette forêt donne sur je ne sais combien d'autres villages que le mien.
- Une dizaine de villages je pense, c'est vrai que ça fait de sacré stat...
- Puis nous sommes tous les deux à des tournants dans nos vies, le coupe-je.
- Ah bon dit-il étonner.
- Vous avez changé de vie et je...
- Excusez-moi de vous interrompre, tenez, approchez et regardez ce que nous offre la forêt aujourd'hui, me dit il en pressant le pas et en s'accroupissant vers une butte d'herbe. Il me tends la main à l'intérieur se trouve une plante qui m'est totalement inconnue. Sa surface est blanche teintée de vert alors que le dessous est complètement blanc et d'aspect cotonneux, sa taille est à peine plus grosse qu'une gomme de crayon. Je l'observe encore un instant dans la main d'Alaois et lui demande:
- Qu'est-ce que c'est ? Je n'ai jamais vu une plante aussi étrange.
- Ce n'est pas tout à fait une plante, plutôt un champignon, du lichen, son nom dans la région est hétérothermie maritime. Elle pousse là ou la terre et la mer se rencontrent.
- Dit-on, vous vous y connaissez en faune et en flore, vous pouvez peut-être me dire comment s'appelle cette forêt?
- La forêt pluviale du grand ours.
- Ce qui explique ma rencontre avec un grand ours.
- Ça explique surtout pourquoi j'ai dû vous sauver.
- Encore un signe qui prouve que notre rencontre n'est pas un hasard.
- Sans moi vous vous seriez fait croquer dit il amuser.
- C'est certain.
- Vous savez dans le village où je me suis installé on raconte une légende sur le piano et la cabane.
- Une légende du style malédiction ou histoires qui font peur.
- Non, pas dans ce genre-là, ça parle plutôt d'amour, de musique et de magie.
- Oh s'il vous plaît raconte-moi disant-je en le suppliant.
Tout en continuant à marcher dans les bois Alaois commence à me raconter le récit de cette légende.
Dans le village d'Hyder où je suis venu prendre refuge, situé plus vers le nord d'ici, on raconte que vivait il y a plusieurs années dans cette cabane un homme seul, il y vivait de chasse et de pêche. Un jour qu'il courait après un lapin, il tomba nez à nez sur une jeune femme à la peau blanche et les paupières closes, elle était mourante.
Il la ramena à la cabane pour la soigner et réussit à lui sauva la vie. Quand elle fut rétablie, notre homme cru qu'elle partirait sans rien dire, mais elle resta un jour, comme un remerciement de l'avoir sauvé. Puis un jour se transforma en moins, puis en année.
La femme aménagea et donna un côté plus coqué à la cabane, notamment en amenant un Piano. Ils vécurent des années ainsi avec la forêt comme seul terrain de jeu, de la musique pour se distraire, un amour naquit et perdura .Comme dirait mon père, ils vécurent d'amour et d'eau fraîche. Il se suffisait l'un à l'autre pour être heureux, resté avec la personne que l'on aime à se pouvoir. .
La présence de cette femme a fait renaître cet homme, il c'était trop longtemps isolé du monde. Il a redécouvert la musique, la paix, il a saisi la chance d'une nouvelle vie, mais vous savez que toutes les bonnes choses ont une fin. À l'aube de leurs cent ans la femme mourut, simplement de vieillesse, ce qui suivi sa mort fut magique.
Un élan phosphorescent apparut devant eux pour emporter le corps sans vie de cette vieille femme encore si belle aux yeux l'homme. Il suivi la lumière vive de l'élan et le supplia de l'emmener lui aussi. L'élan toucha l'homme qui à son tour devient fluorescent, ensemble ils quittèrent cette forêt et laissèrent derrière eux cette cabane et le piano.
- Quelle histoire incroyable, c'est bizarre dans mon village on n'en parle pas, personne ne sait même qu'il y a un piano dans la forêt. Nous, nous entendons plutôt des histoires de loup qui mangent les enfants ou d'ours qui se transforment en hommes pour mieux croquer les jeunes et tendres femmes. Vous êtes pas un ours au moins ? dis-je en riant.
- Je suis tout ce qu'il y a de plus humain, je vous ai sauvé d'un ours ne l'oubliez pas.
- Mehh, cette peut être pour m'avoir à vous tout seul dis-je toujours en riant avec un léger malaise en me rendant compte de ce que je viens d'insinuer .
- Parce que vous croyez aux légendes que l'on raconte dans tous ces petits villages à l'aurait de la forêt.
- Je ne serais pas allé me promener dans celle-ci, si je croyais tout ce qu'on raconte.
- Serte me dit-il en souriant..
À force de marcher, nous avons fini par atteindre l'aurait de la forêt où on aperçoit mon village. Je vois de nouveau Alaois accroupie près d'un bosquet. Il me demande cette fois de le rejoindre et m'explique ce que je vois;
- Cette fleur c'est du Lilas, elle est rare dans la région c'est pourquoi je ne veux pas la cueillir.
- Elle est magnifique.
- On les trouve habituellement dans des régions plus chaudes et sûrement pas à l'ombre des arbres d'une forêt.
- Pourquoi est-elle là alors ?
- Si j'étais superstitieux je dirais grâce à la magie de l'élan fluorescent vue qu'elle dégage la même lueur.
- Vous ne l’été pas ?
- Non, c'est donc une autre forme de magie, celle de la nature et de la vie qui cherche sa place quoi qu'il en coûte.
- Et pourquoi cette fluorescence ?
- Ça c'est grâce à la chlorophylle que continent les plantes, la photosynthèse convertit les ultra-violets en lumière que l'on peut voir la nuit.
- La nuit, vous avez dit la nuit, oh mon Dieu, quelle heure est-il ? M'écrie-je.
- Presque 17H00 pourquoi ?
- Mince de mince, je vais être en retard.
- Si vous deviez y aller, je ne vous retiens pas dit-il tout à cou plus timide.
- Oui...il...il faut que je parte travailler désoler dit-je en partant comme une voleuse, l'écho de mes pas doit rester au creux des oreilles d'Alaois.