Jeune pousse

Chapitre 5 : Partie 4

1374 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/01/2022 18:22


Deux jours se sont écoulés depuis ma rencontre avec Aloais, deux jours sans l'avoir revu, deux jours où je n'ai cessé de parler de lui à ma sœur:


  • Il faut que je revoie Alaois, c'est important Annabelle tu comprends il a changé ma façon de voir ce monde.
  • Juste parce qu'il t'a sauvé des griffes d'un ours, tu ne le connais même pas et le fait d'être tombé nez avec un ours prouve que cet endroit est dangereux.
  • Il m'a joué du piano, c'était beau, pur, magique, sa musique est son langage pour me monter qui il est, c'est suffisant pour moi.
  • Attends, il y a un piano dans la forêt c'est ça que j'ai entendu, cette forêt qui surplombe notre village, cette forêt ou jamais rien ne se passe, ce qui fait du lieu le plus insignifiant que je connaisse.
  • Tu ne dois pas connaître beaucoup de jolis endroits parce qu'au milieu la forêt il y a une vieille cabane en bois.
  • C'est vrai je ne sais pas ce qu'il s'y passe puisqu'il y a piano apparemment.
  • Mmm incroyable non?
  • Ouais, mais depuis quand tu t'intéresses à la musique de toute façon.
  • Je ne sais pas, en-fait je crois ça toujours était au fond de moi sans vraiment que je ne m'en rende compte.
  • Ce sont des conneries ça, tu t'en préoccupes seulement parce que tu as vu un mec au fond des bois, ce qui est louche en passant.
  • Je m'intéressais à la musique bien avant, quand nous allions chez Mamie je jouais sur son piano.
  • Puff et tu en as retenu quoi de tes heures de piano chez Mamie.
  • Au Claire de La Lune.
  • C'est tout, tu parles d'un pros.
  • Je ne te parle pas de moi mais d'Alaois, il dégage une telle passion j'ai besoin de le revoir
  • Il ne reviendra sûrement plus en te sachant dans le coin.
  • Il a seulement arrêté de jouer quand il c'est mis à tousser et après il est parti.
  • En plus d'un gars louche, vagabond et pianiste il est malade. Tu ne devrais plus t'approcher de lui si ça se trouve il va te refiler la tuberculose.
  • N'importe quoi, la plupart des gens sont vaccinés contre cette maladie.
  • Ouaif ben si j'étais toi je ne chercherais pas à revoir cet homme, cet Alaois drôle de nom. Je ne retournerais pas non plus dans cette sinistre forêt.
  • Eh bien ça tombe bien tu n'es pas moi et une forêt n'a rien de sinistre c'est l'habitat naturels des animaux. Lui dis-je en claquant la porte de son appartement pour ensuite me diriger vers la forêt.


Sinistre forêt, tu m'expliques ce qu'il y a de sinistre dans une forêt, le vent murmure son hymne entre les arbres, les oiseaux chantent en harmonie, les autres animaux sont en symbiose avec la nature, cela n'est en rien sinistre. C'est ton appartement qui est sinistre soeurette avec des canettes de bière et tout ton vieux courriers parterre, ma forêt sinistre n'importe quoi. Je t'en foutrais des sinistres marmonnai-je tout en marchant vers la cabane

Je continue à ruminer les mots d'Annabelle à propos de la forêt, contre Alaois qu'elle n'a jamais vu et ne connais pas, c'est à lui que je pense quand je m'installe finalement devant le piano. J'essaie de retrouver à l'oreille les notes de La Lettre à Élise, le début est simple mi re se répétant trois fois, mais dès que je dois enchaîner sept notes différentes je bute sur le re au lieu du do ou sur le si à la place du mi. Je reprends ce même enchaînement au moins cinquante fois, il y a toujours un moment où mes doigts butent sur la mauvaise touche du clavier. Épuisé je m'endors sur le piano.




*


Je ne sais pas depuis combien de temps Alaois est là à me regarder dormir, quand je sens sa main sur ma joue et me réveille. En ouvrant les yeux je ne vois que le bleu des siens et d'une voie encore endormirent je dis :


  • Vous êtes revenus.
  • Comme vous le voyiez, vous m'attendiez .
  • Euh peut-être dis-je avec un certain malaise, je me relève, lui laisse la place et je prête a partir, quand sa voix me retient un instant.
  • Vous pouvez rester m'écouter si voulais.
  • Euh oui vous faites encore une exception pour moi dis-je en lui souriant.
  • Pour vous oui.
  • C'est gentil dis-je en rougissant.
  • Puis en dehors de vous je ne vois jamais personne.
  • Si ça vous fait plaisir dans ce cas je reste.
  • Vous m'aviez rappelé que la musique bien qu'elle soit intime est avant tout faite pour être partagé.
  • Oha c'est moi qui vous ai rappelé tout ça, juste en étant là à vous écouter.
  • Vous écoutiez vraiment et pas seulement en train d'entendre du piano, ça fait toute la différence.
  • C'est marrant parce que ma grand-mère me disait toujours « entendre une musique ce n'est pas suffisant, écoute là attentivement et tu seras la trouver, la décrire et l'aimer ».
  • C'est exactement ça, j'aime bien les leçons de votre grand-mère ça doit être une femme bien.
  • Le meilleur.
  • Vous êtes aussi une femme bien.
  • Vous ne me connaissez pas.
  • Je sais que votre prénom est Chloé, que vous écoutez vraiment la musique et que vous suivez la plupart des conseilles de votre de grand-mère, c'est déjà pas mal pour un premier contacté.
  • Du tout coup moi je ne peux pas vraiment en dire autant pour vous.
  • Je suis pourtant comme un livre ouvert.
  • Mmm je sais que vos étés un talentueux pianiste, que votre prénom est Alaois, peut être irlandais, que vous savez faire face à un ours, mais il y a un quelque chose d'autre qui m'intrigue chez vous.
  • Moi je vous intrigue ?
  • Bien sûr vous jouez du piano dans une forêt il n'y a pas plus intrigant.
  • Je peux vous en parler, du piano je veux dire.
  • Avec plaisir, mais ce n'est pas que ça. Vous dégagez comme une blessure et pas forcément en rapport avec la musique.
  • Je suis malade et j'ai plus grand-chose à perdre, alors je joue du piano dans les bois.
  • Euh ah euh OK désoler je... c'est vous qui aviez amené ce piano ici ?
  • Non il était là bien avant moi.
  • Désoler ….p...p...parfois il me vient de ces idées.
  • Vous pensiez que je vivais dans les bois et bien non je me suis installé dans un petit village à quelques kilomètres d'ici. Le piano et la cabane j'y suis tombé par hasard comme sur vous.
  • Pourquoi vous ne vous faites pas soigner si ce n'est pas indiscret ?
  • Ça ne l'est pas, si je jouais un morceau avant d'entrée dans de grandes explications sur ma maladie me dit-il avec un sourire moqueur au coin des lèvres.


Je suis surprise par la façon qu'il a de prendre la vie malgré sa maladie, alors il ouvre la porte de la cabane avec vue sur la forêt, puis il se rassoit et dit :


  • Vous allez entendre quelque chose d'extraordinaire, le vent, la musique et la forêt c'est magique.


Encore perturbé de savoir qu'un si jeune homme et passionné comme lui soit proche de la mort, je ne dit plus rien et ferme les yeux.


  • Vous était prête.
  • Oui dis-je simplement.
  • Bien, cette fois ce que je vais vous jouer c'est moi qui l'ai composé je les appelé tout simplement «Nature» c'est un hommage à ces lieux.
  • Simple mais efficace dis-je en lui souriant.


Il me sourit en retour, puis ferme les yeux un instant avant de les fixer sur l'instrument, les premières notes viennent chatouiller mes oreilles, les suivantes forment un tout qui fait naître un picotement dans mon coeur. Le vent autour de nous se lève peu à peu au rythme de la mélodie, je fais face à un spectacle étonnant. Toute sa musique se retrouve amplifié par cet écho naturel, nous sommes dans une bulle où se promènent les notes, elles m'apparaissent avant de filer entre les feuilles.




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