Jeune pousse

Chapitre 3 : Partie 2

1224 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/01/2022 10:23

Je me réveille en sursaut en entendant la voit de mon ami Leslie derrière la porte de mon appartement qu'elle mitraille de coup. Son doux vocabulaire arrive à mes oreilles :

  • Chloé, il est temps de te sortir les doigts du cul, le loyer et la bouffe ne vont pas se payer tout seule.


En lui ouvrant je vois qu'elle porte un tee-shirt moulant et décolleté, sa plus belle minijupe, pour elle s'est la tenue réglementaire de serveuse, pour moi plutôt celle d'une femme qui se prostitue pour rester polie. Je ne lui ai jamais dit, il vaut savoir ce taire si on veux garder ses amis.


Toutes mes soirées de travail commencent ainsi, elle vient me chercher et nous faisons la route ensemble.

Grâce à elle je ne suis jamais en retard, en retard pour un service qui commence à 17h30, en retard pour ce boulot qui me rend folle, en retard pour les mains aux fesses, pour les insultes et pour les propositions salasse des clients.

Des clients qui sont toujours les mêmes soient dit en passant, les touristes s'arrêtent dans des restos plus traditionnels du Canada, construit du temps de la ruée vers l'or.

Il faut vraiment avoir envie de manger chez Ronnie, ou avoir un coup dans le nez, l'aspect extérieur ne me donnerait pas envie d'y passer le seuil en tant que cliente.

Si j'avais le choix en tant qu'employé non plus, mais comme je ne l'ai pas, je pousse la porte d'entrée en cède le passage à Leslie qui sourit.


Quand Ronnie m'aperçoit il me hurle ;


  • Putain Chloé le sourire ce n'est pas une option ici, les clients veulent...
  • Ouais, je sais ce que veulent les clients, des sourires et des petits culs.Le coup-je en lui offrant mon plus beau sourire.
  • Ah voilà, je préfère ça, tu vois quand tu veux, tâche de garder ce sourire toute la soirée.
  • Mmm mmm dit je un sourire greffer à mes lèvres.


Je vais aux vestiaires pour poser mon sac et récupérer mon tablier et je suis fin prête pour passer la soirée à faire le va et vient de la cuisine à la salle où une cinquantaine de tables sont installées.

En cuisine il y a Éric, comme moi il n'a pas choisi de bosser ici, nous subissons tous les deux un job alimentaire, heureusement que nous nous entendons plutôt bien, ensemble le temps passe plus vite.

Les blagues de mauvais goût, les assiettes cassées, les couverts qui tombent, les verres renversés sur mon tablier et les commentaires des clients, de Ronnie et de ses amis tous plus ou moins bourrés. Tout ce genre de comportement je les encaisse mieux en sachant qu'Éric à toujours un mot réconfortant pour moi.


Pour lui aussi ce n'est pas toujours facile, souvent les clients ne sont pas satisfaits de la cuisson de leur viande.

En une seule soirée il lui arrive de refaire cuire 150 morceaux de viande, je lui glisse alors à mon tour un mot bienveillant.

C'est ainsi en se soutenant mutuellement que nous arrivons à tenir jusqu'à la pause d'une heure trente du matin, l'heure où il ne reste plus que les poivrotes habituelles.


Nous profitons toujours de ce moment tranquille sur le parking pour parler de l'avenir, le sien il le vois loin d'ici.

Il rêve d'une seule chose partir avec ma soeur, ils sont amoureux depuis longtemps, c'est bien tout le bonheur que je leur souhaite comme ça Annabelle éloignerait sa fille Alex de son père alcoolique.

Malheureusement, sans argent ils ne dépasseront pas la frontière de l'État voisin, ils ne resteront pas bien longtemps cacher de l'ex de ma soeur qui a des yeux partout.


Éric est toujours à mon écoute je pourrai lui dire pour mes escapades en forêt et de ma découverte toute fraîche d'hier, oui j'aimerais lui parler de ce piano aux douces notes. Lui dire que cet instrument majestueux, raisonne encore dans mon coeur et ne quitte plus mon esprit, que je suis obsédé au point de chercher la personne qui joue de la musique et rendent ces lieux magiques.

Je sais bien qu’Éric et Leslie ne se moqueraient pas, ils sont plus intelligents que Ronnie et que tous ses amis.


Voilà justement Leslie qui arrive à grand enjambé.


  • Chloé va-t-en, Ronnie est bourré. Me dit-elle inquiète.
  • Comme d'habitude lui dis-je pas plus affolé que ça.
  • Il est prêt à te sauter dessus que tu sois consentante ou non.

Je me relève et commence à courir en disant de loin à Éric.

  • Récupère mes affaires je reviendrais les chercher chez Annabelle.

Ensemble ils me disent.

  • Dépêche toit avant qu'il arrive, nous allons essayer de le retenir.


En fuyant, les larmes aux yeux, la peur au ventre vers la forêt je repense à ce qui s'est passé il y a quelques jours, avec Ronnie.

Il n'a jamais caché qu'il voulait me mettre dans son lit et moi j'ai toujours été claire avec lui, ça n'arrivera jamais.

Je pensais qu'il était passé à autre chose, alors qu'il avait encore abusé de l'alcool, il m'a sauté dessus, il a mis ses grosses paluches sur mes fesses, à essayer de fourrer sa langue dans ma bouche, heureusement que Leslie est arrivé.

Depuis chaque fois qu'il abuse de son rhum favoris je préfère me tirer du bar.

Son visage rouge de colère et d'ivresse me revient à l'esprit lorsque je franchis la lisière de la forêt.

Je me rappelle comment Ronnie était lors de notre rencontre, je revois son sourire sympathique et la main tendue chaleureusement vers moi.

Est-ce ma faute s'il sait mit à boire plus que de raison et qu'ils devinent méchant et agressif.

Comment nous en sommes arrivés là ? C'est la question que je me pose quand j'entends de nouveau au loin cette douce mélodie.

L'écho de l'instrument vient raisonner jusqu'à mes oreilles, je ferme un instant les yeux pour concentrer mon attention sur les notes et localiser le piano.

Il y a seulement un jour que j'ai découvert la cabane avec l'aide de mon ami l'élan, c'est l'écho de la mélodie qui m'aide cette fois à la retrouver.

Tout, autour de moi s'emplit de magie et de vie, la nature m'envoie des signes, des pistils de pissenlit s'envolent dans un rayon de soleil, le vent fait tourbillonner des feuilles mortes entre les arbres et les oiseaux chantent au rythme de la mélodie.


Comme lors d'un concert, le piano continue de plus belle, le son est plus fort, je m'en approche forcément. Je vais pouvoir surprendre la personne dans son improvisation, la cabane sort alors de nulle part devant moi, quelques pas m'en sépare.

Je l'ai trouvé cette fois porté par la musique, il n'y a pas vraiment de chemin tracer pour y accéder. Je suis si pressé d'y entrer que je ne fais plus attention où je pose les pieds que je m'étale dans un amas de feuilles. Le piano stoppe son doux rythme, le temps de me relever il est trop tard, la seule chose que je vois c'est une grande silhouette disparaître dans la nature.



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