A Dark High School: Bewitched

Chapitre 8 : Sortir du placard à balais

6169 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/01/2022 17:24

Chapitre 08

Sortir du placard à balais



J'étais encore sous le choc de m'être fait dégager contre la grille sans même pouvoir me défendre. Et ce qui n'arrangeait rien à la situation était bien que, malgré le soutien de Sarah pour avancer, je me retrouvais à suivre sa mère qui avançait d'un air bien supérieur à ce que j'avais vu chez mon grand-père. Dès que je regardais Sarah et que je voyais son propre stress, je ne pouvais pas m'empêcher de me dire qu'une sacrée merde s'apprêtait à me tomber sur le coin de la gueule, comme chiée par un immense piaf mythologique. J'étais franchement mal barré. Sa mère ouvrit sèchement la grande porte d'entrée et je suivais bêtement le mouvement.

- Emmène le dans la cuisine, fit froidement sa mère.

- Maman, tu ne veux pas écouter avant ? la supplia Sarah.

- Nous avions pris des dispositions et tu le sais, tu devais respecter ta part, répondit sa mère sèchement.

- Mais j'ai pas choisi..., répondit Sarah penaude.

Elle me guida vers la cuisine visiblement encore plus mal à l'aise. Je voulais alors la rassurer.

- Sarah... Je te cause des emmerdes là ? demandai-je bêtement.

- Ce n'est pas ta faute..., me répondit Sarah en m'aidant à m'installer.

- Merci... Écoute, je vais parler à ta mère, dis-je alors pour essayer d'arrondir les angles.

- Laisse tomber David... Elle t'arracherait la langue, me fit Sarah.

- Ok je t'ai pas demandé si je pouvais t'embrasser, dis-je alors gêné. Elle compte réellement m'engueuler si je lui explique ?

- David... C'était au sens propre, me fit Sarah mal à l'aise.

- Hein? dis-je horrifié.

- Sarah, viens ici, fit sa mère à l'entrée de la pièce.

Sarah se mordit fortement la lèvre avant de rejoindre sa mère. Je ne savais même plus ce qu'il se passait tant c'était le bordel. Rosa ne semblait pas là, elle pourrait m'aider ou même encore Maurice ( après tout il était complice). Je voulais savoir ce qu'il se passait alors j'ai tendu l'oreille.

- C'est un accident... Je te le jure... Quelle soirée, fit alors Sarah.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ? Et tâche d'être claire et concise, lui répondit sa mère.

- David m'a invitée au cinéma drive... Il y avait Calvin et il a montré une photo, répondit Sarah mal à l'aise visiblement.

- Encore cette histoire... Dire qu'on a réparé tes dégâts, fit sa mère.

- Je me suis juste défendue... Je savais pas qu'il se souviendrait de ma photo, répondit encore Sarah.

- Tu avais vu tes dégâts ? Et maintenant ça recommence. Vu que l'on te l'a enlevé, cela ne devrait pas se produire, ajouta sa mère me surprenant un peu.

- Je ne comprends pas plus que toi... C'est comme si... Cela ne marchait plus, argumenta Sarah.

- Bon... Ton père vérifiera pourquoi cela ne fonctionne pas... En attendant, réglons son cas, fit alors sa mère me faisant baliser.

C'était officiel, j'étais tombé sur une famille de mafieux. J'allais finir avec des pompes en ciments, ou comme dans The Godfather, j'allais dormir avec les poissons. Mais merde... J'allais mourir puceau ( c'est dingue aussi à quel point on peut devenir con quand on a peur).

- Tu vas faire ça Maman? demanda Sarah. Il est différent tu sais... Il est un peu à part mais il est gentil...

Je ne savais même plus si c'était censé être un compliment ou pas. C'était peut-être un peu les deux en réalité.

- Pas de discussion, on ne peut pas se permettre ce genre de choses, fit alors sa mère.

- Mais Maman... Je t'en prie..., la supplia Sarah.

- Cela suffit, nous n'avons pas le choix, confirma sa mère.

Soudain, sa mère pénétra dans la cuisine me faisant sursauter. J'avouerai que je m'attendais presque à me prendre une balle en pleine tête. Sarah fit le tour de l'îlot central en me regardant assez gênée. Je me demandais si je devais lui dire adieu mais sa mère se contenta de faire du bruit dans un placard.

- Madame, je m'excuse si j'ai fait quelque chose de mal, dis-je alors.

- Je n'en ai pas pour longtemps, répondit simplement la femme.

Sarah semblait comme prise de panique, presque dans un état second. Je la regardais comme réclamant une explication du regard mais elle était décomposée. Je m'en voulais de la voir comme ça par ma faute. Soudain, sans foncièrement crier gare, sa mère posa un mug devant moi.

- Tenez, buvez, me fit sa mère.

- Euh... Merci, dis-je en fixant le mug.

- Je reviens, je vais chercher ce qu'il faut, fit alors sa mère en sortant une clé d'une poche. Buvez tout.

Je l'ai alors observée s'éloigner et quitter la pièce sous le regard mauvais de sa fille. Sarah me regarda comme hésitante.

- Désolé de te causer des ennuis, dis-je alors en fixant le mug.

- Ne t'excuse pas... C'est de ma faute, fit alors Sarah.

Je regardai toujours le mug avec une petite méfiance. Je me demandais surtout si l'on offrait le thé à quelqu'un avant de l'exécuter. Je soupirai en soulevant le mug pour le porter à mes lèvres.

- Arrête, fit alors Sarah en saisissant mes mains qui tenait le mug.

- Attends... Y a vraiment de l'arsenic là dedans? dis-je en énonçant ma réflexion personnelle.

- Hein ? fit-elle choquée. Ma mère ne va pas te tuer, t'es pas bien... Mais ne bois pas.

- Mais pourquoi ? dis-je avant de me faire piquer le mug dans les mains.

- Je ne veux pas que cela fasse effet, fit Sarah d'une manière assez énigmatique d'ailleurs.

Je la vis se dépêcher de vider le mug dans l'évier et de nettoyer ce dernier avant de poser le mug devant moi.

- Je comprends plus rien là..., l'ai-je prévenue.

- Pas grave... Quand Maman revient, il faut que tu sembles un peu... perdu. D'accord ? me demanda Sarah.

- Ok..., dis-je lentement.

- Je t'en supplie, sois crédible, me fit Sarah. Je l'entends remonter.

Je fis de mon mieux pour avoir légèrement perdu, fixant bêtement un meuble derrière Sarah.

- Il l'a bu? demanda sa mère en rentrant avec un petit sachet.

- Oui, fit Sarah sur un ton assez triste.

- J'ai compris que tu ne le voulais pas ma chérie mais vu ce qu'il vient de se passer, il faut lui faire oublier, répondit sa mère.

Je fixais Sarah ne comprenant clairement pas les tenants et les aboutissants. Je devais garder l'air perdu alors c'était assez complexe.

- Et tu as seulement pensé à moi? demanda Sarah.

- Je sais... Je ne le fais pas de gaieté de cœur, crois moi bien, fit sa mère comme réellement désolée.

- Et pourtant tu le fais, fit alors Sarah.

- Je suis obligée... Comme la dernière fois, fit juste sa mère avant de poser un nouveau mug devant moi.

- Tenez David... Buvez, fit sa mère.

Je vis Sarah me faire signe discrètement de la tête. Elle me confirmait que je devais boire. Je pris alors le mug et je bus. Cela n'avait pas un goût extraordinaire, c'était ni bon ni mauvais.

- Parfait, fit juste sa mère.

- Je peux au moins le raccompagner à sa voiture ? demanda Sarah.

- Tu es sûre ? la questionna sa mère.

- Oui... Tu me dois bien ça, fit alors Sarah.

- D'accord... Mais ne traîne pas, lui dit sa mère résolue.

Sarah se leva et attrapa doucement mon bras.

- Viens David... Tu dois rentrer, fit alors Sarah en me parlant comme à un attardé.

Je n'étais pas totalement con non plus et j'ai continué d'avoir l'air perdu en la suivant doucement. Je pus remarquer du coin de l'œil à quel point sa mère semblait tout de même désolée.

- Ne parle pas tant que nous n'avons pas passé la grille, chuchota alors Sarah.

J'obéis ( pouvais-je réellement faire autre chose ?) tandis qu'elle m'amenait à l'extérieur jusque la grille. Une fois celle-ci passée, je ne pouvais que l'interroger.

- Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? demandai-je alors.

- J'ai enfreint nos lois, fit juste Sarah.

- De quoi tu parles? demandai-je alors.

- De moi... Monte dans ton pickup... Ma mère doit nous surveiller, précisa Sarah.

J'obéis encore et toujours, ça commençait d'ailleurs à bien faire.

- Tu comptes m'expliquer ? demandai-je légèrement contrarié.

- Je ne peux pas David... Mais tu peux réussir à le comprendre car tu le sais déjà au fond de toi, me fit Sarah.

- Oui... En fait non, dis-je avec un ton légèrement stressé.

- Tu n'as qu'à chercher sur internet, me répondit Sarah.

- Je tape quoi? Famille chelou? Boissons bizarres? dis-je légèrement mesquin.

- Cherche le lien entre ma famille et leurs actions dans le Massachusetts, me fit Sarah. Si tu arrives à comprendre l'histoire de ma famille, appelle moi demain... D'accord ?

- D'accord..., dis-je en m'avouant vaincu.

- Et excuse moi pour ça, fit-elle en indiquant la grille de la tête.

- Je dois vraiment embrasser très mal, dis-je avec un sourire en coin.

- Non... Pas si mal, fit-elle en me regardant et touchant ma main. T'es pas loin mais fais attention.

- Ok... Désolé encore si je t'ai mise dans la merde, dis-je alors en démarrant.

- Je vais gérer, ne t'en fais pas, m'indiqua Sarah.

J'étais alors reparti fixant Sarah dans mon rétroviseur. Elle me regardait partir avec un drôle d'air. Je ne comprenais plus rien à la situation. J'étais même assez perplexe de toute cette putain de situation. J'étais alors rapidement arrivé à l'exploitation de mes grands-parents et je me suis garé avant de me diriger vers la maison, quelque peu perdu. Je refermai la porte derrière moi et une lumière s'alluma. Je me suis retourné et je suis tombé sur mon grand-père alors je me suis figé. J'étais déjà dans la merde, il allait voir que je m'étais battu, Calvin m'avait frappé et même si je n'avais pas beaucoup réagi sur le coup, je devais avoir la jour bien tuméfiée.

- Ta soirée c'est bien passé ? me demanda mon grand-père en me fixant.

- Oui, dis-je préférant mentir. Plutôt... Et ça c'est rien de grave, dis-je en montrant ma joue.

- Euh... De quoi tu parles? me fit mon grand-père en fixant ma joue dubitatif.

- Ben ça, insistai-je alors bêtement surpris.

- Ça va, si tu avais rendez-vous avec une fille, il n'y pas de trace de rouge à lèvres, me fit mon grand-père. Je n'aurais pas posé de questions...

- Euh... Ok, dis-je complètement perdu. Vais me coucher, il est tard.

Je montais les marches lentement en regardant vers mon grand-père. Je ne savais pas qu'il avait une aussi mauvaise vue. Cela devait bien se voir non? Et pourtant pas selon lui. Une fois devant ma porte, j'ai refermé prestement avant de jeter ma veste sur mon lit et d'allumer la lumière.

- Il est vraiment à moitié aveugle ou quoi? dis-je en m'approchant de mon miroir où je vérifiais rapidement mon look le matin.

J'étais encore plus choqué. Il n'y avait absolument rien, ce qui était extrêmement bizarre. Si un sportif me frappait et que je n'avais aucune trace, c'était qu'il devait avoir la force d'une fillette ( encore qu'une fillette devrait malgré tout laisser des marques).

- Je suis plus solide que je ne pensais, dis-je pour moi-même en touchant ma joue de ma main droite.

Je me suis alors figé de stupeur quand j'ai vu mon reflet. Je n'avais plus rien du tout même sur la main et pourtant elle était salement amochée après mes nombreux coups de poing.

- Qu'est-ce que c'est que ce bordel? marmonnai-je alors.

Ma main était réellement intacte, comme neuve, comme avant la soirée même. Je regardai ma main des plus surpris quand une question était venue à mon esprit. En effet, je me demandais simplement si ce que m'avait fait boire la mère de Sarah, et qu'elle même m'avait poussé à boire, n'avait pas quelque chose à voir là dedans.

- Mais putain... C'était quoi cette soirée ? dis-je en me regardant attentivement dans le miroir.

Je me demandais si je n'avais tout simplement pas rêvé de tout ce qui venait de se passer. Dans le miroir, je vis alors ma tablette sur mon bureau et je me suis retourné brusquement.

- La famille Corey et le Massachusetts, dis-je répétant ce que m'avait dit Sarah.

Elle avait désormais titillé ma curiosité. J'ai attrapé ma tablette et je me suis installé sur mon lit malgré l'heure tardive. Je n'avais plus du tout sommeil, je voulais juste savoir.

- Famille Corey... Commençons par Soul Springs, ils y vivent après tout, dis-je pour moi-même.

J'ai alors arpenté attentivement tous les sites qui parlaient de la région et de cette famille. Par acquis de conscience je lisais absolument toutes les pages ( même les plus anodines de la ville). Sa famille semblait avoir fait fortune il y a longtemps grâce à de bons placements selon les sites. Ensuite, ils avaient clairement fait fructifier cette même fortune avant d'en faire profiter bien des associations locales et d'entraide aux plus démunis. Je me disais toujours que quand on était trop gentil, c'était assez suspect. Et pourtant je ne trouvais aucun scandale sur cette famille. À chaque fois, les sites nombreux et variés n'en disaient que du bien. Si je devais trouver quelque chose, je pouvais sans doute le faire en notant le nom de son père, à savoir Maximilian Corey, et rumeurs. J'avais réussi à trouver quelque chose, enfin dirais-je même, mais c'était complètement farfelu. En effet, cetre famille pourrait être lié au Ku Klux Klan. C'était stupide et purement calomnieux vu comment ils faisaient profiter les gens de leur fortune, qu'importe les origines ethniques des gens. De même, Sarah ne pourrait pas être amie avec Henry et Danielle si elle avait reçu une véritable éducation du Ku Klux Klan. J'ai alors cherché avec tous le Massachusetts. Ce n'était pas mieux, son père était un vrai philanthrope convaincu. J'étais même sur le cul de tout ce qu'il pouvait faire et surtout du temps que cela me prenait. J'y avais littéralement passé des heures. Le soleil semblait même à deux doigts de se lever.

- Elle est marrante, marmonnai-je. Il n'y a vraiment rien d'intéressant.

Je regardai ma tablette complètement perdu. J'avais dû la brancher pour la charger tant j'avais passé du temps dessus.

- L'histoire de sa famille... Elle m'a dit de chercher l'histoire de sa famille... Je n'avais peut-être pas tapé les bons mots, dis-je comme avec une illumination.

J'ai alors cherché différemment en tapant dans la barre des recherches les termes " histoire du Massachusetts" puis j'ai enfin ajouté le nom de famille Corey quand je me suis rendu compte que j'allais me taper bien plus d'informations que nécessaire. Les premiers sites avaient déjà été lus et étudiés de fond en comble alors je faisais descendre la page Google. J'en avais marre de chercher, toujours les mêmes pages où son père était vanté pour ses qualités. J'ai remarqué au bout d'un moment qu'il y avait un lien vers une page qui ne devait vraiment pas se trouver là.

- Procès de Salem? C'est quoi le rapport ? dis-je dubitatif. Si c'est parce qu'il finance un musée, je m'en tape, dis-je avant de cliquer.

Après tout cela n'engageait en rien. Ce n'était que le symbole d'une époque où tous les gens étaient assez stupides. L'histoire d'une bande de gamines qui avaient accusé des pauvres gens de sorcellerie, un beau petit massacre. Il y eut entre cent cinquante et trois cent accusés de sorcellerie enregistrés, et peut-être plus encore qui ne furent pas emprisonnés. Le tout couronné par l'exécution de vingt personnes. Ce que je ne comprenais pas, c'était en quoi cette page s'était inscrite dans la liste. J'ai relu attentivement la page, lisant presque deux fois chaque mot. Et là je l'ai vu apparaître. Le nom Corey figurait bien sur la page. Il s'agissait de celui d'un homme exécuté par écrasement de pierres ( moins rapide que l'injection létale mais surtout beaucoup plus exotique...). C'était assez bizarre alors j'ai fait attention à la liste des victimes et des accusés. J'ai vu, avec surprise, une certaine corrélation avec Sarah. Il y avait une Sarah Goode dans la liste des accusés et exécutés. Cette même Sarah Goode avait une fille de quatre ans, Dorothy, également accusée. Une brève audience avait été tenue concernant le cas de Dorothy Good, lors de laquelle les accusateurs se sont plaints de morsures sur les bras. Condamnée, elle a ensuite été envoyée en prison, devenant de fait la plus jeune personne emprisonnée dans le cadre du procès des sorcières de Salem. Deux jours plus tard, alors que des fonctionnaires de la ville de Salem lui rendaient visite, elle déclara être propriétaire d'un serpent, lequel lui aurait été donné par sa mère. Selon elle, ledit animal lui aurait parlé et sucé le sang de son doigt. Dorothy, Sarah et Corey... C'était un peu trop fort pour être une coïncidence.

- Non... Des sorciers et des sorcières ? Sérieux ? La magie? La bonne blague..., marmonnai-je en inspirant profondément.

J'étais perdu, était-ce seulement possible ou bien avais-je juste craqué sur une illuminée ? Par acquis de conscience, j'ai cherché si il y avait dds informations sur les sorcières de Salem et on parlait effectivement de décoction fabriquée par une certaine Tituba, ancienne esclave, capable de créer des boissons qui permettrait de vivre sans dormir, d'être plus rapide que la moyenne, de guérir les blessures ou encore effacer la mémoire. Je me suis alors figé et j'ai regardé ma main.

- Non... C'est une blague... C'est pas possible... Ça n'existe pas..., dis-je pour moi-même extrêmement méfiant.

En fait, ce qui me faisait devenir méfiant n'était pas tant l'impossibilité que cela existe mais bien le fait qu'en réalité cela ne me semblait pas si impossible. J'avais bien fait un bon de deux mètres en arrière poussé par Sarah qui avait plutôt le physique d'une anorexique que celui de Schwarzenegger.

- Je commence à me demander si... Ho et puis merde, dis-je en attrapant mon téléphone.

J'ai cherché rapidement le nom de Sarah dans le répertoire et j'ai appelé après avoir vérifié qu'il était bien neuf heures du matin. J'avais passé une nuit blanche à chercher, et j'étais même pas fatigué. J'entendis les tonalités et enfin elle décrocha.

- David? fit-elle légèrement surprise.

- Je dois te parler, dis-je alors.

- T'as déjà compris? fit-elle surprise. Mais tu n'as pas cherché longtemps.

- J'ai cherché toute la nuit en fait, avouai-je.

- Ho..., fit alors Sarah légèrement contente de mon intérêt.

- On peut se voir? demandai-je alors.

- Euh... D'accord... Dans une heure, la forêt là où on a croisé D... Le loup, fit-elle alors.

- Sois là... Mais tu vas croire que je suis dingue, dis-je alors.

- David... Il y a des choses bien plus dingues que tu ne le crois, fit-elle alors. À tout à l'heure...

Et elle avait raccroché me laissant légèrement perplexe. J'ai filé rapidos sous la douche pour me rafraîchir et me changer quand même. Je me suis ensuite habillé à ma hâte avant de dévaler l'escalier.

- David... Tu vas où ? demanda ma grand-mère dans le couloir me voyant filer en trombe.

- Je sors, je sais pas si je mange ici, bye..., dis-je en filant par la porte.

Je n'entendis pas les propos de ma grand-mère, même si j'avais saisi le mot "fille". Bon j'allais bien voir une fille mais sans doute pas pour ce qu'elle pensait. J'enfilai rapidement ma veste en m'enfonçant dans la forêt.

- Euh... C'était par là, dis-je après avoir réfléchi rapidement.

En plein jour, la forêt était vivante, j'entendais même ses occupants qui vivaient leurs vies de bestioles quelconques. Je me dépêchais de trouver mon chemin pour arriver vers la rivière.

- J'avais suivi par là, dis-je en me pressant bien plus que nécessaire.

Je m'étais tellement pressé que j'avais en réalité plus d'un quart d'heure d'avance. Je devais tuer le temps le maximum mais à part farfouiller sur internet en me renseignant sur les sorcières, je n'avais rien à faire. C'était amusant, rien n'était officiel ( ben en même temps c'était logique, be-a-witch.com, ça n'existe pas vraiment). Certains disaient connaître des sorcières et les avoir vues parler aux animaux ( tiens comme ma gamine dans l'histoire), d'autres les avaient vues déplacer des objets par la pensée. Je me demandais quelle véracité je pouvais bien prêter à leur propos quand j'entendis sa voix.

- David? Tu es déjà là ? fit-elle légèrement surprise.

- J'étais pressé, me suis-je justifié.

- Dire que je pensais être en avance, me fit Sarah en m'observant très attentivement.

Je me demandais ce qu'elle faisait alors je l'ai regardée me dévisager en silence.

- Il y a quelque chose qui ne va pas? demandai-je tout de même.

- Je voulais être sûre que... Que tu n'étais pas armé, me dit-elle gênée.

Je l'ai regardée stupéfait, je n'y avais même pas pensé en plus. Peut-être parce qu'elle voulait que je sache son secret.

- Tu es sérieuse ? dis-je tout de même légèrement vexé.

- J'avais un peu peur de ta réaction en fait, fit-elle en s'approchant à quelques mètres de moi. Tu as découvert quelque chose ?

- Tu rentres directement dans le vif du sujet, dis-je en souriant.

- Je suis impatiente d'avoir ton avis, me dit-elle gênée. Alors?

- Tu vas croire que je suis taré... Tu as quelques choses à voir avec un certain procès à Salem? demandai-je sans tourner autour du pot.

Je la vis sourire comme heureuse que je comprenne la situation. Bizarrement, je ne me sentais pas à l'aise.

- J'ai bien quelque chose à voir avec ce procès, me fit Sarah.

- T'es serieuse ? Mais ça existe pas, dis-je alors en remarquant son air contrit. Tu peux pas être une...

- Une sorcière ? me demanda Sarah. J'en suis bien une.

- Deux secondes... C'est un peu...

- Tu veux une preuve pour me croire ? Ça te confirmera plus vite qu'un long discours, m'annonça Sarah.

- Une preuve ? Tu vas faire quoi? Sortir une baguette magique ? dis-je étonné de sa rapidité à vouloir me donner une preuve.

- Tu as trop lu Harry Potter toi, me dit-elle en riant. Les sorciers n'ont pas besoin de baguettes... Ça existe je ne dis pas mais... Laisse tomber, fit-elle en voyant mon étonnement. Montre moi ton téléphone.

Je l'ai regardée dubitatif. Je ne comprenais pas en quoi mon téléphone allait servir de preuve mais je l'ai sorti de ma poche. Soudain, j'avais cru le lâcher parce qu'il avait presque glissé de mes doigts et pourtant... Il ne tomba pas du tout au sol, bien au contraire. Je le vis simplement flotter dans l'air avant de voler doucement vers Sarah qui le réceptionna en souriant.

- Putain de bordel de merde! dis-je en reculant de surprise.

- Convaincu ? demanda Sarah.

- Comment t'as fait ça ? demandai-je.

- Pouvoir basique des sorciers, me répondit Sarah.

- Basique ? demandai-je complètement estomaqué.

- Oui, mais je...

- Attends... Il y a un truc que je ne comprends pas là... Enfin plus que les autres, dis-je bêtement.

- Quoi donc? fit alors Sarah inquiète en s'approchant pour me rendre mon téléphone.

- Comment c'est possible ? dis-je en reprenant mon téléphone en le regardant bizarrement.

- La psychokinésie est la base de la magie de bien des ordres, cela vient de...

- Pas ça... Comment tu peux être Sarah Goode et ta mère Dorothy... Elle est plus vieille que toi..., dis-je alors.

Sarah me regarda alors légèrement surprise avant d'être littéralement prise d'un petit fou rire, du genre vexant même.

- C'est une simple coïncidence... Mais tu imagines l'âge que nous aurions ? Ce ne serait pas normal, dit-elle entre deux gloussements.

- Parce qu'un téléphone qui vole entre deux personnes est normal selon toi? dis-je légèrement étonné.

- Effectivement... En fait Dorothy Goode a été sauvée de la prison par mon ancêtre... Et si ke porte le nom de Corey c'est uniquement parce que mon père descend de la lignée, simple concours de circonstances, se justifia Sarah.

- D'accord... En même temps je ne peux que te croire, dis-je alors. Tu allais dire quoi sur la psychokinésie avant que je ne t'interrompe? demandai-je alors.

- Je disais que les premiers sorciers descendent des druides des cultures celtiques. La psychokinésie est basique chez nos membres, mais les magies divergent selon leur détenteur, dit-elle calmement.

Je sentais venir une explication vachement compliquée et la migraine allait me guetter.

- Les magies ? demandai-je.

- Oui, fit Sarah en marchant un peu pour se donner consistance. Il y a des sorciers animistes... Ils parlent aux animaux, fit alors Sarah en voyant ma tête. D'autres sont capables de créer des illusions...

- Chaque sorcier a une capacité différente ? demandai-je alors surpris.

- Oui, selon les cas, tu peux avoir plusieurs utilisateurs de la même magie mais bon... Bref, ma mère par exemple est une sorcière potionniste, elle est capable de comprendre les plantes mieux que la moyenne, m'expliqua Sarah.

- Donc elle a essayé de me faire boire des potions ? dis-je surpris.

- Oui, tu as bu celle qui accélère la multiplication cellulaire, d'où le fait que tu n'aies pas l'air blessé. Mon père est capable d'agir sur les sentiments des gens, c'est complexe, se justifia Sarah.

- Et euh..., dis-je en la regardant bouger sans cesse. Et toi tu utilises l'une des deux?

- Moi je fais partie des cas à part, me dit-elle en me fixant.

- Mais encore? demandai-je.

- Je suis une sorcière symbiotique, me fit Sarah sans que je ne comprenne ( qui le pourrait ?).

- Et tu fais quoi en bref? demandai-je.

- Tu ne t'en es peut-être pas rendu compte mais mon pouvoir a agi quand nous avons rejoint le manoir d'ici, fit alors Sarah gênée.

- Euh... J'ai rien vu de bizarre... En même temps j'essayais surtout de ne pas me faire bouffer le cul, ai-je avancé.

- Tu n'étais pas épuisé à l'arrivée ? demanda alors Sarah.

- Si... Tu m'avais fait quelque chose ? demandai-je alors.

- Je suis capable d'absorber la magie et de ma restituer... Toute forme de vie, végétale, minérale ou animale d'ailleurs, regorge de magie. Je l'absorbe pour m'en servir mais je suis également capable de la transmettre... Tu veux une démonstration ? demanda Sarah.

- Ouais ce serait plus clair, avouai-je.

Je la vis s'approcher de moi et poser sa main sur ma joue.

- N'aie pas peur, me fit elle.

Je la regardais légèrement surpris quand je me suis rendu compte que je commençais à me sentir las. Fatigué comme si j'avais couru quelques kilomètres.

- Je suis crevé, dis-je alors.

- Parce que j'absorbe ta magie, tout simplement, dit-elle en rompant le contact. Par contre malgré le fait que la magie soit présente en toute chose, cela ne rend pas les gens capable de s'en servir. Tu as d'autres questions ? fit-elle avec un sourire.

J'en avais des tonnes, des plus débiles aux plus complexes. Je ne savais pas quoi demander et bêtement j'ai demandé ce qui me passait par la tête.

- Tu voles sur un balai? demandai-je.

Sarah me regarda amusée et sourit comme attendrie.

- Oui, me fit elle avant de se reculer. Naturellement je ne le fais pas avec tous, juste un qui est lié avec ma propre magie grâce à un sortilège spatial.

Ce que c'était logique pour moi, évidemment je n'en comprenais que la moitié. Je la vis se reculer un peu et ouvrir la main gauche. Une petite lumière apparût dans sa main et un instant plus tard il y avait un balais. Inconsciemment j'avais reculé.

- La vache ! dis-je choqué.

- Pratique hein? dit-elle avant de placer le balais sous ses fesses et quitter le sol assise comme sur un banc.

- Ça vole vraiment ? demandai-je pour la forme.

- Naturellement nous nous en servons assez peu, pas très discret, il faut conserver le secret, me fit Sarah.

J'ai alors cessé de regarder ses pieds qui tenait dans le vide et je l'ai regardée inquiet.

- Tu auras des emmerdes en me le révélant ? demandai-je tout de même.

- Je peux le révéler à certaines personnes... Et à d'autres dans certaines circonstances, me dit-elle assez énigmatiquement.

- Ok... Et je rentre dans ce cas? demandai-je.

- Je... Je ne sais pas trop, fit-elle un peu mal à l'aise.

- Ça m'aide...

- Mais je voulais te le dire, que tu conserves les souvenirs, dit-elle encore gênée.

- D'ailleurs... Y a un rapport entre ce que disait ta mère et Calvin? demandai-je alors.

Je la vis se figer et descendre de son balais ( bizarre à dire ça) avant qu'il ne disparaisse. Elle replaça ses cheveux mal à l'aise et me regarda.

- Le... Le jour où il a pris la photo... C'était un véritable piège..., fit-elle hésitante. J'étais à moitié nue et en fait... Il... Il n'était pas tout seul, me dit-elle alors.

- Attends...

- Ils étaient trois et ils avaient décidé que je devais me plier à des exigences bien particulière, fit-elle le regard perdu dans le vague.

- T'es en train de me dire que cet enculé t'as violée ? À plusieurs ? Je vais le buter putain! m'énervai-je immédiatement.

Elle me regardait étonnée et s'approcha rapidement comme pour me calmer.

- Ils n'ont pas pu... J'ai fait ce qu'il fallait... J'ai utilisé la psychokinésie en la renforçant... Je leur ai brisé les bras et les jambes... Et la colonne vertébrale de Calvin, me fit alors Sarah.

- Mais... Il va bien pourtant ? dis-je perdu.

- Les potions de Maman, me fit simplement Sarah. Amnésie et guérison. Mais il s'est souvenu de la photo... Pas de bol, dit-elle alors.

- Mais... Donc tu t'es renfermée à cause de ça ? demandai-je.

- Oui... Désormais accorder ma confiance est difficile... Je le fais peu... Et une seule fois, mon père s'est assuré de cela et que je ne souffre plus trop, me fit Sarah.

- J'aurai quand même dû continuer de lui bousiller la gueule, dis-je tout de même.

- Inutile... Il ne s'en souvient pas, me fit Sarah.

- Et pourquoi tu estimes que je suis digne de cette confiance ? lui ai-je demandé.

- Tu ne le sais vraiment pas? demanda Sarah. Cette rivière ne t'évoque absolument rien? fit-elle étonnée.

- Bah... Non... Pourquoi ? ai-je demandé après l'avoir regardée en alternance.

- Ha... D'accord..., fit elle légèrement déçue.

- J'aurais dû ? demandai-je par acquis de conscience.

- Normalement oui... Ce n'est pas grave, me dit-elle en me regardant.

- Tu as l'air blessée, marmonnai-je.

- Ce n'est rien David... Ça change quelque chose ? demanda-t-elle alors inquiète.

- À quoi? dis-je bêtement.

- Ben..., fit-elle hésitante avant de rougir. Tu m'as quand même embrassée... Ça signifie quand même quelque chose... En tout cas pour moi...

- Oui... Encore désolé...

- Ne t'excuse pas, dit-elle alors. Ce fut ma réaction qui avait été quelque peu disproportionnée, fit-elle.

- Techniquement non, dis-je après une petite réflexion.

- Comment ça techniquement ? demanda-t-elle alors.

- Vu ce que tu as vécu... Même si j'ai bien volé.

- Effectivement... C'était facile, fit-elle avec un sourire. Et ma réponse ?

Je la regardais légèrement surpris, visiblement elle voulait vraiment savoir si cette situation me dérangeait. Je la regardais et elle semblait tellement stressée de ma réponse que cela en était des plus craquants en réalité.

- Ça ne change rien pour moi, dis-je avant de voir apparaître un grand sourire sur son visage.

- Tant mieux, je vais devoir y aller, mon père va rentrer... On se verra demain avec les autres..., fit-elle alors m'attristant un peu.

- Ils savent ? demandai-je par acquis de conscience.

- Danielle et Henry? Oui ils savent... Pourquoi ? demanda Sarah surprise.

- Tu parlais de conditions pour savoir ce que tu es...

- Ils rentrent... C'est spécial... Tu comprendras peut-être... Bon à demain, fit-elle alors.

Je la vis faire volte face pour repartir dans l'autre direction. Je ne voulais pas qu'elle parte tout de suite. Je devais faire quelque chose. J'ai alors attrapé délicatement son bras.

- David? fit-elle assez étonnée.

- Je ne veux pas te laisser partir comme ça, dis-je alors.

Elle le regarda étonnée jusqu'au moment où j'ai posé ma main sur sa joue. Je réduisis immédiatement l'écart entre nous et je me suis emparé de ses lèvres. Elles étaient si douces, fines avec un léger goût sucré très loin d'être déplaisant. Je sentais clairement son hésitation dans le contact, sans doute ne s'y était-elle pas attendue. Je sentis alors qu'elle n'hésita soudainement plus pour ouvrir légèrement les lèvres. Ce furent nos langues qui entrèrent en action, se caressant, se découvrant dans une danse sensuelle. Je dus cependant rompre le baiser pour reprendre mon souffle, épuisé.

- Désolée, fit-elle le rouge aux joues. J'ai encore perdu le contrôle.

- Tu as encore absorbé ? dis-je en caressant toujours sa joue.

- J'étais surprise... C'est comme un système de défense automatique, fit-elle en souriant. Je vais vraiment devoir y aller mais...

- Mais? répétai-je avec un sourire en coin.

- Ça veut dire qu'on... Que je peux considérer qu'on est ensemble ? demanda-t-elle avec un certain entrain assez amusant.

- Oui... Si tu veux d'un mec normal, ai-je alors avancé.

- Je veux bien mais il va falloir que tu apprennes bien des choses, fit-elle en s'éloignant. J'y vais, fit-elle avant de s'éloigner.

Je la regardais s'éloigner, comme enjouée, je la vis même se retourner pour me faire un signe de la main auquel j'avais répondu. Elle était légèrement gênée mais visiblement heureuse, cela faisait plaisir à voir. J'ai alors posé les yeux au sol, remarquant alors que l'herbe avait beaucoup poussé autour de nous.

- Wahou... Alors c'est ça retransmettre sa magie... Je dois être doué pour lui faire un effet pareil, dis-je pour moi-même légèrement prétentieux.

Moi aussi je répartis chez moi, impatient d'être au lendemain pour la revoir. Désormais mon monde était totalement différent mais je n'arrivais pas encore à comprendre pourquoi j'arrivais à accepter la situation aussi aisément. Finalement, j'avais envie de remercier ma mère de m'avoir envoyé ici.



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