A Dark High School: Bewitched

Chapitre 7 : La fin d'un monde

6105 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/01/2022 09:49

Chapitre 07

La fin d'un monde


Il n'y a rien de pire comme menace pour l'humanité qu'elle même. En effet, depuis toujours l'être humain est capable de briser ses semblables de bien des manières.



La fameuse nuit bizarre dans la forêt était devenu un secret entre moi et Sarah, bon évidemment Rosa était au courant mais bon. Nous n'en avions pas reparlé mais j'avais tenu ma promesse de retourner en cours. En même temps quand c'était demandé aussi gentillement, on ne pouvait que céder. Moi, je réfléchissais depuis longtemps à comment remercier Sarah pour m'avoir presque sauvé. J'étais tellement pensif que j'avais eu quelques difficultés à remarquer que Danielle semblait contrariée le lundi. Je ne m'en étais rendu compte que lors de la pause midi quand celle-ci semblait me faire la gueule. Je n'avais pas vraiment relevé plus que cela, après tout cela n'avait pas duré longtemps. Avec une certaine honnêteté, je m'étais simplement demandé si Sarah ne lui avait pas stipulé ce qu'il s'était passé ce soir là quand elle l'avait contactée. Le plus drôle fut le comportement d'Henry qui passait son temps à nous observer tous les trois, cherchant sans doute à cerner les tenants et les aboutissants de la situation, choses que moi-même je n'avais pas réellement cernée, alors quelqu'un d'extérieur... Le plus drôle fut le comportement de Georges qui, tout à sa connerie habituelle, n'avait pas dû faire le lien entre moi et l'état de sa voiture. Bizarrement Sarah avait visiblement fait le lien et me regardait avec bien des soupçons ( ce qui m'amusait bien d'ailleurs). Cependant, je commençais à en avoir marre de bosser mes cours ( le manque d'habitude sans doute) mais avec une bande d'amis digne d'un groupe de premiers de la classe, je n'avais pas le choix, il fallait m'accrocher. J'avais tout de même de la chance dans mon malheur, la petite bande m'aidait pas mal. Quand j'avais eu ma mère au téléphone durant la semaine, j'avais fini consterné. Je ne sais pourquoi mais étrangement, quand j'avais annoncé avec fierté avoir reçu un A pour un devoir d'histoire ( sur la bataille de Gettysburg, durant la guerre de Sécession, chiant à mourir), elle avait cru à une blague. Si ça c'était pas vexant... Ensuite elle avait fait preuve d'une grande fierté, ce qui ne changeait rien au fait que je lui en voulais déjà. Heureusement, elle comme mes grands-parents, m'abreuvait d'encouragements en tout genre. Ma mère semblait avoir un fils dont elle pouvait être fier, en tout cas d'un point de vue scolaire. Cependant, je devrais apprendre à avoir l'air moins pensif quand je lui parlais, elle avait en effet remarqué que j'étais un peu bizarre. Je n'avais évidemment rien dit du tout sur Sarah mais le sourire des plus éloquents de ma mère laissait peu de doutes sur ce qu'elle pensait. Son fils semblait amoureux en bref et la petite maman était enjouée... Je vous jure, elle était consternante.

Quand enfin la semaine était passée, m'épuisant avec ses cours de merde, j'avais décidé de passer à l'action. Ce n'était pas le vendredi soir que j'étais passé à l'action, j'avais d'abord révisé ( et oui cela arrive et même moi j'en suis encore choqué depuis le temps, mais en même temps quand on ne passe pas son temps à faire n'importe quoi, faut bien s'occuper). J'avais arpenté les sites de la ville cherchant comment remercier Sarah et mon idée était venue, j'avais pris ma décision. Il était temps d'enclencher mon plan de séduction ( ou du moins de détente). J'avais alors attrapé mon téléphone et sélectionné le nom de Sarah ( bien obligé, la miss n'était sur aucun réseau social, bizarre pour une ado mais bon...). C'était un peu bizarre mais j'avais presque la boule au ventre à chaque tonalité.

- Allo? David? fit la voix douce de ma déesse gothique.

- Euh... Salut, je ne te dérange pas? demandai-je.

- Non, je révisais la littérature, me répondit Sarah ( mais pourquoi je demandais aussi...).

- Donc rien d'important ? demandai-je ensuite.

- Bah si c'est important... C'est typique de son époque l'écriture de Jane Austen, argumenta Sarah.

J'avais haussé les yeux au ciel ( j'avais oublié l'importance des cours pour la demoiselle). Parfois je me disais vraiment qu'on était différents sur bien trop de points.

- Ouais d'accord... Tes parents sont là ? l'ai-je questionné.

- Ma mère oui... Mon père est en rendez-vous d'affaires jusque tard dans la nuit... Mais pourquoi tu me demandes cela? fit-elle suspicieuse.

- Disons que j'ai trouvé comment te remercier, lui ai-je enfin annoncé.

- Ce n'est pas nécessaire David, enchérit Sarah.

- Si, je le veux d'accord... Laisse tout allumé dans ta chambre, dis-je enfin.

- Même l'ordi? demanda Sarah. Tu m'as fait une compilation de vidéo de chatons ?

- Hein? dis-je juste effaré.

- J'adore les chats, avoua extrêmement timidement la gothique.

J'avais oté le téléphone de mon oreille en le regardant bêtement. J'aurais pu lui demander quel âge elle avait tant sa question avait été bizarre. Je remis le téléphone à mon oreille

doucement en inspirant ( soyons détendu pour conserver ma surprise).

- Je dirai juste de rester à l'affût, dis-je alors.

- Ok pas de problème, j'attends de voir ce que tu vas m'envoyer, fit Sarah.

- Euh ouais... Bye, marmonnai-je avant de raccrocher.

Je commençais vraiment à me poser des questions sur le niveau de capacité à faire la fête d'une certaine personne avant de ranger mon téléphone. Je me regardai alors dans le miroir, mon jean et pa chemise bleu foncé donnant un air propre mais décontracté, rien de trop suspect. J'ai alors attrapé ma veste et je suis descendu, trouvant mes grands-parents dans le canapé.

- Bon j'y vais d'accord ? dis-je alors.

- Tu fais attention, et ne rentre pas non plus à l'aube, fit ma grand-mère.

- Je ne rentrerai pas tard, dis-je alors pas forcément sûr de moi.

- Tu restes à Soul Springs au moins ? demanda mon grand-père.

- Mais oui... Bon bonne soirée, dis-je avant de sortir de la maison.

Je m'approchai alors rapidement du Dodge d'un autre âge et j'ai rapidement nettoyé l'habitacle, rangeant tout ce qui pouvait l'être dans la boîte à gants, évitant ainsi à ma future potentielle passagère d'être gênée par mon désordre.

- Allons-y... J'espère que ce ne sera pas trop louche à ses yeux, marmonnai-je alors.

J'ai démarré ( dans ce sempiternel crachat de fumée des plus agaçants) et j'ai quitté l'allée de la ferme familiale. Je n'avais pas beaucoup de trajet avant le premier arrêt mais comme je n'étais pas non plus l'être le plus stupide de la planète ( ce poste étant occupé par un certain Georges) je me suis garé discrètement au début de l'allée qui menait au manoir Corey. Je suis alors descendu avant d'approcher de la grille de la maison qui restait légèrement entre-ouverte et de me faufiler de l'autre côté. Ce manoir était vraiment majestueux, et surtout grand. Je fis le tour en levant les yeux attentivement, cherchant la lumière d'une chambre. Par chance ( en tout cas j'espérais qu'elle m'avait obéi) je trouvai rapidement une fenêtre avec de la lumière. J'ai regardé par terre pour chercher un petit gravillon et j'en ai trouvé un rapidement. Je l'ai pris et hop, je l'ai envoyé vers la fenêtre. Il la percuta et je me suis mis à patienter nerveusement. Rien ne se passa et je me dis qu'il n'était pas assez gros.

- Un peu plus gros, chuchotai-je pour moi-même. Voilà...

Je pris le second et il percuta de nouveau la fenêtre. Toujours rien. Cela commençait franchement à me gonfler. Si elle n'était pas dans sa chambre, j'aurai l'air con. Si elle y était par contre, elle devrait apprendre à écouter. Au grand maux, les grands remèdes. J'ai ressorti mon téléphone et j'ai passé de nouveau un appel.

- David? Je n'ai rien reçu, me fit Sarah tout simplement.

- Par contre tu n'entends pas? dis-je alors.

- Quoi donc? dit elle surprise.

- Les cailloux à ta fenêtre ! m'énervai-je presque.

Je vis une ombre apparaître à la fenêtre avant de voir sa tête se profiler dans la lumière.

- C'est toi? dit-elle alors.

- Non, c'est le Père Noël, à ton avis? dis-je vexé.

- Mais t'es fou? Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle visiblement surprise.

- Ça te dit de faire le mur? Je dois te remercier, annoncai-je donc.

- Quoi? Mais pourquoi ? fit-elle inquiète.

- Je t'emmène quelque part... Tu descends ? dis-je alors.

- Je suis en pyjama, m'annonça Sarah.

- Et ben habille toi, tu passes par la porte? demandai-je.

- Mais... Mais... Je peux pas, Maman va s'inquiéter... En plus elle est dans sa chambre, elle m'entendra, avoua Sarah.

J'étais consterné, fallait vraiment tout lui expliquer. Je regardai alors près de sa fenêtre et je lui ai indiqué la gouttière.

- Descends par là, dis-je ensuite.

- Mais t'es pas bien? s'excita un peu Sarah.

- Pas pire qu'un arbre... J'attends...

- Bah euh..., fit-elle visiblement avant de regarder sa porte de chambre. D'accord... Je mets quoi?

- Décontracté, j'attends, dis-je en raccrochant.

Et pour attendre, j'ai attendu, je remarquai même par la fenêtre un t-shirt qui vola dans la pièce. Je commençais à me dire qu'elle ne savait pas quoi mettre et j'étais légèrement impatient.

- Mets pas quatre heures non plus, marmonnai-je.

Il ne faisait pas chaud en plus et je commençais à devoir m'agiter pour me réchauffer. J'entendis un bruit sur les gravillons sur le côté et je me dis qu'au final, elle avait pû descendre. Je tournai alors la tête et à part me figer comme un lapin prit dans des phares de voiture, je ne pouvais rien faire. Il y avait quelqu'un, le chauffeur majordome etc. Maurice me fixait légèrement surpris.

- Je..., dis-je en cherchant une excuse.

- Je vois..., fit alors Maurice. Je ne dirai rien mais j'espère que votre comportement ne sera pas déplacé.

- Je la ramène intacte, dis-je alors.

Le terme intacte resterait clairement en suspens et à la libre interprétation ( je n'avais pas réellement fait attention au terme employé après tout). Je le vis s'éloigner satisfait du propos et je relevai la tête.

- Va pour la discrétion... Allez Sarah mets une pile bon sang, m'énervai-je encore.

J'ai encore dû patienter une dizaine de minutes ( je vous jure, c'était d'un stressant cette affaire) avant de voir la fenêtre s'ouvrir.

- T'es toujours là ? fit-elle tout bas.

- Ben oui, même si j'ai vieilli depuis, dis-je amusé.

- Très spirituel, marmonna Sarah. Bon j'ai besoin de mes mains... Attrape, fit-elle avant de jeter quelque chose.

Heureusement que j'avais des réflexes, un peu plus et je me mangeais un petit sac à main en pleine gueule. Au moins il n'était pas trop lourd. J'ai alors surveillé sa descente, pas franchement timide d'ailleurs, comme si c'était normal. Elle avait revêtu son perfecto et un pantalon noir ( est-il utile de le préciser ?), je me demandais déjà quel haut elle avait choisi. Cependant elle se figea à trois mètres.

- Me dis pas que t'as oublié un truc? dis-je surpris.

- La gouttière tremble, me fit soudain Sarah.

- Saute, je te rattrape Rapunzel, dis-je alors.

Elle m'a regardé comme hésitante et sans même me prévenir, elle avait sauté. Je l'ai rattrapé à bout de bras, c'était vraiment un poids plume. J'ai alors pu voir son visage, elle semblait gênée évidemment mais elle s'était maquillée. Ses lèvres brillaient légèrement de rouge ( ça changeait pour une fois). Je pouvais voir également qu'elle avait opté pour un bustier sombre, probablement mauve foncé. Et mon dieu, elle s'était parfumée, un doux parfum de rose. C'était intéressant et hypnotisant.

- Euh... David? fit-elle tout bas.

- Oui? dis-je alors.

- Tu me poses au sol? demanda Sarah.

- Évidemment, dis-je en obéissant. Tu... Tu es très jolie...

- Merci, fit-elle en mettant une mèche derrière ses cheveux ( je vais mourir là...).

- Viens... En silence, dis-je alors en la tirant.

Je la guidais alors vers la grille, pour la passer, avant de rejoindre mon pick-up tour pourri. Je me suis approché de la portière passager et je l'ai ouverte.

- Votre carrosse, dis-je en souriant.

- Merci, fit-elle en montant.

J'ai alors fait le tour pour m'installer et démarrer. J'ai jeté un coup d'œil à ma voisine et je me suis rendu encore plus compte à quel point elle était sublime. J'en avais de la chance. Elle était cependant légèrement stressée et serrait son sac à main nerveusement. La pauvre ne devait pas être rassurée.

- David..., marmonna Sarah.

- Oui? dis-je en faisant attention à la route tandis qu'on approchait de la ville de Soul Springs.

- On va où ? demanda-t-elle en me regardant gênée.

- Surprise, dis-je simplement avec un sourire en coin.

- Tu ne m'emmènes pas au sud du Parc Mabel j'espère ? demanda-t-elle méfiante.

- Euh... C'est quoi cet endroit ? demandai-je bêtement ( ben oui, le tourisme j'en avais pas vraiment fait encore).

- C'est... Hummm... Le coin où les garçons emmènent les filles dans leur voiture... Pour... Tu vois quoi? fit-elle extrêmement gênée.

Ha ben c'était tout de même une ville comme les autres au final, les adolescents faisaient des galipettes en voiture comme partout ailleurs. C'était bon à savoir.

- Vu que tu stresses, rassure toi, je t'emmène au cinéma drive-in, dis-je alors.

- Tu m'emmènes voir un film? Lequel? demanda alors Sarah.

- Christine, de Carpenter, d'après...

- Stephen King, je connais... C'est vrai que c'est la soirée classique aujourd'hui, dit-elle alors.

Je le savais, j'avais mis une plombe à me décider ( un film d'horreur évidemment... C'est souvent payant). J'ai alors remarqué qu'elle glissait discrètement sa main dans son sac à main et qu'elle bougeait. J'ai ralentis un peu en la regardant.

- Tu envoies un texto? dis-je surpris.

- Euh... À Danielle, dit-elle alors complètement gênée. Je ne voulais pas te suivre sans que personne ne soit au courant...

- Je ne sais pas si je dois être rassuré de ta présence d'esprit ou vexé, dis-je alors avec sincérité.

- Je ne voulais pas être blessante mais c'est la première fois que je fais ça, fit-elle timidement en remettant une mèche de cheveux.

- C'est pas grave, je ne vais pas te sauter dessus, dis-je pour la rassurer.

Le fait qu'elle le soit était cependant légèrement vexant quand même. Je faisais de mon mieux pour être sympa.

- Sarah... Si tu préfères que je te ramène dis-le moi, dis-je alors au cas où.

- Non! s'empressa de dire celle-ci ( bien vite ce qui me rassurait) Je suis... contente d'être là.

- Sûre ? dis-je alors.

- Oui, tant que tu es là... Je serai rassurée.

- C'est plaisant à entendre, dis-je amusé.

- Je veux dire que ta présence est rassurante, me fit simplement Sarah.

J'étais littéralement aux anges. Elle ne pouvait pas me faire plus plaisir qu'à cet instant. En plus, elle était légèrement gênée de ses propres propos et franchement j'étais au paradis.

- Bon alors... C'est par là, dis-je en tournant à gauche.

Je guidais la voiture vers la borne, scannant le QR code de mon téléphone pour valider nos places. Je regardai attention les panneaux pour ne pas me perdre et me diriger vers le côté Drive du fameux diner Retro Cafe.

- Je paye ma part, me lança alors Sarah.

- Tu connais le principe de l'invitation ? Je paye, dis-je alors pour la rassurer.

Je guidais tranquillement ma voiture vers la borne de commande.

- Retro Cafe bonsoir, fit la borne ( la personne derrière donc). Je suis Jenny et je suis votre serveuse. Puis-je prendre votre commande?

- Tu veux quoi? demandai-je à ma voisine.

Elle détacha sa ceinture et se pencha devant moi pour parler à la borne. La position était d'un érotisme qui m'empêchait de penser calmement.

- Une grande frite, fit-elle alors. Sauce barbecue.. Des onions rings et un Pepsi citron, s'il-vous-plaît.

Elle se rassit et me regarda gênée de sa commande.

- Même chose, dis-je alors mais sauce au fromage pour les frites... Ajoutez un grand pot de popcorn salé s'il-vous-plaît, avais-je précisé.

Je passais alors ma carte et je m'étais avancé pour récupérer ma commande.

- C'est gentil, fit-elle alors toute gênée. Tu es sûr que je ne dois rien payer?

- Oui, je suis sûr, je ne vais pas me ruiner avec du fastfood, l'avais-je rassurée.

Je récupérai alors le grand plateau avec notre commande, le posant entre nous deux, et je vis amusé la jeune gothique près de moi récupérer directement une de ses frites.

- Bien croquante... Une tuerie, m'assura Sarah.

- Verdict..., dis-je en prenant une des miennes pour la goûter. Je confirme.

- On te l'avait dit, me lança Sarah.

Il ne restait qu'à trouver une place, devant l'écran tant qu'à faire. Je lançai l'application du site sur mon téléphone pour capter le son, version moderne du boîtier métallique ou de la station radio. Je regardai le décompte sur l'écran géant et je fus rassuré, l'attente serait courte.

- J'ai été très longue à me préparer, fit Sarah comme pour s'excuser.

- C'est pas grave, il n'est pas commencé, l'avais-je rassurée.

- J'aurais pû gâcher la surprise, fit alors Sarah.

- Mais non, l'essentiel c'était de t'inviter lui ai-je précisé.

Le film commença enfin avec la célèbre scène d'introduction de la chaîne de montage. Celle qui place direct le concept de la Plymouth Fury de cinquante huit et son employé broyé.

- J'avais oublié l'introduction, me fit alors Sarah en mangeant.

- Ne critique pas trop, après tout ma Dodge n'est pas en meilleure état que la Fury d'Arnie, méfie toi on ne sait jamais, lui dis-je en riant.

Arnie était bien évidemment le premier rôle du film, Arnie Cunningham, le jeune homme le moins populaire du lycée qui va être transformé par la voiture diabolique. Les frites furent engouffrées avant même l'achat d'Arnie chez le frère de la dernière victime. J'adorais personnellement l'esthétique de ce film, Carpenter était vraiment un maître du genre. Je remarquai alors un peu de mouvements du côté de Sarah et je la vis enlever ses chaussures pour glisser ses pieds sous ses fesses afin de mieux s'installer pour manger les popcorns.

- Cela ne te gêne pas j'espère ? demanda alors Sarah en remarquant mon regard.

- Non, t'inquiète pas, fais comme chez toi... C'est assez confortable ? demandai-je méfiant.

- Ça va, merci, fit-elle en regardant à nouveau devant elle.

Le film avançait tranquillement, sans que nous ne discutions réellement même si Sarah sursautait de temps en temps ( c'était assez drôle, elle avait pourtant déjà vu le film). Je me concentrais sur le film quand une de mes scène préférée démarrait. C'était la scène du Drive in. L'un des essuie-glaces de Christine cessait de fonctionner alors que la paire Arnie et Leigh, sa copine dans le film, était à un rendez-vous dans un cinéma drive-in. Quand Arnie sortait pour le réparer, Leigh commenca à s'étouffer avec un hamburger.

- C'est dingue, se dire qu'on est également dans un Drive, me fit alors Sarah en riant.

- D'où l'absence de burger, ne tentons pas le diable, dis-je en levant ma main pour prendre des popcorns.

Je vécu alors la scène la plus cliché des films romantiques ( un comble, je hais ces films souvent stupides). En effet, ma main heurta celle de Sarah qui tentait également de se servir. Cela risquait d'arriver forcément mais Sarah réagit bizarrement. Contrairement aux films où elle s'arrêterait pour m'observer gênée, ma gothique s'était plutôt crispée. Je la regardais méfiant et elle me regardait du coin de l'œil alors, j'ai fait semblant de rien. J'avais vraiment envie de l'attirer contre moi mais elle risquait de se vexer. Pourtant, j'ai quand même levé le bras droit pour prendre appui sur le dossier du long siège unique à l'avant. Je la vis réagir immédiatement et tourner la tête vers le côté opposé, elle fixait ma main méfiante. Immédiatement elle se tourna vers moi.

- Tu fais quoi? demanda Sarah soudainement méfiante.

- Pourquoi tu paniques ? demandai-je surpris.

- Je sais comment ça se passe tu sais... Les mecs n'ont pas inventé l'eau tiède. Une main sur l'épaule puis un peu plus... Tu es entrain d'essayer ? me questionna Sarah.

- Mais non, mentis je pris sur le fait. Je m'installe correctement... Tu veux que je retire ma main?

- Non..., fit-elle en prenant attention au film.

Je la regardais stupéfait, c'était moi ou elle m'y incitait en fait ? Je n'en savais absolument rien ( ce serait plus facile si je pouvais lire dans ses pensées). J'hésitais complètement quand elle changea sa position. Elle semblait chercher un moyen de mieux s'installer. Je remarquai cependant qu'une voiture derrière nous était bien plus bruyante que nécessaire, sans doute ses occupants étaient éméchés. J'essayais de voir ce qu'il se passait quand je sentis un poids contre ma main. Je tournai brusquement ma tête et alors je compris. Sarah s'était en effet calée contre le siège et sa tête reposait sur mon bras. J'étais un peu étonné quand elle tourna la tête en se mordillant bizarrement la lèvre. J'étais plutôt sur le cul ( c'était bien elle qui faisait le premier pas après tout) et je la regardais légèrement surpris. Elle cessa de se mordiller et je la vis s'appuyer sur ses mains pour se rapprocher sans me quitter des yeux. Elle inspira en prenant alors appui et s'avança. Soudain quelque chose percuta le plateau du pick-up et elle sursauta.

- Qu'est-ce que c'était ? fit-elle inquiète en se tournant.

- Ho putain, on a balancé un truc, dis-je énervé.

Il allait y avoir un meurtre, un putain de meurtre. On venait de me casser mon coup là. J'allais pouvoir la tenir dans mes bras, peut-être même l'embrasser. J'ouvris ma portière et je sortis.

- David, fais pas de bêtises, fit alors Sarah en sortant.

- Hey, dis-je à ceux de derrière. C'est quoi ce bordel?

Soudain je fus illuminé par un flash, celui des phares de la voiture à l'arrière.

- Ha ben ça alors..., fit une voix que je connaissais, celle de Georges.

Je me dis alors que cela allait déraper. Soudain j'entendis un rire d'un mec que je ne connaissais pas et une voix prit place.

- C'est qu'il allait se faire Miss Naïve le New Yorkais! fit la voix.

- Merde, marmonna Sarah. Calvin.

- Et c'est qui? demandai-je tout bas quand les phares s'éteignirent et que les sportifs descendirent de leur voiture.

- Le quarterback..., marmonna Sarah mal à l'aise.

Je regardai alors le grand blond, joueur vedette et clairement prétentieux. Il s'approchait tranquillement.

- Viens David, fit Sarah en s'approchant. On s'en va...

- Je ne vais pas m'écraser devant un connard, répondis-je.

- S'il-te-plaît, fit-elle en attrapant ma main.

- Ho Miss Naïve veut peut-être te montrer quelque chose... C'est ça ? demanda Calvin sous les rires du débile profond.

- Je... Je..., bafouilla Sarah.

- Vous comptez nous faire chier? demandai-je en m'avançant un peu. Essaye et t'as fini ta carrière.

- Ce serait normal qu'elle te montre des choses, tout le monde ici sait à quel point elle adore montrer ses nichons, fit alors Calvin en me narguant.

- T'as dit quoi espèce...

- Calvin! Arrête ! fit alors Sarah.

Je me retournai alors vers elle, elle semblait en panique.

- Quoi? Il les a pas encore vu? Pas de bol... Tu veux voir? fit-il en sortant son téléphone.

J'étais plutôt estomaqué de la tournure des évènements et surtout perdu. C'était quoi ce bordel?

- Tu devais tout supprimer, le directeur te l'avait ordonné, fit alors Sarah au bord de la crise de nerfs.

Il se passait un truc dont je n'avais pas réellement conscience. Un truc glauque et pas net tandis que Calvin pianotait sur son téléphone.

- J'en ai gardé une en souvenir... Ça peut être utile, fit Calvin sur un ton diabolique.

- Quelqu'un peut m'expliquer ? dis-je alors choqué.

- Tu vas voir, fit alors Calvin en me montrant son écran.

- Regarde pas, hurla presque Sarah en larmes.

L'éclairage de l'écran devait être à fond et je pus voir la fameuse photo. Il était évident que c'était Sarah même si ses traits étaient bien plus juvénile. Elle semblait gênée de la photo ( sur la photo j'entends). C'était évident qu'elle était devant quelqu'un qui prenait la photo ( sans doute Calvin d'ailleurs), habillée uniquement d'un jean et surtout seins nu, une poitrine naissante d'une jeune fille de douze ou treize ans. J'étais sur le cul, même moi je ne me serai jamais abaissé à ça.

- Bon ils ont dû grossir depuis, fit alors Calvin. Tu m'enverras la photo ? me dit-il alors tandis que j'entendais un sanglot.

Ensuite, tout se passa si vite que je n'en avais pas eu conscience. Je n'avais entendu qu'une chose, Sarah criant mon nom. Je me souviens avoir poussé sa main violemment, faisant tomber le téléphone qu'il tenait directement sur le sol, explosant l'écran. Je me souviens surtout de sa stupeur mais également du craquement. Ma rage explosait aussi vite que son nez percuté par mon poing. J'étais de nouveau sur lui, frappant sa mâchoire avant même qu'il ne réagisse.

- Fils de pute ! dis-je en frappant encore. Je vais te crever! dis en ajoutant un autre coup.

- David arrête!!! hurla Sarah en s'approchant.

Je vis le gros crétin fini s'approcher et je lui ai balancé un coup de pied dans son ventre.

- Couché l'attardé! Quand j'ai fini ton pote je m'occupe de toi!

Cependant Calvin s'était redressé et m'avait frappé également. Cependant, j'étais déjà habitué à prendre des coups et il en mangea un de plus, son sang éclaboussant la portière de sa voiture.

- Arrête!!! Tu vas avoir des ennuis! fit Sarah en m'attrapant par le bras.

- Il sera plus en état de parler quand j'en aurais fini avec lui! dis-je des plus méchamment.

J'entendis des pas près de moi, quelqu'un courrait. Je n'eus pas le temps de me retourner que quelqu'un me poussa.

- On se calme ! fit une voix forte.

Je remarquai enfin qu'il s'agissait du running back, le grand noir. Il allait prendre sa part de la correction. Cependant, en me saisissant, il m'avait presque fait reculer d'un mètre. Ce mec était une force de la nature. Quand il leva la main, je crus que j'allais me manger un coup de poing. À ma surprise, il tenait sa main ouverte.

- On se calme... Je veux pas me battre... Il se passe quoi ici? demanda le jeune homme.

- Calvin a gardé une photo Garrett, fit alors Sarah.

- Quoi? fit celui-ci choqué. Mais...

- Je t'assure... David m'a juste défendue, ajouta-t-elle.

- Casse lui la gueule Garrett, fit Calvin en tenant son nez cassé.

- Ferme la !!! T'as gardé une photo connard ? Tu devais avoir tout détruit... Et je t'avais dit d'arrêter de faire chier les amis de ma sœur, s'énerva Garrett en regardant ses équipiers.

- Ho ça va!!! fit Calvin vexé.

- Vous deux allez vous en, nous fit le fameux Garrett. Je vais régler ça Sarah.

- Merci Garrett... Désolée... Viens, on s'en va je t'en prie, fit-elle en tirant ma main.

Je la regardais complètement perdu et j'ai fini ( je ne sais comment) par quitter le drive in. Sarah pleurait à côté de moi et, expulsant ma rage, j'ai frappé mon volant du poing.

- David calme toi, me supplia Sarah.

- J'aurais dû le buter... Lui arracher les yeux... Lui faire bouffer son PUTAIN DE TÉLÉPHONE !!!! m'énervai-je.

- Gare toi... Arrête toi, fit-elle suppliante.

J'obéis alors en respirant difficilement. J'étais au bord de l'explosion.

- Pourquoi j'ai dû obéir à ce mec? Et c'est qui sa sœur ? dis-je alors.

- C'est Garrett... Le frère jumeau de Danielle..., m'expliqua Sarah.

Je relevais à peine en réalité, fixant Sarah qui était totalement décomposée.

- Il t'a prise en photo c'est ça ? demandai-je alors.

- Je... C'est plus compliqué, dit-elle alors.

- Sarah... Tu veux en parler? dis-je inquiet.

- Non... Tu dois me prendre pour une salope, dit-elle en fixant l'extérieur.

- Non, dis-je en redémarrant.

- Bien sûr que si... Y a qu'une salope pour faire ce genre de photos, fit-elle tristement.

- Vu ton surnom, dis-je en faisant attention à un nid de poule. Il s'est foutu de ta gueule c'est ça ? C'était pour lui que tu chantais? dis-je méfiant.

- Non pas pour lui, marmonna Sarah. Mais je suis sortie avec Calvin... Pas longtemps... Il m'a plus ou moins piégée pour la photo, entre autres, fit-elle mal à l'aise.

- Je vois...

- Tu as honte de moi c'est ça ? demanda-t-elle en panique.

- Je crois plutôt avoir cerné la situation... Il t'a fait croire qu'il était intéressé... T'as convaincue et diffusé la photo... Un bel exemple de connard, marmonnai-je en regardant ma main.

- Tu as mal? demanda-t-elle.

- Bah... Pas la première fois... Et puis comparé à ta douleur, ce n'est rien, dis-je calmement.

Sarah me fixa tout le long du chemin de retour. Elle semblait très mal à l'aise, ce que je pouvais comprendre en fait. Nous les mecs on avait quand même notre lot de fils de pute. Comment on pouvait faire croire à une fille qu'elle nous plaisait juste pour la prendre en photo ? Plein de mecs faisaient ça, même dans mes potes. J'en connaissais même un qui sortait avec les filles, majoritairement vierges, pour faire des paris avec d'autres en essayant de deviner au bout de combien de temps il pourrait prendre leur pucelage. Je ne pariais jamais, même si avant Sarah je ne pensais pas aux sentiments des filles, je n'avais pas ce genre de comportement. C'était profondément dégueulasse. Je ruminais encore quand enfin nous arrivâmes devant la grille du manoir Corey.

- J'ai tout gâché, fit alors Sarah en descendant de la voiture.

- Attends, dis-je en me dépêchant de la suivre.

Elle ne se retourna pas tandis que je passais devant elle. Je ne voulais pas qu'elle s'en veuille.

- C'est pas ta faute, dis-je alors.

- Si... C'était bien... En plus t'as même pas vu la fin du film, dit-elle gênée en croisant les bras.

- On s'en fout du film, dis-je alors en la regardant.

- En plus maintenant tu dois te dire que je suis une fille facile..., marmonna Sarah.

- Ce n'est sûrement pas le cas, dis-je alors.

- Mouais... C'est ça...

- Sarah... Je m'en fous de ça... C'était une connerie de jeunesse, et j'en connais un putain de rayon..., dis-je alors à court d'arguments.

- Je suis au courant, fit-elle.

- Je me doute, Grand-père et sa capacité à vanter mes mérites, marmonnai-je.

- Dire que j'allais...

- Tu allais ? demandai-je intrigué.

- Non... Rien... Ça ne vaut pas le coup, fit elle alors.

- Je sais que je ne vaux pas le coup, dis-je alors.

- Mais..., fit-elle en haussant les yeux vers moi.

- Toi tu mérites quelqu'un de bien, dis-je alors. Pas un mec comme moi...

- Mais... Je... J'allais...

- T'allais m'embrasser c'est ça ? demandai-je.

- Je ne sais pas... C'était l'instant..., hésita-t-elle.

C'était l'instant pour elle, et maintenant ça l'était pour moi. Je ne sais pas ce qui m'a pris mais à cet instant présent, je ne voyais qu'une chose à faire. Je l'ai alors saisie par les joues pour l'embrasser. Je l'ai sentie se crisper immédiatement, ce n'était pas une si bonne idée. Cependant, elle semblait se détendre quand mes lèvres touchèrent les siennes. Elles étaient douces, encore plus que je l'espérais. J'embrassai tout doucement, légèrement pour la détendre mais, comme souvent j'étais du genre poussif. Instinctivement, j'avais caressé sa lèvre avec ma langue pour quémander plus. Elle posa ses mains sur mon torse en gémissant. J'étais heureux, je voulais plus, toujours plus, j'aimerais l'emmener dans ma voiture et ne plus la lâcher, peut-être aller plus loin si elle était partante ( peut-être trop pressé sans doute, mais bon les hormones)... Sauf que son gémissement n'était pas normal, elle poussait sur mon torse.

- Arrête... marmonna-t-elle alors me surprenant.

Avant même que je ne puisse cesser le baiser, je sentis comme une poussée au moment où elle hurla.

- ARRÊTE!!!

Soudain, sans que je ne comprenne pourquoi, mes pieds quittèrent le sol. Cette fille avait une force démentielle. J'étais tellement sous le choc que je me rendis compte que je reculais qu'au moment du choc. En effet, mon dos venait de percuter la grille, tout comme ma tête d'ailleurs avant que je ne tombe par terre. Je la regardais choqué, comment avait-elle pû faire cela.

- Ho... David..., fit-elle très mal à l'aise. Je suis...

- Qu'est-ce qui vient de se passer? demandai-je en réalisant que j'avais reculé de près de deux mètres.

- Non... Je... Je suis désolée... Je... Je voulais pas te faire du mal, disait Sarah très mal à l'aise.

- Mais...

- Que se passe-t-il ici? fit une voix derrière moi, celle de Dorothy Corey.

- Maman... C'est un accident... Je voulais pas...

Je regardai sa mère qui semblait contrariée, elle me fixait avec un peu de méchanceté. J'avais clairement l'impression d'être un ennemi.

- Je vois... Tu as désobéi et tu es sortie, en plus pour lui, fit-elle sur un ton dédaigneux. Voilà ce que tu as gagné.

- J'ai réagi instinctivement, fit alors Sarah.

- C'est ma faute, dis-je alors pour défendre Sarah.

- Silence ! fit sa mère. Fais le entrer dans la maison. On va régler le problème, comme la dernière fois.

Je regardai les deux femmes totalement choqué. Tandis que Sarah vint m'aider à me relever, je faisais mes premiers pas dans un monde différent du mien.

- Je suis vraiment désolée, je te demande pardon... J'aurais dû le redire... marmonnait en boucle Sarah.

Je ne comprenais plus rien tandis que je voyais approcher le manoir. J'avais l'impression que plus jamais je n'en sortirai vivant... Un étrange impression tandis que le monde normal que j'avais connu depuis toujours disparaissait presque sous mes pieds.



...






Laisser un commentaire ?