Vampire Classroom

Chapitre 16 : CHAPITRE SEIZE

5097 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 12/09/2021 16:28

CHAPITRE SEIZE



Je remonte dans le bâtiment des cours complètement perturbé. Phoebe m'a fait comprendre à quel point je voyais Josie différemment. C'est vrai que son côté vampire ne m'a pas semblé problématique dans la liste des éléments qui s'opposent à un aveu. Je ne veux pas me livrer à Josie, elle mérite quelqu'un capable de comprendre toute la difficulté à avoir eu sa vie. Je suis juste une adolescent peu sûr de lui, pas quelqu'un qui peut lui apporter quelque chose. C'est évident que moi, je ne serai qu'une source de problèmes pour elle, un simple humain inutile.

J'ai bien vu l'heure sur ma montre et le cours de littérature est fini et personnellement, je n'ai pas envie d'aller manger. Je monte alors directement au journal de l'Institut. Je traverse le couloir des clubs et j'arrive devant la porte. J'entends étrangement une musique, un cd de rock visiblement. Tiens? Elle est là ? Elle discute de vampirisme ? Josie m'avait avoué que c'était ce qu'ils faisaient pour éviter que les élèves de la Blue Class ne les entendent. Je vérifie alors le couloir et, comme je suis seul, je pose mon oreille contre la porte. Ce serait plus pratique si j'avais leur ouïe mais bon... Je discerne clairement deux voix féminine, celles de Josie et Nastya qui discutent en anglais comme souvent en cas de risques d'être découvertes.

- Josie... Tu es sûre de toi? demande Nastya.

- En fait non... Ben ne nous voit pas comme ce que nous sommes, explique Josie.

Tiens je suis le sujet de conversation? Je déglutis d'inquiétude, j'espère que je n'ai rien fait de mal.

- Il est stupide à ce point ? fait Nastya.

Merci bien!

- Il n'est pas stupide. Loin de là même, me défend Josie que je remercie silencieusement pour cela.

- Il croit que nous sommes gentils...

- Nastya... Il a appris pour nous en m'aidant... marmonne Josie.

- Et alors? On aurait effacé sa mémoire, c'était réglé, justifie Nastya.

- Tu ne l'aimes pas n'est-ce pas? fait Josie.

- Je m'en méfie... Ses réactions sont loin d'être normales, fait Nastya.

Dis donc... Je suis vraiment un cas à part? Sympa!

- En quoi est-ce gênant ? s'énerve Josie.

- Tu t'es attachée à lui...

- Oui... Et?

- Tu lui as montré Marie, fait Nastya. Tu as mis quinze ans à me parler d'elle.

Je réalise soudainement que Nastya doit juste être jalouse, comme une fille délaissée. C'est leur façon d'être et c'est surprenant.

- Je voulais la voir et ce n'est pas le sujet, fait alors Josie.

- Tu as toujours apprécié ces gens qui pensent différemment, qui sont hors de leur temps, fait Nastya.

- Ce n'est pas ça... Il est différent. Il est l'image même de ce que nous désirons.

- Donc c'est juste un bon sujet pour l'expérience ? fait Nastya.

- Tu m'énerves... Tu es comme moi.

- Je sais, on dirait une mère et sa fille... Pardon...

- Je te considère comme telle... Mais...

Je réalise que le cd doit changer de piste, elle doit m'entendre. Je frappe alors à la porte essayant de masquer le fait que je les ai entendues. Je n'attends pas la réponse de Josie et j'entre.

- Ben... Alors avec Phoebe ? me demande Josie mal à l'aise.

- Ça va, visiblement tu t'inquiètes.

- Je voulais être sûre que tu sois prêt, m'avoue Josie.

Je remarque la tête vexée de Nastya et je soupire. Avec elle, ça ne passe décidément pas.

- Je suis parfaitement prêt tu sais, je ne suis pas stupide.

- Ce n'est pas ce que je pensais Ben mais j'avais peur que tu sois choqué, explique alors Josie.

- Je ne le serai pas et je suis réellement prêt à voir cela. Dès maintenant si tu le veux.

Josie me regarde alors avec une certaine surprise. Je la comprends, d'habitude je ne suis pas sûr de moi mais maintenant j'en ai marre de réfléchir quatre heures avant de prendre une décision importante. Elle sourit de mon audace visiblement.

- Je vais donc vous laisser, fait Nastya déjà lassée.

Je la regarde rapidement et je me dis que c'est le moment où jamais de briser la glace avec la russe.

- Tu peux rester, cela ne me gêne pas.

- Parce que je pourrais te gêner ? répond Nastya sèchement.

Oups mauvaise piste! Je la regarde et je me sens mal à l'aise.

- Je ne veux pas être un obstacle dans ta relation avec Josie.

- Et donc... Tu me proposes de rester? demande Nastya.

- Je te l'avais dit, fait alors Josie.

- Je peux juste te poser une question avant? dis-je alors.

- Laquelle ? demande Nastya étonnée.

- Comment cela se passe pour toi le projet ?

Je me demande d'ailleurs comment cela se passe pour tout le monde. Je ne me vois cependant pas arpenter tout leur dortoir pour demander alors.

- Mal, mon binôme était un mauvais choix, me dit-elle.

- Quelqu'un que je connais?

- Non, je ne pense pas. Ce n'est pas un de tes amis, explique Nastya.

- Pour Deacon il s'agit de Albérich, précise Josie.

Ha ben... Le pauvre! Je ne sais même pas lequel je plains le plus...

- Et...

- En progrès... Allez Nastya reste, cela ne le gène pas, insiste Josie. Installe toi, me dit-elle.

Je me dirige vers la grande table et je tire une chaise pour m'installer. Je fixe Josie et elle observe Nastya qui vient s'asseoir sur la table. Josie quant à elle s'assoit sur une chaise face à moi et ses crocs sortent. J'arrive pas à m'y faire à ce truc! Je la regarde se mordre le doigt et me le tendre. Je vois Nastya ouvrir la bouche de stupeur quand Josie pose une goutte de sang sur mes lèvres.

- Allons-y... Veille sur nous ma puce, dit Josie.

- D'accord, ne t'inquiètes pas, répond Nastya.

Une mère et sa fille, c'est vraiment l'image que j'ai quand tout à coup, je subis le fameux fondu au noir. Ça y est, je suis revenu dans le passé, dans le fameux château. Il y a une certaine assemblée mais je n'arrive pas à l'observer. Mon regard reste posé sur la jeune Joséphine, plus si jeune vu qu'elle a son âge physique actuel et pourtant... Je suis sous le choc. Elle a l'air malade, mal au point et seule la tristesse se lit dans ses yeux. Elle porte le noir également, marque du deuil.

- Je ne m'en remettais pas, me dit alors Josie.

- Qui s'en remettrait ? dis-je en la regardant.

Elle hausse juste les épaules quand le souvenir démarre réellement. Je suis les évènements d'un œil et d'une oreille attentive. Je vois le frère de Louis, le fameux Charles approcher de Josie.

- Ma chère, sachez que je partage votre peine, dit Charles.

- Cessez donc de prétendre cela, vous êtes déjà en lice, fait la jeune Joséphine.

En lice? En lice de quoi? je regarde alors Josie et elle me fixe méfiante.

- De quoi tu parles? dis-je méfiant.

- À mon époque, si une héritière était déjà veuve, il était de convenance qu'un membre de la famille du défunt la prenne pour épouse, m'explique Josie.

- Attends... Tu dois l'épouser ?

- Oui, fait simplement Josie. Mais les évènements vont se bousculer, observe.

Je reprends attention et je remarque que Joséphine est clairement énervée sur Charles mais ils parlent assez discrètement.

- Je refuse de vous épouser.

- Je l'ai juré à mon frère, prétexte Charles.

- Il ne m'aurait pas confiée à vous, vous êtes un monstre et un être répugnant.

- Je ne vois pas en quoi ma chère Joséphine, avance Charles.

- Dites moi un peu le nombre de vos bâtards dans le royaume vu que vous troussez toutes les domestiques ! répond Joséphine avec hargne.

Je me tourne vers la concernée en version vampire et j'hésite à demander.

- C'était un fait, me fait Josie se doutant de ma question.

- Ha... D'accord... J'ose demander si il y avait consentement ?

- Pas toujours... Je te l'ai dit, aussi monstrueux que Louis était bon, confirme Josie.

J'entends toujours celle-ci se disputer avec discrétion quand soudain une voix posée se fait entendre.

- Dame Joséphine, c'est un honneur pour moi de vous rencontrer, fait cette voix.

- Puis-je connaître votre nom?

- Jacques Dautreux Madame, j'ai combattu aux côtés de votre époux. C'était un homme extrêmement brave. Je vous prie de croire en ma compassion.

- Je vous remercie.

Je regarde alors attentivement cet homme. C'est donc lui le fameux Jacques ! Étonnement, je suis surpris de son aspect physique. Il est grand mais pas foncièrement musclé ni même du genre à arborer un embonpoint. Il a des cheveux mi-longs noir et une barbe fournie. Un physique banal mais qui me surprend énormément.

- Ça va? dit Josie visiblement surprise de ma réaction.

- C'est dingue...

- Quoi donc? insiste Josie.

- Il ressemble... À mon père.

- Tiens c'est vrai, j'ai vu une photo dans la chambre de ta sœur, fait Josie. Mais cela s'explique aisément.

- Ha bon? dis-je étonné.

- Oui, Jacques a un physique extrêmement ordinaire, banal et passe partout. Il ne se fait presque pas remarquer, c'est un bon avantage pour un vampire, explique Josie.

- Mais cette ressemblance... Même dans sa façon de parler.

- Tu parles également comme lui, comme le professeur Kane... Et comme le directeur, me fait Josie.

- Euh... Pas vraiment pour ce dernier...

- Parce que tu ne l'as pas connu jeune. À certaines époques, Jacques était tellement peu remarquable que les gens l'oubliaient presque, m'explique Josie.

- Sans doute... C'est vrai qu'il ressemble aussi à Victor French¹.

- Tiens maintenant que tu le dis... C'est vraiment passe partout... fait Josie pensive.

Je remarque que cette dernière, enfin sa version médiévale, parle beaucoup de son époux défunt avec Jacques, ignorant d'ailleurs au maximum Charles. Je ne prête pas très attention à la conversation.

- Josie... Parle moi de Jacques.

- Tu t'intéresses à lui? fait-elle amusée.

- Après tout il a sa place dans ta vie... Et ton vampirisme.

- Jacques... dit-elle tout bas. Il y a tellement à dire. Ce n'est pas son vrai prénom.

- Ha bon?

- Oui, il s'appelle en réalité Iacek. Cela ressemble. Il avait déjà plus de deux mille ans à l'époque.

- Attends... Quoi?

- Il est extrêmement vieux... Et cultivé. Il est le fils d'un marchand de l'Europe de l'époque mais a grandi à Sumer, m'explique Josie.

- Euh... Admettons que je ne sais pas où c'est...

- C'était l'ancienne Irak, les peuples sumériens... Tu vois?

- Ha ouais...

- À l'époque de notre rencontre, il avait déjà parcouru plusieurs fois le monde... Il adore la France... Je t'avoue que je ne sais pas quoi te raconter en réalité... Il y a tellement à dire.

Je la regarde et étonnement je la comprends, ce type est si vieux qu'il doit connaître beaucoup de choses.

- Il parle toutes les langues du monde, en plus de celles déjà disparues...

- La vache...

- Impressionnant hein? fait-elle amusée. Il a assisté à la naissance de plusieurs civilisations mais également à leurs disparitions. Il a toujours cherché des gens intéressants à ses yeux pour faire d'eux des vampires...

- Il a réellement connu ton mari? dis-je alors.

- Oui, il aime les champs de bataille, c'est un garde manger pour lui. Mais ce n'est pas un monstre sadique... dit-elle comme hésitante.

- À quoi tu penses ?

- Il a cependant tendance à jouer avec les gens, à influencer le monde, dit-elle surprise de mon intérêt.

- Influencer le monde?

- Oui, pousser les gens à faire carrière, des découvertes, la politique... Il a financé les recherches de Léonard de Vinci entre autres...

- Bordel...

- Le monde évolue et il aime l'observer évoluer. Il est un peu à part même pour nous. Il disparaît souvent pour mieux réapparaître ensuite. On s'est séparé plusieurs fois. Mais il m'a toujours retrouvée, dit-elle soudainement.

- Et durant ses fameuses absences, il fait quoi?

- Il cherche des réponses, me fait Josie assez énigmatique.

- Josie...

- À notre origine... Il t'apprécierait, me dit-elle en touchant mon bras.

- Ha bon?

- Oui, ta capacité a accepter ce que je suis, tu serais un... sujet d'observation de choix pour lui.

- Au fait, il est où ?

- Actuellement tu veux dire? Il était supposé être dans la région de Chicago. D'où les traces qu'il laisse... Pour que nous ses créations puissions le retrouver, me dit-elle.

- Et... Ne m'en veux pas de ma question mais qu'est-ce qu il l'a motivé à te transformer ?

- Je comprends ta question... C'est ce qui t'a fait rire la première fois, me dit-elle.

- Ton féminisme ? Je comprends, tu étais à part.

- Merci Ben...

- Je comprends. Tu étais déjà un peu à part.

- Bon... On va avancer... Pour te faire comprendre la suite, sache juste que durant trois jours Charles a insisté pour me convaincre de l'épouser et a fini par me faire comprendre que je n'aurai pas le choix, me dit-elle alors.

- D'accord...

- Et également, que j'ai pris une décision...

J'essaye de comprendre mais soudain, les souvenirs défilent et je me retrouve rapidement dans une chambre dans laquelle Dame Joséphine entre. Elle semble stressée et résolue mais résolue à quoi? Je la vois s'asseoir sur son lit et serrer son médaillon tandis que les larmes coulent.

- Josie...

- Je suis au bord du gouffre à ce moment là, et ma décision est prise. Je veux mourir, me dit-elle.

- Quoi?

- Plutôt me suicider que d'épouser Charles et encore moins lui donner des héritiers, me fait Josie. Un poison, ajoute-t-elle en se montrant du doigt.

Je vois en effet la Joséphine du passé sortir une fiole de sa robe et l'ouvrir. Elle a les mains qui tremblent mais semble prête à mourir. Soudain, une voix retentit.

- Quelle résolution Joséphine.

Je me retourne en même temps que cette dernière et je vois Jacques appuyé à la fenêtre ouverte. Je sais déjà que nous sommes assez haut.

- Comment... Mais que faites-vous ici?

- Je ne peux accepter votre décision.

- SORTEZ D'ICI!

- Allons, fait Jacques en avançant vers Joséphine.

- Laissez moi!

- Je peux vous proposer la fuite, fait Jacques.

- Comment...

- Une fuite lointaine... Je peux vous offrir tellement de choses... Goûtez ceci... C'est la porte de l'immortalité..., fait Jacques en tendant quelque chose.

- Mais que... Qu'est-ce donc? demande Joséphine.

- Vous verrez...

Je me demande ce qu'il va lui montrer mais étonnamment, après que Josie avale ce qu'il lui tends. Je les vois juste immobile.

- Ha... fait Josie.

- Quoi?

- Tu ne peux voir ce qu'il me montre... Bon... Je vais t'expliquer, il me montre ses voyages, ses pouvoirs, l'explication des vampires... Un peu comme moi avec toi mais en insistant sur la supériorité des vampires, m'explique Josie.

- Mais... Tu n'as pas eu peur?

- Non, j'ai vu... Une échappatoire. Partir et vivre en me souvenant éternellement des miens.

- D'accord....

Je suis stupéfait mais je vois que les bougies fondent extrêmement vite alors que ni Josie ni Jacques ne bougent.

- J'accélère le souvenir, me précise Josie. Vu que tu ne vois pas... Je prends ma décision d'accepter son offre dans la vision du souvenir.

Je remarque que les bougies ne fondent plus très vite. Soudain Joséphine reprend la parole.

- Jacques... Est-ce douloureux de mourir? demande-t-elle.

- Oui mais le bénéfice est grand... Acceptez-vous de devenir comme moi? demande Jacques.

- Je... Me souviendrai je de ma fille? Et de mon époux ? demande Joséphine.

- À jamais, répond Jacques. Pour l'éternité.

- Alors faîtes de moi... un être supérieur, fait soudainement Josie.

- Je ferai attention... C'est un honneur sachez le.

- Allez-y.

Je vois soudain les crocs de Jacques apparaître et je sursaute alors que Joséphine non.

- Tu n'as pas peur? dis-je choqué.

- Je n'ai plus rien Ben... Alors autant changer.

Je vois alors Jacques détacher la robe de Joséphine et dévoiler ses épaules. Il s'en approche lentement et soudain, il plante ses crocs en elle. Je la vois souffrir, respirer difficilement... C'est horrible à voir... Je la vois mourir. Putain! C'est horrible ! Je détourne le regard de la situation mais j'entends un bruit de succion qui me dégoûte.

- Hein? Qu'est-ce que tu dis? dit Josie près de moi.

Je la regarde surpris quand elle s'approche de moi inquiète.

- Ben ça va? dit-elle inquiète. Nastya me dit que tu ne vas pas bien? Ton cœur s'affole...

- Je... Je te vois mourir... C'est comme si c'était toi... C'est... Triste.

- Ben, je suis toujours là, je comprends la bizarrerie de la situation mais ne t'en fais pas, je suis très heureuse d'être une vampire. Il ne m'a ni maudite ni transformée en créature que j'abore... D'accord ? demande Josie.

- D'accord... Pourquoi...

Il se passe un truc, tout s'assombrit et le bruit devient étouffé.

- Je meurs... Regarde, dit-elle en me montrant son corps.

Je tourne la tête et elle est presque inerte. Jacques retire alors ses crocs de Joséphine et porte son poignet à sa bouche. Je remarque qu'il se mord au niveau des veines et il porte son poignet à la bouche de Josie.

- Il remplace mon sang par du sang de vampire, il enclenche ma transformation, m'explique Josie.

- Tu ressens quoi à ce moment là ?

- Là... Hmmm... Comment dire? Alors que je ne sentais plus rien, ni la chaleur ni le froid, j'ai l'impression que quelque chose brûle en moi, une vie nouvelle, une âme nouvelle...

- C'est douloureux ?

- Très, surtout quand tu es vidé de ton sang, dit-elle alors. Mais tu vas voir la seconde phase.

- La seconde ?

Soudain, tout est noir et quelques secondes plus tard, une nouvelle pièce apparaît. Elle est moins richement décorée et de loin, c'est même quelque chose de très pauvre.

- C'est une ferme, me dit Josie. Nous nous sommes rapprochés de Paris.

- Mais... Pourquoi ?

- Tu te souviens de ce que je t'ai dit sur la transformation dans la salle de bain du motel? demande Josie.

Je réfléchis rapidement... Elle m'a parlé des types de vampires, de leurs pouvoirs, de leurs faiblesses... Et également de...

- Huit jours. C'est cela? Tu as dormi huit jours ?

- Pas exactement, me fait Josie.

- Mais...

- Huit jours, c'est le temps de latence qu'il reste pour que je finisse ma transformation. Si elle n'est pas achevée, on meurt, explique Josie. Quand je te dis que nous avons le choix.

- Mais comment on achève ça ?

- Regarde...

Tandis que je posais mes questions, Jacques discutait avec Joséphine. Elle semble très nerveuse, comme surexcitée.

- La faim se fait sentir, m'explique Josie.

- Ok...

J'observe attentivement le créateur et sa nouvelle création. Il prend enfin la parole.

- Joséphine, j'espère que vous êtes prête, dit Jacques.

- Prête à quoi? demande la concernée.

- À la suite. Entre, fait Jacques.

Je vois alors la porte de la pièce s'ouvrir et un homme jeune entrer dans la pièce. Je lui donne à peine vingt ans, il est sale et vu l'état de ses mains, il ne fait aucun doute qu'il s'agit du fermier. Cependant, je remarque son regard. Il est vide, hagard et sans aucun doute perdu.

- Qui est-ce ? demande Joséphine.

- Il s'agit du moyen pour vous de devenir comme moi, répond Jacques.

- Mais... Il n'a pas peur? demande Joséphine.

- Je me suis assuré du contraire.

Hypnotisé ! Jacques l'a hypnotisé pour qu'il obéisse. Je vois Jacques s'approcher du jeune homme et le tirer vers Joséphine. Il le place près d'elle et invite cette dernière à se lever. Soudain, d'un coup d'ongle en réalité, il lui entaille le cou. À mon plus grand étonnement, je vois les yeux de Joséphine devenir rouge et ses crocs apparaissent.

- N'hésitez pas Joséphine, servez vous, fait Jacques.

Je regarde la Joséphine du passé s'approcher lentement et soudain c'est un carnage. Je la vois se jeter sur lui avec rage et planter ses crocs. Le sang gicle brutalement sur le mur, se répandant comme une peinture macabre tandis que les gouttes descendent lentement le long du mur. Les bruits de Joséphine me poussent à me reculer tandis qu'énormément de sang se répand sur le corps de l'homme. J'ai un haut le cœur et je me recule.

- Putain de merde...

- Désolée, je mange salement pour le moment, manque de contrôle, m'explique Josie.

- Il... Il ne souffre pas?

- Non, il est hypnotisé, me dit-elle. Jacques fait comme cela mais ce n'est pas une obligation.

- Pas une obligation ? dis-je étonné.

- Techniquement un verre rempli de son sang suffirait mais avec Jacques tu apprends à la dure.

- Je vois...

- Sadique? demande Josie.

- Perturbant...

Les bruits de l'affamée, s'apparentant pour moi à ceux d'un fauve déchirant sa proie, me dégoûte tout de même. J'avais oublié de prendre en compte ce détail. Je commence à entendre un bruit bizarre, comme un boum boum lent. Je regarde autour de moi mais il n'y a rien. Soudain le corps de ce fermier chute au sol, il est mort. Je fixe la Joséphine du passé, tout crocs dehors et couverte du sang de sa victime que ce soit autour de sa bouche, sur son cou ou sur sa robe. C'est plutôt dégueulasse ! Mais j'entends encore ce bruit.

- Encore, fait Joséphine.

- Du calme ma chère, fait Jacques.

- ENCORE !!!

Soudain, Joséphine disparaît et je vois l'environnement défiler.

- Il se passe quoi? dis-je inquiet.

- Je fonds sur une autre proie, une ferme plus loin, c'était le cœur d'un autre fermier que tu entendais, m'explique Josie.

Nous arrivons directement devant une autre ferme et je vois un fermier lever la tête. Lui, il est plus âgé mais dans la fleur de l'âge. Soudain il est plaqué contre un mur et le sang gicle de nouveau partout quand reprend le ballet des sons gutturaux.

- Nom de dieu !

- Effrayant hein? fait Josie.

Soudain le corps chute au sol, vidé comme une brique de jus de fruit lâchée négligeament sur le bord de la route. Je remarque que Joséphine observe la ferme avec appétit. Elle avance vers la porte.

- Attends tu as encore faim? dis-je choqué.

- Cela s'appelle une frénésie de sang, c'est courant surtout quand on boit à la source.

- Mais...

Un grand crac me distrait et je tourne la tête. D'un simple coup de pied, Joséphine a fait voler en éclats la porte de la ferme, et un bon morceaux du mur également. Je suis sous le choc... Quelle puissance ! Je n'avais vu que la vitesse des vampires. Leur puissance est tout bonnement incroyable. C'est effrayant !

- Qui êtes vous? hurle une femme. Mon mari?

- Encore... répond Joséphine avant de fondre sur sa troisième victime de la soirée. Toujours le même torrent de sang qui a transformé la robe de Joséphine en une robe d'hémoglobine. C'est effroyable !

- L'appétit... C'est difficile, fait Joséphine.

Je vois alors Jacques apparaître et poser sa main sur l'épaule de Joséphine.

- Il suffit ma chère, dit-il simplement.

Joséphine relâche alors le corps vide de la femme sur le sol de la ferme. Elle fixe Jacques du regard et soudain, elle porte la main à sa bouche. Elle sort prestement de la ferme et s'agenouille dans l'herbe avant de vomir.

- Mais qu'est-ce-qu'il se passe? dis-je inquiet.

- Ho euh... fait Josie mal à l'aise.

- Quoi?

- Indigestion... Trop de sang. Je ne savais pas encore me contrôler. Observe.

Je reprends attention à la situation et je vois Jacques sortir de la ferme.

- Il est inutile de boire autant ma chère, fait-il calmement.

- C'était... incroyable, répond Joséphine.

Je regarde celle-ci qui observe ses mains et son environnement. Elle semble enjouée, différente. Bien plus proche de ce qu'elle est aujourd'hui.

- Je... Je ne sens plus mon cœur, fait Joséphine.

- Cela est normal. Alors? Que ressentez vous à l'idée d'être un être supérieur ? demande Jacques.

Supérieur ? Effectivement... Je me rends compte à cet instant que si ces êtres l'avaient désiré, l'humanité aurait pû être réduite en esclavage. Les humains pourraient être parqués comme des bœufs et être à disposition. Mais il veulent nous aider... Je me demande bien pourquoi. Si on m'octroyait autant de puissance, je ne pense pas que je voudrais aider les humains, surtout quand on connaît la suite de l'histoire de l'humanité. Mais j'attends impatiemment la réponse de Joséphine.

- Plus personne ne m'imposera rien, répond celle-ci avec hargne. Plus personne me m'obligera à perdre ceux auxquels je tiens. Je tuerai toute personne sur mon chemin qui m'imposera quelque chose. Et plus aucune femme ne subira les assauts d'hommes comme Charles.

Je me tourne vers Josie et elle attend ma réaction. Je n'en ai aucune quand le souvenir devient noir. Je me retrouve à nouveau sur ma chaise et je saisis ma tête pour me calmer.

- Alors? Il réagit bien? demande Nastya.

- Je ne sais pas trop, répond Josie.

- Hey? Ça va? demande Nastya.

Je lève la tête vers celle-ci et je hoche de manière affirmative ma tête.

- Visiblement il est choqué de ton massacre. Il plaint tes victimes.

Je regarde Josie et Nastya. Josie est inquiète de ma réaction et Nastya l'attend ardemment.

- Alors? Les monstres que tu estimais normaux? demande Nastya.

- Je... Je...

- Navrée, j'étais ingérable au départ, trop de colère et trop de rage, me fait Josie.

J'inspire profondément pour me calmer et me remettre de l'image de tout ce sang.

- Il a peur maintenant, il a vu tes victimes et notre cruauté. Comment tu les traites... Visiblement il va falloir lui effacer la mémoire.

Josie me regarde inquiète et je me lève de ma chaise calmement.

- Ben? demande celle-ci inquiète.

J'ai les cartes en mains pour une fois et autant assumer.

- Je ne vois pas de cruauté, dis-je alors.

- Quoi? fait Josie surprise. J'ai tué trois personnes en très peu de temps et cela ne te choque pas?

- Si, le sang m'a choqué, ta puissance également...

- Mais pourquoi alors? insiste Josie.

- Jacques l'a très bien dit. Un être supérieur.

- Oulala... Il est devenu fou, fait Nastya.

Elle m'énerve elle! Je vais lui rabattre son égo.

- Tu te trompes Nastya, je remets simplement en contexte.

- Là c'est moi qui suis perdue, dit Josie.

- Les vampires sont supérieurs aux humains non? Nous sommes votre nourriture.

- Je te vois différemment, s'empresse de dire Josie.

- Tu te méprends sur le sens de ma phrase.

- Mais ça ne te choque pas? insiste Josie.

- Pourquoi le serai-je ? Personnellement je ne me suis jamais soucié de ce que ressentait ma nourriture dans mon assiette. Et puis tu l'as dit, tu n'avais pas de contrôle. Je t'ai vue avec ma famille. Tu agis normalement.

Je remarque la surprise sur les deux vampires et Nastya se dirige vers la porte.

- Il m'épate, tu avais raison, il est à part. Je vais prévenir le directeur et Albérich sur sa réaction. Ils vont être surpris.

Je me retrouve seul avec Josie et elle s'approche de moi. Soudain elle me serre dans ses bras provoquant ma surprise.

- Josie?

- Pour te remercier de ta réaction, je veux dire quand tu m'as vue mourir, dit-elle.

- C'était surprenant...

- Décidément, j'ai réellement fait un excellent choix en te sélectionnant, dit-elle en rompant le contact et riant.

- C'est une façon détournée de te vanter, dis-je amusé.

- Oui mais c'est surtout la preuve que ce projet peut fonctionner... Désormais je peux te montrer la vie des vampires. Tu es prêt à la phase deux. La réalité du vampirisme. Ce sera la plus longue.

- En fait... J'ai menti à Nastya.

- J'avais compris, dit Josie.

- J'étais choqué jusqu'à ta phrase à la fin.

- Ma phrase ? répète Josie surprise.

- Oui... Tu as pensé à défendre des victimes, tu n'étais donc pas devenue monstrueuse.

- Tu es vraiment à part, fait Josie avec un sourire.

- Je prends ça comme un compliment.

Désormais, je peux tout encaisser, je n'ai plus peur d'eux et je suis impatient d'en voir encore bien plus. J'ai tellement à apprendre d'eux!



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N.d.a

¹ Victor French incarnait Isaiah Edwards dans la série La petite maison dans la prairie, basée sur le roman éponyme de Laura Ingalls Wilder. Il s'agit du meilleur ami de Charles Ingalls et également très proche de Laura.


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