Vampire Classroom

Chapitre 15 : CHAPITRE QUINZE

4538 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a presque 4 ans

CHAPITRE QUINZE


Après ce samedi matin que je pourrais qualifier de chaotique, j'ai été assez surpris de l'assagissement rapide de Josie. À croire qu'après avoir eu sa séance de shopping, cette dernière s'est calmée à une vitesse exceptionnelle. D'ailleurs tout le reste s'était bien passé, que ce soit les repas ou la soirée. Ma mère avait cependant voulu montrer à Josie son film préféré, à savoir Dirty Dancing¹ car il y avait une soirée où ils diffusaient le film et la comédie musicale. J'étais consterné mais Josie a apprécié, elle aime la danse en général. Je n'ai pas jugé mais je me suis demandé quelles danses elle pouvait connaître et avoir apprises au fil des siècles. Il était certes un peu particulier ce moment pour moi sur trois événements. Le premier était simplement que Josie chantonnait les chansons avec ma mère, très particulier. Le second était plutôt mignon, Josie a voulu faire danser ma petite soeur. En fait, il y avait longtemps que je n'avais pas vu Cassandra rire autant, c'était extrêmement touchant. Bon et puis il y a eu le troisième événement, extrêmement gênant celui-ci. En effet, au bout d'un moment, j'ai remarqué que ma mère me regardait avec insistance vu que j'étais assis à côté de Josie. J'ai vite remarqué qu'elle me faisait signe de passer ma main sur son épaule. Consternant ! Au final, j'ai eu le droit à mon canapé pour dormir. Le dimanche nous étions revenus et enfin je m'étais jeté sur mon lit pour récupérer les heures de sommeil manquantes.

En ce lundi matin, c'est enfin reposé que je me dirige en classe. Mitsuko me raconte son weekend de visite de musée et je la regarde assez pensif. Si je comprends bien, Josie m'a choisi pour ce projet. Je suppose que pour Mitsuko, il doit s'agir de Jake vu qu'il est son binôme en club d'échecs ; je dois demander à Josie!

- Sérieusement, tu as continué le devoir sur la domestique ? dit-elle soudainement.

- Oui, j'ai eu du temps étrangement...

- Comment ça étrangement ? me fait Mitsuko étonnée.

- Laisse... Je me comprends...

- Et bien pas moi, dit-elle en riant.

Nous arrivons alors enfin devant la classe et, pour ne pas changer Josie est déjà là. Comparé à d'autres cours, désormais elle me salue d'un signe de la main. Je m'approche pour la saluer quand soudain :

- Monsieur Trenton? me fait le professeur Kane.

- Oui? dis-je en me retournant brusquement.

Je remarque alors près de lui Phoebe Prescott qui semblait patienter là depuis un moment. Je me demande bien ce qu'elle peut faire là !

- Veuillez suivre Mademoiselle Prescott, elle semble désireuse de vous parler.

- Viens avec moi, me dit alors celle-ci.

J'accroche le regard de Mitsuko qui semble inquiète et celui de Josie qui semble s'en moquer. Je m'inquiète rapidement en suivant Phoebe Prescott avant de me figer. J'ouvre mon sac et je tends mon nouveau chapitre que j'ai rédigé aux côtés de Josie ce week-end. Celle-ci a été la première lectrice et semblait intéressée. Espérons que ce soit le cas du prof!

- Merci, fait le professeur, je le lirai attentivement.

Je me hâte alors de rejoindre Phoebe dans le couloir.

- Ma mère va bien? Ma sœur ? Ma demi-sœur ? dis-je très mais alors très inquiet.

- Oui, elles vont parfaitement bien, rassure-toi, me dit Phoebe Prescott avec douceur.

- Ouf...

Je soupire de soulagement, ce serait dramatique dans le cas contraire. Je ne pourrai pas supporter de perdre une des femmes de ma vie, même si à part des conversations sur Messenger avec ma demi-sœur Mindy, je suis encore loin d'être proche mais elle a besoin d'être rassurée dans sa relation.

- Ne prends pas mal ce que je vais dire mais tu t'es également inquiété pour ta demi-sœur, me lâche la doctoresse.

- Je ne vois pas où est le problème...

- Tu ne t'es pas du tout inquiété pour ton père, conclut Phoebe Prescott.

- Ho... Ce n'est rien...

- Sujet sensible que l'image du père, je vois...

- Vous êtes réellement psy alors?

- Psy et médecin oui... Rassuré? fait-elle en riant.

- Oui quand même...

- Je ne fais pas trop de prise de sang, dit-elle alors avec un clin d'œil.

Consternant ! J'avance et elle me parle de mes cours en général avant de s'intéresser à la littérature.

- Un devoir compliqué ? demande-t-elle.

- Non, le Professeur Kane nous demande de rédiger des chapitres d'une œuvre de notre choix, dis-je pour expliquer.

- Puis-je savoir ce que tu as choisi ? insiste-t-elle soudainement.

- Oui, une domestique de l'époque victorienne qui découvre que la famille qui l'emploie est maudite et possède les âmes de la mythologie grecque... C'est nul?

- Non, au contraire, c'est intéressant... Particulier mais intéressant. J'espère que tu es précis sur l'histoire car le professeur connaît très bien l'époque, dit-elle tout à coup.

J'arrête de marcher et je fixe Phoebe Prescott et son tailleur anthracite.

- Quoi? fait-elle méfiante.

- Il connait très bien... Le professeur Kane est un...

Je vois alors Phoebe Prescott se taper le front du plat de la main gauche.

- Mais quelle cruche ! dit-elle pour elle-même.

- C'est vrai que je l'ai vu mettre de la pommade...

- Bon... Nous continuerons dans mon bureau, dit-elle enfin.

En bref, sujet clos! Je vous jure ils sont particuliers ces vampires ! Je suis alors le docteur Prescott jusqu'au bâtiment où se trouve son bureau et son cabinet. Je commence à m'inquiéter sévèrement de la suite vu que cette dernière ne m'a toujours pas précisé les raisons de ma convocation. Quand je franchis enfin la porte de son bureau, je découvre une grande pièce avec six lits médicaux. Je comprends que je me trouve dans l'infirmerie, en même temps c'est un peu évident. Cela ressemble à n'importe quelle infirmerie et je dois passer entre les lits, dans l'allée principale, pour rejoindre une porte.

- Vous avez beaucoup de travail ? dis-je au docteur Prescott.

- À peine, ceux qui pratique du sport surtout, avoue Phoebe Prescott. Si ta question portait sur nous, non aucun.

- Vous n'êtes jamais malade?

- Cela peut arriver quand une... source de nourriture est altérée, fait-elle après avoir hésité.

- Altérée ? dis-je méfiant.

- Oui, vois-tu, les vampires peuvent être affectés par le sang de leur victime, fait-elle en ouvrant la porte.

- Josie ne me l'avait pas dit, dis-je en pénétrant dans le bureau.

Le bureau de Phoebe Prescott présente une moquette verte assez horrible par terre. Sur celle-ci sont posés quelque meubles. Il y a en effet un placard médical, avec les réserves de médicaments et des livres médicaux. Je remarque à côté de celui-ci un tabouret et un lit d'examen, le genre que l'on trouve dans tous le cabinets de médecins de ville. À l'inverse, à l'opposé de ce lit d'auscultation, il y a un grand bureau digne de tout bon psychiatre avec un canapé visiblement confortable. Je regarde alors, assez désireux d'obtenir une réponse, la doctoresse vampire dont les diplômes prouvent les compétences.

- Simplement par ce qui affecte le sang des victimes. La drogue et l'alcool peuvent passer dans le sang du vampire et affecter son jugement, fait-elle enfin.

- Je vois... À forte dose je suppose ?

- Effectivement, confirme la vampire. Installe toi près du bureau.

J'obéis immédiatement et docilement mais toujours inquiet cependant. Visiblement, je vais avoir droit à une psychanalyse. Le fait que Phoebe Prescott passe de l'autre côté du bureau et s'installe me le confirme. Et le fait qu'elle sorte un dossier et un carnet de notes également.

- Il y a un problème ? dis-je méfiant.

- Non rassure-toi, je voulais juste savoir où tu en étais.

Je la regarde assez surpris, je ne comprends pas où elle veut en venir. Je vais parfaitement bien, enfin je pense.

- Comment cela où j'en suis ?

- Voyons Ben, apprendre notre existence doit être perturbant tout de même... fait-elle encore plus étonnée.

- Oui... Bien-sûr...

- Cela ne te consterne pas plus? demande-t-elle surprise.

Je regarde le docteur Prescott et je réfléchis un peu quand même.

- En fait Docteur...

- Appelle moi Phoebe ce sera plus facile, dit-elle en me souriant.

- D'accord... En fait Phoebe, je crois que je n'ai pas forcément eu le temps de me poser des questions... Josie avait besoin d'aide et...

- Et tu t'es porté à son secours de manière chevaleresque, dit-elle amusée.

- C'est un bien grand mot...

- Ben, je vais t'avouer quelque chose, me dit-elle enfin. En réalité, nous même avons du mal à y croire quand cela arrive. Évidemment, les vampires plus jeunes comme moi sont plus compréhensifs grâce aux représentations...

- Donc ma réaction n'est pas normale? dis-je en m'inquietant.

- Cela doit être générationnel, vous semblez blasés. Les autres sélectionnés font des progrès également mais sans jamais être traumatisé, avoue Phoebe.

- D'autres savent déjà ?

- Non, tu es le seul, dit-elle toujours en souriant.

- Comment c'est censé se passer en réalité ?

- Chacun des vampires doit laisser des indices à l'humain qu'ils ont sélectionné. Dans la façon de parler, des erreurs de langages par exemple, ou dans les comportements un peu vieillot, explique Phoebe.

- Donc quand Josie a insinué qu'elle connaissait Jane Austen...

- C'était voulu oui.

- Je vois...

Ainsi donc tout cela était un immense jeu de piste. Ce n'est pas si choquant mais je me dis que j'avais bien relevé les détails alors.

- Et tu ne nous prends pas pour des monstres? fait-elle soudainement.

- Je ne sais pas trop...

- Même après cette rencontre avec ce vampire? insiste Phoebe.

Donc Josie a rapporté cette rencontre... Je vois ! Mais maintenant qu'elle me pose la question, je me rends compte qu'effectivement, à part Albérich, aucun ne me réellement peur.

- Je ne m'y étais pas préparé mais je pense à l'histoire de Nastya, Josie lui a sauvé la vie. Et votre père m'a parlé de vous.

- Donc tu sais que j'ai échappé à un viol en réunion grâce à Al? dit-elle étonnée.

Merde! Ça je savais pas!

- Il avait juste parlé de sauvetage...

- Et bien j'avais été droguée... Je planais déjà, c'était l'époque où on testait tout mais eux m'avaient fait prendre des drogues plus frelatées. Al est intervenu mais j'étais en pleine overdose... avoue Phoebe.

- Il vous a sauvé la vie en somme.

- Ben, je suis morte tu sais? dit-elle surprise.

- Euh... Oui bien sûr...

- Tu sembles nous considérer comme des gens lambda, affirme Phoebe tout à coup.

- J'ai encore du mal...

Je la vois prendre des notes et je veux savoir des choses.

- Vous êtes de quel clan vous, Albérich et Jake? dis-je soudainement.

- Josie t'a parlé de cela? dit-elle alors très étonnée. Cela devait attendre...

- Je sais, cela lui a échappé lorsque... nous discutions.

Je me suis souvenu in extremis qu'elle m'avait dit que tous ne connaissaient pas sa vie. Je dois me taire.

- Et bien je suis du clan des Marcheurs du vent, me dit-elle.

- Pardon?

Alors que je la fixe, elle disparaît sous mes yeux. Les vampires deviennent invisibles ? Soudain une main se pose sur mon épaule et je sursaute.

- Mais comment vous...

- La spécificité de mon clan est la vitesse, comme tu le vois, même une vampire de mon âge est extrêmement rapide. Plus que d'autres clans évidemment, fait-elle avec fierté.

- Je vois, dis-je en la regardant rejoindre son siège. C'est vrai que vous semblez plus rapide que Josie.

- Oui, son âge pourrait lui permettre de m'égaler au niveau de la vitesse si elle se nourrissait de sang humain, avoue Phoebe. Mais elle ne pourrait pas égaler Al.

- Se nourrir de sang?

- Oui, les substituts nous permettent de tenir comme tu as déjà dû le remarquer mais le sang est humain est bien meilleur, que ce soit au niveau du goût que de l'apport aux capacités, m'explique Phoebe.

- D'accord...

C'est un peu une évidence, il devait bien y avoir une contrepartie. Ce serait trop facile sinon.

- Encore une fois tu réagis simplement...

- Vous me psychanalysez?

- Oui... Josie m'a fait part d'une chose très importante dans tes progrès.

Qu'est-ce que j'ai fait de mal? Je m'inquiète soudainement, j'ai peur de poser des problèmes après tout.

- Laquelle ?

- Elle désire te montrer sa transformation et elle désirait être sûre que tu puisses le supporter, avoue la psy en pleine analyse.

- En quoi est-ce compliqué ?

- Vois-tu... Les premiers temps de vampirisme sont extrêmement compliqués. La soif est violente et en général nous devenons monstrueux, sadiques et ingérables. L'instinct de prédation, justifie Phoebe.

- La soif est si compliquée?

- Cela dépend un peu de ton créateur, certains sont capables de bien dominer les instincts de leurs créations. D'autres les laissent gérer seuls, m'explique Phoebe.

- Vous...

- Al m'a bien gérée j'avoue... Il m'a tenu éloignée de mon père durant bien des années par sécurité.

- Mais... pourquoi ?

Je la vois m'observer calmement et avec méfiance.

- Certains vampires sont immédiatement attirés par le sang des membres de leurs familles. C'est physique... Certains peuvent quasiment cotoyer leurs familles dès le départ, d'autres auraient envie de les vider de leur sang pendant des années... Chaque vampire est un peu unique, il n'y a pas de règles.

- De la même manière que certains humains ont des tendances criminelles...

Je la vois prendre de nouvelles notes et visiblement je réponds bien... J'espère en tout cas.

- Elle a quelques craintes sur ta gestion de sa transformation... Elle trouve que tu le prends trop bien.

Ou elle pense que je suis choqué de sa vie, d'où ses questions !

- Elle n'a pas bu de sang humain pendant deux ans... Elle s'est arrangée pour se fournir en plasma pour éviter de mettre ma famille en danger. De même, elle a prolongé sa torpeur... ou quelque chose du genre.

- Je vois...

Elle commence à m'agacer à tout noter et pourtant elle est extrêmement attentionnée également. Je suis perdu.

- Pourquoi vouloir apparaître au grand jour... Enfin...

- Je vois... Je vais outrepasser mes droits et t'expliquer un peu notre fonctionnement et nos gouvernances.

- Ha ben quand même...

- Cela t'intéresse alors... Voilà, chaque état des États-Unis a dans une de ses grandes villes un Prince.

- Albérich était prince, dis-je alors.

- Oui, de Chicago en réalité. Ce n'est ni héréditaire ni un combat à mort mais une nomination, dit-elle alors.

- Mais qui le nomine? Les vampires de la ville?

- Le Primogène, dit-elle.

Je dois écarquiller les yeux car elle me regarde en se mordillant la lèvre. Visiblement, elle en dit trop.

- Bon... Chaque vampire le plus âgé de chaque clan siège dans un conseil et ils choissisent qui va régner pour dix ans... C'est reconductible. Il doit donc gérer la ville en préservant le secret de notre existence.

- Et cohabiter avec les autres clans je suppose... Cela doit être compliqué...

- Effectivement... Très compliqué même, dit-elle en souriant. Puis il y a le Juge.

- Le juge?

- Oui... Un exterminateur, celui qui élimine des vampires incapables de se gérer, qui créent des vampires à tour de bras ou encore qui créent des goules ou des zombies comme ce qu'il se passe à Milwaukee, dit-elle alors.

- Ce serait quelqu'un qui veut nuire au projet ?

- C'est plus qu'envisageble. Nous pensons que nos espèces peuvent cohabiter, donner vie à une symbiose entre nous. Une nourriture volontaire contre des méthodes de soins pour les plus pauvres. Des agents de la sûreté publique... La possibilité de porter secours en cas de catastrophes car nous sentirons les survivants...

- Vous voulez juste de la nourriture facile? dis-je surpris.

- Entre autres choses mais je n'ai pas le droit d'en parler. Seuls les Princes du monde entier qui se sont réunis savent les buts premiers. Albérich le sait mais le garde pour lui, d'où sa présence ici.

- On aurait bien besoin d'un de ces juges...

- Nous en avons un... ou plutôt une. Joséphine le fut à Paris durant le dix-huitième siècle. Puis a pris sa retraite. Facon de parler...

- Josie est une guerrière?

- Oui, mais ce n'est pas important...

- Bah quand même...

- Elle n'est plus aussi forte, dit-elle alors.

- Vu qu'elle ne boit plus de sang humain... J'ai cerné le concept.

Elle prend encore des notes. Cela m'agace. Je me demande si mes réponses sont bonnes.

- Je ne vois pas foncièrement ce qui pourrait te gêner dans ces visions... Cela devrait bien se passer. Par contre on devrait évoquer ce problème avec ton père.

- C'est un sale con... Point final.

- Tu te rends compte que tu parles plus facilement des vampires que de ton père ? me demande-t-elle soudainement.

- D'ailleurs... J'avais une question... Gênante.

- Comment cela gênante ?

Il y a en effet un point qui me chiffonne. J'ai déjà remarqué la façon dont Josie parle de Jacques et la façon dont Phoebe parle d'Albérich est identique. Alors autant mettre les pieds dans le plats.

- Est-ce que la relation avec le créateur implique plus que le vampirisme?

- En bref tu me demandes si les relations sexuelles entre créateur et création sont courantes ?

- Hmmm oui, dis-je un peu honteux.

- Cela peut arriver mais ce n'est que rarement le but premier..., dit-elle alors.

- C'est pas une réponse ça...

- Ce n'est pas mon cas... J'ai été attirée par Al, c'est normal, nous passons tout notre temps ensemble pendant très longtemps. Certains le font et, si tu demandes, la majorité des vampires n'ont pas la barrière de la sexualité. Hommes ou femmes, en général, ils s'en moquent. Cependant la nourriture est souvent liée avec les humains, explique Phoebe.

Je n'ai pas eu ma réponse. Je me demandais pour Josie. Elle parle presque de Jacques comme de Louis. Peut-être est-ce la même chose après tout. Juste une attirance.

- Tu te demandes pour Josie...

- Oui... Je me demande si vous éprouvez aussi des choses pour les humains.

- Cela arrive... Les vampires ont des sentiments comme tout le monde. Dans le cas où ils aiment c'est souvent très intense et passionné. Mais la mortalité de l'humain est souvent un frein. Sa fragilité et les risques inhérents, continue d'expliquer Phoebe.

- Merci de répondre.

- Mais les sentiments que nous avons éprouvés en tant qu'humain sont plus présents qu'avant, dit-elle alors.

- Comment cela?

- Pour faire simple, ceux qui avaient un compagnon ou une compagne juste avant de changer sont encore plus passionnés. Ceux qui ont des proches peuvent être encore plus désireux que jamais de les protéger. Je connais une vampire en Irlande de près de mille ans qui depuis cette époque veille sur les descendants de sa famille.

- Ha bon?

- Oui, elle veille sur eux, les protège, les sauve parfois. Elle aime sa famille et c'est effrayant à voir comme dévotion. Certains c'est l'inverse.

- La rage et la haine donc?

- Oui, Al m'a parlé d'un vampire qui tue la plupart des membres d'une famille qui était l'ennemie des siens à son époque. Il laisse un survivant par génération pour continuer à se venger. Le pire est qu'il ne se nourrit pas, il crée des accidents, ce genre de choses, fait-elle lassée.

- Ok... Il est taré.

- On ne peut lutter contre ses sentiments antemortem, c'est comme ça, dit-elle enfin.

C'est bon à savoir. Je la vois alors refermer son calepin et enlever sa veste. Je me demande ce qui lui prend et je la vois s'approcher de moi.

- Vous faites quoi? dis-je inquiet.

- J'ai toujours aimé les garçons dans ton genre, doux, gentil et attentionné.

- Docteur...

Elle s'asseoit près de moi et je m'inquiète, je recule complètement contre le dossier en panique. Le pire? Elle déboutonne sa chemise. Mais elle devient folle ou quoi?

- Ne fais pas ton timide... Tu veux me toucher? dit-elle sensuellement.

Je me lève alors prestement et je lève les mains pour les placer entre nous.

- Écoutez... Vous êtes très belle d'accord mais...

Soudain, elle disparaît. Satanée vitesse ! Je la cherche inquiet quand soudain deux bras se referme sur moi.

- Allons... Nous avons encore du temps...

- Docteur ! Arrêtez ça immédiatement !

- Ben allons...

J'essaye de me dégager mais c'est peine perdue. Il faut résonner rapidement.

- DOCTEUR !

Tandis que j'essaie de me dégager, j'y arrive enfin et je me retourne méfiant. Si j'ai pu me dégager, c'est qu'elle m'a relâché alors je me méfie. Mais elle referme son chemisier.

- J'avais vu juste, dit-elle simplement.

- C'était quoi ça ? dis-je énervé.

- Un test, répond Phoebe.

- Pardon ? dis-je choqué.

- Oui, je voulais m'assurer d'un détail que j'ai remarqué.

- Mais de quoi vous parlez?

- Il est évident que les vampires sont attirants pour les humains, c'est comme ça, une émanation de phéromones inconscientes sans doute mais vous êtes réceptifs, enfin certains en tout cas.

- D'accord... Mais encore...

- Tu n'es pas attiré pas les vampires, dit-elle alors.

- Ouais... C'était ça le but du test?

- Oui... Tu es attiré par Joséphine. C'est évident.

- Pardon?

Comment elle a remarqué ? Comment elle a su?

- Ton cœur bat différemment quand tu la vois, c'était évident dans la classe. Elle ne remarque pas cela car vous passez du temps ensemble donc elle ignore volontairement tes battements pour éviter de désirer te mordre. J'ai voulu savoir. Je sais maintenant, dit-elle amusée.

- C'est n'importe quoi...

- Nul ne peut maîtriser ses battements Ben, je te le certifie, insiste Phoebe Prescott.

- Il suffisait de m'hypnotiser, je vous aurai dit la vérité non?

- Ce n'est plus possible...

Je suis assez étonné de l'annonce, pourquoi n'est-ce plus possible ? Je ne comprends pas trop la situation.

- Tu prends du sang de Joséphine pour voir son passé, et bien tu sais sans doute qu'il peut soigner... A faible dose, il immunise contre l'hypnose.

- Quoi? Mais pourquoi elle ne l'a pas dit?

- Sans doute avait-elle des à priori à te certifier être désormais la seule à pouvoir t'hypnotiser, avoue Phoebe.

- La seule... Bonne information à prendre...

- Tu devrais lui dire mon garçon, fait alors Phoebe.

Elle va me lâcher oui? Bon sang, ils sont chiants eux... Ils doivent s'emmerder dans leur immortalité !

- Cela ne sert à rien, on est en trop différents.

- Et en quoi? insiste mon interlocutrice.

Non mais elle est sérieuse ?

- Vous ne le voyez pas peut-être ? Allons... Elle a vu le monde, découvert mille cultures, appris plus de choses que je ne peux apprendre, vu la véritable histoire... J'ai rien à apporter à Josie... Autant être juste amis. Elle n'a pas besoin de gérer mes sentiments en plus...

Ça fait mal de le dire mais j'ai raison, je n'ai rien de bon à lui apporter en réalité, juste une personne gênante. Je regarde mes pieds honteux et je relève la tête quand je remarque son silence. Je tombe alors sur sa tête surprise les yeux écarquillés et la bouche ouverte. J'éprouve comme un doute.

- Rassurez moi Docteur... Elle n'est pas derrière moi?

- Euh... Non... Non pas du tout, me certifie Phoebe.

- Alors pourquoi vous buggez? dis-je soudain.

- Ben... Tu n'as même pas évoqué son vampirisime... Tu as une capacité d'acceptation incroyable...

Ha...oui! Il y a ça aussi!

- Ça ne change rien... Que j'accepte ou pas, cette décision ne regarde que moi. Jurez moi de ne rien lui dire.

- J'ai un serment tu sais... Mais je te le jure...

- Quoi ?

- Tu devrais lui dire, cela fait toujours du bien de se savoir désiré et aimé même pour nous, dit-elle alors.

- Non désolé, dis-je en posant ma main sur la porte. La séance est finie.

- Il faudra parler de ton père également...

- Ça, on oublie d'avance. Bonne journée et merci pour les informations.

Je repars alors en classe plutôt désappointé et sincèrement énervé. Pourquoi tout le monde veut se mêler de ma vie privée ? Je ne me mêle pas des leurs. Mais j'ai raison, rien ne peut intéresser Josie chez moi à part peut-être mon sang et encore... Non mais ho... C'est un putain de complot ou quoi? Ma mère, ma sœur, elle... Le prochain c'est le Père Noël ? Manquerait plus qu'il soit un vampire et ce serait le pompon !




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N.d.a

¹Dirty Dancing ou Danse lascive au Québec est un film musical de 1987 et un grand classique du genre. L'histoire : Frédérique, dit Bébé ( incarnée par Jennifer Grey), est une jeune fille riche qui passe ses vacances en famille dans un centre de vacances. Là bas elle va rencontrer le bellâtre bad boy, accessoirement prof de danse, Johnny Castle( incarné par Patrick Swayze). Vous devinez la suite, Hollywood a toujours manqué d'imagination... Petite anecdote : Alors qu'il existe une tension et une alchimie surnaturelle entre Patrick Swayze et Jennifer Grey, ceux-ci ne pouvaient littéralement pas se supporter, la scène d'entraînement de danse où cette dernière rigole est d'ailleurs un montage des rushes du films et non pas des scènes tournées, admirez donc le visage de Patrick Swayze... Édifiant.


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