Vampire Classroom
CHAPITRE TREIZE
C'était pas le moment bordel! Je vois la tête de ma mère assez étonnée de la situation et je sens Josie se crisper contre moi.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? demande ma mère à la fois inquiète mais également suspicieuse.
- Je... rassurais Josie, dis-je peu sûr de moi.
- Je m'excuse, fait Josie qui se lève sans lever la tête et fonce dans la salle de bain.
Ma mère regarde vers la direction qu'a empruntée Josie et me regarde ensuite méfiante.
- Vous n'étiez pas en train de...
- Mais non! dis-je choqué et consterné.
- Vous étiez très proches...
- Elle était en larmes Maman bon sang!
Josie sort alors de la salle de bain, le visage propre et mal à l'aise. J'espère qu'elle sait mentir extrêmement vite.
- Excusez-moi Hayley, j'avais demandé à Ben de passer pour discuter du devoir, dit Josie.
- Mais... Tout va bien? Il a fait quelque chose de mal? demande ma mère.
Non mais ho! D'où j'aurais fait quelque chose ? Je suis choqué de cette question. Je ne la comprends pas en réalité. Je suis son fils, elle ne devrait pas me soupçonner.
- Non, une de mes cousines m'a envoyé une vidéo. Elle a numérisé un film et on y voit mon grand-père... Il est décédé l'an dernier alors cela m'a... perturbée, explique Josie.
Je suis assez effaré par sa vitesse pour déclamer un mensonge mais en même temps, elle a eu huit siècles pour apprendre à mentir. Elle a de l'avance.
- Tu peux aller prendre un thé ou un café..., fait alors ma mère.
- C'est gentil, fait Josie.
Ma mère sort de la chambre et je regarde Josie, elle semble mal à l'aise.
- Quand nous serons seuls, je devrais prendre un stick, me fait elle soudainement.
- Josie... Je suis désolé d'être rentré dans la pièce.
- Ce n'est rien... Je...
- Ne te justifie pas si tu ne le veux pas. Allez viens.
Je sors alors de la chambre et ma mère sert un thé à Josie. Elles discutent un peu toutes les deux avant que ma mère ne se décide à nous laisser.
- Bonne nuit, si il y a un problème, n'hésite pas à réveiller Ben ou à frapper à ma porte, dit ma mère.
- Merci à vous, et bonne nuit.
- Ne veillez pas trop tard tous les deux, fait-elle avant de partir.
Je me dirige alors vers la cuisine et fait chauffer un peu d'eau avant de saisir le stick que me tend Josie. Je la regarde aller s'asseoir encore assez inquiet pour elle. Une fois son faux sang prêt, je lui apporte tranquillement son mug avant de m'asseoir.
- Merci, fait-elle en buvant une gorgée.
Je la regarde, elle replie ses jambes sous elle dans le canapé et fixe le sang dans son mug. J'hésite à rompre le silence.
- Ta petite sœur m'a fait penser à ma fille, dit-elle alors gênée.
- J'ignorais que tu avais eu une fille.
- Peu de gens le savent en fait, Jacques et Nastya, cette dernière parce-que je lui ai dit, m'explique Josie.
- Ta fille était aveugle ? dis-je alors.
- Non, c'est la gentillesse de ta sœur qui m'a marquée. Ma fille était merveilleusement gentille et souriante..., dit-elle en touchant son médaillon.
- C'est un souvenir d'elle? dis-je alors.
- Dedans... Il y a une mèche de ses cheveux et une de Louis... C'est le seul souvenir qu'il me reste d'eux, dit-elle avec tristesse.
- Le seul? dis-je très étonné.
- Oui, votre temps a de la chance... Avec vos téléphones vous pouvez conserver tous vos souvenirs en photos et vidéos mais à mon époque, nous n'avions que notre mémoire.
Elle me regarde soudainement et je ne me sens pas très à l'aise. J'hésite à poser tes questions.
- Tu peux parler tu sais, me dit Josie.
- Je... Ils sont morts ?
- Ben, c'était le treizième siècle, fait Josie choquée.
- Je voulais dire... Avant que tu ne sois...
- Oui, ma fille est... Hummm, pardon... Elle est décédée quatre ans plus tard, dit-elle alors.
Je la vois mal à l'aise et instinctivement je pose ma main sur son avant bras gauche. Elle lève les yeux sur ma main et pose la sienne dessus.
- C'était en octobre quarante-huit... Une terrible vague de froid... Elle a attrapé une pneumonie... Et à l'époque...
- Je suis navré, sincèrement.
- Merci... Tu sais, il n'y a pas plus grand bonheur que d'être mère, fait-ellle en regardant sa tasse. J'étais différente des gens de mon milieu. J'ai voulu m'occuper d'elle au maximum, le bain, la nourrir, m'en occuper... J'avais des domestiques mais c'était ma petite Marie. Ma tendre petite fille. Elle souriait beaucoup et avait un rire magique...
- Tu es emplie de douceur quand tu en parles, dis-je alors.
- Je sais... Être ce que je suis n'enlève rien à mes sentiments pour les miens... La perdre fut ma plus grande tristesse... Il n'y pas pire que de survivre à ses enfants. Mais l'époque était différente...
- Tu n'as eu qu'elle ?
- Oui, nous avons essayé d'en avoir d'autres, souvent même, fait-elle avec un clin d'œil. Mais cela ne s'est pas fait.
- D'accord...
- À sa mort nous étions inconsolables... Louis s'est muré souvent dans le silence et moi je ne désirais plus rien... Je mangeais à peine et je ne me montrais plus réellement en public, m'explique Josie.
- Et ton mari? dis-je osant poser la question.
- J'ai perdu mon Louis l'année suivante en réalité... Tu connais ton histoire de l'Europe ?
- Ça dépend...
- La septième croisade, dit-elle soudainement.
- On ne voit pas trop cela, dis-je alors.
Josie se redresse légèrement.
- Elle a été décidée par Louis IX, on l'appelle aussi Saint Louis. Il a appelé les nobles à le rejoindre et mon mari pensait que peut-être si il servait Dieu dans une terrible croisade, il nous accorderait un autre enfant. Il a quitté la France et il s'est battu aux côtés des templiers, m'explique Josie.
- Il n'en est pas revenu? dis-je bêtement.
- Non, il n'est jamais revenu... J'ai tout perdu le sept décembre quarante-neuf... L’émir Fakhr al-Dîn organisait de nombreuses escarmouches pour harceler les croisés, ils étaient nombreux et acharnés. Ce jour là six cents cavaliers musulmans se sont lancés à l'assaut de nos troupes entre Fâriskûr et Sharimsâh. Mon mari a été tué ce jour là... J'ai appris la triste nouvelle et j'ai sombré...
Je n'ose même pas la regarder en face, c'est tellement horrible et triste. Josie a tout perdu en très peu de temps. Je ne peux décemment pas comprendre ses sentiments et je dois pencher la tête par simple honte. Je sens soudainement sa main dans mes cheveux.
- C'est gentil d'avoir de la compassion pour moi, dit-elle en me souriant.
- Cela a dû être horrible...
- Effectivement... Comme tu as pu le voir, l'amour que j'ai pour ma fille n'a pas changé, elle me manque, justifie Josie.
- Je crois que je ne supporterai pas de perdre ma sœur, ce n'est pas pareil bien sûr mais je serai complètement abattu...
- Je sais... On connaît sa chance quand on l'a perdue, dit-elle alors.
Je la regarde complètement mal à l'aise, elle a vécu des drames que je ne peux même pas imaginer en réalité. C'est horrible !
- Si tu veux la revoir...
- Tu es d'accord pour cela ? dit-elle étonnée.
- Tu l'as dit, tu n'as que tes souvenirs et...
- C'est très gentil de ta part Ben, mais des vampires sont devenus fous à force de revivre leur passé. Mais je vais y songer.
- Devenus fous?
- Oui, fait-elle en posant son mug. Vivre son passé en boucle est une mauvaise idée. Nous ressentons les sentiments encore plus fort que lorsque nous étions humains. C'est un fait.
- Tu penses rester bloquée dans tes souvenirs ?
- Oui... Mais j'aimerais les revoir de temps en temps... J'en ai besoin, revoir la petite frimousse de ma Marie... J'en ai rêvé durant des siècles mais je n'ai jamais trouvé un humain en qui j'avais confiance pour me le permettre, dit-elle calmement.
- Tu me fais confiance alors?
- Ben... Tu es revenu dans cette chambre de motel... Tu aurais pu prendre la fuite mais tu as préféré m'aider et sans aucune réelle intention d'en profiter, me dit-elle en me souriant.
- En profiter ? dis-je surpris.
- Oui, profiter de moi ou de mon hypnose par bénéfice... J'ai déjà vu cela.
- Je ne suis pas comme ça, dis-je alors.
- Je le sais Ben. Tu es... à part.
- C'est un compliment ? dis-je amusé.
- Oui, c'est un compliment.
Je la regarde alors et je me dis qu'elle est peut-être passée à côté de quelques choses. J'hésite à rompre un silence lourd.
- Josie ne prend pas mal ma question mais tu n'as jamais pensé à recueillir des enfants ?
- C'est bon pour les films Ben... Tu imagines la douleur de voir ces fameux enfants vieillir et mourir alors que moi je vis? dit-elle surprise.
- C'était idiot comme question...
- Non, je peux la cerner. Même si j'ai un lien assez maternel avec Nastya, ce n'est pas pour autant la même chose. Et malgré les légendes... Je n'ai jamais été tentée.
- Les légendes ? dis-je alors intrigué.
- Je t'ai dit par le passé que nous n'étions pas au courant de tout. Il existe la fameuse légende du vampire à moitié humain... Comme dans vos œuvres.
- Ha bon?
- Jamais rencontré un tel être. Il existe même une légende qui dit qu'une vampire qui se nourrit du sang d'une femme enceinte pendant les premiers mois de sa grossesse se recrée des capacités ovlulatoires, m'explique Josie. Toujours des légendes.
- Vous semblez ignorer beaucoup de choses sur vous même...
- Il y a eu énormément de conflits entre les cinq clans qui nous ont empêchés très longuement d'avancer dans la compréhension de nous même, fait Josie avant de se figer.
Je la vois alors fixer son mug comme si elle espérait que je n'ai pas relevé l'information. Cinq clans? C'est quoi cette histoire de clans?
- Josie...
- Je devais attendre pour t'en parler, me dit-elle alors.
- Cinq clans? C'est votre organisation ? dis-je alors intéressé.
- C'est plus compliqué en réalité, fait Josie.
- Je suis toute ouïe...
- Je vais faire simple... Après le premier que nous ne connaissons pas du tout, cinq vampires furent créés. Chacun disposant d'une capacité naturelle mais à un point supérieur des autres, explique Josie.
- Vos capacités de bases?
- Oui, un clan est capable de développer plus de puissance, un autre plus de vitesse, le troisième bien plus de résistance même au soleil...
- Tu fais partie du quel ?
- Le quatrième, la capacité hypnotique. On nous appelle le clan des Seigneurs, m'explique Josie.
- Les capacités hypnotiques? Tu es meilleure? Pourtant à part la migraine...
- C'est parce que je l'ai fait au mauvais moment, ton cerveau comprenait déjà, m'explique Josie.
- Mais c'est quoi la différence alors?
- La plupart des vampires seraient incapables d'ordonner à quelqu'un de se suicider sauf si cette idée a déjà parcouru son esprit, m'explique Josie.
- Tu pourrais ?
- Oui, je pourrais t'ordonner de massacrer ta mère et ta sœur avant de te donner la mort, je ne le ferai pas bien sûr, fait-elle avec mesquinerie.
- Ok... dis-je peu rassuré. C'est héréditaire ? Enfin par transformation je veux dire?
- Oui, Nastya est dans le même cas, Jacques également... Et ainsi de suite.
Ce pouvoir est extrêmement effrayant en réalité, être capable de pousser au pire doit permettre à des vampires plus psychopathes de bien s'amuser.
- Mais... Et le cinquième ?
- On les appelle les Monstres. Ils ont perfectionné leur mode de régénération, m'annonce Josie.
- Mais pourquoi les Monstres alors?
- Car ils créent des déformations de leurs squelettes pour se créer des griffes d'os, des lames, des apparences démoniaques... Ils sont presque dégénérés, fait alors Josie. Pour l'instant garde cela pour toi d'accord ?
- Promis...
- J'aurai des ennuis dans le cas contraire, fait Josie.
- D'accord... Pas de problème... Avec qui?
- Avec qui quoi ? demande Josie.
- Avec qui tu auras les ennuis?
- Ho...
- Encore un secret ? Ce n'est pas grave, visiblement je ne dois pas encore tout savoir.
- Désolée Ben, c'est comme ça... Même si je pense que tu ne le crierais pas sur les toit, fait-elle en s'installant.
Un nouveau silence s'installe et je trouve la situation incongrue. Elle est là, dans mon t-shirt, près de moi en train de se détendre. Dans un tout autre contexte cela donnerait presque une image de couple. C'est bizarre ! Mais pas déplaisant à imaginer ! Tout à coup, je remarque le regard bizarre de Josie et je me dis que mon cœur doit réagir à ces pensées. Quel idiot!
- Dis moi Ben...
- Oui?
- On parle beaucoup de moi et de mon passé, je comprends le principe, mais tu ne parles jamais de toi, me fait alors Josie.
- Il n'y a pas grand-chose à raconter...
- Cela m'intéresse aussi, c'est une rencontre entre deux univers Ben, pas à sens unique, fait-elle avec un clin d'œil.
- Fils de parents divorcés... Euh... D'ailleurs j'ai une demi-sœur.
- D'accord, fait-elle simplement.
- Elle vit avec mon père et... Elle est à peine plus jeune que moi.
- Ha je vois... Les hommes, fait-elle mesquinement.
- Un vrai connard... Quoi d'autre ?
- Je ne sais pas... Pourquoi ta mère veut te caser? dit-elle en riant.
- Ha là... Vaste sujet.
- La fameuse Meghan, fait alors Josie.
- D'où tu sais ça ?
- J'ai mes sources, je laisse traîner mon ouïe sur-développée, fait-elle avec un sourire.
Je n'aime pas parler de moi mais après tout ce qu'elle m'a appris sur elle, cela serait toute de même plus honnête. Mais je ne sais pas ce qu'elle pensera de moi.
- Tu comptes attendre que je te supplie? fait alors Josie.
Bon si c'est comme ça !
- En fait Meghan et moi on se connait depuis très longtemps... On a été amis avant tout.
- Ce n'est pas toujours la meilleure idée, dit-elle.
- Je continue ?
- Oui vas-y... fait-elle en souriant.
- Je me suis rendu compte que j'éprouvais plus que de l'amitié pour elle mais je ne suis pas un garçon très sûr de moi...
- Et pourquoi ? demande Josie.
- Regarde moi, je n'ai pas grand chose pour moi... Pas spécialement musclé ou sportif, encore moins populaire. Aucune voiture...
- Les filles de ton époque ne sont pas si superficielles quand même...
- Non pas toutes mais il y en a... Moi c'est plutôt le mec que tu prends comme un... bon copain. Celui à qui tu te confies mais qui n'intéresse personne...
- Tu n'as eu que Meghan comme copine? dit-elle complètement étonnée.
- Si tu pouvais avoir l'air moins choquée... Et oui... On est sortis ensemble... Je connaissais ses opinions et j'ai... déconné.
- Je vois...
- Je ne l'ai forcée à rien, dis-je rapidement. Mais j'ai eu les mains baladeuses... Une fois, une seule fois mais la fois de trop...
- Tu voulais la peloter? Petit pervers...
- Josie... S'il-te-plaît.
- Les garçons je vous jure... Une paire de seins et ils bavent bêtement, fait-elle en riant.
Je la regarde vexé et complexé. Je dois être ridicule à ses yeux.
- J'ai tout gâché... Je comprends qu'elle m'ait largué mais ce qui m'a fait mal est d'être remplacé...
- Je ne la connais pas c'est peut-être une relation pansement.
- Mouais...
- Et tu as des futures cibles à l'Institut ? dit-elle en buvant.
- Non... Je ne cherche pas vraiment... J'attends que ça me tombe dessus, dis-je en souriant.
- C'est une façon de voir...
- En fait, j'aimerais une relation comme celle que tu as eue avec ton mari, dis-je alors.
- Quoi? dit-elle étonnée.
- Oui, sincère tu vois... Et forte.
- Ben, c'était une autre époque... Votre époque est plus directe... Les filles assument leurs désirs physiques et sexuels, certaines ne désirent même que ça, m'explique Josie. Et c'est tout à fait normal.
- Bien sûr que c'est normal, les mecs ne pensent qu'à ça eux... Enfin, pas moi... Je pourrais faire comme certains, coucher pour coucher mais non... Ce n'est pas moi. Pas du tout même...
- Tu n'es pas né à la bonne époque, fait-elle en souriant.
- Mouais ça m'aide...
Je me suis toujours posé la question mais effectivement j'aurais pû naître à une autre époque que la mienne, j'aurais été dans la norme.
- Ben, je dois t'avouer quelque chose... fait Josie gênée.
- Quoi donc? dis-je méfiante.
- C'est... ta candidature qui m'a donné envie de participer activement à ce projet, fait-elle soudainement.
- Pardon?
- Oui, j'avais participé au programme pour les substituts au sang mais je ne croyais pas foncièrement que l'humanité était prête, avoue Josie.
- Mais pourquoi ? dis-je étonné.
- Ben, j'ai vécu huit cent ans. J'ai vu la cruauté humaine et, même si les vampires ne sont pas des enfants de chœur... Vous êtes pires que nous.
- Attends mais non...
- Si Ben, j'ai tout vu au fil du temps. Vous avez réduit vos semblables en esclavages, vous avez exterminé des peuples entier ici en Amérique, la guerre de Sécession était choquante même pour nous...
- Je sais que c'est choquant mais...
- Et j'ai passé le vingtième siècle en Europe, m'interrompt Josie. J'ai vu les deux guerres mondiales, les camps de la mort... J'en étais au point de croire que les humains ne méritaient rien de plus que d'être notre nourriture.
- Ha ouais...
- Puis on m'a proposé ce projet... J'étais peu rassurée mais on m'a donné trois candidatures à étudier. Il y avait un garçon du Minnesota, une fille d'Arizona et un garçon de l'Illinois...
- Celui là, c'est moi, dis-je rapidement.
- Oui... Les deux premiers ne me semblaient pas être prêts... Au départ toi non plus.
- Mais pourquoi ? dis-je choqué.
- Je n'avais pas la conviction que tu pouvais accepter cela. Puis un soir, tu as défendu un couple après un bowling...
Hein? Elle me surveillait? Mais c'est choquant !
- Tu veux dire...
- Oui, tu as défendu un couple de jeunes homosexuels pris à partie. Ils étaient quatre, tu ne connaissais pas le couple et pourtant tu as agis. Ta copine a appelé la police mais toi, tu es intervenu, avoue Josie.
- Bien sûr, on ne s'en prend pas aux gens pour une simple différence... C'est..., dis-je avant de m'arrêter.
- Tu viens de comprendre Ben... Tu m'as prouvé que des gens n'avaient pas forcément des à priori mais qui jugent les gens sur leurs actes et uniquement cela. J'ai accepté si ta candidature était retenue, fait-elle alors.
- Ben... Je suis flatté je suppose, dis-je bêtement.
- Je ne sais pas si l'humanité est prête mais certains oui... Le motel me l'a prouvé, ici dans la chambre également, tu n'as pas hésité à me consoler alors que tu sais ce que je suis, m'explique Josie.
- Évidemment... On est amis non? dis-je alors.
- Contente d'être considérée comme telle, mais il y a une chose dont tu ne sembles pas forcément te rendre compte...
- Laquelle ?
J'ai beau chercher, je ne vois pas en quoi je ne réponds pas à ses attentes, je fais ce que je peux après tout. Je la regarde et elle finit son mug avant de me montrer son contenu. Je vois les traces rouges et je la regarde méfiant.
- Pour l'instant tu as vu Joséphine de Beaulieu, une noble forcée à se marier mais qui au final fait un mariage d'amour, fait-elle alors.
- Oui... Et?
- Dès le prochain souvenir, même si tu me permets de revoir ma fille...
- Bien sûr, ce sera comme pour tes souvenirs avec Louis.
- Merci encore, me dit-elle alors. J'ai cependant l'impression que tu oublies qu'il y aussi celle que je suis aujourd'hui...
- Tu parles...
- Oui, ce que nous sommes... Et là, tes réactions seront sans doute différentes.
Je comprends alors ce que veut dire Josie. Effectivement, au fil du temps, j'ai appris qui elle était à l'époque. Mais la Joséphine du treizième siècle que j'ai vue grandir et aimer son époux est une Joséphine humaine. Je n'ai pas encore vu Jacques dans ses souvenirs et je ne sais pas encore comment Josie va affronter sa nature. Je réfléchis rapidement en comprenant qu'effectivement je risque de découvrir la Josie vampire, cruelle et sans doute celle qui n'hésite pas à tuer. Je ne m'y suis pas encore réellement préparé. Je suis trop con! Josie me regarde alors et sourit.
- Tu comprends enfin, dit-elle en s'approchant de moi doucement.
Elle approche son visage du mien et me parle tout bas.
- J'ai vécu huit siècles intenses sans me soucier des convenances, de mes victimes, de faire le mal. Les vies que j'ai prises, ces proies avaient des mères et des pères, des frères et des sœurs, des enfants aussi sans doute mais je m'en moquais, me fait Josie froidement. J'avais juste épargné les enfants...
Lentement elle lève sa main gauche et la passe sur mon cou. Je sursaute sous le froid de ses doigts qui touche ma nuque.
- J'ai percé plus d'une gorge, que ce soit pendant un acte sexuel ou non, plantant mes crocs pour vider plus d'un homme, dans tous les sens du terme, dit-elle d'une voix effrayante mais envoûtante.
- Josie...
- Je sens que je t'effraie un peu maintenant, dit-elle en approchant sa bouche de ma nuque.
- Oui... Mais...
- Il n'y a pas de mais Ben, dit-elle les lèvres proches de ma nuque. Je n'ai jamais eu honte d'être ce que je suis, je reste au sommet de la chaîne alimentaire... Celle qui prend ce qu'elle veut... à la source.
Je déglutis nerveusement et soudain, elle fait glisser ses doigts le long de ma gorge. Pourquoi elle fait ça ? Ça l'amuse?
- Josie...
- N'aie pas peur, je t'ai choisi pour une bonne raison, dit-elle en s'approchant presque encore plus. Je pense que tu peux accepter notre nature, mais pour l'instant tu n'en as qu'effleuré la réalité.
Cette façon qu'elle a de parler, elle est effrayante mais cependant, elle a un autre effet. Chacun de ses mots semble être empli de pêchés et d'interdits mais cela a également un côté très attirant, hypnotique presque. Je comprends qu'elle ait pû séduire tant de victimes. Je suis à deux doigts de me laisser tenter. Elle se recule alors et je suis au bord de la rupture. Elle est effrayante et attirante. Je la regarde alors et je respire sans doute difficilement.
- C'est moi ou tu t'affoles? dit-elle amusée.
- C'était...
- Plaisant? Effrayant ? Excitant? Tout à la fois?
- Oui... dis-je gêné.
- Ton esprit d'adolescent est en train de divaguer? insiste Josie.
- Josie...
- Nous sommes attirants pour vous... Le côté dangereux, celui du prédateur. C'est naturel, fait-elle en se levant du canapé.
Je la regarde surpris de la voir se lever et je reste assis intrigué et, je l'avoue honteusement, légèrement à l'étroit. Elle m'a fait un sacré effet, la peur et l'excitation se sont mêlés quand elle était toute proche. Putain! La honte!
- Maintenant, essaye de dormir, fait-elle en se dirigeant vers la chambre.
Dormir? Elle est marrante ! Je la regarde s'éloigner doucement et sans hésitation mes yeux descendent vers ses fesses qui ondulent. Je n'arrive plus du tout à raisonner ni même à avoir un comportement correct et décent.
- J'espère que tu trouveras ta propre Joséphine, fait-elle en s'arrêtant et se retournant.
M'empressant de relever les yeux, je la regarde touché de cela et je lui souris pour la remercier.
- Merci Josie, dis-je.
- Au fait..., fait-elle alors.
- Oui? dis-je intrigué.
- Je vois parfaitement dans le noir...
Je la regarde assez surpris quand d'un simple geste de la main, elle indique mes jambes et je comprends immédiatement ce qu'elle indique. Je saisis un coussin pour masquer mon érection gênante, sans doute rouge comme une pivoine.
- Haha, fait-elle dans un petit rire mesquin. N'essaye pas de me rejoindre, je dors nue... En tout cas c'est une réaction flatteuse, fait-elle avec un clin d'œil avant de disparaitre dans la chambre.
Diablesse ! C'est exactement cela qu'elle est, une véritable diablesse qui prend un malin plaisir à me mettre dans de beaux draps, si l'on peut dire. Malheureusement, elle est surtout une magnifique diablesse et j'ai honte de ma réaction. Je dois passer pour un pervers comme les autres, j'ai vraiment honte de ne pas être capable de rester stoïque et de m'être mis à bander devant elle. C'est consternant d'être guidé par mes hormones.
- Pfiou... Elle est si sûre d'elle, dis-je tout bas en m'allongeant sur le dos.
Et je dois dormir après ça ? Et pourquoi elle prend un malin plaisir à me préciser sa tenue pour dormir ? Je me dis qu'elle doit être sublime quand elle est nue dans des draps... Merde! Ben! Calme toi! Cette fille est trop différente... Mais tellement intéressante... Maintenant, j'attends simplement de savoir ce qui m'attend et à quel point elle peut être effrayante et attirante. Mais elle peut dire autant qu'elle veut qu'elle ne croit pas en l'humanité, elle était pourtant extrêmement tendre avec ma sœur et ça, elle ne peut pas me le cacher car je l'ai vu de mes propres yeux. Et étrangement cette douceur et cette bonté étaient aussi plaisantes à voir que son côté femme fatale si sexy et excitant... Elle va me rendre complètement dingue! Et en plus, ce n'est que le premier soir! Je suis franchement mal barré! Je dois apprendre à me contrôler...