Vampire Classroom

Chapitre 12 : CHAPITRE DOUZE

4687 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a presque 4 ans

CHAPITRE DOUZE


Je n'avais pas imaginé cela! En effet, peu à peu durant cette semaine, j'ai vu Josie devenir presque plus humaine. Je crois que lui permettre de revoir ses nombreux souvenirs l'aide un peu à s'ouvrir à moi et sur sa vie. Elle ne me montre en réalité jamais grand-chose quand nous faisons cela dans la salle du journal, juste ce que je qualifierai de beaux souvenirs. C'est assez étrange avec le recul, mais j'apprécie également. J'ai lentement vu cette jeune Joséphine s'épanouir aux côtés de son époux. Elle sourit, rit, s'amuse avec lui malgré la gestion du fameux domaine. La plupart du temps, je laisse l'espace à Josie mais parfois elle s'installe près de moi dans le souvenir et me raconte le fonctionnement du château et des règles sociales de l'époque. Cela ne me gêne pas mais au final, je n'en vois pas de vrai intérêt pour ma compréhension du vampirisme. Et malgré tout, on passe du temps ensemble même si Nastya vient souvent voir si tout se passe bien. Je crois avoir cerné le fonctionnement d'un lien entre le créateur vampire et la personne qu'il transforme. Elles sont presque comme des sœurs la majorité du temps mais quand il s'agit de la guider, Josie devient comme une mère légèrement possessive.

Tout cela était encore simple jusqu'à une idée bizarre du directeur de l'Institut qui me met désormais dans une situation bancale. Je n'étais pas partant, Josie encore moins, mais lui, il s'en moque et c'est donc comme ça que, en ce vendredi soir et en ce week-end, je me retrouve dans la Bentley de Josie, dans les rues de Chicago. Je regarde Josie qui conduit, habillée d'une petite robe noire extrêmement simple et stricte et qui semble apprécier cela, que ce soit la situation ou la conduite.

- Tu crois que c'est une bonne idée ? dis-je alors rompant un lourd silence.

- Je suis habituée et nourrie, il ne devrait pas y avoir de problème Ben, me rassure Josie.

- Je sais que tu peux tenir désormais.

- Oui, le problème réel est que tu sais pour moi et que tu fais attention à toi, me dit-elle.

- Faire attention ?

- Oui, tu fais attention de ne pas te blesser... Quelle idée ! fait-elle consternée en se garant.

- Je me suis dit la même chose, dis-je en détachant ma ceinture de sécurité.

- Mais... Tu es sûr que cela ne pose aucun problème ? me demande Josie inquiète malgré tout.

- Ma mère est du genre accueillante...

Une idée de merde! En effet, pour le directeur, permettre à Josie de s'approcher d'une famille humaine est une progression pour son projet. Et forcément, c'est pour ma pomme. Bien sûr il a fallu mentir, elle est officiellement là pour un devoir urgent et parce que son logement "civil" a subi un dégât des eaux... Mouais... Pas crédible ! Ma mère, toujours aussi gentille y a cru et a accepté de loger Josie ce week-end. Je m'inquiète tout de même de la gestion de son vampirisme par Josie mais elle m'assure être capable de se contenir. On verra!

- Désolée de ce soucis, je te jure que tu peux me faire confiance, je n'agresserai pas ta famille, m'assure Josie. Au bout d'autant de temps je sais me contrôler.

- Je pense que vu comment tu résistes dans l'Institut, cela devrait se passer correctement.

Nous descendons alors de la Bentley et je sors nos deux sacs du coffre quand Josie me regarde bizarrement.

- Quoi? dis-je étonné de sa tête.

- Tu sais que je n'ai pas besoin d'aide non? dit-elle amusée.

- Ha... Oui c'est vrai mais bon... Je suis galant.

- Je vois ça... C'est ici que tu vis? dit-elle en regardant l'immeuble décrépit.

- Loin du château de ton enfance.

- Ce n'était pas une critique tu sais, me dit-elle gênée de l'avoir pensé si fort.

Je la guide dans l'immeuble sale, inquiet pour sa voiture malgré tout et je la trouve un peu stressée.

- Ça va Josie?

- Oui... Je... J'espère qu'elles ne sont pas aussi réactives que toi... Le but est de cacher ma nature, dit-elle en proie en doute. Pas de le révéler à la face du monde.

- Bah... On verra...

- Ben, si elles le découvrent c'est fichu, me dit-elle alors.

- Ha bon... Et l'hypnose ?

- Ben ta petite sœur est aveugle... Tu as oublié ?

Je la regarde et je réalise ma stupidité, effectivement, j'avais oublié car j'agis toujours en passant outre cet handicap. Et là, c'est moi qui angoisse désormais. Ma sœur est futée et du genre insistante pour obtenir ce qu'elle veut. Il faut espérer désormais...

- Idée stupide...

- Je pense aussi... m'assure Josie qui me suit.

Bon ben maintenant faut y aller! Je frappe alors à la porte et celle-ci s'ouvrent extrêmement vite me dévoilant ma mère.

- Mon chéri, fait-elle en m'embrassant sur la joue.

- Salut M'man... Je te présente Josie Beaulieu.

- Enchantée Madame Sullivan, je vous remercie de m'accueillir et je m'excuse de la gêne occasionnée, fait Josie extrêmement poliment.

- Appelez moi donc Hayley, fait ma mère en lui serrant la main. Et puis c'est un plaisir, mais entrez donc.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire en regardant Josie qui me regarde méchamment. Le cliché de l'invitation, c'est une légende mais bon... Ça me fait marrer! Bref, Josie entre et je vois ma petite sœur dans la pièce et je suis choqué. Pourquoi elle est sur son trente et un? Tiens ma mère aussi a mis une jolie robe... Ho non!

- Bonjour... fait Josie en regardant ma sœur.

- Bonjour, bienvenue chez nous, fait ma petite sœur en approchant doucement.

Elle lui fait la bise du mieux qu'elle peut et Josie me regarde étonnée. Je crois qu'elle comprend la même chose que moi. Et ma mère confirme mes craintes en prenant la parole.

- Je ne suis pas très à l'aise à l'idée de vous laisser dormir ensemble mais bon... Je pense que vous serez assez respectueux de nous, fait ma mère.

Josie me regarde méfiante mais je prends les devants.

- Maman, c'est juste une amie... Elle dormira dans ma chambre mais je prendrai le canapé, dis-je rapidement.

- Ha bon? fait ma mère étonnée.

- Oui Madame Sull... Hayley, moi et votre fils sommes simplement amis, confirme Josie.

- Mais...

- Viens je te montre la chambre, dis-je à Josie.

Non mais merde j'y crois pas! C'est un traquenard ou quoi ? Je mène Josie à ma chambre parfaitement rangée et je remarque que ma mère a changé les draps. Je me méfie quand je remarque un post-it sur ma table de chevet et je m'en approche en posant le sac de Josie sur le lit. "J'ai mis ce qu'il fallait dans la table de chevet si tu n'en as pas. N'oublie pas que ta sœur dort à côté, ne restez pas nus et ne faîtes pas trop de bruit." Elle a osé !

- Vu la vitesse de ton cœur, je pense deviner ce qui fait écrit, me dit Josie en s'asseyant.

- Mouais... Non mais une amie c'est clair pourtant non?

- Visiblement pas... D'où leurs tenues, elles voulaient faire bonne impression, dit-elle en remuant sur le lit. Confortable.

- Tu t'amuses bien visiblement...

- C'est drôle. Non? fait-elle mesquine.

- Pas vraiment non, dis-je en attrapant un oreiller et une couverture. Installe toi, je vais mettre ça au salon.

Je prends donc mon matériel pour la nuit et je vais déposer cela dans un coin derrière le canapé, pour le récupérer au bon moment bien-sûr. En arrivant devant la cuisine j'observe ma mère et j'ai quelques comptes à régler.

- Tu n'as pas compris amie quand je l'ai dit? T'étais obligée de mettre ça dans ma table de chevet?

- Mon chéri, j'ai cru que tu avais rencontré une fille, argumente ma mère.

- Tu te rends compte que c'était gênant ?

- Oui bon... J'étais toute contente en plus elle est très jolie, ose me dire ma mère.

- Maman...

- Quoi? fait-elle surprise. Ne me dis pas qu'elle n'est pas belle.

- Bon... D'accord, Josie est séduisante, très séduisante physiquement et intellectuellement, dis-je alors.

- Intellectuellement ? m'interroge ma mère.

- Oui, elle est cultivée... Elle a vu beaucoup de pays et vu beaucoup de culture.

- Beaucoup de... Tu veux dire qu'elle est de la Red Class? fait-elle choquée.

- Oui... C'est un problème ?

- Oui! J'ai à peine préparé de quoi faire un gratin de pâtes... Je vais être ridicule moi! fait-elle gênée.

- Elle s'en fout Maman... Elle est là parce que l'on doit bosser sur un devoir et vu le dégât des eaux... Bref.

- Je vais passer pour une idiote... Je n'ai pas fait d'études... Faut que je sorte la vaisselle de Noël, elle est plus belle..., s'excite ma mère.

- Du calme... Elle s'en moque...

- Aide la à ranger ses affaires... Et excuse nous pour le peu d'espace... Et le manque de confort et euh... Les matériaux ?

- Ho du calme, c'est une adolescente... Pas la reine Elizabeth II d'Angleterre, dis-je lassé.

Enfin, c'est une vampire mais bon, je ne vais pas le dire! Je me dirige vers la chambre en me disant que le week-end commençait vachement à me gonfler quand je remarque Josie sur mon lit, assise les jambes croisées et appuyée en arrière sur les mains avec un sourire aux lèvres.

- Quoi encore ? dis-je m'attendant au pire.

- Ravie d'être séduisante physiquement et intellectuellement, dit-elle avec un sourire.

- T'as entendu? dis-je surpris.

- Je te l'ai dit, cela a un côté très pratique, me dit-elle évoquant sa nature.

- Bon... C'est pas grave...

- Dis-moi, fait-elle alors en sortant une boîte de derrière elle. Comptais-tu abuser de la faiblesse d'une jeune fille ayant un dégât des eaux ?

Je la regarde choqué, elle a fouillé dans la table de chevet.

- Non... C'est ma mère... Je comptais pas... Je ne voulais pas te... Que toi et moi on... Bref... Mais tu as entendu non?

- Évidemment, sois pas flippé mon petit Ben, dit-elle en riant.

- Pfff... Ce n'est pas drôle, dis-je vexé.

- Et pour information... Ce serait totalement inutile.

- Hein?

- Les capotes... Je ne transmets aucune maladie, dit-elle en riant.

Je hausse alors les yeux au ciel, consterné. Je la regarde et elle se lève soudainement pour s'approcher. Je reste figé méfiant. Soudain elle se penche vers moi et m'embrasse sur la joue.

- Merci du compliment Ben, dit-elle à mon oreille. C'est plaisant.

Je la regarde sortir de la chambre sous le choc et je sens mon angoisse monter. Vaut mieux pas la laisser seule. Je regarde rapidement ma chambre et je fonce ranger les photos de Meghan. On va éviter les questions gênantes ! Je repars ensuite vers la cuisine et je vois Josie avec un café en train de discuter avec ma mère. Je suis en stress.

- Et mon fils travaille bien? fait ma mère en me gênant.

- Très bien même, surtout en littérature. J'aime beaucoup discuter avec lui, avance Josie.

Je regarde celle-ci et ma mère me regarde comme si elle annonçait être folle amoureuse... Ça va être long ce week-end ! Je m'approche et me sers un soda avant de m'asseoir à côté de Josie.

- Josie venez donc goûter ma sauce au fromage, fait ma mère en mélangeant sa sauce pour gratin de pâtes.

Josie me regarde brusquement. Je ne comprends pas trop. Ma mère m'observe alors extrêmement inquiète.

- Qu'est-ce qu'il y a? dis-je tout bas.

- C'est la merde !

- Hein?

- Ben, je dois user de sang pour manger, dit-elle très bas. Mais cela ne change rien au fait que ça n'a aucun goût pour moi.

Et merde!

- Improvise...

- Vous êtes allergique au fromage Josie?

- Non non... J'arrive.

Je vois Josie se lever et goûter la sauce. Je me méfie de la suite.

- Je rajouterai un peu d'ail Madame Sullivan... Hayley pardon, fait Josie.

Je dois me retenir de rire, je comprends la blague de Josie mais pas ma mère, forcément. Étonnement, la suite se passe bien. Ma mère fait connaissance avec Josie, peut-être un peu trop insistante quand elle apprend qu'elle est française. En effet ma mère a toujours rêvé de découvrir la France alors Josie a droit à tout un lot de questions capables de faire passer les services secrets pour des enfants de cœur. J'ignore la moitié des réponses pendant la préparation de la table et je vois ma sœur arriver et s'asseoir.

- Ça va à l'école Cassie?

- Oui... J'avais des devoirs et je me suis dépêchée de les faire pour faire connaissance avec ta copine... dit ma sœur.

Heureusement qu'elle est aveugle, mon regard est extrêmement mauvais.

- On est amis Cassie... Juste ça d'accord ?

- Si tu le dis...

Je regarde ma sœur méfiant. Elle "regarde" vers Josie intriguée. Je m'attends au pire.

- Josie? l'interpelle ma sœur.

- Oui? fait celle-ci méfiante.

- Si tu veux bien, j'aimerais toucher ton visage, pour savoir à quoi tu ressembles.

Je la regarde consterné et surtout horrifié. Josie a la peau froide, je le sais et ça m'inquiète surtout que celle-ci obtempère.

- Tu as la peau douce, fait ma sœur. Et les joues chaudes...

- Merci du compliment, fait celle-ci en s'asseyant près de moi.

Je regarde Josie et je la vois soupirer.

- Tu as...

- Oui, j'en ai utilisé pour réchauffer ma peau... Je vais devoir recommencer pour manger...

- C'est pas trop risqué ? dis-je inquiet.

- J'ai des réserves pleines et des sticks au besoin... Tu me feras chauffer de l'eau, dit-elle tout bas.

- Voilà voilà, fait ma mère en posant le gratin. Attention de ne pas se brûler. Je suppose que vous êtes habituée à mieux Josie.

- Ce n'est rien, j'aime beaucoup les gratins, et vous pouvez me tutoyer aussi, cela ne me gêne pas, fait Josie.

Le repas se passe extrêmement bien, trop bien, surtout que ma mère la harcèle encore de questions. Et ma mère va me gêner un peu plus.

- Et tu es en couple ? demande ma mère.

Je m'étrangle en avalant... C'est gênant !

- Non, pourquoi ? demande Josie inquiète.

- Ho Ben aussi est célibataire... J'ai vu que tu avais une bague de pureté, fait ma mère.

- Maman... Laisse la respirer un peu s'il-te-plaît...

- Mais je fais connaissance, geint presque ma mère.

Et en quoi son célibat t'intéresse ? Tu joues à la marieuse? Tu t'es pris pour Madame Bennett¹ ?

- Oui, je ne pense pas forcément attendre le mariage mais j'aimerais attendre le bon, dit-elle en mentant.

- Je comprends, Ben est respectueux de cela également.

- Maman... dis-je pour la faire cesser.

Je remarque le sourire mesquin de Josie et je crains le pire.

- Je sais, il nous est arrivé d'en parler. C'est très bien un garçon bien élevé qui ne pense pas qu'à draguer les filles. C'est pour cela qu'on s'entend bien. Je peux me permettre de parler de beaucoup de choses avec lui, dit-elle soudainement.

Et par le fait que je sais pour elle! Arrête Josie!

Je vis un véritable cauchemar éveillé. Ma mère essaye de convaincre Josie de me prendre comme petit ami, j'en suis convaincu. Heureusement que le repas se termine et que ma sœur vient à ma rescousse sans le savoir.

- Josie, je vais te mener à la salle de bain, dit ma petite sœur. Je vais te donner une serviette et tout et tout...

- Mais je peux aider à ranger, fait celle-ci quand ma sœur saisit sa main.

- Ben le fera, tu as la main froide... fait ma sœur étonnée.

- Oui, souvent, dit Josie en réponse.

Elle ne devait pas s'attendre à être saisie. J'ai déjà remarqué qu'il y a un temps de latence entre l'activation du sang et son effet. Je suis aussi à plaindre que Josie en fait. J'aide ma mère pour la vaisselle désireux d'expliquer quelque chose.

- Maman, tu peux arrêter ton cinéma ? dis-je directement.

- Quel cinéma ? fait-elle faussement.

- T'essayes de me caser avec Josie.

- Je l'aime bien...

- Elle a un lourd passif, ne sois pas lourde avec elle.

- Ha... Quel genre de passif? dit-elle soudainement.

- Cela ne te regarde pas... Et ne lui demande pas, c'est un sujet très sensible.

J'essaye de noyer le poisson, il vaut mieux ! Heureusement qu'elle arrête de poser des questions même si elle vante sans cesse sa politesse, son savoir vivre et son physique. Elle veut vraiment me caser avec elle.

- Merci encore pour tout Hayley, je vous suis reconnaissante, fait Josie derrière nous et sortie de la salle de bain.

- Ce n'est rien, c'est tout à fait normal, fait ma mère en se retournant avant de se figer.

Je me retourne inquiet et je comprends sa réaction. Josie porte mon t-shirt, le même qu'elle ne m'a rendu après le motel. C'est quoi ce bordel!!! Faut assurer là...

- Tiens j'ai le même t-shirt, dis-je faussement à l'aise.

- Ha bon? fait Josie faussement surprise. Je prends des t-shirts rayon homme pour dormir. C'est plus ample.

- J'ai eu un choc, fait ma mère. J'ai cru que c'était le tien.

- Comme quoi on se ressemble, dit Josie.

Ce coup là, elle va me le payer cher! Heureusement, il n'y pas eu d'autres choses gênantes. On a discuté jusqu'à l'heure du coucher de Cassie.

- Tu veux ton histoire ? dis-je à ma sœur.

- Euh... Pourquoi pas Josie? dit-elle soudainement.

- Ho... Je ne veux pas m'imposer... fait-elle surprise.

- C'est bon signe si elle te demande cela, fait ma mère.

- Ho et bien d'accord...

Je regarde ma sœur emmener Josie dans sa chambre et je suis assez étonné. J'espère qu'elle sait y faire avec les enfants. Ma mère et moi discutons alors du devoir que nous devons rendre. Je parle du fameux roman où on doit s'aider, gros mensonge en perspective. Je remarque cependant que Josie prend beaucoup de temps dans la chambre de ma sœur et au final, je me rends près de la porte quand ma mère se rend dans la salle de bain. Je jette discrètement un coup d'œil et je la vois allongée sur le lit à côté de ma sœur, lui caressant les cheveux. C'est surprenant cette douceur. Et surtout j'entends Josie qui chantonne en français visiblement.

- "Mais il est bien court le temps des cerises,

Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant

Des pendants d'oreilles,

Cerises d'amour aux robes pareilles

Tombant sous la feuille en gouttes de sang.

Mais il est bien court le temps des cerises,

Pendants de corail qu'on cueille en rêvant."²

Je regarde celle-ci carresser encore les cheveux de ma sœur quand soudain elle remarque ma présence et arrête de faire cela. Elle décale avec délicatesse la tête de Cassie de son bras quand elle la repose sur le lit. Elle vient vers moi et me fait signe de me taire avant de m'emmener dans ma chambre et refermer derrière elle.

- Elle s'est endormie, elle est mignonne, fait Josie.

- Oui... Mais à quoi tu joues en fait? dis-je soudainement en m'asseyant sur le lit.

- Elle voulait une histoire et elle s'endormait, j'ai suivi mon instinct... Désolé si cela te gêne, fait-elle presque vexée.

- Non, ça ne me gêne pas... Je parlais de mon t-shirt.

- Il est confortable, fait-elle simplement.

- Josie... Ma mère va se poser des questions.

- Bon... fait-elle en commençant à lever le t-shirt.

- Hey, qu'est-ce que tu fais? dis-je en attrapant ses mains.

- Je te le rends, me répond Josie.

- On va éviter que tu te trimballes nue...

- Tu ne veux pas ce spectacle ? dit-elle amusée. Je plaisante, fait-elle en voyant ma tête.

Je vois soudainement que Josie semble désireuse de me demander quelque chose. Elle n'hésite pas longtemps, comme d'habitude en fait.

- Ben, je veux voir ce souvenir dont je t'ai parlé, me dit-elle en s'approchant.

- Maintenant?

- Oui, désolée d'être insistante, fait-elle. Mais là c'est... important.

- Bon d'accord... Après tout la porte est fermée.

- Merci... Tu as un papier? dit-elle en mordant son doigt.

Je regarde alors Josie et je me dis qu'après tout, le papier n'est pas nécessaire.

- Je vais prendre à ton doigt.

- Monsieur s'enhardit... Tu veux lécher mon doigt ?

- Je n'ai pas dit cela non plus.

- Je plaisante... Décrispe toi Ben... fait-elle en souriant.

Josie s'asseoit alors près de moi et pose son doigt sur mes lèvres pour déposer la goute de sang. Elle me fixe alors et comme souvent, l'obscurité envahit mon esprit. Je me demande bien ce qu'elle veut voir. Il ne faut pas longtemps pour que ma chambre disparaisse et qu'un couloir de pierres, celui du château du Domaine des Beaulieu, apparaisse. Il n'y a visiblement pas beaucoup d'activités et je regarde alors Josie qui semble stressée.

- Quand sommes nous? dis-je alors.

- Nous sommes quatorze mois après mon mariage avec Louis, précisément le sept juin quarante-quatre, me fait alors Josie.

- Tu as donc treize ans... À moins que...

- Si je suis née le dix-sept mars donc j'ai treize ans, confirme Josie.

- D'accord... C'est quelque chose d'important alors?

- Effectivement... Cela se passe dans cette pièce, dit-elle en m'indiquant une porte.

Je regarde cette dernière et je ne vois rien de terriblement différent. Soudain Josie me regarde fixement.

- Je vais y rentrer, tu peux rester dans ce couloir ? me demande-t-elle.

- C'est comme tu veux Josie...

Je la vois avancer extrêmement lentement vers la porte pour passer au travers. C'est toujours étrange à voir mais on prend aisément le pli. Je me retrouve donc seul dans ce couloir sans aucune vie car après tout la jeune Joséphine ne doit pas trop savoir ce qu'il s'y passe. Je m'approche tranquillement d'une ouverture pour regarder dehors et c'est exactement pareil. Il n'y a aucune vie active. Je m'ennuie sec en fait! Il ne se passe pas grand chose alors que j'aimerais pouvoir visiter mais cela ne me servirait rien. Tout à coup, à ma droite, je vois débouler une domestique qui court. Je l'observe et je me demande pourquoi Josie sait pour elle. Soudain, elle ouvre la porte et pénètre dans la pièce. Simple estimation logique de son souvenir. Cela aussi j'ai appris à le comprendre lorsque j'avais vu débouler un domestique dans un autre souvenir. Josie estime simplement qu'elle est venue comme ça alors qu'elle aurait pu pénétrer dans la pièce en provenant de l'autre côté. Retour de l'attente... Je me fais chier! Je regarde bêtement par la fenêtre quand je sens une vibration dans l'air. C'est quoi ça ? Josie m'a bien dit que ce genre de chose pouvait arriver si elle est affectée par quelque chose. Soudain les vibrations augmentent et tout tremble autour de moi.

- Josie! dis-je pour l'appeler mais sans aucune réponse.

Ça continue de trembler et je commence à paniquer. Pas le choix! Je fonce vers la porte et je regarde cette dernière. Je hais cette sensation mais je n'ai pas le choix. Ma tête passe la porte dans une sensation de douche effrayante. J'arrive alors dans une grande pièce emplie d'activités diverses et variées. Je remarque alors avec stupeur Josie, celle de mon époque, à genoux.

- Josie?

Elle ne me répond pas alors je me dépêche de m'approcher d'elle et de m'agenouiller. Je suis assez estomaqué de la voir trembler, j'ignorais que les vampires pouvaient.

- Josie? dis-je encore en touchant son bras.

Elle marmonne quelque chose au moment où l'environnement tremble encore.

- Josie!

Je remarque qu'il y a énormément de sang sur ses mains et qu'elle protège son visage. Un souvenir peut la blesser?

- Non... je suis désolée... je suis désolée...

- Josie... Ça va? dis-je en panique.

Josie lève alors la tête et je remarque que ce n'est pas une blessure, elle pleure simplement toute les larmes de son corps.

- Ma... Ma petite Marie... Ma toute petite Marie...

- Quoi ? De quoi tu parles ?

- Ma petite chérie... Tu me manques...

Elle est dans un état second, comme en état de choc. Mais qu'est-ce qu'il se passe bon sang? Je tourne alors la tête vers l'attroupement et cette fois, je subis le choc. Joséphine sourit à son époux qui semble ému. Mais ce n'est pas cela qui me choque, c'est plutôt le petit bruit que j'entends soudain : des pleurs. Des pleurs de bébé exactement. Ils proviennent des bras de Joséphine. Un bébé !

- Ma petite Marie... marmonne Josie derrière moi.

Je me retourne alors et je vois qu'elle pleure toujours.

- Josie! dis-je en posant mes bras sur elle. Josie!

- Ben? fait-elle soudainement surprise comme si elle réalisait ma présence.

- Tu... es maman?

- Oui... Je... Hum...

Soudain l'espace autour de nous disparaît et je me réveille dans mon corps, dans ma chambre, sur mon lit. Soudain, je remarque que son visage est réellement couvert de larmes de sang.

- Ma petite chérie... marmonne Josie.

- Josie je suis désolé, je ne savais pas que...

Elle m'interrompt car elle fond de nouveau en larmes. Je suis un idiot, j'aurai dû l'envisager après tout c'était normal à l'époque de s'empresser de donner des héritiers surtout qu'à part l'abstinence, il n'y avait pas réellement de contraception. Mais la voir comme ça, si fragile, si... humaine, cela me surprend. Elle cache son visage de ses mains et j'ai l'impression qu'elle a besoin de soutien. Instinctivement, je passe mes bras autour d'elle pour la consoler et elle réagit en appuyant sa tête contre moi.















¹ Madame Bennett est la mère de famille désireuse de marier toutes ses filles dans Orgeuil et Préjugés de Jane Austen. Un classique.

²Le Temps des cerises est une chanson dont les paroles furent écrites en 1866 par Jean Baptiste Clément et la musique composée par Antoine Renard en 1868. Bien que lui étant antérieure, cette chanson est néanmoins fortement associée à la Commune de Paris de 1871, l'auteur étant lui-même un communard ayant combattu pendant la Semaine sanglante.


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