Vampire Classroom
CHAPITRE ONZE
Les images se bousculent dans ma tête, je ne comprends rien à ce qu'il se passe. Cette sensation est des plus étranges. Je n'ai en réalité aucune notion de ce qui se passe mais je sens que mon cœur s'accélère. Elle m'a bien dit que cela pouvait être dangereux mais je n'avais pas cru à ce point. Soudain, il n'y a plus rien autour de moi, c'est étrange, je suis dans les ténèbres les plus totales quand une lumière brûlante m'éblouit. Je ferme les yeux avant de les rouvrir doucement et là, c'est le choc. C'est quoi ce bordel? Il n'y a plus rien autour de moi qui peut-être une trace de l'Institut. Je suis sur de la terre meuble mais surtout en extérieur. J'observe rapidement ce qui m'entoure, et c'est surprenant. Il y a des gens autour de moi, vêtus d'habits d'un autre âge. Je vois aussi que tout autour de moi se trouve une construction en pierre. Bordel de merde, c'est un château ! Je me crois en pleine série médiévale, il ne manque que Jon Snow¹ pour que le spectacle soit total. Je suis où? Ou plutôt je suis quand? Tout à coup, j'entends un bruit de sabots, son auquel je suis habitué par l'élevage de mon père, et je me retourne. Un cavalier fonce sur son cheval dans ma direction.
- Hey je suis là !!! lui dis-je en hurlant.
Il continue de foncer vers moi, il veut peut-être m'écraser.
- PUTAIN DE MALADE!!!!
Je saute alors sur le côté en roulant dans la terre et la poussière. Mais c'est quoi ce mec bordel!
- Hahahahahaha... Magnifique.
Je tourne la tête dans la direction de la voix et je découvre Josie assise avec nonchalance sur une pierre, en train de rire en me regardant avant de placer ses cheveux derrière ses oreilles. Je bondis sur mes pieds avant de m'approcher d'elle avec colère.
- Il a failli m'écraser et ça te fait rire? lui dis-je en m'énervant.
- Tu ne risquais rien, dit-elle simplement.
- On dirait pas.
- Observe au lieu de t'égosiller bêtement, dit-elle en se levant.
Je la vois s'approcher d'un homme avec une fourche en train de ranger de la paille. Tout à coup, elle frappe dans sa direction créant ma panique jusqu'à ce que je remarque que cette personne ne ressent rien. En réalité, elle est passée au travers.
- C'est un souvenir Ben, un simple souvenir. Rien ne peut te blesser physiquement parlant, avoue Josie.
- Physiquement parlant?
- Tu peux subir le stress de ce que tu vois, dit-elle ensuite en me fixant.
- Mais... Je sens l'atmosphère, les odeurs de crottins...
- Toujours mes souvenirs, ceux de la jeune Joséphine.
Je la regarde alors et je me décide à tester sa théorie. Je m'approche d'un petit tas de crottins et je bouge mon pied. Ha ouais... Je passe au travers !
- Tu aurais eu l'air stupide non? dit-elle en riant et retournant s'asseoir.
- Sans doute... Donc nous sommes...
- Le domaine des Comtes de Beaulieu, en Normandie au tout début du treizième siècle précisément, m'explique Josie.
- D'accord...
- En douze cents quarante-trois très précisément, ajoute Josie.
- Alors tu m'avais dit trente-et-un pour ta naissance... Cela te fait donc douze ans.
- Bonne mémoire, dit-elle en souriant. Merci d'avoir retenu.
- Mais tu as dit... Enfin ton physique confirme ta transformation en cinquante non? Pourquoi si tôt ?
Elle descend de sa pierre et s'approche de moi en plein soleil. Visiblement, elle ne risque rien, ce n'est qu'un souvenir mais je la vois observer le ciel et humer l'air de ses souvenirs. Elle est si belle au soleil! Reste concentré !
- Je t'ai amené à cette époque car c'était l'époque bénie où ma vie allait être bouleversée. Et c'est cette vie qui va m'amener dans près de sept années à accepter le vampirisme, explique Joséphine.
- D'accord... Donc c'est ton château ?
- Celui de mon père, Antoine de Beaulieu, sans héritier mâle. Et ce n'est qu'un châtelet, rien de bien énorme, explique-t-elle.
- Euh j'ai grandi dans un petit appartement et on n'a pas de château en Amérique alors...
- C'est vrai que d'un point patrimonial, vous n'avez pas grand-chose.
- Ouais bon... Tu avais des sœurs ?
- Non plus, seule enfant. Cela a bouleversé ma vie.
- D'accord... Et ta mère s'appelait comment ?
- Catherine. Comme ma dame de compagnie.
- Une dame de... Mouais logique.
- Et oui, la noblesse... C'était comme cela, ajoute Josie.
Je continue de regarder le château quand elle pose sa main sur mon bras. Je sursaute car je sens le contact.
- Mais comment...
- Ma version spirituelle peut te toucher mais ton corps physique ne risque absolument rien. Recule un peu.
- Hein mais pourquoi...
- Dame Joséphine, revenez ici!!! fait une voix à ma gauche.
Je tourne alors la tête au moment même où une petite forme vêtue d'une robe sombre me traverse. C'est bizarre comme impression. Je me retourne immédiatement et je découvre la vampire qui m'accompagne en version plus jeune.
- Je suis ta maîtresse, ne me donne pas d'ordre, fait la Joséphine jeune.
- Monsieur le comte, votre père, demande votre présence près du corps principal, dit une femme.
Je me retourne et je découvre la fameuse dame de compagnie, une domestique visiblement vu sa tenue quand je l'observe. Elle est un peu plus âgée mais de pas grand-chose.
- Catherine, je ne veux pas de cela. Père le savait.
Je réalise alors qu'il y a un problème à mes yeux et je me retourne vers la Josie de mon époque.
- Tu parlais anglais ? dis-je alors.
- Non, c'est du vieux français à la base mais ton cerveau convertit la langue de mon souvenir. Tu verras que c'est pratique. Alors Joséphine enfant? demande-t-elle.
- Sûre d'elle et toute mignonne.
- Merci bien.
- Dame Joséphine, je vous en prie... reprend la domestique. Je risque d'être punie...
- Dis simplement ne pas m'avoir trouvée, répond la jeune Joséphine.
- Je vous en conjure...
- Bon... Pour toi... Dieu m'en est témoin, cette journée est horrible.
Je regarde la jeune fille de douze ans avancer en pestant quand soudain, la Josie vampire attrape mon bras.
- Suivons moi... C'est étrange à dire, fait-elle en riant.
Effectivement, c'est bizarre ! On suit donc Dame Joséphine, qui peste sans cesse sur le fait d'être une fille et de cette injustice quand je la regarde.
- Tu étais déjà sûre de toi, dis-je à la vampire.
- Évidemment, de nos jours on dirait féministe mais à l'époque c'était presque une hérésie. Les femmes devaient obéissance aux hommes et c'est tout, m'explique Josie. Et cela n'a pas tant changé pendant bien des siècles.
- Mais qu'est ce que ton père veut pour te mettre dans cet état ? dis-je surpris qu'elle me tienne le bras.
- Le seul moyen de choisir qui conservera le domaine des Beaulieu, sois galant et laisse moi ton bras. Cela me rappellera l'époque, fait-elle en riant.
- Mais tu n'en as pas besoin en fait ? dis-je bêtement.
- Je préféré te guider dans mon souvenir, c'est plus simple, explique Josie.
- Mais comment fonctionne cette... Euh... Projection ? dis-je en avançant et parlant plus fort que Dame Joséphine qui râle.
- En fait tu vis mes souvenirs, bien sûr si tu t'éloignes et t'approche de ce forgeron, tu ne sauras pas ce qu'il dit car je ne le sais pas moi-même. De même si tu entre dans le château, tu n'auras que les objets autour de toi, rien d'autre... Et personne, explique Josie.
- Pourquoi personne ?
- Parce-que même si je sais que les cuisinières s'affairent, je ne sais où elle sont. Comme tu le vois, j'étais là dehors... Râlant sur mon père, explique la vampire.
- Je ne peux savoir que ce que tu sais donc... Je note.
- Bah, en même temps le reste on s'en moque c'est mon passé que tu veux voir non? demande Josie.
- Effectivement... En tout cas tu étais sûre de toi pour une fille de douze ans, dis-je alors.
- Cela me jouait pas mal de tours, un baron a tenté d'être entreprenant... Disons qu'il s'est pris de la sauce sur la tête.
Je la regarde et Josie me sourit alors je ne peux que rire. Elle était définitivement bien plus en avance que je ne pensais. On continue de remonter lentement une pente et je ne peux qu'être observateur de la vie du treizième siècle. Quel travail! C'était bien plus complexe qu'aujourd'hui ! Je ne sais même pas où regarder. Tout à coup je sens Josie s'arrêter et je regarde devant moi. Il y a un homme clairement bien bâti et barbu accompagné d'une magnifique femme en robe sombre.
- Antoine et Catherine de Beaulieu, me dit Josie. Mes parents.
- Je peux te demander de quoi vivait votre domaine ?
- Bien sûr, de la vente de bois principalement et également de la fabrication de cidre, dit-elle soudainement.
- Ce domaine existe encore?
- Plus réellement... fait-elle hésitante.
Je la regarde alors et elle semble légèrement mal à l'aise, comme préoccupée.
- Ça va?
- Oui, me réponds Josie. Dans deux ans mon père mourra d'une grippe, dit-elle alors.
- Une grippe? Mais ça se...
- Soigne? m'interrompt Josie. Pas réellement à l'époque et puis l'espérance de vie était bien plus courte. Ma mère retournera dans sa famille en Aquitaine.
- D'accord...
Je regarde alors la scène et je ne peux que sourire en voyant la jeune Dame Joséphine pester encore. Décidément ! Je comprends qu'elle n'est pas désireuse qu'on lui impose un époux.
- Attends une seconde... Il veut te marier? dis-je choqué.
- Oui. Il avait décidé.
- Mais tu n'as que douze ans non? dis-je encore plus choqué.
- À l'époque chez les nobles c'était courant, chez les gens du bas peuple, les jeunes filles étaient un peu plus âgée mais guère plus en fait, dit-elle pensive.
Josie a été mariée ? Je n'arrive pas à y croire mais au vu de la crise de celle du souvenir c'est le cas.
- Vous m'aviez promis Père, c'est une véritable trahison, hurle presque la jeune Joséphine attirant les regards.
- Ma chérie, je vieillis, je n'ai pas le choix, lui répond son père.
- Vous et Mère m'aviez juré me laisser le choix, argumente la jeune fille.
- Joséphine, veuillez cesser, lui répond sa mère.
Je regarde la Josie de mon époque qui étonnement me regarde inquiète.
- Tu avais des vues sur quelqu'un ? dis-je bêtement.
- Non, mais je voulais que l'on me laisse le choix, les filles ne pouvaient hériter des titres et des terres, mais bon...
- Maintenant Joséphine, comportez vous bien, votre promis arrive, lui dit son père.
- Il ne me plaît pas, répond Joséphine.
- Vous ne l'avez pas vu!
- Quand bien même...
Je ne peux que sourire quand j'entends une calèche approcher. Je l'observe et ce n'est nullement l'image que donne la fiction, c'est même assez sommaire.
- Tu vas voir min futur époux que l'on m'a choisi, me fait Josie.
- Je pense que ton accueil sera particulier...
- Évidemment, répond Josie.
La calèche ou carrosse, en fait je ne sais même pas la différence, s'approche et s'arrête près de Joséphine et ses parents. Je fais alors le tour pour mieux observer l'occupant suivi de près par Josie. Je vois alors un jeune garçon d'environ quinze ans descendre, plutôt bien fait de sa personne et je le vois regarder autour de lui. Je m'en approche alors et je le regarde attentivement.
- Il est plutôt beau gosse, et pas trop vieux.
Josie me regarde choquée comme si j'avais dit une énormité.
- Tu es stupide? Ça c'est Philippe, l'écuyer de mon mari, me dit-elle alors.
Je la regarde surpris quand je remarque l'homme qui descend. Il a une petite barbe et des cheveux mi-longs mais surtout il a au moins vingt-cinq ou trente ans. Il est bien plus musclé et vu son physique c'est un homme qui a connu le combat.
- C'est lui ton mari? dis-je complètement choqué.
- Louis de Caen, oui... Pourquoi ?
- Mais il est vieux ! C'est monstrueux ! C'est un pédophile ! dis-je en hurlant presque d'effroi.
Le visage de Josie change à cet instant et je me sens en danger. Soudain, ma joue est percutée et je tombe en arrière. Ma joue me brûle. Elle m'a giflé!
- Ne manque pas de respect à mon Louis, c'est clair? hurla-t-elle en colère. C'EST COMPRIS?
- Mais... mais... dis-je en bégayant.
- TAIS-TOI ! QUI T'A PERMIS ?
Je m'éloigne un peu en me relevant quand je remarque que tout est figé. Par sécurité je m'éloigne rapidement d'elle. Elle est complètement barrée ou quoi? J'hésite à m'approcher et je regarde l'ouvrier près de moi. Ce n'est qu'un forgeron mais son travail m'intéresse, tout pour éviter Josie est bon. Je la regarde de loin et rien ne bouge à part elle. Elle s'est approchée de ce Louis et elle semble vouloir le toucher avant de passer au travers. Elle l'aime toujours ? Après huit siècles ? Je suis surpris. Je la vois poser un regard sur moi et étonnement ce forgeron immobile est encore plus intéressant. Par contre ma joue me brûle. Intéressant ce fer à cheval ! Soudain une main se pose dans mon dos et je sursaute avant de me retourner en reculant.
- Ex... Excuse moi, me dit Josie mal à l'aise. Je n'aurai pas dû te gifler.
- Qu'est-ce qui t'a pris?
- J'ai oublié qu'à ton époque un homme de trente ans avec une fille douze ans est choquant. Mais c'était courant... Pas trop mal?
- Si...
- Je suis navrée... Mais Louis a été un très bon époux tu sais.
- Si tu le dis, dis-je en m'intéressant à nouveau au forgeron.
Soudain, Josie saisit mon bras m'obligeant à me retourner.
- Je suis un peu perdue également, je n'ai jamais partagé mes souvenirs et revoir les miens me perturbe. Viens voir la suite... Tu peux me rendre la pareille.
- Quoi? Bien sûr que non... Je ne frappe pas les femmes.
- Alors viens... Tu vas voir la réception que je lui réserve.
Je m'approche alors, le bras tiré par Josie et je regarde son futur mari. Je la vois repasser la main vers les cheveux de son mari en vain.
- Mon Louis... Qu'est-ce que tu me manques! dit-elle tout bas.
- Visiblement ça c'est mieux passé par la suite, dis-je.
- Oui, il a fallu le temps... Prêt pour la suite? demande Josie.
- Si j'évite les baffes...
- Je vais me tenir correctement, dit-elle en riant. Bon c'est reparti...
Soudain, tout reprend et j'assiste aux présentations officielles et au baisemain de Louis.
- Dame Joséphine, on m'avait vanté votre beauté mais aucun n'était proche de la réalité, fait Louis.
Je vois Josie sourire comme émue quand la jeune prend la parole.
- Je n'ai rien entendu d'aussi bien à votre égard, fait Joséphine avec hargne.
Je regarde Josie surpris et elle semble honteuse.
- J'avais mauvais caractère...
- Tu avais? dis-je avec mesquinerie.
- Je me suis excusée pour la gifle... Et le pauvre Louis... Tu as vu sa tête ? demande Josie encore honteuse.
- Cela n'a pas dû être facile...
- Ta génération dirait que je l'ai bien fait ramer, dit Josie en riant.
- Longtemps ?
- Ho même après le mariage... Tiens ça me fait penser à quelque chose...
Soudain, l'environnement change rapidement, je ne suis plus en extérieur mais dans une construction. Un couloir de château illuminé de candélabres, froid et austère.
- Qu'est-ce qu'il se passe? dis-je inquiet.
- Un autre souvenir... Regarde ! dit-elle en indiquant une direction.
Je regarde alors Dame Joséphine qui avance dans le couloir visiblement énervée et qui a à ses trousses son fameux prétendant.
- Joséphine, je ne voulais pas vous importuner, se justifie Louis.
- Et bien c'est le cas, votre présence me sera déjà imposée pour ma vie alors laissez moi jouir de mes derniers jours de libertés, fait Dame Joséphine.
- Je pensais que vous auriez désiré un peu de compagnie lors de votre lecture, se justifie Louis.
- Et bien vous pensez à tort, réplique la jeune Joséphine.
Je regarde la vampire près de moi et elle semble complètement honteuse. C'est vrai qu'elle est spéciale.
- Et j'aurais tellement désiré pouvoir vous peindre...
- Et bien faites le, réplique Dame Joséphine.
- Mais vous ne désirez pas servir de modèle, rétorque Louis.
- Faites le sur vos souvenirs, dit la jeune en partant.
Le souvenir se fige et je regarde Josie qui observe ma réaction.
- Que penses-tu du comportement de Louis? demande-t-elle.
- Je crois qu'il essaye de rendre cela plus facile... C'est ça ?
- Et oui, c'était un homme bon et lui-même est très mal à l'aise avec ces épousailles... J'étais idiote de le rejeter autant... Et pourtant...
- Et pourtant ? dis-je méfiant.
- Le mariage est arrivé malgré mon comportement, avoue Josie.
Soudain tout change à nouveau, je ne comprends pas tout de suite où je suis mais au vu de la grande salle magnifiquement décorée et des nombreux convives, il ne peut s'agir que de la noce. D'ailleurs à la grande table se trouve la jeune Josie magnifiquement apprêtée mais clairement désabusée. Je tourne la tête vers Josie tandis que l'animation a lieu et je la vois observer un homme sur la grande table mais avec une certaine colère. Je regarde dans sa direction et il s'agit du portrait craché de Louis mais en plus gros et en légèrement plus âgé.
- Qui est cet homme qui semble te révulser? dis-je alors.
- Lui? C'est Charles, le frère de mon mari. Le jour et la nuit. Il est aussi cruel que mon Louis est bon... Un monstre qui aurait dû être mon mari si son frère n'avait pas finalement été choisi, m'explique Josie.
- C'était complexe ces unions...
- Pas qu'un peu, ses compagnes furent à plaindre crois moi, fait Josie.
Le souvenir défile encore et je remarque que l'ambiance se fait plus festive vu que certains convives dansent. D'ailleurs les jeunes mariés dansent également mais Dame Joséphine semble inquiète. Je regarde vers Josie pour lui demander pourquoi quand je remarque qu'elle bouge légèrement la tête au rythme de cette vieille mélodie médiévale.
- J'adorais cette mélodie et danser dessus, dit-elle à mon intention.
Je la regarde continuer de remuer doucement et je me dis que je devrais lui proposer quelque chose malheureusement, c'est loin d'être ma tasse de thé.
- Je t'inviterai bien mais...
- M'inviter à danser ? dit-elle choquée et interrompue dans sa contemplation musicale.
- Oui mais je ne sais pas danser cela et pour tout dire même avec des chansons de mon époque, je danse comme un robot rouillé et complètement buggé.
Josie me regarde alors et sourit avant de prendre la parole.
- Dois-je comprendre que tu ne m'en veux pas trop pour la gifle? demande-t-elle.
- Non rassure toi.
Soudain Josie se place devant moi et me fait une révérence comme si elle n'en avait pas perdu l'habitude.
- J'aurai volontiers ajouté ton nom à mon carnet de bal Ben, merci à toi, dit-elle en souriant. Une autre fois peut-être...
- Pas de problème... Si tu veux te ridiculiser...
- Mais non mais non, dit-elle en me bousculant.
Je regarde vers Dame Joséphine qui danse avec son époux désormais et je remarque qu'elle est presque totalement décomposée.
- Qu'est-ce que tu avais?
- Moi? Je m'inquiètais de la suite évidemment, dit-elle surprise.
- La suite ?
- Ben... C'est un mariage... À ton avis? dit-elle avec mesquinerie.
- Ho tu veux dire...
- Et oui, la fameuse nuit de noce... D'ailleurs...
Tout à coup, le souvenir change encore autour de moi et je me retrouve dans une grande pièce sombre et richement décorée de tapis. Il y a un immense lit à baldaquin et je comprends, surtout au vu des bougies, où je suis. Mais c'est la chambre des mariés ! Pourquoi elle...
- Tu vas voir quelque chose d'important, dit Josie à côté de moi.
- Euh... Je ne veux pas voir cela Josie. Sérieusement...
- Observe et admire le spectacle.
Je la vois alors s'éloigner et s'approcher d'une fenêtre par laquelle elle regarde. Mais je ne veux pas voir une fille de douze ans avoir des rapports sexuels moi!!!! Pourquoi elle veut me montrer cela? Je remarque alors la présence de Louis dans un coin, il boit tranquillement dans un verre métallique. J'entends une porte s'ouvrir et se refermer avant de voir apparaître la jeune Dame Joséphine dans une robe de nuit d'un blanc immaculé. Elle semble complètement effrayée.
- Je suis là... mon époux, dit la jeune Joséphine.
Je dois avoir l'air idiot, je suis bouche bée de la situation et surtout qu'elle part s'asseoir sur le lit complètement décomposée.
- Vous êtes très belle Joséphine, fait Louis en reposant son verre.
- Tant mieux si je suis à votre goût, répond la jeune fille d'une voix très stressée.
- Vous l'êtes soyez en assurée, répond Louis.
Je suis sans doute aussi paniqué que la jeune fille et la vampire qui me fait voir ça est dans la contemplation de sa fenêtre. Mais pourquoi me montrer cela bon sang?
- Louis... Pourriez vous... fait Joséphine inquiète.
- Oui?
- Être doux... Les dames de la cour semblaient insinuer que c'était douloureux... fait Joséphine paniquée.
- Avez-vous eu l'impression que j'étais un monstre ? demande Louis.
- Non, mais l'union doit être consommée, même si je ne le désire guère... explique Joséphine.
- Je l'avais bien compris, cependant ils attendront que ce soit fait...
- Dois-je enlever la robe de nuit? dit Dame Joséphine en se regardant.
- Inutile... fait Louis en ouvrant un tiroir.
Je le regarde faire et à cet instant, je le vois en sortir un poignard. J'ai la même réaction paniquée que la jeune Joséphine. Il va faire quoi?
- Josie? Il va faire quoi? dis-je inquiet.
- Patiente, me répond Josie sans quitter la fenêtre.
- Il t'a fait du mal? dis-je encore méfiant.
- Je t'ai dit que mon Louis était un homme bon, regarde son respect pour moi.
Je reprends attention et la jeune Joséphine s'est levée apeurée et presque en larmes.
- Louis! S'il-vous-plait... Pourquoi cette lame? fait-elle en sanglots.
- Pour la suite, répond simplement Louis.
- Mais... Mais... Je vais m'offrir à vous sans résistance, cette lame est inutile... bafouille Joséphine.
- Non, elle le sera.
Je regarde méfiant Louis s'approcher du lit tandis que Joséphine s'en éloigne. Elle a peur de vivre un enfer et j'ai étonnement peur pour elle. Je vois alors Louis se placer au pied du lit et lever la lame. Soudain, il pose son pied sur le lit il se lacère le tibia par dessus.
- Qu'est-ce qu'il fait ? dis-je inquiet.
- Louis!!! Êtes vous devenus fou? demande Joséphine.
- Non ma chère... Je vous l'ai dit, je ne suis pas un monstre. De cette manière, ils croiront que je vous aie déflorée comme il en est de mon devoir, fait-il en souillant les draps.
- Mais...
- Joséphine, j'attendrai que vous m'acceptiez dans votre couche, vous êtes si jeune, fait simplement Louis en attrapant de quoi bander son tibia.
- Jamais Louis ne me fit de mal, fait Josie dans son coin de la pièce. Ce soir là fut une preuve de son amour et de sa gentillesse envers moi.
Je remarque que l'environnement tremble autour de nous.
- Josie qu'est-ce-qu'il se passe ? dis-je inquiet.
- Je cesse mon souvenir... L'environnement disparaît en tremblant... Louis dormira par terre ce soir là, dit-elle simplement.
Soudain c'est à nouveau le noir complet, je suis sidéré de ce que je viens d'apprendre. Lentement je rouvre les yeux et je suis revenu dans la chambre de Josie à l'Institut. Les souvenirs sont terminés. Son mari était quelqu'un de bien! Je regarde Josie qui semble un peu triste.
- C'était le début des évènements qui peu à peu mèneront à ma décision, fait Josie calmement.
Je la regarde quand tout à coup, je vois du sang sur sa joue. Elle est blessée ? Je m'empresse de sortir un mouchoir en papier propre de ma poche.
- Josie tu saignes!
- Ho... Je...
- C'est dangereux pour toi? Pourquoi tu ne me l'as pas dit?
Elle prend le mouchoir et frotte sa joue en me regardant.
- Ce n'est pas une blessure Ben, dit-elle pour me rassurer. Je ne risque rien à te montrer mes souvenirs.
- Mais tu saignes...
Josie enlève alors le mouchoir de sa joue et me regarde. Elle a le regard perdu et tout à coup, une autre goutte de sang coule de sa joue. Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Dégoûtant n'est-ce pas? dit-elle simplement.
- Mais pourquoi tu saignes?
- Ben... Je ne suis pas blessée... C'est une larme à l'évocation de mes souvenirs, explique Josie.
- Une larme? Mais c'est...
- Les vampires pleurent des larmes de sang Ben, cela est étrange je sais, fait calmement Josie.
- Tu avais déjà revu ces souvenirs ? dis-je sous le choc et sans aucune autre réaction.
- Non jamais, m'avoue Josie. Et cela me fait un petit quelque chose...
- C'est normal Josie... Ton mari était quelqu'un de bien au final, je m'excuse pour l'avoir jugé aussi vite.
- Ce n'est rien Ben... C'est ce soir là que j'ai ressenti pour la première fois quelque chose pour Louis, grâce à sa bonté.
Je remarque que Josie se lève et soupire de tristesse. Elle a aimé son mari et doit sans doute l'aimer encore.
- Malgré ma nature, mes sentiments et mes émotions restent présents... Peut-être sont-ils même encore plus forts qu'à l'époque, dit-elle tristement.
Je ne sais pas comment réagir mais elle semble autant heureuse d'avoir revu son mari que triste de ses souvenirs. C'est étrange comme situation.
- Josie... Tu vas partager d'autres souvenirs ?
- Oui, pas aujourd'hui mais je compte bien te montrer ce qui m'a amené au final à accepter la proposition de Jacques. Mais j'ai un service à te demander avant, dit-elle soudainement.
- Je t'écoute...
- Il y aura un souvenir que je voudrais voir mais seule, dit-elle alors.
- C'est possible ?
- Oui, il suffira que tu n'entres pas dans la pièce. Je veux le revoir seule avant de le partager. Cela ne te gêne pas? demande-t-elle sérieusement.
- Non évidemment... Et...
- Oui? fait-elle intriguée.
- Tu sais... Si tu veux profiter de tes souvenirs avec ton mari, tu peux... Même si cela ne m'apprend rien de valable.
- Tu es sérieux ? fait-elle étonnée.
- Oui, je pense que tu peux revoir vos discussions ce genre de choses... Tu avais l'air si heureuse de revoir Louis.
- Je te remercie Ben, je vais y songer sincèrement. Toi aussi tu es quelqu'un de bien, me dit-elle avec un sourire.
Je me lève alors, prêt à prendre congé quand je me fige un instant.
- Tu ne te sens pas bien? s'inquiète Josie. Tu as la tête qui tourne?
- Non... Je... Je me demandais quelque chose...
- Quoi donc? dit-elle.
- Cela a évolué rapidement avec ton mari?
- Ho... Disons que nous discutions le soir plutôt que consommer l'union. Il était heureux de passer ce temps avec moi. Un mois après notre mariage, je l'ai embrassé pour la première fois, dit-elle en souriant.
- Et bien...