Vampire Classroom
CHAPÎTRE HUIT
Cette semaine a vraiment été très étrange, je dois sans doute couver quelque chose car je me trimballe une migraine effroyable depuis le soir où je suis allé faire mon footing. Cela m'inquiète même beaucoup étant donné que je n'ai jamais été victime de migraines chroniques. Je me suis rendu plusieurs fois à l'infirmerie et Phoebe Prescott m'a donné un petit flacon d'aspirines avec une certaine posologie : une à chaque repas le premier jour et maintenant uniquement quand j'ai une crise. J'ai dû insister énormément pour qu'elle me prélève du sang et elle a fini par accepter pour l'analyser. Ma mère, que j'ai eue au téléphone, m'a signalé que les migraines n'était pas courantes dans la famille, ce qui n'aide pas à me rassurer. Cependant, les connaissant elle et ses crises d'angoisse quand il s'agit de ses enfants, j'ai préféré lui dire que je n'en avais plus. Ma mère semble rassurée surtout que je ne rentre pas mais comme il y a selon elle une doctoresse rassurante, elle ne s'en inquiète pas.
Le samedi matin, le premier que je passe dans l'Institut, je me réveille doucement et calmement, prenant mon temps pour me lever. Je peux tranquillement fumer sans déranger Deacon qui est rentré chez lui et surtout que c'est très calme. Il n'y a en réalité pas grand monde le week-end à part peut-être dans la Red Class. Eux, ils ne rentrent pas chez eux le week-end mais comme je sais déjà que Josie n'a pas de famille ici, je me dis que cela doit être le cas de plusieurs d'entre eux, après tout Nastya est russe elle. Cependant, j'ai un programme chargé alors je m'habille simplement d'un jean et un t-shirt car les weekends, l'uniforme n'est pas obligatoire. C'est déjà cela! Tranquillement je me dirige vers le bâtiment des cours et je monte à l'étage des clubs pour bosser sur un nouvel article décidé en amont. Je suis le premier sur les lieux alors je mets tout en place et je m'installe pour travailler sur l'article. Avec Josie, nous avons décidé de réaliser un article sur l'importance de la littérature sur le divertissement. En bref, nous essayons de faire une belle liste d'adaptation de romans en films tout en faisant quelques critiques des dites adaptations. Pendant que je peaufine l'article, j'entends des pas dans le couloir. La porte finit par s'ouvrir et Josie entre tranquillement.
- Bonjour Ben, me dit-elle.
- Salut, dis-je en réponse.
Je suis assez surpris en la regardant, après tout je ne la connais qu'en uniforme et là, elle n'en porte pas. Elle porte plutôt un pantalon noir en toile avec des rayures verticales grises. Elle a aussi revêtu un top blanc à bretelles en métal, peut-être en or, qui dévoilent ses épaules et un léger décolleté. Je remarque aussi qu'elle est montée sur une paire de chaussures que je vois pour la première fois et que seules les publicités m'ont permis de connaître. Ce sont des Louboutin. Et ben, c'est un sacré changement ! Josie me regarde surprise, la mienne doit se voir sur mon visage.
- Je me suis salie? demande Josie en se regardant.
- Non, c'est pas ça...
- Qu'est-ce-qu'il y a alors? demande-t-elle inquiète.
- Ça... Ça te va bien, dis-je simplement.
- Merci... Toi c'est plus basique.
Je me regarde alors et effectivement avec mon t-shirt bordeaux sans motif et un simple jean noir, je suis moins à la mode.
- J'aime être à l'aise, dis-je alors.
- Pas de problème... Alors, tu avances?
- Oui, tiens.
Je tends alors à Josie un article, enfin plutôt son ébauche pour avoir son avis et je la vois lire rapidement avant d'esquisser un sourire.
- Qu'est-ce qui est drôle ?
- Je me doutais que tu parlerais des adaptations de Jane Austen, fait Josie en riant.
- Oui bon...
- Alors... "Pour l'espionnage, le plus grand des espions de Sa Majesté, le fameux James Bond, est lui aussi issus de la littérature sous la plume de Ian Fleming"... Maintenant que j'y pense, le cinéma est vraiment toujours inspiré, dit-elle en replaçant une mèche de cheveux.
- À croire qu'ils n'en ont pas.
- Mais c'est la plus belle invention je pense, je n'en ai pas connu de mieux, fait Josie.
De mieux? Elle se fout de moi? Tout à coup, la migraine revient et je dois à nouveau me masser la tempe.
- Encore une migraine Ben? me demanda Josie.
- Ouais... J'en ai marre...
- Une punition divine pour m'avoir reluquée dans la piscine ? dit-elle alors avec mesquinerie.
- Josie...
- Je sais, c'était accidentel, je vais te faire un thé...
Hein ? Je la regarde plutôt étonné s'occuper de la bouilloire. C'est la seconde fois qu'elle me fait un thé et il faut reconnaître que le premier m'a bien soulagé. Elle me tourne littéralement le dos en le faisant et je vois ses cheveux glisser dans son dos. Après avoir versé l'eau chaude, je la vois vaguement faire quelque chose mais je ne sais pas quoi. Je suis juste dubitatif.
- J'espère que ton regard ne descend pas sous ma taille, dit-elle sans se retourner.
- Hein? Non... Pas du tout... dis-je mal à l'aise.
Cependant, c'est quand on dit de ne pas regarder en bas que l'on le fait et mes yeux descendent rapidement avant que je ne me retourne. Ce pantalon lui fait une sacrée silhouette. Je la vois poser le thé sur la table devant moi.
- Merci, dis-je alors.
- De rien, profite du Darjeeling, me fait-elle en me souriant et reprenant l'article.
- Darjeeling ? dis-je choqué en buvant. Mais ça coûte une fortune !
- C'est rien. Je t'assure, dit-elle alors.
En le buvant, je me dis que cela a un effet relaxant puissant, je me sens mieux tandis que Josie poursuit sa lecture tranquillement.
- " Dans l'espionnage nous comptons également Jack Reacher ou encore Jason Bourne"... Blabla...
Je souris en la voyant faire cela et elle me regarde.
- Je ne fais que survoler... Ha j'aime bien cette partie. " Les plus gros succès du cinéma moderne viennent de la littérature, Le Seigneur des Anneaux, Hunger Games, Twilight et surtout Harry Potter sont tous des succès littéraires avant tout."
Je remarque sa grimace en citant les livres et je la regarde encore plus consterné.
- Mauvais exemples ?
- Je ne suis pas fan de Twilight et de sa vision du vampire... Même si j'adore Kristen Stewart.
- Je la préfère dans Still Alice, aussi adapté d'un roman.
- Dire que je l'ai connue par Panic Room, elle a bien grandi.
Je regarde Josie assez étonné et soudain je réalise. Sans doute ses parents avaient-ils le Dvd de Panic Room, on est trop jeune pour l'avoir vu à l'époque !
- Alors... "Le personnage parmis les plus adapté est celui de Bram Stoker, le Comte Dracula¹. Le nombre d'acteurs l'ayant incarné sous une forme ou une autre est assez conséquent. Plus de deux cent films existent avec des acteurs divers tel Bela Lugosi, Gérard Butler, Christopher Lee, Luke Evans et même Gary Oldman, le même Gary Oldman qui incarnera Sirius Black, dans la version Coppola." Fan de Dracula?
- J'aime beaucoup oui... Pourquoi ?
- Par intérêt personnel, dit Josie en me regardant.
- Tu n'aimes pas?
- Disons que... Ça a ses qualités et ses défauts.
Je la regarde surpris et c'est tout ce que je peux faire, je ne comprends pas le sens de sa phrase.
- On pourrait aussi parler d'Agatha Christie et de la dernière adaptation du Crime de l'Orient Express par Kenneth Branangh... Je me dis que l'on pourrait aussi faire une suite à cet article... Pour les adaptations télévisées et pour enfants.
- Pour enfants ? dis-je alors.
- Oui, beaucoup de livres ont été adaptés en dessins animés, comme Sherlock Holmes et autres...
- Si tu veux... dis-je alors sachant que je lui laisserai le dernier mot de toute façon.
Je la vois alors prendre un stylo bille et faire des annotations.
- On peut parler aussi d'adaptation très personnelles... Orgueil et Préjugés et Zombies par exemple... Même si c'est également un livre.
- Alors si on va sur les libres adaptations on a de la marge, tu peux rajouter World War Z, Je suis une légende, etc.
- Dis moi, tu sembles t'y connaître pas mal en cinéma également, me fait Josie.
- Pas autant qu'en littérature.
- Dommage... J'adore le cinéma.
- D'accord...
- Je te jure, j'ai même vu le premier film des frères Lumière, me dit-elle.
- Je suppose qu'en France vous devez leur avoir rendu plus d'un hommage.
- Homm... Oui bien sûr, fait-elle avec empressement. C'est normal non?
Le cinéma est une belle invention... Ça me dit quelque chose comme phrase mais je n'arrive pas à la replacer! Je regarde alors Josie qui continue ses annotations et je remarque qu'elle est également maquillée avec parcimonie.
- Tu sors aujourd'hui ? dis-je alors.
Josie se redresse rapidement et me regarde surprise.
- Tu... Tu veux m'inviter quelque part? dit-elle amusée.
- Non... Je dois bosser... C'était pour savoir, tu es très en beauté... Je veux dire...
- Merci du compliment et oui, je me suis prévue quelques sorties sur Milwaukee, avoue Josie.
- Fais attention, avec ce qu'il s'y passe...
- Merci de t'inquiéter mais je n'ai pas besoin de protection, je t'assure.
- Je te crois...
Plusieurs heures durant, nous avons travaillé sur l'article pour pouvoir l'imprimer dès le lendemain. Je ne me suis pas éternisé car je devais travailler. Mon premier soir de travail à servir dans un fastfood de Milwaukee. Ce n'est pas si terrible après, il ne faut pas être trop regardant. Je ne sais pas en fait ce qui est le pire, j'hésite fortement entre l'odeur prenante et persistante de graisse de friture et la couleur orange fluo de mon uniforme.
- Ça manque de filles! fait une voix près de moi.
Jason... Mon collègue. C'est lui le pire en fait. Il n'est pas très méchant juste chiant. Il a le physique d'un bellâtre, blond et musclé, ancien quarterback de son lycée et fier de son succès avec les filles. C'est d'ailleurs ce succès qui le pousse à draguer tout ce qui bouge ici. Il y a de quoi devenir fou! En plus c'est lui qui gère les cuissons des viandes, moi je gère le reste. J'ai arrêté de compter le nombre de portions de frites que j'ai servies ce soir mais je sais que je gagne de l'argent. En plus, dans le coin, les gens sont super sympas, ils n'hésitent pas à laisser du pourboire, que je devrai partager avec l'espèce de macho con comme une planche qu'est Jason. Je viens de servir une énième personne au drive-in, un client chiant qui a changé par trois fois sa commande, quand il revient à la charge.
- Je t'ai causé, me dit-il.
- Oui, désolé, j'étais pensif... Tu disais?
- Que ça manquait de meufs.
Vive le respect !
- Et ça change quoi au boulot ? dis-je alors en frottant mon front dégoulinant de sueur à cause de la chaleur des friteuses.
- T'as pas compris à quel point c'est tout bénef de bosser ici un samedi soir? dit-il choqué.
- Je suppose que tu vas me le dire...
- Les meufs ont fait la fête et sont parfois un peu ivres. Il ne faut pas grand chose pour les convaincre.
- T'es sérieux? dis-je choqué.
- Ouais elles suivent derrière... Si tu savais le nombre de chattes que j'ai fourrées... Ou léchées d'ailleurs, dit-il avec un clin d'œil.
Putain que c'est consternant ! Je dois le regarder assez choqué car il hausse les sourcils en m'observant.
- Je te jure mec, il faut leur lécher la chatte, elles kiffent ça... Et après en général elles te sucent la queue, me fait-il encore plus vulgaire.
- Mouais... Si tu le dis.
Qu'est-ce que je peux répondre ?
- T'as jamais léché une fille? Il faut mec... Bon c'est un peu spécial mais elles en tremblent. Allez tente ta chance dès que t'en vois une un peu ivre.
- Et justement si elle est ivre, t'es sûre qu'elle est consentante ? dis-je alors complètement consterné.
- Consen... quoi? dit-il en riant. Franchement tant qu'elle te laisse gicler, ajoute-t-il en me frappant le bras.
Qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu putain! Je ne vois pas les filles comme ça moi. Et j'en suis rendu à observer l'horloge espérant finir vu que je termine à minuit. Je n'ai pas le droit à plus au vu de mon âge. J'en profite pour m'occuper et nettoyer le comptoir quand, tout à coup et sans doute désireux de m'emmerder un peu plus, Jason revient à la charge.
- Hey mec! La prochaine qui rentre, je l'ai vue par la fenêtre, c'est un putain d'avion de chasse. Je suis sûr que ce sera la baise de ta vie, fait Jason surexcité.
Je m'apprête à voir entrer le fameux "avion de chasse" plaignant la pauvre demoiselle de devoir subir les pensées lubriques de Jason quand la porte automatique s'ouvre. Josie? C'est bien elle et elle s'avance vers le comptoir en me souriant.
- Bienvenue chez Fried Food, que puis-je pour vous? dis-je mal à l'aise.
- Bonsoir Ben, alors c'est ici que tu travailles, me fait Josie.
- Comme tu vois... Comment tu as su?
- Mitsuko est très mais alors très bavarde, dit-elle en riant. J'attends des nouvelles de quelqu'un alors autant... s'occuper.
- Je te sers quoi? dis-je poliment.
- Je suppose qu'il n'y a ni caviar ni foie gras, dit-elle avec un clin d'œil.
- Je ne sais même pas le goût que cela possède, dis-je en riant.
Tandis que je dis ça, je vois du coin de l'œil Jason qui me fait des signes plutôt vulgaires et éloquents, du genre qui insinuent une fellation de Josie. Mais qu'est-ce qui m'a fichu un crétin pareil?
- Sérieusement, qu'est-ce que tu me recommandes ? me dit Josie.
- La fuite...
- Pardon? fait-elle étonnée.
- Non rien... Les gens apprécient le poulet intégralement frit.
- Intégralement ? Mon dieu ce que les Américains sont friands de mal bouffe.
- Les viandes peut-être ? dis-je ensuite.
- Je ne mange que saignant... Tiens mets moi des Onions Circles. Je suppose que ce sont des beignets d'oignons.
- Tu supposes bien... Une sauce?
- Euh... Non. Et mets moi de l'eau pétillante.
- Je vais te demander de patienter.
- Aucun problème, fait-elle en s'appuyant sur le comptoir.
Je me dirige alors vers la friteuse et attrape une boite quand je suis soudainement bousculé.
- Hey... Tu la connais la bombe? fait Jason la bave aux lèvres.
- C'est une amie de mon bahut.
- T'as des vues? demande-t-il intéressé.
- Hein?
- Tu veux la baiser ou je peux tenter ma chance ?
- Elle va te jeter.
- Mais non, elle est bandante. Peut-être aurai-je une pause.
Je l'entends s'éloigner et je le regarde s'approcher de Josie. Je la plains déjà, j'ai bien envie de lui envoyer un coup de spatule dans les bijoux de famille. Peu de temps après, je l'entends passer près de moi.
- Tu t'es pris un vent?
- Non, je dois nettoyer les toilettes.
Hein? Il me semble qu'il évite cette corvée.
- Et ça te prend comme ça ? dis-je étonné.
- Il faut que ce soit propre, fait-il laconiquement.
Je ne comprends pas trop mais je finis la commande de Josie que je lui apporte sur le plateau.
- Je peux payer ensuite ? Au cas où.
- Pas de problème, je te mets ton ticket en attente.
Je la vois aller s'installer tranquillement et manger après avoir observé et senti ses oignons. Elle doit être habituée à mieux! D'autres clients arrivent et d'autres commandes. Heureusement que Jason est revenu, j'aurai été débordé. Encore une demi-heure ! Pendant que je travaille je vois un type d'une vingtaine d'années s'asseoir à la table de Josie et j'observe. Elle semble consternée et s'énerver. Ça doit être un mec comme Jason!
- Ta copine a des soucis non? dit d'ailleurs ce boulet.
- Mouais...
- Si t'interviens, je ne dis rien, me fait Jason.
- Quoi?
- Vire ce con, elle te sera reconnaissante, fait-il amusé.
Ce n'est pas pour la reconnaissance mais pour la débarrasser de l'importun que je quitte le comptoir avant de m'approcher de la table.
- Merci de ne pas importuner les clientes, dis-je à l'homme.
Cela doit être un ouvrier vu sa tenue sale, il ne semble cependant pas impressionné.
- On t'a sonné ? dit-il en se levant.
- Fous lui la paix. Va ailleurs, dis-je alors.
- Tu crois que j'ai peur de toi? me fait l'homme.
- Ça dépend si un champion de collège de boxe poids moyen t'impressionne.
Je ne suis pas violent, mais je sais impressionner les gens. Et bizarrement, ça marche vu qu'il repart fans un autre coin.
- Je n'avais pas besoin d'aide Ben, me fait Josie.
- T'as déjà une sale image des américains, n'en rajoutons pas. Pour la peine, je t'invite.
- Merci... Pour ce con également, me fait-elle en souriant. Bon j'avais fini. C'était...
- Pas besoin de compliments.
- Tant mieux, c'était spécial. Bonne soirée.
Je retourne terminer mon boulot quand je vois Josie partir et téléphoner de l'autre côté de la porte. Je remarque rapidement qu'elle reste là, peut-être attend-t-elle que je sorte. Mais quand il me reste cinq minutes de travail, je la vois s'éloigner.
- Suis la, dit Jason qui m'a vu surveiller Josie.
- Il me reste...
- Je vais pointer pour toi, tiens, conclut-il en me mettant quelque chose dans la poche.
Je le regarde surpris mais après tout, il me permet de voir Josie. Je me dirige d'un pas rapide vers le vestiaire et j'attrape juste une veste tout en regardant ce qu'il m'a mis dans la poche. Je me doutais un peu de ce que c'était et l'emballage carré me confirme qu'il s'agit bien d'un préservatif. Mouais... Je ne pense pas qu'il me servira! Je le remets en poche et j'enfile ma veste avant de me diriger vers la porte automatique. Je suis saisi par le froid extérieur. Merde... Comment Josie pouvait se balader dans cette tenue sans avoir froid? Je regarde un peu partout mais je ne la vois pas, je suis sorti trop tard. Tandis que mon regard se perd sur le parking, je remarque que la Bentley de Josie est toujours là. Elle ne peut donc pas être bien loin. J'espère surtout qu'elle n'a pas fait une mauvaise rencontre. Je la cherche activement du regard quand, dans une ruelle sombre, des phares illuminent une silhouette féminine qui doit être la sienne. J'avance dans sa direction quand, alors que je suis encore loin, elle se dirige vers une maison. Qui elle peut connaître dans le coin ? J'avance pour me retrouver devant la maison et je suis saisi de surprise. Cette maison qui devait être très grande et magnifique à une époque n'est plus qu'une ruine infome. Je me demande ce qu'elle peut y faire et je me sens inquiet pour elle. Je me dirige vers la porte branlante de la demeure délabrée quand je me décide enfin à pénétrer à l'intérieur de la maison. L'intérieur est rempli de trou et de moisissures. Je ne vois pas grand-chose tant il fait noir mais cela semble extrêmement loin du genre d'endroit qu'une fille comme elle fréquente habituellement. Mon regard est alors attiré par une porte et surtout la lumière diffuse qui s'en échappe. Je m'en approche alors et je regarde ce qu'elle cache. Il s'agit clairement d'un escalier vers un sous-sol et la lumière semble venir d'un téléphone qui sert de lampe torche. Je descends lentement les marches, le plus discrètement possible, pour ne pas l'effrayer. Je l'entends alors parler dans une langue étrangère que j'aparente à du français.
- Jacques... Pourquoi cacher cela ici? dit-elle.
J'arrive en bas des marches et je regarde la pièce, elle est remplie de vieux meubles et Josie est devant un vieux secrétaire. J'ai l'impression qu'elle lit un livre. J'avance discrètement vers elle.
- Josie... Ça va?
Elle se retourne extrêmement brusquement en refermant un livre tandis que j'avance vers elle.
- Ben? Qu'est-ce que... Non! Arrête toi! dit-elle brusquement.
Je ne comprends pas pourquoi je dois m'arrêter quand soudain, sous mon pied droit, un cliquetis se fait entendre.
- Ne bouge plus, s'empresse de dire Josie.
Je déglutis en baissant les yeux. Je sens même une perle de sueur glisser dans mon dos.
- Josie...
- Bon sang Ben, pourquoi tu m'as suivie, c'est dangereux ! fait-elle inquiète.
- Je m'inquiétais pour toi... J'ai le pied sur quoi?
- Une mine.
- Hein? Comment c'est...
- Ben, je vais te sortir de là, mais tu te tais.
Je la vois regarder dans la pièce et je suis son regard, il y a une commode par terre.
- Je vais t'attraper et te cacher derrière avant l'explosion. Rentre les bras.
- Attends Josie t'es...
Avant même que je finisse ma phrase, je me sens happé par ses bras, elle m'a soulevé comme si j'étais en mousse et je la sens me pousser tandis que je tombe derrière le meuble, elle contre moi. Au même instant, je vois un objet oblong sortir du sol et dans un bruit sec, détonner. J'entends le bruit du bois qui se fait marteler de ce qui doit être des pics. C'est une grenade à shrapnel comme dans les jeux vidéos. Rien ne me touche à part le sol dans mon dos. Josie me regarde méchamment.
- Tu es une vraie source de problèmes, me dit-elle froidement en se redressant.
- Tu n'as... Rien? Comment tu m'as soulevé ?
Ma migraine me reprend un peu, c'est pas le moment ! Mais Josie me regarde froidement.
- Chacun ses petits... Gnnn...
Je vois Josie se pencher un peu. Ho non!
- Josie tu es blessée ? Il faut appeler une ambulance.
- Non... Je..., fait Josie en tremblant. On doit aller à l'Institut.
- Mais non, il te faut un médecin !
- Ben, vite... s'il-te-plaît.
Je la sens me tirer par le bras et me traîner à l'extérieur. J'ai l'impression d'être incapable de résister à sa force physique.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? dis-je une fois revenu dans la rue.
- Je... Merde! fait elle en perdant l'équilibre.
Je me hâte de la rattraper et elle me regarde inquiète.
- Tu sais conduire? demande Josie.
- Oui... Je n'ai pas de voiture mais je sais.
- Tu conduis.
Elle me fait confiance quand même ! On arrive difficilement à sa voiture et elle la déverrouille pour me permettre de l'installer côté passager. Après avoir fermé la portière, je me dépêche de rejoindre le siège conducteur et, avec sa clef, je cherche le contact. Malheureusement, je ne le trouve pas.
- Heu...
- Là, pose la clef, me dit-elle légèrement empressée. Appuie sur START.
Je m'exécute et la voiture vrombit. Je conduis prudemment même si j'entends des gémissements de douleur.
- Ce serait pas mieux l'hôpital? dis-je alors.
- Non... L'institut...
Elle n'a pas l'air bien du tout quand je m'engage sur l'autoroute. Je suis stressé pour elle mais surtout pour sa luxueuse voiture.
- Bon sang... Mes jambes, marmonne Josie.
- Qu'est-ce qu'il y a? dis-je inquiet.
- Il faut... t'arrêter au premier motel.
- Hein?
- Obéis !
Elle pourrait demander poliment ! Vu son état, je ne relève pas et je me gare sur le premier parking qui passe.
- Va chercher une clef... Demande si il y a une bouilloire...
- Euh ok...
Je me dépêche d'aller chercher une clef, subissant le regard quelque peu accusateur d'une vieille chouette aigrie. Je suppose qu'elle pense que je suis un énième fêtard venu finir sa soirée par une partie de jambes en l'air. Je retourne alors à la voiture.
- J'ai une clef, dis-je à Josie.
- D'accord, fait-elle en sortant difficilement de la voiture.
On ouvre la porte d'une chambre et elle m'indique de la poser sur le lit.
- Je devrai t'emmener à l'hôpital, dis-je alors.
- Ils ne pourront rien pour moi, fait-elle soudainement. Toi par contre...
- Hein?
- Je vais m'allonger sur le ventre... Tu va retirer ce qui est entré dans mon dos.
Elle est folle! Je la vois s'allonger difficilement mais je m'avance pour m'asseoir sur le lit.
- Soulève mon haut et dis moi ce que tu vois, ordonne Josie.
Je m'exécute et je découvre avec surprise une peau extrêmement pâle mais ornée d'un tatouage de papillon sur le côté droit. Je ne la savais pas tatouée. Je regarde alors vers ce qui semble être sa blessure et je suis assez étonné.
- À quoi cela ressemble ? demande Josie.
- Euh... Tu as un petit trou... Un peu de sang séché mais ta peau est bizarre.
- Tu n'as rien de plus précis que bizarre? s'énerve Josie.
- Autour d'une plaie, ta peau est... noire... comme brûlée.
- Merde... Écoute moi. Tu vas m'enfoncer tes doigts.
- Je te demande pardon ? dis-je choqué. Je ne suis pas médecin.
- Ben, fais ce que je dis. Tu enfonces deux doigts, ce sera mieux et tu attrapes ce qu'il y a dans le trou.
Je la regarde choqué mais visiblement elle ne s'en inquiète pas. J'enfonce mes doigts doucement dans la peau spongieuse. C'est dégoûtant ! Je la regarde assez inquiet mais elle ne réagit pas comme si elle n'avait pas mal. C'est étrange! Je sens quelque chose quand ma migraine me reprend. C'est pas le moment de flancher. Je serre alors ce que je sens dans le trou et je tire. Elle n'a toujours aucune réaction. J'en sors alors un objet fin comme une aiguille que j'observe. On dirait un bout de bois de cinq centimètres. C'était ça dans la mine? Ou alors c'est un éclat du meuble.
- Ça y est? demande Josie.
- Oui... C'était ça... Mais pourquoi je n'ai pas de sang sur les doigts ? dis-je en remarquant ce détail.
Josie se retourne alors en abaissant le tissus et attrape l'aiguille. Étonnement, elle la renifle.
- Amanite vireuse et armoise, marmonne Josie.
- Quoi?
- Non rien, me fait Josie.
- C'était quoi ce bordel? dis-je alors.
- Cela ne t'était pas destiné... C'est pour les gens comme moi.
- Hein?
- Laisse tomber, c'est trop tôt, fait-elle en farfouillant dans une poche de son pantalon. Tiens, il faut me faire boire cela.
Je remarque qu'elle m'a tendu un de ses sticks et je me dirige sans me poser de question vers une bouilloire poser sur un meuble.
- Jacques... Pourquoi ça ? marmonne Josie tandis que l'eau chauffe.
- C'est qui ce taré ? dis-je alors.
- Tu ne dois pas t'en soucier.
J'ouvre le petit sachet et dépose dans un mug son contenu. Il s'agit d'une poudre rouge qui sent le cuivre, c'est vraiment surprenant. Quand je verse l'eau chaude, je remarque que c'est plus épais qu'un thé, comme un potage à la tomate vu la couleur. On dirait presque du sang! Ma douleur me reprend et je dois me tenir un peu avant d'apporter la boisson à Josie.
- Merci, fait-elle en le prenant prestement.
Je la vois se dépêcher de boire avant de se figer et de recracher dans le mug en toussant.
- Josie! dis-je inquiet.
- Merde... Ben vas t'en d'ici!
Je la regarde étonné quand je remarque qu'elle baisse la tête.
- Ça va?
- Vas t'en... S'il-te-plaît...
- Josie...
- CASSE TOI! fait-elle en me regardant méchamment.
Je tombe alors du lit, horrifié. C'est impossible de mettre des mots sur ce que je vois: elle a un visage légèrement déformé. Ses yeux sont rouges et je jurerai que ses dents étaient difformes, plus longues, comme celles des prédateurs, surtout les canines. Elle a l'air complètement différente, monstrueuse. C'est horrible ! Qu'est-ce que...
- Argh!!! dis-je en me tenant la tête.
La migraine repart de plus belle, j'ai l'impression que je fais une hémorragie. En plus, j'ai comme une image de couloir avec un tapis, d'une femme et de sang. Je ne comprends plus rien.
- Ben? s'inquiète Josie.
- Pourquoi j'ai aussi mal? dis-je difficilement.
- Ben... Ben... Regarde moi!
J'ouvre difficilement un œil et je l'observe assise sur le lit. Sa bouche est de nouveau normale.
- Je pensais qu'il était trop tôt mais tu es en train de lutter.
- De... de quoi tu parles ?
- Il faut que je te revèle la vérité... Même si c'est trop tôt, dit-elle tout bas.
- Mais de quoi tu parles putain? dis-je en me tenant la tête.
- Ben, je vais changer ton monde, dit-elle alors.
- Quoi?
- Écoute moi bien... Je m'appelle en réalité Joséphine de Beaulieu, fille du comte de Beaulieu de Normandie. Je suis née en douze cent trente-et-un et... Je suis une vampire.
QUOI? Elle est dingue! Je la regarde plutôt surpris.
- Je crois que tu es en état de choc...
- Ben, je ne te mens pas.
- Ça n'existe pas!
Et pourtant, ses propos étranges, cette image de couloir... L'impression qu'elle donne d'être d'une autre époque.
- Et si... ça existe, la preuve ? Comment est ta migraine ?
Quand elle dit cela, je me rends compte que dès l'instant où elle a prononcé le mot "vampire" ma migraine a disparu tout à coup.
- Mais c'est pas possible ! dis-je alors.
- Et tu fais partie de ceux qui ont été choisis pour apprendre la vérité.
La vérité ? Mais c'est pas possible ? Qu'est-ce que c'est que cette putain d'histoire ?
- Regarde moi encore une fois, il faut que tu me croies parceque... J'ai besoin de ton aide, dit-elle en regardant ses doigts.
Je lève la tête vers elle et je remarque à nouveau ses dents plus longues, ses canines. On dirait vraiment une vampire de fiction, c'est improbable. Le pire est qu'elle me donne l'impression de sourire. Je recule en me traînant sur le sol.
- Je ne te ferai pas de mal, me dit-elle alors. Je te le jure.
- Mais... mais...