Vampire Classroom
CHAPITRE SEPT
Cela fait désormais une semaine que j'ai commencé le journal avec Josie et notre premier article, sans pour autant mériter le Prix Pulitzer, s'est bien répandu dans l'Institut même si visiblement seuls les élèves de la Blue Class ont semblé bien plus intéressées par lui et ses consignes de sécurité que ceux de la Red Class. Naturellement ce n'était rien d'extraordinaire, simplement le fait d'éviter de se trouver seul dans des endroits peu fréquentables, de prévenir d'autres élèves des endroits où l'on se rendait, etc. En somme rien de bien folichon mais quelques consignes basiques. J'avais enfin rencontré le patron du petit fast-food où j'allais travailler, une enseigne au doux nom poétique et recherché de Fries Food... Tout un programme ! Il s'agit en réalité d'une femme d'une quarantaine d'années nommée Carol et d'un cuisinier nommé Pablo, tous les deux extrêmement sympathiques. Il y a également un autre employé du nom de Jason. Lui par contre, il est un peu obnubilé à l'idée de draguer les clientes.
Ce week-end, j'ai fêté mes dix-sept ans chez ma mère vu que c'est en ce lundi qu'il tombe et que comme je suis revenu à l'Institut, je ne suis pas avec ma mère et ma sœur. Elles se sont cotisées, ma petite sœur cassant un peu sa tirelire, pour m'offrir une édition ancienne de Mansfield Park, de mon auteure préférée Jane Austen. J'avoue, j'étais aux anges. Je me demande où elles ont réussi à trouver cela, sans doute dans une librairie spécialisée de Chicago. Je me suis d'ailleurs endormi hier soir en le lisant, j'étais épuisé. Ce lundi matin, alors que pour une fois j'émerge plus lentement, je sens un poids sur mon lit et j'ouvre les yeux.
- Salut mec! me fait Deacon.
- Grml... Salut Deacon...
- Monsieur a fait la bringue avec un livre? dit-il en riant. Bon anniversaire !
- Merci, dis-je en me frottant les yeux.
- Dix-sept ans mon gars... Bienvenue au club.
- Merci...
Je me redresse lentement en prenant appui sur mes coudes et j'essaye de garder les yeux ouverts. Lentement je vois le grand sourire de Deacon et mes yeux descendent sur sa main qu'il me tend. En réalité, c'est une enveloppe blanche qu'il me tend. Je le regarde étonné.
- Cadeau! me dit-il.
Sérieux ? Il est sympa!
- Merci, dis-je étonné. Il ne fallait pas tu sais.
- Ho c'est pas gênant, colocataire. Au fait Mitsuko a participé.
- Hein? Euh ok...
- Bon tu le prends?
Je prends alors l'enveloppe et je l'ouvre découvrant une carte cadeau pour une médiathèque de Milwaukee. Un bon montant de quarante dollars. C'est vraiment sympa.
- Merci mec, dis-je en serrant la main de Deacon.
- Mais de rien. Mutsuko a hésité si on devait acheter un livre directement ou te faire une carte cadeau... Vu ta collection, je lui ai dit ça.
- Ho faudra que je la remercie.
- Tu ne la verras qu'en cours, elle a prévu un duel d'échecs ce matin... C'est dingue...
- Avec qui? dis-je pour simplement savoir.
- Jaloux? fait Deacon en riant.
- C'est une amie imbécile...
- Un mec de la Red... Un petit brun, Jack je crois...
- Je ne vois pas c'est qui, dis-je alors.
- Il est dans ma classe de biologie... Un vrai sadique du scalpel, avoue Deacon.
- Quoi?
- Ouais, il découpe la grenouille comme si c'était son steak du matin... Il paraît qu'il connait plein de coups... C'est ce qu'elle a dit, fait Deacon en haussant les épaules.
Il quitte enfin mon lit et je place la carte cadeau dans ma table de nuit. Alors que je m'apprête à aller me doucher, min téléphone sonne. Je le prends rapidement.
- Allo!
- BON ANNIVERSAIRE FRANGIN !!!! hurle une voix criarde.
- Merci... Ça y est je suis sourd!
- Merde désolée, me fait Mindy. Je n'ai pas pu venir chez ta mère hier...
- Ce n'est pas grave.
- Je t'offrirai ton cadeau la semaine prochaine, fait-elle alors pour me rassurer sans doute.
- Ha ça risque d'être compliqué, je bosse.
- Où ça ? demande-t-elle.
- Un fastfood de Milwaukee.
- Ha merde... Tu veux que je te l'envoie?
- Quand on se verra, il sera encore temps.
- D'accord...
J'entends une voix féminine près d'elle sans doute et je m'imagine qu'il s'agit de Caroline, sa petite amie.
- Tu n'es pas seule?
- Euh, j'ai dormi chez Tu-sais-qui.
- Voldemort ? dis-je amusé. Tu dois t'en méfier !
- Mais non... Papa croît que c'est une amie... Elle te souhaite un bon anniversaire.
- Dis-lui merci. Et sois sage...
- Crétin ! Bon je te laisse aller te préparer. Bon cours!
- Merci.
Je repose mon téléphone, très content qu'elle entourloupe ce connard qui me sert de père. Il aura une belle surprise quand il l'apprendra. Tant mieux !
Au final j'ai pris ma douche assez vite et un petit déjeuner tout aussi rapide avant de me rendre vers mon cours avec le professeur Kane, un cours de littérature comme il les aime. Au moment où j'arrive, je vois Mitsuko devant la classe qui a l'air de m'attendre.
- Salut, et merci pour le cadeau, dis-je alors.
- De rien et bon anniversaire ! fait-elle enjouée.
- Merci bien. Alors ta partie d'échecs ?
- Compliquée, Jake est réellement un génie de ce jeu, j'ai l'impression qu'il le pratique depuis des siècles.
- Des gens ont des dons.
Je regarde rapidement dans la classe et je vois Josie en discussion avec le professeur mais qui regarde vers le couloir par intermittence. J'ai un peu brisé la glace avec elle grâce aux conseils de Natsya. Heureusement que je connais Shakespeare. Je discute un peu de mon weekend quand mon téléphone vibre dans ma poche. Je m'excuse auprès de Mitsuko en le prenant et je regarde qui m'a contacté. Je me fige en voyant le nom de Meghan, elle a pensé à moi. Elle me souhaite un bon anniversaire et me dit que je lui manque quand même. Elle a envoyé une photo, celle d'un autre anniversaire. Je ne me sens pas trop bien en regardant la photo. Elle n'a pas dû penser au contexte de la photo. Merde! C'était un anniversaire juste après qu'on sorte ensemble, j'étais heureux avec elle.
- Ben-san? Tout va bien? C'est une mauvaise nouvelle ? demande Mitsuko inquiète.
- Hein? dis-je sorti de ma rêverie. Non c'est compliqué...
- Tu veux en parler ? dit-elle pensant sans doute m'aider.
Je commence à lui en parler, j'ai besoin de vider mon sac mais le professeur nous fait rentrer en classe pour débuter le cours. Après que je m'installe, il commence.
- Je vous ai mis quelques extraits de Fiodor Dostoïevski¹, de Crime et Châtiment² précisément. Lisez les, faites une analyse rapide et n'hésitez pas à y ajouter des notes si vous connaissez le livre. On débattra ensuite. Allez-y.
J'aime beaucoup Dostoïevski, c'est très réaliste et une véritable critique de la société. Je commence à noter quand je sens le besoin de regarder la photo que j'ai reçue. Je croise alors le regard de Mitsuko et je lui explique rapidement.
- Tu devrais passer à autre chose, c'est fini non? me fait-elle enfin.
- C'est pas si simple, je regrette tellement tu vois. Si j'avais pas déconné...
- Vous aviez des opinions différentes. C'est normal qu'au bout d'un moment cela dérape, dit-elle en se plaçant dans mon camp.
- Mais là, c'est ma faute, j'ai tout gâché en lui manquant totalement de respect, je n'ai pas assuré, je...
- Humhum!
Je lève alors la tête et je vois le professeur Kane debout devant moi et Josie derrière lui.
- Je n'ai pas l'impression que le sujet de votre conversation soit le cours, fait le professeur Kane.
- Excusez moi, dis-je rapidement.
- Vous continuerez la conversation plus tard. Nous commençons le débat.
Je pose alors mon stylo bille en me rendant compte que je n'ai pas écrit grand chose. Je remarque la tête étonnée de Josie qui me regarde fixement, comme si elle avait entendu toute ma conversation. Elle me fixe et je ne me sens pas à l'aise.
- Josie? Ton analyse? fait le professeur avec impatience.
- Ho pardon oui, lui répond calmement Josie.
Je la vois alors s'appuyer sur le bureau sans lire ses notes, elle a vraiment beaucoup de talent d'éloquence et cela se voit.
- Pour moi, commence Josie, le livre Crime et Châtiment n'est pas que l'histoire de Raskolnikov. Dostoïevski y place une galerie de personnages énormes et apportent des sujets comme la charité, la famille, la religion du point de vue de l'athéisme. Mais surtout une recherche identitaire chez Raskolnikov.
- Exactement, fait le professeur Kane. Autre chose?
- Oui, ajoute Josie. C'est également une critique du capitalisme qui se plaçait de plus en plus en Russie à l'époque. Naturellement, il faut savoir que Fiodor Dostoïevski rejetait totalement le socialisme.
- Bien bonne compréhension contextuelle, note le professeur Kane. Mitsuko, que dire de Raskolnikov?
Il est clair que le professeur n'a pas trop apprécié notre discussion vu son ton légèrement froid. Mitsuko s'empresse alors de lui répondre pour ne pas s'attirer d'ennuis.
- Pour moi, annonce Mitsuko, Raskolnikov a un énorme complexe de supériorité, il croit qu'il pourra tuer l'usurière et s'en sortir tant que c'est nécessaire pour faire le bien selon lui.
- Josie? fait le professeur à l'intéressée.
- C'est exactement cela. Le personnage de Dostoïevski estime que nous pouvons largement nous soustraire aux règles morales si c'est pour faire le bien ou quelque chose d'important. Il lui fait dire que si Napoléon n'avait pas massacré une foule désarmée, il serait resté un inconnu ou encore qu'Isaac Newton aurait pû tuer pour faire parler de lui et confirmer ses théories scientifiques. Le camp de travail est la punition nécessaire.
Le professeur tourne alors sa tête vers moi et je sens que le débat va déraper.
- Ben? Ton avis sur Raskolnikov? demande-t-il.
- Je pense que le véritable châtiment de Raskolnikov est plutôt la découverte qu'il n'est pas supérieur aux autres. Tout au long du roman, on comprend que son châtiment est le début de sa paranoïa lorsqu'il est rongé par les remords.
- Tu penses qu'il s'en veut? demande Josie.
- Oui, pour moi, le regret et le remords de ses actes sont sa plus grande punition. C'est une véritable torture que de savoir qu'un acte irréfléchi détruit plusieurs vies et gâchent bien des possibilités dans la vie.
Je regarde le professeur qui semble réfléchir et le regard de Josie semble surpris. Je me demande ce qu'elle a.
- Bonne analyse. Bien nous allons chercher qui s'est inspiré de Crime et Châtiment en accordant le même traitement à ses personnages.
Josie continue de me fixer en retournant s'asseoir. Oui, le remords est le pire des châtiments. C'est tellement un châtiment que je fais le lien avec mon erreur. Je sais ce que ressentait Raskolnikov, naturellement mon acte n'avait en rien l'équivalence d'un meurtre mais j'aurais pu faire du mal à Meghan et personnellement, je m'en veux encore. Même si elle a réussi à passer outre et surtout à rencontrer quelqu'un d'autre, je ne peux que m'en vouloir. J'ai tout gâché ! Peut-être ne retrouverai-je jamais quelqu'un avec qui je me sente aussi bien. J'ai vraiment merdé ! Cette simple réflexion logique me plonge alors dans un état d'abattement. Je suis tellement abattu et dégoûté de ma situation que je ne me rends même plus compte de ce que je fais. C'est en effet presque inconscient de mes actes que j'ai continué mon cours, prenant des notes comme un vulgaire robot de fictions. J'ai écrit, je me suis levé et je me suis dirigé vers le réfectoire. Je ne me souviens de presque rien de ma journée à part peut-être que j'ai évité de me rendre au journal. Je ne voulais pas être questionné et jugé par Josie. Je suis convaincu que si j'y étais allé, j'aurai eu droit à un interrogatoire suivi par une bonne leçon de morale féministe qui aurait été méritée en soit. Je reprends simplement conscience de mon environnement quand Deacon me parle.
- Hey! T'es là ? demande Deacon.
Je tourne la tête vers lui, me rendant enfin compte d'où je suis, ma chambre, et du moment de la journée c'est-à-dire la fin de journée. J'espère bêtement ne pas être accusé de meurtre, je serai incapable de justifier mon emploi du temps tellement je suis obnubilé par Meghan et cette photo.
- Hein? dis-je bêtement.
- Mec... Oublie ton ex! fait-il simplement.
- Je...
- Merde c'est ton anniversaire et tu tires une tronche de dix pieds de long.
- Désolé, ça m'a travaillé toute la journée.
- J'ai remarqué, fait-il surpris. T'as pas décroché la mâchoire. Même pour manger.
- Ouais je sais...
- C'était ta première copine c'est ça ? demande Deacon.
- Oui...
- Ce sont les pires ruptures... On pense ne jamais retrouver quelqu'un.
- Je ne cherche pas tu sais.
- J'ai cru remarquer, tu sembles convaincu de pouvoir la reconquérir, avance Deacon.
- Mouais... En vain.
- Vide toi la tête... Même un livre n'y arrive pas.
Je regarde alors mon livre et effectivement, je n'ai pas avancé d'une seule page, j'ai dû simplement le fixer perdu dans le vague. Je tourne la tête vers la fenêtre et le ciel commence à s'obscurcir.
- T'as pas une activité pour te vider la tête ? demande alors Deacon.
J'en connais une, elle m'a été enseignée par mon père quand cet enfoiré m'a enseigné la boxe. Cela pourrait marcher!
- Je vais faire un footing, dis-je alors.
- Un footing ? T'es sportif? fait-il étonné.
- Je sais, cela ne se voit pas.
- Tu as fait quoi?
- De la boxe... J'avais un bon niveau.
- Je peux demander pourquoi t'as arrêté ?
- Simplement... Parce que c'était un loisir avec mon père.
- Oula pas besoin d'en dire plus, fait-il alors au courant de ma vie de famille.
Je me lève et je me dirige vers mon placard pour récupérer un pantalon de sport, ou de détente comme indiqué au magasin. J'enfile un t-shirt sans manche et une paire de basket.
- Fais attention, me dit Deacon.
- Ho t'inquiète je vais juste faire plusieurs fois le tour de l'Institut.
- Cherche une fille! fait-il en riant.
- T'es con, dis-je en me dirigeant vers la porte. Si tu t'endors t'inquiètes je serai discret.
- Merci, au cas où à demain !
Cela risque d'être le cas, Deacon s'endort plus vite que je ne lis. J'ai déjà remarqué cela et je descends alors avant de commencer à faire le tour du bâtiment puis des autres. Essayer de me vider la tête, ne penser à rien, je me répète cela en boucle accélérant pour sprinter, me mettant ensuite à trottiner mais cela ne sert à rien. Je cours longtemps, mais je pense toujours à Meghan. C'est totalement inutile. Et pourtant je fais plusieurs fois le tour des bâtiments, puis je cours longuement sur les pistes d'athlétisme à disposition. Cela ne sert à rien ! Je me retrouve à sprinter complètement enragé sur les pistes avant de ralentir.
- Putain! dis-je presque en hurlant.
Je reprends lentement mon souffle avant de me pencher en avant. C'est inutile! Je n'arrive pas du tout à penser à autre chose. Même si je dégouline de sueur, surtout du front, mes pensées restent tournée vers Meghan. Je remarque enfin un mouvement derrière une fenêtre du bâtiment près de moi et je tourne la tête. Il y a de la lumière mais je ne vois pas ce que j'ai remarqué. Je fixe lentement la fenêtre et m'en approche un peu. Je remarque enfin où je suis et c'est le bâtiment qui contient la piscine sportive. Je vois alors ce que j'ai dû remarquer car un plongeoir surplombe l'eau. Soudain, sortant de l'eau telle une sirène, je vois une chevelure noir de jais fermement nouée sortir de l'eau et se diriger vers le plongeoir. Josie? C'est bien elle, dans un maillot de bain une pièce et bleu marine, très peu échancré qui me laisse voir ses jambes. Toute sa peau semble laiteuse, pâle presque fantomatique. Je la vois avancer sur le plongeoir et lui tourner le dos. Je l'observe et me rend compte de sa présence encore plus impériale que jamais. Soudain, elle saute une fois, puis deux avant de se jeter d'un salto arrière extrêmement puissant, capable de la propulser à au moins trois mètres du plongeoir. Je la vois effectuer une pirouette extrêmement rapide et précise avant de pénétrer l'eau sans aucun remous. Elle est nageuse olympique ou quoi? Elle est vraiment pleine de surprise. Étonnement, j'observe un second saut fixant son style du regard. Son maillot colle à sa peau et des formes que je ne lui connaissais pas sont visibles. Elle pourrait être mannequin tant son corps semble parfait. Il faut que je m'en aille, j'ai l'impression d'être un voyeur !
- Non mais ils sont ingérables ! fait une voix masculine.
Je tourne la tête inquiet de passer pour un pervers mais on ne m'a pas remarqué. C'est un garçon de la Red Class, vu qu'il sort du bâtiment. Il est accompagné d'un autre et ils font le tour pour se rendre visiblement à la bibliothèque.
- Ouf, ils ne m'ont pas vu, dis-je en baissant la tête.
Je regarde alors le bâtiment de style ancien de la Red Class et je remarque une forme étrange sur le côté. Dans la pénombre, j'ai un peu de mal à discerner ce que c'est et je m'en approche. Il s'agit d'une porte métallique, la porte de la maintenance qui sert également de porte de secours comme dans le bâtiment de la Blue Class. Je remarque immédiatement que la poignée de sécurité semble avoir été cassée. Ils ont déjà cassé quelque chose ? Soudain, j'entends comme un cri surprenant ou d'amusement. Je me mords la lèvre inférieure, je suis tenté de voir à quoi cela ressemble à l'intérieur. Ho et puis merde! Je suis de nature curieuse alors, discrètement bien sûr, je pénètre le bâtiment. Il s'agit pour l'instant d'un couloir sombre avec sans doute la chaudière et les systèmes d'aération. Je remarque un truc étrange à ma gauche et je sors mon téléphone pour allumer le flash comme lampe de poche. C'est une porte mais elle semble condamnée depuis très longtemps. Bizarre ! Je croyais les constructions récentes ! Je me demande si en réalité, il n'y avait pas déjà quelque chose ici avant et que cela ait pu être rénové. Je reprends ma route après avoir éteint le flash et j'avance vers la porte. J'hésite à l'ouvrir mais ma main abaisse la poignée. Je commence à discerner le couloir et je suis sur le cul. Le nôtre semble juste propre mais celui de la Red Class est garni d'un magnifique tapis au sol. C'est extrêmement beau et luxueux. Il y a des piliers de marbre également, plusieurs et visiblement, il y a des tableaux aux murs. C'est luxueux ! Je suis sur le point de m'en aller, je préfère éviter de m'attirer des ennuis.
- Aïe, tu me fais mal! fait alors une voix féminine.
- Fais pas chier! lui répond une voix masculine.
Il se passe un truc bizarre ! J'avance alors dans le couloir vers le bruit que je viens d'entendre.
- Hey!!! Tu viens de me mordre ? fait la voix féminine.
- Maintenant tu te tais et tu me laisses faire, répond la même voix masculine.
J'ai comme l'impression qu'elle n'est pas très contente là, et je continue d'avancer. Quitte à avoir des ennuis autant que ce soit pour une bonne raison. J'avance lentement sur le tapis qui atténue le bruit de mes pas quand je remarque une porte légèrement entre ouverte et je m'en approche. J'entends comme un gémissement dans la pièce et je jette vite fait un coup d'œil par l'entrebâillement de la porte. L'intérieur ressemble à un de ces salons privés que l'on voit dans les films en costumes. Le genre que l'on voyait dans les clubs pour hommes. Des tapis luxueux et une cheminée sublimement décorée d'or. Mais mon regard est attiré par le fauteuil de cuir rouge magnifique et par ce qui se passe dessus. Je vois un dos féminin dont les cheveux masquent au moins les trois-quarts d'un dos nu. Je baisse légèrement les yeux et je découvre que la fille est sur les genoux d'un garçon et qu'il a remonté largement une jupe en jean me dévoilant des fesses bronzées et agrémentées d'une culotte noire transparente. Merde! Je dérange ! Quel con! Je me prépare à m'en aller quand j'entends un bruit qui ressemble à un cri de douleur. Je m'approche alors et je vois les cheveux du garçon près de l'épaule de la fille. Il lui embrasse le cou. Je m'apprête à repartir pour de bon quand soudain, les lueurs chatoyantes de la cheminée illumine un liquide sombre sur le dos de la fille. C'est... Du sang? Je veux aider, je pose ma main sur la poignée lorsque soudain, j'entends une voix.
- Par tous les saints, Jake!
Je reconnais immédiatement cette voix. Il s'agit de celle du grand blond. Je remarque que le garçon retire son visage du cou de la fille, il a du sang sur la bouche.
- Merde Al...
- Bon sang mais tu as donc perdu la tête ? fait alors Al.
- J'ai été testé hier, je suis un peu en manque, c'est pas avec ce que l'on nous donne que je vais être repu, avance donc Jake.
- Tu dois respecter les règles.
- Je sais mais bon... J'ai faim! fait Jake nerveusement.
- Comme nous tous. On doit s'y habituer pour cohabiter. Et avec ce qu'il se passe à Milwaukee.
- Ho ça va... fait Jake en repoussant la fille.
Je la vois s'effondrer sur le canapé, elle semble un peu à l'ouest, comme si elle était droguée.
- Tu ne vas tout de même pas oser me dire que tu y es pour quelque chose ? fait Al.
- Bien sûr que non... Pour une fois.
Comment ça pour une fois ? Quand je pense cela, mon cœur fait un bond dans ma poitrine. La Red Class est vraiment limite. Ils sont dangereux. Mais je me demande si j'ai rêvé quand j'ai vu le sang sur sa bouche.
- Je peux finir ? fait Jake me choquant.
- Non, tu fais ce qu'il faut et tu la renvoies discrètement, si le dir... C'est quoi ce bruit ?
Merde, j'ai dû faire du bruit! Pourtant je ne pense pas en avoir fait.
- Al? l'interpelle le dénommé Jake.
- Il y a un cœur qui bat la chamade ! fait Al.
- Tu... tu crois?
Comment il peut entendre ça ?
- Ça vient de là ! fait-il en approchant la porte.
Je veux reculer quand la porte s'ouvre immédiatement et d'un coup, sans que je comprenne comment, je me retrouve dans la pièce et je sens une main sur ma gorge.
- Qu'est-ce qu'il fait là lui ? fait Al.
- Merde, c'est celui qui bosse avec Joséphine au journal, fait Jake.
Soudain, la main sur ma gorge se resserre et mes pieds quitte le sol.
- Argh...
Je ne peux plus vraiment parler, il serre un peu fort.
- Tu as vu quoi? me demande Al très méchamment.
- Ri... rien, dis-je difficilement.
- Je vais m'en occuper, fait Jake.
Il va s'occuper de moi ? Ça veut dire quoi? Il va me tuer?
- Relâche le immédiatement Albéric, fait une voix féminine.
Je tourne la tête, comme le concerné, et je vois Josie dans son maillot de bain, trempée jusqu'aux os qui fixe méchamment Al. Elle semble se moquer totalement de sa tenue, tellement en fait qu'elle est pieds nus.
- Joséphine, il a vu Jake se nourrir ! répond Al.
- Quoi? fait-elle choquée. Il a osé !
- Je vais le punir comme il se doit, fait Al.
- Heuuuuu... C'est obligé ? fait le concerné.
- Bon sang Albéric, je te l'avais dit déjà quand tu en as fait l'un des nôtres à Londres, il était déjà dangereux.
- Je vais m'en occuper, mais d'abord, le petit curieux.
Je les regarde tour à tour, ne comprenant rien à la situation.
- Albéric... Je t'avais dit que je m'occupais de lui, fait Josie.
- Joséphine, il risque de comprendre ce qu'il a vu, avance Al.
Je me rends compte qu'elle l'appelle par un prénom bien plus ancien. Du sang, de vieux prénoms, j'ai l'impression d'être dans une histoire fantastique.
- Je le sais, je vais m'en charger, repose le... Je vais gérer cela.
- Joséphine, tu sais où est ta place ? Je suis bien plus vieux, fait-il méchamment.
- Je le sais Albéric, il ne s'agit pas d'un manque de respect envers toi, ni même de ton statut précédent. Même si ici, il n'a aucune prévalence, fait calmement Josie.
- Tu as vraiment pris le caractère de Jacques, répond Al.
- On a passé tout notre temps ensemble, repose le s'il-te-plaît. J'avais juré m'occuper de Trenton. Jusqu'à ce qu'il soit près. Il est bien trop tôt. Je vais prendre mes dispositions.
- C'est une promesse ? demande Al.
- Ai-je déjà manqué à mes devoirs ? fait Josie en réponse.
- Nastya, elle était connue.
- L'époque le permettait... Albéric...
Soudain la prise sur ma gorge se dessèrre et mes pieds touchent le sol. L'air revient enfin dans ma gorge et je tousse.
- Ben, viens près de moi, m'ordonne clairement Josie.
- Mais cette fille, il lui a fait quelque chose...
- Elle ne s'en plaindra pas, fait Jake.
- Silence, Ben, obéis, me fait Josie.
Je finis par me lever et m'approcher d'elle, elle attrape alors violemment mon bras et m'emmène dans le sous-sol. Je suis fichu !
- Je n'avais pas imaginé que tu sois si rapide. Qu'est-ce que tu fais ici? me dit-elle en me guidant vers la porte.
- Je courrais et... J'ai entendu un cri.
- Je l'ai à peine entendu de la piscine alors tu devais...
Elle se fige et me regarde méchamment avant de me coller au mur violemment. Elle est extrêmement forte physiquement.
- Tu m'observais? fait-elle sèchement et clairement en colère.
- C'était un accident, par hasard... Je te le jure, dis-je pour me justifier.
Je la vois alors placer ses cheveux derrière ses oreilles et me regarder dans les yeux.
- Bon je te crois, tes battements semblent honnêtes...
- Hein?
- Fixe moi dans les yeux ! dit-elle d'une voix calme et froide.
Je la regarde alors et je vois ses yeux, ils ne sont plus gris mais rouges. Comment c'est possible ça ?
- Ben, écoute moi bien... Tu n'es jamais venu dans le bâtiment de la Red Class, et tu n'as jamais vu Jake se nourrir.
- Je...
- Tu courrais dehors... Tu m'as observée dans la piscine et je t'ai vu, j'ai cru que tu étais un pervers et tu t'en es défendu ardemment. Je t'ai cru. Et tu as décidé de retourner au dortoir te coucher.
Je suis rassuré, Josie ne pense pas que je sois un pervers. C'est vrai qu'en étant surpris en train de l'observer, c'était gênant. Mais j'ai comme le sentiment d'avoir eu une légère absence, on était dehors et on est dans un couloir.
- Je suis vraiment désolé, je ne voulais pas te mater.