Vampire Classroom
CHAPITRE CINQ
Cela fait déjà une semaine que je suis élève dans l'Institut Alguieri et, le weekend étant arrivé, j'ai décidé de le passer chez ma mère comme bien d'autres élèves pour qui il est évident que c'est la première séparation. Afin de faire des économies d'essence et parce que cela fait partie des frais payés par l'Institut, je n'ai eu aucune hésitation à prendre le train en ce samedi matin. Je ne suis pas trop chargé, quelques sous-vêtements, des cahiers de cours pour travailler mes devoirs et mon carnet de croquis. Autant le dire, je voyage léger.
J'attends que le train finisse de freiner et les portes s'ouvrent enfin, me revoilà à Chicago. Je descends sur le quai plaçant mon sac à dos sur une épaule et je sors mon téléphone au cas où ma mère ne saurait pas où je me trouve. Mais avant tout, je cherche quand même à savoir si je ne la vois pas. Tout à coup, une voix criardre retentit sur le quai.
- Ben! Là bas Hayley!
Putain! Je connais cette voix! Je tourne la tête et je vois alors ma mère qui tient fermement la main de ma petite sœur Cassie. Elle avance vers moi en compagnie de la propriétaire de la voix criarde. Je regarde quelque peu horrifié dans la direction et je vois ma demi-sœur Mindy en débardeur et jogging noir qui marque bien sa blondeur. Qu'est-ce qu'elle fout là elle? À peine me suis-je demandé cela qu'elle se met à courir vers moi pour se jeter dans mes bras. Je suis complètement sous le choc de la voir.
- Salut grand frère ! me dit-elle.
- Demi-frère, dis-je alors pour la corriger.
- C'est pareil! Je...
- Qu'est-ce que tu fous là ? dis-je sèchement.
- Je... Je voulais te voir aussi, Hayley était d'accord, dit-elle d'une voix blessée.
Merci M'man! Je m'en serais bien passé ! À peine le temps de me remettre du choc que ma mère et ma sœur arrive pour m'enlacer. Je suis content de les voir elles, à l'inverse de la sangsue. J'ai jamais compris pourquoi elle était accrochée à moi, je n'ai jamais rien fait pour mais depuis la fameuse annonce, elle me colle quand elle me voit. Je me suis toujours demandée si elle n'aurait pas voulu nouer des liens plus tôt. Elle semble par contre complètement oublier que son existence est la preuve de l'adultère de mon enfoiré de paternel. Je sens que le weekend viens d'être gâché. Dire que je pensais passer mon weekend à lire des livres à ma sœur, je suis déjà épuisé.
Nous marchons ensuite vers la voiture sur le parking de la gare de Chicago quand j'observe ma demi-sœur et ma petite sœur accrochée à elle. Elle a toujours pris soin de Cassie quand elle en a l'occasion et ça, il faut bien lui reconnaître. Je remarque également qu'elle a grandi et qu'elle porte fièrement ses seize ans, surtout au vu des regards des garçons autour de nous.
- Elle voulait passer le week-end chez nous, me murmure ma mère.
- Je suppose que tu as cédé pour Cassie.
- Tu sais qu'elles s'adorent, me confirme ma mère.
- Je sais...
- Ne la rembarre pas sans cesse d'accord? me fait ma mère suppliante.
- Comment tu peux...
- Elle n'y est pour rien, me fait ma mère en me prenant de vitesse. Tu crois qu'elle a souhaité cela?
- Non bien sûr...
- Et même si sa mère savait pour nous, cette enfant est quand même très gentille, alors fais des efforts.
- Promis... Je vais essayer.
Comme souvent quand elle est là, elle s'assied à l'arrière de la voiture avec Cassie et me laisse la place à l'avant. Je profite de fumer avant de monter et je la vois ouvrir la fenêtre.
- Ben, tu m'en donnes une? me fait Mindy.
Je la regarde choqué. Depuis quand elle fume? J'hésite un peu à lui en donner une mais elle sort de la voiture. Je la regarde alors.
- Sam sait que tu fumes ?
- Oui Papa le sait... me dit-elle mal à l'aise.
- Tiens, dis-je en lui en tendant une.
Je la vois alors sortir un Zippo de sa poche et je remarque qu'il est gravé d'un aigle. Instinctivement, je touche le mien dans ma poche et je sens la même gravure. Je crois que je sais instinctivement qu'elle fait cela comme moi. Elle m'admire? Elle veut m'imiter? Je soupire en fumant.
- Hayley m'a dit pour toi et Meghan...
- Elle n'aurait pas dû, dis-je en regardant la voiture méchamment.
- Comment tu le vis? Pas trop dur? me fait-elle alors.
- En quoi ça te regarde honnêtement ?
- En rien, tu as raison, me dit-elle en fumant sans me regarder.
Je viens de la blesser je pense, encore une fois. J'ai vraiment du mal.
- Pourquoi t'es comme ça avec moi? me demande-t-elle alors.
- Comme quoi? dis-je alors.
- Froid et blessant... Je veux juste être ta sœur moi...
Ce ton si enfantin, il m'a toujours exaspéré, mais je la regarde comme intrigué.
- Tu me détestes ? fait-elle alors.
- Non.
- Alors pourquoi hein? demande-t-elle encore.
- Tu dois te douter de ce que je vois chez toi non?
- Oui, je le sais. J'en veux encore à Maman d'avoir fait ça à Hayley, elle est tellement gentille avec moi... J'adore Cassie... J'aimerais qu'on soit proche tout les deux... Même si tu hais notre père pour ça.
- Sam a agi comme un connard, et ta mère... Désolé, dis-je alors quand je vois ses yeux se remplir de larmes.
J'allais l'insulter mais le regard de Mindy était tellement inquiet que cela m'a freiné. Maman a raison, elle n'y est pour rien elle.
- J'avais toujours voulu un frère... Quelqu'un pour veiller sur moi... Me protéger tu vois... Mais toi et moi ne sommes pas proches du tout... Je veux changer cela... Tu me comprends ?
- Oui...
- Tu as Cassie et elle t'a... Moi je vis seule avec Papa et c'est pas les clients qui me font la conversation...
- Et le lycée ?
- Pff... Trop dur...
Je la regarde surpris et je me rends compte que je ne me suis pas réellement intéressé à elle. Il faudrait changer cela. Peut-être est-ce le moment après tout. Nous finissons de fumer et montons dans la voiture en direction de l'appartement. Ma mère et mes sœurs m'interrogent sur mes cours et mes condisciples. J'en parle vaguement quand ma mère me demande si j'ai beaucoup de devoirs. Je lui stipule le devoir du Professeur Kane: écrire le prologue d'un roman dans un contexte historique. Je précise mon choix pour ce long devoir qui risque de nous prendre l'année. Je vais écrire une histoire sur une jeune domestique de l'époque victorienne anglaise, en bon fan de Downtown Abbey, mais dont les nouveaux employeurs cachent un secret: ils sont maudis et si une personne en qui ils n'ont pas confiance et du sexe opposé les touches, leur corps se transforme un peu pour reprendre l'apparence qui était la leur dans la mythologie, celle de monstres et de dieux mythologiques grecs¹. Du fantastique et de l'historique, tout ce que j'aime. Je suis content car mes idées leur plaisent et c'est toujours bon signe.
Nous arrivons enfin et vaquons à toutes nos activités avant le repas de midi. J'essaye surtout de mâcher beaucoup de lignes sur mon devoir pour être tranquille durant le week-end. Je vois entrer dans ma chambre le binôme des sœurs qui discutent de tout et de rien avant de s'installer sur mon lit. Aucune gêne ! J'essaye d'écrire tout en répondant aux questions quand je remarque que Mindy se dirige vers le cahier de croquis.
- Tu dessines toujours ? fait-elle en le prenant.
- Oui, je n'ai pas encore eu mon option artistique, elle commence la semaine prochaine, comme les clubs.
- T'en as déjà choisi un? demande Cassie.
- Je voulais participer au journal mais j'hésite encore tu sais, dis-je en écrivant.
J'entendis une respiration assez étonnée et je tourne la tête vers Mindy. Je remarque que celle-ci tient mon carnet de croquis et le tourne dans tous les sens.
- C'est quoi ce truc? demande-t-elle.
- Un simple dessin à la volée, dis-je en me levant pour le récupérer.
- Je vois qu'une grande marque rouge et du noir... C'est quoi?
- T'occupes, je te dis que c'est un griffonnage, dis-je en le récupérant.
- J'aimerais tellement avoir tes dons artistiques.
- Tu es cavalière non? Au saut d'obstacles tu te débrouilles.
- Oui mais Papa ne croit pas en moi, dit-elle alors tristement.
- Quand je dis que c'est un con.
Elle tourne brusquement la tête vers moi et je sursaute de surprise.
- Tu penses que je suis douée ? dit-elle toute contente.
- Oui quand même mais je...
Soudain, elle me serre dans ses bras toute joyeuse, à croire que je viens de lui annoncer la nouvelle de l'année. Elle a un peu de mal à me lâcher.
- Merci Ben, me dit-elle.
- C'est juste honnête.
- Merci, merci, merci...
Je crois qu'elle imagine que je fais un pas vers elle, ce n'est techniquement pas le cas, elle est réellement douée sur un cheval. Elle fait quelques compétitions mais je ne m'y intéresse pas réellement vu que je n'y connais pas grand chose.
- Allez les enfants, venez préparer, fait ma mère depuis la cuisine.
On s'y dirige tous les trois, Mindy guidant Cassie à sa demande, alors qu'elle n'en a pas besoin. Ma mère a eu l'idée d'un repas pizza maison. Chacun faisant la sienne vu qu'elle a déjà préparé la pâte. Il y a de tout sur la table et soudain, je suis surpris par Mindy.
- Ben préfère plus de fromage, dit-elle à ma mère qui en avait mis peu.
- Ha oui, c'est vrai, fait ma mère.
Je regarde ma demi-sœur étonné, elle a réellement remarqué des détails sur moi assez surprenants. Je sais qu'elle aime le jambon sur ses pizzas mais c'est tout. Et elle sait ce genre de choses. Surprenant! Tout à coup, son téléphone sonne sur la table près de moi et je vois l'écran s'allumer. Elle a reçu un message très mignon : " J'espère que tout se passe bien avec ton demi-frère, je t'aime, tu me manques". Je souris, elle a bien grandi et a même un petit ami ou presque... En effet, je vois le nom et la photo de la personne qui a envoyé le message : Caroline. Une fille? Je reste coi de surprise quand je la vois attraper son téléphone en vitesse. Elle me fixe comme inquiète de ma réaction. Elle semblerait presque tremblante. C'est peut-être le moment d'agir pour faire un pas vers elle. Je pose tranquillement ma main sur son épaule et me penche pour murmurer à son oreille.
- Elle semble accroc, dis-je avec un sourire.
Mindy se recule alors et me fixe du regard assez étonnée encore.
- Tu...
- Je m'en moque totalement, c'est ça tes problèmes du lycée ?
- Moui... On se cache et tout ça..., m'avoue Mindy difficilement.
- Si tu veux en parler, je peux écouter, dis-je poliment.
- Ben... Ça te gêne pas?
- Honnêtement ? Pas le moins du monde.
- Merci, murmure-t-elle.
- Pas besoin de me remercier.
- Tu gardes cela pour toi s'il-te-plaît ? me demande-t-elle.
- Ne t'inquiètes pas.
C'est plutôt moi qui m'inquiète inconsciemment, il y a tellement de cons dans le monde sans parler de tout ces réactionnaires qui voient les gens différemment quand ils découvrent leurs orientations. Je suis quand même un peu étonné mais je ne peux pas la juger, chacun ses goûts. Étonnement, le fait de savoir cette chose importante me fait la regarder un peu différemment. Elle aussi a des difficultés à assumer ses choix et je veux la soutenir. Je ferai en sorte d'être son soutien si il le faut. Et puis... Je me jure d'être présent au besoin pour elle. Au final le repas se déroule sans aucun problème et on finit par rire ensemble avec Mindy. Le fait de s'entendre fait sourire ma mère, elle sait peut-être pour Mindy après tout, il faut reconnaître que quand elle vient ici, elles discutent souvent ensemble. J'aide ma mère à faire la vaisselle tandis que les filles s'occupent devant la télévision quand soudain, on sonne à la porte.
- Je me demande qui ça peut être, fait ma mère.
- Laisse j'y vais...
Je me dirige lentement vers la porte et je vérifie que mes mains sont propres avant d'en poser la droite sur la poignée et d'ouvrir. Là, c'est le choc. Elle est là, avec son carré court qui marque ses cheveux noirs dans sa robe bleue foncée à col haut. Mon Dieu qu'elle est belle! Je suis assez ébahi de la voir là, sur le pas de la porte.
- Ho... Bonjour Ben, me dit-elle alors.
- Bon... Bonjour Meg.
Meghan est là devant moi, mon ex et ses yeux magnifiquement doux, je vais craquer.
- Navrée de vous déranger mais ta sœur a oublié ça, dit-elle en me tendant un livre.
Je regarde le livre et il s'agit d'un livre en braille, un livre de contes. Pourquoi elle est en possession de ça ?
- Merci...
- Je... Je m'en occupe quand ta mère a besoin d'une baby-sitter... Désolée si cela te gêne, fait Meghan mal à l'aise.
- Non... Ma mère ne me l'avait pas dit.
- Je... Je ne voulais créer de problèmes, fait-elle alors.
- C'est gentil à toi.
- Je... Je m'entendais bien avec elle et comme tu es désormais dans le Wisconsin...
Cette situation est extrêmement gênante mais je meurs d'envie d'aller me balader avec elle comme avant.
- Ça... Est-ce que...
- Oui Ben? fait-elle avec son sourire à se damner.
- Tu veux qu'on aille se balader et discuter ?
- Tu ne devrais pas rester avec ta mère ?
- Un petit peu... En souvenir du bon vieux temps ?
- Pourquoi pas...
Je pe dépêche de convaincre ma mère de me laisser m'éclipser une heure ou deux et je récupère mon téléphone et mon portefeuille. La situation est un peu gênante, il suffit de voir les blancs monstrueux dans notre conversation tandis que nous marchons dans la rue. Inconsciemment, ou pas peut-être, nous avons fini devant le glacier qui nous avait vu avoir notre premier rendez-vous. Nous avions mangé sur une de ses tables à l'extérieur. Je réussis à la convaincre de se laisser inviter et sans lui demander sa commande, je vais chercher sa glace. Je connais ses préfèrences par cœur. Je lui amène donc sa glace chocolat et menthe avec chantilly et coulis de caramel. Je n'ai pas non plus oublié le petit supplément d'amandes effilées et grillées. Moi c'est simplement chocolat et pistache avec des vermicelles de chocolat. Je la vois fixer sa glace avec étonnement et poser ses yeux sur moi avant de me parler de sa voix si douce.
- Tu t'en souviens ? fait-elle avec un sourire.
- Bien sûr, toujours la même commande.
- Oui... Je te dois combien ? me demande-t-elle.
- Rien, je t'invite.
- Ben...
- En ami Meg...
Je la vois me sourire de manière crispée et attaquer goulûment sa glace. Elle est toujours aussi belle et douce. Si posée. Et merde, je suis toujours accroc! Là, elle accroche mon regard et soupire en posant sa cuillère.
- Ben... On a jamais vraiment discuté de ce qu'il s'est passé...
- Ce n'est rien, dis-je en regardant les autres clients.
- Je m'excuse.
Je tourne brusquement la tête vers elle et, je l'avoue, je suis sous le choc. Pourquoi elle s'excuse ? C'est moi qui ai déconné.
- De quoi?
- De ma réaction, me fait-elle simplement.
- Quoi? dis-je complètement étonné.
- Oui... C'est normal que tu veuilles plus et j'aurais dû te laisser faire... On serait toujours ensemble et peut-être que tu ne serais pas parti.
- Meg... S'il-te-plaît. C'était ma faute.
- Mais... me contredit-elle.
- Non, je n'ai pas respecté tes souhaits, c'était ma faute et uniquement la mienne d'accord ?
- Non, c'était logique que cela arrive, j'aurai dû te laisser me... peloter, chuchote Meghan.
- J'ai déconné Meg. Tu as eu raison.
- Mais je t'ai giflé.
- Et je l'avais mérité.
Elle replonge alors sur sa glace en se murant dans le silence. Je n'arrive pas à savoir si elle s'en veut plus que moi mais je ne la comprends plus. Pourquoi elle ne me l'a pas dit? On aurait pû se rabibocher putain!
- Ben... J'ai participé à la cérémonie du bal de pureté², m'avoue Meghan.
- Quoi? dis-je choqué. Mais pourquoi ?
- Tu oses me le demander ?
- Je connais le principe mais pourquoi ?
Elle me montre alors sa bague et me fixe des yeux.
- Je voulais confirmer mon désir.
- Mais cela ne regardait que toi non? Pas ton assemblée de merde!
- Ben! Sois respectueux.
- Écoute, j'étais d'accord, c'était ton choix mais affirmer cela...
- Je voulais le faire Ben... C'est tout.
- Pourquoi tu me le dis alors?
Soudain, elle se met à triturer ses doigts. Ça, c'est mauvais signe ! Quand elle faisait ça, c'est qu'elle m'annonçait un truc bizarre ou vexant.
- Je... J'ai honte...
- Mais de quoi ? dis-je extrêmement inquiet.
- J'ai... J'ai rencontré un garçon...
Ouch! Ça fait mal... Elle a rencontré quelqu'un, sans doute une de ces grenouilles de bénitier de merde. Un gus qui pense comme elle. Je crois que mon regard doit être éloquent car elle prend la parole.
- Ben... Tu m'en veux ?
- Non... Je...
- Kyle est gentil... Il pense comme moi... Il me touche à peine la main et quand on sort, on a un chaperon.
- Un chaperon ? dis-je en me touchant la mâchoire de colère.
- Tu es choqué ? dit-elle alors.
- Ouais... Plutôt.
- Que je sois avec quelqu'un ? Excuse moi, je ne voulais pas te blesser...
- Écoute... C'est... J'espérais que peut-être toi et moi ce n'était pas totalement fini, que c'était une passe... Mais merde...
- Ben, je suis désolée, fait-elle presque en larmes.
- Ne t'excuse pas... C'est le chaperon qui me pose problème... D'accord, ce sont tes opinions mais ce n'est pas l'idée du siècle.
- Sa famille est très à cheval sur les traditions... Comme mon père...
Son père m'avait toujours détesté, à cause du divorce de mes parents car pour lui, ce que Dieu a uni ne doit pas être désuni. Connard!
- Je vois...
- Non, ce n'est pas pour lui faire plaisir... C'est vraiment arrivé comme ça... Je ne m'y attendais pas...
- Meg... Tu as le droit d'être avec qui tu veux.
J'aurais préféré moi mais après tout, elle a le droit de disposer de sa vie, comme de son corps d'ailleurs, comme elle l'entend.
- Tu es d'accord ?
- En quoi ai-je mon mot à dire ?
- Je... Je tiens à toi... Même encore aujourd'hui en ami... Même si tu semblais espérer que l'on se remette ensemble.
- Et donc...
- Je voulais ton soutien.
- Meg... J'espère qu'il sera mieux que moi et plus respectueux.
Je me plonge dans ma glace, même si en réalité, je n'en veux plus du tout. J'ai envie de l'envoyer valser, de tout pulvériser. Je suis en colère, très en colère. Et j'en ai marre. Mon téléphone sonne alors et je regarde ce que c'est un message de mon école.
- Un problème chez toi? s'inquiète Meghan.
- Non, j'ai un petit job près de l'Institut.
- Ha oui? s'intéresse alors Meghan.
- Un fastfood visiblement.
- Et ça se passe comment ?
Meghan tente de changer de sujet et je me mets à parler de l'Institut, de mes cours et de mes professeurs... Je parle aussi de mon colocataire si sympathique Deacon, en omettant un sujet particulier vu la façon de penser de la famille de Meghan. Elle s'y intéresse et me pose plein de questions quand soudain, elle aborde un sujet étonnant.
- Et... Les filles sont jolies ? demande Meghan.
- T'es sérieuse ?
- Oui, je sais que tu étais un très gentil petit ami Ben, tu mérites une fille bien aussi.
- C'est gentil Meg.
- Et surtout une fille normale, dit-elle ensuite.
- Normale?
- Oui, qui n'aura pas peur de te montrer son amour, ce genre de chose... Tu le mérites Ben.
- Disons que je n'ai pas cherché à vrai dire.
- Ha... À cause de moi? dit-elle gênée.
- Disons que j'espérais toujours...
- Et il n'y a aucune fille qui te plaît ?
- Non...
Un mensonge complètement éhonté, il y a bien une fille particulière, assez jolie et aux mêmes cheveux noirs que Meghan mais elle est totalement inaccessible et si supérieure. Disons que débattre avec elle est amusant, c'est cela sui m'attire chez elle et surtout rout son comportement qui m'interpelle. Elle, elle n'a pas dû me remarquer plus que cela.
- Tu peux me dire la vérité, tu sais ?
- Disons qu'elle est dans la Red Class, elle doit avoir des attentes différentes. Et puis ce n'est que le fait qu'elle m'intrigue un peu... Pas vraiment de l'attirance tu vois...
- Essaye. Tu as beaucoup de qualités Ben. Honnêtement, j'avais de la chance de t'avoir comme petit ami.
- Jusqu'à ce fameux soir...
- Arrête, dit-elle en me touchant la main. C'est arrivé... Mais ce serait sans doute arrivé un jour ou l'autre...
- Et si je te dis de quitter ce Kyle? dis-je avec culot.
- Quoi? fait Meghan choquée.
- Je t'aime toujours.
- Ben... Je ne t'oublierai jamais car tu as été mon premier petit ami, le premier garçon avec qui j'ai échangé un baiser mais nos points de vue sont trop différents. J'ai...
- Quoi?
- En fait, j'ai toujours pensé que tu finirais par t'ennuyer et me quitter pour une fille plus... libre d'esprit, avoue Meghan.
- Mais non... je...
- Ce n'est rien Ben, c'est ce que je craignais avant... Mais désormais je me dis que tu vas pouvoir faire ta vie.
- Quoi?
- Moi je sais que je veux. Me marier et avoir beaucoup d'enfants. Être femme au foyer et les élever selon la Bible.
- Et?
- Toi, tu as toujours voulu découvrir le monde... Tu parlais sans arrêt de voyages, de villes à l'étranger, du monde. Il s'ouvre à toi.
- Meg, je voulais faire ça avec toi.
- Je sais... Et maintenant tu peux le faire avec qui tu veux, dit-elle en se levant.
- Tu t'en vas?
- Il y a une distribution au secours populaire, j'ai promis à Kyle de l'y retrouver.
- Ha...
Elle fait alors le tour de la table et me saisit le visage avant de m'embrasser sur le front.
- Trouve toi une fille bien Benjamin Trenton, si tu deviens un artiste célèbre, je te suivrai... Je te le promets.
- Meg... Je...
- Sois heureux... Ne m'attends pas mais promets moi une chose.
- Laquelle ?
- Toi et moi, nous devons rester amis. D'accord ?
- D'acc... D'accord. Et merci pour Cassie.
- Ça aussi je continuerai, j'adore ta mère. À plus. Appelle moi pour me dire comment ça se passe dans ton lycée.
Je la regarde alors partir et je sens mon cœur se briser. J'avais tour gâché avec elle alors comment je pourrais assurer avec une autre. Je reste là comme un con devant ma glace stupide. J'espérais tellement. Weekend de merde! Je finis par rentrer chez moi et je passe la porte tranquillement. Ma mère doit remarquer ma tête et elle ne pose pas de questions. Je me dirige vers ma chambre et je regarde bêtement mon carnet à croquis. Je sais que j'ai griffoné inconsciemment Josie Beaulieu de dos et je me dis que je suis vraiment trop con. Je regarde alors vers la photo de Meghan et moi qui n'a pas bougé. Je l'attrape et je la fixe comme un imbécile. J'entends la porte qui s'ouvre derrière moi et des pas. Soudain, deux bras m'entourent et vu la hauteur de ceux-ci, je sais de qui il s'agit : ma demi-sœur.
- Ça va Ben? me demande-t-elle.
- Mouais...
- Elle est idiote.
- Quoi? dis-je surpris.
- Tu rendras n'importe quelle fille heureuse. Je le sais, t'es quelqu'un de gentil.
- C'est sympa...
- Et je m'y connais en fille, fait Mindy amusée.
- T'es une experte en plus? dis-je surpris.
- Non, Caroline est la première fille avec qui je sors.
- Je vois...
- Si tu veux, on peut se soutenir. Dès que tu doutes dans ton lycée, tu m'écris et je te remonterai le moral.
- C'est moi le grand frère.
- Tu as dit frère !
- Hein?
- D'habitude tu précises demi-frère, me fait Mindy.
- J'ai oublié.
- Arrête, dit-elle en frappant mon bras.
- Quoi?
- Je préfère que tu dises frère ou sœur. Ça me fait du bien que tu m'acceptes.
- À ce point là ?
- Tellement que je vais bosser à mort cette année.
- Je comprends pas trop là...
- Peut-être que je pourrais intégrer ton lycée et je pourrai te motiver durant ta terminale.
- Que Dieu m'en préserve.
Tout compte fait, ce weekend ne sera peut-être pas si mal. Mais faut que je bosse.
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N.d.a.
¹ Cette histoire fut une des premières fictions que votre serviteur a rédigé sur les sites MSN: The Maid & The Myths.
² La cérémonie consiste en un dîner formel, suivi d'une danse, et d'un pacte de pureté. La fille fait la promesse solennelle de chasteté avant le mariage au travers d'un pacte de pureté. Le père qui participe à la cérémonie fait quant à lui la promesse de protection "de l'intégrité du corps, de la pureté d'esprit et de l'âme" de sa fille.