Vampire Classroom

Chapitre 3 : CHAPÎTRE TROIS

5361 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a presque 4 ans

CHAPÎTRE TROIS


Le lendemain matin, avec assez peu d'heures de sommeil, je m'étire dans mon lit. Je fais partie de ces nombreuses personnes qui ont besoin d'un temps d'adaptation pour se faire à leur nouvel environnement. À vrai dire j'ai déjà le même problème quand je dois partir avec ma sœur chez notre père, il me faut bien une nuit au minimum pour m'habituer. Cassie n'a pas ce problème et s'effondre en général dans la chambre qu'elle partage avec Mindy, notre demi-sœur. Moi, j'ai droit au canapé lit du bureau de mon père. Je m'en contente largement, tant que Cassie est bien installée. Quand on part en vacances, c'est pareil, même si c'est assez rare que l'on parte mais il me faut aussi quelques jours. Deacon ne semble pas avoir ce problème et j'ai passé ma nuit à l'entendre ronfler. Il ne ronfle pas si fort que ça mais dans le silence, cela s'entend largement. D'ailleurs, ne dormant pas et laissant mes oreilles écouter attentivement mon environnement, je n'ai pu que relever la parfaite isolation de notre chambre. En effet, je n'ai pas entendu un seul bruit provenant du haut, même si au vu de la porte-fenêtre du balcon laissée entre-ouverte, j'ai pu entendre les bruits des autres élèves. Il n'y a pas eu de fête, la plupart étant sans doute fatigués de leurs emménagements. J'avais également pu observer attentivement le bâtiment de la Red Class et étonnement, les lumières restèrent allumées longuement, une bonne partie de la nuit même mais vu l'heure de leurs arrivées, ils avaient dû aménager leurs espaces.

J'attrape alors mon téléphone en soupirant et je découvre qu'il est seulement six heures quarante-cinq, cela fait donc deux heures que je suis complètement réveillé et une que je suis allé me doucher. L'espace dédié à nos ablutions est situé au bout du couloir et est extrêmement bien aménagé. En effet, chaque douche est précédée d'une cabine permettant ainsi d'installer nos affaires. Nous avons donc toutes libertés pour nous changer sans aucune gêne ou honte liées à nos physiques ou à d'éventuels complexes. C'est très bien conçu, et il y a même une sorte de spa ou de hammam, j'ai jamais été réellement foutu de faire la différence mais c'est tout de même assez sympa.Tout à coup j'entends un bâillement provenant de l'autre côté de la chambre. Tiens Deacon se réveille. Je l'entends bouger et je tourne la tête le découvrant assis sur le lit.

- Salut, dis-je alors.

- Salut, grommele-t-il en baillant de nouveau et passant sa main sur son menton et dans ses cheveux courts.

- Tu as du mal à émerger ? je demande en me redressant.

- La literie est bonne... T'es réveillé depuis un moment ? me répond Deacon.

- Ouais. Je dors peu dans un nouvel endroit.

- J'ai pas ce problème, j'ai pas trop ronflé ? demande-t-il ensuite.

- Non ça va.

Je le vois boire un coup et se lever pour se dégourdir un peu, tout en se dépêchant d'enfiler un pantalon de jogging bleu. Moi, j'enfile simplement un short vu que nous allons porter nos uniformes.

- T'es déjà allé te doucher? me fait-il.

- Oui, tu verras c'est plutôt sympa. Et tout est vachement bien isolé phoniquement.

- Cool, bon j'y vais, dit-il en attrapant du matériel de toilette dans son placard.

Je le vois sortir et je me dis que ça va être un détail nouveau pour nous deux une telle colocation. D'ailleurs l'idée de devoir faire nos lessives nous a un peu consternés tous les deux. Moi j'en ai jamais faites sans explication, Merci Maman, et pourtant il va falloir se rendre au sous-sol pour accéder aux machines. Au moins il y a également des séchoirs, en tout cas selon la petite notice dans la grosse malle. Je me lève et me dirige vers le balcon pour m'en griller une. Je dois me masquer les yeux car le soleil se lève par dessus le bâtiment de la Red Class. Ils ont de la chance, les rayons du soleil ne pointront leurs nez que tard le soir quand il se couchera. Veinards. Je remarque que certains balcons de ceux-ci sont occupés par des élèves. J'essaye d'observer ce qu'il se passe sur ceux-ci. Je vois alors un garçon aux cheveux foncés, à première vue, faire des étirements. Un sportif sans doute. Je vois le grand blond qui discutait hier avec la conseillère fumer sur son balcon et j'ai l'étrange sensation qu'il fait la même chose que moi. Je me demande bien ce que lui peut voir. Je regarde si je vois quelqu'un d'autre et je tombe sur l'étage supérieur, celui des filles si la disposition est identique à la nôtre, et je remarque la fille aux cheveux noirs de la Bentley. Elle est assise dans une grande robe de chambre sur une chaise en lisant un livre. Elle doit s'être levée vachement tôt pour être plongée dans sa lecture. Sur le balcon juste à côté du sien apparaît la fille qui était dans la même voiture et je suis assez surpris. Sa tenue semble dater d'un autre âge, c'est une longue robe de nuit digne de celles des grand-mères, du genre qui étaient portées au début du siècle dernier, aussi victorienne que l'architecture du bâtiment. Je la vois interpeller sa voisine quand la porte de notre chambre s'ouvre.

- Ho putain une douche parfaitement chaude... Quel pied! fait Deacon en jetant sa serviette dans un coin.

- Petit chauffe eau chez toi? dis-je alors.

- Ouais, une heure grand max. Et toi ?

- Pas à me plaindre mais un débit faible...

- On a dû grandir dans le même genre de quartier merdique...

- Mouais...

En revenant dans la chambre, je remarque la vibration de mon téléphone que je n'avais pas entendue depuis le balcon et je l'attrape. Je remarque immédiatement qu'il fait indiqué dessus: "Maman, 2 appels en absence". Et merde. Juste à temps je décroche.

- Allô ? dis-je.

- Bah enfin, fait la petite voix fluette de ma sœur.

- Salut Cass... Ça va?

- Mouais, j'ai un crétin de frère qui décroche pas.

- Ouais j'étais en train de prendre l'air. Ta première nuit sans ton crétin de frère c'est bien passée?

- Bah... fait Cassandra hésitante. J'ai dormi dans ta chambre en fait.

- Pas grave ça... Et Maman?

- Aussi, me répond ma sœur.

- Hein? Non je voulais dire... Elle va bien?

- Tu nous manques...

- Vous aussi, dis-je pour la rassurée.

- Je t'aime... Je te passe Maman.

- Moi aussi, bonne rentrée.

J'attends un instant et j'entends la voix de ma mère.

- Coucou mon chéri, fait-elle visiblement heureuse de m'entendre.

- Ça va Maman?

- Un peu dur... Et toi ?

- Peu dormi... Comme d'habitude.

- Tu es prêt pour ton premier jour ? me demande-t-elle.

- Ouais, j'espère que ça se passera bien.

Je remarque les signes de Deacon et je comprends ce qu'il veut dire.

- Deacon te passe le bonjour... Ou crée une nouvelle danse.

J'entends ma mère rigoler et Deacon fait de même. J'ai un grand sourire aux lèvres quand j'entends ma mère reprendre la parole.

- Pour Cass... Je dois l'emmener à l'intérieur ?

Ma mère nous laissait prendre le bus et j'amenais ma sœur dans son école particulière pendant qu'elle partait au boulot. Elle n'a donc pas l'habitude de l'emmener.

- Normalement, il y a un surveillant qui les acceuillent, tu la laisses à l'entrée et c'est bon.

- D'accord merci, dit-elle notant sans doute cela quelque part dans sa mémoire.

- Désolé de poser ces soucis.

- Ne t'inquiètes pas, mon patron m'a permis de modifier mes horaires, je pourrais aller la chercher.

- Tant mieux, dis-je rassuré. Bon courage pour la rentrée.

- À toi aussi mon chéri. On s'appelle bientôt... Et ne drague pas trop la petite japonaise.

Je n'ai pas le temps de répliquer qu'elle a déjà raccroché la mesquine. Sympa. Je regarde Deacon prêt à essuyer une petite moquerie mais visiblement il s'en moque et envoie des textos, peut-être à son paternel. Je me rends compte alors que le mien ne m'a même pas contacté par rapport à cette école, pourtant il est au courant. Et il l'a dit à Mindy vu que elle, elle m'a envoyé un texto avant mon départ de Chicago. Père indigne. Je retourne m'asseoir sur mon lit quand soudain, à sept heures trente tapante, j'entends un bruit provenant du couloir ou plutôt des murs.

- Chers élèves, vous êtes conviés à vous rendre au réfectoire du bâtiment principal pour huit heures et quinze minutes précises pour le discours d'accueil du proviseur de l'Institut. En attendant celui-ci, n'hésitez pas à profiter du temps libre pour vous octroyer une mince collation. Merci à vous.

Je regarde Deacon après avoir compris qu'il s'agissait de la voix de la conseillère qui était venue chez ma mère.

- Tu savais qu'il y aurait des annonces ? demande Deacon.

- Non, mais c'était prévisible, il y a des mégaphones près des portes et à l'extérieur, dis-je.

- Ouais logique... Bon... Va pour l'uniforme.

Je commence également à m'habiller et ces vêtements sont vachement confortable même si la veste est un lourde. Je me dépêche de finir de me préparer et je me regarde dans le miroir. Je porte pour la première fois de ma vie un uniforme scolaire. Ça me fait bizarre, on dirait un uniforme comme les britanniques. Je me prends en photo et je l'envoie à ma mère, elle sera contente.

- Putain... marmonne Deacon.

Je tourne la tête et je le vois galérer comme pas possible avec sa cravate, à croire qu'il fait ses lacets. Je me dépêche de passer la mienne autour de mon cou, chose facilitée par le fait que j'ai préparé mes nœuds la veille au soir.

- Tu veux un coup de main?

- Franchement ? Je te devrai la vie... dit-il honteux.

Je m'approche de lui et attrape sa cravate.

- Bon je te le fais et je t'explique en même temps. Ok?

- Pas de problème...

- Bon on va faire que le noeud simple parce que le noeud Windsor est trop compliqué.

- Oui chef... fait-il mal à l'aise.

- Alors tu places le gros pan de ta cravate à ta gauche et le petit à droite, dis-je en joignant le geste à la parole.

- Mouais ça encore je suis...

Je souris quand je place le petit pan bien plus bas d'une trentaine de centimètres.

- Ensuite tu chopes le grand et tu le passes autour du petit.

- Ouais...

- Tu repasses encore une fois le grand pan sur le petit. Et là ça se complique.

- Je t'écoute, me fait Deacon extrêmement concentré.

- Tu remarqueras que ça fait un petit nœud rapide. Tu passes le grand pan derrière.

- Mouais...

- Et là hop, tu le glisses dans la fente, et tu sers. Voilà un nœud simple¹.

Il se déplace et se regarde alors dans le miroir.

- Merci... C'est celui d'Harry Potter ? demande-t-il bêtement.

- Non, c'est ce que l'on appelle un petit nœud ², pour les cravates épaisses et les cols anglais.

- D'où tu sais ça ? demande-t-il surpris.

Je la regarde surpris, il va se foutre de ma gueule quand il saura la vérité.

- Ben quand j'arrive pas à dormir, je lance le dictionnaire de mon téléphone et je clique sur mot aléatoire... Ensuite je cherche des infos sur wikipédia et le net en général.

Il me regarde tellement bizarrement que je me demande si il croit à un mensonge ou pas. Vu qu'il hausse juste les épaules, c'est qu'il s'en fout.

- Bon on va manger ? me dit-il.

- Ouais... Je me demande ce qu'il y aura comme nourriture.

- Tant que j'ai du bacon, dit-il en se dirigeant vers la porte.

Tranquillement, après avoir fermé la porte à clefs, nous nous dirigeons vers l'ascenseur et l'appelons.

- Au fait tu sais comment on appelle un ascenseur en Europe ? me demande Deacon.

- Ça doit dépendre du pays non? dis-je bêtement.

- Et non... Tu appuyes sur le bouton !

Je le regarde surpris d'une vanne aussi pourrie et je ris quand même tant je suis surpris.

- C'est nul, dis-je alors.

- Ouais mais c'est le matin.

La porte de l'ascenseur s'ouvre et immédiatement j'entends une voix.

- Ben-san, Deacon-san, fait la voix à accent japonais de Mitsuko.

Je la regarde, remarquant qu'elle est accompagnée de sa voisine de chambrée que je salue et je découvre la différence entre nos deux uniformes. La veste des filles semblent plus large au niveau de la taille pour finir ample sur les jambes. À la différence de l'uniforme masculin, il n'y a pas de cravate mais une sorte de ruban large de la même couleur. Les filles portent également une jupe qui leur arrive aux genoux. Je me demande si il y a une différence entre été et hiver car sinon, elle vont avoir froid.

- Bonjour, dis-je en entrant. Alors la première nuit?

- Pas mal, me fait Karen.

- Pas trop galère d'enfiler un uniforme ? demande Deacon.

- Moi au Japon c'était un peu obligatoire, un uniforme différent par école alors... Je suis habituée, répond Mitsuko.

Ça je le savais, la vie au Japon est très codifiée, à tel point que quand on croise un adolescent, on sait quelle est son école à l'aspect de son uniforme. Nous nous dirigeons alors tous les quatre vers le bâtiment principal. Pendant ce temps-là, nous faisons connaissance. Karen, la new-yorkaise rousse, est en réalité une experte en mathématiques, un véritable ordinateur et elle rêve de faire des études d'architecture. Mitsuko est comme moi une littéraire et rêve de devenir professeure de littérature d'ailleurs. C'est assez sympa comme ambiance, surtout que je remarque que la plupart des élèves de la Blue Class sympathisent avec les autres. Je ne vois pas trop d'élèves de la Red Class mais celui que j'arrive à repérer au loin a le même uniforme que moi, le rouge remplaçant le bleu forcément et il s'agit d'un rouge bordeaux très foncé. Nous pénétrons alors tranquillement le bâtiment principal. Je laisse mes yeux arpenter le carrelage en damier blanc et noir, ainsi que les vitrines encore vides. Je me demande si ils espèrent nous faire participer à des tournois quelconques ou si c'est pour permettre d'y installer des souvenirs. Nous continuons d'arpenter le couloir avant de passer deux grandes portes qui mènent à un immense réfectoire. Avant de passer celles-ci, je remarque au fond du couloir une immense statue d'un chevalier moyenâgeux. Aux décorations du bouclier, j'ai comme l'impression qu'il s'agit d'un chevalier du temple, un templier donc. Je me demande quand même quel est l'intérêt d'une telle statue.

- Ho la vache, fait Deacon.

Je regarde alors ce qui a attiré son attention et je découvre l'immense réfectoire constitué de nombreuses tables de six personnes. Certes cela n'est pas mal mais je pense que c'est la quantité de table constituant le buffet matinal qui a dû attirer son attention. En effet, il y a clairement de tout, des gâteaux au plats cuisinés du mâtin. Des tables sont couvertes de viennoiseries et de thermos industriels contenant sans aucun doute des boissons chaudes. Je suis par contre assez stupéfait de la situation : aucun élève de la Red Class ne s'est mélangé à un élève de la Blue Class. Ça promet pour l'intégration.

- Je vais par là moi! fait Karen en se dirigeant vers les tables comportant des compartiments chauffés contenant les œufs, le bacon et les autres mets de ce type.

- Tu viens avec moi Ben-san? me demande Mitsuko.

- Oui, pourquoi pas.

Elle, elle se dirige vers la table avec les thermos de boissons chaudes et les viennoiseries et autres gâteaux du même type. Le choix est énorme entre les biscottes, les tranches de pain, les tranches de brioche et des tas d'autres choses comme des viennoiseries ou des petits gâteaux comme des madeleines. L'avantage est la présence de petites affichettes contenant les ingrédients, pour des allergiques sans doute. Je suis Mitsuko tranquillement quand elle s'extasie soudainement.

- Ho, c'est chouette, des wagachi³ à base de mochi⁴.

- Euh... C'est bien?

- Pour moi, j'ignorais que les américains aimaient cela, fait Mitsuko toute contente.

- C'est différent des onigiris?

- Quel manque de culture de la part des américains, fait une voix près de nous.

Je tourne alors lentement la tête vers ma gauche et je découvre deux uniformes féminins de la Red Class. Mes yeux se portent alors sur leurs visages et je reconnais les deux jeunes filles de la Bentley. C'est la grande blonde qui vient de parler alors que la plus petite aux cheveux noirs de jais la regarde en soupirant.

- Tu connais la différence ? fait alors Mitsuko surprise.

- Évidemment, les onigiris sont des petites triangles constitués de riz gluant et en général agrémentés de poissons crus ou de plantes aromatiques, récite la blonde. Ces gâteaux là sont apparus aux milieux de la deuxième partie du vingtième siècle quand le Japon s'est ouvert au monde.

- C'est tout à fait cela. Tu en prends? demande Mitsuko.

- Je préfère les croissants français, répond la blonde. C'est tellement plus traditionnel. Je me rappelle que l'on doit cela aux reines autrichiennes, c'était si innovant.

Mitsuko boit ses paroles, moi aussi d'ailleurs, je suis assez surpris de tant de connaissances gastronomiques. En fait, je pensais que la Red Class n'allait être constituée que de gros bourgeois imbus de leurs personnes et n'ayant eu leurs places que grâce à l'argent. Soudain, j'entends la voix extrêmement douce mais sévère de la fille aux cheveux noirs.

- Nastya, cesse d'incommoder les autres tu veux? fait-elle calmement.

- Mais pourquoi Josie? demande la blonde surprise.

Joli prénom. Mais là, la dénommée Josie regarde son amie et s'adresse à elle dans une langue étrangère. Je ne la comprends pas mais j'ai vu suffisamment de films d'espionnage pour y reconnaître les sonorités particulières des langues russophones. Merci James Bond. Elles sont donc étrangères. Mais pourtant j'estime que Josie sonne assez américain pourtant. Peut-être une fille d'ambassadeur. Tout à coup je croise le regard gris métal de la fille aux cheveux noirs. Elle a vraiment un air supérieur, j'ai l'impression d'être tellement inférieur à elle que c'est effrayant. J'ai aussi l'étonnante impression d'être une proie, comme si elle pouvait me tirer dessus. J'ai comme envie de m'excuser de l'avoir importunée, c'est tellement dingue. Mitsuko est juste déçue de ne pas continuer sa conversation alors elle s'immisce.

- Si vous voulez, on peut s'installer ensemble, fait-elle avec espoir.

- Non merci, répond Josie. Navrée. Bon appétit, ajoute-t-elle en français.

Je comprends alors que c'est cela son origine, elle est française. Je suis surpris, la Red Class doit être constituée d'élèves étrangers en réalité. Soudain quelqu'un bouscule mon bras.

- Hey! dis-je en m'offusquant.

Je remarque alors qu'il s'agit d'un uniforme rouge, c'est le grand blond qui se retourne. J'ai un frisson en croisant son regard, il semble mauvais. J'ai la fâcheuse impression qu'il va m'en mettre plein la gueule.

- Tu as un problème ? fait-il d'une voix grave et impérieuse.

- Tu pourrais faire la queue non? Elle était avant toi, dis-je en montrant Mitsuko.

- Et alors? J'ai soif, je me sers. Tu devrais apprendre le respect.

- On est autant élève que toi ici, dis-je en attirant quelques regards.

- Ben-san arrête, me fait Mitsuko en saisissant mon bras.

Je ne suis un bagarreur, j'évite le conflit physique le plus souvent possible mais je ne supporte pas le manque de respect, encore plus quand il s'agit des femmes. Il me passe devant je m'en fous mais il donne une sale image à Mitsuko. Je regarde ce qu'il se passe dans la pièce et je vois que quelques personnes sont choquées mais surtout que la Red Class semble très amusée.

- Tu ne sais pas à qui tu parles, me répond le grand blond.

Il me domine d'une bonne tête mais il semble plus maigre que moi et peu musclé, si il veut s'imposer physiquement, il aura du mal.

- Je me fous de qui tu es, je te demande juste d'être poli.

- Espèce de... commence-t-il avant d'être interrompu.

Je regarde alors entre nous et je tombe nez à nez avec de longs cheveux noirs, Josie s'est immiscée entre nous. Je ne l'ai même pas vu se placer.

- Calme toi Al, d'accord ? fait Josie.

- Tu me donnes un ordre Joséphine ? fait-il.

Donc elle est bien française mais il lui parle beaucoup plus posément.

- Al, ne commence pas d'accord ? Laisse tomber, ça n'est pas la peine de se faire remarquer, fait-elle en posant sa main sur le torse du blond.

- Joséphine... Tu es bien la plus posée.

- Je sais Al... C'est pour ça que je suis là. Tu acceptes de te calmer?

- Bon... D'accord.

- Vous voulez bien le laisser prendre de l'eau chaude? nous demande Josie.

- Oui, mais il suffisait de demander, fait Mitsuko.

Moi j'ai remarqué les termes "eau chaude". Je me demande si c'est parce qu'ils sont habitués à du thé grand luxe. Je le vois alors prendre deux tasses transportables en matières cartonnées. Il porte lentement sa main à sa poche et en sortir deux petits sachets en forme de sticks qui me font penser à ces sticks qui contiennent la poudre pour se faire des cappuccinos rapides.

- Je prends un des miens, fait alors Josie en le sortant. également d'une poche.

Je la vois donc en sortir un et je remarque que rien n'est écrit dessus, il est juste gris aluminium. Elle l'ouvre et le verse dans un des gobelets. Le dénommé Al verse alors de l'eau chaude et rapidement, ils mettent un couvercle par lequel on peut boire comme chez Starbucks. Le grand blond boit tout de suite une grosse gorgée.

- Enfin... Ça fait du bien même si c'est pas pareil.

- Al... C'est la règle, fait Josie. Allez viens t'asseoir s'il-te-plaît. Et laisse les.

Je les regarde partir et je suis assez surpris. Je cherche vite fait sur la table des boissons chaudes et je ne vois pas ce genre de sticks, mais il y a uniquement des dosettes pour la machine.

- C'est peut-être des cafés particuliers, tu sais de torréfacteur un peu... Comment on dit en anglais ? Underground ?

- Mouais... Ou très sélectifs dans leurs clientèles. Café ou thé ? je lui demande.

- Thé vert, je le vois là. Merci Ben-san.

- De rien, dis-je alors.

- Je parlais pour lui, me dit-elle.

- Ho... C'est rien.

- Je me demande si ils sont en couple... Ils iraient bien ensemble.

- Oui sans doute, dis-je en les regardant discuter avec la dénommée Nastya et le garçon aux cheveux bruns qui faisait du sport.

C'est clair qu'ils ont l'air de se connaître, je me demande lequel ou laquelle a choisit de s'inscrire ici.

- Allons nous asseoir, fait Mitsuko.

Nous rejoignons alors tranquillement la table où se trouvent déjà Deacon et Karen avec des assiettes bien remplies. J'ai l'air au régime avec ma tasse de café et mes croissants dont je voulais connaître le goût. On discute tranquillement de tout et de rien comme nos appréhensions. Deacon m' interroge sur ma réaction.

- Tu te laisses pas marcher sur les pieds dis donc, me faut-il.

- Évidemment, c'était irrespectueux.

En disant cela je regarde d'ailleurs le garçon qui m'a importuné et je tombe sur le regard de la dénommée Josie qui me fixe. Elle a l'air en colère. Je la vois boire tranquillement dans sa tasse. Soudain, les têtes des quatre élèves de la Red Class se tournent vers l'entrée et je regarde dans cette direction. Je vois alors beaucoup d'adultes entrer dans le réfectoire, de tous âges et de toutes origines. Je vois d'ailleurs la conseillère et médecin Phoebe Prescott aider un homme âgé à entrer. Cet homme est voûté, chauve et au visage extrêmement marqué. Il tient debout grâce à une magnifique canne ouvragée. Si c'est un professeur, ses cours ne vont pas être géniaux. Je l'indique aux élèves à ma table et ils se retournent.

- Un peu de silence s'il-vous-plait, nous interpelle un professeur en beau costume.

Il est grand et brun et je remarque l'effet qu'il produit sur les membres féminins de l'assemblée.

- Tu crois que c'est le proviseur ? me demande Mitsuko tout bas.

- Instinctivement je miserai sur l'homme âgé.

- Après les uniformes on a Dumbledore, fait alors Karen.

- J'attends le choixpeau magique, fait Deacon amusé.

Ils sont gravement fan c'est pas possible. J'essaye de ne pas rire et de prendre attention au directeur. Il s'avance difficilement mais prend la parole d'une voix extrêmement audible et amplie d'assurance, loin de l'image qu'il donne.

- Bonjour à tous, je me nomme James Harker et j'ai l'immense honneur d'être le fondateur et le directeur de l'Institut Alguieri.

Harker? Ça me dit quelque chose. J'ai peut-être lu des articles sur lui, peut-être est-il riche. Je n'arrive pas à cerner d'où je connais ce nom. Ce n'est pas grave, prêtons attention.

- Depuis toujours, j'ai compris que la plupart des élèves ne peuvent réaliser leurs rêves de carrières par manque de moyens. Créer cet institut fut pour moi la meilleure solution pour offrir des chances à vous la Blue Class de réaliser vos rêves.

- Il est sympathique, me fait Mitsuko tout bas.

- J'ai également été très désireux de vous permettre de nouer des contacts pour votre avenir grâce aux élèves de la Red Class.

Voilà l'intérêt !

- Je rêve de vous voir devenir amis pour l'avenir, cet école est un immense projet pour le futur, vous êtes la première promotion de cet institut et je rêve que vous deveniez les précurseurs d'un nouveau monde.

Je me demande bien à quel point il a imaginé des choses cet homme. Il est tellement excité tout seul qu'il se met à tousser. Phoebe Prescott s'approche immédiatement pour vérifier son état et il la rassure.

- Veuillez m'excuser, les affres de la vieillesse, vous avez de la chance vous êtes tous très jeunes.

J'entends alors un rire qui provient d'une table de la Red Class, cela les amuse bien visiblement.

- Nous attendons donc de vous que vous deveniez les fondateurs d'un nouveau monde, égalitaire et moderne. Pour ça j'espère que vous allez pouvoir vous lier d'amitié les uns avec les autres.

C'est mal barré. Le grand blond ne nouera sans doute aucun lien avec la Blue Class.

- J'espère que ce premier petit déjeuner vous a plus. Vous pouvez voir derrière moi tout votre corps professoral. Vous ferez sans doute plus ample connaissance dans vos classes. Pour votre répartition, je vais vous inviter à monter au premier étage et dans le hall de celui-ci, vous découvrirez sur les tableaux d'affichage vos noms et vos classes, ainsi que vos professeurs principaux. Notez bien qu'elles seront mixtes entre Blue et Red Class. J'espère tous vous voir réussir votre année. Merci à vous de votre attention et encore bienvenue.

Tout à coup, le grand professeur applaudit alors le discours du directeur et vu son regard, l'assemblée fait de même. Comme un seul homme, la plupart des élèves se lèvent pour se diriger vers les portes du réfectoire et s'engouffrer dans les escaliers. Tout le monde semble surexcité de découvrir sa classe. Moi aussi d'ailleurs et Mitsuko est montée sur ressorts. On arrive alors dans un grand hall aux murs recouverts de marbre. Il dessert de nombreuses portes qui mènent sans doute à différents couloirs et différentes classes. Ce hall, il est classe, très beau et arbore des tableaux d'affichage numériques. Je cherche alors mon nom sur les différents tableaux et je réalise rapidement que les classes sont organisées par matières fortes. Je ne serai donc pas avec Deacon et Karen. Je trouve rapidement un panneau où figurent des classes littéraires mais celui-là est consacré à la terminale. Je cherche alors un peu plus loin et je trouve celui de mon année. Je remarque immédiatement que les noms sont colorés de manière correspondante aux classes. Elles ne seront pas trop nombreuses, nous sommes à peine cinq ou six par classes. Je cherche mon nom et je le trouve rapidement.

- On est dans la même classe, me fait Mitsuko.

- Super, on pourra s'aider dans les devoirs.

Je repose mon regard sur le panneau et découvre le nom complet de mon professeur de littérature, et principal d'ailleurs, Colin Kane. Il y a sa photo à côté du numéro de la classe, la dix-sept. Je me rends compte qu'il s'agit du professeur brun qui nous a intimé le silence. Je laisse mon regard descendre sur l'écran, je me demande qui sera dans ma classe parmis les élèves de la Red Class et j'en découvre le seul et unique nom rouge: Josie Beaulieu. Elle sera donc dans ma classe. Je la cherche du regard et c'est à cet instant que je me rends compte que les élèves de la Red Class sont déjà partis vers les salles de cours. Comment ont-ils pu lire les panneaux avec les attroupements? Je ne comprends pas trop. Mitsuko tire alors mon bras et nous nous dirigeons vers la classe dix-sept, et je me prépare psychologiquement au début des cours. Dans le couloir je vois Josie au loin et je me rends compte que sa démarche est extrêmement impérieuse, comme si nous étions la petite populace.

Et bien ça commence bien, on sent que les liens ne seront pas faciles à créer.

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N.d.A.:

¹ Aussi appelé le Nœud Régate, il s'agit du plus simple à effectuer. D’une faible épaisseur, il convient quasiment à toutes les cravates et tous les cols. Nœud popularisé par James Bond.

² Version cinématographique uniquement, JK Rowling n'ayant pas précisé ce détail.

³ Petits gâteaux japonais traditionnellement fourrés de divers ingrédients.

⁴ Pâte de riz, typique des gâteaux japonais.


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